Hey !
Je suis vraiment contente de vos retours sur le dernier chapitre, je me serais attendue à des réactions plus mitigées vu que c'est un truc assez nouveau, bon mes explications longues ont bien appuyées mon point de vue, mais je suis encore une fois contente que vous ayez apprécié mes idées pour la plupart :). J'espère que ceux qui se demandent encore où je vais avec ça vont être convaincus par ce chapitre :3 !
J'ai pas grand chose à dire vu que je vous avais prévenu qu'il y aurait de l'angst au programme dans ce chap, vous allez voir les conséquences de la dernière scène sur Allen et Kanda.
Edit : 01/07/18 : Merci à Ookami97 pour la correction :) !
Bonne lecture !
Réponse anonyme :
B : Tu verras bien où je veux en venir au final :p. Je suis contente du coup que ça ne t'ait pas choqué, mais comme c'est quelque chose de nouveau, comme dit au-dessus, je me disais que certains lecteurs pourraient l'être :). De bonne volonté, on peut pas vraiment dire ça... Il essaie surtout d'agir décemment :'). Je pense que tu comprendras mieux dans ce chapitre, mais la situation joue sur Kanda aussi. Après, tu parles de faire la morale... Pas vraiment, honnêtement. Je parlais certes de sensibiliser au problème du consentement, mais j'ai pas la prétention d'être là pour dire "hey, c'est ça qu'il faut écrire !" mais juste de montrer quelque chose de différent au lecteur, où les actes ne sont pas forcément jugés avec des barrières nettes et droites mais montrés comme ce qu'ils sont, et où les personnages essaient d'avoir une relation "safe" et non toxique, à l'inverse de pas mal de yaoi où les rapports entre les personnages sont vraiment déséquilibrés et où la problématique n'est pas même frôlée. Je veux faire du réalisme, et un texte qui réfléchit sur lui-même, et où les personnages réfléchissent aussi à ce qui leur arrivent. Voilà voilà :). Merci de ta review ! :)
Deydeykagamine : Coucou :) Merci pour la fic :3 ! Donc pour ton paragraphe qui parle de mes explications, disons déjà que j'ai absolument pas voulu dire que mon Kanda était forcément IC, évidemment :'). J'essaie vraiment au mieux de respecter les facettes de sa personnalité montrée dans le manga, mais j'ai choisi de les développer d'une manière différente de Hoshino et dans un contexte différent, donc bien sûr que ça va changer ses réactions et le faire évoluer différemment. J'aime lire des histoires où les auteurs font bien illusion et où on voit qu'ils ont bien cerné la psycho du perso, j'essaie d'en écrire également, mais rien que pour le fait qu'un auteur de fic n'est pas le vrai auteur, je trouve la rigidité de certaines personnes dans les fandoms sur le critère de l'OOC parfois absurde, car tu auras beau être un bon illusionniste et bien retranscrire ce qu'on capte de la personnalité d'un perso, ses réactions vont forcément différer de l'œuvre originale à un moment, rien que parce que ton intrigue n'y colle pas et que tu n'es pas dans la tête de son créateur. Et c'est ça qu'est bien, sinon à quoi bon faire des fics :). Après, pour le cliché des fics que je dénonçais, je dis pas qu'elles sont toutes mauvaises, juste que ça démontre une pensée trop basée sur les stéréotypes de certains, parfois trop simple, et moi j'avais envie d'autre chose, même si je ne catégorise pas :). Haha yep là ce sera dark xDD. Ouip, la suite est bien aujourd'hui ^^. Kanda a essayé de faire de son mieux, oui, même si ça ne change rien à la situation délicate. Après, tu verras bien comment ils vont réagir, mais oui, ça sera pas facile x). Merci de ton avis ! :)
Kanda attendait. Depuis deux heures, il attendait que Moyashi se réveille. Moyashi allait avoir besoin de beaucoup dormir pour oublier son trop plein de stress avec tout ce qui s'était passé. C'était psychologique, c'était logique. Il avait quand même été lui chercher de quoi bouffer, lui n'ayant pas faim. Ça refroidissait doucement. Et putain, il n'arrivait pas à s'arrêter de penser. Il revoyait les derniers instants, avec toujours cette mortification intérieure. Cette sensation cauchemardesque et aliénante. Kanda se réveillait doucement de l'influence des phéromones, parce que Moyashi dormait paisiblement contre lui. Il avait dû dégager leur position en partant, mais en le voyant grelotter et grimacer une fois revenu, Kanda s'était dépêché de se coucher à côté de lui et de le hisser contre son torse. Pour le moment, le gamin avait la tête contre sa poitrine, était entouré de son bras, et si Kanda n'aimait définitivement pas les positions câlins, il avait l'impression que c'était la moindre des choses pour ce qu'il avait fait. Il se rendait compte de ce qui s'était passé, ça prenait de plus en plus de poids.
Allen suppliant, Allen disant qu'il ne voulait pas être soulagé, qu'il voulait que ça passe seul. Kanda n'avait pas voulu l'entendre. Il avait insisté jusqu'à le convaincre.
Bien sûr, une part de lui savait qu'il l'avait fait pour de bonnes raisons : les phéromones s'agglutinaient dans l'air, le rendaient fou. Il allait perdre le contrôle si Moyashi ne faisait rien, et comme il était l'alpha, que Moyashi était son lié, il l'avait fait pour lui. En plus, en se mettant à la place du gamin… Il réagissait comme lui lors de ses ruts. Se branler était nécessaire en étant si fortement excité, sinon ça ne passait pas. Ça pouvait bel et bien rendre fou. Kanda en savait quelque chose. Lors de sa première période de rut, il avait détesté perdre le contrôle de son corps et n'avait pas voulu se masturber. Il avait refusé d'obéir à ses hormones. En conséquence, il était vite devenu frustré, ça avait été ingérable, réellement douloureux. Il avait dû céder en étant plus qu'irrité, sans quoi, il savait qu'il ne l'aurait pas supporté. Le pire, c'est qu'il n'avait tenu qu'une journée. C'était fort, comme sensation. Il le savait pour l'avoir vécu. En ayant insisté pour prendre les choses en mains et convaincu Moyashi, il avait fait ce qu'il fallait.
Ça ne lui faisait pas plaisir de l'avoir branlé. Certainement pas. Il n'aurait jamais fait ça dans un autre contexte. Avoir appris qu'il devrait l'aider pour ça l'avait choqué, il n'était absolument pas d'accord, ça ne lui plaisait pas. Mais si c'était à ça qu'il avait agréé avec ses devoirs d'alpha… Merde, il ne pouvait pas reculer. Il savait que ça devait être horrible pour Moyashi pour l'avoir justement déjà vécu lui-même, bien que le cas du blandin soit pire. Imaginer ne pas pouvoir se soulager soi-même en étant tiraillé comme ça, devoir compter sur un autre et être incapable de le faire, physiquement… Kanda n'aurait pas supporté à sa place. Il savait que le gamin était fier. Il était maître de lui habituellement, et s'il perdait le contrôle lors de ses chaleurs, qu'il n'y pouvait apparemment rien, Kanda était, quelque part, soulagé qu'il reste lui-même jusqu'à présent : un gamin chiant, avec des discours et des idéaux gnangnan, qui savait ce qu'il voulait et était obstiné, même si ce n'était pas toujours dans le bon sens. Puis un putain de nabot con. Bon, il avait maintenant la larme facile et la susceptibilité aux aguets. Ça restait le putain de Moyashi. Un putain de Moyashi qui n'arrivait plus à cacher ses états d'âmes. Mais si Moyashi était définitivement détruit, après ça, si c'était de trop ?
Kanda était tout à fait à même de comprendre ce qu'il devait endurer en baissant sa garde devant lui. Leur relation n'étant pas des plus propices à ça, surtout de cette manière. Ils auraient pu être les meilleurs amis du monde qu'être réduit à ce point dans sa fierté devant un autre humiliait forcément. Kanda l'avait vu au summum de sa faiblesse, aujourd'hui. Il n'avait jamais autant pleuré, émis d'émotions négatives, et dit de choses flippantes qu'aujourd'hui. Ça pouvait se comprendre. Mais pour la énième fois, l'entendre dire qu'il voulait mourir, l'entendre douter de son statut d'homme, tant de choses inhabituelles… Le fait d'apprendre ce qu'il avait appris sur son corps en étant si perturbé, Kanda savait que s'il avait été un oméga, il y aurait aussi compris que dalle et n'aurait pas aimé. Au fond, ces détails n'étaient pas graves. Comme il était un alpha, il voyait en effet la situation avec plus de distance que le blandin. Moyashi avait de quoi être perturbé pour avoir saigné si abondamment et pour n'avoir pas pu retenir ses pulsions. Les réactions qui découlaient de ces perturbations, Kanda n'aimait pas. Ça n'était pas son Moyashi, celui à qui il était habitué. Il voulait que Moyashi redevienne celui à qui il avait envie de coller des baffes et celui qu'il voulait embrocher de Mugen. Pas qu'il soit ce gosse anéanti, bouffé de complexes et de remords.
C'était de sa faute, pour les remords. Il l'avait enfoncé, Kanda savait, et c'était lui qui s'en trimballait maintenant. Mais fallait le comprendre aussi, que quelqu'un dépende de lui comme ça, être obligé de se mettre en quatre pour un autre, accepter des contacts physiques, du dialogue, tout ce qu'il refusait avant… Ça ne faisait que quatre jours, merde. Au début, il avait fait des efforts surhumains, avait puisé dans son self-control pour honorer sa promesse et supporter Moyashi. Qu'on vienne pas lui dire qu'il faisait pas de son mieux. Le lien lui avait permis de refouler sa colère et sa conscience l'avait fait s'adapter. Il avait eu besoin de péter son câble un jour pour évacuer cette pression le jour où l'emprise du lien s'était affaiblie. Seulement, il l'avait mal évacuée. Kanda n'était pas doué pour gérer la colère, autant envers lui-même qu'envers les autres.
Toujours est-il que Moyashi avait de quoi être détruit. Le problème revenait.
C'était là où intervenait l'autre raisonnement de Kanda. Il l'avait molesté, si ce n'est carrément violé, mais il se faisait l'impression d'être trop lâche pour oser le penser clairement. Il en était persuadé. La part de lui qui était habituée à cette vision normalisée des rapports alphas/omégas lors des chaleurs, celle qui lui avait été inculquée par la connaissance de ses devoirs d'alpha envers un oméga, lui disait que ce n'était qu'une branlette. Ça les avait surpris tous les deux, ils avaient dû prendre une décision vite. Après tout, c'était sans conséquence. C'était à cause du lien. Kanda aurait aimé être en position de refuser, de peser le pour et le contre, avoir plus de temps pour ingérer l'idée avant d'appliquer ce qu'elle demandait. Il n'avait pas pu à cause des phéromones, c'était compréhensible. Il avait agi vite, sous l'impulsion. Il était lui et il réagissait vite. Moyashi avait dit oui. Il l'avait même remercié, et Kanda avait mis un point d'honneur à être doux. En soi témoin le putain de baiser qu'il lui avait administré sur le front. En vérité, il n'avait jamais connu ce genre de situations, alors c'était encore plus embarrassant et irritant pour lui, mais il avait su s'adapter. Il avait bien traité l'oméga, c'était l'important, il n'avait pas fait ça comme un sagouin. Seulement voilà, il avait fait peur à l'oméga. Il l'avait senti, et le gamin avait été perturbé. Comment être sûr qu'il ne regrettait pas d'avoir dit oui ? Comment être sûr qu'en croyant l'aider, sur le moment, il ne l'avait pas définitivement brisé ?
Comment être sûr qu'il avait vraiment dit oui, déjà ? Kanda s'en voulait, il aurait dû redemander. Il n'aurait pas dû s'arrêter à ce bête hochement de tête, aurait dû arrêter ses gestes quand Moyashi avait menacé de chialer. Mais ce n'était pas ce qu'il avait fait. Au nom de quoi, c'était normal que le lien leur impose ça ? Il se sentait forcé par le lien, lui aussi. Il ne s'apitoyait pas sur son propre sort, cela dit. Ce n'était pas lui qui s'était fait tripoter la bite en pleurant pour que ça n'arrive pas. Au nom de quoi, putain, avait-il eu le droit de dire à Moyashi qu'il devait se laisser faire parce que c'était le lien ? Kanda avait également été perturbé. Ses réactions stupides s'expliquaient ainsi. Personne ne réagissait bien en étant sous pression comme lui. Kanda s'en voulait tout de même à mort, littéralement. Parce que c'était plus qu'une réaction stupide. Il ne s'était pas contenté de le rabrouer vicieusement, de partir faire la gueule comme un gamin dans son coin en attendant de se calmer. Il l'avait touché, intimement. Il n'avait pas eu le droit de faire ça. Moyashi n'aurait jamais dû accepter s'il n'en avait pas envie de lui-même. Franchement, il n'en aurait jamais envie de lui-même, tout comme c'était le cas de Kanda. Ils n'étaient pas un couple.
Kanda ne savait pas comment ils feraient, pour la suite. Ça le rendait taré. Il ne supporterait jamais l'odeur d'un Allen excité comme ça bien longtemps, mais il ne supporterait plus de le forcer. Plus jamais. Seulement, c'était trop tard. Encore cette question qui tournait dans sa tête… Si Moyashi était définitivement détruit, après ça ? Kanda se foutait qu'il le haïsse, sincèrement. Mais que ce soit pour ça… Non. Kanda se foutait du sexe, il ne recherchait pas les interactions sociales, alors les interactions sexuelles, c'était du Chinois pour lui. Et encore, parce qu'il parlait Chinois avec Lenalee. Kanda n'avait pas le comportement d'un alpha violeur. Il se foutait des omégas. Se foutait de Moyashi. Il ne l'avait jamais reluqué, même en ayant appris qu'il était son oméga, il n'avait pas cherché à le considérer comme attirant ni quoique ce soit. Il savait que certains alphas avaient la réputation de profiter de leurs omégas, et il l'avait lu aussi dans les livres : les alphas pouvaient perdre le contrôle. Les viols lors des chaleurs étaient fréquents. C'était le danger qui guettait un oméga. Car les alphas avaient une réponse très agressive aux phéromones. Et les omégas, eux, étaient en position d'impuissance. C'était néanmoins perçu comme un incident fâcheux mais compréhensible par la société. Kanda, lui, était contre ça. Il avait toujours ressenti du mépris à l'idée que des hommes ne soient pas capables de contrôler leur foutues queues. Phéromones ou pas, fallait choisir au bout d'un moment entre être une bête ou être un homme. Personne ne pouvait être les deux.
Mais que venait-il de faire, comment venait-il de réagir ? Exactement comme ceux qu'il exécrait. Kanda bouillonnait intérieurement. Il avait trahi ses principes, et il en avait peu. Il en avait trahi deux très important, aujourd'hui. Entaché sa promesse envers Moyashi quant au fait de l'aider, et, en plus, il s'était comporté comme un détraqué sexuel. En agissant ainsi, il n'avait pas aidé Moyashi, mais lui. Ça faisait donc une double entorse à sa promesse. Dire qu'il avait demandé au gamin d'avoir confiance en lui. Kanda avait la sensation d'avoir la gerbe. Il se martelait de reproches, se martelait d'insultes et de pensées noires. Voilà donc ce qu'il était. Un monstre. Dire que Moyashi avait insisté pour qu'ils deviennent amis, pour qu'il soit à ses côtés. Il s'était jeté tout seul dans la gueule du loup. Kanda le savait, de toute façon, depuis ce qu'il avait fait à Alma, qu'il n'était pas une bonne personne. Il voyait maintenant jusqu'où ça allait…
Moyashi dormait encore. Kanda avait peur du moment où il ouvrirait les yeux. Il ne voulait pas lire de la peur dans son regard, de la colère. Ou pire, plus rien. Ce regard éteint, ce vide. Kanda en avait peur. Il ne voulait pas que ça soit à cause de lui. Il avait accepté d'être là pour aider Moyashi, pour, il s'en rendait compte et il l'avait déjà pensé, accomplir ce qu'il n'avait pas pu faire avec Alma avec lui. Inconsciemment, il cherchait à réparer ses actes, peut-être, en se disant que s'il venait en aide à l'oméga, il aurait fait une bonne action. Était-il réellement parti en quête de rédemption ? Possible, peut-être. Il pourrait la chercher longtemps, sa rédemption. Il irait brûler en enfer, si cette merde existait, et qui sait s'il ne pourrait pas prétendre à piquer le trône de Satan en personne. Allen avait eu raison : il était le pire. Il était un sous-homme. Il n'était même pas humain, quand il y réfléchissait. Corps artificiel, âme réincarnée, il était comme un jouet cassé, un jouet de l'Ordre. Au fond, c'était bien ce qu'ils avaient été, lui et Alma. Des jouets.
Kanda s'était d'ailleurs longuement demandé pourquoi, si les omégas avaient la réputation d'être si faible, s'ils avaient longtemps été considérés comme la lie de la race humaine, Alma était un oméga. Au fond, Kanda ne savait pas d'où il venait. Comme lui, il avait dû être le produit d'une réincarnation, peu importe qui il avait été dans son ancienne vie. Ils auraient pu réincarner son âme dans le corps d'un alpha, ou même d'un bêta, ou bien une bêta. Pourquoi un oméga ? Kanda se disait, avec un soupçon d'horreur, qu'ils avaient voulu qu'Alma soit un garçon, pour la force physique, mais aussi pour se lier à un alpha et leur servir une armée de bambins surhumains en se reproduisant une fois ses chaleurs arrivées. Ç'aurait bien été le genre de l'Ordre. Une organisation Sainte. Son cul, oui.
Tandis que ses pensées valdinguaient, Kanda se mettait à réaliser quelque chose. Peut-être que c'était de là, que venait l'instabilité tant contée des omégas. Allen allait parfaitement bien, avant d'être en chaleurs. Bon, il traversait une phase de dépression, mais c'était un gosse. Leur vie d'exorcistes était compliquée, ça se comprenait, rien de trop inquiétant. Si les omégas passaient tous par ce genre de choses, s'ils étaient tous obligés de tout abandonner à leurs alphas et n'avaient plus aucun contrôle… Les omégas étaient des êtres humains, comme tout le monde, il y avait de quoi laisser de lourdes séquelles. En prenant en compte les abus potentiels des alphas, c'était normal de finir esquinté, si ce n'est complètement fou. Ils étaient des hommes, en apercevant le sang, ça créait des traumatismes également. S'il ne jugeait toujours pas que c'était gravissime, il fallait compter en plus le complexe d'apprendre à quel point leur anatomie différait des autres hommes. Kanda n'avait sincèrement jamais entendu parler de ça, avant. Au fond, ce n'était pas si surprenant. Les omégas et les alphas étant rares, on ne connaissait pas tout sur eux. Surtout des on-dit, des rumeurs, et tout ne se colportait pas. Et encore, eux avaient fini par être au courant grâce à l'infirmière, érudite sur la question. Ne pas comprendre devait être encore plus déstabilisant.
Voilà pourquoi Kanda avait rassuré Moyashi sur ça. Il le voyait toujours comme un homme, il n'avait pas menti. Les omégas étaient des hommes, Kanda ne les prenait pas de haut. Ça aussi, il l'avait déjà pensé, mais Alma, qui était un oméga, méritait beaucoup plus de respect que lui. Kanda avait de plus en plus de respect pour Moyashi, même s'il ne l'aurait toujours pas admis, pour avoir supporté ça trois jours entiers. Il espérait que ce quatrième jour ne signerait pas la fin de sa santé mentale.
Kanda sentait que la sienne était aussi en péril. Il ne cessait de s'en vouloir, même en voyant le visage béat du gamin alors qu'il respirait son odeur et rougissait en l'enserrant d'un bras, endormi. Kanda l'aurait repoussé autrement, mais il n'en avait pas la force. Plus Moyashi dormait, plus c'était mieux. Inconscient, heureux, avec l'air si innocent. Il était enveloppé par son odeur, il se sentait sans doute très bien, et loin de la réalité. Kanda acceptait de le lui accorder. Il aurait aimé pouvoir faire de même, mais il ne méritait pas d'être apaisé. Il avait encore foiré, et pas qu'un peu.
Kanda se jugeait : il était impardonnable, cette fois.
Une heure plus tard, Allen s'éveilla, les pensées en vrac, le cerveau retourné. Évidemment, il était encore groggy et toujours sous le choc de ses crises de panique, ainsi que des récents événements. Il ne comprenait toujours pas comment la situation avait pu lui échapper – leur échapper – à ce point-là. Kanda qui se mettait en colère comme jamais contre lui. Kanda qui acceptait son amitié. Son corps qui le trahissait. Son statut d'oméga qui lui causait des désagréments nullement envisagés, dont celui de n'avoir plus aucun contrôle de lui-même… Allen n'aurait jamais cru que ça se passerait comme ça, que Kanda et lui devraient avoir ce genre de rapports, alors qu'ils ne le voulaient de toute évidence ni l'un ni l'autre. De ce qu'il avait réfléchi du potentiel futur, bien sûr, le blandin ne s'imaginait pas forcé par Kanda. Mais il imaginait plutôt que ses chaleurs lui feraient perdre le contrôle de lui-même, que l'alpha le perdrait à la suite, et qu'étant tous les deux soumis aux impulsions, ils n'arriveraient pas à résister, que ça se ferait sans qu'ils ne puissent y penser, et qu'il ne serait pas en état de lui résister.
Peut-être qu'au fond, il s'était placé dans une position passive qui ne lui ressemblait pas en sachant que ses désirs n'allaient pas dans cette direction et que les chaleurs risquaient de lui donner envie de rapports sexuels, il pensait qu'il véhiculerait cette envie comme une contagion et que l'alpha viendrait la concrétiser. Il n'avait pas réellement réfléchi au fait qu'il pourrait réellement le désirer sur le moment, et que l'incident viendrait de lui. Allen savait qu'il n'était pas innocent. Il se masturbait bien avant d'être en chaleurs, avait des pulsions sexuelles et pensait au sexe, mais il était un jeune adolescent, c'était naturel à son âge d'être curieux, de vouloir découvrir son corps, ou la sexualité en général. Peut-être que ça faisait plusieurs fois qu'il se chopait consciemment en train de mater Kanda. Mais il ne se serait jamais imaginé qu'il pourrait être en situation de forcer Kanda à ça… Or, ce qui venait d'arriver… Allen avait très peur de sa prochaine confrontation avec l'Asiatique. Il devait avoir des tonnes de reproches à lui faire, et il les savait mérités. À cause de lui, à cause de son incapacité à se prendre en charge, à cause de sa faiblesse, Kanda avait été obligé de faire ça à sa place. Allen se sentait coupable, et imaginait que Kanda devait vraiment être en colère, devait vraiment le détester. Peut-être même qu'il le dégoûtait. Sûrement. Toucher quelqu'un qui se comportait de manière si bestiale, qui se laissait complètement aller et n'avait aucune retenue sur son être, ça pouvait avoir un aspect repoussant.
Quand il pensait aux gémissements qu'il avait poussés, à ses manifestations de plaisir, la façon dont il s'était agité contre l'alpha lors de son extase et dont il avait apprécié ce qui se passait… Car ça avait été si agréable… Allen se sentait réellement repoussant en ce moment, comme dénué de toute vertu et redescendu à un comportement des plus primal. Il avait accepté la proposition de l'alpha, avait ressenti l'envie de s'abandonner à lui, l'envie qu'il le touche, et même plus… S'il avait eu peur, avait paniqué, avait souhaité mourir sous la honte d'être impuissant sur son propre corps, tout s'était bousculé en lui. Son esprit, les bribes de sa conscience s'accrochaient à son raisonnement, essayaient de lui faire prendre conscience de la situation, mais son corps et dans le fond de son âme… Tout réclamait Kanda. D'une manière si intime qu'Allen ne pouvait qu'en rougir furieusement. Pendant qu'il l'avait touché, quelque chose en lui avait voulu plus. Il avait eu les réactions corporelles qui allaient avec, et il était trop humilié pour les détailler de façon consciente. Ce qu'il savait, c'est que dans cet état, si Kanda décidait de faire plus que des caresses, d'aller plus loin, il ne pourrait certainement pas dire non. Ses désirs mettaient sa conscience en veille, seul le lien s'exprimait, son besoin de Kanda… son envie de Kanda.
Il s'était battu contre ça, était humilié et trouvait toujours injuste que le lien lui prenne sa capacité à se soulager, que seul son partenaire puisse le faire. Mais quelque part, comme il était en chaleurs, qu'il était dans la période dite idéale à la reproduction, ce n'était pas si étrange qu'il ne puisse être soulagé que par un partenaire et non seul. L'accepter était déroutant, et Allen n'y arrivait pas tellement. C'était trop tôt, tout s'était passé trop vite et il avait trop de choses à accepter d'un seul coup. Toutefois, il n'en voulait pas à Kanda pour ça. Aucunement. Il savait très bien que si l'alpha lui avait dit se contrôler, il avait dû être agressé par les phéromones, et il avait dû faire des efforts pour le préserver. Il comprenait aussi que Kanda se soit énervé. Allen avait été si indécis, si perdu et si empoté, qu'il avait fallu prendre une décision, et il s'agissait de Kanda. Ça devait certainement le stresser, et Allen voyait bien comment il réagissait à ça, plutôt mal, il fallait le dire… Il lui avait certes fait peur au début, il n'avait peut-être pas commencé à parlementer de la meilleure des façons, mais il ne l'avait pas violenté, et avait pris soin de lui demander confirmation avant d'entamer quoique ce soit. Maintenant qu'il savait l'effet qu'il avait sur lui, Allen était reconnaissant que Kanda ait su se contrôler, et qu'il ait su être si doux avec lui. Allen n'en revenait toujours pas, de toute sa douceur et sa prévenance. Il aurait pu bâcler l'affaire, être empressé, brutal, lui faire mal et ne pas se soucier de son plaisir. Ce n'était pas ce qu'il avait fait. Il l'avait touché avec soin, respect et le souci que ce soit agréable pour lui, Allen l'affirmait. Quelque part, ça le rassurait d'ailleurs. Si Kanda et lui venaient à le faire, il y avait des chances que l'alpha le traite correctement.
Allen voulait voir ce qui s'était produit comme un acte regrettable, trop impulsif, mais consenti car ils n'avaient pas le choix. Sauf qu'il savait que Kanda s'était une énième fois forcé pour lui, et qu'il n'avait absolument pas à se forcer à lui donner du plaisir de cette manière alors qu'il n'était pas son oméga, qu'il ne l'aimait pas et qu'ils ne s'aimaient pas. L'infirmière avait dit que c'était naturel, que c'était le lien, et Allen, bien que toujours indigné par ce fait, admettait qu'il y avait une certaine logique à ça, même si tordue et dégradante à la fois pour l'alpha et l'oméga, les chaleurs et les ruts avaient de toute manière un aspect dégradant, même si c'était totalement naturel, leurs corps fonctionnaient ainsi, tout avait toujours une face sombre, de toute façon. Ça ne changeait rien au fait qu'il ne voulait pas forcer Kanda à ça, qu'il ne voulait pas que Kanda se croit obligé de faire ça, et qu'il ne savait pas comment faire pour ses prochaines crises. Elle l'avait dit, que c'était important de ne pas s'obliger, mais ça sonnait si ironique avec le lien… Il préférait que Kanda ne se force pas encore, mais il ne savait pas s'il parviendrait à supporter ça longtemps, ni si ça pouvait réellement passer seul. Sûrement un temps, et ça revenait avec plus de violence, comme lors du déclenchement de sa toute première crise aujourd'hui.
Il ne mettrait plus Kanda dans cette situation désagréable, quoiqu'il arrive. Il espérait juste que le Japonais saurait lui pardonner, qu'il saurait accepter ses excuses, et qu'ils arriveraient à faire avec autant que possible. Ils auraient besoin d'en parler et d'établir certaines limites, tout comme l'infirmière l'avait dit, mais Allen n'avait pas envie d'ouvrir les yeux et de croiser la colère dans les yeux de Kanda. Il ne voulait pas qu'il lui en veuille. Certes, Kanda et lui venaient à peine d'agréer à être amis, et son petit test de confiance avait été réussi. Il pouvait s'appuyer sur Kanda. Ça ne changeait pas le fait qu'il était incertain par rapport à la suite de leurs rapports, par rapport à son comportement avec lui. Il avait fait preuve d'impudeur et s'était trop laissé aller, il comprenait que l'alpha ait fini par en avoir marre. Allen se disait qu'il devait, à partir de maintenant, mieux considérer les positions du Japonais et être moins exigeant. Il n'avait jamais voulu l'être, et s'était appliqué à faire des demandes lorsqu'il jugeait que c'était nécessaire, ou qu'il ne pouvait pas faire autrement. L'Anglais savait néanmoins que dans sa tendance à être un peu idéaliste, à vouloir que tout se passe au mieux, mais aussi à être irrité par l'asociabilité du kendoka, il avait peut-être tout de même un peu trop forcé les choses avec lui, certaines fois.
Pour son accusation de l'avoir vu se frotter joyeusement contre lui, notamment… Peut-être qu'à vouloir se sentir à l'aise pendant qu'ils échangeaient leurs odeurs, à se concentrer uniquement sur les phéromones et non sur sa culpabilité, Allen avait exagéré, en finissant par se conduire comme si c'était normal, alors que ça ne l'était absolument pas, il n'avait pas à réagir ainsi. C'était trop tard pour revenir sur cette mauvaise réaction, pour l'effacer, mais il pouvait corriger le tir en se rendant plus facile à vivre, en faisant attention à ne pas donner l'impression de profiter. Il s'en voulait de son comportement enfantin. Il avait beau vouloir être poli et attentionné, au fond, il restait toujours un sale gamin. Quand il pensait sérieusement à tous les efforts qu'il faisait faire au brun… Allen était, quelque part, content d'être parvenu à une sorte d'amitié avec lui, d'avoir initié un dialogue, mais à quel prix ? Il ne voulait pas que ce soit dans ces conditions. Allen l'avait réalisé en étant coincé avec Kanda, leur rivalité, le fait de se charrier et se lancer des attaques lui plaisait. Il considérait Kanda comme un camarade, peut-être même un peu plus, comme un ami mais pas tout à fait vu que ce dernier ne le voyait pas ainsi. Il les regrettait, leurs engueulades et leurs bagarres puériles, leur inimitié inoffensive.
Allen ne détestait définitivement pas Kanda. Il avait entraperçu des bons côtés chez lui, et Allen comprenait qu'il réagissait peut-être si méchamment pour se protéger. De quoi, pourquoi ? Mystère. Il avait probablement vécu de mauvaises choses, et s'il ne savait pas ce que c'était, Allen était triste que ça l'ait aussi renfermé, aussi brisé. Une part de lui le rendait curieux et voulait en savoir plus, sa part idéaliste aurait même aimé que ce soit réparable. Il ne voulait cependant pas en rajouter sur ses plaies en le forçant à des choses déplaisantes, ni en lui faisant porter le poids trop lourd de ses moindres exigences à cause de son état d'oméga en chaleurs, de ses besoins de contacts physiques et émotionnels. C'était non seulement pour lui, mais aussi pour l'alpha, qu'Allen devait se reprendre et devenir plus fort. Il devait arrêter de se reposer sur ses besoins et apprendre à se contrôler. Allen continuait, dans le même temps, à vouloir que Kanda s'ouvre à lui, pour sa curiosité et à cause de la situation, mais il ne voulait plus donner l'impression de forcer les choses, il ne voulait plus que ça se passe ainsi.
L'oméga avait pris une résolution, mais bien sûr, il était peu stable, ses émotions étaient encore fragiles. En cet instant, il sentait le corps de Kanda tout contre le sien, se savait contre lui, et sentait même son bras dans son dos. Un geste encore forcé, que Kanda s'obligeait à faire. Certes, ça l'aidait à être rassuré, c'était normal dans son état, et un tel geste n'était pas dramatique à côté de ce qui s'était produit. Mais justement, Allen se faisait l'impression d'avoir trop obligé Kanda, ça prenait un chemin abusif, ce n'était plus un geste innocent. Sentant une douleur aux tempes, il plissa les yeux et sa main se serra machinalement contre le flanc du brun. La main dans son dos renforça sa fermeté, de manière à le maintenir contre lui.
Kanda croyait qu'il dormait encore, sûrement. Et il agissait en automate, continuait de le traiter avec douceur alors qu'il l'avait rendu obligé de faire tout ça… Allen voulait tellement s'excuser, tellement libérer l'alpha de toutes ces obligations grotesques, mais il en avait besoin, et s'il avait proposé à Kanda de partir, le fait qu'il ait refusé pour sa promesse… Allen avait été touché, à nouveau, mais il ne voulait pas qu'il se rende prisonnier pour lui. Sa volonté inébranlable de respecter les promesses, sa douceur… Kanda devait forcément être une bonne personne, au fond. Un gentil connard. Et lui profitait amplement de sa gentillesse. Cette situation était si difficile, si compliquée… Allen aurait tellement aimé que ça se passe autrement. Malheureusement, ce n'était pas le cas.
Et il faudrait faire face.
Il ouvrit les yeux. Kanda avait le visage tourné vers lui. Il manqua d'avoir un sursaut. Leurs regards venaient de se croiser. Kanda semblait aussi perturbé que lui. Naturellement. Allen déglutit doucement, et ne sut comment parler, comment exprimer ses pensées. La seule chose qu'il put faire fut de prononcer le nom de l'alpha avec désarroi.
« Kanda… »
Il eut exactement le même écho.
« Moyashi… »
Allen n'eut pas le réflexe de crier pour défendre son prénom, cette fois. Le réflexe avait été un peu amoindri par sa panique, où il avait laissé Kanda l'appeler Moyashi, n'étant pas en état de crier contre l'alpha. Avec ce qui se passait, ça lui semblait malvenu de rager contre le surnom, bien qu'il ne lui plaisait pas. Puis, ce n'était pas pour ça qu'il lui parlait. Il voulait s'excuser. Mais il ne se sentait pas assez courageux pour ça actuellement. Alors, lâchement, il choisit de se ménager, son cœur était trop lourd de ses pensées coupables et le nœud dans son ventre trop gros. Il baissa les yeux, osa juste se soustraire à l'étreinte de l'alpha, qui le laissa faire en ayant tout de même un regard surpris, ignorant le regret qui prenait place en lui. Kanda se releva pour approcher un charriot de nourriture du lit, Allen regardant les plats sans nulle envie. Le kendoka s'exprima d'un ton plat :
« Je t'ai pris à bouffer. Tu veux que j'aille faire réchauffer les plats ? »
Il restait touché que l'alpha ait pensé à lui. En regardant par la fenêtre dehors, il faisait nuit, et il devinait que ça devait être froid. Il n'eut pas la force de sourire.
« Merci beaucoup, mais j'ai pas trop faim. »
Kanda marqua un temps d'arrêt, son visage se crispa sévèrement.
« Moyashi, tu devrais manger. J'vais faire réchauffer. »
Allen secoua la tête.
« Jerry doit plus être aux cuisines. Il est quelle heure ?
—J'sais pas, dix-onze heures, mais j'sais le faire tout seul. »
Le blandin soupira.
« Te gêne pas. Je vais manger un plat, tu pourras rapporter le reste. »
Kanda eut l'air de vouloir ouvrir la bouche pour insister, mais il serra les dents et garda son expression crispée. Il retourna s'allonger à ses côtés, et ne parla plus. Allen ne pouvait pas dire que l'attitude de Kanda ne le décontenançait pas. Il était comme d'habitude, en un sens, froid et neutre…Mais sa crispation ressemblait à de la tension, à de la colère. Allen croyait deviner qu'il était fâché contre lui et qu'il était sous le choc de ce qui s'était passé entre eux. C'était normal, et il avait de la chance que le Japonais n'explose pas à nouveau. En fait, il n'était pas vraiment rassuré quant à son calme. Chez Kanda, une telle docilité était visiblement mauvais présage. Dire qu'ils avaient à peine convenu d'être amis, et qu'ils faisaient encore un pas en arrière… Le blandin choisit un plat au hasard, et mangea lentement. C'était froid, mais pas mauvais pour autant, il s'en fichait, de toute façon. Finalement, il en mangea un deuxième, mais se refusa à en entamer un troisième. Tant pis. Il mangerait mieux les prochaines fois, si l'envie était là. Il ne ressentait que du vide, et ce vide, il n'avait aucune envie de le combler de quelques façons.
Il osa se retourner vers Kanda.
« J'ai fini. »
L'Asiatique se releva, Allen devinant son irritation de devoir faire des allers-retours pour lui, mais eut l'air indécis.
« T'es sûr que je rapporte les plateaux ? Tu bouffes plus, d'habitude. »
Allen ne méritait pas sa sollicitude, qu'il savait fausse, de toute façon. Pourquoi Kanda continuait à être prévenant avec lui alors qu'il venait de le contraindre à ça… ? Y penser lui donnait envie de rendre son maigre repas, alors il se contraignit à chasser ces interrogations.
« Je t'ai dit que j'avais pas faim, c'est pas grave. Tu peux y aller. »
Il avait envie de rajouter une excuse, mais il avait peur de l'intonation de voix avec laquelle elle sortirait, et de la porte que ça ouvrirait. Kanda lui jeta un regard étrange. Comme une confusion, de la colère, et autre chose. Allen comprit pour la colère, mais pas le reste. Le kendoka n'avait plus de veste à lui tendre, mais Allen s'en ficha. Après tout, il n'était pas un enfant qui avait besoin d'une sorte de 'doudou' pour avoir une présence à l'effigie de l'alpha. Il en avait marre de toutes ces idioties. Kanda claqua qu'il ferait vite. Allen ne répondit pas. Leurs paroles et leurs actes étaient rigides, ils ne savaient ni l'un ni l'autre comment réagir, Allen n'avait pas peur de sur-interpréter en faisant cette conclusion. Ni l'un ni l'autre ne semblait vouloir aborder le sujet de ce qui venait de se produire. Au fond, Allen commençait à en ressentir l'envie et le besoin, car il aurait imaginé que Kanda lui ferait des reproches et ne retiendrait pas sa colère.
Seulement, l'alpha ne disait rien. Lui se sentait trop mal, trop stupide, trop coupable pour initier cette conversation. Quelque part, il espérait qu'ils ne parleraient pas, ce soir, et qu'ils repousseraient tout au lendemain pour qu'ils puissent oublier. Allen avait tellement envie et besoin d'oublier, beaucoup plus que de demander un pardon qu'il savait qu'il n'aurait pas. Cette amitié, que Kanda avait certainement dû lui promettre en étant possédé par ses phéromones, peu importe ce qu'il disait, ou alors, et Allen ne savait pas ce qui était le pire, en croyant qu'il y était réellement obligé, n'irait pas loin. Il leur restait une semaine, une semaine à vivre comme ça…Comment le pourraient-ils ?
Allen s'était bordé jusqu'aux oreilles, et essayait en vain de fermer l'éclat dissipé de ses angoisses pour s'endormir. Le kendoka revint peu de temps après, Allen l'entendit à l'ouverture de la porte et sa fermeture peu de temps après. Il aurait voulu faire semblant de dormir, mais il avait eu le réflexe de se redresser. Kanda restait debout devant la porte, avec son expression de colère confuse, semblant attendre quelque chose, et Allen sentit son front se contracter légèrement, parce qu'il ne comprenait pas quoi. Afin de désamorcer la posture au bord de l'explosion du brun, il parla d'un ton qui se voulait dénuée d'émotion :
« Je pense dormir maintenant, Kanda. Tu peux lire, si tu n'es pas fatigué, toi. Bonne nuit. »
Il souhaitait une bonne nuit, mais se faisait la réflexion que c'était stupide. Comment passer une bonne nuit après ça ? Allen s'injuria intérieurement en rabattant les couvertures sur son corps, au summum de l'épuisement. Il entendit des pas, mais Kanda ne se recoucha pas à côté de lui. Il restait debout, à côté du lit, à le regarder avec ce regard si incompréhensible sur son visage.
« Écoute, Moyashi…Je crois qu'faut qu'on parle de ce qui s'est passé. »
Allen se contracta, et ferma instinctivement les yeux, comme pour fuir cette réalité et cette demande. Il aurait dû s'y attendre. Il s'y attendait, en vérité. Mais tout était si vif, si douloureux… Sa gorge était nouée.
« J'ai pas tellement envie, Kanda. »
Il ne voulait pas le supplier de laisser tomber, il espérait que sa voix inhabituellement froide dissuaderait le Japonais, mais c'était naïf de sa part.
« Putain ! »
L'exclamation le fit sursauter. Il fut contraint de se redresser, et de tourner son visage déphasé en direction de celui de l'alpha, qui semblait contorsionné sous la rage. Allen ne faiblit pas, bien qu'il sente son cœur trembler. Kanda allait encore se lâcher, et il l'avait bien mérité, de toute façon. La voix rauque, lourde de rage parvint à ses oreilles :
« Bordel de merde ! J'arrive pas à croire que je vais dire ça, mais je suis désolé. »
Allen écarquilla les yeux, sans comprendre. Kanda venait de… il venait de… s'excuser… auprès de lui ? Indifférent à son incompréhension, l'Asiatique poursuivait :
« Je sais que j'ai insisté pour t'aider alors que tu me disais non, et merde, j'ai jamais voulu que ça aille si loin. Les phéromones m'ont influencé, on a eu une journée de merde aujourd'hui, et je crois que j'ai pété mon câble à tous les niveaux. »
Allen ne comprenait toujours pas, ou au contraire trop bien. Kanda était en train de se blâmer pour ce qui s'était produit. Kanda croyait que c'était de sa faute. Son regret était palpable, et son trouble également. Allen n'avait jamais vu Kanda comme ça. Un tel dégoût dans sa voix, une telle haine… de sa personne. Allen ne comprit plus rien à Kanda.
« Moyashi, je suis pas ce genre d'alpha qui cherche à profiter d'un oméga. Je ferais rien qui ne t'aiderait pas. Je suis pas là pour te faire du mal. C'est pas pour ça que je suis venu te prendre, putain. »
Il éructait presque ses paroles, les crachait presque. Il était si contracté qu'Allen avait l'impression qu'il pourrait se briser comme un morceau de verre fissuré, semblait en colère, mais Allen savait très bien que cette colère n'était pas dirigée contre lui. Non, encore une fois, l'alpha s'en voulait, à lui-même.
« Alors si tu ne veux plus que je te soulage, je ne le ferai pas. Tu vas avoir du mal à supporter, tes odeurs seront plus fortes, mais je préfère ça que te toucher de force. »
Kanda le regardait dans les yeux, et Allen déglutit, les siens ronds. Il était surpris. Il aurait pensé que Kanda l'insulterait, qu'il lui mettrait tout sur le dos, et Allen était d'accord avec cette version des faits. Il avait l'impression d'être fautif. Il avait l'impression d'avoir contraint Kanda, de l'avoir pour ainsi dire violé. Même s'il était celui qui s'était fait toucher, avoir pris du plaisir grâce à lui mais contre le gré de l'alpha ressemblait foutrement à un viol, et il se rendait compte que son état d'oméga en chaleurs forçait Kanda à bien trop de choses pour que ce soit supportable par ce dernier. Il avait l'impression d'avoir profité de lui, d'avoir agi comme un petit oméga qui souhaitait profiter de sa condition. Il comprenait que Kanda soit en colère contre lui et le trouve insupportable avec tout ça. Savoir que Kanda avait eu le même chemin de pensée que lui, qu'il s'en voulait et qu'il avait l'impression d'avoir abusé de lui… D'une certaine manière, Allen se sentait rassuré. Ça sonnait si étrange et si hors propos, mais il était rassuré que Kanda ne lui en veuille pas.
En revanche, qu'il se blâme lui-même… L'Anglais n'avait pas besoin de sentir les émotions de l'alpha, comme lui le pouvait, pour comprendre que le remord était en train de bouffer Kanda en ce moment. Il ne reconnaissait plus Kanda, n'arrivait pas à croire qu'il percevait ce relent palpable de haine de soi chez lui, et il était choqué. Il comprit que son odeur émotionnelle y avait sûrement contribué. Allen allait mal, pour la énième fois, cette journée avait été merdique, comme l'avait stipulé Kanda, ils avaient tous deux souffert de tout ça. Mais il avait déjà compris qu'il devait se ressaisir et être plus fort, pas seulement pour lui, mais aussi pour Kanda. Bien sûr que l'alpha avait mal interprété ses émotions. Il sentait qu'elles étaient négatives, mais ça ne l'aidait aucunement à savoir ce qu'il pensait en détail s'il ne l'exprimait pas, surtout après quelque chose d'aussi déboussolant. Évidemment, en conséquence, il se sentait encore coupable de l'avoir inquiété.
Allen aurait pu se remettre à pleurer et se sentir anéanti devant cette situation qui se nouait en un épouvantable cauchemar pour chacun d'eux, où ils culpabilisaient et se laissaient dévorer par leurs fautes, parce que ça faisait trop. Mais il ne le fit pas. Il sut qu'il devait être, pour la première fois depuis que Kanda l'avait pris, celui qui remontait le moral de l'alpha. Il fallait l'aider à y voir plus clair. Il devait être fort et être assez maître de lui pour qu'ils puissent s'expliquer ensemble. Il ne pouvait plus fuir la confrontation, à ce stade, et il savait qu'il ne le fallait pas. Kanda en avait besoin, et il ne laisserait pas l'alpha se haïr pour une erreur qu'il n'avait pas commise.
Devant son long silence, ce dernier s'était crispé davantage. Il ne tarda pas à crier :
« Moyashi, merde, dis quelque chose ! »
Ce fut le signal. Allen parla, après une brève inspiration pour reprendre contenance :
« …Mon dieu, Kanda…Tu ne m'as pas touché de force. C'était mon choix. J'ai hoché la tête, je t'ai laissé faire, j'ai dit oui, et je t'ai même remercié. »
Il regardait le brun dans les yeux, à son tour, ceux de ce dernier s'écarquillant, comme lui il y a quelques instants. Le maudit continua :
« Ce n'est en rien ta faute, c'est moi qui suis en chaleurs et…
—Te fous pas de ma gueule, » le coupa Kanda. Il secouait la tête avec mépris. Pas qu'envers Allen, ce dernier sut le dire. « T'implorais ma pitié, et moi je me suis laissé emporter parce que je voulais que tes phéromones disparaissent. »
Allen durcit son regard. Il était sincèrement touché que Kanda ait de la considération pour son état, pour ses sentiments, et qu'il ait peur de l'avoir brusqué. Effectivement, sa crainte et sa passivité prêtaient peut-être à confusion. Mais il se sentait en colère. Il avait pris cette décision, il savait ce qu'il faisait, et Kanda n'avait pas le droit de le penser incapable de choisir.
« J'ai accepté, Kanda. Je suis pas débile, je savais que tu allais me toucher si j'acceptais, et j'ai accepté, j'ai fait mon choix. » Sa voix était aussi ferme qu'une interdiction. « Ne me le retire pas. »
Kanda serra les dents. Allen secoua la tête, se sentant trembler dans son être. Kanda avait eu raison : il devait expliquer ce qu'il pensait en détails, et il s'y conformerait. Pour certains aspects, ça ne lui plaisait pas, mais il ne pouvait pas faire autrement à ce stade. Il ne pouvait pas laisser d'ambiguïté pour que Kanda le comprenne.
« Je sais que je suis pathétique, et que j'ai craqué, mais justement…Je voulais que tu t'occupes de moi, peut-être pas comme ça, c'est sûr, et tu vas me mépriser de dire ça, mais je voulais que tu décides pour moi. »
Kanda eut les yeux ronds, à nouveau. Allen baissa les siens, s'appliquant à ne pas croiser le regard de l'alpha alors qu'il étalait courageusement ses sentiments les plus ridicules et les plus bas.
« C'est la première fois de ma vie que je veux qu'un autre me prenne en charge. » Il déglutit, reprenant : « Tu vois, c'est pour ce genre de trucs que je voulais qu'on soit amis, qu'on s'entende… Je ne savais pas que ça prendrait de telles proportions, mais je me doutais que ça nous serait utile. J'ai choisi de te laisser me toucher, j'ai eu confiance. Je n'ai peut-être pas eu d'autres choix, mais toi non plus. Franchement, si quelqu'un viole quelqu'un ici, c'est plutôt moi qui t'ai forcé… » Il refoula une montée de larmes insidieuses à ces mots crus. « Bon sang, je me dégoûte… je suis tellement désolé, Kanda, je voulais vraiment pas te forcer à tout ça. J'ai jamais voulu que ça soit comme ça. Je te demande pardon… »
Kanda serra les dents, ses lèvres se retroussant, et vint brutalement l'attraper par le col de son pyjama. Son front se colla au sien, brutalement. Allen serra les dents, il lui avait fait mal. Le Japonais était furieusement en colère. Comprendre qu'Allen se blâmait lui aussi ne lui plaisait pas.
« Dis pas de conneries, Moyashi ! Je me suis retenu de te frapper trois fois, je ne me retiendrais pas une quatrième ! T'es en chaleurs, putain, t'as rien fait ! Je sais que je suis ton alpha, que c'est normal dans ton état, alors arrête avec tes remords ! C'est moi qui ai cédé aux phéromones, moi qui n'ai pas su me contrôler, putain de merde ! »
En dépit de la rencontre fracassante de leurs fronts, Allen ne fut nullement intimidé par la colère de Kanda. Elle n'était pas réellement contre lui. Puis, arrêter avec ses remords, il était malin de lui dire ça sachant qu'il lui avait justement fait comprendre qu'il avait abusé de sa gentillesse ! Allen ne le comprenait pas, et c'était compliqué de raisonner une personne dont on ne comprenait justement pas le raisonnement. Il voyait cependant qu'il avait le moyen de se racheter en faisant comprendre à Kanda qu'il n'avait rien fait de mal en le touchant. Ce serait compliqué de le lui faire comprendre, mais Allen n'abandonnerait pas. Il était têtu, obstiné, c'était une qualité que ses chaleurs ne pourraient pas lui enlever. Il posa une main forte sur l'épaule de Kanda, sans pour autant essayer de le repousser, mais avec une emprise digne de ce nom.
« Kanda, arrête. J'ai dit oui. » Il était ferme. Il regarda l'alpha dans les yeux, ne pouvant s'empêcher d'exprimer sa consternation : « Dis, tu trouves que c'est normal que le lien fasse cet effet ? » L'emprise de Kanda faiblit, et il recula le haut de son corps, ses mains restant accrochées à son encolure. Il ne semblait pas comprendre. Allen développa son raisonnement. « Je sais que je suis en chaleurs, la période où je peux me… reproduire, alors c'est logique que je ne puisse être réellement apaisé que par un partenaire, et tu es ce partenaire… Mais tu trouves normal que ça soit une obligation ? Que ça m'y oblige et t'y oblige ? »
Kanda eut un instant d'hésitation dans le regard. Il soupira, à bout de nerfs.
« Moyashi…Le lien est une merde, on est d'accord sur ça. Mais putain de chiasse, tout à l'heure, tu n'avais pas à me laisser faire ça parce qu'on est liés. Je n'ai pas à le faire, tu n'avais pas à accepter, bordel ! » Il avait haussé la voix. « J'ai eu tort de te convaincre, j'ai agi sous les phéromones, et merde, je… »
Allen ne voulait pas l'entendre s'excuser. Pas encore. Kanda avait du mal avec les excuses, et Allen ne voulait pas qu'il fasse ça sans que ce soit justifié. Le coupant brutalement, il hurla :
« TU NE M'AS PAS TOUCHÉ DE FORCE ! »
Surpris, Kanda eut un mouvement de recul.
« Et oui, » s'écria Allen, « effectivement, toi non plus, tu n'as pas à me faire ça parce qu'on est liés ! » Il commençait à comprendre où se situait justement le problème. « Ce n'est pas que toi…,» il s'en rendait en effet compte, « Ou moi… qui… nous sommes concernés par ça tous les deux, bordel ! » Il jurait aussi. Mais c'était ça. Il raffermit sa voix. « On est liés, on est tous les deux concernés, on est là-dedans ensemble ! On doit décider ensemble et en être sûr tous les deux ! Alors ne dis pas que c'est ta faute ! »
Kanda secouait la tête. Il ne paraissait pas convaincu. Allen posa, cette fois-ci, ses deux mains sur ses épaules, se redressant pour mettre son visage à la hauteur du sien.
« Bon sang, Kanda, peut-être que tu as voulu agir à cause des phéromones, peut-être que tu as réagi précipitamment, mais ce n'était pas forcé de mon côté, j'ai dit oui. Tu es le seul à t'être forcé. C'est ça qui me pose problème. »
Kanda grogna, rageur, et se débattit, serrant davantage le col de son pyjama, qu'il ne lâchait pas lui aussi. Il le lui déchirerait, si ça continuait, et il lui lança un regard noir. Ils avaient l'air sur le point de se battre, à s'empoigner l'un l'autre comme ça.
« Putain, oui, je me suis peut-être forcé, mais je l'ai fait parce que je savais qu'il le fallait et à cause des phéromones. Ça m'a fait chier, mais je suis pas celui qui s'est fait tripoter, bordel ! »
Allen rougit à ces mots. Il ne laissa pas son embarras l'emporter. Il jura à nouveau :
« Putain, c'est pas assez clair, Bakanda ? J'en avais envie ! Je le voulais, merde ! »
L'alpha fut décontenancé. Allen se mordit la langue. Le tour de ses yeux le brûlait. Il était, quelque part, fâché que Kanda le mette en position de dire tout ça. Mais il n'avait plus le choix de reculer. Il adopta un ton plus léger, exprimant son repentir.
« Je suis sincèrement désolé, Kanda. Ça n'a rien à voir avec mes crises, ou peut-être, mais j'ai aussi ressenti le besoin que tu prennes soin de moi comme si j'étais ton oméga… » Il fallait avouer son trouble, maintenant. « Je ressens toujours ça, le besoin de m'appuyer sur toi, d'être protégé, et même de te protéger. » Il eut un rire amer et baissa les yeux. Il lâcha Kanda à ce moment-là, l'alpha le lâchant également. « Depuis qu'on est liés, en fait. C'est si déroutant… »
Kanda adoucit son expression, largement aussi perdu que lui. Allen eut du mal à en croire ses oreilles, mais la réponse lui parvint d'une voix hachée et confuse :
« Je sais ce que c'est. » Kanda eut un reniflement de colère. « Tu vas dire que je ne sais pas parce que je suis l'alpha, mais je sais. Je ressens aussi le besoin de te protéger et de m'occuper de toi comme si tu étais mon oméga. »
Allen comprit. C'était donc partagé. Contrairement aux apparences qui pouvaient être fort trompeuses, tout cela n'avait rien à voir avec une déclaration d'aucune sorte, ou peut-être si : celle de leur débâcle interne, la révélation de ce que le lien leur imposait chacun. Ils étaient arrivés à ce tournant où ils se devaient d'en parler, l'ayant gardé pour eux trop longtemps. Kanda cracha :
« C'est comme si quelque chose prenait le contrôle de mes réactions, comme si quelque chose forçait des sentiments en moi. Je hais ça. »
Allen n'en fut nullement vexé. Là-dessus, leurs véritables sentiments s'accordaient justement. Il parla avec la même colère :
« Je hais ça aussi. »
Kanda le regardait encore dans les yeux. Allen avait l'impression qu'il pourrait gagner la confrontation, pourrait convaincre l'autre, mais pas s'il n'insistait pas pour lui faire comprendre son point de vue.
« Tu vois, c'est bien le lien le coupable, c'est le lien qui nous viole. »
Cela dit, ça ne voulait pas dire qu'Allen se sentait, pour sa part, moins coupable de ce qui s'était produit. Seulement, il comprenait que dire qu'il s'en voulait semblait convaincre l'alpha de sa propre culpabilité, et Allen voulait détourner l'attention de l'alpha de ses sentiments coupables, pour mieux le convaincre de son innocence. Quelque part, ça l'aidait aussi à ne plus autant se blâmer. En ça, il était perdu. Il y avait la part de lui qui agréait pour dire qu'il avait autant le droit à cette innocence paradoxalement accordée par l'obligation du lien. Il y avait aussi l'autre, qui le jugeait sévèrement comme ayant plus de responsabilités là-dedans que l'alpha et refusait de le laisser s'en tirer avec ça. Kanda secouait encore la tête. Allen demanda :
« Dis, Kanda, est-ce que tu m'aurais touché si j'avais continué à supplier et à refuser ? »
Kanda sembla décontenancé. Allen avouait que sa question paraissait stupide. Ils ne pouvaient pas le savoir, du moins, à première vue. Mais Allen était persuadé que ça ne serait pas arrivé. L'attitude de Kanda le lui montrait, même sous les phéromones, même sous influence, il arrivait à rester suffisamment maître de lui pour rester lui-même, du moins le plus possible. Allen était sûr qu'il serait incapable de le forcer réellement. À défaut de lui hurler dessus, Kanda y réfléchit quand même.
« Je… »
Première fois qu'Allen le voyait chercher ses mots comme ça. Les poings de Kanda se serrèrent sur ses genoux. Il ne baissait pas les yeux devant lui, pas plus qu'Allen le faisait, et se reprit bien vite, recomposant sa façade :
« J'aurai continué à te gueuler dessus. Je me serai sûrement fâché, mais je ne sais pas ce que j'aurai fait. »
Allen eut un sourire.
« Tu vois. »
Kanda gueula :
« J'ai dit que j'peux pas savoir, Moyashi ! C'est pas comme ça que t'as réagi ! » Il serra ses poings davantage. « Je l'aurai peut-être fait. »
Une voix si blanche, si lourde. Allen hésita, et posa une main au-dessus de ses poings serrés. Kanda les recula, mais Allen n'en fut pas offusqué. Il plongeait dans son regard.
« Je sais que non. »
Cela ne calma pas Kanda. En quelques secondes, il l'empoignait à nouveau, collant encore son front au sien, le visage plissé par une colère exacerbée :
« Tch, t'en sais que dalle, Moyashi ! Affirme pas ça avec ton expression naïve, parce que ça me fout les nerfs ! Ça me donne des envies de meurtres. J'ai été un connard avec toi toute la journée, je t'ai envoyé chier, rabaissé, juste parce que j'étais énervé, et je recommencerai sûrement si tu m'énerves, et tu le sais. J'ai promis de ne plus partir et de m'occuper de toi, mais tu sais comment j'suis. »
Kanda avait mauvais caractère, Allen n'allait pas chercher à le nier, il était loin d'être une personne facile, mais pourtant…
« Je sais aussi que tu as des bons côtés. Tu refuses de les montrer et tu as l'air de les oublier, mais tu l'as dit : tu n'es pas ce genre d'alpha, tu n'es pas ce genre de personne. Tu ne m'aurais pas forcé. J'en suis persuadé. »
Kanda cria à nouveau :
« Tu ne sais rien de moi, putain ! » En ça, il avait raison. « Tu ne sais pas de quoi je suis capable. J'suis pas un ange. » Quelque chose dans son regard, une trace de remord brûlante, convainquit Allen qu'il se blâmait pour plus que ce qui venait d'arriver maintenant. Il aurait aimé savoir quoi. Il aurait tellement aimé comprendre Kanda. Le brun était pâle comme la mort. « J'ai accepté d'être ton ami le temps de tes chaleurs aujourd'hui, je ne reviendrai pas sur mes paroles, mais on a passé quatre foutus jours ensemble, tu ne peux pas me connaître et affirmer ça, Moyashi ! Tu sais rien de moi, bordel ! »
Allen fut encore surpris, surpris qu'il remette sur le tapis cette promesse en laquelle il ne croyait même pas, qu'il croyait influencée par les phéromones, mais Kanda avait l'air d'y croire, lui. Allen ne sut si ça le faisait se sentir encore plus coupable de savoir que son hypothèse selon laquelle Kanda se pensait obligé d'être ami avec lui pour ses chaleurs pour ne pas le contrarier était confirmée, car ça ne ressemblait absolument pas à Kanda et il ne voulait pas forcer des réactions contraires à son caractère chez lui, ou si, égoïstement, ça le rendait heureux. Il choisit de secouer la tête et de ne pas s'attarder sur ça. Ce n'était pas le problème. Kanda était visiblement démoralisé, comme jamais Allen ne l'avait vu, et il voulait lui remonter le moral, même si c'était réellement difficile.
« Je sais que je ne sais rien de toi, mais ça, j'en suis intimement persuadé. Tu l'as dit, ce n'est pas comme ça qu'on a réagi, alors on ne peut pas savoir. De toute façon, tu n'as rien fait de mal. Tu sais, Kanda, on est pas obligés d'être amis, j'ai réfléchi, et c'est pas ton genre d'accepter des choses pour que tout aille bien. Je veux pas d'une amitié comme ça, et toi non plus. Ça me suffit si je peux compter sur toi en cas de besoin, et je vais essayer de ne pas en abuser. Mais le fait que tu en sois venu à vouloir faire ça…Tu n'es pas mauvais, ne réagis pas comme ça. Je ne t'en veux pas. Au contraire. Alors on va faire comme s'il ne s'était rien passé, et arrêter de s'en vouloir, parce que j'ai l'impression que ça ne sert à rien. »
Kanda secoua la tête. Il le relâcha avec violence. Il était toujours en colère, mais semblait essayer de se calmer.
« M'oblige pas à le redire. J'ai promis, Moyashi. C'est juste le temps de tes chaleurs, et ça changera rien, t'façon. Si j'ai promis, c'est parce que je me suis rendu compte que t'avais raison. Je le dirai pas deux fois, ça aussi. Faut qu'on s'entende le temps que cette merde passe, parce que ça nous change, mais ça nous engage à rien pour après, et c'est seulement pour ça que j'accepte. T'inquiète pas, ça veut pas dire que je vais devenir sympa avec toi pour autant. J'suis pas un bon ami, je te l'ai déjà dit. »
Allen déglutit avec peine.
« Je suis content que nos pensées se rejoignent sur ça, mais tu n'as vraiment pas à te forcer à t'entendre avec moi, tant qu'on ne s'entretue pas, on peut faire sans…
—Moyashi, arrête, tu l'as dit toi-même, avec tout ce que le lien nous fait faire, c'est mieux. J'sais qu'on en a aucune envie ni l'un ni l'autre, et même si je me suis énervé aujourd'hui parce que j'en avais marre, je sais que t'es aussi dans la merde que moi. Me force pas à être celui qu'insiste pour qu'on s'entende bien, sinon je vais me fâcher, et arrête de dire des conneries. »
La menace dans sa voix était sourde, mais pourtant très audible, il en avait marre du chemin que prenait la discussion. Pour éviter une bagarre, Allen ravala ses protestations. Kanda avait justement dit qu'il en avait marre de tout ce à quoi il était forcé, et Allen ne pouvait que le comprendre. Il se disait que de toute façon, il n'aurait qu'à contrôler ses agissements pour laisser du répit à Kanda, et ainsi faire son possible pour ne plus le déranger. Il pensait que Kanda était quand même généreux de ne pas se rétracter alors qu'il lui en offrait l'opportunité. Il déglutit.
« En tout cas, même si je suis silencieux et que je ne mange pas, ne t'inquiète pas pour moi. Je ne t'en veux pas. J'ai besoin de penser, d'encaisser, j'imagine que tu comprends pourquoi, mais je te suis reconnaissant. Je ne t'ai pas remercié automatiquement, mais parce que je le pense. Alors sois tranquille. »
Kanda serrait toujours les dents. Allen lui fit un sourire, essayant de mimer une posture décontractée en se grattant l'arrière du crâne, alors que tout son sang tremblait dans ses veines.
« Tu dois être content d'avoir la paix, non ? Tu n'aimes pas que je t'embête avec mes conversations, je sais que je t'ennuie et que tu me vois comme un mec chiant. »
Kanda ne réagit pas. Il avait pris de la distance par rapport à lui et serrait toujours les poings. Allen essaya encore d'initier un contact avec lui, dans le but de le conforter, en posant à nouveau ses mains au-dessus des siennes.
« Kanda, tu n'as rien fait de mal. Arrête de te blâmer. »
Le Japonais ne réagissait toujours pas, il le repoussa, trop fier pour accepter d'être physiquement réconforté, mais Allen recommença. Il ne voulait pas faire quelque chose que Kanda ne voulait pas aussi, mais il tenait à le réconforter, et il ne savait pas quoi faire d'autre.
« Tu n'as rien fait de mal. »
Il insistait. Kanda finit par soupirer, après avoir brièvement fermé les yeux, comme exaspéré. Il repoussa encore ses mains, mais le regarda avec un visage plus neutre, plus cet air totalement détruit. Allen vit que la tempête était passée, et il était rassuré. Il avait réussi à réconforter Kanda. Peut-être pas entièrement. C'était difficile de savoir ce qu'il pensait. Mais il avait cessé d'avoir le visage d'un accusé coupable au parloir.
« J'veux qu'on établisse juste quelques limites, comme l'infirmière a dit. Fini les conneries. J'ai compris que tant je devais t'aider et que tant que t'étais en chaleurs, tu devais passer avant. » Ces mots serrèrent le cœur d'Allen. « Je ferai ce qu'il faut. Pour tes prochaines crises, je veux pas que tu acceptes juste parce qu'il le faut, et je n'insisterai pas si tu veux pas. Faut que tu dises clairement ce que tu veux, Moyashi. »
Allen déglutit. Kanda lui laissait le choix. C'était bien normal qu'il soit celui qui ait la décision, il s'agissait de son corps, et non de celui du kendoka. Il était reconnaissant que Kanda prenne tout cela en compte, la plupart des alphas s'appropriaient facilement tous droits sur un oméga. La nature semblait les conforter dans l'idée qu'ils les possédaient, avec le peu de contrôle que le lien et les chaleurs leur accordaient d'eux-mêmes. C'était si horrible... Allen n'arrivait pas à réfléchir, c'était beaucoup trop tôt et trop difficile pour lui, mais il devait se forcer à le faire et ne pas fuir. À cause de ses chaleurs, il n'était plus un enfant à partir de maintenant, et ce n'était pas en repoussant ce qui n'allait pas qu'il aurait du repos, il commençait à le comprendre.
« Kanda… Je t'avoue que je ne sais toujours pas quoi faire. »
Le brun le regarda, mais ne réagit pas. Allen continua :
« Je veux essayer de me soulager seul. Je préférerai ne pas te forcer à le faire, mais si les phéromones te font cet effet et me le font à moi aussi, je… » Il n'osait pas regarder Kanda. « Je suppose qu'on verra, et si je peux vraiment pas faire passer la crise, s'il n'y vraiment pas le choix, je suppose que je te demanderai de l'aide. » Kanda ne réagissait toujours pas, et Allen eut du mal à avaler sa salive. « Seulement si tu acceptes, mais je ne veux vraiment pas que tu t'y forces, alors tu es libre de refuser, et je t'en prie, ne te force pas. Si tu ne veux pas, je ne veux pas non plus. Mais en tout cas, ne te sens pas coupable. Je me sens vraiment apaisé maintenant, et j'ai confiance en toi. »
C'était vrai. Allen avait eu confiance en Kanda tout à l'heure, et il avait toujours confiance en Kanda. Comme le kendoka serrait encore les dents et semblait peiner à croire son affirmation, Allen rougit en pensant à ce qu'il allait dire. Mais s'il fallait ça pour le réconforter et dédramatiser ce qui venait d'arriver, alors c'était son argument de dernier recours…
« Tu… Tu as vraiment été très doux avec moi, Kanda. Je suis sincère quand je dis ça. »
Kanda eut un mouvement de recul, et Allen jura qu'il s'empourprait.
« Tch. T'fais pas d'idées, foutu Moyashi, j'allais juste pas te brutaliser. »
Son ton était froid, désagréable, mais au moins, il n'y avait plus de culpabilité. Allen rougissait encore, mais eut un sourire. Son argument avait marché.
« Je me fais aucune idée, mais je suis content que tu aies su être doux, c'est tout, tu as fait au mieux et tu m'as aidé à me calmer. Alors merci. »
Cette fois, Kanda était obligé de considérer ses paroles. Il soupira.
« Très bien. Tu veux que je dorme avec toi ? »
Allen sentit à nouveau son cœur se serrer.
« Tu n'es pas obligé, Kanda… Je ne veux pas t'obliger. »
Le brun grogna.
« Moyashi, arrête. Tu veux, oui ou merde ? »
À son tour, le blandin soupira. Il n'était plus en état de se battre ce soir, et il voulait dormir. Il ne voulait pas s'endormir seul, et se savait pire qu'un enfant pour cette réaction immature.
« Je veux... »
Il souffla anxieusement. Le brun se changea rapidement et se coucha à ses côtés, la chambre fut plongée dans l'obscurité, mais Allen voyait bien que Kanda était encore tendu. Il voulut le rassurer :
« Kanda, ne sois pas si crispé. Tout va bien.
—J'sais, c'est bon. Moi aussi j'ai besoin d'encaisser, merde. »
Allen ne lui en tenait pas rigueur. Il le comprenait même tout à fait.
« Bonne nuit.
—Tu te colles pas ? »
La proposition était alléchante, et après cette journée lourde en rebondissement, interminable en discussions et disputes, Allen voulait le confort émotionnel et physique d'une étreinte. Seulement, c'était toujours le même problème, il voulait avoir suffisamment de retenue pour ne pas le faire et ne pas taper sur les nerfs de Kanda. Ce n'était pas naturel entre eux. Il ne voulait plus obéir au lien et aux chaleurs.
« Je te l'ai dit, je veux plus t'obliger à faire ce genre de choses. Tu es à côté, c'est suffisant. Bonne nuit. »
Le brun gronda :
« Tu pues. Ramène-toi. »
Allen sentit ses entrailles se nouer. La voix n'était pas aimable, pas douce. Mais merde, il l'appelait et acceptait l'idée de son étreinte. Allen était déchiré intérieurement entre son désir de ne pas envahir l'autre et celui d'avoir son confort.
« Kanda, non…
—Moyashi, je suis ton alpha. Je sais que je dois le faire. »
Allen avait de plus en plus de mal à ne pas pleurer. Il ne voulait justement pas que Kanda le fasse par devoir.
« J'ai compris que te contraindre à ça sous prétexte de mes chaleurs et du lien était exagéré. Même si c'est l'usage, entre nous, ce n'est pas comme ça et ça ne doit pas l'être. Je comprends que tu aies fini par être énervé et je ne veux pas que tu continues à faire des choses comme ça.
—Putain ! » L'exclamation de Kanda le tendit de la tête aux pieds. « Pas d'excuses, pas ce soir, Moyashi. On en reparlera demain. Je veux dormir, moi aussi, alors viens-là, fais pas chier. »
Allen se tourna vers Kanda, mais ne s'avança pas pour autant. Il voulait distinguer son visage pour expliquer ses réactions.
« Mais, Kanda, je ne veux pas que tu…
—Ça suffit. »
Sec, impérieux. Il en avait marre. Bien sûr, l'Anglais avait conscience du fait qu'en s'excusant et en palabrant, il énervait largement Kanda, et n'accomplissait pas sa résolution. Mais il ne voulait plus de tout ça…Il était à bout de nerfs, essayait de s'accrocher à cette conviction, à ce fait de savoir que trop compter sur Kanda épuisait ce dernier et que se servir de ce fait allait le contraindre lui-même à se contenir. Il essayait de se manipuler, en quelque sorte, pour garder à l'esprit que s'il se laissait aller, il ferait quelque chose de mal pour Kanda, et pour ne plus le faire. Mais si ce dernier le lui refusait, ne le laissait pas se convaincre qu'il devait se contenir, comment pourrait-il ne pas s'effondrer encore sur lui en étant si éreinté, si rien ne l'en dissuadait ?
« Tu pues vraiment, Moyashi. Qu'est-ce que j'arrête pas de te dire, bon dieu ? Arrête de nier tes sentiments. T'es con ou quoi ? »
Le choc de ces paroles se répercuta en Allen, il le ressentit dans chaque part de son être. Nier ses sentiments. C'était sa seule manière d'être fort. Depuis la mort de Mana, ça l'avait toujours été. Kanda ne pouvait pas le lui enlever. L'épéiste souffla :
« J'ai envie de te tuer quand t'agis comme ça, putain. T'es pas bien, alors arrête de faire le con, et viens dans mes bras. »
Ça sonnait si ironique, et dans une autre bouche, cette phrase aurait semblé réconfortante, voire câline. Pas chez Kanda. Bien sûr que non. Mais Allen éclata quand même en sanglots à ce moment-là, l'alpha l'attirant à lui sans qu'il ne se débatte, et lui enfouissant la tête dans sa poitrine. Allen fut enveloppé de l'odeur de l'alpha, ressentit le plaisir et bien-être du cocon de sa senteur florale, les larmes s'accroissant en un ruissellement, longue coulure, sur son visage.
« Pourquoi tu ne veux pas me laisser être fort ? »
Il avait l'air si pathétique. Kanda se tendit contre lui. Il marqua un temps d'arrêt. Allen devina qu'il réfléchissait à ses mots, et il sembla enfin comprendre.
« C'est pas ça, Moyashi. C'est pas te rendre plus faible d'accepter ce dont tu as besoin. C'est en te forçant à souffrir que tu te rendras faible. Je te l'ai dit, à partir de maintenant, tant que t'es en chaleurs, je m'en fous de ça. »
Allen secoua la tête contre Kanda, ces mots censés l'apaiser faisaient si mal. Mais Kanda le maintenait toujours si fermement contre lui, avec une sorte de douceur brusque qui le caractérisait, et il était si bon avec lui… Allen ne pouvait qu'être reconnaissant, et se blâmer davantage.
« Kanda…Tu ne devrais pas t'emprisonner dans une promesse sordide. »
La situation était sordide, il fallait l'admettre. Kanda nia.
« Je m'emprisonne pas. C'est pour tes chaleurs, et c'est qu'un foutu câlin. »
Allen se permit de se détendre. Il n'en pouvait plus, et s'il se laissait encore dévorer par l'angoisse, il allait exploser, son esprit allait rendre l'âme. Il prit un souffle, long, et expira aussi fortement.
« Merci pour tout ce que tu fais, Kanda. Tu es vraiment quelqu'un de bien, en vrai, tu sais... »
Le Japonais se contracta, mais ne brisa pas leur étreinte pour autant.
Allen arrêta de penser, fit de son mieux pour du moins, et ferma les yeux, prêt à se laisser sombrer. L'odeur de Kanda éveillait des petits picotements chez lui, il avait peur que ça se transforme en crise, mais il savait que ça ne serait pas le cas. Il était actuellement trop bouleversé pour ça. Et ce serait mieux. Après tout ça, lui et Kanda n'avaient pas besoin d'être confrontés à une deuxième crise si tôt. Il se concentra sur la chaleur de Kanda, la senteur de Kanda, et alors qu'il se faisait l'effet d'être encore en train de céder à ses instincts d'oméga, il choisit délibérément de suivre le conseil de Kanda. De ne plus nier ses sentiments, de ne plus se prendre la tête, et de s'endormir. Avec tout ça, Allen savait maintenant qu'il pouvait avoir pleinement confiance en Kanda.
Kanda l'avait réconforté et lui avait prouvé qu'il était digne de sa bonne foi. Petit à petit, il ferait de son mieux pour s'affranchir des sentiments avilissants dus à son statut d'oméga en chaleurs, et respecterait le confort de l'alpha. Mais, dorénavant, il décida d'accepter que Kanda l'aide tant qu'il n'empiétait pas sur ses limites.
La seule chose dont il était sûr, c'est que Kanda serait peut-être son alpha pour ses chaleurs comme il ne pouvait pas faire autrement, mais il serait le dernier. Il ne voulait plus jamais se montrer si démuni devant qui que ce soit à part Kanda, vu qu'il n'avait pas le choix.
À suivre...
Toute petite note cette fois-ci parce que je n'ai pas grand-chose à ajouter, surtout que le chap est bien long. J'ai poursuivi dans la lignée du dernier chap, avec la satire de la culture du viol, les peurs des personnages et leurs appréhensions. Surtout pour Allen, qui est vraiment traumatisé par ses chaleurs et refuse d'arrêter de se blâmer alors qu'il est victime, même si Kanda l'est aussi pas mal. De nouveau, j'ai pas mal jouer sur la notion de self-hatred pour son personnage, avec le fait qu'il s'en veuille depuis ce qui s'est passé avec Alma.
(Et ne vous méprenez pas avec le paragraphe final, quand Allen pense qu'il veut que Kanda soit son dernier, ce n'est pas qu'il en tombe amoureux, mais qu'il est tellement dégoûté qu'il n'a actuellement pas envie de tenter quoique ce soit après. C'est plus angsty que fluffy.)
Beaucoup de moments forts entre eux dans ce chapitre assez lourd, n'hésitez pas à laisser une petite review pour réagir à ça, je tiens à savoir ce que vous en avez pensé :)).
Bon... Finalement, j'ai décidé que pour clore la série "Bad Blood" je posterai le prochain, qui est une nuit de transition, la semaine prochaine. Je prendrai un décalage pour le chapitre 20, et ça tombe bien parce que j'ai beaucoup de boulot à la fac à boucler pour cette période-là haha.
Il y aura un extrait du chapitre à venir sur la page facebook demain après-midi, pour ceux qui veulent voir ;3. Et je prévois un texte spécial pour Halloween, petit OS ou drabble, je ne sais pas encore tout à fait :).
Merci d'avoir lu ! :3
