Hey !

Bon... J'avais dit que je postais le vendredi... Mais j'ai envie de poster aujourd'hui x). Alors voilà, le chapitre sort plus tôt. (Surtout parce que je serai pas mal occupée toute la journée demain et je sais pas si j'aurai l'énergie de poster x))

Le texte se raccourcit encore dans ce chapitre, et cette fois le jour avec la thématique "The Talk" compte deux chapitres :).

Sinon, une lectrice me l'avait demandé, la fiction continue bel et bien d'avancer dans mes dossiers. Je suis actuellement en cours d'écriture du chapitre 29, ça va assez vite, j'attaquerai le 30 direct après l'avoir fini pour avancer rapidement :). J'ai un document où je regroupe les chapitres terminés, et jusqu'au 28, la fic fait déjà 434 pages et 215k words ;). Voilà, pour ceux que ça intéresse x).

Je ne vous embête pas plus longtemps, bonne lecture !

Edit du 06/06/18 : Merci à Ookami97 pour la correction !

Réponse anonyme :

Hajime : Merci de ton avis :D ! Je suis contente que tu aies trouvé ça mignon ;). Oui, c'est vrai qu'on pouvait s'attendre à ça, mais c'était fait exprès :3. Pour le Kanda fan de poésie, j'avoue que je ne suis pas d'accord avec ce que tu dis ^^. Techniquement, oui, je l'ai fait pour utiliser le cliché que tu me cites, mais mon but avec cette fiction est justement d'utiliser certains clichés pour en faire autre chose, donc ne saute pas aux conclusions trop vite :). Je ne sais pas ce que tu entends exactement par "fleur bleu", mais si tu t'attends à ce qu'à cause de ses goûts littéraires, Kanda devienne un ramassis de clichés niais extrêmement guimauves, ça n'arrivera pas, n'aie crainte X). Ce n'est pas une information capitale, donc je peux juste te dire que c'est surtout pour montrer qu'il n'est pas qu'une brute et sait réfléchir, aussi apprécier quelque chose de subtile. Ça n'a rien à voir avec le fait qu'il soit gnangnan ou non x). Honnêtement, je l'imagine avoir une facette légèrement sensible et même romantique après beaucouup de grattage de la couche de froideur, cette interprétation sera développée le moment venu et j'espère qu'elle te convaincra :3, mais pas être carrément cucul pour autant X). Du coup tu verras bien comment la suite développera les personnages, je ne suis pas mécontente de ce que j'ai fait, mais si mon interprétation ne rejoint pas la tienne, j'espère que tu trouveras ça au moins intéressant à voir développé et que tu aimeras la façon dont je l'amène :). Je crois l'avoir déjà dit, mais je n'ai pas voulu écrire Allen et Kanda comme dans toutes les fictions, donc que ça diffère des facettes habituelles, c'est un peu normal :). Bonne continuation à toi aussi :) !


Des sons aigus et plaintifs, des phrases saccadées murmurées, Kanda eut envie de se pendre. Moyashi était encore en train de chouiner. Pour la troisième fois en trois nuits… Pourtant, au lieu de le voir en crise, il avait les yeux clos, était enroulé dans la couverture qu'il lui avait piquée, et dormait encore… Mais il rêvait.

Un cauchemar. Ça restait une grosse blague. Quand ce n'était pas une crise, c'était un cauchemar à la con. Énervé, Kanda put entendre les phrases avec plus de clarté. Des 'pas ma faute…', 'Noah…' Pas besoin d'être un génie pour comprendre qu'il faisait des cauchemars à cause du Noah en lui. D'autres murmures, moins intelligibles, se succédaient. Kanda soupira. N'attendant pas que ça se transforme en crise de panique, sait-on jamais, il prit les devants et secoua le plus jeune, le sommant de se réveiller ou de se calmer.

Allen ouvrit alors des yeux embués de larmes, qu'il referma aussitôt, ses paupières battant faiblement. Il était sonné. Kanda le vit trembler. Soupirant encore, il récupéra sa part de la couverture, Allen gémissant en réponse à ça, et l'attira contre lui. Ce rêve-là, ce n'était pas un produit de ses chaleurs. C'était un résultat du stress qu'il endurait. Vrai que pour un gamin de seize ans, le Moyashi en prenait plein la gueule. Pas étonnant qu'il s'effondre. Ce n'était, il l'avait dit, qu'un enfant. Kanda gronda. Bien que ce ne soit pas ses affaires, il reconnaissait que c'était injuste. Ça n'aurait pas dû le concerner, pas dû être son problème, mais avec le lien, tout changeait. Le Japonais ne s'attachait pas, ne se sentait pas concerné, il était plus dans une pensée empreinte de neutralité : il faisait ce qu'il avait à faire, si ça faisait du bien à l'autre, tant mieux pour lui.

Grâce au lien, il suffit de son étreinte pour qu'il se détende en quelques minutes. Kanda put se rendormir l'esprit plus tranquille. Ça le faisait toujours aussi chier, fallait pas tortiller, certaines choses le dérangeaient plus que d'autres, il se retenait énormément de ne pas s'énerver, acceptait plein de choses qu'il n'aurait jamais accepté auparavant, mais peut-être que d'un côté, ça ne le dérangeait plus autant d'aider, maintenant qu'il avait vu et vécu le merdier dans lequel le Moyashi était plongé, sa neutralité était moins biaisée du côté de la colère.


« J'ai super bien dormi. »

Allen avait déclaré ça sur un grand sourire. Kanda s'était crispé, avait eu la nette pensée que c'était du foutage de gueule, mais il n'avait rien dit. Si le gamin ne se rappelait pas avoir fait un cauchemar et avoir été brièvement réveillé, il ne le lui rappellerait pas. Pas que Kanda se retenait de râler parce qu'il se souciait de lui, mais il ne voulait pas qu'il se sente coupable et que ça le fasse s'excuser à nouveau pour quelque chose qu'il ne pouvait vraisemblablement pas maîtriser actuellement, et qui se reproduirait sûrement. Il se fichait un peu que le Moyashi culpabilise, même s'il trouvait que c'était idiot, justement car il ne pouvait pas le contrôler. En revanche, l'entendre se confondre en excuses futiles dès le matin… ça l'aurait gonflé. Kanda comprenait que le blâmer en râlant n'y ferait, regrettablement, rien. Il se forçait à rester blasé. Dans son désir de converser, chose qui courrait doucement sur le haricot du kendoka, le blandin lui demanda gentiment :

« Et toi ? »

Kanda haussa les épaules. Comme le regard d'Allen persistait, il finit par grommeler un bref « ça va. ». Ce n'était pas un mensonge. Hormis le moment où le cauchemar de l'oméga l'avait réveillé, ça n'avait pas été très long et il s'était bien reposé. C'était du moins mieux que les deux dernières nuits. Allen acquiesça, enjoué, et se tut. Il se leva ensuite, sans doute pour aller aux toilettes. Le brun voulut l'aider à se mouvoir, mais Allen secoua la tête et marcha laborieusement pour faire son affaire. Il n'était plus au point de se casser la figure au moindre courant d'air comme l'avant-veille. Quand il revint, Kanda attendait bras croisés.

« Je vais partir m'entraîner, Moyashi, » annonça-t-il.

Si la visite de Lavi et Lenalee lui avait permis de s'éclipser la veille, il comptait établir cette petite routine d'avoir une heure d'entraînement, sa douche dans sa chambre ensuite –ça pouvait paraître ridicule, mais il préférait faire ça là-bas que dans celle du Moyashi, et peut-être, si l'état de l'oméga permettait qu'il s'absente un peu plus, une heure de méditation. Du temps peinard, en somme. Moyashi n'eut pas l'air des plus ravi de se retrouver seul, mais retourna se coucher, en apparence indifférent.

« Très bien… Tu pourras me rapporter quelque chose à manger ? »

Kanda hocha la tête. Moyashi bouffait tout le temps, il s'y habituait. Une fois habillé, il laissa comme toujours un vêtement contenant son odeur au blandin, et lui recommanda :

« Si tu veux prendre une douche, attends que je sois là. Fais pas comme la dernière fois. Je pars pas longtemps, un peu plus d'une heure. Si y a un problème, je prends mon golem, tu pourras m'appeler avec le tien. Mais appelle pas pour des conneries.

—Comme si je faisais ça, Bakanda ! »

Kanda ne réagit pas. Allen questionna :

« Pourquoi tu l'as pas avec toi, d'ailleurs ?

—On risque pas de m'appeler sur une mission à cause de toi, et le tien s'est mis en tête de l'attaquer, ça ferait du bordel. Puis c'est pas un animal de compagnie. »

Vrai que Timcanpy aimait beaucoup reproduire les disputes de l'alpha et l'oméga avec le golem de Kanda, il suffisait qu'ils se trouvent à proximité pour que Timcanpy veuille le provoquer. Le blandin en était personnellement plus amusé qu'autre chose. Allen jeta un coup d'œil à son golem, qu'il était loin de voir comme un simple appareil, puis se reconcentra sur Kanda :

« Je vois, il te faut ton calme plat.

—Et alors ? »

Allen haussa les épaules.

« Bon… Ben à tout à l'heure, Kanda.

—Prends d'abord ton calmant, crétin. »

Allen se gratta l'arrière du crâne, marmonnant entre ses dents. Sans qu'il n'ait besoin de le dire, Kanda sut qu'il avait encore oublié. Oubli volontaire ou non, ça restait à déterminer. Il alla lui chercher un verre d'eau, et put partir dès que le gamin eut pris son médicament. Il l'avait bien vu faire la gueule, mécontent d'être soumis à un traitement. Kanda le comprenait, lui aussi détestait ça. Il préférait attendre demain pour qu'Allen l'arrête, par sécurité. Après avoir apporté son petit-déjeuner au Moyashi, Kanda put profiter de son heure de tranquillité.


Allen avait fini par faire une sieste, n'ayant pas envie de lire dès le matin et décidant que le sommeil lui ferait digérer son repas. Si son humeur s'était améliorée, aujourd'hui, il affirmait qu'il la sentait étrangement bonne, sans doute le fait de ne pas avoir eu de crise dans la nuit et de voir que Kanda partageait vraisemblablement son état d'esprit. Il aurait craint de le voir morose et fâché pour avoir dormi à ses côtés, comme il l'avait été la veille. Bien qu'il se soit directement couché avec lui hier soir, c'était le genre de l'animal. Or, Kanda avait été relativement détendu, ou neutre. Autre bonne nouvelle, pour l'instant, il n'avait pas mal. Il était fatigué, mais il sentait encore du mieux. Naïvement, il se disait que sa condition allait sûrement en s'améliorant. Il n'envisageait pas la rechute, il fallait maintenant que son corps suive cette détermination.

Sentant une présence proche et la veste qu'il enlaçait contre lui être tirée, Allen vit Kanda, les yeux plissés, front aussi, nez froncé et les dents serrées, le tout formant un visage des plus irrités, alors qu'il essayait de reprendre son vêtement, que, de son côté, il avait apparemment retenu. L'Asiatique remontait aussi la couverture sur lui. À nouveau frappé par sa prévenance, il fut surtout amusé par l'expression du kendoka, et il éclata littéralement de rire, libérant accessoirement la veste de Kanda, qui retomba dans le vide dans le mouvement involontaire que fit ce dernier pour la ramener vers lui. Kanda parut encore plus en colère.

« Qu'est-ce qui y a de drôle, Moyashi ?

—Toi. »

Il repartit dans un nouveau fou-rire. Kanda rugit en retour :

« C'est quoi ton problème ? »

Pour ne pas déclencher de bagarre, Allen agita les mains, calmant son rire.

« Ton expression était drôle, c'est tout. Merci de me recouvrir, d'ailleurs. »

Kanda se contracta.

« Tu dormais, tu tremblais, et je voulais récupérer ma veste.

—T'aurais dû me réveiller. »

Kanda fit un mouvement d'épaule. Il se laissa tomber sur l'autre lit, Allen remarquant de nouveaux bouquins posés sur le bureau, Kanda en avait pris un en mains. Il se sentit obligé de préciser :

« Je n'ai pas encore fini celui d'hier. Enfin, il doit me rester deux chapitres...

—Je t'en ai ramené un autre, de toute façon.

—Très bien. »

Le maudit lâcha néanmoins un soupir. Avoir lu deux livres en deux jours, entamer son troisième aujourd'hui, il aimait lire, mais quand même… Et dire que Kanda avait la chance de pouvoir s'évader pour s'entraîner, lui. Certes, il n'était pas en chaleurs. Mais Allen en avait marre de cet état végétatif. Même lorsque les missions ne tombaient pas, il arrivait à faire des choses différentes, s'ennuyait parfois, mais tous les jours ne se ressemblaient pas comme là. Rêveusement, il souffla :

« J'aimerais bien une heure d'entraînement, moi aussi. »

Kanda braqua un regard éloquent sur lui.

« Dans ton état ? Tu galères à marcher rien que pour aller aux chiottes, Moyashi. »

Le Japonais, ou l'art d'enfoncer le couteau dans la plaie. Allen fronça les sourcils, irrité.

« Je sais bien, Kanda. Mais franchement, tu trouves pas qu'on s'ennuie ? »

Kanda fut obligé d'acquiescer. Allen continua :

« Puis toi, tu peux partir. Moi non… J'ai envie de bouger.

—T'es pas là pour ça.

—Merci, je le vois bien. »

Il soupira encore en ôtant les couvertures, ayant soudainement chaud, et remuant dans son lit. Sa bonne humeur perdurait, mais avec elle était venue une envie de ne pas rester inerte et de s'amuser un petit peu.

« J'aurais presque envie de partir en mission. »

Là, Kanda eut une sorte de rire cynique.

« Encore mieux, Moyashi. Tu te ferais buter en deux secondes.

—C'est pour ça que je dis 'presque'… Je préférerais même me battre contre un des robots de Komui. Je veux dire, je m'ennuie vraiment.

—T'es vraiment bruyant et pénible, Moyashi. »

Allen eut une moue fâchée.

« Excuse-moi d'en avoir marre d'être enfermé.

—Tes amis sont venus te voir hier, t'étais pas content ?

—Bien sûr que si, mais je n'ai pas quitté ma chambre depuis deux jours et j'ai passé mon temps à lire en dehors de ça ! J'en ai marre…

—T'es vraiment pénible. On peut rien y faire. »

Renfrogné, Allen se tut. Lui aussi, il était pénible. Oui, il n'y avait rien à faire, juste à attendre que ce soit fini. Quand même… Il voulait avoir l'impression d'avoir fait quelque chose de sa journée, aujourd'hui. Il interpella le brun :

« Tu voudrais pas qu'on fasse quelque chose ? »

Kanda le regarda comme s'il avait perdu la tête. En effet, cela semblait incongru qu'il lui propose de faire quelque chose ensemble.

« Comme quoi ?

—Je sais pas, un jeu. Les cartes, par exemple. »

Kanda secoua la tête.

« Je sais pas jouer. »

Allen sentit son enthousiasme monter.

« C'est pas grave, je t'apprendrais, ça sera marrant !

—Ça m'intéresse pas.

—Oh, mais Kanda… Ce serait drôle, allez !

—Non. »

Allen eut beau protester encore, l'Asiatique ne répondit pas. Il était frustré. Pour la dernière fois, il décida de proposer l'alternative de poursuivre un échange de paroles, discuter. Mais pour la dernière fois. Si Kanda le rejetait encore et ne pliait pas face à ses arguments, il laisserait tomber définitivement. Allen n'avait aucune raison particulière, en dehors de son désir de rapports courtois avec leur lien, pour courir ainsi après lui… Et il n'en avait pas la moindre envie, d'ailleurs. Tant pis pour sa curiosité, ce serait juste dommage. Si Kanda choisissait d'être hermétiquement fermé, il n'y aurait rien à faire. Sa bouche était sèche.

« Tu veux bien qu'on discute, cette fois ? »

Kanda était lassé.

« Mais pourquoi tu veux tout le temps discuter ?

—Ben, » tenta-t-il, « on était un peu en train de le faire, là… Je propose juste de continuer. Puis, je te l'ai dit, c'est pour ne pas s'ennuyer, tant qu'on est tous les deux… »

Kanda contra :

« Non, on discutait pas. Tu te plaignais, je t'ai dit que t'étais pénible, et tu me demandais de jouer avec toi, j'ai dit non. J'appelle pas ça discuter, Moyashi. »

Allen serra les dents. Cette fois-ci, il ne lâcherait pas si facilement. À dernière tentative disait un peu d'acharnement.

« On peut tenter de vraiment discuter, alors, Bakanda. »

Loin de connaître les pensées de l'oméga et bien évidemment irrité d'être acculé, Kanda cracha, assassin :

« Putain, tu lâcheras jamais ou quoi ? »

Les moulins à paroles emmerdant et têtu, il en avait connu un autre. C'était dans ces moments qu'Allen lui rappelait réellement Alma. Ça ne l'attendrissait pas, mais connaissant déjà le manège, il savait que l'autre ne s'arrêterait pas. Du moins, Alma n'avait jamais été découragé, il ne lui avait jamais foutu la paix avant d'être satisfait. Il savait qu'Allen n'était peut-être pas un acharné à ce point-là, mais ça ne voulait pas dire qu'il se lasserait très vite. Lui donnant raison, Allen prit une inspiration.

« Tu veux pas qu'on soit amis, je sais, moi non plus, » commença-t-il, « mais discuter pour se tenir compagnie ne veut pas dire être amis, Kanda. C'est juste pour passer le temps. Me dis pas que toi aussi tu veux pas faire autre chose que lire. On a pas beaucoup de choix. »

Kanda serrait les dents, méditant à ces paroles. Pour l'heure, il avait le choix entre chercher à avoir la paix en cédant ou à avoir la paix en se fâchant, paix qui ne serait que de courte durée avec cette option. Il n'aimait jamais capituler, sentait qu'il l'avait fait pour bien trop de choses et être dans cette situation où il devait prendre soin de l'autre lui faisait adopter un comportement qui ne lui plaisait pas. Il ne voulait pas en rajouter. Cela étant dit, c'était vrai aussi qu'il aimait bien, quelque part, se disputer avec le Moyashi. Lui assener des répliques mordantes et un poil méchantes. S'ils discutaient ensemble, il aurait le loisir de le faire, et ça ne voudrait pas dire que la conversation serait amicale. Il ne la rendrait pas comme telle.

Allen eut un sourire timide, et lui offrit un argument de dernier recours :

« Ça ne nous rendra pas plus proche que quand je pose ma tête dans ton cou pour te sentir. »

Kanda sentit son sang ne faire qu'un tour. Pas faux. C'était bien ce qui l'enrageait, que ce n'était pas faux.

« Écoute, Moyashi… J'ai fait beaucoup d'efforts. J'vais pas énumérer tout ce que je fais pour toi, tu le sais très bien. Et tu cherches encore à avoir plus. Je ne sais pas ce que tu t'es mis en tête, mais tu me casses les couilles. Je déteste les idiots qui insistent. »

Allen, lui, désespéra de cette réaction. Tout à fait celle qu'il espérait que l'autre n'ait pas.

« C'est pas une façon d'avoir plus, et ça ne devrait pas t'énerver comme ça ! Je te l'ai dit, je veux juste qu'on puisse un peu parler parce que ce serait plus agréable, qu'on s'ennuierait moins, et bon sang, Kanda, je sais très bien tout ce que tu fais pour moi ! Discuter, c'est rien à côté ! »

Il avait parlé vite et fort. Essoufflé, il cherchait une lueur de compréhension dans le regard de son homologue. Kanda était impénétrable.

« C'est déjà trop. J'en ai pas la moindre envie. »

Allen grinça des dents.

« Parce que t'as envie de faire le reste, peut-être ? Tu veux sérieusement qu'on passe une semaine ou deux comme ça ? Si la conversation t'ennuie, on arrête. On peut juste essayer.

—Moyashi… »

Le visage de l'alpha devenait plus sévère, c'était mauvais signe. Cette fois-ci, le blandin s'énerva :

« Tu as promis que tu serais mon alpha le temps de mes chaleurs. Je trouve normal qu'on discute un peu dans ces conditions, plutôt que de faire la tête chacun dans son coin ! Tu as choisi de t'occuper de moi, je t'ai pas forcé, maintenant assume ce que ça implique ! »

Kanda fut littéralement piqué au vif. Allen avait raison. C'était une promesse, et c'était son choix. Il n'aimait pas ça, mais ça calma son envie de l'envoyer chier méchamment, envie qui, avec son mauvais caractère, était vite montée. Les paroles d'Allen l'avait fait redescendre. Et il fut obligé de s'adoucir. Il restait contrarié, et de mauvaise foi. Bordel, l'oméga avait le chic pour le faire chier, mais parvenir à faire de lui ce qu'il voulait.

Exactement, il était obligé aussi d'y penser, comme Alma.

« Ouais, p'tête. Mais si j'accepte, et j'ai pas dit que j'acceptais, t'imagines pas qu'on va devenir potes. Je serais pas sympa. Ce sera pas agréable pour toi. C'est clair ? »

Honnêtement, ça lui écorchait presque la bouche de dire ça.

Allen hocha vivement la tête, semblant penser qu'un partenaire de conversation désagréable était mieux que pas de conversation du tout. En étant énervé, on avait la joie de ne pas s'ennuyer, au moins. Depuis le lit où il était allongé, Kanda tourna son corps vers lui, visage peu avenant, comme toujours. Allen ne savait pas si c'était très encourageant, mais en le voyant ouvrir la bouche, il eut un espoir de conversation, agréablement surpris que Kanda l'initie.

« Bon, tu veux parler de quoi ? »

Espoir un peu réduit à zéro, comme une enclume lui tombant sur la tête. Il ne s'y était pas attendu, à celle-là. Avalant sa salive, il articula un très bête et très franc :

« … Ben, euh… je sais pas trop. »

Ne sachant rien de l'alpha, de son passé, même de son présent, à vrai dire, à part qu'il faisait tout le temps la gueule et n'était pas très sociable, de ses goûts, ou quoique ce soit, ce n'était pas les sujets de conversation qui se bousculaient au portillon quand le maudit réfléchissait à quoi lui dire.

« On va pas aller loin. T'vois qu'on est pas fait pour discuter. »

Allen protesta :

« T'es marrant, toi, la conversation ça vient naturellement ! »

Kanda fronça les sourcils.

« Je sais comment ça marche, merci, putain d'nabot !

—Allen ! Et permets-moi d'en douter, monsieur l'asocial ! »

Ayant le réflexe puéril de penser un 'dans les dents', Allen admettait que c'était plutôt mal barré. Encore plus avec la réponse de Kanda, qui croisa les bras en posture défensive et l'œil noir :

« Je m'en fous, et puis je t'emmerde, enfoiré de Moyashi. »

Kanda l'avait prévenu, mais niveau conversation sympathique, y avait de la belle qualité. Et dire que c'étaient ses chaleurs qui le mettaient dans cette énorme mouise…

« … Je déteste ça. »

Kanda leva un sourcil.

« Que je t'appelle Moyashi ? Je sais. C'est pour ça que je le fais. »

Son petit sarcasme irrita l'oméga.

« Bakanda ! Non, être en chaleurs. »

Kanda soupira à son tour.

« C'est une sacrée merde, et t'es très chiant. Mais c'est comme ça.

—J'aimerais bien que ça soit autrement, justement… »

Allen s'attendait à ce que Kanda ne réponde plus, mais l'épéiste lui rétorqua :

« Ça ira mieux quand tes autres crises arriveront. »

Allen redoutait que ses pulsions sexuelles ne se déclenchent. Il était déjà pour le moins soumis aux élancements émotionnels fragiles dont l'avait pourvu le lien et son état, et il n'avait pas envie de devenir une bête contrôlée par le désir. Ça l'effrayait de plus en plus, en y pensant. Kanda lui coula un regard. Allen devina qu'il sentait son désarroi. Grâce à leur lien…

« Tu flippes, Moyashi ? »

Un petit air narquois. Allen n'apprécia pas.

« Je m'appelle Allen, et ouais, un peu… Y a pas à se moquer de moi pour ça. »

Kanda haussa les épaules.

« J'pense pas que ça va changer grand-chose. T'auras juste plus mal, tu pourras bouffer et dormir peinard, tu m'forceras à être au petit soin pour toi. Tu seras comme un pacha. »

Allen ressentit une morsure amère. Il hésitait à prendre ça comme une accusation sous-jacente.

« Ouais, c'est ça, t'oublies que j'aurai sûrement… envie de… Enfin, ça sera difficile. Et je tiens pas à être un pacha, j'aime pas forcer les gens à s'occuper de moi ! Je me tue à te le dire, tu l'as compris, non ? »

Kanda expira bruyamment.

« Je disais pas ça pour que tu te sentes coupable, abruti. »

Allen voulait accepter l'idée, mais il secoua quand même la tête. Il se sentit rougir à cause d'un sentiment déplaisant qui échauffait ses nerfs.

« Je tiens juste à te dire que y a aucun bien fait à ça. Tu m'as dit plusieurs fois que je faisais des caprices, et j'aime vraiment pas l'idée que tu me vois comme un oméga capricieux qui veut se faire chouchouter. Être épuisé, avoir mal, et être, en plus, dépendant d'un autre affectivement alors que ce n'est pas ce que je veux… C'est vraiment humiliant. Je n'aime pas ça. »

Il crut que Kanda allait s'énerver, mais son regard neutre le décontenança.

« T'as écouté ce que j'ai dit, ou t'es sourd ? Calme ta joie. »

Allen se passa la langue sur les lèvres.

« J'ai entendu, mais je voulais te le dire… J'aime vraiment pas quand tu me dis que je suis capricieux. »

Kanda observa un silence. Allen voulait bien croire qu'il avait voulu le rassurer avec de mauvais arguments et en était très maladroit, c'était visiblement son genre… Mais il fallait que ça sorte. Tandis qu'il réfléchissait à comment relancer la conversation, Kanda le devança :

« Bon, t'es pas excité ? »

Désarçonné, Allen avala sa salive de travers.

« Quoi ?

—Avec tes autres crises qui doivent arriver, t'as toujours pas envie de baiser ?

—Putain de merde, Kanda ! »

Lui aussi lâchait un beau juron dans la foulée. Il comprenait que Kanda, en tant que son alpha, veuille savoir si son état évoluait. Qu'il dise ça comme ça… Rien à faire, ça le gênait affreusement.

« Eh ben, quel beau vocabulaire, Moyashi.

—Va te faire ! T'as aucun tact !

—Tch. »

Allen répondit néanmoins :

« Je… J'ai des sensations embarrassantes qui reviennent assez souvent, oui, mais ça reste gérable. »

Kanda eut un rictus moqueur.

« 'Sensations embarrassantes', putain, comment tu dis ça.

—C'est mieux que ton 'envie de baiser' ! »

Allen était toujours aussi rouge. Quoi, le fait qu'il ne parle pas comme un charretier signifiait qu'il fallait se moquer de lui ? Kanda en rajouta une couche :

« C'est plus direct mais c'est moins con.

—Si tu le dis. »

Curieux, et son teint rougissant encore, Allen demanda, conscient qu'il rentrait sur un terrain personnel :

« Hm… Kanda ? Comment c'est pour toi ? Tu sais, d'être en rut ? »

Le kendoka ne cilla même pas.

« C'est moins chiant que pour toi. Je suis excité du matin au soir pendant une semaine, je passe mon temps à me branler, fin de l'histoire. »

C'était direct. Allen déglutit. Bon, il imaginait bien sûr que Kanda devait faire ça, et que lui-même, avec ses chaleurs, devrait le faire aussi –pas que ça le dérangeait tellement quand il était seul dans sa chambre et qu'il en avait envie – mais il avait vraiment du mal avec ces façons vulgaires de dire les choses.

« T'as vraiment aucun tact…

—On est entre mecs et tant qu'on parle de ça, après tout, sois pas choqué pour si peu. T'es vraiment trop prude, Moyashi. »

Il n'était pas prude, mais il avait des oreilles chastes, nuance.

« C'est Allen, et la ferme !

—Tch. »

Comme il n'y avait vraisemblablement plus rien à dire, Allen ne rétorqua pas. Pour autant, il n'était pas particulièrement déçu, au final. C'était ça qu'il voulait. Pouvoir discuter quand il y avait quelque chose à dire, sans que ce soit un flot continu et ininterrompu, mais au moins ne pas sentir que son temps de parole était limité. Il ne tarda pas à ressentir un désir de proximité avec le brun.

« J'peux me rapprocher de toi ? »

Sa demande était un peu timide. Kanda savait maintenant que c'était normal avec ses chaleurs. Sûrement peu ravi, il ne refusa pas.

« Tu veux pas plutôt que moi, je vienne ?

—Je veux me déplacer.

—Te casse pas la gueule.

—C'est bon ! »

Allen rejoignit Kanda dans son lit, lui grimpa à moitié dessus, le faisant râler, et s'écroulant à ses côtés, la tête proche de son épaule, mais pas appuyée. Il remarqua le livre du brun.

« Tu lis encore en Japonais.

—Ouais. »

Ne faisant rien, pour sa part, Allen ressentit encore une baisse d'énergie. Il se sentait toujours si confortable à côté de Kanda, avec son odeur et sa chaleur. Ça l'embarrassait tellement d'apprécier ça. Machinalement, il colla son front contre l'épaule du brun, dans un réflexe qu'il regretta instantanément. Il n'attendit pas la réaction de Kanda pour reculer, sachant que son geste ne serait pas accepté. Ce dernier lui jetait un regard meurtrier.

« C'était quoi, ça ? »

Allen rougit. Il ne devait pas se mettre à suivre ses instincts si stupidement, surtout après avoir déclaré qu'il n'était pas un oméga qui voulait se faire dorloter. Il valait mieux que ça.

« J-J'avais juste un besoin de contact… J'ai agi automatiquement ! Excuse-moi, Kanda, je ne le ferais plus ! »

Kanda grogna.

« T'es chiant, Moyashi.

—J'ai vraiment réagi sans réfléchir ! Je te demande pardon… »

Allen baissa les yeux, même s'il détestait ça devant Kanda, se sentant idiot. Kanda braquait toujours un œil scrutateur sur lui.

« C'est bon. »

Sous les yeux ébahis d'Allen, il eut alors un mouvement d'épaule, lui indiquant qu'il pouvait recommencer. Le blandin s'apaisa. Il osa un sourire.

Bien sûr, si Kanda acceptait, c'était uniquement en raison de ses chaleurs qui lui commandaient un besoin de contact physique. Il aurait tout de même pu refuser. Pour le principe, le blandin retourna son insulte au brun. L'idée que ce ne soit pas très correct de faire ça alors qu'il acceptait sa proximité lui traversa l'esprit, mais il voulait se défendre. Après tout, c'était Kanda, il n'était pas toujours des plus corrects avec lui.

« Tu es chiant aussi, Bakanda.

—Pas tant que toi. »

À juste-titre, Allen rétorqua :

« T'es celui qui s'énerve le plus.

—Parce que toi jamais ? Te fous pas de ma gueule. »

Ce n'était pas faux non plus, Allen le reconnaissait.

« Ben… Je sais que je peux effectivement me fâcher par fierté, je pense qu'à ma place, tout le monde le ferait… Enfin, peut-être pas… Mais, je sais tous les efforts que ça te demande, je veux que tu le saches. »

Le regard qu'il posa sur Kanda fut empli de gratitude. Après tout, encore maintenant, il lui avait accordé une discussion, et venant de lui, ça ne devait pas être tous les jours. Kanda tourna une page de son livre, lorgnant sa tête qui l'empêchait de faire un mouvement fluide.

« Arrête de me remercier. J'fais tout ça parce qu'il le faut. Si tes chaleurs se passaient bien, j'serais pas là.

—J'aurais aimé que ça se passe bien. »

C'était vrai. Si Kanda se révélait comme n'étant pas si affreux à supporter, qu'il pouvait même être attentif malgré son sale caractère, Allen aurait aimé que ce soit différent, et pouvoir se débrouiller tout seul dès le début. Kanda partageait bien sûr cette opinion.

« Moi aussi. Maintenant faut attendre que tes chaleurs soient pleinement déclenchées, en espérant que ça soit pas trop long.

—Oui. »

Ils étaient d'accord. Allen se cala plus confortablement contre lui. Au moins, ils pouvaient dialoguer tous les deux, maintenant. Ça ne signifiait en rien qu'ils se mettraient plus tard à avoir des conversations longues ni très passionnantes, mais ce serait simplement plus agréable d'être ensemble s'il ne s'agissait plus d'un interdit à présent.


Donc Allen a réussi à se démerder pour discuter avec Kanda, auprès de qui il recherche de l'assurance, avec plus ou moins de bonne volonté du concerné ;)... Kanda a prévenu qu'il ne serait pas sympa, donc est-ce que ça se passera forcément toujours bien ? :p

Depuis le chap 12, il y a un allègement d'ambiance, dites-vous que tout ça joue un rôle dans cette progression lente ;).

Des avis sur ce chapitre ? :) N'hésitez pas, vous ferez une auteur heureuse :) !

Merci d'avoir lu !