Hey !

Il y a eu moins de retours sur le chapitre 9 que sur les précédents, donc j'ose espérer que cette suite vous convaincra peut-être mieux x). On arrive à la partie importante de l'histoire pour "Hormones" et j'aimerai bien que vous laissiez une chance à l'histoire ^^. Je comprends que le fait que ce soit un développement en mode escargot puisse rebuter certains, mais ce n'est pas un développement autour d'un vide, je peux vous l'assurer x). Je ne vais rien spoiler mais comme je l'ai dit il y aura du rebondissement et dans le fond ça ne diffère pas tellement des schémas narratifs des fictions habituelles, avec une action, un problème, une confrontation et une potentielle résolution ou non :'). Ça se passe juste d'une manière différente, avec du réalisme, et ce n'est pas forcément un mal, je pense :). C'est mon but avec la première partie, en fait ^^. Enfin bref, je tiens à faire cette note pour vous rassurer sur le fait que je n'ai pas prévu un truc chiant à mourir, même si ça semble long :'). Ça change sûrement de vos habitudes de lecture, mais s'il vous plaît soyez curieux :).

Sinon, ce chapitre reprend à la suite de l'autre, mais il est classé sous un autre thème car il déborde sur le lendemain et je trouve qu'il correspond mieux à la thématique suivante. Cette fois-ci, le chapitre est majoritairement focalisé sur Kanda, j'espère que vous aimerez son développement ici ;).

Bonne lecture !

Edit du 06/06/18 : Merci à Ookami97 pour la correction !

Réponse anonyme :

Deydeykagamine : Haha t'inquiète tu n'as pas à me remercier pour la réponse, c'est tout à fait normal si tu prends le temps de commenter que je te réponde :). Après, ne t'attends pas non plus à quelque chose de trop chelou concernant un lemon, hein x'D. Ce n'est pas au programme actuellement mais en tout cas je ne pense pas que j'écrirai des lemons 'étranges', du moins si j'ai bien compris ce que tu voulais dire par là X). Merci du compliment sur mon écriture :). Pour Luberrier, disons qu'à l'heure actuelle il n'est pas important, après quant à s'il servira à quelque chose dans l'histoire peut-être haha. J'avoue que je ne l'aime pas non plus mais il ne va pas mourir tout de suite :')). Mais oui, clairement, Allen et Kanda vont galérer tous les deux x'D, et ça va être un peu plus long pour qu'ils commencent réellement à se connaître :p. Merci de ton avis :D !

Emelynn21 : Je réponds ici à ta review sur le chapitre 8, j'espère que la suite te plaira si tu continues à lire x'D. Déjà, merci pour ton avis :D. Je suis contente que tu aimes la façon dont j'écris le personnage de Kanda, c'est vrai que ce n'est pas un personnage facile à cerner x'D. Pour le Linken, ce n'est pas que je n'aime pas ça, mais il n'y en aura vraiment pas ici, désolée x'D. Tu verras bien pour Kanda et Allen :p. Et ne t'en fais pas pour les explications sur l'omégaverse il y en aura d'autres :)). J'ai prévu de le développer autant que possible ^^. En tout cas merci beaucoup pour tes compliments ! :D

Hajime : x'DD 'string sur un T-Rex' elle est bonne, tu m'as fait rire :'). Haha en effet Kanda aurait besoin d'un bon panier de pruneaux, peut-être même deux x'D. Je peux comprendre pour le fait que ça semble vachement long 20 chapitres, mais comme je le dis dans ma note au-dessus il se passera des choses donc ce ne sera pas non plus tout plat et j'espère que ça sera plaisant :). Dans le fond, c'est une intrigue comme une autre, mais c'est un angle d'approche différent de ce qu'on voit d'habitude ^^. Je peux déjà te dire qu'il y aura plein d'informations, d'interactions entre Kanda et Allen donc ce sera dynamique ;). En tout cas merci de ton avis :D !


Ce n'était pas bien dur de le deviner, mais Kanda était fortement irrité. Alors certes, il avait clamé au Moyashi qu'il s'occuperait de lui, lui avait dit de l'accepter ou de se barrer, cependant, il savait qu'il avait du mal à le supporter… ou plutôt à supporter quelqu'un au quotidien, avec lui. Kanda n'avait jamais été sociable, même avec Alma qu'il avait appris à tolérer, il lui avait fallu du temps pour accepter de se le coltiner assez proche et assez souvent pour qu'ils puissent avoir des échanges sereins et l'apprécier. Et il n'arrivait pas à contenir son irritation face au Moyashi pour être indifférent à ses actions autour de lui, au sens qu'elles ne lui donnent pas envie de lui arracher la tête. Quelque part, ça l'irritait encore plus de ne pas pouvoir se calmer, et il déchargeait ce sentiment sur l'oméga.

S'il pouvait être de mauvaise foi, Kanda savait très bien que le Moyashi ne faisait pas exprès pour les odeurs, et il envisageait qu'il était en quelque sorte logique qu'il tourne son regard vers lui. Mais ça le dérangeait, alors il réagissait, en automatisme. C'était son habitude, c'était dans son caractère, et c'était simplement plus fort que lui.

Pourtant, il essayait d'essayer. Preuve que ce n'était pas encore ça.

En engueulant Allen parce qu'il le fixait, il lui avait tendu une perche pour le cas où il aurait quelque chose à lui dire et qu'il n'oserait pas le faire dans sa connerie, idem à partir du moment où il s'était fâché pour ses phéromones. C'était sa façon à lui de pousser le Moyashi à dire ce qui n'allait pas. Kanda n'était pas sociable, il était donc maladroit dans sa façon d'interagir avec autrui. Puis, sa décision, qu'il était déterminé à assumer jusqu'au bout, il l'avait quand même prise de façon impulsive. Car il avait avorté ses réflexions, les avait remises à plus tard, et s'était précipité d'un coup pour chercher le blandin, de sorte que ses conséquences se matérialisaient réellement maintenant qu'Allen était avec lui. Il avait imaginé ce qu'il en serait, mais le vivre en vrai, ce n'était pas pareil, comme il s'en doutait.

Changer ses habitudes de solitaire était difficile. Cela expliquait aussi pourquoi il l'avait laissé lui faire la morale, même sous forme de suggestion, sans trop gueuler – hormis le fait qu'il était déjà épuisé de ses propres réflexions qui représentaient un enjeu non moindre pour lui – il savait bien que le blandin avait raison. Ça l'emmerdait, qu'il ait raison, il fallait le dire.

Ce que lui avait expliqué le maudit était vrai… Oui, Kanda devrait être plus calme, sans doute plus doux, s'il voulait s'occuper de lui – ce qu'il avait promis, ce dans quoi il s'était coincé tout seul. Oui, il devrait répondre à ses besoins de contacts physiques et l'aider à satisfaire ses besoins primaires, tels que la bouffe. Il devrait même aller lui chercher ses putains de fringues… Il avait justement failli oublier… Être présent en cas de complications. C'était dur pour lui, de faire ces choses qui paraissaient simple à chacun, surtout vis-à-vis d'un oméga.

Les omégas n'avaient pas toujours le bon rôle en société, ils pouvaient être méprisés et considérés comme des sous-hommes à cause de leurs chaleurs, en plus du fait qu'ils soient des hommes capable d'enfanter, mais ils étaient reconnus comme étant ceux qu'il fallait protéger. Les gens tendaient plus facilement à avoir des gestes tendres avec un oméga. Surtout lorsqu'ils étaient encore jeunes, comme le Moyashi. Si un alpha était, dans le fond, largement aussi bestial qu'un oméga pour ses ruts, les alphas étaient beaucoup mieux considérés à cause de leur force et leurs aptitudes hors du commun, développées dans un domaine ou un autre. En outre, et comme ils se faisaient rares, ils étaient l'élite. Kanda s'en foutait un peu, mais il était au courant de la façon dont il était perçu en tant qu'alpha. Puis, il les connaissait, ses devoirs d'alpha envers l'oméga. Il savait qu'un oméga lié en chaleurs dépendait énormément de l'attention et de l'affection que lui octroyait son alpha. Autant dire que le Moyashi était bien mal barré avec lui, ça, l'Asiatique le voyait clair comme de l'eau de roche. Toujours dans l'idée d'essayer, il avait râlé, tempêté, d'abord refusé car il ne le voulait pas personnellement, et avait finalement accepté de lui prendre sa main. Kanda devinait qu'il devrait le refaire, sans doute. Si ça l'agaçait, il ne pouvait rien y faire.

Ça ne signifiait en aucun cas qu'il comptait traiter Allen comme un petit prince sous prétexte qu'il était un oméga. Le blandin lui avait déclaré ne pas aimer profiter de sa condition. De toute façon, Kanda savait sans qu'il n'ait besoin de le dire qu'il était fier et que s'il lui demandait quelque chose, ce n'était justement pas par pur caprice. Il tentait, difficilement, de se persuader lui-même de ne pas être si agressif. Le Japonais voulait du calme, même si ça n'en avait pas l'air. Le Moyashi avait beau l'irriter, il n'avait pas envie que la situation parte en pugilat. Il ne comptait pas qu'ils s'entendent, mais pensait, en accord avec l'autre, qu'il fallait qu'ils se tolèrent, au minimum syndical.

Ils n'avaient pas parlé, depuis qu'Allen l'avait remercié une deuxième fois. Kanda avait voulu se remettre à lire, mais le bide de l'oméga s'était mis à chialer tellement fort qu'il avait dû laisser tomber, non sans le regard mauvais qui allait avec, pour lui chercher de quoi becter, étant d'humeur magnanime sur ce coup-là.

Mais alors que Kanda se trouva obligé de traîner un putain d'enfoiré de chariot de plats que Jerry jugeait adéquats pour le Moyashi, il eut envie de l'embrocher avec Mugen et de le découper en rondelles jusqu'à ce qu'il n'en reste rien, au mépris de ses efforts. Comme s'il était un putain de serveur… ! Pour ses affaires, il décida qu'il irait le lendemain, après tout, l'oméga avait son pyjama et ce serait très bien jusque-là. D'autant que dans le couloir, le salopard de Golem du gamin lui avait littéralement sauté à la gueule, semblant reconnaître l'odeur de son maître, qu'il cherchait sans doute, sur lui. Si Kanda avait eu Mugen, pour sûr, ce truc aurait pu faire sa prière. Quand il revint à la chambre, les yeux incandescents et Timcanpy sur les talons, il assista au visage ravi du blandin, sans doute autant pour l'arrivée de la bouffe que pour son Golem.

« Tim ! » s'écria Allen.

Le susnommé avait immédiatement foncé sur lui, décidant de se frotter contre son visage de manière affectueuse, le faisant rire comme un débile. Le brun se fit la réflexion que ce Golem était vraiment bizarre. Fermant la porte en la fracassant, puis poussant le chariot près du Moyashi –mais pas trop non plus, s'il voulait sa bouffe, il devrait bouger son derche, Kanda alla s'asseoir sans un mot pour se concentrer sur son putain de livre dont il espérait enfin pouvoir terminer le chapitre, regardant, du coin de l'œil, la scène qui se jouait devant lui avec un mépris à peine dissimulé.

Cela dit, Kanda préférait, et de très loin, que le Moyashi fasse des mamours à son Golem plutôt qu'à lui.

L'attention occupée, le brun entendit, en bruit de fond, le blandin crier à Timcanpy de ne pas toucher à sa nourriture. Encore une raison pour laquelle Kanda jugeait ce truc bizarre. Ceux de l'Ordre n'essayaient jamais de manger et agissaient comme des machines, contrairement à lui qui se comportait comme un putain d'animal. Ensuite le bruit du chariot que l'oméga tirait vers lui. Indifférent, mais peinant à croire qu'il mangerait bel et bien tout ça, comme il y avait une quinzaine de fichue plats, le Japonais se décala imperceptiblement sur son assise. Être en biais sur la chaise lui permit d'observer le plus jeune manger. Jerry n'avait pas eu tort. Tout y passait. Il avait plusieurs fois eu l'écho de la voix ridiculement criarde de Lavi dissertant, purement extasié, sur l'appétit de l'oméga et s'était vu spectateur de ses descentes de bouffe.

Allen mangeait comme un ogre.

Cependant, le Japonais était sincèrement effaré que tout ce qu'avait fait le cuisinier soit liquidé directement... Le blandin était symbiotique, et Kanda savait que ça créait chez lui un besoin de nutriments supérieur à la moyenne. Il lui fallait manger énormément pour prendre des forces. Les chaleurs puisaient évidemment sur son système immunitaire, ça, il n'en doutait pas. Mais ça n'empêchait pas Kanda d'être frappé par le caractère phénoménal de son appétit. Pas que cela lui faisait quoique ce soit, il n'y accordait pas d'intérêt, toutefois, il espérait que ses chaleurs ne le rendraient pas malade après s'être enfilé tous ces plats, car c'était lui qui trinquerait, à coup sûr. Kanda voyait les étages du chariot se vider à vue d'œil, Allen ne laissait même pas de miettes. C'était inhumain de manger ainsi.

Le Japonais jugeait ça un peu dégueulasse, aussi. C'était à se demander s'il n'avait pas mangé depuis une semaine… Quoique, au vu de son appétit alors qu'il prenait seulement son repas plus tard qu'à l'accoutumée, si une semaine s'était passée, Moyashi aurait eu recours au cannibalisme.

Malgré son apparente indifférence, l'oméga finit par se rendre compte qu'il le regardait. Kanda devinait que ses lèvres qui se retroussaient finement sous le dégoût de le voir s'enfourner tous ces plats différents en prenant à peine le temps d'avaler n'y était pas étranger. Ne sachant s'il devait l'interpeller ou se taire, Kanda ayant bien fait comprendre ses positions concernant les interactions, Allen resta avec sa cuisse de poulet qu'il tenait dans une main brandie en l'air, à moitié grignotée, tourné vers lui. Timcanpy profita de son hésitation pour mordre dans la viande, laissant un os totalement blanc derrière lui. S'en apercevant, le blandin s'écria un « hé ! » mécontent, chassant le Golem qui voletait, provocateur, autour de lui, tandis que Kanda grinçait des dents.

Il n'aurait jamais le silence escompté.

Allen gronda en attrapant Tim et commença à le sermonner. Kanda tourna alors la tête, évitant à nouveau un spectacle déplaisant. Quel stupide gamin… Et cette saloperie de tas de ferraille n'était pas mieux. Seulement, même si son attention avait été détournée par le Golem et qu'il voulait le respecter, Allen n'était pas le genre à la fermer avec lui. Kanda l'entendit se racler la gorge, et son nom fut prononcé.

Répondant à l'appel malgré lui, il put voir le blandin toujours hésitant, mais au nez froncé :

« Pourquoi est-ce que tu me regardais comme ça ? »

Kanda n'allait résolument pas lui rétorquer un 'j'te regardais pas' mensonger, il n'était pas assez puéril pour ça, contrairement au Moyashi. Sans se démonter –lui, jamais – il rétorqua dédaigneusement :

« J'me demandais comment tu pouvais avaler toutes ces merdes sans choper la chiasse. »

L'expression d'Allen fut outrée.

« Kanda, c'est dégoûtant ! »

Le susnommé ne cilla pas, ayant une sorte de rire sarcastique.

« Tu peux parler. Tu te verrais manger, ça file la gerbe. »

Allen bougonna, croisant les bras sur sa poitrine en lui lançant un regard furieux.

« J'ai eu une journée difficile, et j'ai faim, et tu sais très bien que c'est normal pour moi. Ne te fiche pas de moi. »

Ne désirant pas s'éterniser dans la conversation, Kanda y mit brusquement fin.

« T'façon, je m'en fous. »

Allen renifla, fâché.

« Si je n'ai pas le droit de te fixer, ne me le fais pas non plus, surtout pour me faire taire comme ça alors que ma question était légitime. »

Kanda grimaça à nouveau, sa main froissant la page qu'il tenait entre ses doigts, prêt à la tourner depuis cinq minutes.

« Moyashi, recommence pas à me gonfler.

—C'est bon, je ne te parle plus, j'ai compris. »

Il n'était pas enchanté, et la lueur dans ses yeux montrait qu'il ne lui obéissait pas simplement. Il le faisait dans sa gratitude. D'un certain côté, c'était apprécié par Kanda. Il doutait cependant qu'Allen ne tienne ses bonnes résolutions bien longtemps. Il ne croyait pas si bien dire. Le blandin prit une grande inspiration.

« Quand même, » ajouta-t-il à ce moment, une petite veine éclosant sur le front de Kanda, « je ne tiens pas spécialement à parler dans l'immédiat, mais j'aimerais juste te signaler que si on ne peut pas échanger autre chose que des regards à la dérobée, on va vite s'ennuyer. On en a pour une semaine. Ça va être comme ça tout le temps ? »

Essayant de se concentrer sur sa page, le Japonais se rendit compte qu'il la relisait pour la deuxième fois, sa veine grossissant et explosant ensuite. Il eut cette pensée nette : il ne finirait jamais son livre. Intérieurement frustré, il se contenta de rétorquer, cinglant :

« T'es pas là pour t'amuser. T'es là parce que tes chaleurs te rendent malade. Moi, je dois m'occuper de toi, pas te divertir.

—En me parlant méchamment dès que j'ouvre la bouche, tu parles d'une manière de s'occuper de quelqu'un… Je croyais que tu serais d'accord pour faire des efforts, quand je t'ai dit de ne pas crier pour rien. »

Kanda eut un œil torve. Le blandin lui jetait le même regard. Qu'importe, il n'allait pas céder. Kanda plissa les yeux.

« Toi, tu avais dit que tu avais compris, mais tu ne peux vraiment pas t'empêcher de me taper sur les nerfs, Moyashi.

—C'est Allen, profites-en pour l'apprendre !

—Une bonne fois pour toute, ferme-la !

—Je ne me tairai pas devant toi, Bakanda. »

Pourtant, avant que Kanda ne réplique, commençant réellement à se sentir mis hors de lui, l'oméga attrapa un nouveau plat sur le chariot et entreprit de manger, lui rendant son indifférence. Le calme retomba. Kanda était forcé de reconnaître encore qu'il faisait preuve de sa mauvaise foi stupide. C'était sa faute. Il avait commencé à le regarder, alors qu'il aurait dû se concentrer sur son livre – qui, en fin de compte, ne l'intéressait même pas tant que ça. Il aimait lire, seulement, il avait pris celui-là en vitesse afin de s'occuper, sans regarder ce que c'était, et il lisait une page pour en oublier le contenu la seconde d'après. Kanda savait qu'il aurait du mal à ignorer l'oméga, encore plus comme ils étaient dans sa chambre, sur son territoire.

C'était peut-être primal comme pensée, mais cette pièce était quand même le lieu où il créchait, alors c'était le cas.

Allen finit bientôt ses plateaux, Kanda dut rapporter le chariot, et ils réussirent à s'occuper chacun de leur côté après ça, pendant quelques temps. Allen en se reposant, et Kanda en lisant. D'accord, il sentait les regards du Moyashi dans son dos, il l'entendait parfois prendre un souffle comme avant de parler, parler effectivement à Timcanpy, mais il faisait comme s'il n'était pas là. Étant d'un naturel froid, silencieux, et désintéressé d'autrui, ce n'était pas si compliqué, en définitif.

Le Moyashi n'avait pas tort, quant au fait qu'ils risquaient de s'ennuyer. Kanda se faisait, honnêtement, déjà chier, alors que ça faisait quoi… Deux heures, un peu plus, qu'Allen était avec lui. Il le voyait par la fenêtre, la nuit avait fini par tomber. En deux heures, ils avaient réussi à se gueuler dessus, à s'ignorer, à s'engueuler à nouveau, pour s'ignorer encore, en omettant le moment où ils s'étaient pris la main. Ça commençait merveilleusement bien. Alors il ne voulait pas discuter avec le Moyashi. Il maudissait sincèrement ces foutues chaleurs et ce foutu lien, qui le maintenaient bien dans la merde. Quand son livre le lassa, soit près d'une demi-heure plus tard, Kanda choisit de préparer son lit. En se déplaçant jusqu'à l'armoire pour chercher un oreiller et des couvertures, puis l'installer au sol, il découvrit la moue agacée d'Allen, qui en avait marre, lui aussi.

Cela donnait à Kanda l'envie de lui en coller cinq. Comme si c'était agréable pour lui, c'était lui qui aurait dû revêtir cette moue, et non l'inverse. À réflexion, l'expression agacée et meurtrière qu'il affichait continuellement était tout aussi bien. Le lit de fortune prêt, il comblait l'espace entre le bureau et son propre lit occupé par le Moyashi au mur opposé, Kanda fut prêt à éteindre l'interrupteur. La nuit ne serait pas idéale dans ces conditions. Kanda était tellement pressé de se reposer qu'il s'en foutait.

Quant à lui, Allen se mordillait les lèvres.

« Kanda… J'ai une proposition. »

L'Asiatique haussa un sourcil, s'irritant.

« Quoi, encore ? »

Il ne voulait plus faire dans les échanges bidons, ni les politesses.

« C'est juste… Je n'ai pas envie que tu dormes par terre une semaine.

—J't'arrête tout de suite, je me couche pas avec toi.

—J'ai pas envie non plus, laisse-moi finir ! »

Kanda grogna, mais se tut.

« Link m'avait prévenu qu'il s'occuperait d'affaires pour Luberrier quand j'aurais mes chaleurs, et qu'il ne serait pas là. Ça signifie que ma chambre est vide, et il y a deux lits là-bas. Ce serait mieux d'y dormir, non ? Tu aurais un lit et moi aussi, et personne ne serait par terre. »

Pour accentuer le tout, Moyashi lui faisait un sourire timide, une ébauche du moins. Kanda considéra la proposition, mais grogna encore. Sa pensée grossière était pourtant logique : sa chambre, ses règles. Il avait le sentiment que s'il bougeait dans celle du Moyashi, l'autre crétin essaierait de lui imposer les siennes. Toutefois, c'était peut-être le mieux à faire dans cette situation. Les affaires du blandin seraient sur place, lui n'aurait qu'à se déplacer pour chercher les siennes. L'environnement lui serait familier, il serait plus à l'aise. Ici, il y avait son odeur, mais vu que Kanda resterait avec lui, elle s'installerait vite là-bas. Puis, ouais, Kanda l'avouait volontiers, le fait qu'il y ait un lit où il pourrait dormir paisiblement après cette journée de merde l'attirait irrémédiablement. Il croisa les bras sur son torse, renfrogné.

« D'accord. J'te porte pas cette-fois.

— Je ne t'avais pas demandé de me porter, déjà ! Je suis pas un gosse !»

Répliquant avec humeur, l'Anglais voulut se mettre debout, se levant juste face à lui. C'était sous-estimer son état. Ses jambes tremblèrent bien vite et il vacilla. La surprise effrayée s'afficha dans son regard. Kanda le rattrapa par la taille, l'empêchant in extremis de se rétamer. Il le vit serrer les dents en inspirant bruyamment. Logique qu'il n'apprécie pas d'être si impuissant. Kanda se doutait que si une telle chose lui arrivait, il aurait du mal à accepter également. Cela lui fit éprouver une sorte de compassion agacée. Il soupira, rendu à l'évidence, bien qu'ennuyé.

« Tch. J'suppose qu'il faut que tu t'appuies sur moi. »

Allen répondit entre ses dents :

« Sérieusement, Kanda, ce n'est pas drôle du tout ! »

Son ton était catégorique, voire menaçant. Kanda haussa les sourcils, se mordant la joue pour se retenir de le remettre à sa place – il ne voulait pas repartir en engueulade à cette heure-ci, mais n'appréciait pas que le Moyashi se sente pousser des ailes, qu'importe si sa colère se comprenait – et resta atone.

« J'me moque pas, idiot d'Moyashi.

—Pour la dernière fois, je m'appelle Allen ! »

Kanda commença à marcher sans un mot, abandonnant sa chambre sans faire plus de cérémonie, si ce n'est d'éteindre en sortant. Il rangerait le lendemain. Traverser les couloirs ne fut pas long. Arrivés dans la chambre sombre du blandin, il n'alluma pas la lumière, se contenta d'aider le Moyashi à s'asseoir au bord du lit à sa droite, que celui-ci lui indiqua comme étant le sien, et prit l'autre. Les draps avaient été retirés, il ne restait que la couverture pliée en carrée et l'oreiller sans sa taie. Tellement consciencieux, le chien de Luberrier. Décidant qu'il prendrait de quoi faire le lit le lendemain, Kanda ne prit que le temps d'ôter ses chaussures et sa chemise, qu'il balança çà et là, avant de se vautrer comme une masse.

Épuisé, il ne s'inquiéta plus du Moyashi. Ce dernier s'était crispé pendant qu'il l'aidait à marcher. Kanda imaginait qu'il prenait pleinement conscience de ce que ses chaleurs impliquaient et qu'il lui faudrait du temps pour encaisser pleinement d'être si dépendant de son aide, au moins autant qu'il lui en faudrait à lui pour contenir ses envies de meurtres, et qu'il avait eu son lot d'humiliation pour la soirée. Le Japonais ne serait pas le seul à avoir du mal, bien sûr. Si Kanda le comprenait totalement, allant jusqu'à compatir en quelque sorte, il était tout de même content que quelque chose le dissuade d'ouvrir sa grande gueule.

Sur ces pensées amplement sympathiques, Kanda s'endormit, heureux de déconnecter de la foutue réalité durant quelques heures.


Kanda ouvrit les yeux brusquement, poussant un gémissement rageur. Il n'avait pas repris conscience depuis une minute qu'il était déjà énervé. Y avait un bruit qui l'avait sorti de son sommeil. Quelque chose de tantôt discret, tantôt crevant et persistant. Comme un sanglot. Frénétique et agaçant. Son regard se perdit. Il voulut refermer les yeux, mais l'entendit encore. Ses yeux se rouvrirent, sa pulsion première fut de crier un 'la ferme' sonore, mais grâce à la lumière de la lune que renvoyait la fenêtre, le brun put voir, en tournant son visage, que le Moyashi était recroquevillé dans son lit, les mains serrées contre son ventre, genoux remontés, et, plus important, le visage baigné de grosses larmes qu'il semblait s'efforcer de contenir. C'était donc bel et bien des sanglots. Kanda resta con. N'en croyant pas ses yeux, il ne put qu'articuler, d'une voix rauque portant encore les marques de l'endormissement :

« Moyashi… Putain de bordel, qu'est-ce que tu fous ?! »

Allen se tourna alors vers lui, alarmé. Il se mordit la lèvre. Kanda se leva, et en s'approchant, il crut distinguer que sa lèvre inférieure était sanguine. Putain, tout était là pour le faire chier… N'ayant d'autres choix que de s'approcher de lui, Kanda l'attrapa par l'épaule sans ménagement, le forçant à réagir :

« Réponds ! Qu'est-ce que c'est que cette merde ? Pourquoi tu chiales en pleine nuit ?! »

Cela eut l'effet de le faire carrément éclater en sanglots, devant un Kanda désemparé.

« D-Désolé de t'avoir réveillé… »

Désolé, il pouvait l'être. Kanda n'était évidemment pas content. Mais pour être dans cet état… Il y avait un problème, forcément. Le brun émit un claquement de langue impatient et tempêta :

« Dis-moi surtout pourquoi tu pleures, sale connard ! »

—Crie pas sur moi, Bakanda !… »

Allen reniflait bruyamment, maintenant. Il semblait être à deux doigts de la crise de panique. Il remonta ses genoux plus haut contre son torse, lui jetant un regard si désespéré que Kanda s'en sentit contaminé.

« Kanda… Ça fait trop mal… »

Ses chaleurs, bien sûr. Le kendoka grinça, ôtant sa main de l'épaule du plus jeune, mais la gardant en l'air, alors qu'il hésitait à le toucher ou non. Allen se tortilla faiblement. Lui ne comprenait pas ce qui se passait, mais il n'était pas préparé pour ça, et il était plus que paumé… à cours d'idées, il proposa la chose la plus logique :

« Tu veux retourner à l'infirmerie ? »

Les yeux d'Allen s'agrandirent.

« Je… Je veux rester avec toi… S'il te plaît, je suis désolé… Kanda, s'il te plaît… »

Au milieu de ses pleurs, le brun ne parvenait plus à saisir ce qu'il disait. Il comprenait juste qu'il l'implorait de ne pas l'abandonner. Cela le fit expirer violemment.

« J'ai pas dit que je t'y laissais, du con ! C'est pour que tu prennes un cachet !

— Je ne sais pas… »

Kanda fut exaspéré.

« Si tu as mal, ça ne sert à rien de rester comme ça, Moyashi, réfléchis deux secondes !

—Je ne peux pas bouger, je… veux rester là... »

Kanda effondra son visage dans sa main. Il comprenait que le blandin ne veuille pas aller à l'infirmerie. Lui non plus n'aimait pas ça, peu importe l'état dans lequel il se trouvait. Seulement… ça ressemblait à la fameuse crise que Lenalee avait mentionnée. S'il en avait une autre, ils n'étaient pas sortis de l'auberge.

« Tu me fais chier, c'est pas possible c'que tu me fais chier… Qu'est-ce qui t'arrive ?

— Je ne sais pas non plus ! » beugla Allen. « Ça fait mal… Kanda… »

Se sentant lui aussi pris par la panique, parce que merde, se faire réveiller en tombant sur quelqu'un en pleurs pour une douleur et qui le suppliait d'il ne savait pas trop quoi était perturbant, Kanda s'égosilla :

« Qu'est-ce que tu veux que j'y fasse à la fin, moi, putain ?!

—Je… »

Le Japonais le voyait, chaque fois qu'il élevait la voix, le Moyashi chialait de plus en plus fort. Ça le stressait, exactement l'inverse de ce qu'il fallait faire s'il désirait pouvoir reprendre sa nuit. Dieu savait que Kanda n'était pas doué pour apporter du réconfort à quiconque, encore moins sans s'époumoner. Prenant une inspiration, il adopta un ton impavide :

« Où est-ce que t'as mal ? »

Allen s'essuya les yeux, chose inutile puisque les larmes ne tarissaient pas.

« Le v-ventre. »

Kanda se mordit la lèvre.

« Où ça, exactement ? »

Avec un geste circulaire, Allen engloba son bas-ventre et une bonne partie de l'abdomen, ses yeux lâchant toujours de longs sillons salés.

« Là… »

Il se contracta, soumis à un nouveau pic de douleur. Kanda eut alors l'étrange réflexe de s'asseoir au bord du lit, puis de soulever le haut de pyjama du blandin et de poser sa paume sur la surface qu'il avait désigné, l'étalant soigneusement. Si Allen hoqueta, gêné, et saisit sa main pour le repousser, son emprise se rasséréna bien vite. Le Japonais comprit que ça le soulageait. Avec sa main, il le sentait, l'oméga était tendu. À moitié dans le pâté et plus qu'énervé de tous ces rebondissements, il se fichait de ses actes, tant que ça s'arrêtait. Il était comme zombifié. À vrai dire, il était largement aussi surpris que l'autre. En tant qu'alpha, l'effet qu'il avait sur le Moyashi dépassait de très loin ce qu'il avait cru savoir. Cela l'inquiéta brièvement. Le blandin risquait aussi d'avoir de si puissants effets sur lui… En fait, il en avait déjà. Kanda eut un regain d'énervement à cette pensée, mais il le garda pour lui. La nuit les enveloppait doucement, tout en leur étant dérobée.

Allen bégaya :

« Comment tu as su que ça allait m'aider ? »

Kanda serra les dents.

« Je ne savais pas. »

Ils semblèrent réfléchir chacun à ce fait. Enfin, Kanda voulut enlever sa main, mais exactement au moment où il leva sa paume de la peau chaude, la main timide du blandin se posa au-dessus de la sienne. Exactement comme quand il lui avait pris la main tout à l'heure, ou plutôt la veille.

« Tu…Tu peux rester jusqu'à ce que je m'endorme ? Ça me fait du bien. »

Roulant des yeux dans ses orbites et mâchoire crispée, Kanda jura entre ses dents. Il était déjà à bout de nerfs.

« Putain, va te faire foutre. Tu me soûles. »

Baissant les yeux, Allen laissa partir sa main, comprenant son refus.

« Pardon. »

Sans donner de réponse, Kanda se dégagea promptement, mais au lieu de repartir se coucher, il prit simplement son oreiller. Sa mâchoire se raidit davantage. Ça le faisait chier. Définitivement. Il avait tout fait pour ne pas avoir à dormir avec lui, pour ne pas se retrouver trop proche physiquement… Et là, il partait dans son lit. Il le faisait seulement car avec ça, il avait la conviction que le gamin ne dormirait pas correctement s'il n'était pas avec lui. Et si fatigué, il voulait avoir droit à ses quelques heures restantes de sommeil sans être réveillé par des pleurs. Bordel, il n'était vraiment pas fait pour ça.

Le blandin s'étonna.

« Qu'est-ce que tu fais ?

—J'vais rester », répondit-il à contrecœur, « Dors. »

Allen se poussa. Kanda s'installa, cherchant les draps, que le plus jeune avait faits voler au pied du lit, pour les couvrir.

« T'approche pas trop, Moyashi. Je déconne pas. »

Il parlait sévèrement. Allen hocha la tête, ayant percuté l'information.

« Je sais. Merci. »

Il reniflait encore. Kanda le sentit se recroqueviller à nouveau. Lui fut désespéré dans son épuisement. Il voulait pouvoir pioncer. Encore dix minutes. C'était vraiment trop demander ?

« T'as toujours mal ? souffla-t-il.

—Un peu… Est-ce que… ta main… s'il te plaît ? »

Entre ces paroles inintelligibles à cause de son sentiment d'humiliation qui rendait sa voix blanche, Kanda sut comprendre. Articulant un 'putain', il retrouva vite le chemin qu'il avait déjà emprunté. Allen se contracta plus encore à son toucher.

« Je n'aime pas te demander tout ça, tu sais, je n'aime vraiment pas. »

Son ton était coupable, les larmes n'étaient pas loin, le Japonais s'en doutait. Il claqua encore une fois sa langue contre son palais.

« J'sais que t'aimes pas, on est deux, je le sais, alors calme-toi. »

Le bruit de reniflement se fit plus fort. Il faisait un peu plus sombre, même si la lumière de la lune éclairait assez la chambre pour qu'il puisse distinguer l'expression au bord des larmes du plus jeune. Il fallait qu'il se maîtrise, sinon sa douleur ne passerait pas.

« Moyashi, je t'ai dit d'arrêter de chialer ! »

Son impératif sonnait absolu. Allen sursauta, il le sentit avec sa main.

« Ne crie pas ! »

Sa voix tremblait un peu. Toujours, le blandin n'avait pas peur de lui, Kanda n'interprétait pas ses réactions ainsi. Ça le stressait car ça se rajoutait à sa panique.

« Alors essaie de dormir, ça va passer si tu dors, mais pour ça, faut que tu y penses pas !

—C'est pas si facile !

—Je reste à côté de toi, débile de Moyashi ! Alors détends-toi, merde ! »

C'était une façon de l'apaiser, de lui signaler qu'il était là pour l'aider, même si le ton montait. Allen se tut, paraissant le comprendre. Il expira et inspira, puis souffla. Pour sa part, Kanda ne bougeait pas sa main. Elle restait logée sur son ventre, appuyée au point qu'il puisse le sentir se soulever au gré de sa respiration.

« D'accord... »

Enfin, après quelques respirations trop bruyantes au goût de Kanda, et un temps lui aussi un peu trop long, le blandin sembla s'endormir. Le kendoka hésita à déranger la position pour regagner l'autre lit, finalement, mais il sentait que lui aussi fermait les yeux. Kanda succomba volontiers, n'en ayant plus rien à foutre.

Se réveillant pour la deuxième fois, quelques heures plus tard, ce fut dans une toute autre disposition et une toute autre sensation. Le bien-être. Il était bien couvert, une douce chaleur l'enlaçait et il sentait quelque chose d'agréable, une odeur plaisante, et quelque peu stimulante, bien que sucrée, ce qu'il n'aimait pas habituellement. Voulant en profiter sans ouvrir les yeux, Kanda se concentra sur son érection matinale qu'il sentait poindre et inspira lentement l'air autour de lui. La journée ne commençait à priori pas trop mal, et il décida de s'accorder une petite heure supplémentaire de sommeil, comme de toute façon, il n'aurait pas grand-chose à foutre de la journée. Ce fut seulement lorsqu'il bougea la main, dans l'idée de s'occuper du cadeau dont la nature l'avait muni, et également la tête pour rencontrer un corps étranger, qu'il ouvrit les yeux en grands et se dressa en arrière.

Il émergea alors complètement. Le Moyashi était là. Il l'avait pris la veille à cause de ses saloperies de chaleurs. L'oméga lui avait déjà remarquablement pourri sa soirée et sa nuit. Ils étaient dans la chambre d'Allen, il avait fait une crise et il était dans son lit. Visiblement, le maudit s'attaquait aussi à sa matinée. L'odeur plaisante, c'était donc lui, et elle lui faisait cet effet-là à cause de son état d'oméga, du lien. Kanda grogna. Allen ne s'était pas réveillé, mais il n'aurait pas pu être plus près de lui. S'il en jugeait au fait que sa tête s'était cognée à la sienne, Kanda devinait que ce débile avait dû l'enfouir dans son cou, ou au moins s'appuyer contre son torse. En revanche, il n'y avait aucun doute, son bras gauche pendait au-dessus de sa hanche, il l'avait bel et bien enlacé. Kanda eut envie de lui gueuler dessus. Heureusement qu'il lui avait dit de ne pas s'approcher !

Inutile de dire que sa bonne humeur était complètement redescendue.

Seulement, voyant que ce sale gosse était totalement endormi et vu sa crise, il ne voulait pas le réveiller. Déjà pour avoir un peu de temps tranquille sans être emmerdé par lui, mais aussi parce qu'il devinait qu'il avait besoin de sommeil. Ça n'empêchait pas qu'une fois qu'il serait réveillé, Kanda mettrait les points sur les i, et surtout les poings sur la gueule s'il s'avisait de recommencer ça. Ça devait être un réflexe, sûrement, comme le sien était d'apprécier son odeur et d'en être excité, mais le brun n'aimait pas ces réflexes-là. Contenant son ressentiment, il se dégagea de l'étreinte du blandin.

Il se rhabilla silencieusement, puis partit jusqu'à sa chambre dans le but de prendre une bonne douche et il projetait d'aller voir Marie. Il avait besoin de conseils, et s'il n'aimait pas en demander directement, par fierté, dans cette situation, c'était différent. Une fois cela fait, il ne mit que peu de temps à trouver l'aveugle. Dans un couloir, il discutait avec Miranda, cette dernière rougissante comme une tomate bien mûre. Kanda s'en fichait, mais pu constater que son ami avait visiblement ses chances avec elle. N'éprouvant aucune gêne à l'interrompre, il s'approcha du présumé couple et dit d'un ton tranchant.

« Il faut que je te parle. »

Marie tourna la tête vers lui, son visage n'affichant aucune surprise. Il avait dû reconnaître le son de ses pas. Miranda avait un peu sursauté, mais lui adressa un sourire en le saluant gauchement. Kanda ne la regarda qu'à peine. L'homme s'excusa envers la jeune femme et suivit Kanda, ne perdant pas de temps pour l'interroger.

« Comment ça se passe, avec Allen ? »

Kanda se doutait que son ami avait dû être mis au courant par Lenalee. Il émit un son encoléré étouffé entre ses dents en pensant au blandin.

« C'est pour ça qu'il faut que je te parle. Je sais pas comment je vais supporter ça. »

Marie eut un soupir entendu.

« Les chaleurs doivent certainement le rendre irritable, mais tu as fait le bon choix, Kanda.

— Je ne parle pas de ça. C'est clair qu'il est chiant, mais je serai là pour lui. »

Un éclair de surprise passa dans les yeux de Marie. Lui, sans doute celui qui le connaissait le mieux, semblait être surpris qu'il se déclare prêt à être là pour l'oméga. Il fallait dire que ce n'était pas son genre, que c'était une décision qui allait à l'encontre de ce qu'il avait juré auparavant, et Kanda le savait. Il reprit, baissant à peine le regard.

« Ses chaleurs lui donnent des crises, et il en a fait une dans la nuit. Il voulait pas aller à l'infirmerie. Je… » Kanda serra les dents. Avouer son impuissance n'était pas quelque chose qu'il aimait, « Je ne sais pas comment gérer ça, putain. »

Le chauve s'arrêta de marcher.

« Il ne faut pas que tu hésites à demander à l'infirmière de venir, s'il ne veut pas se déplacer, et c'est normal dans son état. »

Se taisant, Kanda l'écoutait. Il hocha la tête. Marie continua :

« Les omégas ont besoin de contact –

—Tch, » le coupa Kanda, « je sais, ça. Il m'a dit. J'ai dû lui tenir la main et dormir avec lui, et il en a profité pour me coller. » Ces pensées l'échauffèrent, il s'énerva. « Je lui tends la main, ce petit enfoiré me prend le bras. »

Marie posa une main sur son épaule, adoptant une expression plus moralisatrice.

« Tu ne peux pas lui en vouloir, Kanda. C'est naturel, et c'est ce que j'allais te conseiller. Tu le sais, les omégas ont besoin de sentir l'odeur de leurs alphas durant leurs chaleurs et d'échanger les leurs, ils ont besoin d'être près d'eux pour ça. S'il se colle à toi, tu peux le repousser, mais ne sois pas méchant et donne lui un contact minime. C'est instinctif, il ne le fait pas par plaisir.

—J'sais ça. »

La main sur son épaule le flatta.

« Tu sais ce qu'il faut savoir, alors. Je te fais confiance pour prendre soin de lui. »

Kanda grogna. Lavi et Lenalee avaient dit ça, mais lui était sûr qu'il leur rendrait leur précieux ami embroché par Mugen. Il ne comprenait pas pourquoi, malgré leur surprise évidente qui aurait pu être vexante si Kanda savait qu'il n'y avait pas de quoi l'être ainsi, ils devenaient tous les trois persuadés qu'il saurait se démerder. Parce que ce n'était pas le cas.

« Non, j'suis vraiment dans la merde avec ça. C'est pas pour moi, de jouer les gentils alphas. »

Marie sourit.

« Si tu laisses ton mauvais caractère de côté, tu verras que ça ira tout seul. »

Se retenant de lui crier un 'je t'emmerde' bien senti, Kanda savait qu'il avait raison sur ce point. Il poussa un soupir, la main de Marie ayant quitté son épaule.

« Tu ne devrais pas le laisser seul trop longtemps, » ajouta le plus vieux.

Kanda lâcha un 'tch'. Il savait. Faisant demi-tour avec un regard entendu, il laissa son ami retourner avec Miranda, et décida de prendre de quoi nourrir l'oméga avant de le rejoindre. Sans grande surprise, il dut tirer un chariot de bouffe pour la deuxième fois, sous la surprise de traqueurs qu'il incendia copieusement sur son chemin. Il voulait tuer Moyashi de le faire passer pour un con comme ça en public. Cependant, à peine gagna-t-il le couloir de la chambre du blandin qu'il sentit une odeur forte. Celle d'un mal-être provenant de l'oméga. Kanda écarquilla les yeux. Encore ?!

Se dépêchant, il ouvrit la porte à la volée, la ferma après s'être précipité, et laissa le chariot contre le mur à côté pour découvrir Allen, assis sur son lit, les genoux devant son torse et ses bras les retenant, en pleurs, apparemment perturbé. Timcanpy virevoltait autour de lui, sans comprendre, paniqué. Il n'avait pas l'air d'avoir mal, mais en le voyant, le blandin laissa ses jambes retomber, écarquilla les yeux et prononça son nom avec un accent de détresse qui le pauma tout entier. Ça refaisait comme cette nuit. Kanda eut, quant à lui, la sensation de flipper qui revenait en force. Il n'aimait pas ça. Le voir comme ça. Ce n'était pas le Moyashi auquel il était habitué. Cela l'inquiétait pour l'oméga, malgré lui, et aussi sur ce qu'il devait faire. Le Moyashi l'appelait encore, alors que ses yeux cloués à lui le rendaient impuissant et hésitant, comme si Kanda était en plein cauchemar.

Lenalee avait dit que ses chaleurs étaient difficiles, Allen lui-même avait redit que ses chaleurs seraient difficiles.

Ce n'était malheureusement pas du foutage de gueule.


Allen déguste encore, ne m'en veuillez pas trop x'D, et Kanda est bien obligé de se rendre compte que ça ne rigole pas pour lui.

Pour le fait qu'ils aient dormi ensemble, c'est bien entendu un rajout à l'ironie de la situation, car ils s'y refusaient au début et que ce n'est clairement pas par plaisir qu'ils le font. Les pauvres vont avoir du mal, je vous avais prévenu :').

Il y a eu pas mal de développement psycho sur Kanda et aussi des infos sur la condition des omégas, j'espère que ça vous aura semblé intéressant :).

Plus globalement, j'espère que le chap vous a plu ! :) N'hésitez vraiment pas à faire partager vos opinions, ça ne mange pas de pain et c'est quand même plus encourageant ^^ !

Merci d'avoir lu ^^ !