Hello !

Ce chapitre est plus long, cette fois, vous verrez la confrontation entre Kanda et Allen :3.

Sinon, pour ceux que ça intéresse, j'ai terminé le 23ème chapitre, mais il est tellement long (17k words...) que j'ai dû le couper en deux x'D, ce qui fait que techniquement j'ai aussi fini le 24 et que je passe d'un programme de 30 chapitres à 31. Je sens que d'ici la fin ça risque de ne pas être le seul chapitre que je développerai plus que prévu... Je désespère :')).

Edit du 09/03/18 : Merci à Ookami Volk pour la correction !

Réponse anonyme :

Hajime : Alors pour commencer ton commentaire ne m'a pas froissé, je te remercie d'avoir pris le temps de donner ton avis :). Je sais bien que je ne suis pas la première auteure à traiter du thème des âme-sœurs, que ce soit dans ce fandom ou même dans un autre, mais pour ce qui est d'un concept dominant-dominé, ce n'est pas vraiment comme ça ici ^^. Le sujet de la domination sera bien sûr abordé vu le thème de l'omégaverse mais surtout sous forme de satire ^^. Aussi, quand j'écris je préfère me démarquer de ce que font les autres et faire mon propre truc, donc je ne compte vraiment pas faire un remake de quoique ce soit :). J'avoue que j'espère justement que l'histoire semblera originale par la suite, alors je comprends que tu sois sceptique vis-à-vis de l'omégaverse mais je trouve juste dommage que tu sembles avoir l'apriori que mon histoire est un remake d'autres fictions alors qu'elle vient de commencer X). Mais bon, j'espère que la suite te convaincra du contraire si tu continues à lire ! :)


Allen avait réfléchi durant une bonne moitié de la nuit, se tournant et se retournant comme une crêpe dans une poêle. Comparaison culinaire oblige, sa faim perdurant. Il avait déjà décidé qu'il se laisserait la journée du lendemain pour réfléchir davantage, même s'il ne s'accordait en réalité qu'un sursis pour appliquer la décision qu'il prendrait entre ses draps. Il jugeait que Kanda et lui avaient besoin d'un peu plus de temps pour méditer. Allen irait donc voir Kanda après le jour suivant. Ce qu'il lui dirait, et bien... Il réitérerait la proposition d'amitié faite après leur rencontre chaotique. Une amitié n'engageait à rien, et ça pourrait effectivement leur faire du bien d'avoir de bons rapports en étant liés, le temps que le lien disparaisse. Il ne voulait absolument pas se mettre en couple avec Kanda. Pas tant qu'ils ne se connaîtraient pas mieux, du moins, encore qu'il n'avait réellement aucun espoir. Cette hypothèse était de l'ordre d'un 'peut-être si' indifférent. Rien de plus, peut-être du moins. En revanche, bien s'entendre avec Kanda lui paraissait important.

Au fond, il savait bien qu'il se ferait rejeter, et pas qu'au fond, mais il le proposerait. Kanda ferait ce qu'il voudrait de sa proposition, une fois celle-ci prononcée. Allen aurait essayé. Fin de l'histoire.

Intérieurement, Allen espérait un peu que Kanda accepterait, ça serait plus facile pour eux. Pour autant, être rejeté ne le dérangeait pas plus que ça. Un certain vent de découragement lui soufflait donc que tout ça ne servait à rien, mais l'Anglais le ferait. Il avait perdu suffisamment d'heures de sommeil pour chercher à obtenir un résultat. En plus de celles sur lesquelles il s'interrogeait sur son Noah interne, s'il représentait un danger pour les autres ou non. C'était tellement plus existentiel que de se prendre la tête pour son lien avec le Bakanda… Pourtant, c'était la seule chose sur laquelle il pourrait avoir une moindre emprise.

Il valait mieux qu'il règle ce qu'il pouvait régler et qu'il laisse ce qui ne pouvait pas l'être au placard, tant qu'il le pouvait encore.

Allen avait finalement réussi à trouver le sommeil, à une heure impie, mais il eut quand même du repos. Pas assez, au vu de sa tête de déterré au lever du jour. Il s'était vu dans le miroir avec une grimace, et Lavi l'avait taquiné, se recevant un coup de coude d'une Lenalee inquiète. Il leur fit part de sa décision, que ses amis approuvèrent. En se rendant à la cafétéria prendre leur repas, ils avaient croisé Kanda qui s'était levé à peine étaient-ils arrivés, ignorant la salutation de Lavi et le petit sourire de Lenalee, alors qu'Allen avançait en s'appliquant à l'ignorer. Il avait tout de même senti le regard noir de l'Asiatique lui brûler le dos, entendu Lavi murmurer un 'c'est pas gagné' et gémir suite à un deuxième coup, mais visiblement plus violent, de Lenalee. Allen était du même avis que Lavi, et présumait que Kanda avait fui à cause de son odeur.

Trop de sucre dans l'air, sans doute, d'autant qu'Allen en rajoutait en demandant à Jerry des brochettes de Dango-Mitarashi. Il n'allait pas priver son estomac sous prétexte de déranger les narines du kendoka.

La journée se passa sans grand incident, Allen s'entraîna, grilla du temps en compagnie de Lavi et Lenalee. L'odeur de Kanda restait omniprésente, elle ne le laissait pas l'oublier, mais il pourrait finir par s'y faire, et par connaître ses élans taquins au point de les ignorer. Il n'appréhendait pas pour sa confrontation avec l'épéiste, à peine, peut-être, mais il était surtout curieux de savoir comment ça allait se passer. Il n'avait pas croisé Kanda de la journée, et ne l'avait même pas aperçu aux repas suivants. Le blandin l'imaginait se terrer dans son coin à le maudire, comme s'il ne l'était pas déjà suffisamment.

Le jour J, Allen avait eu du mal à trouver le moment pour parler à Kanda. Finalement, après le déjeuner, poussé par Lenalee qui le harcelait pour qu'il aille régler ça avec l'Asiatique, Allen avait été voir dans la salle d'entraînement si le kendoka s'y trouvait. Il avait vu juste. Torse nu, Kanda mimait des mouvements de kendo avec un sabre en bambou, attaquant sans merci le mannequin de bois, tout comme lorsqu'Allen avait commencé à sentir son odeur. Son entraînement devait être rude, il était tout en sueur et ses cheveux détachés cascadaient dans son dos. À défaut de le trouver irrésistiblement attirant dans l'effort, Allen fut surtout frappé par son visage déjà peu avenant de profil et ses mouvements exécutés violemment, comme s'il était particulièrement en colère. Son odeur était bien entendu plus forte, mais Allen fit de son mieux pour ne pas y faire attention. Kanda tourna brusquement son regard sur lui. Allen fit un pas en avant.

« Je pourrais te parler, Kanda ?

—Non. »

Ferme, sec, cassant. Allen serra les dents.

« Il faut que je te parle. »

Le brun s'essuya le front et grogna, affichant son hostilité.

« Qu'est-ce que tu veux, Moyashi ? »

Allen prit une profonde inspiration, s'efforçant de garder son calme.

« Je m'appelle Allen. »

Il avait répondu posément, et Kanda se remit en position avec indifférence. Il l'ignorait carrément, maintenant. Allen ferma les yeux et sa mâchoire se contracta. Déterminé à ce que ça ne se passe pas comme ça, le blandin lança distinctement :

« Je veux qu'on parle au sujet du lien. »

Kanda lâcha son sabre et consentit à le regarder, une veine battante sur son front. La conversation ne lui plaisait pas, pour sûr, mais Allen s'en fichait, il fallait qu'ils l'aient. Kanda haussa les épaules.

« Qu'est-ce qu'il y a d'autre à dire, Moyashi ? Me dis pas que tu veux que je sois ton alpha ? »

À ces mots, Allen laissa échapper un rire narquois et secoua la tête.

« Tu me prends pour qui, Bakanda ?! Non, je ne veux pas que tu sois mon alpha. »

Ils ne bougeaient plus ni l'un ni l'autre, se fixaient comme deux adversaires dans cette grande salle vide de monde, à part eux. Ils gardaient une distance d'un bon mètre. Allen continua, balayant ses hésitations :

« J'avais juste pensé qu'on pourrait essayer d'être amis. Pour bien s'entendre le temps que ça s'en aille. Ça va nous changer, et tu t'y connais mieux que moi, alors peut-être que ça serait mieux.

—J't'ai déjà dit que je voulais pas être ami avec toi. »

Que la conversation continue sur une note polie et sympathique ne serait pas possible bien longtemps, le maudit le sentait, mais il tenta tout de même.

« Kanda, je sais que tu ne m'apprécies pas, mais on pourrait apprendre à se connaître. Réfléchis, on est liés, même si on n'a pas de relation comme un couple, on peut être amis, je vois pas pourquoi tu refuses.

—Parce que j't'aime pas. »

Allen fronça les sourcils.

« Tu ne me connais même pas ! »

Kanda ne sourcilla pas.

« Je sais. Et je m'en fous, de te connaître. Ça ne m'intéresse pas. »

Allen observa Kanda. Son visage fermé, ses yeux menaçants, ses lèvres pincées et sèches. Il secoua la tête. Il ne comprenait pas l'autre jeune homme.

« Pourquoi est-ce que tu fuis tout le monde, Kanda ? Pourquoi tu restes tout le temps seul et pourquoi tu ne veux avoir de rapports avec personne ? Ça te plaît tant que ça ? »

Ce fut au tour de Kanda de froncer les sourcils. Il se rapprocha de lui, son aura s'assombrissant à cause de sa colère.

« D'où je fuis ? Putain, de quoi tu te mêles, Moyashi ? »

Allen se sentait énervé par son attitude, alors il énuméra lentement :

« Tu ne parles jamais à personne, tu passes ton temps à repousser tout le monde, tu menaces, tu insultes, et même si Lavi est amical avec toi, tu t'en fiches. Tu ne supportes que Marie et Lenalee, et encore. Ça ne me plaît pas du tout mais je suis supposé être ton oméga et tu ne veux même pas me connaître. Je pense que tu as vraiment un sérieux problème avec les autres, Kanda ! »

Même s'il était plus petit, même s'il était un oméga, Allen réussissait à avoir un ascendant sur le brun, qu'il poussait dans ses retranchements. Ça se voyait à son visage. Il ne savait pas comment répondre. Allen ne prenait pas de plaisir dans le fait d'être méchant, de pointer ses faiblesses – bon, il était un peu sadique avec Kanda, mais pas à ce point – il voulait simplement le secouer, lui faire prendre conscience que son isolement n'était pas bon. Tant pis s'il devait employer la manière brutale. Kanda le fusillait de ses iris bleus sombres.

« Je n'ai aucun problème avec les autres, Moyashi. Je me fous des autres, tout simplement.

—Ton attitude est ridicule, Bakanda, tu te conduis comme un enfant. »

Allen vit le rictus mauvais de Kanda sur son visage, et il comprit que ça sentait mauvais pour lui.

« Moi, j'suis ridicule ? Tu veux savoir pourquoi j't'aime pas, Moyashi ? T'es un menteur. Tu fais semblant d'aller bien, d'être fort, et même si je l'ai toujours su, maintenant que je sens tes émotions, je me rends compte d'à quel point tu es faible et pathétique à l'intérieur. Ça me dégoûte et me fait tellement pitié que j'en gerberais. Je suis certain que tu passes ton temps à chialer dès qu'on a le dos tourné. Je trouvais que Lenalee était une chouinarde, mais tu vaux pas mieux qu'elle. Alors, qui est ridicule, Moyashi ? »

Le blandin essaya de garder un air neutre, mais ce qu'avait dit Kanda l'avait profondément atteint. Il lui aurait dit la même chose sans avoir accès à ses émotions, Allen aurait rétorqué avec virulence, n'aurait pas cillé. Mais là, Kanda parlait en sachant ce qu'il disait. Il avait senti ce qu'Allen ressentait, ce qu'Allen s'efforçait de cacher. Vrai qu'il avait du mal à gérer les perturbations en ce moment, et il essayait de faire de son mieux pour ne pas s'apitoyer sur son sort. Il ne craquait pas souvent, faisait de son mieux pour avancer, pour être fort, mais ça lui arrivait. Il était un être humain. Que Kanda le critique sur ça, sur son affaiblissement, qu'il le connaisse en détail précis, pas seulement de l'abstrait… Allen avait du mal à le supporter. Il sentit un voile s'installer sous son regard et eut du mal à dominer ses réactions.

Kanda s'en aperçut. Il ne sourit pas, ne fit aucun geste, blasé. Allen ne sut s'il en était satisfait même sans le montrer, mais il sauta à l'évidente conclusion que oui. Ça faisait mal, et ça le mettait extrêmement en colère.

Nerfs cuisant, il se passa la langue sur la lèvre inférieure, et cracha :

« Tu crois que je sentirais quelque chose de très différent, si j'avais accès aux tiennes ? Imagine si je les sentais, Kanda ? »

Le brun eut un sursaut. Il n'avait pas vu venir cette réplique, et Allen sut qu'il avait touché juste. Kanda se crispa, voulut garder la face, paraître supérieur, mais cet infime moment d'égarement était de très loin plus révélateur que tout mots.

« Bluffe pas, tu sens que dalle.

—Je sais, mais imagine si je pouvais le faire ? Tu crois que je sentirais que tu es aussi fort que tu veux sembler l'être ? »

Kanda eut une absence dans le regard, et ses mains formèrent des poings. Allen avait l'impression qu'il pourrait les abattre sur lui à tout moment, et si Kanda le faisait, il se défendrait, qu'il soit un alpha – techniquement, son alpha, à cause du lien– ou non. Allen n'allait pas se laisser faire, ne se soumettrait jamais devant qui que ce soit. En aucun cas Kanda. Il reprit :

« Tu sais pourquoi tu me méprises tellement, Kanda ? Parce que t'es pareil. Je ne peux pas sentir tes émotions, mais si j'y arrivais, je verrais que toi aussi, tu es pathétique et faible. » Il marqua une emphase sur les mots. « Peut-être que tu es pire que moi. » Allen ricana, méchamment. « Tu parles d'un alpha ! Moi, j'ai le cran d'aller de l'avant et de vivre ma vie, malgré tout. Toi, tu n'as même pas le cran d'essayer. »

Kanda avait les yeux ronds, une expression fermée. Il débordait de fureur, lui aussi. Allen acheva, froidement :

« Je ne sais pas ce que tu as vécu pour être comme ça, mais si tu n'apprends pas à avancer, tu n'évolueras jamais. Si c'est ce que tu veux, c'est toi que ça regarde. Complais-toi dans ta solitude familière, tu ne vaux pas mieux, de toute façon. »

Le maudit défiait l'épéiste par ses paroles et sa posture ferme dans la confrontation. Alors qu'il aurait dû être son oméga, si les choses avaient été autres… Allen trouvait purement jouissif de faire tout le contraire de ce que la convention attendait de lui, de ne pas obéir et se taire face à Kanda quand il aurait logiquement dû le faire. Kanda ne disait rien, ne réagissait pas. Son silence était inquiétant, en d'autres circonstances, moins de mots auraient suffi pour que Kanda se jette sur lui, mais Allen ne stagnerait pas indéfiniment en attendant qu'il agisse, surtout pour s'en prendre une. Pas qu'il fuyait le combat, mais si Kanda ne l'initiait pas, lui n'était pas venu pour ça.

Sur un coup d'œil dédaigneux, il fit demi-tour, et clôt la porte derrière lui. À peine fut-elle refermée qu'il ressentit l'onde d'un coup violent, et entendit Kanda s'écrier :

« Putain de Moyashi de merde, sale enfoiré ! JE FAIS CE QUE JE VEUX ET JE T'EMMERDE ! T'ENTENDS, CONNARD, AVEC TES ODEURS À LA CON ?! »

Le Japonais hurlait. Visiblement, il avait du mal à supporter ses phéromones d'oméga, et, plus important, ses paroles avaient fait mal, elles aussi. Allen aurait dû en être satisfait, et si une part de lui l'était, il se retrouva quand même à essuyer une larme qui coula de l'un de ses yeux. Il ne pleurait pas à cause du rejet de Kanda. En revanche, qu'un type misérable comme lui ait accès à ses sentiments alors qu'il traversait une période sombre de sa vie, et ses mots blessants, bien sûr, ça le travaillait. Jusqu'à lors, Allen ne haïssait pas Kanda. L'autre pouvait le détester, le blandin ne l'appréciait pas à cause de son comportement envers lui, mais ça s'arrêtait là.

Or, avec ce qu'il avait eu l'audace de lui alléguer… Allen tremblait de rage, alors que ses larmes déferlèrent, déchaînées. Il avait du mal à se retenir de débarquer dans la salle à nouveau pour en découdre. Pathétique, faible ? Certes, peut-être qu'il l'était. Ce que Kanda avait à en dire, il s'en moquait. Le symbiotique n'était pas vulgaire mais il fallait qu'il soit bien clair que lui aussi l'emmerdait.

Oh, définitivement, la vie ne se passait pas toujours comme on le voulait.


Le maudit préféra retourner s'assoupir – hormis son impression de s'être transformé en chat à force de passer son temps à dormir depuis l'avant-veille, il fallait dire que Kanda avait le don de le claquer émotionnellement dans tous les sens du terme, et il lui en fallait peu avec tout ce qui l'éreintait intérieurement. Cette fois-ci, il s'était glissé dans son lit, bordé jusqu'aux oreilles, Timcanpy posé sur un bout de son oreiller, et avait laissé libre des sanglots rageurs, pour finir par succomber sans s'en apercevoir. Les choses se répétant encore, il fut réveillé par ses amis, sauf que là, il ouvrit les yeux en voyant Lenalee penchée à son chevet en train de lui passer une main sur le front et Lavi qui les observait silencieusement. Allen blêmit et se dressa en sursautant violemment sous la surprise, faisant reculer aussi Lenalee.

Ils lui avaient fait peur.

Le blandin eut le réflexe de faire un sourire gêné, croyant qu'ils allaient rire de sa frayeur, mais personne ne rit, et il sut pourquoi. Il n'avait bien évidemment pas enlevé les traces de larmes sur ses joues, et il devait sûrement avoir les yeux gonflés, voire rougis. Allen tourna alors la tête, affolé.

Qu'ils l'aient vu ainsi… Il ne put qu'articuler, en voulant prendre un ton neutre :

« Qu'est-ce que vous faites là ?

—On est désolés d'être rentré sans ton autorisation, on a cogné mais tu répondais pas, puis on a essayé d'ouvrir et on t'a vu couché. Lenalee voulait te réveiller mais… »

Lavi se tut. Une des mains d'Allen se serra sur les draps tandis que l'autre frottait ses yeux.

« Non, c'est moi, je suis désolé que vous m'ayez vu comme ça, je me montre décidément bien stupide devant vous en ce moment. »

Son ton anodin cachait sa peur profonde. Si eux aussi, se mettaient à penser qu'il était faible ? Car, objectivement, Allen réalisait qu'il donnait l'impression de l'être. Kanda avait totalement raison. Cela lui broyait le cœur. Il leur fit face et sourit, néanmoins. Lenalee mit sa main sur la sienne.

« Ça s'est mal passé, avec Kanda ? »

C'était une question rhétorique. Allen sentit ses pupilles s'agiter. La colère transparut dans sa voix :

« Je ne tiens plus à entendre parler de lui. »

Ses camarades se concertèrent muettement.

« Tu veux nous expliquer pourquoi ? »

Allen se mordit l'intérieur de la joue. Il hocha la tête en poussant un soupir teinté d'un rire amer.

« Il m'a insulté et rabaissé, comme on pouvait s'y attendre. Il ne veut pas de mon amitié, et je ne veux pas de la sienne. C'est tout. »

Lenalee et Lavi restèrent tendus. Le borgne s'enquit :

« Allen, il t'a dit quoi pour que tu sois dans cet état-là ? »

Le maudit ne répondit pas, sentant la honte et la gêne le saisir. La Chinoise gronda :

« Je vais aller lui parler, il va comprendre de quel bois je me chauffe ! »

Allen paniqua, attrapant la jeune fille par le bras.

« Lenalee, s'il te plaît, non. Je ne veux plus rien de lui. J'ai juste hâte que le lien entre nous disparaisse. »

Lavi posa sa main sur son épaule.

« Il a été méchant à ce point ? Tu ne veux pas nous en parler ? »

Comme il ne répondait toujours pas, Lenalee renchérit :

« Tu sais, Kanda est froid, mais il n'est pas cruel. S'il a dit quelque chose qui t'a blessé, c'est sans doute parce qu'il s'est senti perdu et qu'il ne savait pas comment réagir autrement. Tu pourrais lui laisser une autre chance, plus tard. »

Son cœur se pinçant, Allen rétorqua :

« Tu ne sais pas ce qu'il m'a dit. Je ne veux pas lui laisser de chance.

—Explique-nous, alors. »

C'était Lavi qui avait répondu. Lenalee opina de concert. Ils affichaient une expression bienveillante, souhaitaient le mettre en confiance. Allen ne comptait pas leur mentir, ni rapporter dans les moindres détails la conversation qu'il avait eue avec Kanda. À la place, il trouva comment leur faire comprendre sans trop en révéler :

« Kanda est… mon alpha, il peut donc sentir mes émotions. Il m'a attaqué par rapport à ce qu'il sentait. » Aux visages offusqués des deux autres, il sut qu'il avait réussi. « Je déteste ceux qui se moquent des sentiments d'autrui, alors je ne veux plus avoir affaire à Kanda. »

Les sourcils froncés, la bouche figée en posture agressive, Lenalee était furieuse.

« Cet imbécile, je ne le comprends vraiment pas… ! Je vais lui parler.

—Lenalee, non. Je me fiche de ce qu'il pense. »

Lavi plongea son regard dans le sien.

« Allen, ça se voit bien que tu ne t'en fiches pas. Je suis ton ami et ça m'inquiète de te voir comme ça.

—On sait que ce n'est pas facile pour toi, alors appuie-toi sur nous, n'aie pas honte. »

Allen secoua la tête.

« Franchement, je n'ai pas honte, et je suis content que vous fassiez ça pour moi. Mais ne parlez pas à Kanda. C'est inutile. »

Lenalee argua :

« Kanda réagit parfois comme un petit garçon qui ne connaît pas les limites, je suis sûre qu'il n'a pas réfléchi d'à quel point ce qu'il pouvait dire pouvait t'atteindre. Il a besoin d'être sermonné, et je suis persuadée qu'à un autre moment, même s'il est têtu, il finira par en prendre conscience. »

Irrité, Allen répondit, perdant sa fausse neutralité :

« Pourquoi est-ce que tu insistes, Lenalee ? S'il est assez idiot pour dire ce genre de choses sans réfléchir, c'est son problème ! Il a vraiment heurté mes sentiments, je ne peux pas le lui pardonner et faire comme si ce n'était rien ! »

La jeune femme déglutit, prise de court par son ton haut, et bredouilla, confuse :

« Ce n'est pas ce que je voulais dire, Allen-kun… Je suis désolée, je n'ai jamais voulu dire que… »

Allen comprit qu'il avait été trop loin et serra sa main dans la sienne, son autre main venant lui caresser le crâne. Lui aussi se mit à bredouiller, largement aussi penaud que la jeune Chinoise :

« Pardon de m'emporter. Je… Je crois que j'ai besoin d'être seul pour me calmer, d'accord ? Je vous rejoindrais tout à l'heure. Je suis sincèrement désolé, Lenalee.

—Non, j'ai été idiote de te dire ça alors que tu n'es pas bien. »

Le maudit sentit les larmes lui monter aux yeux, en même temps que la culpabilité.

« Ne dis pas ça, c'est ma faute, c'est moi l'idiot. »

Comme sentant que ça allait s'éterniser, et avant de retrouver ses deux amis en larmes, Lavi intervint :

« Vous n'êtes fautifs ni l'un ni l'autre. Viens, Lena, laisse Allen se reposer. Al, on se voit plus tard ! »

Allen fut soulagé qu'ils comprennent, et eut la sensation d'être le roi des imbéciles lorsqu'ils le laissèrent seul.


Marchant en fixant les dalles du sol avec des yeux brumeux, Lenalee avait patiemment attendu qu'ils aient dépassé la chambre d'Allen pour se jeter au cou de Lavi en sanglotant doucement. Déconcerté, le roux se contenta de poser ses mains réconfortantes dans le bas de son dos, la maintenant contre lui alors qu'elle se laissait aller.

« Je ne voulais pas pleurer devant lui pour ne pas qu'il se sente encore plus coupable, alors que c'est ma faute… » Elle passa ses deux index sous ses petits yeux de biches en amande que le jeune rouquin adorait, les agitant pour chasser les gouttes d'eau salée qui les trempèrent. « Je sais que j'ai été stupide, je n'ai pas assez réfléchi à ses sentiments, mais je cherchais à ne pas prendre parti. Kanda est un ami, comme Allen, il compte pour moi et je veux son bonheur à lui aussi. Seulement… Il me déçoit énormément. »

Lavi ne put que se ranger à son opinion. Le maudit l'ignorait, mais ils avaient bien relevé sa détresse depuis qu'ils avaient appris qu'il était l'hôte du Quatorzième, et ils se doutaient que ce n'était pas l'unique problème qui tourmentait leur ami, sachant que le premier était bien assez à lui seul. Ils savaient qu'Allen était quelqu'un de fier, qui cachait ses faiblesses. Ils faisaient du mieux qu'ils le pouvaient pour montrer à Allen qu'il pouvait être honnête avec eux, ça demeurait pourtant un chemin long et difficile. D'autant qu'en tant que Bookman, Lavi n'était pas très bien placé pour dire à une autre personne d'étaler son jeu cartes sur table. Lenalee était sentimentalement sincère et purement émotionnelle, ce qui faisait qu'elle initiait plus facilement des réponses du même type chez les autres, même lui.

Toujours est-il que le lien devait être la cerise sur le gâteau pour Allen, ou plutôt la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Lavi savait que la plupart des omégas attendaient beaucoup du lien, ou du moins espéraient trouver l'amour grâce à ça. Il n'avait aucune idée de comment Allen percevait la chose, comme il était loin d'être comme n'importe quel oméga, mais forcément, il devait avoir des attentes minimes. Au moins le fait d'avoir un partenaire potable avec qui nouer une relation simple, teintée de sentiments, ce qui étaient les exigences les plus basiques. Là-dessus, Yû ne remplissait pas tellement les conditions... Il n'était pas difficile d'imaginer qu'il devait forcément être déçu.

Lavi pensait que Lenalee suivait totalement ses pensées et que c'était pour ça qu'elle voulait tant qu'ils se tournent l'un vers l'autre, pour qu'ils aient droit à un peu de bonheur.

Le rouquin caressa doucement le dos de Lenalee en se faisant apaisant :

« Te bile pas, Lenalee. On devrait les laisser gérer ça entre eux. À part si Allen nous demande des conseils.

—Tu sais bien qu'il ne le fera pas si on ne le pousse pas. »

Lavi soupira.

« Ouais… Mais on peut pas forcer Yû à être intelligent et Allen à oublier toutes ses conneries.

—Je sais, ce n'est pas ce que je voulais faire. »

Elle se colla davantage contre son ami.

« Je pense juste que ça leur ferait du bien d'être ensemble et qu'ils passent à côté de quelque chose.

—Je pense aussi, mais si ça doit se faire, ils y arriveront bien. »

Lenalee releva la tête, doutant.

« Tu crois ? »

Lavi sourit, sur un 'hmhm' gai et confiant. Lenalee se contenta de ça pour être rassurée, et ils furent plus détendus jusqu'au repas, où Allen les rejoignit, s'excusant platement, incliné aussi bas que possible devant eux. Lavi le fit se relever d'une pichenette et Lenalee embrassa sa joue lorsque son visage atteignit sa hauteur. Allen devint instantanément rouge comme une tomate bien mûre, lui murmurant de ne pas faire ça avec un 's'il te plaît' légèrement ridicule. Lavi entoura son épaule de son bras tout en blaguant sur le fait qu'il pourrait lui faire la même chose, causant à l'oméga de rougir encore plus, si c'était seulement possible.

Ils mangèrent tranquillement, Lavi s'extasiant comme à son habitude devant l'appétit d'Allen, qui noyait son chagrin dans les bons plats de Jerry, alors que Lenalee les regardait se taquiner joyeusement. Ils crurent tous les trois avoir l'opportunité de passer une bonne soirée, lorsque l'un des Golem de l'Ordre prévint Allen que Komui le convoquait. Ils se rendirent tous les trois au bureau de l'intendant, et ce qu'ils virent les laissa médusés.

Surtout Lenalee, qui reconnaissait trop bien l'un des hommes, deux alphas, présents dans la pièce.

Son parfait carré de moustache blond et son visage intimidant.

La Chinoise le détestait tant.

« Allen, fit Komui, voici l'inspecteur Luberrier… »

L'inspecteur leva une main pour le faire taire et reprit à sa place.

« Allen Walker, vous êtes l'hôte du Quatorzième, vous êtes donc suspecté de trahison. À partir de maintenant, vous serez sous la surveillance d'Howard Link. »

Le jeune homme à côté de lui, visiblement ce dénommé Howard Link, s'avança. Il ressemblait à un jeune bureaucrate des plus coincés, avec sa frange courte et sa natte droite qui tressait ses longs cheveux blonds, dans son uniforme bien mis. Lenalee grimaça, protestant :

« Nii-san !

—Je ne peux rien faire. »

Le visage désolé de Komui reflétait bel et bien son impuissance. Allen serra les poings mais ne laissa aucune émotion transparaître.

« Très bien, mais vous verrez que je ne suis pas un traître. »

Luberrier eut un sourire sournois.

« Nous verrons bien. »

Et il s'en fut.


L'histoire avance un peu par rapport au manga et ça se gâte pour ce pauvre Allen :').

Pour ce qui est du comportement de Kanda, j'ai voulu coller le plus possible au canon pour son personnage, alors il ne va pas accepter Allen comme ça, encore plus que je le vois bien considérer le lien comme une contrainte et être de fait plus hostile à lui qu'en temps normal à cause de ça... Mais vous verrez bien comment ça va évoluer ;).

Quant à Allen, il a beau être un oméga et n'être pas en pleine forme émotionnelle, j'ai voulu montrer qu'il avait du caractère et n'était certainement pas soumis. C'est un point important pour la suite :).

J'espère que ça vous a plu ! N'hésitez pas à donner votre avis, ça me fait vraiment plaisir de savoir ce que vous pensez :)) !

A la semaine prochaine pour le prochain chapitre :D ! (J'ai calculé, à raison d'un chapitre par semaine j'ai de quoi poster pendant un moment :o alors je suis large pour avancer tranquille x') finalement je pense stabiliser ce rythme, sauf circonstances exceptionnelles parce que la vie haha)

Merci de votre lecture !