Hello !
Alors j'avoue qu'au début j'avais un peu flippé et eu les boules parce qu'en comparaison du 17 où vous étiez 8 à commenter et où vous aviez vraiment bien réagi, les premiers soirs de la publication du 18 je prenais des vues à fond (240 le soir-même) mais les commentaires ne venaient pas, ce qui m'avait assez démoralisée ne sachant pas du tout si ça ne vous avait pas plu ou quoi x)). Je sais pas si c'est l'effet des vacances dans certaines régions du coup xDD. Même si la fic a dépassé les 100 reviews, ce qui me fait plaisir :), il y a quand même eu moins de personnes qui ont réagi sur le chap 18, 4, donc la moitié x), et si je comprends que tout le monde ne réagisse pas en masse tout le temps, je vois quand même grâce aux montées de coms et des followers qu'il y a du monde, sans parler encore des vues ^^". J'avoue donc que je reste avec le fait que je suis déçue parce que j'aurai aimé vous voir réagir davantage, car je pense que le chapitre avait de quoi faire réagir, avec les problèmes de consentement et leur façon d'interagir ensemble. J'y avais mis beaucoup de soin et j'aurai vraiment aimé que parmi les lecteurs qui ont lu en masse vous soyez plus à vous manifester ^^". Il était très important niveau caractérisation et marquait vraiment un tournant, c'est carrément l'un des chapitres les plus important de l'histoire à mes yeux donc bon x). Vraiment, n'oubliez pas de réagir quand il se passe des choses importantes, je prends aussi de mon temps en partageant avec vous et c'est plus sympa pour mon boulot :/.
Pour ce chapitre, j'appelais ça une "nuit de transition" parce que ça se passe la nuit, ce n'est pas un autre jour. Donc ça suit, rassurez-vous ^^.
Edit : 01/07/18 : Merci à Ookami97 pour la correction !
Je vous souhaite une bonne lecture !
Réponse anonyme :
Deydeykagamine : Hey ! C'est pas grave t'inquiète merci d'être revenue déposé ton avis du coup :)). Je suis super contente si mon chap t'a émue, j'avais vraiment bossé dessus donc ça fait plaisir ^^. Haha je compte pas partir dans le même genre de dark que Killing Stalking quand même, ne t'en fais pas XDD. Ah, je crois qu'on ne s'était pas compris sur les clichés, je parlais des clichés dans les fics yaois globales pas simplement les omégaverses. Ce n'est pas que dans les omégaverses qu'on trouve des clichés avec les persos mal gérés x)). Même si oui, tout n'est pas à jeter dans les clichés et des fois des auteurs s'en démerdent bien ^^. Sinon pour le chapitre, yep, tu as tout à fait cerné ce que je voulais faire passer. Pour la romance, ça risque d'être difficile en effet, mais tu verras bien encore comment ça va évoluer. Merci pour ton avis :D !
Allen était enveloppé par l'étreinte de Kanda lorsqu'il ouvrit les yeux. L'Asiatique dormait à poings fermés, et lui devinait qu'il s'était réveillé en plein milieu de la nuit. Son bref sommeil avait été reposant et agréable, mais il était toujours trop épuisé pour dormir paisiblement. Il n'aurait pas dû le faire, mais après quelques minutes de pensées floues et imprécises, il se remit à réfléchir, la fatigue le rendant morose, prompt à ressasser l'angoisse. Il demeurait chamboulé, aux prises avec son désir de lutter contre ses instincts, et sa crainte que ses chaleurs ne le fassent mal se conduire avec l'alpha. Difficilement, Allen essaya de faire taire sa culpabilité. Ce n'était pas constructif et ne lui serait d'aucun secours, il le savait. D'autant que Kanda l'avait encore accepté, tout à l'heure. Allen l'avait remercié et le considérait réellement comme une bonne personne. Il aurait pu saisir ces occasions pour raffermir ses griefs et lui interdire tout ce qu'il se forçait à lui passer. Ce n'était pas ce qu'il avait fait. Kanda avait été étonnamment compréhensif et soucieux de lui. Il en était de même pour cette promesse d'entente amicale qu'il aurait pu envoyer au diable, il s'y tenait toujours. Deux fois, Allen lui avait proposé de changer d'avis. Deux fois, Kanda ne l'avait pas fait.
Par rapport à ça, les mêmes sentiments qu'il y a quelques heures plus tôt l'habitaient. Allen était rassuré, en quelque sorte, que Kanda lui ai promis deux fois d'être là. Mais ses craintes étaient encore là, elles aussi. Il aurait aimé dire que ça s'arrêtait là, Kanda avait dit qu'il était là, c'était bien, point. Ce n'était pas le cas. Allen allait tenter d'avoir confiance en Kanda pour ne plus retourner sa veste, et choisissait de se reposer sur cette idée-là tant qu'il le pouvait. Seulement, il était terrifié qu'il ne change d'avis, qu'un de ses actes vienne ébranler les décisions du Japonais. Allen s'en était rendu compte, Kanda réagissait violemment et repoussait lorsqu'il avait l'impression qu'il essayait d'établir une proximité réelle avec lui, ou lorsqu'il croyait qu'Allen pensait lui-même être proche. L'idée même de nouer une réelle amitié avec une personne semblait le faire bondir. Allen ne comprenait pas pourquoi. Mais ça lui faisait peur. Comment s'entendre avec quelqu'un s'il savait qu'il n'avait aucun droit de s'attacher et aucun droit de prendre cette entente au sérieux, ni de la juger agréable ?
C'était toujours irrémédiablement compliqué, mais se flageller de pensées à ce propos n'allait pas l'aider non plus. Il devait se concentrer sur le positif, cette entente avec Kanda leur faciliterait la vie, il avait été obligé de se battre pour, et quant au reste, ils se débrouilleraient bien. Il l'avait déjà décidé, de toute façon, qu'il ferait attention à ne pas brusquer Kanda et essaierait de résister autant que possible à ses instincts. Il pourrait y arriver, peut-être pas tout de suite, mais Allen savait qu'il devrait le faire, il n'avait pas le choix. S'il ne voulait pas se laisser détruire par ses chaleurs, se laisser abattre…Il le devait, il le fallait. Ne pas s'arrêter, ne pas stagner, ne pas s'effondrer. Ce ne serait pas pour aujourd'hui. Pas encore. Pas comme ça. Il devait avancer !
Allen avait honte d'avoir plusieurs fois pensé qu'il voulait mourir, de s'être senti sur le point d'abandonner. Il avait des tonnes de raisons d'en arriver là, de vouloir tout arrêter, et toutes étaient plus importantes, plus existentielles que ces maudites chaleurs. Bien sûr, Allen était encore jeune, il était un adolescent, ce genre d'épreuves fragilisait un être, et il avait encore des choses à découvrir puis à apprendre pour devenir complètement adulte.
Honteusement, Allen profita de l'endormissement de Kanda, et de ce qu'il espérait être l'un de ses derniers instants de faiblesse, pour se blottir davantage contre l'épéiste, et respirer à nouveau son odeur, afin de chasser les idées noires et traîtresses. Lui-même était si fatigué. Kanda semblait bien endormi. Allen regarda son visage, éclairé faiblement par la lumière de la lune, une énième fois frappé par le fait qu'il était beau. Ses traits harmonieux, fins, mais bel et bien virils… Dire qu'à sa place, beaucoup d'omégas auraient été fiers et se seraient réjouis d'être liés à un alpha aussi beau. Ils auraient été refroidis avec son caractère, c'est le moins qu'on puisse dire. Enfin, Allen ne pouvait pas le nier, Kanda était magnifique. Ça lui faisait presque regretter que son caractère ne soit pas autre, et qu'il ne puisse pas être simplement un bel alpha avec qui il serait lié. Ç'aurait été tellement plus simple… Ou peut-être pas. Allen ne savait pas s'il aurait supporté d'être si abattu avec quelqu'un de plus simple. Sûrement pas. Même si Kanda et lui avaient été amants, ce qui ne serait jamais le cas, Allen n'aurait pas aimé ça. Ou même si ça n'avait pas été Kanda…
D'une certaine façon, toujours très étrangement, Allen était soulagé que ce soit Kanda. Ils ne passeraient plus de temps ensemble après. Ils n'avaient aucun véritable lien. Le brun emporterait le souvenir de sa faiblesse avec lui, il ne s'amuserait pas à la colporter en racontant à tout le monde ce qui s'était passé, ce n'était pas son genre, et il se foutait totalement de ce que ça impliquait. Le seul aspect négatif, c'est que Kanda se rappellerait qu'il s'était comporté comme un véritable enfant, et Allen avait peur qu'il ose le lui ressortir s'ils se disputaient, comme il tapait bien là où ça faisait mal et qu'il ne réfléchissait absolument pas à l'impact de ses paroles lorsqu'il voulait avoir le dernier mot. Même s'ils avaient décidé de ne plus interagir, Allen savait qu'ils risquaient d'être dans des contextes où ils se verraient, ne serait-ce que s'ils partaient en mission ensemble, devraient s'échanger une parole, et que la tension entre eux serait présente. Ils étaient comme ça.
Ce serait compliqué, de passer totalement outre.
Le problème actuel, cependant, c'était que le brun était si attrayant qu'Allen était subjugué, comme ensorcelé. Merde, pourquoi n'arrivait-il pas à faire abstraction de ça ? D'autant qu'avec son odeur, les sensations qui naissaient en lui devenaient pour le moins fortes. Allen se força à se reculer, légèrement. Il ne voulait pas faire de crise. Pas encore. Ça se reproduirait bien, et Allen devinait que s'il se sentait soudainement si attiré par Kanda, c'était bien pour ça. Mais il essayait juste de se calmer après trop d'agitation. Ne pouvait-il pas avoir du répit ? Au moins un petit peu ? Allen ferma les yeux, voulant se rendormir. Les sensations dans son ventre s'agitèrent néanmoins davantage, un stimulus sensoriel important.
Allen se mordit la lèvre. Plutôt que de rester à côté de la source de son trouble, il décida de se lever pour aller jusqu'aux toilettes, il pourrait penser en paix là-bas et retournerait dormir, peut-être que l'élan de crise serait aussi fatigué que lui après un aller-retour des sanitaires au lit. Il ne voulut pas enjamber Kanda, alors il glissa jusqu'au pied du lit pour descendre depuis là-bas, puis tituba fortement jusqu'à sa destination après une escalade laborieuse, durant laquelle il manqua de se rétamer. Allen passa bien une demi-heure à penser, refusant de quitter la pièce pour se remettre au lit alors qu'il avait terminé ce qu'il avait à faire depuis longtemps. Même comme ça, il ne se sentait pas apaisé comme il l'aurait aimé.
Être loin de Kanda amoindrissait l'attraction, mais elle était toujours présente. Il devait faire un effort pour ne pas gémir à l'idée de retourner se coucher à côté de l'alpha, de son odeur excitante…Depuis quand une odeur était censée être excitante, déjà ? Allen n'avait jamais ressenti ça avant ses chaleurs, et il n'avait jamais été stimulé par aucune odeur, hormis celle d'un bon fumet de nourriture, mais ce n'était pas la même chose.
C'était frustrant, rageusement frustrant.
Finalement obligé de retourner au lit, la fatigue frappant, le jeune homme soupira face à son évidente difficulté à marcher. Fort heureusement, ayant fini par attraper le coup, il ne tomba pas. En revanche, il s'écroula brutalement à côté de Kanda en ayant regagné le lit, cognant involontairement sa tête contre son torse. Bien sûr, Kanda n'allait pas rester endormi bien longtemps après qu'il lui soit rentré dedans. Se préparant à s'excuser, Allen vit le regard embué de fatigue du brun après que celui-ci ait remué. Il regarda autour de lui sans comprendre, poussa un grondement mécontent, l'air vaguement encoléré. Allen se mordit la lèvre. Kanda l'avait déjà dit lui-même, sa fatigue se reportait sur lui, car il lui 'refilait' ses états d'âmes. Penser ça… C'était tellement effrayant, le lien. Être lié, ça voulait véritablement dire s'appartenir corps et âme, devenir l'un l'autre en ressentant exactement les mêmes choses, ne plus avoir le contrôle de soi. Être des âme-sœurs, des liés, c'était en effet ne devenir qu'un dans sa symbolique la plus sinistre et la plus terrifiante… Le lien enchaînait leurs âmes et asservissait leurs corps.
Et cette foutue odeur qui l'excitait encore !
Allen ferma les yeux, essayant de se maîtriser.
Kanda l'interpella :
« Moyashi, qu'est-ce tu fous ? Tu dors pas, putain ? »
Le maudit fut bien obligé de répondre.
« Excuse-moi, » commença-t-il simplement, « j'étais parti aux toilettes et je me suis cassé la figure en me recouchant. » Il marqua une pause, affichant un air désolé. « J'ai pas fait exprès de te tomber dessus. »
Parler normalement était dur dans son état, alors que cette odeur l'excitait au plus haut point. Allen regarda craintivement Kanda, espérant qu'il ne se rendait compte de rien et qu'il n'allait pas se fâcher. Kanda se passa une main sur le visage, et se redressa pour détacher sa queue de cheval, ses cheveux tombant dans son dos. Allen avait suivi son geste avec la bouche entrouverte, contraint à s'extasier devant la beauté de l'autre homme. Kanda secoua la tête d'agacement et se recoucha.
« Bon alors rendors-toi et fais pas chier. »
Allen hocha la tête face à sa voix sèche. Kanda ne remarquait rien. Ses phéromones étaient sous contrôle ? Peut-être. Le brun eut un mouvement pour l'attirer à lui. Allen refusa d'un mouvement de main. Il ne préférait pas se coller à Kanda dans cet état. Le brun grogna.
« Recommence pas ton chichi, Moyashi. J'ai dit que c'était bon que tu te colles. »
Allen déglutit. La senteur florale le taquinait, et il avait peur de ne plus pouvoir se contrôler longtemps.
« C'est pas ça le problème… »
Ce n'était pas le seul, du moins. Allen avait murmuré, presque inaudible, et Kanda l'attira contre lui, faisant fi de ses protestations, les sourcils froncés. Il commençait à parler, dire la première syllabe de son « c'est quoi » rageur et dédaigneux mais se tut brutalement. Allen était maintenant plongé dans son odeur. Son bas-ventre se mit à exploser sous les sensations extatiques qui y naissaient les unes après les autres. Un désir si violent qui le possédait. Il commença à gémir, plaquant sa main devant sa bouche, essayant de se libérer de l'emprise de Kanda, malgré la main forte de ce dernier dans son dos. Kanda le maintint néanmoins, mais lui fit relever la tête dans sa direction d'un pouce sous son menton. Le toucher fit à nouveau gémir Allen. Il en avait si honte.
« Tu fais une crise ? »
Allen ne pouvait plus nier.
« Oui… C'est pour ça… Pour ça que… »
Il ne pouvait pas finir sa phrase, en revanche, il sut que Kanda comprenait facilement l'idée. Il ferma les yeux. Le violent frisson eut un petit frère, et encore d'autres ensuite. Son corps était une masse tremblante, désespérée de l'odeur de l'alpha, désespérée de son contact. Allen devenait aussi désespéré que cette masse, qu'il incarnait en fait. Il se noyait en son corps, en son être, comme si tout bouillonnait jusque dans ses tripes et le submergeait. Ce n'était même pas une exagération. Il avait chaud. Il se mordit furieusement la lèvre. Kanda ramena ses deux mains devant son visage, sans reculer ni le repousser. Il finit par plaquer lui aussi une main devant son nez, pour tenter d'amoindrir les phéromones. Allen nota qu'ils ne devaient vraiment pas avoir l'air fin comme ça, tous les deux, à se couvrir le nez des phéromones tout en étant incapable réellement. Ils ne savaient pas comment réagir, crevés et indécis. Allen n'osait pas demander quoique ce soit à Kanda, pas plus qu'il n'osait faire de gestes ou que Kanda lui-même osait lui demander quelque chose. Ils avaient beau en avoir discuté, avoir eu un accord oral, ils n'avaient pas la tête froide. Peut-être plus que tout à l'heure comme la tension était moins étouffante, mais ils avaient toujours cette sensation lourde du mal être dans le corps, cette impression que ça n'allait pas. Et c'était la vérité, ça n'allait pas.
C'était si embarrassant pour eux, ils n'étaient pas plus préparés que tout à l'heure, et ils étaient au beau milieu de la nuit, merde. Leurs deux cerveaux fonctionnaient au ralenti.
Ils ne voulaient ni l'un ni l'autre recréer la situation ambiguë et tendue de la dernière fois en agissant de façon précipitée.
Allen étant lui-même, réfléchissant avec sa raison, ressentant et ayant ses propres sensations, n'avait pas envie que Kanda le touche encore, à la fois pour ne pas le forcer et car il trouvait définitivement humiliant de ne pas pouvoir se masturber seul, que ses chaleurs et le lien l'en empêchent. Il préférait que ça passe tout seul, comme c'était venu, si c'était comme ça. Il ne voulait pas céder, abandonner son corps et sa fierté. Seulement, maintenant qu'il avait connu la main du brun, cette main si douce mais si ferme, cette main qui lui avait procuré, en dépit de son horrible gêne embarrassée, un immense plaisir, son corps et ses instincts d'oméga en chaleurs en avaient envie. Il finissait par en mourir d'envie. Ses yeux n'arrêtaient pas de se perdre sur l'alpha, de repasser en revue les sensations, bon dieu, ça lui faisait tellement mal de l'admettre, si exquises qu'il avait ressenti… Sa beauté le frappait toujours plus, le fait qu'il soit son lié… Une petite voix lui chuchotait que si les choses avaient été autres entre eux, ils auraient pu être ensemble. Que ça aurait pu être normal qu'ils… Ces pensées insidieuses faisaient rugir Allen, parce que ce n'était pas sa façon de penser. Cette logique était totalement idiote. Le lien en avait peut-être la prétention mais il ne remplaçait pas une véritable attraction ni de véritables sentiments. Ces pensées faciles qui banalisaient l'acte et les relations alpha/oméga n'étaient pas de lui, mais autant qu'il pouvait les rejeter car elles ne lui correspondaient pas, il avait envie de s'y laisser aller. On pouvait l'en blâmer, mais c'était une partie de sa culture, de la culture propre au lien, propre aux chaleurs, et en cet instant difficile, tout lui soufflait de s'y abandonner, bien qu'Allen ait toujours vu les choses autrement. Bien qu'il n'ait, fondamentalement, aucune envie d'être touché par Kanda. Tout son corps le voulait, lui. Tellement.
La contrariété lui donnait si mal à la tête…
Kanda choisit ce moment pour grogner.
« Merde, c'est tellement fort. »
À voir l'alpha – son alpha – assailli par son odeur et déstabilisé alors qu'il était toujours si neutre, en dépit de ses efforts pour le cacher, Allen en fut d'autant plus excité, malgré lui. Son instinct d'oméga le rendait carrément fier de provoquer un tel résultat chez Kanda. Non, définitivement, il pensait avec ses chaleurs, ce n'était pas lui, pas ses pensées, pas ses réactions. Pas lui. Allen eut du mal à avaler sa salive, sa bouche était sèche et pâteuse. Il avait soif. Réellement. Mais il était incapable de parler pour demander à boire. Kanda reprit, la voix rauque :
« Qu'est-ce que tu veux faire, Moyashi ? »
Comment pouvait-il lui demander ça dans son état ? Allen avait tellement de mal à démêler les sensations forcées des vraies, les vrais désirs des faux… Il se perdait, lutter lui faisait si mal, alors que fallait-il faire ? Lâcher la bride, se laisser aller ? Retenir en priant pour ne pas exploser ? Il se débattait contre sa fièvre intérieure, mais n'arrivait à rien. Il était proche de succomber, de perdre son semblant de contrôle, ou de s'y perdre carrément. Kanda recommença, d'un souffle irrité :
« Moyashi, ça va pas être possible longtemps, ça sent trop fort… Tu veux te rendormir comme ça ? »
Allen secoua la tête. Il le savait, que ça serait pas possible, merde ! Il n'était pas con, merci bien, il se rendait compte de ce que ça lui faisait, et s'il en était de même pour Kanda… Oh, ça serait bientôt ingérable pour eux, et vu comme les chaleurs le contrôlaient, Allen avait peur de ce qu'il adviendrait de son comportement s'il ne retenait plus rien. Il essaya de reculer, ignorant le fait que ce soit inconfortable pour lui. Ça n'aidait en rien, alors il se rapprocha à nouveau.
« Je… crois, » il rougit, il n'arrivait pas à croire qu'il discutait de ça avec un autre, qu'il l'annonçait comme si c'était normal, « que je vais essayer de me… »
Il s'interrompit. Ses oreilles étaient brûlantes, il ne pouvait pas dire le mot. Allen jeta un regard anxieux sur Kanda. L'Asiatique hocha la tête, se couvrant toujours le nez, indifférent à sa gêne.
« J'me retourne ? J'me barre ?
—Retourne-toi, mais ne bouge pas, s'il te plaît… »
Allen ne supportait toujours pas la distance avec lui. Qu'il soit retourné l'aiderait. Comme Allen était toujours proche de lui, il prévint, timidement, par souci de l'alpha :
« Je me recule quand même un peu, Kanda. Je ne vais pas faire ça dans ton dos, ne t'en fais pas. »
Au sens de se caresser en étant tout contre lui, parce que techniquement, il était bel et bien dans son dos. Ça aurait été vraiment malsain d'être collé à lui et de le respirer tout en. Bon sang, Allen pensait que ça ne pouvait pas être pire pour lui ! Kanda eut un mouvement d'épaule.
« Je m'en bats les couilles. Tant que tu fais disparaître ces phéromones à la con et que tu fous rien sur moi. »
Allen comprit ce qu'il voulait dire par 'ne rien foutre sur lui' et ça lui mit les joues en feu. Il marmonna un faible 'd'accord'. De toute façon, il comptait se faire jouir dans son caleçon –la pensée la gêna. Ainsi, il ne tâcherait pas le lit, il n'aurait qu'à demander à Kanda de lui donner de quoi se changer et de l'aider à se déplacer à la salle de bain pour ça. Allen grinça des dents. Ce que cette situation était avilissante. Être en chaleurs et conserver sa dignité humaine n'était apparemment pas compatible… Allen déglutit, encore fallait-il que ça marche. Fermant les yeux, se concentrant sur son besoin ardent d'être soulagé, Allen essaya de se convaincre qu'il était seul, qu'il avait juste envie de se masturber comme l'adolescent aux pulsions saines et naturelles qu'il était, et fit glisser sa main dans son pyjama, dans son sous-vêtement, empoignant son pénis à la base. Contrairement à la dernière fois, il n'était pas en pleine panique, bien que stressé, et ne fit aucun mouvement agressif. Il essaya d'être doux, de recréer la sensation agréable qu'il savait très bien s'apporter lui-même – il se considérait plutôt doué de ses mains pour s'apporter la jouissance d'habitude, il savait ce qui marchait sur lui, bien sûr, à force de se pratiquer. Seulement, seule la frustration demeurait. Ça aurait pu être comme se gratter la jambe. Ça démangeait, il y touchait, la sensation était à peine agréable, mais à la longue, ça finissait par brûler, par devenir insupportable, et y toucher se révélait plus douloureux que de laisser passer la démangeaison. Y toucher se révélait même être une connerie.
Ça devenait pire. Des petites larmes – qui n'étaient ni l'effet de la tristesse, de la colère ou du stress – coulaient toutes seules de ses yeux. C'était une réaction physique, non émotionnelle. Il avait l'impression d'avoir le regard vaporeux. Et son bas-ventre en feu, son sexe aussi… Il voyait la silhouette de Kanda, entendait l'alpha respirer, savait qu'il devait probablement être aussi frustré que lui. La main toujours dans son caleçon, Allen attendit quelques instants avant de recommencer. Au moment où il imita un mouvement de pompage, il gémit malgré lui, mais pas de plaisir. Ça faisait vraiment mal. Son gémissement était clairement endolori, il n'y avait aucun doute possible. En conséquence, Kanda se retourna, se demandant ce qui lui arrivait.
« Moyashi ? »
Allen rougit. Sa main était encore dans son sous-vêtement, et que Kanda voit ça… Il prit feu.
Littéralement.
« Je ne t'ai pas dit de te retourner, Bakanda ! Ne regarde pas ! »
Il avait parlé agressivement. Sa réaction était un peu stupide, car Kanda s'inquiétait seulement, ce qui n'était pas une mauvaise chose et était normal dans leur situation. Mais la gêne l'emportait. Il serra ses jambes, sentant son visage proche de devenir de la lave en fusion. Kanda ferma les yeux, sans se retourner pour autant, crachant un 'tch'. Il n'avait pas aimé son invective.
« Je m'suis pas retourné pour regarder ce que tu fais, putain, je m'en fous ! On aurait dit que tu souffrais, connard de Moyashi ! » Kanda devint moins froid, il comprenait qu'il y avait effectivement un problème. « Ça va ou pas ? »
Allen déglutit.
« Je… »
Ça faisait mal quand il se touchait, il ne pouvait plus l'ignorer, il ne pouvait pas le faire, ne pouvait pas se soulager. Il le voyait, qu'il n'allait pas pouvoir le faire. Impuissant, il se résolut à avouer.
« Je n'y arrive pas… » Il fit une pause. « Ça fait comme tout à l'heure, ça fait très mal… »
Allen avait sorti sa main de son sous-vêtement, et il dit à Kanda d'ouvrir les yeux. Le Japonais le regarda, contemplant son égarement, et demanda :
« Tu veux qu'on fasse quoi ? On laisse passer ? Ou tu veux que je le fasse ? »
Allen se mordit la lèvre, inquiet.
« Tu vas supporter mes phéromones si on essaie de laisser passer, Kanda ? »
Kanda soupira rageusement. Cette question appuyait sa faiblesse, Allen devinait que ça l'ennuyait en conséquence.
« Et toi ? »
Ce n'était pas une réponse, mais elle soulevait aussi la question de son côté. Le plus jeune ne savait plus quoi faire, ni quoi penser. Il ne voulait pas céder à ses chaleurs, mais est-ce que lutter contre ses besoins physiologiques était intelligent, surtout à une heure avancée de la nuit ? C'était comme refuser éternellement de manger ou de boire. Il ne pouvait pas lutter contre la nature. S'il n'arrivait pas à le faire… S'il n'avait aucun moyen de faire passer la crise… Il avait dit à Kanda qu'il aurait confiance en lui, à nouveau. Allen planta des iris hésitants sur l'alpha :
« Je…Je sais vraiment pas quoi faire. Kanda, tu serais d'accord de… ? »
C'était vraiment le summum de l'humiliation. En être réduit à demander à quelqu'un d'autre de le toucher parce qu'il ne pouvait pas. Ce n'était plus l'heure de s'insurger, mais cette condition d'oméga… Allen détestait cet aspect-là. Kanda eut l'air d'inspirer lentement, comme s'il se retenait de lui arracher la tête.
« C'est toi qui doit être d'accord, putain de Moyashi. »
Allen manqua de sourire. La situation ne s'y prêtait pas, mais que Kanda soit si soucieux de son consentement et donc de son bien-être, ça lui faisait curieusement plaisir, comme s'il n'était pas si seul dans tout ça. De toute façon, avec ce qu'il avait fait remarquer à Kanda, il l'avait déjà constaté. Ils étaient deux, ils avaient à être d'accord tous les deux. C'est bien pour ça qu'il secoua la tête.
« Oui, mais tu acceptes, toi ? »
Kanda grogna.
« C'est à toi de le vouloir ! »
À cause de la frustration, Allen répondit sur le même ton :
« C'est à toi d'être d'accord ! Ce n'est pas que de moi dont il est question, Kanda ! »
Kanda souffla, irrité.
« Je veux que les phéromones disparaissent. J'vais devenir taré sinon. Ça te va ? »
Allen hocha la tête, très faiblement. Kanda réattaqua :
« Toi, dis-le clairement. Je te touche pas si tu me dis pas que tu veux. »
Allen fut contraint d'abdiquer à son tour.
« Je le veux aussi… Mais, Kanda, t'es sûr que… ? »
Le regard de Kanda fut éloquent.
« Demande-moi ça encore une fois et je t'éventre. » Il marqua néanmoins une pause, plongeant ses yeux dans les siens. « C'est pas moi l'oméga en crise, bordel. J'vois l'état dans lequel t'es là et j'veux pas que tu regrettes ça, alors tu prends deux minutes et tu réfléchis bien avant de répondre. »
Allen comprenait que Kanda soit agacé, car cette considération commençait à le mettre en colère lui aussi. Il y avait déjà réfléchi, putain de merde. Il n'arrêtait pas d'y réfléchir, et ce voile dans son regard allait bientôt s'écrouler, sa conscience avec lui. Il dut faire un effort surhumain pour répondre. Sa voix était bien entendu chevrotante.
« J'suis pas bête, Bakanda. Je te l'ai déjà dit, je sais ce que je veux. »
Mais Kanda s'était aperçu de l'état de sa voix. Il fronça les sourcils, refusant.
« Non. T'es en pleine crise et tu te contrôles plus, du con de Moyashi. Je ne veux pas faire quelque chose comme ça si tu ne me réponds pas en étant toi-même. »
Allen s'énerva :
« Ne m'insulte pas ! On en a déjà parlé, je ne me sens pas violé, et je te signale, du con de Bakanda, que je sais que mes phéromones t'influencent et que je n'ai pas envie que tu sois forcé ! Moi, je suis tout à fait en état de consentir, crois-moi ! »
Allen en venait à utiliser les insultes également pour renforcer son opinion. Kanda durcit son regard après une hésitation, menaçant :
« Très bien, Moyashi. Moi aussi, je t'ai dit que j'ai dit oui. Ne me pose plus la question, sauf si tu tiens vraiment à ce que je t'éventre. J'aime pas les paroles en l'air, tu le sais, ça. »
Allen savait que sa menace n'était pas sérieuse.
« Je sais que tu le feras pas, et moi aussi je l'ai dit, Bakanda. »
Le brun eut une expression fâchée.
« Comment ça, j'le ferai pas ? Tu m'cherches, Moyashi ? Tu veux qu'on le vérifie ?
—Tu éventrerais un oméga en chaleurs à qui tu as promis de l'aide ? »
Allen vit que sa contre-attaque tapait dans le mille. Kanda grogna entre ses dents serrées :
« Pas un oméga en chaleurs, mais toi, oui. »
Allen leva les yeux au ciel, ne prenant toujours pas sa menace au sérieux, et Kanda plissa le front avec irritation. Ils se toisèrent, se provoquant, mais malgré l'apparente tension, ils n'étaient pas sur une pente dangereuse de bagarre ou de réelle discorde. Ils communiquaient simplement à leur manière usuelle. L'oméga s'en sentait rassuré. Sans doute que Kanda ressentait la même chose. Allen avala sa salive, timide :
« Si on a dit oui tous les deux, alors… ? »
Kanda revêtit une expression neutre.
« Je vais commencer. T'es prêt, Moyashi ? »
Allen hocha la tête. Il ne l'était pas vraiment, mais il fallait bien arrêter la crise.
L'alpha l'attira à lui. Ils avaient beaucoup hésité, de sorte qu'Allen avait moins honte d'être touché, mais il se retrouvait quand même déboussolé. Il était incertain. Kanda l'était sûrement aussi. Il ne l'installa pas entre ses jambes et ne chercha pas à lui faire changer de position. Allen se retrouva contre son torse, comme s'ils se sentaient, et alors que les sensations naquirent avec plus de vigueur, que la douleur dans son sexe recommença à le lancer, Kanda passa l'une de ses mains dans son sous-vêtement, frôlant la peau de son bas-ventre. Allen eut un sursaut au contact, ses yeux se relevant s'accrochant à ceux de Kanda, porteurs de son embarras, de la situation de nudité dans laquelle il se sentait, l'alpha ralentissant momentanément. Ce ne fut que de courte durée. Kanda se reprit vite. Il le prit en main, et, lentement, après un regard pour chercher son autorisation, il commença ses mouvements. L'oméga poussa un long gémissement lascif, le plaisir l'emportant instantanément. Il ne savait pas si c'était parce que Kanda était un autre, que ce n'était donc pas lui qui se touchait, ou si c'était parce que Kanda était son alpha, ou encore à cause de ses chaleurs, mais c'était tellement bon. Il n'avait jamais ressenti un tel plaisir, une telle intensité dans la stimulation. Il sut que ce serait proche, qu'il ne mettrait pas longtemps à jouir. Kanda était toujours si doux. Ses gestes n'étaient pas empressés, pas agressifs, tellement contraire à ce qu'il était habituellement.
Il prenait même le temps de détailler ses expressions, tout en le caressant plus lentement, avant d'accélérer le rythme, voir si quelque chose n'allait pas, s'il lui faisait mal. Allen n'avait pas besoin qu'il le dise pour le comprendre. Son attitude le montrait. Et ça lui plaisait. N'ayant jamais connu ce genre de situations, avoir un partenaire si soigneux et si attentionné, c'était quand même rassurant, il fallait l'avouer. Il n'aurait pas attendu ça venant de Kanda, mais c'était une bonne surprise. Le Japonais avait donc une douceur insoupçonnée. Allen fut surpris par cette idée, au fond attendri, tout en sachant très bien qu'il faisait ça parce qu'il ne voulait pas abuser de lui et parce qu'il voulait être correct. La plupart des gens auraient eu une attitude de ce genre. Mais la prévenance de Kanda, chez lui justement, ça lui apparaissait comme quelque chose d'impossible, et c'était ce qui l'attendrissait. Dans le sens où l'Anglais savait qu'il prenait sur lui pour lui donner ce dont il avait besoin et qu'il se souciait simplement de lui, alors que ce n'était pas son genre d'habitude. Ce qui était largement aussi impossible que sa douceur, mais tout aussi plaisant.
Avec cette attitude, il se comportait réellement comme un ami. Bien que leur rapport dépasse de très loin ce que feraient deux simples amis ensemble habituellement, ça restait purement platonique dans leur cas. Kanda faisait en effet un acte de gentillesse envers lui. Allen constatait que contrairement à ce qu'il lui avait dit, Kanda ne se révélait pas être un mauvais ami pour l'instant. Il avait un sale caractère, mais ça ne faisait quand même pas tout. Allen n'aurait pas pu lui être plus reconnaissant.
Bientôt, il ne fut plus capable de penser. Seuls comptaient les mouvements de cette main, la béatitude qui traversait son corps en une myriade de sensations de bien-être depuis le centre de son plaisir, ses pieds qui se tendaient, ses cuisses qui tremblaient, faiblement écartées, et ces autres sensations qu'il ne voulait pas comprendre et à qui il ne voulait pas donner de voix. Il gémissait plus franchement, ne faisait plus autant attention, le nez enfoncé contre le torse de Kanda. Il savait qu'il se sentirait coupable après, qu'il aurait honte, mais pour le moment, il n'avait honte de rien, il voulait jouir. C'était ce qui comptait, il était excité comme jamais et l'alpha faisait de son mieux pour l'aider. Allen lâcha un gémissement plus aigu, et le visage de Kanda se tendit. Sans y prêter attention, Allen se sentait, quant à lui, très proche de sa délivrance. Il poussa d'autres gémissements de la même intonation. Kanda était de plus en plus tendu, dents serrées par sa mâchoire crispée et ses lèvres retroussées.
Allen finit par le remarquer, se demandant brièvement pourquoi il s'énervait, mais perdu dans le plaisir, il ne put rien dire. Il se contentait d'espérer que sa main se ferait plus vive – juste un peu, encore un peu, et ce serait bon. Peut-être était-ce les phéromones et la gêne, sûrement qu'il était embarrassé lui aussi et qu'il n'aimait pas ça, Allen ne voyait pas quoi d'autre, son interrogation était idiote.
Brusquement, le maudit poussa un son proche du cri. Il se couvrit la bouche d'une main, l'autre s'agrippant à la chemise de Kanda. Il avait les oreilles en feu, soudainement honteux, et leva un œil sur l'alpha avec une pointe d'anxiété. Le Japonais arborait une expression inchangée, peut-être plus endurcie. Allen se mordit la langue pour ne pas recommencer. Il savait que c'était normal d'aimer le toucher de l'alpha, mais il n'avait pas le droit de gémir sans retenue, Kanda n'était pas son petit-ami, il ne faisait pas ça dans le réel but de lui donner du plaisir, il devait se retenir ! Il en allait aussi de sa fierté. Allen ne pouvait pas lui afficher son plaisir sans retenue, de façon si obscène, comme s'il jugeait ça normal... Enfin, malgré sa honte cuisante qui l'avait nettement refroidi, Allen comprit que son corps allait rendre les armes. En fermant les yeux sur un long gémissement qu'il fit de son mieux pour étouffer, étalant ses sens à la pression lente et vigoureuse de l'orgasme montant en lui, Allen fut brusquement obligé de les rouvrir.
Il sentait quelque chose contre son front, une sensation humide et douce.
Les lèvres du brun.
Kanda l'avait encore embrassé.
L'action fit bien entendu rougir Allen davantage, si c'était possible. C'était embarrassant, ça semblait anormalement intime dans leur situation, mais c'était aussi étrangement réconfortant… Allen le regarda, montra bien qu'il l'avait vu et qu'il ne comprenait pas. L'épéiste poussa une sorte de rugissement rauque, rageur, de sorte qu'Allen ne savait pas s'il était en rage contre lui ou contre sa propre réaction. Sans doute les deux. Le plaisir avait tué toute protestation en lui ainsi que toutes paroles. Il était à bout de souffle, ça avait été particulièrement intense… Il recouvrait petit à petit son état normal, Kanda l'avait lâché, mais sa main était bien évidemment souillée, comme son propre caleçon. Allen fut horriblement gêné, et n'eut aucune envie de questionner Kanda à propos de quoique ce soit, alors qu'il venait de lui abandonner un grand pan de sa retenue. Les pensées qui lui avaient traversé l'esprit et leur signification prenaient réellement du sens à ses yeux. Ça ne plaisait pas du tout à Allen d'en être venu à penser ce genre de choses qui étaient pire qu'une logique primitive. Il avait envie de s'excuser, n'ayant fondamentalement jamais voulu se laisser aller comme ça devant lui, mais Kanda n'avait pas du tout la tête du gars qui a envie d'excuse ou de discuter après ça. Avec égoïsme, Allen était exactement dans le même cas.
Ils étaient encore et toujours dans la même position embarrassante, paumés par leurs réactions et ces désirs imposés, ils le savaient tous deux très bien.
Kanda alla se laver les mains, revint pour l'aider afin qu'il puisse se changer, et ils allèrent se coucher sans un mot, se collant l'un contre l'autre machinalement, Allen n'essayant pas d'émettre la moindre protestation cette fois-ci. L'embarras du malaise et l'incertitude entre eux étaient tellement palpables qu'ils pouvaient le sentir sans que ça n'ait aucun rapport avec le lien. Ils réussirent néanmoins à s'endormir, Allen apaisé et Kanda momentanément libéré de l'emprise des phéromones, mais évidemment tiraillé.
Kanda avait mis du temps à s'endormir, contrairement au maudit qui s'était effondré dans ses bras, retrouvant au fur et à mesure de son endormissement une expression aussi béate que celle d'un imbécile heureux. Mais pour l'alpha, c'était lui, l'imbécile. Il était pire que ça. Un con. Un gros, gros con. Il l'avait encore fait. Il avait encore embrassé le front du Moyashi. Le lien l'avait encore possédé, le lien avait encore insinué cette envie en lui, et le gamin avait senti si bon que Kanda avait fini par avoir vraiment envie de l'embrasser, et par le faire. Après tout, quand Kanda voulait vraiment faire quelque chose, il le faisait au mépris du reste. L'espace d'un instant, cette putain d'envie était réellement devenue sienne, il y avait tenu comme à trancher un Akuma avec Mugen. Ça faisait deux fois, deux fois qu'au moment où il prenait son pied, Moyashi déferlait des phéromones en abondance considérable, encore plus que lors de ses crises. Kanda était un être humain, il y avait des choses auxquelles il était obligé de succomber, comme tout à chacun. Et cette envie, avec la tonne de phéromones qu'il avait prise en pleine gueule… Elle avait pris vie, bordel de merde.
Ça ne voulait absolument pas dire que Kanda l'acceptait. En aucun cas. Avec son bref sommeil, le brun n'était pas en état de se prendre la tête et n'aurait pas dû commencer à penser, au risque de s'embrouiller et de prendre des mauvaises décisions, à nouveau, seulement, il n'arrivait pas à s'en empêcher.
Les choses qu'il voulait faire entraient toujours dans le domaine de ce qu'il contrôlait, de ce qui lui correspondait et de ses vraies envies. S'abandonner à une impulsion étrangère, irréalisable pour lui, irréaliste chez lui, ne lui ressemblait pas, mais pour la énième fois, il n'avait eu aucun foutu choix. Autant dire, en substance, qu'à l'heure actuelle, Kanda avait la haine. Pas contre Allen, il avait dépassé ce stade. En revanche, Kanda avait furieusement envie de casser la gueule de l'infirmière pour ne pas leur avoir raconté ça avant, pour soi-disant éviter les problèmes. Ils étaient plutôt jusqu'au cou dans les emmerdes, et on leur en rajoutait plusieurs autres. Kanda essaya de se rasséréner. Peut-être qu'il arriverait à contrôler ça, la prochaine fois – il réessaierait et était assez têtu pour ne pas abandonner. Mais… le gamin l'avait bien vu, l'avait bien senti, et ils avaient beau être tous les deux paumés, Allen n'allait pas fermer gentiment sa gueule à ce propos éternellement. Kanda l'avait déjà trouvé moins éteint, mais ils étaient fatigués, et il lui faudrait du temps pour se reprendre. Ce serait à lui de lui montrer qu'il avait le droit de se laisser aller, qu'il était là pour lui, même s'il ne savait pas comment et que ça l'emmerdait. Kanda savait cependant qu'il n'avait plus le droit d'avoir de la mauvaise volonté à ce stade. Il ne voulait juste pas avoir à se justifier pour un baiser à la con qu'il n'avait donné qu'à cause des phéromones.
Ça lui donnait presque envie d'éclater de rire tellement c'était ridicule. Qu'il perde le contrôle de cette manière, que les phéromones le rendent affectueux, lui, Kanda Yû, c'était une blague. En vérité, ça le rendait furax. Il avait envie de frapper quelque chose, de s'entraîner, de trancher des Akumas avec sa Mugen bien-aimée, tout tant que ce soit quelque chose de violent qui lui permette d'extérioriser sa frustration. Kanda savait être calme. Il était irascible, mais il savait se tenir, il était doué pour se contrôler. Si c'était ce qui l'avait retenu de péter des colères à tout va contre le maudit malgré ce que les chaleurs leur obligeait à faire –l'obligeait surtout personnellement, et si c'était pour ça qu'il avait fini par comprendre qu'être calme serait mieux pour l'oméga, ça ne voulait pas dire que la colère n'était plus là, car son éclat était tout frais.
Honnêtement, il avait encore les boules. La journée d'hier lui avait servi de leçon sur le fait de faire éclater sa rage sur Allen, c'était mauvais, dans tous les sens du terme, d'autant qu'il était tout aussi victime que lui. Seulement… Il faudrait que Kanda la fasse ressortir dans quelque chose d'autre, sinon, il finirait par s'enrager encore.
À force de se ronger les sangs, sachant qu'il n'avait pas fini de réfléchir à tout ça, et à force de haïr le lien dans sa barbe inexistante, le Japonais avait fini par arrêter de penser et s'endormir tout en serrant l'oméga contre lui. Son odeur sucrée l'enveloppait dans une sorte de double étreinte, avec celle qu'ils partageaient physiquement, qu'il jugeait beaucoup trop agréable pour que ça ne remue pas ses nerfs un peu plus longtemps.
À suivre...
Comme je vous l'avais dit, malgré la situation difficile, ils essaient de faire leur maximum pour se respecter et j'espère que ça se sentait. C'est une situation dure et je comprends si ça vous rend un peu mal à l'aise, mais j'espère que l'aspect réflectif derrière tout ça vous plait, car la situation dure sert, encore une fois, à mettre en valeur cette réflexion.
J'avais oublié de le préciser la dernière fois, mais suite à un commentaire je me dis que c'est quand même mieux : Kanda et Allen se blâment tous les deux et se sentent coupable, on l'a vu dans le chap 18 et c'est peut-être ça qui est déconcertant, mais le récit ne cherche pas à dire qu'ils le sont. Ça, c'était du discours indirect libre, leur psychologie, car ils étaient en grosse insécurité émotionnelle dans les deux derniers chapitres et qu'ils ont eu du mal à communiquer ensemble lors de la première crise. Ça leur a fait peur, c'est pour ça qu'ils ont autant craint de s'être forcé, ils ont paniqué. A la fois Kanda, qui était influencé par les phéromones et voulait pousser Allen à réagir, et Allen qui n'y arrivait justement pas mais qui a choisi de faire confiance. L'implicite, ce qu'il faut en tirer, c'est qu'ils n'ont pas de bols avec le lien, c'est un élément tragique. (Au sens propre, ils luttent contre le destin... D'ailleurs, sans spoiler, j'ai lu les derniers chapitres de DGM, cette thématique les rejoints un peu, ça m'a fait rire x'D) Seulement, ils réagissent en humain, ils se sentent responsable de leurs actions, d'autant qu'ils veulent rester maître. Et ils n'ont pas fini de lutter, c'est ça l'intrigue à partir de maintenant. Je vous en reparlerai plus tard, mais j'ai prévu quelque chose d'assez amusant avec ça comparé aux chemins narratifs habituels héhé.
Dans ce chapitre, la communication est meilleure, mais ça ne veut pas dire que c'est plus facile. Il va leur falloir s'adapter, encore de l'angst au programme, désolée x).
Un peu de fluff dans tout ça, même si c'est plus du bittersweet qu'autre chose x).
Des avis ? Faites-moi part de vos réactions, s'il vous plaît ! ^^
Prochain chapitre dans deux semaines si tout va bien, une part de moi a envie de poster avant mais j'ai vraiment trop de travail. J'ai quand même réussi à finir la partie 1, les 32 chapitres sont bouclés. J'ai décidé qu'à part en cas de gros rush où je peux vraiment pas poster comme là, le rythme restera le même, finalement.
Aux éventuels intéressés, j'ai consolidé mon projet de OS pour Halloween (J'ai deux projets, tous deux sur DGM, les derniers chapitres m'ont donné un gros kick à l'inspiration...) et il y aura encore un extrait du chap 20 sur la page fb, je ne donne pas de date parce que la dernière fois j'avais pas pu m'y tenir mais ça viendra dans la semaine, plutôt vendredi pour compenser le décalage :).
Je vous remercie de votre lecture, mais n'oubliez pas le petit avis qui va avec ^^.
