Voici la suite ! :D
Alors une petite note cette fois en début de chapitre parce qu'elle va resituer un peu la direction que va prendre la fic :).
Pour commencer, j'ai gardé le suspense jusqu'à présent, mais de ce chapitre jusqu'au 29ème, la fic sera centrée sur les chaleurs d'Allen et va prendre la tournure d'un huis-clos. Je sais que beaucoup sont assez sceptiques avec les huis-clos ou n'aiment pas, mais rassurez-vous, il y aura du dynamisme et ce ne sera pas un huis-clos pur, car de temps en temps, d'autres personnages vont continuer à intervenir, puis au-delà du 29ème chap ça revient à la normale ^^. C'est juste pour la partie 1, aussi. Les autres seront très différentes ^^ !
Le développement à partir de là sera donc linéaire et suivra les personnages au jour le jour. À nouveau, ne flippez pas, si j'ai focalisé 20 chapitres sur les chaleurs d'Allen c'est pour développer plein de choses, comme je vous l'avais dit dans les notes des chapitres auparavant, alors ça ne sera vraiment pas tout plat :) !
En outre, avec l'omégaverse et le lien des âmes-sœurs, vous vous en êtes peut-être déjà aperçus dans la longue intro, les mœurs et les comportements des gens sont parfois différents de l'univers de base de DGM, qui, hormis tous les éléments fantastiques qui n'existent bien entendu pas, reste quand même conforme au notre. C'est quelque chose qu'il faut bien comprendre, car quelques fois les réactions pourraient peut-être vous étonner alors que si on réfléchit en fonction de l'univers de cette fiction c'est plutôt normal. Si on part dans l'idée que la société est divisée en rangs et seconds-sexes qui ont tous leur particularité, que l'instinct est plus présent chez certains individus et domine leurs réactions, ça change forcément des choses ainsi que certaines manières de réagir :). C'est une culture différente, ça servira l'aspect satirique. Tout ça sera développé vu de l'intérieur avec les points de vues et ressentis d'un alpha et d'un oméga ^^.
Depuis le début et même après j'ai vraiment essayé de respecter les caractères d'Allen et de Kanda, donc malgré quelques réactions potentiellement "étranges" propres à l'univers de la fiction, le but est que la façon de réagir face aux événements ou au moins que leurs motivations/pensées derrière telle ou telle réaction semblent plausible avec leurs personnages et leur ressemble. Ça m'a fait faire un gros travail sur la caractérisation et j'espère avoir réussi ^^ !
Aussi, je parlais de différences anatomiques accentuées à cause de la condition d'oméga et de même pour celle d'un alpha, ça sera également abordé ensuite. L'idée de l'étendue de l'influence du lien sera mise en scène, car sans surprise, ils vont être en plein dedans. Si j'ai bien fait le boulot, ça ne sera pas inintéressant, enfin j'espère que ça ne semblera pas être une bonne idée qu'à moi x'D, même s'il y aura certes un peu de lourdeur en vue de l'angst et du fait que ce n'est pas une situation amusante ou agréable pour les personnages :).
J'ai vraiment voulu construire un véritable univers avec ça et exploiter le maximum du scénario, j'ai bossé sur cette fic aussi sérieusement que pour un roman, donc il faut poser les bases ^^ ! La fic est progressive et la romance aussi, c'est du slow build dans tous les sens du terme :').
Du coup, concernant la relation des personnages, ils vont évoluer petit à petit car, je le répète, il va se passer des choses en 20 chapitres. L'un de mes buts avec ce texte est de traiter des relations humaines et d'essayer de faire quelque chose de bien entre ces deux-là :). Ça ne va toujours pas partir en PWP et ils ne vont pas tomber amoureux en deux chapitres à force d'être ensemble :'). J'ai prévu quelque chose qui, je l'espère, va vous surprendre !
Les chapitres seront regroupés par thèmes pour vous aider avec la chronologie car certains 'jours' s'étendent sur 3 chapitres, d'autres n'en font qu'un ou deux ^^.
J'espère sincèrement que vous allez aimer et que vous serez curieux de voir ce que j'ai fait avec tout ça :) !
Bonne lecture ! :)
Edit du 06/06/18 : Merci à Ookami97 pour la correction !
Réponse anonyme :
Guest : Merci beaucoup, je suis contente que ma fic te plaise :D ! Et ne t'en fais pas ta review "rapide" est très bien :D, ça fait amplement plaisir ! Je suis contente que la fin t'ait fait rire ;). J'espère que tu apprécieras la suite :D ! Et non, comme je poste plus tôt ça reste une semaine d'attente ;).
Hajime : Merci de ta review, je suis contente que mon chap t'ait plu :D ! Oui, Kanda est un enfant par certains aspects x'D. Haha j'ai aussi posté plus vite comme ça pas trop d'attente :D. Merci des encouragements ! Et comme je l'ai dit à la lectrice au-dessus ce n'est pas grave, personne n'est obligé d'écrire un pavé, ça me fait déjà très plaisir que tu commentes :D !
Deydeykagamine : Haha ta review m'a vraiment fait rire, merci x'DD. Kanda est un gosse mais pas que à cause de sa première vie, c'est tout à fait vrai :'). Oui, j'en ai fait l'action principale du chapitre car je trouvais ça nécessaire ^^. Contente que ça t'ait plu :D ! Ptdrr tu verras bien pour Luberrier, mais c'est vrai que c'est un personnage étrangement mal aimé x'DD. Pour leur '1 fois' tu parles d'un éventuel lemon ? Car ils en sont trèèès loin je peux te l'assurer :'). Mais tu verras :p. Merci encore en tout cas ! :D
Transporté par Kanda, Allen avait l'impression d'être en plein délire. Ça ne pouvait pas être vrai. Il hallucinait, pas moyen. Ça n'avait rien à voir avec une impression d'être dans un rêve, au sens où l'expérience qu'il vivait n'était pas idyllique, ce n'était pas non plus un cauchemar, mais merde ! Il se demandait qui était cette personne et ce qu'elle avait fait à Kanda pour posséder son corps. C'était à peine s'il ne cherchait pas à le percer de son œil gauche pour déceler s'il était un Akuma. D'accord, c'était ridicule, mais Allen ne comprenait définitivement pas Kanda. Ce n'était pas une nouveauté, toutefois, là, ça n'avait aucun précédent ! Quand Lenalee était partie, puis qu'elle était revenue toute optimiste, Allen, lui, s'était dit que Kanda ne ferait rien pour l'aider. Parce qu'il ne l'aimait pas et le lui avait bien fait comprendre. Mais cet enfoiré – parce que certes, Allen était poli, mais sa politesse avait des limites dans ces conditions – le portait sur son dos comme un vulgaire objet et l'emmenait dans sa chambre. Au moment où il avait débarqué, Allen n'en était pas revenu, et c'était à prendre au sens littéral, puisque c'était toujours le cas : il était coincé dans un état d'hébétement duquel il ne parvenait pas à revenir à la normale.
Le kendoka le laissait envahir son espace personnel, une chambre étant un lieu intime pour son propriétaire. Encore une fois, il avait déclaré ne pas le supporter, le détester. Sachant que rester à l'infirmerie avec lui aurait suffi… Certes, Allen savait bien que Kanda détestait aussi bien cet endroit mais au point de le laisser être si proche de lui ?!
L'oméga ne savait pas quoi penser.
D'un côté, il était heureux d'avoir l'alpha à ses côtés, et, il fallait le dire, son odeur l'avait apaisé. Ça s'était fait instantanément. Il en avait été surpris, mais ravi. Cependant, ne pas comprendre le gênait. Puis son excuse « Je suis ton alpha, non ? »… Il l'avouait avec gêne, ça lui avait littéralement électrifié le bas-ventre, mais ça ne suffisait pas. Allen voulait des réponses, et il s'inquiétait sérieusement de ce que Kanda comptait faire de lui. En chaleurs, il ne pouvait pas se battre, souffrait, et il était faible. Il imaginait que Kanda n'était pas un salopard –pas à ce point, même s'il était loin d'être la gentillesse incarnée. Seulement, Allen ne pouvait s'empêcher d'être apeuré à l'idée que l'alpha pourrait lui faire n'importe quoi et qu'il ne serait pas capable de riposter dans ces conditions. Malgré leur relation chaotique, il avait une certaine confiance en Kanda, d'où le fait qu'il n'ait pas refusé qu'il l'emmène, et il ne le pensait pas capable de lui faire quelque chose qu'il ne désirait pas, cependant… Il restait effrayé. Il était inquiet, incertain, et se demandait inlassablement ce qui se passait dans la tête de Kanda.
Bon sang, que pensait-il ? Que ressentait-il ? Pourquoi avoir décidé de le prendre ?
Ces questions tournaient dans sa tête, et il pressentait qu'avec le concerné, il n'aurait pas facilement les réponses qu'il requérait. Oh, Allen tenterait, il ne se laisserait pas bêtement entraîner par Kanda, du moins pas éternellement, mais dans cette situation, il savait bien qu'il n'était pas tellement en position de la ramener. Bien pour ça qu'il s'était tu, avait arrêté d'insulter Kanda, malgré le fait qu'être porté en pyjama dans les couloirs, là où tout le monde passait, et pied-nus par l'alpha… c'était humiliant. En plus d'être traité comme tel, il se sentait en effet comme un bagage ou un gosse. Or, il n'était ni l'un ni l'autre. Silencieusement, Allen rongeait son frein, quoique ce fût plutôt le frein qui le rongeait. Une certaine appréhension montait en lui. Ils ne mirent pas longtemps jusqu'à la chambre de l'Asiatique, où Allen pénétra en étant envahi par le bien-être. Comme un complément à la présence du Japonais, tout ce lieu sentait Kanda. Et dans son état, avoir l'odeur de l'alpha omniprésente, qui l'enveloppait comme dans un cocon… Il en fut, honteusement, heureux.
Le tirant de sa réjouissance, après avoir fermé la porte d'une main habile, Kanda l'installa au-dessus des couvertures proprement bordées, assez délicatement, ce qui le surprit. Ils échangèrent alors un regard sans équivoque, où chacun s'avisait du coin de l'œil, incertain sur la manière d'agir. Ça rassurait Allen, d'un côté, de se dire que Kanda était aussi paumé que lui, même si ça l'irritait aussi. Quoi, l'imbécile le traînait ici, mais n'avait pas réfléchi à plus loin que ça ? C'était typique de ce Bakanda, il aurait dû s'y attendre. Aussi, comme un enfant récalcitrant, Allen durcit son expression, tout en maintenant le contact visuel. Le Japonais le scruta de bas en haut.
« Dessape-toi. »
Perdant totalement de sa superbe, Allen rougit intensément et émit le son pathétique d'un canard s'étranglant, ses mains tremblant sur les draps auxquels elles s'agrippèrent. Une pudeur instinctive l'avait gagné avec l'arrivée de Kanda, et elle faisait des siennes à nouveau. D'autant que ses mots l'inquiétaient. Si, finalement, le Japonais l'avait fait venir dans le but d'avoir des relations sexuelles avec lui ? La pensée lui fit peur, bien que connaissant le concerné, il trouvait ça encore plus difficilement envisageable et ridicule. Kanda s'aperçut de son trouble, chose peu difficile vu qu'Allen sentait que son visage imitait une carpe aux traits étirés, ce bien malgré lui, et effondra le sien dans sa main, irrité.
« Putain, Moyashi, tu me prends pour qui ?! Je compte pas te violer ! Je me disais juste que t'avais peut-être chaud ! »
Saisi par un soulagement net, Allen répliqua aussi sec, du même ton, voulant se défendre :
« Je… Je sais, mais mets-toi à ma place deux minutes, Bakanda ! Tu me sors ça comme ça… ! »
Particulièrement meurtrier, Kanda le brûlait du regard :
« Ouais ben t'imagine rien ! »
Exaspéré et définitivement largué, Allen contrattaqua :
« Je m'imagine rien ! Je comprends juste pas ce que tu fais ! Tu disais que tu ne voulais pas être mon alpha, que tu ne voulais pas qu'on soit amis, et maintenant tu m'amènes dans ta chambre alors que je suis en chaleurs… Pourquoi ? »
L'épéiste se tut. Allen plongea ses yeux au fond des siens, en quête de… il ne savait pas trop quoi. Quelque chose, un élément de réponse qui lui semblerait logique avec ce qu'il connaissait de Kanda. N'importe quoi. Son silence se prolongeait et Allen allait le relancer quand la réponse lui parvint, apathique :
« Lenalee a dit que tu m'avais réclamé et que t'avais besoin de moi. »
Allen se sentit surpris, pour cause, il écarquilla encore les yeux. Puis, avec un reniflement tout ce qu'il y a d'amer, il toisa son vis-à-vis :
« C'est ça qui t'a décidé, Kanda ? C'est tellement pas ton genre… »
Que le susnommé soit contrarié de son jugement ou pas, Allen ne sut le dire. Toujours est-il qu'il rugit en retour, le visage crispé :
« Quoi ? Ça te suffit pas ? Je suis pas complètement un salaud, Moyashi. »
Le blandin observa une pause. Il n'avait pas voulu dire ça même si… Kanda se comportait effectivement comme tel avec lui, alors son revirement lui apparaissait comme exceptionnellement incohérent.
« C'est pas ce que je dis, mais vu comment tu me repoussais, j'ai du mal à croire que tu aies changé d'avis comme ça, même pour aider, et j'ai pas besoin de ta pitié. »
Les derniers mots avaient été crachés avec une rage contenue. Kanda et lui n'étaient pas des amis, et même s'ils l'avaient été, Allen n'aimait pas être pris en pitié. C'était le comble des sentiments hypocrites, et si le brun l'accusait d'en être un, que le blandin avouait qu'il faisait preuve d'une certaine hypocrisie, il n'allait pas jusque-là. Et il avait une fierté. Il ne voulait pas être traité avec condescendance. Le Japonais ne se démonta pas.
« C'est pas de la pitié. C'est que je comprends, alors j'ai décidé de t'aider. »
'Je comprends', cette phrase avait suffi pour qu'Allen éclate de rire, mauvais.
« T'es un oméga, Kanda ? » Un éclair d'incompréhension passa dans le regard de l'alpha. « Non, alors tu comprends pas. »
À nouveau le silence, et les figures encolérées. Oh, ce genre de choses était usuel entre eux et Allen savait qu'ils ne faisaient que commencer. Être seuls ensemble pendant une semaine, vingt-quatre-heure sur vingt-quatre… Tel que ça commençait, l'un d'eux finirait en charpie. Allen continuait de dévisager l'Asiatique, lequel lui rendait la considération.
« Si tu refuses mon aide, j'peux te ramener à l'infirmerie, y a pas de souci. T'as qu'à le dire.
—J'ai pas dit ça non plus, mais tu ne peux pas m'en vouloir de ne pas comprendre ! »
Un soupçon d'appréhension avait éclot en Allen. Il s'était entendu prendre un ton paniqué, ne voulant pas que Kanda le ramène là-bas. Il avait du mal à admettre son changement d'avis, mais il ne voulait pas encore en subir les affres, d'une façon négative pour lui du moins. Il déglutit, sans faiblir cependant. Il voulait pousser l'alpha à s'expliquer sans le fâcher. Ce qui n'était pas aisé avec Kanda. Comme il l'avait escompté, à la lueur furieuse dans les yeux bleus sombres, il avait échoué. Kanda se rapprocha de lui et le saisit par les épaules, sans monter sur le lit, mais penché dangereusement sur lui. Il encrait son regard dans le sien, et Allen se sentit transpercé. Il ne put articuler un mot.
« Y a rien à comprendre, » asséna Kanda, froidement, signe qu'il se mettait en colère, « Arrête de te méfier. Je suis peut-être un enfoiré, mais j'ai simplement décidé de pas te laisser souffrir tout seul, alors tu pourrais être reconnaissant, au lieu de me chercher.
—Je… Je suis reconnaissant, Kanda. » Le maudit avala sa salive, il l'était en effet. Ça ne changeait rien à ce qui lui posait problème. « Je te cherche pas, je cherche des réponses. »
—Je te les ai données, bordel, Moyashi ! »
Pour une fois, la voix du brun qui s'élevait ne lui donna pas envie de tonner à son tour. Il hocha simplement la tête, acceptant ce qui lui apparaissait comme étant totalement incompréhensible, mais il ne pouvait pas faire autrement, après tout. Il se rendait compte qu'il était peut-être ridicule, à contester autant la décision du brun, et un poil masochiste en considération du fait que l'autre pouvait décider de le virer à tout moment. Mais, avec tout ce que le Japonais avait pu lui sortir de méchant, qu'il soit en colère et si surpris se justifiait amplement. Sûrement qu'en plus de choquer, venant de Kanda, un tel effort pouvait être considéré comme un beau geste. Au lieu de faire le gamin réfractaire, il devrait l'apprécier à sa juste valeur, peu importe que ce soit littéralement incroyable à ses yeux. L'Asiatique était sûrement celui que la situation irritait le plus. Une pointe de culpabilité apaisait son esprit.
« D'accord… Merci, Bakanda. »
Kanda le lâcha alors. Allen devina qu'il était étonné d'être remercié, même s'il n'en fit pas grand cas. La tension montée s'évaporait dans la pièce, remplacée par un embarras manifeste pour eux deux, le même que tout à l'heure, cet 'et maintenant, quoi ?' qui les entourait. En dehors de leurs querelles, avoir une conversation normale et ainsi se tenir compagnie durant le temps qu'ils étaient forcés de passer ensemble serait une difficulté en soi. Ils le savaient tous deux, et Allen n'était pas sans se douter que Kanda ne ferait pas d'effort. Quant à lui… Il était plutôt disposé à en faire, par reconnaissance pour son geste et puis pour ne pas être insupportable, mais Kanda l'irritait fortement, de prime abord à cause de son fichu tempérament, ensuite à cause de leurs disputes les dernières fois qu'ils avaient parlé. Du temps avait beau s'être écoulé, Kanda l'avait rabaissé, pire, avait attaqué ses sentiments, et l'avait outrageusement blessé. Il s'en était remis et avait décidé de ne pas lui vouer une hostile rancœur éternelle, mais il avait décidé aussi qu'il ne devait pas oublier ça pour autant. Il savait qu'il risquait lui aussi de laisser ressortir son agacement lors de leurs échanges.
La difficulté se trouvait des deux côtés.
Et Allen se connaissait, il n'était pas exempt de verve caractérielle, lui aussi.
Kanda ne resta pas debout bras ballants devant son lit éternellement. Il tira méchamment la chaise de son bureau et s'assit dans le même mouvement, attrapant un livre qui y était posé de sa main libre. Allen haussa un sourcil, n'ayant pas remarqué l'objet auparavant. Cet abruti lisait ? La pulsion de lui sortir une pique piquetait justement Allen, mais il se mordit la langue. Non, non, il devait réellement faire un effort avec Kanda, s'il voulait que l'autre ne le jette pas dehors avec fracas et que ça se passe bien. Une part de lui-même lui soufflait toujours que ce n'était pas à lui d'en faire. L'autre, néanmoins, qu'il fallait s'y résoudre. Au moins jusqu'à ce que l'Asiatique dépasse les bornes. Ce qui ne serait sûrement pas long. Sous le coup des sensations extatiques du lien, au contraire de ses pensées, l'Anglais se mordit encore la langue. Être doublement accaparé, surtout ainsi, c'était embarrassant… Il n'osait pas se déshabiller, se mettre sous les couvertures comme s'il était tranquillement dans sa chambre, ce n'était purement pas le cas, donc il restait là. Droit, étendu comme un mort, fixant en direction de Kanda, mais en absorbant son regard sur un point au hasard au mur pour ne pas le regarder directement.
Cela dura un moment. Le Japonais s'appliquait à l'ignorer, et l'oméga à feindre l'indifférence. Il croisait les bras, ruminant ses pensées, ses inquiétudes sur la suite des événements, et sur le 'maintenant'. Allen s'en apercevait, comme il avait quitté Lavi et Lenalee puis que Kanda l'avait allongé, le contact physique lui manquait. Il en ressentait le besoin. C'était plus fort que lui. Et il ne s'agissait pas là d'un contact charnel. Curieusement au vu de son état, son corps se faisait assez discret pour ce genre de pulsions, pour le moment du moins. Il voulait simplement un échange de chaleur humaine. Mais à sa grande infortune, 'son alpha', du moins celui qui s'occuperait de lui à compter de maintenant, était Kanda. Qu'y avait-il de moins chaleureux qu'un Iceberg ? L'Asiatique, à n'en pas douter.
Plus sérieusement, Allen n'osait pas non plus lui demander de se rapprocher. Il ne voulait pas lui donner envie de le rabaisser et encore moins se recevoir à nouveau en pleine face qu'il était ridicule. Parce que s'il s'était retenu d'afficher sa vexation cette fois-là, ses nerfs ne supporteraient pas une telle attaque maintenant. Il déglutit, serrant ses bras croisés en réprimant un frisson. Il faisait froid. Du coin de l'œil, il remarqua que Kanda était tourné vers lui, exaspéré.
« J'aime pas être fixé, Moyashi. » Pendant que le blandin sursautait, lui qui croyait avoir été discret, le brun rajouta, sans le laisser répondre : « Et tu vas finir par enlever tes fringues ? »
Allen s'efforça pourtant de rester neutre, ne changeant pas sa position.
« Je te fixais pas, » mentit-il, « je regardais le mur. » Ce n'était pas entièrement faux non plus. « Et non, je vais garder mes vêtements. Il fait froid dans ta chambre. On se croirait à la morgue. »
Au moins, elle allait bien avec son propriétaire. Kanda fut blasé. Il semblait se retenir de l'y envoyer pour de bon.
« Si t'es pas content, fous-toi sous la couette, débile de Moyashi. J'te laisse mon lit, t'façon. »
Le blandin vit rouge pour le surnom et l'insulte contre lesquels il tempêta. Devant l'indifférence de Kanda qui réitéra sa proposition en changeant le 'fous-toi sous la couette' en un 'dégage' agressif, il n'hocha pas la tête, mais, timidement, il repoussa les couvertures sous lui et s'installa en cherchant chez l'autre tout signe de désapprobation. Il n'y en eut pas, en partie parce que son camarade d'infortune replongea le nez dans son bouquin sans se soucier de lui. Kanda l'autorisait bel et bien à se mettre entre ses draps. Ç'aurait pu passer pour un autre signe d'intimité totalement inconcevable entre eux, mais Kanda avait spécifié qu'il lui laissait son lit. Si, en y réfléchissant mieux, il n'y avait pas d'autres lits ici, et qu'Allen aurait pu déduire qu'ils dormiraient sûrement ensemble, tous les deux, dans ce même lit, le Japonais ne disait pas ça sur ce ton. Dormir avec Kanda l'aurait rendu inévitablement mal à l'aise, mais tout de même, il se demandait où l'Asiatique dormirait. Avec circonspection, il posa la question :
« Tu dormiras où, toi ?
—Ben par terre.
—Mais… »
Devant ses yeux exorbités, en plus de lâcher son habituel 'tch', Kanda répliqua :
« On ne va pas faire porter un lit pour une semaine, j'ai connu pire. »
La couverture remontée jusque sous les aisselles, Allen voulait protester, parce que c'était après tout le lit de Kanda, et ça ne lui semblait pas correct que son propriétaire dorme par terre. Même pour une semaine. Cependant, il ne tenait pas particulièrement à dormir avec Kanda, ou à être celui qui dormirait sur le sol – égoïstement. Avec ses chaleurs, il ne le supporterait pas et n'avait pas envie de tenter, sachant qu'il imaginait tout à fait Kanda décider de l'y mettre à sa place sans état d'âme s'ils en débattaient, alors il se tut. Il laissait ses bras ressortir, qu'il étendit le long de son corps. Ils ne parlaient plus. Les odeurs apaisaient Allen, mais alors qu'il s'y habituait, ça ne lui suffirait bientôt plus. Il voulait que Kanda soit plus proche de lui. Il le sentait si loin, c'était comme une souffrance…
Seulement, il ne pouvait toujours pas se résoudre à le lui demander. Tout, ou presque, mais pas ça. Pas ce genre de choses. C'était déjà suffisamment humiliant de ressentir ça envers lui, s'il fallait en plus qu'il l'exprime… Allen se demanda pour une énième fois comment il allait supporter cela pendant sept jours.
Son regard s'attarda à nouveau sur le visage du brun. Plongé dans son livre, il avait une expression concentrée, peu avenante, mais pensive, et ça le rendait agréable à regarder. Rougissant, l'oméga se dit que ce n'était pas le moment de le mater. Surtout pour se faire agresser si le Japonais se rendait compte qu'il le 'fixait', comme monsieur n'aimait pas ça. Mais, avec ses chaleurs, ses pensées s'égaraient facilement dans ces eaux-là. Toutefois, il se questionnait. Était-ce vraiment les chaleurs qui le faisaient penser ça ? Il l'avait déjà avoué avant de les avoir, que Kanda lui plaisait. Les chaleurs ne faisaient sûrement qu'attiser cette impression. Avec honte, Allen sentait qu'il laissait déferler plus d'odeurs dans l'atmosphère, à cause de sa contrariété due à son éloignement avec l'alpha, et à cause de l'attraction qu'il ressentait pour lui. Elles devaient être très fortes, si même lui parvenait à les sentir. Jusqu'à présent, il ne s'était que rarement senti lui-même. À cet instant, Kanda posa son livre en un bruit mat sur le bureau. Il se tourna vers lui, le dévisagea une bonne minute, une veine tressautant furieusement et la mâchoire retroussée comme un chien prêt à mordre.
Plus que gêné, également car il se sentait pris en flagrant délit, Allen devina que c'était pour les odeurs et s'attendit presque à ce qu'il lui saute à la gorge.
« Tes odeurs sont bizarres, Moyashi.»
Les paroles rugissantes renfoncèrent le blandin dans ses appréhensions. Il avait bien deviné. Allait-il encore se faire insulter ? Mais surtout, que Kanda fasse allusion à ce qu'il sentait, ses sentiments, désignés par l'adjectif « bizarre »… Allen ne pouvait s'empêcher d'être blessé, ayant toujours en mémoire ses remarques acerbes. Plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu, il rétorqua amèrement :
« J'y peux rien, Bakanda. »
Cette fois-ci, ce n'était plus seulement les sourcils de Kanda qui se fronçaient, son visage tout entier. Il était beaucoup moins… beau comme ça. Et Allen pressentit qu'il allait se faire gueuler dessus. La bouche de Kanda s'ouvrit, il devina alors qu'il avait encore eu raison.
« T'as quelque chose, ou pas ? »
Là, Allen fut surpris. Le ton était bourru mais… L'autre s'intéressait-il maladroitement, ou feignait-il seulement l'intérêt ? Compte tenu de ses précédentes pensées, autant celles embarrassantes que celles contrariantes, il rougit, tant avec gêne que colère.
« Il n'y a rien. »
Allen répondait sur le même ton que Kanda. À la fois à cause de l'embarras et aussi par refus d'obtempérer, bien qu'il n'aimait pas que Kanda élève la voix et l'élever également. Il ne voulait pas jouer l'oméga –trop – faible. Parce qu'il ne fallait pas mentir, il l'était maintenant, mais il voulait montrer qu'il ne se laissait pas aller pour autant. Kanda ne laissa, quant à lui, évidemment pas tomber, définitivement encoléré.
« Mon cul. Tu me fixes pendant une demi-heure et maintenant tes phéromones font n'importe quoi. Parle, ou arrête ça.
—Je te dis que j'y peux rien !
—Putain, Moyashi, tu dis ce qui y a, si on peut y faire un truc, parce que si tu dois puer comme ça, tu vas prendre la porte ! »
Offensé par sa brusquerie, Allen s'écria :
« Y a rien à dire ! Ça va passer ! » Irrité, l'oméga ne put s'empêcher d'ajouter, faisant justement remarquer : « Tu savais quand même à quoi t'attendre en me prenant, non ? Je suis en chaleurs, Kanda ! Je vais dégager beaucoup d'odeurs, tout le temps ! » Sa voix appuyait ses mots. « Alors je suis reconnaissant et tout ce que tu veux, mais franchement, pourquoi m'avoir pris si c'est pour m'engueuler dès qu'il se passe un truc ? »
Kanda parut piqué au vif.
« Je t'ai pris en espérant que tu serais pas chiant. »
Allen se retint de rire jaune.
« Je te signale que je n'ai rien fait, alors arrête de gueuler ! T'es celui qui est chiant ! »
Kanda grinça des dents, comprenant qu'il n'y avait rien d'autre à faire, le fusillant du regard.
« Tch. Évite simplement de me déranger à l'avenir. »
Sur ces mots, Kanda se replongea dans le bouquin, laissant Allen fulminer.
« Mais c'est pas vrai, tu te fiches de moi, Kanda ?! Je ne te parlais pas, c'est toi qu'as commencé à m'engueuler, deux fois de suite, en plus ! Je ne contrôle pas mes odeurs, ce n'était pas fait exprès pour te déranger ! »
Le Japonais eut une moue contrariée, relevant brusquement la tête.
« Déjà j'ai pas gueulé, crétin de Moyashi, je t'ai dit d'arrêter de me fixer et je t'ai demandé pourquoi tu sentais comme ça, parce que ça me dérangeait, et c'est toi qui t'emballe.
—Non mais t'as vu comment tu me parles, toi aussi ?!
—J'ai dit que je gueulais pas ! »
Allen fut choqué. Il en oubliait sa politesse, comme toujours avec Kanda… À quel point l'autre avait décidé de se foutre de sa gueule ? À moins qu'il ne soit tellement belliqueux qu'il ne se rendait même pas compte de son agressivité… Si tel était le cas, autant dire qu'ils n'étaient pas sortis des ronces. Jugeant cela inconcevable, le maudit grimaça.
« Tu es vraiment le pire, Kanda ! »
Ce dernier grogna en retour, plus menaçant.
« Bon, si t'as rien à dire, tu la fermes, Moyashi. Sinon je vais vraiment gueuler, et tu vas voir la différence. Je veux lire sans être dérangé. »
Une vague de colère traversa Allen à l'entente des paroles, envoyant radicalement promener son besoin de paix. Allen le jugeait définitivement très gonflé de lui dire de la fermer, comme il était celui qui s'énervait –et le niait, en plus ! – alors qu'Allen ne disait pas un mot, et il lui donnait un ordre, comme s'il devait lui obéir ?! Le maudit jura intérieurement, ça ne se passerait pas comme ça. Puis, il était un oméga en chaleurs souffrant. Tout ce qui intéressait Kanda, l'alpha qui devait s'occuper de lui, l'avait décidé de son propre chef, était en réalité de 'lire sans être dérangé' ? Cet imbécile était incapable de prendre soin d'un autre, ça n'avait rien de compliqué à deviner. Seulement, le maudit aurait apprécié le voir essayer plus que ça, surtout qu'il ne l'avait pas forcé ! Kanda avait, certes, insisté pour qu'il parle et Allen avait refusé, mais ça se voyait qu'au fond, l'autre n'avait demandé que dans l'optique de poursuivre sa lecture sans 'odeurs pestilentielles'. Comme si Allen les contrôlait… D'autant qu'il fallait dire que la hargne de l'épéiste ne donnait pas tellement envie de s'exprimer.
Serrant les poings, il détourna le regard, l'arrêtant sur le mur auquel le lit était collé.
« Désolé que mes pathétiques émotions te dérangent, Kanda. Je vais essayer de me calmer.
—Oï, qu'est-ce que tu me chies, là, Moyashi ?! »
Il avait mis le feu aux poudres déjà chaudes et gagnait de nouveaux gueulements en retour, alors qu'il venait certes de lui demander d'arrêter et que c'était à prévoir, mais il n'avait pas pu s'en empêcher. Aussi, il l'assuma. Sa tête pivota encore en direction de Kanda. Il s'était levé. Ça ne se sentait pas très bon, et Allen faillit se rétracter. Seulement… Il n'allait pas s'abaisser. Car…
« C'est ce que tu avais dit, non ? »
Les yeux bleus sombres furent frappés d'une lueur de compréhension. Kanda paraissait médusé. Ça ne calma pas Allen, il fallut le dire.
« Tu me ressors ça ? se stupéfia l'Asiatique.
—Bien sûr, que je te ressors ça ! » répliqua Allen avec humeur. « De toute façon, même s'il y avait quelque chose à dire, tu crois que je pourrai oublier ce que tu m'as dit et te parler de ce qui me dérange ?! »
Kanda fut silencieux. Allen reprit son souffle. Lever la voix l'épuisait aussi émotionnellement que physiquement. S'enfoncer dans la dispute avec l'état de ses nerfs n'était raisonnablement pas la chose indiquée. Il voulait du repos. Du contact. Être apaisé. Par la même personne qu'il avait envie d'étrangler, si ce n'était pas une opération bien compliquée… Mais, vraiment, ce que le brun avait dit, il ne pouvait plus faire l'impasse dessus. Il le sentait, ça allait le bouffer à chacune de leurs interactions. Alors, peut-être paradoxalement, il sentait qu'ils avaient besoin de crever la tension, de la manière la plus simple vu leurs caractères explosifs dès qu'ils entraient en collision : en la faisant exploser. Le Japonais se rapprochait. Debout plus près, il était logiquement encore plus intimidant. Malgré son état, Allen faisait vœu de ne toujours pas être intimidé.
« Là, c'est pas toi qui cherche, peut-être ? » Le Japonais soupira. « J'ai toujours dit ce genre de trucs et tu m'en as jamais chié une pendule comme ça, Moyashi. »
Son ton était sec et froid, mais Allen sentait qu'il essayait de rester plat et de ne pas lever encore la voix. Cela, sur un ton sans appel. Il ne semblait pas comprendre ce qu'Allen lui reprochait là et se mettait en position de supériorité, comme un imbécile. Le blandin adopta le même genre de ton, expliquant :
« Parce que ce n'était pas aussi personnel. Tu sens mes émotions, tu sais ce qui se passe en moi, et tu t'en es moqué. Tu peux imaginer ce que ça me fait ? Tu le sens, je le sais, mais imaginer ce que ça fait de le ressentir, te mettre à ma place ? » Allen eut un rire cynique devant l'expression interdite du plus grand. « Et tu me demandes de te parler de mes émotions ? »
Kanda gronda.
« Et quoi ?! J'ai dit une connerie, j'en dirai d'autres. Tu dois apprendre à laisser pisser.
—T'es un vrai handicapé sentimental si tu penses qu'on peut laisser passer ça si facilement avec ce que je ressens ! »
Pour une rare fois, le blandin vit que Kanda était désarçonné. Il eut l'air de celui qui comprend quelque chose, et la chose qu'il avait compris semblait être la portée de ses mots. Allen se mordit encore l'intérieur de la joue, pensant que c'était peut-être un petit peu trop tard pour réaliser sa connerie, alors qu'il l'avait dite. Les poings du brun se fermèrent dès le moment où il se reprit. Quelques secondes, et il le foudroyait, à nouveau meurtrier.
« T'es pas content d'être avec moi ? Je te l'ai dit, je te ramène quand tu veux, alors me gave pas. Parce que là tu commences à me prendre la tête et j'en ai déjà marre.
—Ce n'est pas ce que je veux !
—Alors qu'est-ce que tu veux ?! Pourquoi tu me fais chier avec ça ?! Tu t'attends à des excuses ?! »
Allen s'imaginait très bien qu'il n'en aurait pas, mais il ne se démonta pas pourtant.
« Ça aiderait, mais j'aimerais surtout savoir si je peux te faire confiance pour ne pas me juger. Tu as dit que tu t'occuperais de moi, c'est un fait, mais je veux juste savoir ce que ça inclut… On n'est pas amis, c'est ce que tu voulais, alors ne pense pas que c'est facile. C'est important de savoir si on peut se faire confiance. »
Se passant une main sur le visage, Kanda vint écraser son postérieur à ses côtés, le surplombant de toute sa hauteur accordée par la position. Un peu effrayé de le recevoir si prêt, Allen plongea ses yeux dans les siens avec hésitation. Il quêtait la colère, la violence à venir, mais il ne savait rien lire dans cette expression. Ce qui était bien plus inquiétant. Brusquement, le Japonais prit soudainement son visage en coupe et se rapprocha de lui, laissant Allen perplexe et paumé. Qu'est-ce qu'il allait encore lui faire ?
« Regarde-moi dans les yeux, Moyashi, et arrête de t'exciter. »
Bégayant, retenant son envie de lui hurler qu'il n'était pas celui qui s'excitait depuis tout à l'heure, parce qu'il n'avait pas le choix, le susnommé ne put réagir. Ses mains montèrent jusqu'aux poignets de Kanda, qu'il essaya de tirer pour le faire lâcher prise, sans succès. Il n'avait pas la force de lutter, aujourd'hui.
« Kanda ? »
Le brun se contenta de gronder. Il paraissait agir à contrecœur, mais être tout à fait déterminé.
« T'as pas l'air de capter alors je vais être clair, mais je passerai pas mon temps à te le répéter, donc t'enregistres ou pas, ça te regarde. Je t'ai dit que j'étais ton alpha pendant cette semaine. Je ne te mens pas. Je n'aime pas les menteurs, ni les paroles en l'air. Je ne te le dirai pas une autre fois. D'après toi, tu peux me faire confiance ? C'est à prendre ou à laisser alors réfléchis bien. »
Déglutissant, Allen articula, se rendant bien compte qu'il était sur une pente dangereuse :
« Je veux te faire confiance. Mais ça ne change rien à ce que tu as dit cette fois-là… »
Un soupir rageur s'échappa de la bouche de Kanda. Allen le vit se mordre la lèvre –très vite, imperceptiblement, et pourtant, le geste était étonnamment expressif venant de lui.
« J'm'excuserai pas pour avoir dit de la merde, qu'on soit clair. »
Ça se voyait que c'était plutôt ce qu'il disait maintenant qu'il considérait comme de la merde, que ça le faisait chier d'être sommé de s'expliquer. Le blandin eut encore du mal à avaler sa salive, comprenant que c'était sans doute une façon pour Kanda d'avouer à demi-mots qu'il ne le pensait pas vraiment ou qu'il n'avait pas réfléchi ses paroles, même sans proférer de vraies excuses, mais il ne pouvait pas le laisser passer si facilement, alors il reprit les mots de Kanda :
« Mais de la merde que tu penses et qui m'a blessé. »
Avec plus d'aplomb, le brun affirma son emprise sur ses joues, son regard se faisant plus sévère.
« De la merde, Moyashi. Alors si tu veux que je m'occupe de toi, tu as intérêt à laisser tomber ça. »
Ne voulant pas tenter le diable – qui sait si cet abruti ne l'était pas réellement, Allen abaissa ses mains, baissant également les armes. Il consentait aux promesses de Kanda, ne demandait même que ça, en réalité, pas plus, pas moins.
« Eh ben, Moyashi ? T'as compris ?
—J'suis Allen et j'peux pas hocher la tête vu comment tu me tiens.
—T'as qu'à dire oui.
—Oui, Bakanda. »
Allen le défiait, insolent. Kanda eut un rictus mécontent et le libéra finalement. Il ne bougeait pas du lit, et Allen espéra qu'il resterait là. Toujours si exaspéré, l'Asiatique reprit la parole, bras croisés :
« Bon, tu pues toujours autant. Qu'est-ce que tu veux, maintenant ? Que je te tienne la main ? »
C'était du sarcasme, pas une proposition, mais Allen s'entendit répliquer :
« Ouais, ça serait pas mal. »
Ce qui eut le mérite de rabaisser immédiatement le caquet de Kanda, à son visage qui se crispa. Le symbiotique fut un peu ravi de l'avoir mouché, mais eut surtout du mal à ne pas laisser ressortir son embarras, et c'était peine perdue.
« T'es sérieux ? Tu te fous de ma gueule ? Parce que tu peux aller te faire foutre. »
Allen secoua la tête, déglutissant, voulant arguer pour sa défense face à sa demande pour le moins stupide en apparence.
« J-J'ai besoin de contact. C'était ça qui me dérangeait… Il me faut du contact physique. »
Éberlué, Kanda secouait la tête, clairement contre l'idée.
« Alors je vais être direct, Moyashi, moi, j'suis ni Lavi ni Lenalee, et j'te traiterais pas comme mon gamin. J'te ferais pas de câlins.
—Ils ne me traitent pas comme ça et je n'ai jamais demandé un câlin ! Si tu crois que ça me fait plaisir de te demander ça ! C'est parce que je suis en chaleurs que j'ai ce genre de besoin ! On m'a dit que mes chaleurs risquaient d'être difficiles, en plus… Crois-moi, je suis celui que tout ça gêne le plus. »
Méchamment, le brun rétorqua :
« Tch, ça m'étonnerait. »
Allen sentit qu'il fronçait le nez.
« Bien sûr que si. Réfléchis deux minutes. Je ne suis pas le genre d'oméga à aimer profiter de sa condition. »
Leurs regards luttaient, aucun ne se rendaient. La question restait pour l'heure en suspens, noyée dans la tension des regards. Allen disait vrai, c'était beaucoup plus embarrassant pour lui vu l'état dans lequel il se trouvait. Encore plus car il sortait d'une grosse crise. Le brun eut l'air de suivre son chemin de pensée, puisqu'il était au courant de la situation. Kanda finit par se prendre la tête entre les mains et grommela une série 'merde' rageurs dans sa barbe. Sans grand étonnement, la demande était de trop.
« Mais t'es pas obligé, » compléta Allen, finalement, murmurant. « Juste, reste près de moi. C'est déjà mieux. Puis, » tenta-t-il de suggérer à l'autre, car il voulait vraiment que Kanda essaie d'être plus calme, « si tu veux vraiment t'occuper de moi pour cette semaine, tu devrais éviter de me crier dessus dès que je fais quelque chose. Surtout que je ne te dérangeais pas exprès, tu sais. Je ferai attention à ne pas regarder dans ta direction, mais je ne contrôle pas les odeurs. »
Kanda grogna, donnant un coup de tête en arrière comme un gamin pris en faute qui refuse de baisser les yeux. Quand il se retourna vers lui, Allen sentit qu'il le dévisageait avec une sorte de mépris dégoûté qui le vexa. Il faillit y réagir quand la voix du brun retentit :
« Donne ta putain de main, me casse pas les couilles. »
Écarquillant les yeux, Allen regarda ses mains, n'en croyant pas ses oreilles.
« Laquelle ? »
Il posait la question car Kanda n'avait pas voulu lui serrer la main avec son bras porteur d'innocence quand ils s'étaient rencontrés, lui rétorquant qu'il ne serrerait pas la main d'un maudit, sa main gauche étant pour le moins repoussante aux yeux de la plus part des gens. Et que ça se voyait bien qu'il ne lui tiendrait pas la main par envie. L'Asiatique resta neutre.
« M'en fous. Magne-toi l'fion avant que je change d'avis. »
Allen tendit sa main droite. Kanda la saisit, sans douceur, sans entremêler ses doigts aux siens – quand même, ils n'étaient pas un couple et n'avaient rien de tel. Mais il la tenait. Entre la sienne. Un contact appréciable, car il venait de l'alpha à qui l'oméga était lié. Allen se sentit instantanément mieux. Instinctivement, sans se dérober à la poigne de Kanda, il laissa glisser son corps dans le lit. Il posa sa tête sur l'oreiller. Il avait horriblement sommeil, même s'il n'était pas sûr de pouvoir s'assoupir, étant donné qu'il n'avait même pas mangé. Le blandin n'avait pas eu faim à l'heure du repas, juste avant que Kanda vienne le chercher, à cause de sa crise de panique.
« Je sens que ça va me faire chier tout ça. »
Sans lâcher sa main, Kanda avait murmuré, plus pour lui-même que pour Allen. Le blandin comprenait tout à fait qu'il avait des raisons de penser ainsi. Kanda n'aimait pas le contact, n'aimait pas être dérangé et ennuyé, et il se retrouvait avec un oméga qui avait un grand besoin d'attention et d'affection, ce même malgré lui, dont il devait s'occuper. Bien sûr que ce n'était pas la perspective la plus plaisante. Le blandin répondit quand même.
« Moi aussi. »
Et c'était vrai. Ses propres émotions le faisaient largement aussi chier qu'il pouvait faire chier l'alpha. Kanda eut une petite moue crispée, et le regard sévère revint au galop.
« J'suis crevé. »
L'alpha voulut retirer sa main, semblant avoir signifié par ces mots que c'en était assez, mais Allen la retint.
« Encore quelques minutes, s'il te plaît.
—Tch. »
Kanda soupira. Son expression constipée aurait paru drôle à Allen en d'autres circonstances ; il semblait physiquement à deux doigts de commettre un meurtre.
« Après t'as intérêt à pieuter sans faire d'histoire. Je veux pas que tu me fasses chier cette nuit, j'suis pas infirmière de garde, pigé ? »
Allen se mordit la lèvre.
« J'te dérangerai pas cette nuit, Kanda, mais par contre…
—Quoi, encore, putain ? »
Il perdait patience. Le blandin se mordit la lèvre à nouveau.
« J'ai pas mangé. »
Plus timide, Allen sous-entendait qu'il aurait bien aimé qu'il lui apporte quelque chose. Kanda eut un mouvement de recul.
« Faut que je t'apporte à bouffer, en plus, sérieux ?!
—Lenalee t'a dit que j'ai fait une crise, non ? Je n'avais pas faim après ça… Et puis je ne peux pas me déplacer comme ça, Bakanda, si tu veux t'occuper de moi, tu vas devoir m'aider. Il va bien falloir que je me nourrisse, non ? »
À l'évocation des complications et de ses obligations d'alpha, le brun se renfrogna. Son visage l'indiquait comme résigné, mais clairement pas enchanté. S'il avait eu Mugen à la place des yeux, il l'aurait découpé en morceaux. Pour parler franchement, Allen n'aimait pas l'idée et le fait de dépendre de lui ainsi, mais il n'avait pas le choix, alors Kanda devait comprendre qu'il lui fallait de l'aide. C'était tout nouveau pour lui aussi, et ils seraient bien obligés de s'adapter aux chaleurs, qui n'essayeraient pas de s'adapter à eux, l'oméga s'en doutait bien.
« Putain c'que tu m'fais chier, mais je t'apporterai à bouffer avant de dormir. »
Allen serra sa main plus fortement, décidant de continuer à faire des pas en avant vers le Japonais. Même si Kanda ne s'était pas excusé et qu'il avait été plus qu'odieux au début, il était touché qu'il ait accepté de lui prendre la main et par ses promesses de prendre soin de lui. Encore fallait-il qu'il montre de la bonne disposition à les honorer, mais c'était quelque chose qui pouvait s'arranger. Allen voulait, lui, y mettre du sien.
« Merci, Kanda. Pour tout. »
Le Japonais fit les gros yeux. Sa main était très tendue dans la sienne. Le silence entre eux reprit son règne. Ils n'avaient pas grand-chose d'autres à se dire, après tout. Mais, après un temps, Kanda consentit à maintenir la fermeté de leurs mains liées. C'était subtil, mais de cette manière, Allen avait l'impression qu'il lui prouvait qu'ils étaient dans cette galère ensemble, et qu'il ne le laisserait pas tomber, comme il le lui avait promis. Si Allen ne comprenait toujours pas très bien pourquoi il avait décidé de le prendre et qu'il sentait qu'ils auraient du mal avec leurs humeurs mutuelles, que Kanda s'occupe de lui était de compte tout ce qu'il voulait. S'il n'aimait pas avoir ce désir, il aurait été très idiot de cracher là-dessus.
Maintenant, ils devaient simplement apprendre à se tolérer, ce qui ne serait pas une mince affaire.
J'ai focalisé le chapitre sur Allen pour commencer :p.
Pour Kanda, dont le point de vue viendra ensuite, il fait des efforts et se laisse un peu faire, mais ça ne veut pas dire que ça lui plait. Disons que Kanda sait qu'Alma était déjà câlin avec lui en raison de son besoin de contact en tant qu'oméga alors qu'ils n'étaient même pas liés, donc il sait bien qu'étant en chaleurs et malade, Allen a réellement besoin de lui à cause du lien. C'est quelque chose que je trouve d'ailleurs assez ironique dans le thème de l'omégaverse, il y a un côté bestial avec le fait que les alphas puissent perdre le contrôle face à un oméga à cause des phéromones et que ça mène à des trucs pas très cools, mais il y a aussi un côté très cucul avec le fait que les omégas aient un besoin de contact presque compulsif avec leur entourage, au risque d'être 'touch-starved', qu'on traduirait par 'en manque d'affection' mais avec des répercussions sur leur mental et leur santé physique.
Pour Allen, je respecte son caractère et le fait qu'à part avec Lenalee il ne soit pas particulièrement porté contact physique, donc on peut imaginer qu'avec son statut ça doit lui manquer inconsciemment et se ressentir maintenant qu'il est faible. Mais au contraire de sa condition d'oméga, c'est pareil pour lui, il n'aime pas en faire la demande habituellement, ce n'est pas son genre comme il le déclare lui-même.
Sinon, ils ont essayé de faire exploser la tension entre eux, mais comme le montre la fin, ce n'est pas encore ça x'D. Attendez-vous à ce que ça soit un peu dur pour eux les premiers temps :').
J'espère que vous êtes intrigués par la suite :D !
N'hésitez pas à donner votre avis et à dire si vous avez aimé, ça fera une auteure heureuse :).
Merci d'avoir lu !
