Hello !

Bon, je poste en gros rush, heureusement que je prépare mes notes à l'avance parce que sinon je n'aurai pas pu poster aujourd'hui x)). (Et je pense pouvoir que demain sur les autres sites du coup, pour ceux qui me liraient aussi ailleurs x))

Encore une pièce de développement psychologique et d'interactions entre Allen et Kanda, j'espère que ça va vous plaire ;).

Bonne lecture !

Edit 06/06/18 : Merci à Ookami97 pour la correction !

Réponse anonyme :

B : Oui, ça avance lentement ^^ il risque en revanche d'y avoir plus tard un petit coup de fouet ;). Pour Kanda, c'est un peu ça :p. Merci de ta review :) !

Deydeykagamine : Nope t'inquiète et ne t'excuse pas :o, c'est déjà gentil à toi de commenter, et je t'en remercie :). Je suis contente que le chap t'ait fait rire et merci de tes compliments :). Oui, la lenteur joue un rôle important :p. Après pour le rapprochement, tu verras ;).


Après son repas de midi qu'il avait pris en compagnie de Kanda, Allen avait été un peu malade. L'Asiatique lui avait reproché de trop bouffer, mais il savait que ce n'était pas ça. La crise avait été moins violente que les autres, pas de quoi le faire paniquer ou se tordre, mais il avait encore eu des maux de ventres persistants. Kanda était encore resté à ses côtés pour le calmer, et il fallait le dire, Allen se sentait plus à l'aise. Ça restait le Bakanda, leurs rapports n'étaient pas agréables, mais cette petite évolution positive, le fait qu'il fasse des efforts, lui remontait le moral. C'était simplement plus confortable. Kanda ayant compris que le contact physique et son odeur marchaient sur lui, il l'avait tenu contre lui, une énième fois. À l'instant présent, Allen se trouvait encore dans cette position, tout contre le flanc du kendoka, la tête sur son torse alors que celui-ci lisait en le lorgnant avec une sorte d'indifférente mécontente de temps en temps. Bien que calmé, il n'avait aucune envie de se dégager, surtout que le brun ne faisait rien pour le repousser. L'élan émotionnel passé, Allen était irrité. Il n'arrivait pas à se contrôler, ses chaleurs le dominaient. S'il faisait ces… caprices, comme disait si gentiment le Japonais, c'était que ses hormones étaient plus fortes que lui. Pourtant, comme Kanda le savait, qu'ils avaient plus ou moins mis tout ça au clair, et qu'il l'acceptait en connaissance de cause, Allen essayait de déculpabiliser. Quand ses chaleurs seraient finies, Kanda et lui feraient en sorte de briser leur lien. Et la prochaine fois qu'il ferait ça, s'il devait y en avoir une, serait avec un véritable partenaire, en qui il aurait confiance, envers qui le besoin de s'appuyer et de se laisser aller serait une réelle envie, et donc moins embarrassant. Bien sûr, un partenaire pour qui recevoir ses élans affectifs serait moins dérangeant.

Quant à Kanda, et bien… Allen n'allait pas penser qu'il lui souhaitait de trouver un oméga, tout simplement car l'alpha semblait déprécier toute compagnie, alors un autre ne serait nécessairement pas mieux venu que lui. Le pire étant qu'avec ses attentions, Kanda pouvait avoir un côté doux. Allen imaginait qu'il ne ferait pas un si mauvais partenaire, si tant est qu'il soit capable d'accepter une personne à ses côtés. Il se demandait si le Japonais en était seulement capable. Quoiqu'il en soit, ce ne serait pas lui, c'était la seule chose qu'il savait. C'était tout de même dommage pour le brun. Allen voulait savoir pourquoi il refusait tout contact, pourquoi ça avait été si dur de le mettre d'accord pour avoir une discussion, mais c'était trop tôt pour ça. Il ne voulait pas qu'il se braque alors qu'il l'avait à peine un peu décoincé. Il avait fini par se rendormir, encore. Cette fatigue perpétuelle était normale dans son état. Quand il s'était réveillé, Kanda l'avait un peu repoussé, mais pas beaucoup. Il n'était plus à moitié couché sur lui, mais toujours contre lui.

L'alpha fronça les sourcils, lui coulant un regard.

« Tu passes vraiment tout ton temps à pioncer, Moyashi. Ça va mieux ? »

À part lorsqu'il avait pris sa douche avant qu'ils ne mangent, Allen avait beaucoup dormi aujourd'hui. Kanda ne demandait pas s'il allait mieux par réelle inquiétude. Il demandait car il était important que sa crise soit passée. Allen bâilla et s'espaça un peu. Il hocha la tête, choisissant de remercier la considération de mise.

« Oui, merci. »

Kanda n'accorda pas d'attention à son remerciement. Allen demanda gentiment :

« Tu veux bien me donner un livre, s'il te plaît ? J'ai assez dormi pour aujourd'hui. »

Allen tenta un sourire. Kanda sembla exaspéré.

« T'es bien gentil Moyashi mais je suis pas ton chien. Va le chercher. »

Allen leva les yeux au ciel. Il avait demandé poliment, en plus.

« J'ai pas dit ça, mais tu sais bien que j'ai du mal à marcher et là, je suis du côté du mur. »

Kanda s'exécuta alors, non sans soupirer de manière encolérée. Bon, malgré les efforts de Kanda, ça ne devenait bien entendu pas spécialement plus simple entre eux. Kanda était compréhensif sur certains points, obtus pour d'autres, et Allen ne savait toujours pas à quel moment l'épéiste allait, bon gré mal gré, vouloir faire quelque chose pour lui ou l'envoyer paître parce qu'il osait lui faire une demande. Kanda était imprévisible, complexe. C'était très déroutant. Il allait poursuivre les deux chapitres qu'il lui restait à lire, au moment où Kanda l'interpella à nouveau :

« Tu ressens toujours rien de spécial ? »

Allen comprit qu'il faisait allusion à ses crises à venir. Il pouvait comprendre la sorte d'impatience de l'alpha : plus vite elles arriveraient, plus vite ils seraient libres. Lui n'avait bien entendu pas plus hâte que le matin-même, puisque ça sous-entendait d'autres emmerdes.

« Je te l'ai dit ce matin, je ressens rien. Si ça arrive, tu le sentiras toi aussi. »

Kanda secoua la tête.

« Fait' chier. À la fin de la journée, ça fera déjà un peu plus de trois jours.

—T'es pas le seul à en avoir marre, mais qu'est-ce que tu veux que j'y fasse ?

—Rien. »

Le silence se rétablit entre eux. Chaque fois qu'Allen se mettait à penser à ça, il avait peur, bien sûr, et ce rappel que faisait Kanda n'était pas une exception. Il ressentait un certain besoin de verbaliser ses craintes, un peu plus que ce qu'ils s'étaient dit la dernière fois qu'ils avaient abordé ce sujet, mais il craignait que Kanda ne lui rétorque encore quelque chose narquoisement ou ne comprenne pas. Bien sûr, de son point de vue, tout ce que Kanda voyait était qu'il serait coincé avec un oméga tiraillé par le désir sept petits jours et qu'il serait tranquille. Il ne voyait pas la peur qu'Allen avait de ses propres désirs, la difficulté à se contrôler – encore que le kendoka finirait par y être confronté, et tout le reste. Pourrait-il lui expliquer ? Il n'était pas bien sûr de ce à quoi ça servirait, à part se calmer… Mais, toujours pareil, espérer du réconfort avec l'autre, qui lui avait bien dit qu'ils ne discuteraient pas gentiment…

Il soupira. C'était peine perdue.

Mais finalement, il osa :

« Kanda… Tu crois vraiment que ça ira, quand j'aurais ces crises ? »

Kanda ne quitta pas son livre des yeux.

« Je t'ai déjà dit ce que j'en pensais ce matin.

—Oui… » Allen développa néanmoins sa crainte. « Tu crois vraiment que ça se limitera à ça, que j'irais vraiment mieux si ce n'est le… » Il avait du mal à qualifier ça, ou n'osait pas réellement mettre les mots qui lui venaient en tête –ils étaient si embarrassants, « le désir… ? »

Kanda plongea ses yeux dans les siens, un sourcil haussé.

« J'suis pas devin, Moyashi. Mais ça ne sert à rien de t'inquiéter tant que ce n'est pas le moment. »

Allen déglutit.

« C'est sûr, mais je ne peux pas m'en empêcher…

—Tu t'empoisonnes la vie tout seul, crétin. »

Le blandin acquiesça.

« Peut-être. »

Il aurait aimé accepter la logique de Kanda, ne pas y penser pour garder l'esprit libre, mais comme lui, il ressentait une sorte d'impatience à ce que ça soit fini. Pas que ça se produise, en revanche. Puis, d'autres choses lui faisaient peur. Allen renchérit :

« D'ailleurs… On est d'accord pour dire que le lien nous influence tous les deux, hein ? »

Mâchoire serrée, le brun acquiesça. Allen reprit, la voix un peu hésitante :

« Tu n'as pas l'impression que c'est pire avec le temps ? »

Kanda leva une nouvelle fois les yeux sur lui. Ce qu'Allen lut dans son regard, par contre… Il en fut sûr. Le Japonais l'avait lui aussi remarqué.

« Si. Je pars du principe que plus vite tes crises arrivent, moins ça a le temps de faire effet sur nous. »

Allen pencha la tête sur le côté, interloqué. La logique se valait. Ou du moins, peu importe l'effet que le lien aurait, ils y seraient exposés moins longtemps, et ce serait plus facile de s'en dégager.

« Ce serait bien si ça marchait comme ça. Et si ça arrive vite, » concéda-t-il, « je ne serai pas un fardeau pour toi bien longtemps. »

Kanda souffla bruyamment.

« Arrête avec ta morale de saint, Moyashi. J'en ai marre des excuses. Tu l'as dit toi-même quand tu as voulu me convaincre de discuter, c'est moi qui ai choisi d'être là. Ne te sens pas désolé pour moi. »

Allen avala sa salive avec difficulté. 'Sa morale de saint ?' Il n'aimait pas du tout l'expression. Il sentit son sang ne faire qu'un tour, et ignora le reste des paroles de Kanda.

« Je te demande pardon ? En quoi j'ai une morale de saint ? »

Kanda resta neutre, il lisait tout en lui parlant, indolent.

« Tu le sais très bien, Moyashi. Tu fais attention à être exemplaire, tu me fais la morale quand je ne le suis pas, et tu as encore joué sur ta petite pensée modèle pour me pousser à accepter tes conditions. Tu n'as pas tout à fait tort sur tout, et je le répéterai pas, mais c'est pas en faisant celui qui s'en veut à mort de me mettre dans la merde que je vais être plus sympathique avec toi. »

Allen fut désarçonné.

« Je comprends pas. En quoi c'est mal de vouloir que ça se passe bien entre nous ? Pourquoi tu crois que je veux à tout prix avoir une pensée modèle ? C'est pas pour te pousser à être plus sympa ! » La colère montant en lui, il ajouta : « J'ai l'impression que rien ne peut te décider à être sympathique avec quelqu'un. »

Dû à leurs points de vue opposés, et leurs tempéraments réactifs quand ils s'exposaient l'un à l'autre, c'était sûr que ce genre de discussion houleuse amenait des dérapages catastrophe. Ils abordaient une pente dangereuse.

« C'est pas que c'est mal. C'est juste inutile. Tu te fatigues pour rien. »

Allen se sentit encore abattu par cet échange. En effet, pourquoi chercher à dialoguer avec quelqu'un comme Kanda ? Il regrettait d'avoir essayé, maintenant. Il avait cru qu'il n'était pas un salopard, pas autant qu'il voulait le faire croire, mais ce qu'il lui disait là recommençait à dépasser les bornes et à le toucher. Il ne voulait pas se laisser heurter à nouveau par les paroles de l'alpha, frustré de la situation au point qu'il cherchait à passer ses nerfs sur lui. Il refusait de lui en laisser l'occasion.

« Je…, commença-t-il, je ne me fatigue pas. C'est toi qui ne comprends toujours rien. Je commence à en avoir marre que tu m'accuses de… Je ne sais pas trop quoi, en fait. Je ne comprends vraiment pas ce que j'ai fait de mal. T'as tellement de mal à être correct que tu peux pas concevoir que les autres le soient sincèrement, ou quoi ? Je vais arrêter de me sentir désolé, très bien, mais je ne le faisais pas pour te forcer à quoique ce soit. Je ne prétends pas non plus avoir une pensée modèle. Me dire ce genre de choses de façon si méprisante… C'est vraiment vexant. »

Kanda fronça les sourcils, mais eut un rictus.

« Je t'avais bien dit que discuter avec moi ne serait pas plaisant. Si je pense que tu dis de la merde, je le dis, tu le sais, y a pas à se vexer. C'est toi qui l'as voulu. Tu peux toujours me laisser lire tranquillement, si tu en as marre. »

Pour de bon, Allen sentit ses nerfs le lâcher. Il ne surveilla plus ses paroles, et se mit à crier :

« Tout ne tourne pas qu'autour de toi, bon sang ! C'est trop de te demander de penser à moi ? Tu peux comprendre que j'ai peur ? C'est mes premières chaleurs, j'ai jamais connu ça, et je suis coincé là-dedans, avec toi ! Tu as dit que tu serais mon alpha temporairement, tu l'as choisi, mais c'est une situation intime, et tu n'es pas vraiment mon alpha. On n'a aucune relation, et tu crois que je veux faire le type modèle parce que je cherche à ce qu'on s'entende au moins ? Mais réveille-toi un peu, Kanda ! Je veux faciliter les choses pour moi, et pour toi aussi ! »

Kanda était surpris, et avec ses yeux écarquillés et ses traits hagards, légèrement mais Allen parvenait à s'en rendre compte, il avait l'air bien con. Allen ne s'arrêta pas.

« J'avoue que je voulais simplement être rassuré, et tout ce que tu trouves à faire c'est encore m'attaquer ! Pourquoi tu fais toujours ça ?! Ça t'amuse, Kanda ?! Tu es vraiment le pire ! »

Kanda écarquillait encore plus les yeux, visiblement choqué par ses paroles. Le blandin, quant à lui, se sentait soulagé d'avoir crié, mais incroyablement triste. Dans ce tourment, Kanda était sa seule source de soutien, et il ne pouvait même pas avoir une conversation aimable avec lui. Le Japonais fit alors claquer son livre en le fermant, et le surprenant, il posa les mains sur ses épaules.

« Calme-toi, bordel. Ça sert à rien de se mettre dans des états pareils. »

Allen durcit son expression.

« Je ne… »

Mais il hoqueta. Il sentit une larme rouler sur sa joue. Comprenant qu'il venait inévitablement de s'humilier, sa sensibilité pour l'heure exacerbée commençait à le faire bien chier. Il serra les dents et toisa Kanda avec colère. Sa fierté était blessée, et il était lui aussi blessé. Le Japonais le fixait avec impuissance. Il semblait ne pas savoir comment agir. Bien sûr, le réflexe de s'excuser, lui, n'était pas là.

« J'ai juste dit ce que je pensais, bordel, » commença Kanda, une veine sur le front, mâchoire crispée. « Ce genre de choses m'énervent. T'as pas à te sentir coupable, c'est juste comme ça, et c'est ça que je trouve ridicule. C'est ça qui m'énerve chez toi, Moyashi. T'es toujours comme ça, tu dis 'ma main droite est pour les humains, ma main gauche pour les Akumas', tu penses toujours aux autres, et pas à toi. Conneries. À mon avis, c'est pour ça que t'es dans cet état, si à fleur de peau… Tu négliges tes sentiments, et maintenant tu le paies. »

Allen avala encore sa salive avec difficulté. Les paroles de Kanda le touchaient, il n'arrivait pas tout à fait à croire qu'il était celui qui lui disait ça. Néanmoins…

« J'ai pas tellement l'impression que c'est ce que tu me disais tout à l'heure, Kanda.

—Je te disais que ça servait à rien de t'excuser, c'était stupide, et mens pas, ta culpabilité vient du fait que t'as l'impression de mal agir, et de déroger à ta morale parfaite. C'est ce que je te reprochais. C'est complètement con. »

Le maudit n'appréciait pas plus que tout à l'heure cette façon de voir les choses.

« J'ai pas une morale parfaite ! J'essaie juste de bien agir ! Qu'est-ce que tu me reproches avec ça, à la fin ?

—Je te reproche que t'en fais trop. Je te l'ai dit, c'est inutile et ça te fait dépenser beaucoup d'énergie pour rien. Sois plus indulgent avec toi-même, pauvre crétin. »

Allen n'acceptait pas cette critique. Peut-être que ce n'était pas faux. Peut-être que ça visait justement là où ça faisait mal. Kanda était apparemment doué pour cerner ce genre de choses et taper dedans avec ses gros sabots. Allen secoua la tête, toisant le plus vieux avec un accent d'amertume qu'il ne lui avait rarement connu :

« T'as aucune idée de ce que c'est d'être moi, et de ce que je ressens. Me reproche pas mon comportement. Je t'ai dit que j'arrêterais de m'excuser, alors voilà. Toi, par contre, tu devrais apprendre à le faire quand tu dépasses les bornes. Je pense trop aux autres ? Toi, tu penses qu'à toi. »

Kanda eut un mouvement de recul, ébranlé par sa colère. Allen termina :

« Je crois que t'as raison, on ferait mieux de lire tranquillement. »

Sur ces mots, il prit encore de l'espace par rapport au corps de Kanda dans le lit, et reprit sa lecture. Silencieusement, il laissa aussi couler de nouvelles larmes. Ce que disait Kanda n'était pas si méchant, dans le fond… Il avait une façon tellement brusque et tellement brutale de dire les choses que ça faisait mal. Il essaya de se calmer pour ne pas se mettre à renifler piteusement – ça aurait été la cerise sur le gâteau. Mais, vraiment, Kanda avait tapé en plein dans le mille. S'il se faisait tant de souci avant d'être en chaleurs, s'il avait traversé une période difficile émotionnellement, c'était bien parce qu'il avait peur de ne pas être à la hauteur pour le rôle qu'il devait jouer dans cette fichue guerre entre exorcistes et Noahs. À quoi servait-il, que pouvait-il faire, s'il représentait un danger ? À rien, voilà la réponse claire. Ça lui faisait peur. Il voulait aider l'humanité, sauver l'humanité. Mais quelque chose en lui attendait peut-être pour en être le bourreau… Il n'était peut-être pas assez bon pour aider, aussi. Quand il revoyait les visages suppliants des apeurés face aux Akumas, des personnes qu'il n'avait pas su aider…

Comble du comble, il y avait eu ce lien, puis ses chaleurs… Sa vie devenait doucement mais sûrement un cauchemar. Et ce con de Kanda ne trouvait rien de mieux que l'enfoncer joyeusement. Allen était très en colère, comme rarement il ne l'avait été contre l'épéiste.

Il essuya un œil avec le dos de sa main, quand une sensation entre ses omoplates le fit sursauter. Kanda venait d'y poser sa main, avec l'impact d'un coup plus que de manière douce. Il était énervé. Aussi, voyant rouge, Allen réalisa qu'il l'avait vraiment tapé. Kanda menaça :

« Moyashi, je vois bien que tu chiales encore. Arrête ça.

—Qu'est-ce que ça peut te foutre ? »

En témoignait sa vulgarité, Allen n'était pas suffisamment détendu non plus pour discuter avec l'autre. Kanda ferait mieux de le laisser, ou sinon, lui aussi pourrait vite devenir méchant. Loin de savoir ce qu'il pensait et ce qui se tramait en lui, Kanda grogna en poursuivant :

« Ça me fout, » il reprenait très sèchement ses mots, « que je te disais pas ça pour t'attaquer, ça t'a pas plu mais j'ai expliqué. Alors chiale pas. Ça m'énerve vraiment.

—Ouais, ben désolé de t'énerver, mais j'avais pas besoin de ton avis. »

La main ne le quittait pas. Kanda avait certes la voix chargée d'irritation, mais elle était encore contenue. Ça se voyait qu'il faisait des efforts pour détendre l'atmosphère entre eux, en dépit de l'approche maladroite semblable à une attaque. Allen s'en fichait, n'avait plus envie d'être complaisant. Les rôles se trouvaient ironiquement inversés.

« Tu pues tellement, ça me pique le nez, putain… Fait chier', me dis pas que tu tiens vraiment à ce que je m'excuse pour ces conneries, Moyashi ?! »

Il avait le culot de réagir ainsi ! Quand bien même les paroles avaient des relents d'offre, elle venait un peu tard et avait trop d'accents de mauvaise foi. Allen se retourna, avec agressivité :

« Je veux que tu me foutes la paix. »

La même colère arriva bien vite sur le visage de Kanda. L'alpha se leva.

« Très bien. Mais viens pas chialer parce que j'essaie pas de te comprendre ou j'sais pas quelle autre connerie. »

Kanda partit s'installer dans l'autre lit, le fusillant littéralement du regard. L'Anglais se retourna encore de son côté, la boule au ventre et les larmes toujours au bord des yeux. Bien sûr que dans cet état, une dispute, ce n'était pas très bon pour le moral. Comme il avait besoin du soutien de l'alpha, il supportait mal d'être énervé contre lui et que ce dernier le soit également car ça mettait en péril le confort émotionnel d'échanges agréables. Toutefois, il était vraiment trop remonté pour se reposer sur le besoin de calme que lui imposait le lien. Kanda l'avait mis hors de lui. Il avait besoin d'évacuer ses émotions en paix pour se calmer. Sans interagir avec le brun, il avait pris le temps de terminer ce qu'il lisait, et de recommencer à le lire. S'il se levait pour prendre l'autre ou demandait à Kanda de le lui donner, il croiserait son regard, et il ne le voulait pas.

Au bout d'une heure de relecture, il réfléchit à son comportement.

Il s'était vite emballé, autant lorsqu'il s'était mis à pleurer que lorsqu'il s'était énervé. Il avait conscience d'avoir aussi envoyé un message contradictoire à l'autre, d'être celui qui s'était fermé et d'avoir mal réagi. Kanda avait voulu le calmer, avait, peut-être, proposé maladroitement de s'excuser…Le blandin ne savait pas si c'était réellement sincère, ou si Kanda avait voulu le faire uniquement pour ne pas qu'il soit énervé. Allen se rendait compte à quel point le Japonais pouvait être maladroit dans sa façon de s'exprimer. Kanda n'avait pas voulu être méchant, mais il avait mal choisi ses mots, car il n'avait aucune notion de tact, aucune compréhension de ses émotions, et ça l'avait blessé en conséquence. Allen réalisait qu'il avait eu tort de mal réagir, mais comment réagir autrement ? Kanda pointait les raisons de son mal-être qu'il mettait à nu, et il les réduisait au rang d'imbécilité d'un 'sois plus indulgent avec toi-même, pauvre crétin', 'c'est inutile, tu te fatigues pour rien'. Certes, mais c'était ainsi qu'il avait toujours vécu… Comment ne pas le prendre mal ?

Allen comprenait que Kanda avait, quelque part, raison. Ça pourrait être aussi simple que ça s'il avait été capable de le considérer ainsi. Le fait qu'il ne l'était pas, constater son propre emprisonnement interne, voilà ce qui l'avait énervé. Dire quelque chose qui poussait ainsi quelqu'un dans ses retranchements, même avec les meilleures intentions du monde, ça remuait inévitablement le couteau dans la plaie. Allen se sentait idiot de sa réaction primaire. Il souhaitait s'excuser et se réconcilier avec Kanda. Mais vu son imprévisibilité, il ne savait pas comment initier ça. Ç'aurait été n'importe qui d'autre, personne ne lui aurait dit ce genre de choses de cette manière, il n'y avait que Kanda pour ça, mais si ça avait été le cas… Cette personne se serait peut-être excusée avant lui, ou aurait attendu qu'il le fasse pour s'excuser également. Avec le brun, ce n'était pas pareil. Il avait conscience qu'il devrait faire ça avec des pincettes, et expliquer ses réactions. Allen ne pensait pas que Kanda était idiot pour autant. Il comprenait que le brun avait, justement, du mal à le comprendre.

Il eut l'idée de commencer par lui demander de le sentir. Mais vu la violence de ses paroles, il se serait senti gonflé de faire l'innocent ainsi. Allen se tourna alors vers Kanda. Il lisait encore, le nez froncé. Contrarié ? Il ne savait dire, chez lui, ce genre d'expressions était perpétuel. Il pouvait tout aussi bien ne pas aimer ce qu'il lisait, et que ça n'ait plus rien à voir avec lui.

« Kanda ? »

Sa voix claire lui fit relever la tête. Comme on aurait pu s'y attendre, Allen vit de l'hostilité sur ses traits.

« Je devais pas te foutre la paix ? »

Allen hésitait à comprendre qu'il avait été vexé par ses paroles, ou du moins fâché. Il ne pourrait pas le blâmer pour ça. Il se mordit l'intérieur de la joue, puis baissa la tête en signe de réduction. Pour la symbolique, il détestait faire ça devant un alpha, encore plus un qui aurait dû être le sien, mais c'était correct.

« J'ai réagi excessivement. Je n'aurais pas dû te parler comme ça. Excuse-moi. »

Kanda eut un reniflement, ne tenant pas compte du sacrifice de sa fierté pour ses excuses.

« Et là, t'agis pas par hypocrisie ? C'est pas mon problème si tu veux te sentir moins mal d'être con. »

Kanda était encore direct, encore fâché. Allen secoua la tête, bien sûr, cette accusation l'irritait encore, mais il n'allait pas tomber là-dedans.

« Écoute-moi ! Je me fiche d'être hypocrite en ce moment, je m'excuse parce que je regrette sincèrement. Si tu ne me crois pas, j'en suis désolé, parce que c'est vrai. J'aimerais vraiment que tu ne mettes pas toutes mes intentions sur le compte d'une hypocrisie. Tu as raison, il y a des choses que je fais uniquement parce que je me sens vraiment obligé de les faire, je feins d'y prendre plaisir, c'est peut-être absurde, mais c'est moi que ça regarde. Je ne tiens pas à être jugé sur ça. Chacun ses choix. Je veux juste être gentil, et je pense vraiment que c'était mal, de te parler comme ça. »

Ils se regardèrent tous deux pendant une bonne minute, Allen voulant transmettre sa sincérité pure, et Kanda méfiant, mais attentif à ses paroles. Finalement, le kendoka claqua :

« Tch. C'est bien parce qu'on doit rester collés l'un à l'autre que j'accepte tout ça. »

Tout ça ? Ses excuses ? De croire ce qu'il affirmait ? Tout depuis qu'il s'occupait de lui ? Allen se posait la question, mais, tête baissée, murmura un simple, résigné, et attristé par le cours des événements :

« Je sais. »

Kanda soupira.

« Bon, je vais encore sortir une heure, pour méditer. »

Allen écarquilla les yeux. Il ne dit rien au début, mais demander à Kanda s'il était encore fâché lui brûlait les lèvres. Il ne voulait pas qu'il parte sans savoir si ça allait mieux. Kanda soupira encore.

« Fais pas cette gueule, j'suis pas énervé contre toi, pour ce que j'en ai à foutre. » Il soulignait ainsi son détachement. « J'suis pas con, je comprends que t'aies pas aimé ce que j'ai dit. Mais si tu tiens tellement à ce qu'on communique, alors toi aussi assume ce que ça implique. J'suis pas celui qui va faire gaffe à pas te contrarier si ça va à l'inverse de ce que je pense. On pense pas du tout pareil, y a des trucs où on se comprend pas, mais j'ai bien compris que fallait pas t'enfoncer méchamment. Je suis pas un saint, mais j'attaque pas ceux en position de faiblesse. Garde en tête que je fais pas ça. Si t'en es pas capable, ça va pas le faire. C'est pas à moi de m'adapter. »

Allen déglutit. Oui, Kanda avait raison et pointait, à nouveau, très justement le problème qu'ils avaient eu. Il hocha la tête.

« Très bien, je vais faire ça. Tant que j'y suis, quand j'ai pleuré et crié, c'était les chaleurs, tout ça…

—Je sais, Moyashi. »

Allen acquiesça encore. Maintenant naissait encore ce besoin de contact physique. C'était si embarrassant, ça se produisait toujours au mauvais moment. Il rougit et tritura ses mains nerveusement. Kanda le remarqua.

« Je peux y aller, ou t'as autre chose à dire ? »

Il sentait l'hostilité usuelle présente dans sa voix. Allen hésita.

« On peut se sentir ? J'ai besoin de contact… »

Kanda grogna. Quand ils se sentaient, ça durait plutôt longtemps, et Allen vit à son visage qu'il n'en avait pas envie. À la place, il vint poser sa main sur le crâne d'Allen, l'écrasant plus qu'autre chose, alors que celui-ci ne comprit pas.

« Qu'est-ce que tu fais ?

—Tu voulais un contact.

—Attends… T'essaies de me caresser le crâne, là, Bakanda ? »

Son ton était dubitatif, car vraiment, il s'y prenait mal. Kanda grogna encore. Allen jura que le teint de l'alpha s'empourpra légèrement, dû à sa réaction perplexe. Il arrêta rapidement.

« Tch. Quoi, t'as un problème ?

—Ben… »

Allen se tut. Kanda grogna, croyant qu'il se moquait de lui.

« T'auras mieux après, Moyashi. À dans une heure. »

Sans oublier de lui laisser un vêtement avec son odeur, Kanda partit, visiblement irrité, et Allen s'autorisa un sourire amusé. En dépit de la complexité d'interagir ensemble, Allen réalisait encore que Kanda n'était vraiment pas si mauvais. La maladresse de Kanda pouvait être négative car elle le rendait brusque et peu courtois, mais à l'instant présent, elle avait une tout autre face, qu'il jugeait comme étant plutôt étonnamment adorable.


Kanda l'avouait, il était un peu gêné. Il avait le sentiment que ce crétin de Moyashi venait de se moquer de lui, et mine de rien, ça touchait sa fierté. Imbécile. Il portait aussi les restes de son énervement par rapport à leur discussion. C'était parti de rien. Au début, Kanda n'avait pas compris que le Moyashi était en train de s'énerver, alors il en avait bêtement profité pour lui dire sa façon de penser, clairement et précisément. La réaction d'Allen prouvait qu'il avait du mal avec ça. Au fond, Kanda s'en doutait, mais il l'avait dit quand même. Il ne regrettait pas, parce qu'il en avait envie depuis longtemps. Autant dire qu'il n'avait pas aimé se faire envoyer chier alors qu'il proposait quasiment de s'excuser –lui, putain ! Kanda détestait s'excuser, admettre qu'il avait tort, mais il n'avait pas vraiment voulu blesser l'oméga, alors il aurait été prêt à s'excuser au moins pour ça, à sa façon. Pas les classiques 'je suis désolé' 'pardon', s'il ne retirait pas ses paroles, il les aurait tempérées.

Ce n'était même pas une question qu'il regrettait que le Moyashi lui fasse la gueule. Non. C'était l'odeur de sa colère, et ses arguments. Quand il pensait aux efforts qu'il était obligé de faire, Kanda se disait qu'il ne tiendrait jamais plus d'une semaine. Le fait qu'Allen se soit excusé et qu'il ait admis qu'il avait raison l'avait, à son tour, apaisé, mais c'était vraiment compliqué. Et trop prise de tête pour lui. Ce pourquoi il lui avait expliqué qu'il devait s'adapter à sa façon de discourir. Moyashi avait acquiescé, mais Kanda devinait qu'ils auraient d'autres incidents de ce genre. D'un côté comme de l'autre.

Se taquiner méchamment, jouer sur les limites, ça pouvait déraper à tout moment, c'était les risques. Ce qui l'énervait aussi, c'était de constater encore que le Moyashi et lui réussissaient quand même, sans que ce soit trop forcé, à dialoguer mieux qu'avant. En plus de s'être fait 'apprivoiser', ce qui était un problème de circonstance. C'était con, mais c'était aussi une des raisons pour lesquelles il avait hésité à s'occuper de lui. Kanda ne voulait pas instaurer d'amitié avec lui. S'il avait pu l'ignorer, encore, mais non. Allen ne voulait pas se laisser ignorer. En soit témoin sa tirade accompagnée de larmes, il avait besoin de lui, littéralement, sur tous les plans. Kanda n'avait pas l'habitude de ça, se retrouvait largué, et ça se transformait bien sûr en tension chez lui. Et, il fallait l'admettre, leurs discussions, avant qu'elles ne dégénèrent, n'avaient pas été si désagréables. Il était partagé là-dessus. En communiquant, fallait qu'ils s'entendent mieux. Allen avait dit qu'ils devaient ne pas considérer ça comme de l'amitié, certes. Mais Kanda ne voulait pas s'attacher. Pas qu'il y avait moyen. Moyashi était chiant. Même s'il pouvait être, d'une certaine manière, un peu 'touchant'. Dans le sens où Kanda, qui l'avait toujours vu comme un oméga capable de se démerder seul, une qualité qu'il avait appréciée chez lui, pouvait comprendre son désarroi de connaître l'inverse, c'étaient juste ses chaleurs. Ce n'était pas 'vraiment' lui.

Ça faisait partie de lui, d'une certaine façon. Mais il n'était pas comme d'habitude. Kanda ne savait pas s'il aurait su parler comme ça avec le Moyashi de d'habitude, et il ne voulait pas le savoir. Enfin, Kanda refusait d'apprécier leurs rapports.

C'était sur ça, plus ou moins, qu'il avait médité avant de revenir, trouvant Allen en pleine lecture du deuxième livre qu'il lui avait ramené. Le blandin lui sourit. Il s'empressa de fermer le livre, et le regarda timidement en attendant qu'il prenne place à ses côtés. Il voulait toujours qu'ils se sentent. Kanda gronda intérieurement. Il ne perdait pas le nord. Une ou deux minutes plus tard, Kanda put sentir que les émotions du gosse étaient plus calmes. Il semblait même content, à en juger par une odeur à l'accent quelque peu enjoué qui émanait de lui. Était-ce le geste de tout à l'heure ? Kanda ne savait le dire, mais il avait peur d'avoir donné une mauvaise information. Il avait fait ça car il n'avait rien trouvé de mieux, ça avait été instinctif, mais c'était très con, quand il y réfléchissait. La honte monta en lui. Encore un truc à éviter, il le nota dans un coin de son esprit.

Allen lui lança un regard avant de se fondre contre lui, et Kanda fut surpris mais soupira d'agacement. Malgré lui, c'était agréable, rageusement. D'autant plus que la plupart du temps, Moyashi sentait le trouble lorsqu'ils étaient l'un contre l'autre, et c'était de circonstance. Ou même en règle générale. Ses émotions étaient perturbées. En cet instant, qu'il sente plus positivement, ça faisait du bien à Kanda. Le kendoka comprit alors que son hypothèse était encore une énième fois confirmée : l'odeur du Moyashi jouait sur ses humeurs à lui. Cela l'effraya. Si Allen se mettait à lui refiler ses émotions, vu son instabilité, il était pas dans la merde…

Allen choisit ce moment pour couper ses réflexions.

« Le livre que tu m'as ramené, c'est un recueil de poèmes.

—Et ? T'aimes pas ?

—Si. Je trouve juste amusant que tu aimes les ouvrages poétiques et que tu m'en aies ramené un.

—Je l'avais déjà lu et je trouvais rien d'autre. »

Son regard ourlé lui donnait l'impression d'être scruté. Où voulait en venir ce crétin de Moyashi ? Ce dernier lui sourit.

« Tu aimes vraiment ça ? »

Kanda haussa les épaules.

« Ça me détend. Qu'est-ce que ça peut te faire ? »

Au tour d'Allen d'hausser les épaules.

« Rien, c'est intéressant. Je me doutais pas que t'aimais quelque chose d'autre que ton épée, méditer, et les Soba. »

Kanda remarqua son petit sourire. Il le taquinait.

« Tch. Parce que tu t'intéresses à beaucoup de choses à part sauver la veuve et l'orphelin, Moyashi ? »

Œil pour œil dent pour dent. Allen eut l'air pris au dépourvu.

« Bien sûr que oui, Bakanda ! Comme ça, pas grand-chose me vient, mais la nourriture, peut-être ? »

Kanda hésita entre ricaner dédaigneusement, rester blasé. Il resta blasé. Concrètement, il trouvait que le Moyashi était un peu trop curieux à propos de lui. Il laissa donc retomber la discussion, comme il n'y avait de toute façon rien à répondre. Ils continuaient à respirer leurs odeurs réciproques, quand Allen finit par demander, dans un nouvel élan de curiosité :

« Dis, Kanda, je me demandais… Tu espérais quoi du lien ? »

Kanda fut sur le cul. Pourquoi, bordel, lui demander ça ? C'est bien ce qu'il demanda en premier.

« Pourquoi cette question ? »

Bougeant à peine la tête, le plus jeune expliqua :

« C'est juste qu'on est liés tous les deux, et si c'est pas plaisant pour nous, je me demande juste ce que tu espérais avant. Tout le monde pense quelque chose par rapport au lien, alors… Je suis curieux. »

Kanda soupira. Trop curieux. Ce n'était pas la première fois qu'il le constatait. Déjà, quand ils avaient plus ou moins abordé le sujet de ses origines, Allen avait posé des questions. Peut-être que dans sa logique, en savoir un peu plus sur l'autre était normal. Kanda avait du mal avec ce genre de choses. Rentrer dans cette discussion ou pas… Kanda se foutait un peu du lien. Il aurait pu être lié à Alma, ou à cette femme qu'il recherchait, mais à part ça… Il n'y aurait pas eu de lien, il rechercherait quand même cette femme, et pour Alma, il n'avait jamais eu besoin du lien pour lui coller aux basques. Il n'était pas obligé d'en parler, Allen ne savait rien sur ça et n'irait pas chercher plus loin que ce qu'il lui disait.

« Je voulais pas être lié. »

Allen releva la tête, surpris.

« Oh, on est deux alors. »

À Kanda d'être surpris.

« Tu voulais pas ? »

Allen enfouit son visage contre lui, inspirant ses phéromones.

« Juste que j'imaginais pas rencontrer mon partenaire un jour, en étant exorciste. C'est pas tellement la vie pour ça… Et je finissais par me dire que je serais peut-être pas lié, et je ne le voulais pas vraiment. »

Kanda réfléchit à cela. Quelque part, il n'avait toujours perçu que son point de vue concernant le lien. Normal, il était lui, pas Moyashi. Mais… Se dire qu'il n'était pas le seul que ça emmerdait vraiment, pas le seul dont ça bouleversait les plans, ça ne le réconfortait pas, mais le faisait envisager les choses de l'angle d'Allen, sans plus d'intérêt que ça. Allen reprit :

« Mais si tu étais lié, tu espérais quoi, toi ? »

Kanda ne comprenait pas vraiment le but de cette question, mais répondit par ce qui s'imposa à son esprit.

« Rien. Quelqu'un de pas chiant. »

Un peu raté, pour le coup. Allen grimaça.

« Tu trouves tout le monde chiant, Kanda. »

Le Japonais eut un rictus.

« D'où le fait que je voulais être lié à personne, Baka Moyashi. »

Allen râla contre cette appellation, puis ricana. Il semblait amusé par sa réplique. Kanda n'y fit pas attention. Sans dédain, il commençait à se demander ce que le Moyashi espérait, lui. Après tout, ça s'imposait. Beaucoup d'omégas espéraient trouver l'amour, et pas qu'eux, d'ailleurs. La plupart des gens voulaient que le lien se déclenche avec un partenaire qui leur plairait parfaitement, leur correspondrait parfaitement, et idéalisaient quelque peu l'affaire. D'autres avaient des espérances moindres, certains pas du tout. Il se demandait où se situait Allen. Certes, il avait qualifié le Moyashi comme étant naïf et niais. Mais il lui semblait qu'il n'était pas un crétin fini non plus. Kanda ne voulait pas non plus donner l'impression de s'intéresser – ce n'était pas le cas, c'était juste que ça s'imposait dans la conversation. Alors, de sa voix la plus bourrue, il lui lâcha :

« Et toi, Moyashi ? »

Le blandin leva la tête.

« Moi ? »

Kanda eut envie de répondre « oui, toi, débile », mais s'abstint. Allen rougit un peu. Loin de savoir qu'il avait déjà eu cette conversation avec Lavi, Kanda l'observait chercher ses mots.

« Ben… Pas grand-chose, en fait. Vraiment. Je me disais juste que ce serait bien si c'était une personne avec laquelle je pouvais m'entendre, et avec qui je pourrais nouer une relation solide en ayant appris à la connaître, qu'on pourrait compter l'un sur l'autre. Je suppose que c'est basique, mais ça me semble être le plus important. »

Kanda refusait d'être attendri par ça. Sa façon de rougir, de lever les yeux vers lui, peu sûr de ses paroles, tout en étant blotti contre lui, et sa pensée simple, délivrée sans bafouiller malgré sa gêne, avec une sincérité pure. Celle de ses discours niaiseux qui énervaient tellement Kanda. Mais là, ce n'était pas stupide. Le Moyashi voulait donc de l'entente, et de l'entraide. Kanda voyait bien qu'il ne parlait pas d'amour absolu comme beaucoup d'idiots, mais semblait déjà gêné de ses sentiments humbles. Grommelant un 'ouais, j'vois', Kanda s'était tu, et Allen n'avait rien demandé de plus. Il savait ce qu'il voulait savoir, visiblement. Et Kanda aussi.

Il fut irrité. À croire que ce petit con faisait exprès de faire le mignon. Parce qu'il n'y parvenait pas. Pas du tout. Toute la soirée, sans savoir pourquoi, Kanda avait eu du mal à se sortir de la tête cette expression pour le moins… touchante.

Quel putain d'enfoiré, ce Moyashi.


Haha... Est-ce que vous enjoyez le fluff, les gens ? :') Ce chapitre fait pile 6666 mots sur mon fichier word... Et si c'est un hasard, il fait bien les choses ;). Attendez-vous à quelque chose d'assez lourd ensuite, mais je ne dis rien :p.

So j'en profite pour attirer votre attention sur le passage du début qui montre bien que ni Allen ni Kanda ne pensent à l'heure actuelle être un couple. Je suppose que tout le monde a bien compris que si Kanda a accepté d'être l'alpha d'Allen, c'est dans une optique platonique et surtout temporaire. Comme je vous l'ai dit, ne vous attendez vraiment pas à ce qu'ils tombent amoureux si vite, malgré les moments fluffs et le rapprochement léger :). Il va vraiment falloir être patient avec cette fiction, mais j'espère qu'au final vous comprendrez pourquoi c'est si lent et apprécierez :).

Certains d'entre vous auront déjà noté que les chaleurs rendaient ce pauvre Allen irritable, ici on le voit bien lors de son échange qui dérape avec Kanda. Kanda, quant à lui, est très maladroit entre son indolence et sa brusquerie x'D.

La raison du mal-être d'Allen au début de la fiction est vaguement évoquée ici, si vous pouvez facilement l'envisager, le récit la détaillera plus tard, le moment venu ;). (Dans une dizaine de chapitres pour être précise.)

Petite review ?

Merci d'avoir lu :) !