Hey !
Je poste cette fois le vendredi au lieu du jeudi, j'avoue qu'hier j'étais à fond dans le bossage de mon chap 28 (j'avance doucement sur la fin, mais sûrement, soyez sans crainte ^^) puis fatiguée... la fin des vacances arrive et c'est un peu déprimant haha. Mais je dois vraiment vous remercier, le dernier chapitre vous a visiblement plus emballé que le 9ème au vu des commentaires, j'espère que celui-ci vous plaira autant :D !
Donc le chap est plutôt long, centré sur notre petit Allen et pas mal angst.
Bonne lecture !
Edit du 06/06/18 : Merci à Ookami97 pour la correction !
Réponse anonyme :
Deydeykagamine : Oh, je ne pense pas qu'il faille être si impressionné :). C'est vraiment normal de répondre, à mon sens :). Haha oui on peut dire que c'est un début :'). Je suis contente que tu aimes la façon dont je montre les émotions des persos face à leurs actes et le jeu sur l'instinct, ça va continuer donc j'espère que tu continueras à apprécier ça :p. Haha Allen va douiller mais il aura aussi son réconfort... Tu verras bien comment ;). (Wow, tu as repris le 21 août ? xD eh ben bon courage à toi alors :o) Merci de ton commentaire ! :)
B : C'est un peu ça oui :'). Mais tu vas bien voir comment ce sera développé... En tout cas je suis contente si tu as pris plaisir à me lire :). Et tu risques de continuer à trouver que Kanda est un peu salaud haha :'). Merci de ton avis ! :)
Takaoru : Je dois d'abord t'avouer que ça m'a fait rire, ton pseudo ressemble un peu au mien x'D. Je suis contente si tu attendais la suite et si tu n'as pas été déçu, j'espère que ma fic continuera de te plaire :)). Et je suis super contente si tu adhères au côté lent et au développement psychologique, merci à toi et bonne continuation également ! :)
Hajime : Merci de ta review :) ! Je suis très contente si tu languis mon histoire :D. Pour Allen, le chapitre va répondre à ta question ;). Je ne connais pas cette fiction non, mais j'irai y faire un tour à l'occasion du coup :p. Je réponds aussi à ta review sur Shape Of You dans la foulée x'D, je suis contente que tu aies trouvé ça mignon et que ça t'ait plu :D. Pour le bonus, j'avoue que tu m'as donné une idée, voir comment Kanda se démerde en papa pourrait en effet être drôle, faut voir maintenant si j'aurai le temps X)). Haha je vois ça que tu as un humour romantique mdrr. Bonne continuation à toi aussi :) !
Emelynn21 : C'est toi que je remercie :) ! Ah d'accord je vois x), je ne pense pas que je ferai ça honnêtement mais il y aura des interactions Link/Allen sans 'accident', j'espère que ça te plaira quand même :'). Je suis contente que mon chap t'ait plu et que tu aimes le fait que je concentre l'histoire sur les chaleurs d'Allen :). Par contre, il n'y aura que 20 chap en tout sur cette partie-là (du 9ème au 29ème) et je te promets qu'il y aura de l'action et du rebondissement :p. Pour ton PS, je dirai que le marquage ça dépend des fics. Dans certaines fics il remplace le lien, un oméga et un alpha sont liés ensemble lorsque l'alpha a mordu l'oméga, il est donc marqué physiquement comme étant sien. Dans d'autres il vient compléter le lien avec une morsure par-dessus. Et ici... Ce sera abordé plus tard ;). Bonne continuation à toi aussi :) !
Au réveil, Allen s'était d'abord senti bien. L'hypnotisant parfum de Kanda flottait encore dans la pièce, peut-être moins maintenant qu'ils étaient dans sa chambre et non dans celle de l'épéiste, mais c'était assez pour le faire se sentir en sécurité. Il en avait honte, mais près de Kanda, il se sentait paradoxalement plus fort. Ou plutôt, ça lui apportait un sentiment qui chassait le stress que faisait monter ses chaleurs en lui. Allen s'en voulait de trouver du réconfort chez Kanda, surtout de cette manière, comme s'il avait besoin d'un autre pour se maîtriser. Il était un homme. Il était capable de prendre soin de lui-même. Il l'avait toujours fait. Mais il semblait que ses chaleurs annihilaient cette capacité en lui… Allen ne s'était jamais senti aussi faible, aussi vulnérable, et il haïssait ça.
Jamais être un oméga ne lui avait posé le moindre problème. Bien sûr, il avait déjà eu droit à des commentaires désobligeants, du temps où il était avec Cross, ils avaient déjà rencontré des individus peu recommandables qui voulaient profiter de sa condition de jeune oméga. Comme il était encore un enfant, son maître les avait remis à leur place pour lui, mais bien vite, Allen avait appris à se faire respecter tout seul. Bien pour ça qu'il réussissait à plumer des sales types au poker sans encombre. De sorte qu'Allen, bien que n'aimant pas entendre les ramassis de clichés sur les omégas et ne se comportant pas selon la norme de son époque, n'avait jamais été malheureux d'en être un. Quelque part, vu qu'il parvenait à s'imposer comme un jeune homme et non comme l'hybride homme-femme que les imbéciles pouvaient voir en lui, il était fier.
Seulement, avec ce que lui faisaient ses chaleurs, il souhaitait être un homme comme les autres, regrettait d'être né oméga. Depuis qu'elles avaient commencé, son comportement confirmait les dires sur la faible condition des omégas, sur leurs émotions exacerbées. Il avait toujours été sensible d'une certaine manière, peut-être un peu naïf. La vie ne lui avait pas fait de cadeau, il n'avait pas eu de bol, était resté innocent et optimiste. Son degré de naïveté relevait d'une valeur d'interprétation, il n'était pas sûr d'être si idiot que ça. Mais faible… Non. Que ce soit quand il était gosse, quand il était ce garnement mal élevé que Mana avait recueilli et ensuite… Il avait eu ses faiblesses, ses moments de doute et ses émotions s'étaient plusieurs fois dissipées. Dernièrement, l'angoisse, l'inquiétude avaient eu raison de sa stabilité. Il était un être humain, c'était tout à fait naturel.
Néanmoins… Ça atteignait un degré ingérable. Entre les douleurs, ce stress étrange qui montait en lui sans cesse, ce besoin de Kanda… Allen était perdu. Il avait l'espoir et choisissait de se faire confiance pour résister, mais il savait bien qu'il devrait aussi accepter de s'appuyer sur Kanda. Ce n'était pas génial, toutefois, son attitude la nuit précédente montrait qu'il faisait des efforts afin de lui faciliter la tâche. Se mordant la lèvre, il eut le réflexe de vouloir se rapprocher du brun, qu'il savait endormi près de lui. En même temps, il se grondait. Kanda lui avait dit de ne pas le faire. Et ce n'était pas comme si c'était absolument nécessaire. Encore un sentiment lunatique que ses chaleurs insufflaient en lui. Seulement, si c'était à peine, il se disait que ça irait, que le brun ne s'en apercevrait même pas. Ce désir de proximité était plus fort que lui.
Allen s'avança alors. Tant pis s'il se comportait un peu comme un gamin, il devait supporter la honte avant de surmonter ça.
En s'approchant encore, comme il ne sentait toujours pas la chaleur de Kanda, Allen ouvrit les yeux pour voir qu'il était parti. L'oméga le ressentit comme une douche froide. Il paniqua sans le vouloir. Mais où était donc passé Kanda ? Déglutissant, il tenta de se rasséréner. Kanda s'était vraisemblablement réveillé le premier, était sorti et allait revenir. Il fallait bien se douter qu'il n'attendrait pas gentiment, coincé dans la chambre avec lui tout le temps. Seulement… Il s'inquiétait. Kanda lui avait dit mots pour mots 'qu'il le soûlait', avant de dormir avec lui. Allen n'était pas sûr de comprendre son geste comme une pure gentillesse ou la preuve d'une exaspération ultime, avec ses mots. S'il n'était pas négatif, il y avait sûrement des deux. Mais il avait vraiment peur que ce qui s'était produit cette nuit ne l'ait fait tout bonnement abandonner, qu'il ne revienne pas.
C'était idiot, c'était les hormones qui le poussaient à céder à l'angoisse au lieu de la rendre légère, mais il était question de Kanda, un type imprévisible par excellence. Allen avait peur que l'alpha le laisse comme ça. C'était une peur égoïste, car Kanda avait de quoi abandonner. S'il se mettait à sa place, Allen voulait bien reconnaître que son comportement, même si ce n'était pas de sa faute, pouvait le rendre difficile à supporter. En tant habituel, Kanda ne le supportait même pas, alors là, il devait avoir encore plus de mal. La culpabilité ressurgissait. Même s'il estimait que Kanda était totalement idiot d'être hostile avec lui pour des aprioris et pour s'obstiner là-dedans, il ne pouvait rien y faire. Il comprenait la difficulté dans laquelle il mettait l'autre. Cette pensée acheva d'assombrir son humeur, et il commença à se convaincre doucement que Kanda n'allait pas revenir.
Pourtant, il secoua encore la tête. Non, il ne fallait pas qu'il se laisse penser ça.
Vaguement ensommeillé, troublé aussi, il s'essuya les yeux et se rendit compte qu'il devait aller aux toilettes. Il soupira, déterminé à réaliser son premier acte pour prendre le dessus sur ses chaleurs : se lever tout seul, marcher. Hors de question qu'il se fasse aider de Kanda pour ce genre de choses, ça serait trop humiliant. Alors, prenant une inspiration, il repoussa les couvertures, eut froid, se poussa pour se rendre au bord du lit, posa ses pieds et attendit de sentir le sol ferme sous ses membres. Il ne devait pas se lever trop vite, il l'avait compris la dernière fois qu'il avait essayé. S'aidant de ses mains posées sur le matelas pour avoir une emprise, il prit petit à petit appui.
Une fois debout, vacillant à peine, il ignora son vertige et se soutint au mur. Le longeant, il finit par arriver au niveau du bureau, contre lequel il s'appuya, puis au lit de Link, ou plutôt de Kanda dans les circonstances actuelles. Il s'en aida pour atteindre la porte de la salle de bain, et y pénétra, plus que soulagé en la refermant derrière lui. Heureusement que dans les nouveaux locaux de la congrégation, les chambres d'exorcistes étaient équipées de salles de bain personnelles. Allen avait, d'ailleurs, toujours été étonné de la fonctionnalité des lieux, et de la modernisation de l'édifice de l'Ordre. Il n'avait pas toujours vécu dans les meilleures conditions, et à une époque où l'électricité ainsi que l'eau courante étaient peu répandues, il constatait la richesse de l'Organisation Sainte. Ça faisait à peu près un an qu'il était là, et n'était pas encore totalement habitué.
Faire sa petite affaire fut compliqué. S'asseoir aurait été plus simple, mais il était un garçon. Allen reconnaissait que c'était concrètement idiot, pourtant, le fait de soulager sa vessie assis l'aurait fait se sentir un peu ridicule. En tant qu'oméga, et donc confronté à des jugements sexistes, il n'était absolument pas machiste, mais ça ne voulait pas dire qu'il ne tenait pas un minimum à l'image de sa virilité. Puis, si Kanda arrivait et, par mégarde, ouvrait la porte pour regarder s'il était là – Allen l'imaginait tout à fait ne pas s'embarrasser de toquer en éternel grand bourrin – pour le surprendre comme ça… Il ne voulait pas s'attirer ses moqueries.
S'étant lavé les mains, il voulut regagner son lit. Là, encore, l'opération se présentait comme difficile, mais il avait gagné confiance en ayant réussi, et il voulut marcher sans appui, quitte à ressembler à un escargot. Bras écartés pour maintenir son équilibre, il faisait des petits pas, et avançait étape par étape. La sensation de fatigue se mettait à grossir en lui, ainsi qu'un certain mal de ventre, dû au stress que lui donnait l'absence de Kanda. Quand ces émotions devinrent trop pesantes, il essaya d'accélérer le pas, sans compter sur le vertige qui lui fit tourner la tête. Allen s'effondra au sol, violemment. Retenant un juron, il frappa le plancher de son poing, énervé de son impuissance. Timcanpy, qui était resté gentiment posé sur le lit, vola vers lui, descendant juste devant son nez. Ça le fit brièvement sourire, sourire bien vite effacé par un rictus rageur à cause de son échec.
Grimpant avec peine sur le lit, se sentant à nouveau faible et inutile, il se recroquevilla, ignorant la douleur dans son bas-ventre. Il avait faim, aussi.
Il se résigna à attendre docilement que Kanda revienne, il n'avait pas trop le choix. Il espéra qu'il penserait à lui ramener de quoi manger, ne tenant pas à se faire crier dessus de bon matin en le lui rappelant. Allen se mordit la lèvre. Il avait peur que ses chaleurs le rendent inapte à être un bon exorciste, ou fragilisent sa volonté et permettent au Noah en lui de prendre le contrôle. Allen voulait garder son optimiste, mais il fallait être réaliste, c'était une possibilité. Ça reviendrait tous les quatre mois, cinq s'il avait de la chance, trois s'il n'en avait pas. Et encore, il avait entendu dire que les omégas jeunes n'avaient pas forcément des cycles réguliers, que les chaleurs pouvaient se déclencher n'importe quand. Si ça lui arrivait… Si c'était si violent à chaque fois…
Il expira, inspira, doucement, pour calmer ses appréhensions. Et Kanda qui ne revenait toujours pas… Quand le temps fut trop long, à force de ruminer les mêmes pensées et de s'angoisser, il sentit son moral s'écrouler. Tandis qu'il sanglotait, chaque secondes le convainquaient tantôt que Kanda ne reviendrait pas, tantôt d'à quel point il était risible. Le bon côté était peut-être que la douleur était plus supportable, aujourd'hui, ou du moins qu'elle ne se manifestait pas encore trop durement. Entre ses larmes, ça le fit rire. Désemparé par son attitude, Timcanpy se colla contre lui, essayant de l'apaiser. Allen le serra sur son torse en pleurant davantage. Cela dura jusqu'à ce que le Golem ne se dégage pour voler autour de lui comme une mouche autour d'une ampoule, et que Kanda n'ouvre la porte.
Voilà donc pourquoi le brun l'avait retrouvé en pleurs.
Les sentiments d'Allen s'étaient mélangés. Entre les restes de ses craintes et la joie de voir que Kanda ne l'avait pas abandonné à son sort, il n'avait pas réussi à s'arrêter de pleurer, et il voyait bien que l'Asiatique ne savait pas quoi faire face à ça. Appelant le nom du brun avec la frayeur toujours présente dans sa voix, il se dressa faiblement vers lui. Comme attendu, le Japonais ne tarda pas à rugir, la voix un peu plus blanche qu'à l'accoutumé :
« Je peux pas te laisser seul dix minutes, c'est pas vrai ! »
Au détail près que ça faisait sans doute une petite heure qu'il était réveillé, et qu'Allen ne savait pas depuis combien de temps Kanda s'était tiré. Ce dernier se précipita vers lui, posant ses deux mains sur ses épaules pour le forcer à se reprendre.
« Qu'est-ce qui se passe ? »
Allen déglutit. Revenir à la normale lui semblait impossible. Expliquer ça le comblait de honte. Il n'arrivait pas à articuler, les mots se coinçaient dans sa gorge en même temps qu'il essayait de les prononcer. L'emprise des mains de Kanda se fit moins forte, il vacillait. Son visage restait neutre, un poil agressif, comme son expression l'était toujours. Kanda soupira, Allen n'était pas sûr… mais il semblait presque inquiet. Il parla lentement :
« Il faut que tu te calmes, Moyashi. Respire un bon coup, et dis-moi ce qui se passe.
—Je… Kanda... Je… »
Il n'y arrivait pas. Remuant la tête, Allen se sentit flancher, et en désespoir de cause, prêt à s'effondrer sur le lit. Il l'aurait fait si Kanda ne le tenait pas. Il aurait dû se calmer. Kanda était là. Lui-même ne comprenait pas pourquoi ses larmes ne tarissaient pas. Kanda le regardait, une lueur démunie dans les yeux, et le nez retroussé par l'incompréhension. Allen tenta de parler, mais il ne put qu'hoqueter. Le plus âgé secoua la tête à son tour.
« Moyashi, tu te calmes tout de suite, ou je vais m'énerver ! »
Lui donner des ordres aussi sec ne marchait pas, et il ne semblait pas le comprendre, surtout que cette menace frisait le ridicule, Kanda étant perpétuellement énervé. Allen prit une grande inspiration, étouffant un sanglot, et, honteusement, il put murmurer :
« J'ai eu peur. »
Kanda haussa les sourcils, penchant la tête sur le côté.
« Quoi ? »
Il ne l'avait pas entendu. Allen hésita à répéter. C'était Kanda… Pourquoi verbaliser ce genre d'émotions avec lui… Ça ne lui semblait pas adéquat, ni avec quiconque… Il essuya ses yeux d'une main, ils le brûlaient. Malgré lui, il se fit violence.
« J'ai eu peur. »
Allen mentait. Il avait toujours peur. Kanda s'écria, perdu :
« Mais de quoi t'as peur comme ça ?! »
Le blandin se remit à secouer la tête. Ça, il ne le dirait pas, il ne pouvait pas. Les pensées diffuses se remettaient à le ronger, il se réprimandait lui-même en se démoralisant. Kanda le lâcha, son regard se faisant plus strict.
« Bon, ça suffit. J'commence à en avoir marre. »
Et avant qu'Allen n'ait le temps de se demander ce qu'il voulait dire par là, Kanda lui décocha une gifle violente qui le fit tomber contre l'oreiller. Il l'avait frappé en plein sur la joue, et Allen n'avait pratiquement rien vu venir. Retenant l'endroit touché, il sentit la colère monter en lui avec la douleur. Le Japonais n'avait pas fait semblant. Il réussit à refouler ses larmes, la peur hystérique qui l'avait gagné étant momentanément atténuée.
« Mais pourquoi tu m'as frappé ?! T'es malade ?!
—Pour que tu te calmes, » lui jeta Kanda agressivement, croisant les bras contre son torse. « T'arrives à parler, regarde, imbécile. »
Allen allait se récrier vivement, mais se rendit compte qu'il avait raison. La colère ne partit pas.
« Tu n'es qu'une brute ! » détacha-t-il à l'adresse de l'alpha. « Sale Bakanda !
—J'ai essayé de te parler, ça n'a pas marché. Tu voulais que je fasse quoi d'autre, petit con ?!
—Je ne sais pas, mais pas me gifler ! »
Le ton montait. Kanda s'approcha encore de lui, et Allen leva les bras devant son visage, à la fois pour se protéger d'un éventuel coup et pour contre-attaquer si Kanda osait encore. Le brun lui attrapa ses bras et les baissa, mettant son visage au niveau du sien.
« Tu crois que c'est facile pour moi, connard de Moyashi ?! »
Allen secoua la tête.
« Non, mais…
—Mais que dalle ! Tu paniquais, il fallait que je fasse quelque chose, alors si t'es pas content, c'est pareil ! »
Le blandin rentra la tête dans les épaules. Il comprit que le brun avait paniqué aussi. Il ne savait pas s'il devait s'excuser. Après la gifle, il ne voulait pas légitimer l'acte… Mais il s'en voulait d'être difficile à gérer pour Kanda, de lui causer du souci. Il réfléchit à ses mots, mais le brun l'interrompit, autoritaire, en s'éloignant.
« Tu vas me dire ce qui s'est passé, tout de suite. »
Allen pouvait arriver à comprendre que Kanda soit furieux de ces désagréments. Et il ne le laisserait pas fuir, l'oméga le sut. Il s'était livré sur certaines choses, dont l'explication s'imposait, mais ça… Ça ne l'était pas. Il allait falloir qu'ils verbalisent les problèmes, c'était justement la réflexion qu'il se faisait tout à l'heure, et qu'il avait faite à Kanda, lorsqu'il avait cherché à le confronter sur sa peur d'être jugé. En retour, Kanda essayait bel et bien d'établir une communication, agressive et maladroite, mais il le faisait.
Pour Allen, le besoin de contact, de calme, de nourriture, c'était physiologique, c'était le lien, les chaleurs, et la vie, aussi. Il trouvait que ce n'était pas si gênant de l'expliquer, enfin de compte. Certaines choses plus que d'autres.
Mais ce qui touchait sa confiance en lui, sa vulnérabilité…
Allen le savait, c'était ça qui l'avait fait exploser, en plus de l'absence de Kanda. Leur relation n'était vraiment pas propice à ces confessions. Et ça ne faisait pas un jour qu'ils étaient ensemble, c'était compliqué. D'autant qu'il n'aimait pas se confier. Il ne disait même pas ces choses à Lavi et Lenalee.
Le blandin avala sa salive.
« C'est juste que…
—Que quoi, Moyashi ? »
Il s'agaçait. Allen leva les yeux sur le plus grand, plus timide.
« Tu vas te moquer de moi, Kanda. »
Kanda renforça son expression.
« Parle. »
Allen contracta sa mâchoire, baissa à peine les yeux, et les remonta brutalement sur Kanda.
« Je me suis réveillé, et tu n'étais pas là… Tes phéromones, il y en avait moins, aussi. J'ai eu peur que tu sois parti et que tu ne reviennes pas. »
Kanda écarquilla les yeux, choqué.
« C'est pour ça que tu paniquais comme ça, du con ?!
—Mais non ! » Allen évita le contact visuel. « Pas que ça…
—Quoi ? »
Ce souffle agressif dans sa voix... Allen serra les dents.
« Je me sens faible. »
Voilà, c'était dit. Allen se sentait aussi tout à fait ridicule de dire ça à Kanda, qui le trouvait justement déjà assez faible comme ça.
« Tu l'es. »
Ces quelques mots lui donnèrent raison. Allen fut blessé. Il s'y attendait. Il ne fallait pas qu'il compte sur le kendoka pour lui remonter le moral, après tout. Il se mordit l'intérieur de la joue, jetant un regard encoléré au brun.
« Je ne le suis pas ! » Il avait crié. Puis se corrigea, humilié. « Je ne l'étais pas à ce point… »
Kanda secoua la tête.
« Tu l'es à cause de tes chaleurs. Ça passera. »
Allen fut sincèrement des plus surpris, toisant l'alpha comme s'il le voyait pour la première fois. Kanda ne l'avait donc pas rabaissé ? Mieux, il lui disait que ça passerait, comme s'il ne le pensait pas incapable d'être plus fort ? Il essaya de ne pas en être heureux, n'en étant pas sûr, et s'étant répété qu'il se fichait de ce que pensait Kanda. Angoissé comme il l'était, ne pas s'emballer ne fut pas bien dur.
« Kanda, je…
—Arrête de tourner autour du pot, ou je t'en colle une autre. »
Sourcils froncés, Allen se résigna à parler. Il fallait que ça sorte.
« J'ai peur que mes chaleurs m'empêchent de faire ce que je veux. Je veux dire, je suis presque incapable de me déplacer, j'ai mal tout le temps, et j'ai besoin d'un alpha avec moi. » Allen s'interdit de regarder Kanda en disant cela. « Je… me sens vraiment comme le pire des omégas. »
Pour la première fois, Allen employait des formules de quasi dédain pour sa condition. Car c'était bien comme ça qu'il le ressentait. Le Japonais finit par s'asseoir à ses côtés, bras croisés.
« T'as jamais été un oméga fragile. T'as juste des chaleurs merdiques. »
Allen faillit rire.
« Tu te fiches de moi ? Tu disais que j'étais faible, Kanda… Maintenant, c'est encore pire. Comment tu peux dire ça ? »
Kanda plongea le visage dans sa main, serrant son poing libre.
« T'es lourd avec ça, tu m'as déjà gonflé hier, et je t'avais dit de laisser tomber ! Si je t'ai dit ça, c'est parce que tu m'envoyais des odeurs de déprime dans le nez, et j'en avais ras-le-cul. »
Le maudit hésita encore sur ce qu'il devait comprendre. Alors il répondit par un sarcasme.
« C'était pas ça qu'allait y changer quoi que ce soit, imbécile de Bakanda.
—Ta gueule, Moyashi, et écoute. »
Le regard assassin le dissuada de protester. Kanda continua :
« J'ai jamais dit que t'étais tout le temps faible.
—T'as dit que je passais probablement mon temps à chialer. »
Kanda eut un mouvement de recul, ayant du mal à contrôler son envie de le réduire en miettes.
« T'as idée d'à quel point les odeurs étaient fortes ? Ça me cassait les couilles. » Allen devinait qu'il 'les lui cassait encore' et que c'était un miracle qu'il ne s'en prenne pas encore plein la gueule. L'attitude de Kanda le surprenait indéniablement. « Tu vas pas être faible tout le temps si t'arrêtes de flipper comme un con. Faut juste que tu te reprennes. Voilà ce que je pense. Content, Moyashi ? Tu me feras pu chier ? »
Allen baissa les yeux, se retenant de rétorquer à Kanda que 'jouer sur les mots' dans ces contextes n'était pas forcément une bonne excuse. Puis 'flipper comme un con'… Il en avait de bonnes, lui. Allen aurait aimé l'y voir, à sa place. Le brun râla.
« J'vais aller chercher l'infirmière, qu'elle te donne de quoi te calmer, tes émotions partent vraiment en couilles. »
Le blandin regrettait dans son impuissance que Kanda puisse les sentir, mais peut-être que pour le coup, c'était un peu utile. Kanda commençait à se lever, le menaçant :
« Et putain, pète pas de câble, ou je t'étrangle pour de bon. Je vais revenir. »
Allen savait que c'était la bonne chose à faire, et lui aussi voulait de quoi se calmer. Seulement… Il ressentait encore le besoin de la présence de l'alpha. Il réfléchit à toute vitesse, ses joues prenant des rougeurs, embarrassé quant à sa demande.
« Attends, s'il te plaît ! »
Kanda s'arrêta.
« Est-ce que tu peux rester dix minutes ?
—Non, Moyashi. Il faut que je ramène l'infirmière. Tu dois prendre quelque chose.
—Juste dix minutes. J'ai besoin de sentir ton odeur. »
Le Japonais le fixa quelques secondes, puis soupira encore.
« Trois minutes.
—Merci. »
Allen crut entendre un 'connard de Moyashi', mais Kanda vint s'allonger avec lui. Ils eurent une petite distance de bras, et par un regard timide, Allen demanda à se rapprocher. Kanda ne réagit pas. Allen bougea donc, jusqu'à être à quelques centimètres de l'épaule de Kanda.
« Pas plus, Moyashi. »
Allen hocha la tête.
« C'est bon. Je te sens, comme ça. »
Kanda parut indifférent. Allen, quant à lui, profitait du bien-être qui l'emplissait au contact des phéromones de Kanda. L'arôme de fleur l'apaisait, comme s'il le protégeait et l'enveloppait. Auparavant, ça lui tapait sur le système. Il n'avait pas besoin d'être protégé. Comme avec ses chaleurs, s'il était honnête, ce n'était plus le cas, il était content d'avoir recours à une odeur plutôt qu'à Kanda en personne. L'odeur ne le rejetait pas et ne risquerait pas de se ficher de lui. C'était moins humiliant. Il aurait seulement aimé être un peu plus près, mais Kanda…
« Au fait, Moyashi. »
Allen leva la tête, intrigué.
« Si je te reprends à te coller à moi la nuit, je ne dormirais plus avec toi, que tu fasses une foutue crise ou pas. »
Rougissant de surprise, le blandin s'écria, sur la défensive :
« Mais la nuit, je dors ! Je ne regarde pas ce que je fais ! Je savais même pas que je te collais !
—Je m'en fous, évite de te rapprocher et de m'enlacer. Je n'aime pas ça.
—T'auras qu'à rajouter un oreiller entre nous. »
Allen avait dit cela en bougonnant. Ce Kanda vindicatif ne le surprenait plus. Il ne pouvait décidément pas rester sympathique longtemps.
« C'est pas une mauvaise idée. »
Le maudit ne pouvait pas s'empêcher d'être un peu vexé. Il n'avait pas la lèpre, à la fin. Soupirant, il se forçait à rester concentré sur les fragrances. Comment Kanda pouvait sentir si bon ? Allen aimait cette odeur, indubitablement. Si seulement son propriétaire avait pu être aussi agréable… À cet instant, le Japonais se releva. Allen saisit son poignet, par réflexe, l'arrêtant alors qu'il n'était pas tout à fait debout. Kanda le retira violemment, bien obligé de reposer ses fesses au bord du lit comme le blandin l'avait tiré en arrière.
« Encore un peu, » implorait Allen avec de grands yeux suppliants.
L'Asiatique émit un claquement de langue.
« J'avais dit trois minutes.
—Un tout petit peu, Kanda... »
L'idée que Kanda s'absente ne le tranquillisait toujours pas, même en sachant qu'il reviendrait. L'avoir senti… ça l'avait aidé, mais ce n'était pas suffisant. C'était comme si le fait de savoir que Kanda ne serait pas avec lui quelques instants était insupportable. Il lui fallait plus, pour être suffisamment enivré afin de supporter quelques minutes en ne ressentant pas cette espèce de vide.
« T'es capricieux, Moyashi. »
Allen s'apprêta à objecter, même si Kanda avait peut-être raison sur ce fait, le lien lui faisait faire des inconduites. L'alpha arborait une expression rembrunie. Choquant l'oméga, il se rallongea à côté de lui.
« Je n'aime pas les caprices, » l'animosité dormait dans sa voix, « mais je vais te laisser te rapprocher plus. C'est seulement parce que tu sens mauvais et que je ne veux pas que tu paniques le temps que je ramène l'infirmière. Ça ne se reproduira pas ensuite. C'est clair, Moyashi ? »
Comprenant parfaitement ce que sous-entendait l'annonce, l'oméga hocha vivement la tête, soudainement prêt à être le plus obéissant du monde tant qu'il avait le droit de sentir Kanda. Alors, sans aucune douceur, l'épéiste l'attira contre lui. Allen se retrouva le nez contre son torse, immergé dans son odeur. Il se retint de gémir de bien-être. C'était bon. C'était vraiment incroyablement bon. Il laissait ses mains devant son propre torse, évitait de toucher Kanda, se satisfaisant du partage de chaleur et de la main sur sa nuque qui le maintenait avec fermeté. Allen se sentit frissonner. Il était si bien. Kanda n'aurait jamais dû faire ça… Il allait devenir accro à ce contact profond, car son odeur le rendait dingue. C'était comme si ça cherchait à ne faire qu'un avec lui, comme s'il bénéficiait d'un bien-être et d'une sécurité optimale. Il n'avait plus mal, et n'était plus du tout perturbé. Il récupérait même assez de présence d'esprit pour être indigné que Bakanda lui fasse cet effet.
Esquissant un demi-sourire, voulant taquiner le brun comme il le faisait parfois avant toute cette histoire de lien, Allen chuchota :
« Tiens, t'aurais fait ça au lieu de me frapper, je me serais calmé tout de suite, Bakanda.
—Tu crois que je suis le genre à faire ça, Moyashi ?!
—C'est Allen, et tu le fais bien, là. »
Kanda le repoussa, un pli fâché sur le front.
« Puisque tu sembles aller mieux, je vais y aller. Et ne me demande pas encore du temps, tu en as eu bien assez. »
Le plus jeune nia.
« Je n'allais rien demander ! C'était… Je… Je te suis reconnaissant pour avoir fait ça. Beaucoup. Je me sens vraiment mieux. »
Kanda ne lui répondit pas. En revanche, au moment de partir, il lui balança sa veste, si bien qu'Allen la reçut en plein sur la tête. S'en dépêtrant, il fusilla l'autre du regard. Kanda avait poussé le chariot de nourriture, un peu oublié, près de lui.
« Au cas où, » expliqua l'Asiatique en s'engouffrant dans le couloir. « Profites-en pour manger. Et tâche pas ma veste. »
Kanda avait compris l'importance que son odeur avait pour son bien-être. Avec l'envie de lui tonner qu'il savait parfaitement manger correctement, Allen se dépêcha de sentir le vêtement, étrangement plus intéressé par l'odeur que par la nourriture, Timcanpy se posant sur son épaule. Avec ça, il saurait supporter l'absence de l'alpha, en effet.
Kanda marchait d'un pas pressé dans le couloir. Ses pensées s'embrouillaient… Moyashi lui faisait foutrement peur. Deux putains de crises dans un espace de temps très court, ça ne faisait même pas une putain de journée qu'il était avec lui. Kanda comprenait encore plus que la situation était sérieuse, qu'Allen était vraiment dans la merde, et lui avec. Il avait déjà pensé qu'il n'aimait pas le voir comme ça. Et c'était pour ça qu'il avait été, il le reconnaissait avec une sensation de ridicule, plus gentil avec lui. Il n'en était plus à ce stade où il se sentait obligé de le repousser avec des paroles violentes pour éviter qu'il ne veuille s'attacher à lui. Il était obligé de s'occuper de lui durant ses chaleurs, son état mental était visiblement aussi fragile que son physique, et Kanda n'était pas suffisamment con pour juger bon de continuer là-dedans. Sa gentillesse restait minime. En réalité, ce n'en était peut-être même pas.
Il avait reconnu qu'il ne le pensait pas si faible que ça. Et c'était vrai. Moyashi était beaucoup de choses à ses yeux : une nuisance, un emmerdeur, un oméga chiant, un type faux, trop souriant, trop poli, trop artificiel, lui rappelait trop Alma… beaucoup de choses. Kanda avait du mal à le saquer et n'était pas intéressé par le fait d'être proche de lui. Ça aussi, c'était vrai. Toutefois, il reconnaissait quand même qu'il n'était pas totalement un boulet lors de missions, qu'il était fort, moins que lui mais il se défendait bien… pour un oméga. En réalité, Le Japonais ne les jugeait pas moins inapte qu'un alpha. S'il pensait à Alma, qui était aussi un oméga, il avait dû le découper en morceaux afin de le mettre hors d'état de nuire. Il avait eu du mal, tant il était fort. Kanda avait beau l'avoir tué ce jour-là, peut-être qu'Alma était plus fort que lui. Il regrettait presque de ne pas avoir été le vaincu, de temps à autre, s'il n'avait pas eu cette personne à retrouver. Ces pensées paradoxales lui lacéraient souvent le cœur, en réalité.
En bref... Kanda ne pensait pas qu'Allen était incapable. Quand il lui avait craché ça, il avait simplement voulu le blesser, n'avait pas réfléchi plus loin. Il avait mieux réussi que prévu. Brièvement, il craignait que ses paroles aient profondément atteint le plus jeune, pour qu'il l'évoque deux fois de suite, heurté, lui qui cachait ce genre de choses habituellement. Le Japonais ne l'aimait pas, mais il n'aimait pas non plus l'idée qu'il en vienne à se convaincre de sa faiblesse parce qu'il avait mis le feu aux poudres. C'était fort possible, vu qu'il avait prononcé ces paroles outrageantes à un moment où il le savait instable, et si ça s'était arrangé par la suite, avec ses chaleurs... Kanda était têtu et s'était borné à faire preuve d'une mesquinerie cruelle envers le blandin en apprenant leur lien, il réalisait les conséquences de ses actes avec amertume.
Quant à ce 'câlin'… Les yeux du gosse auraient faits fondre une pierre. Marie lui avait confirmé ce dont il avait besoin, ce dont Kanda était déjà au courant et ce qu'il se refusait à faire. Alors il lui avait cédé. Et puis cette odeur… Ça avait des effets sur lui, Kanda s'obligeait à le constater. Conjugué aux sentiments de culpabilité, d'impuissance, et bordel – de panique, il l'avait tenu contre lui pour le rassurer. Se rassurer lui-même, aussi, peut-être. Ça ne changeait rien au fait qu'il n'appréciait pas soudainement Allen, qu'il n'avait pas changé d'avis à propos de lui… Mais il avait décidé de se concentrer davantage sur ses besoins, de rendre les choses plus faciles, parce qu'en toute honnêteté, il s'échouait à la conclusion qu'il préférait presque se faire violence pour se laisser sentir par le Moyashi quelques fois dans une journée et ne plus avoir à le faire une fois que ses chaleurs seraient finies plutôt que devoir gérer une seule autre de ces crises.
Rien de tout ça ne lui plaisait de toute manière, ça allait sans dire, mais le Japonais était largué, alors il faisait ce qu'il pouvait. Il espérait que l'infirmière les aiderait. Expliquer la situation fut rapide dû au caractère concis du brun, et ils retournèrent vite à la chambre, pour trouver Allen, qui semblait aller parfaitement bien cette fois. Il tenait dans ses bras la veste de Kanda, le col devant son nez. Les plats avaient naturellement été engloutis. Kanda se sentit curieusement contenté par cette situation. Il avait fait tout ce qu'il fallait pour que ça ne se produise pas, mais il avait sincèrement eu peur d'avoir une troisième crise sur les bras.
Allen rendit à Kanda sa veste, avec un sourire discret, reconnaissant. L'infirmière procéda ensuite à un rapide examen, surveillant la dilation des pupilles du blandin, écoutant ses battements de cœur à l'aide d'un stéthoscope. Finalement, elle commença à les interroger :
« Quand les crises se sont-elles produites, exactement ? »
Kanda se taisait, suivant l'échange les bras croisés. Allen répondit :
« Dans la nuit, et ce matin.
—Vous étiez seul, à ce moment-là ? »
Le blandin secoua la tête.
« Ce matin, oui. Mais cette nuit, Kanda était là, dans l'autre lit.
—Je vois. Et quels étaient les symptômes ? »
Son regard croisant celui de Kanda, Allen hésita à décrire ce qu'il avait ressenti.
« Je… Ce n'était pas pareil… Disons que cette nuit, j'avais surtout très mal, c'était le même genre de crise que j'avais faite dans l'infirmerie, mais ce matin… J'étais seul alors…
—Il a paniqué, » trancha Kanda à sa place, voyant qu'Allen recommençait à tourner autour du pot.
L'infirmière hocha la tête.
« Et qu'est-ce qui les as arrêté ? »
Le blandin rougit.
« Kanda m'a calmé. »
Le brun émit un 'tch' agacé à ces mots.
« Qu'a-t-il fait pour vous apaiser ? »
À nouveau, le blandin croisa le regard de Kanda, peu à l'aise avec ces questions.
« Il… On a eu un contact physique. »
La femme hocha encore la tête. Elle osa un petit sourire.
« Bien, vous fonctionnez comme la plupart des omégas. J'espérais que la présence de votre alpha fasse cesser les crises, mais après tout, il est trop tôt pour dire si ça ne fait pas effet. Si j'ai bien compris, vous supportez mal l'éloignement avec votre alpha, je me trompe ? »
Kanda se tendait, et Allen aussi. Ils avaient tous deux envie de rugir qu'il n'était techniquement pas 'son alpha'.
« N-non. »
Elle souriait encore.
« C'est normal. Je vous ai dit que vous risquiez d'avoir des chaleurs difficiles, alors c'est d'autant plus vrai pour vous si ça ne se calme pas, et ça peut se calmer, ça ne fait pas tout à fait une journée ! Gardez espoir. » Son regard les englobait tous les deux, montrant qu'elle s'adressait également à Kanda. « Je vais vous donner une boîte de calmants, vous en prendrez un aujourd'hui, et un autre demain matin. Ça devrait suffire. Si vous sentez que vous pouvez éviter les médicaments par la suite, n'en prenez pas. »
Allen hocha la tête, Kanda ayant un silence approbateur. Elle ajouta :
« Si ça ne vient pas à se calmer, vous pourrez me rappeler. »
Kanda espérait ne pas en arriver là, et que ce foutu Moyashi soit enfin plus paisible. L'infirmière ne s'arrêta pas là, et cette fois, elle questionna Kanda.
« Vous jugez ses crises plutôt violentes ? »
En toute sincérité, le kendoka pensait que c'était le cas.
« Oui. »
Sa voix sèche retentit. Allen serrait les dents, c'était visible. La femme se reconcentra sur l'oméga
« Est-ce que vous étiez particulièrement stressé ou éprouvé avant vos chaleurs ? »
Le blandin se voyait obligé de hocher la tête. Kanda n'était pas surpris par ça. Bien sûr que le Moyashi était claqué bien avant d'être en chaleurs, il était aux premières loges pour en témoigner.
« Ça peut aussi avoir un effet. Vous le voyez bien tous les deux, les chaleurs rendent un oméga extrêmement sensible, les hormones travaillent beaucoup. Si vous aviez beaucoup de stress en vous, il peut se manifester maintenant, il va falloir vous relaxer. Je vous l'ai déjà dit, mais évitez les tensions, pour que tout se passe au mieux. »
C'était des choses qu'ils savaient déjà, mais ils comprenaient la nécessité de le répéter.
« Avez-vous eu des crises d'un autre type ? »
Cette question laissa Allen sur le carreau. D'un autre type ? Il regarda l'infirmière avec une expression interdite.
« Par rapport à vos chaleurs, précisa celle-ci.
—Mes chaleurs ? Je… ne vois pas de quoi vous parlez ? »
Kanda leva les yeux au ciel, en soupirant.
« J'crois qu'elle demande si t'as envie de baiser, Moyashi.
—Kanda ! »
Cramoisi, Allen fusillait l'alpha du regard. L'infirmière soupira à son tour, coulant un regard courroucé sur lui.
« Je formulais ma question avec plus de tact. »
Quant à lui, l'oméga secouait la tête.
« Pas tellement… J'ai surtout mal, et je suis fatigué. Ce n'est pas normal ? »
En vérité, Allen s'inquiétait. Pas qu'il avait particulièrement envie d'être excité, mais ce serait préférable à des douleurs ou des paniques. Et surtout plus normal, il était en chaleurs, bon sang ! Il changeait peut-être intérieurement, mais il ne se métamorphosait pas non plus !
Elle acquiesça.
« Si, ça l'est. En réalité, ça varie d'un oméga à un autre. Il y a plusieurs phases durant les chaleurs. Vous le savez, le corps d'un oméga change. Jusqu'à présent, vous étiez comme n'importe quel autre homme, alpha ou bêta, » ces mots donnèrent à Allen une impression étrange, et l'infirmière dut le comprendre, puisqu'elle se reprit : « vous êtes toujours un homme, bien sûr, mais votre corps est différent. Vous serez capable d'enfanter et vous avez des organes que les autres hommes n'ont pas. Votre utérus se met à fonctionner, des cycles de chaleurs vont se mettre en place, c'est un effort. »
Allen le comprenait. Mais… C'était censé être si douloureux ?
« Lorsque l'utérus commence à travailler, ça peut effectivement être difficile à supporter les premiers temps. Généralement, les besoins sexuels se manifestent en même temps ou peu après le déclenchement des chaleurs, et la présence de l'alpha aide à faire passer la douleur, même si elle peut durer et être difficilement supportable. Ça peut aussi être plus long. Malheureusement, que tout ne soit pas mis en place ne protège pas des grossesses, je tiens à vous le préciser.
—On ne va certainement pas…, coupa Kanda avec de gros yeux sévères.
—Dès que ses hormones seront pleinement réveillées, les phéromones seront plus nombreuses, et elles vous feront de l'effet. On ne sait pas ce qui peut arriver. Je préfère prévenir, que vous pensiez à vous protéger. »
Kanda faisait 'non' de la tête, alors qu'Allen écoutait avec une certaine appréhension, doublée d'une gêne évidemment de mise. Il n'avait pas tellement –voire pas du tout – pensé à ça.
« Toujours est-il que c'est selon la façon dont votre corps traitera ses changements. Pour la plupart, les déclenchements sont immédiats. Chez certains omégas, ça peut mettre une semaine à se déclencher pleinement, et d'autres juste quelques jours. Après ça, il faut compter encore une semaine pour que les hormones de reproduction s'expriment.
—Vous êtes en train de dire que ça peut durer deux semaines ? »
L'exclamation de Kanda fit sursauter Allen, qui n'était pas loin d'avoir cette réaction. Il se sentait surtout frappé. Au sens figuré, mais la claque faisait aussi mal qu'une vraie.
« Pour certains omégas, oui. Je ne sais absolument pas ce qu'il en sera pour lui.
—On m'avait pas prévenu de ça !
—Ça peut très bien être moins long, il faut attendre de voir comment ça évolue. Je ne fais que vous expliquer comment ça marche, » rétorqua l'infirmière.
Kanda fulminait silencieusement.
« C'est juste pour la première fois. » Par ces mots, elle cherchait à les rassurer. « Les autres fois, c'est beaucoup moins long. Il y a des omégas qui n'ont que quatre jours de chaleurs, d'autres restent sur une semaine, un peu moins, mais ça ne dépasse pas. »
Allen eut l'espoir que d'ici la prochaine fois, Kanda et lui ne soient plus liés. En espérant également que ça serait moins difficile, et qu'il saurait le supporter. Parce que si ce n'était pas le cas… Il savait qu'il serait incapable de vivre ça sans l'alpha. Puis il se réprimanda. Penser à ses prochaines chaleurs alors que celles-ci n'étaient même pas finies était le comble de la stupidité.
« Je vous répète qu'on ne sait pas comment ça va se passer. Ces autres crises peuvent se déclencher dans la journée, comme demain, ou dans quelques jours. »
Kanda croisa les bras.
« Et faudra faire quoi, quand il aura ça ?
—Et bien, il aura toujours besoin de contact, d'être hydraté et aidé. Vous le devinez, il aura également des besoins physiques à satisfaire. C'est quelque chose qu'un oméga peut, normalement, faire lui-même. » Allen pria pour que son visage ne reflète pas sa gêne face à ce que ces mots sous-entendaient. Bon dieu, ils discutaient de ça comme si de rien était, et ça outrepassait de loin sa pudeur ! « Mais si vous venez à avoir des rapports sexuels –
—On n'en aura pas ! »
Ils avaient répondu sur le même ton.
« Si jamais c'était le cas, passez à l'infirmerie prendre de quoi vous protéger. Vous êtes des exorcistes, et monsieur Walker est encore très jeune, vous ne pouvez pas vous permettre une grossesse. »
Kanda serra les dents. Il ne comptait certainement pas sauter le Moyashi, et ce dernier n'avait sûrement pas envie d'être sauté par lui. Ils auraient très bien pu être éleveurs de brebis, la donne aurait été inchangée.
« Il ne se passera rien. Je peux me contrôler pendant mes ruts.
—Vous ne devriez pas sous-estimer les phéromones. C'est très puissant, et vous êtes liés, tous les deux. Ça l'est d'autant plus. »
Cela acheva de rejeter Allen dans des appréhensions nouvelles, tandis que Kanda n'était pas du tout satisfait de ces informations. L'infirmière soupira face à leur silence.
« Je suis consciente que ça risque d'être pénible pour vous deux–
—Sans déconner, » la coupa Kanda.
Allen le réprimanda, mais l'infirmière reprit, sans faire mine d'être vexée. Après tout, elle était habituée au mauvais caractère du Japonais qui refusait d'être soigné, et elle n'avait pas peur de lui, n'ayant aucun scrupule à le tirer par l'oreille pour le ramener quand il s'échappait. Kanda savait très bien que sa verve n'avait pas d'effet sur cette femme.
« Vous allez devoir vous entraider. Il n'y a que comme ça que ça marchera. Les calmants feront le reste, mais c'est le plus important. C'est ça, les conséquences du lien entre un alpha et un oméga.
—Tch. »
Allen commençait à avoir peur. Et Kanda pouvait parfaitement sentir ses émotions s'amasser dans la pièce.
L'infirmière partit, l'alpha se dépêchant d'aller chercher un verre d'eau, que le blandin gardait sur sa table de chevet, et le remplir pour lui donner son calmant. Ils restaient dans le silence, chacun cogitant quant aux éventualités par rapport à ce que l'infirmière avait expliqué. C'était déplaisant. Bien sûr que c'était déplaisant. Kanda et Allen espéraient qu'ils ne seraient pas trop mal servis et capables de gérer la situation, mais comme ça se présentait très mal, ils étaient tous deux assez pessimistes. Allen avait bu le verre d'une traite, et avait demandé à Kanda de le remplir encore. Neutre, l'Asiatique s'était exécuté. Allen avait bu à nouveau, se passant la langue sur les lèvres. Il reniflait le stress à plein nez.
Le brun parla le premier.
« Putain, ça va être plus chiant que ce que je pensais. »
D'une voix blanche, Allen murmura :
« Kanda… Est-ce que… Tu veux partir ? »
Cela lui semblait en effet logique de demander ça. C'était beaucoup plus demander que ce que pensait Kanda, Allen était parfaitement conscient de ça… il aurait compris qu'il se rétracte. Ils ne s'entendaient pas, une bonne fois pour toute. Ils ne savaient pas si ce qu'avait dit l'infirmière les concernait, dans quelle mesure du moins, mais rien que pour l'éventualité, la question s'imposait. Kanda le regardait d'un œil sombre.
« Non. Que ça me fasse chier veut pas dire que je vais te laisser, Moyashi. Arrête de penser ça. Une promesse est une promesse. Ça durera peut-être pas si longtemps. »
Allen se sentit effrayé à l'idée que si, lui qui pensait déjà qu'une semaine était suffisant.
« Mais… et si ça dure vraiment deux semaines ?
—Ben qu'est-ce que tu veux ? cracha Kanda. Je resterai. »
Le maudit déglutit.
« Mais, Kanda… Et si tu peux pas te contrôler une fois que mes phéromones seront relâchées ? »
Le brun grogna.
« J'ai déjà été en rut, j'suis pas un gamin. Je sais me contrôler. »
Allen protesta :
« Elle a dit que ça ne serait pas pareil !
—Ne me sous-estime pas. Tu ne me fais pas d'effet. »
Cette phrase aurait pu le blesser en d'autres circonstances, mais Allen se fichait pas mal de faire de l'effet à Kanda. C'était de ne pas lui en faire qui importait, justement.
« Je sais que je te plais pas, mais on est liés, Kanda ! Je suis censé être ton oméga !
—J'arriverai à me contrôler. »
Il sonnait si assuré. Allen avait envie d'adhérer à ces paroles. Mais l'infirmière savait ce qu'elle disait.
« Comment tu peux en être sûr ? »
Kanda souffla bruyamment.
« Ta gueule. Si t'as besoin de quelque chose, tu demandes. Ça me les pète, mais je ferais ce qui faut pour que tu te détendes. Elle a dit que tu devais pas te stresser. »
Il ignorait sa question. Probablement qu'il n'était pas si sûr que ça. Allen ressentait cette peur qu'il n'arrivait pas à oublier, malgré le calmant.
« Kanda… »
Sa voix était sortie si faible qu'en l'entendant, Allen se sentit humilié. Il eut envie de pleurer, et ses yeux ne mirent pas longtemps à déverser des perles salées. Kanda hurla :
« Te remets pas encore à pleurer, t'as rien écouté ou quoi ?! Putain, il servait à quoi ce foutu médicament ?! »
Cette dernière vocifération était plus lâchée dans le vide que pour l'attaquer lui. Allen secoua la tête. Démuni comme il l'était, il ignora sa fierté.
« Aide-moi à me détendre, alors.
—Comment… »
Kanda écarquillait les yeux, puis il comprit.
« Putain, Moyashi, j'ai dit non !
—C'est Allen et tu as dit que tu ferais ce qu'il faut, on doit s'entraider !
—Peut-être que tu devrais pas abuser non plus, Moyashi !
—Merde, je n'abuse pas, j'en ai vraiment besoin, Kanda ! Il n'y a que ça qui marche sur moi ! »
Le silence qui régna dans la pièce fut parlant. Moyashi jurait rarement. Kanda était bien obligé de considérer l'idée à nouveau. Pour sa part, il savait bien que ça serait plus dur que tout ce qu'il croyait. Il en avait la preuve par mille. Le blandin n'était pas le seul à être sous pression à cause de ça. Kanda y réagissait mieux parce qu'il avait un contrôle de lui-même excellent, et qu'il était capable de ne pas s'énerver quand il le fallait. Il n'aimait pas l'idée de passer deux semaines avec le maudit dans les pattes et priait pour que ce soit moins long, pas plus qu'il n'aimait l'éventualité qu'il ne soit pas capable de se contrôler et celle de le baiser. Il y avait déjà réfléchi. Ça pouvait arriver. Seulement, il saurait se contrôler, Kanda s'en faisait le serment, et ce n'était pas ses hormones qui viendraient ébranler sa volonté. Tant pis s'il devait prendre des douches froides et se branler en douce, il devait en être capable.
Au moins, la bonne nouvelle, c'est qu'Allen aurait moins mal et serait moins flippant – Kanda l'admettait, il avait peur en le voyant comme ça, il n'était aucunement préparé à gérer un oméga sous tension – une fois qu'il aurait envie de baiser.
En attendant, il allait devoir se cogner ses sautes d'humeurs. Kanda se crispa, mais il se résolut à abdiquer, encore, face au Moyashi. C'était justement car il avait fait le choix d'être là pour lui et de s'occuper de lui qu'il devait alléger ses souffrances, et qu'il avait déjà pris la décision d'être plus gentil. Kanda n'aimait pas être gentil, que ce soit avec lui ou pas, mais il n'y avait pas le choix. Marie le disait, l'infirmière le disait, sa conscience le disait. Ce serait plus facile de repousser un Moyashi libidineux sans avoir l'impression d'être horriblement cruel. En se couchant à ses côtés et l'attirant dans une autre étreinte ridicule, Kanda se sentit apaisé malgré lui.
En outre, l'autre nouvelle, que Kanda appréhendait plutôt mauvaise que bonne, était que l'odeur sucrée merdique du Moyashi le détendait, tout comme pour l'oméga, et puis… qu'elle lui plaisait pas mal.
Haha sooo des infos et de l'incertitude sur la durée des chaleurs car variable d'un oméga à l'autre la première fois, ce qui va rajouter en tension et en problématique pour Allen et Kanda :')... J'avais dit qu'ils allaient en baver :') ?
Un peu de fluff et d'entraide, mais Kanda ne le fait toujours pas avec la meilleure des volontés, même s'il a fait des efforts toujours en sachant qu'Allen en a besoin et que ça ne plaisante pas. A noter que le lien fait déjà de l'effet à Kanda, ce qui se voit à ses réactions, alors que toutes les phéromones d'Allen ne sont pas relâchées...
N'hésitez pas à me faire partager vos réactions, vraiment, c'est ce qui me met en joie de lire que ça vous plait et échanger avec vous :) !
Merci d'avoir lu :) !
