Yoooo !
Alors ce chapitre est très long, c'est l'un des deux plus longs de la partie 1, mais il est vraiment très important ! Vous allez le voir, les choses bougent, il est fort en émotion et en rebondissement entre les deux personnages, mais je pense que la toute fin du chapitre ne va pas vous déplaire ;).
Edit : 01/07/18 : Merci à Ookami97 pour la correction ! :)
Bonne lecture ! :)
Réponse anonyme :
Emelynn21 : Ça me fait super plaisir si tu lis toujours ma fiction et si elle te plaît encore :). Pour les reviews, je l'ai dit plusieurs fois, j'oblige personne à commenter régulièrement ou à commenter tout court, et je comprends que tout le monde ne le fasse pas tout le temps, mais je trouve que c'est quand même plus respectueux pour mon boulot et sympa de penser à laisser un petit mot de temps en temps ^^". Je demande pas aux gens de me faire des pavés ou de me flatter, je m'intéresse à ce que vous avez pensé du texte et pour moi c'est ça qui est important ^^. En bref, tu fais comme tu veux, et en tout cas je suis très contente que l'histoire te plaise et que tu aimes le drama autour des situations ;).
Allen s'éveilla en un sursaut, le souffle court et le bas-ventre en feu. Kanda, qui était endormi, le serrait étroitement avec un visage fermé. Le symbiotique eut de la culpabilité quant au fait de le réveiller… Mais ils en avaient parlé la veille au soir… Après sa crise, qui l'avait trop bouleversé pour dormir directement, ils avaient finalement disputé une autre partie de cartes, pas le Poker, trop long, mais un petit jeu plus rapide, pour se détendre. Ça avait été bien. Allen s'amusait vraiment avec Kanda, et il attendait avec hâte qu'ils puissent faire un nouveau jeu. C'était distrayant. Ça faisait presque une semaine qu'ils étaient enfermés ensemble, et de la vraie distraction, ça le revigorait. Épuisés, ils avaient été se coucher directement après. Quelques minutes avant qu'ils ne s'écroulent, Kanda lui avait fait promettre de le réveiller si quelque chose se produisait pendant qu'il dormait, et de ne pas recommencer ses conneries de la veille, sous peine de s'en prendre une. Le blandin soupira.
Il n'avait vraiment pas envie de réveiller Kanda, comme si c'était normal de le réveiller pour qu'il… comme si c'était normal de faire ça ! Même si Kanda avait été son petit-ami, ce qui ne serait JAMAIS le cas, Allen se serait senti horriblement mal d'interrompre son sommeil pour lui dire 'hey, je suis en pleine chaleurs, tu peux me soulager ?' Mais attendre qu'il se réveille… L'oméga se crispa. Cette situation était tellement mauvaise. C'était mal. Il avait déjà tenu un jour. Il en restait six, cinq s'il omettait celui-ci… Il fallait qu'il tienne. Ce serait sûrement les six jours les plus horribles de sa vie, mais Kanda avait raison, s'il arrêtait de se laisser contaminer par ses angoisses, se répétait qu'il pouvait le faire au lieu de se récrier l'inverse… Ça irait. Il n'était, le brun le lui avait dit, pas seul. Ça le touchait que Kanda s'implique réellement. Allen avait toujours peur mais se cimentait petit à petit une confiance en lui. Ça ne changeait pas qu'il y avait encore des doutes qu'il aurait aimé exprimer avec le brun, même s'il ne savait pas comment, surtout comment faire pour ne pas l'énerver, du moins.
Puis ses propres tourments, aussi…
L'oméga soupira encore. Avec lenteur, et timidité, comme s'il se sentait épié, il décida d'essayer lui-même, mais évidemment, son pénis restait insensible à ses caresses. Allen ne voulait pas abandonner l'espoir de réussir, même s'il le savait vain à présent. Il ne voulait pas se reposer sur Kanda comme si c'était normal. Allen coula un regard sur le Japonais, si bien endormi. Il savait qu'il l'épuisait physiquement et émotionnellement à cause de ses chaleurs. Il s'était promis d'être fort pour ne pas impacter sur lui. C'était difficile. Il devait y arriver. Pour lui. Pour Kanda. Et pour avancer, comme il l'avait promis à Mana. Il n'était pas le seul oméga au monde, cette épreuve, et les autres, seraient surmontables pour lui, et alors, il pourrait tout affronter. Il fallait y croire. Allen savait qu'il n'était pas au bout de ses peines, et c'était pour ça qu'il devait être fort. Être brave. Il n'avait jamais manqué de courage, jamais manqué de verve et de détermination. Son esprit était affaibli, il doutait, mais ces traits de caractère là faisaient partie intégrante de lui. Il ne devait pas les oublier.
Le blandin voulut remettre ses cheveux en place et respira. Il se frotta les yeux, attendit quelques instants, et regarda à nouveau Kanda. Bon dieu… Il allait se faire tuer. Procédant doucement, il plaça une main sur l'épaule du kendoka, et en expirant, il le secoua faiblement, en appelant son nom.
« Kanda ? Réveille-toi ? »
Sa voix était aussi faible que son geste. Il se sentait si coupable qu'une part de lui espérait que le brun resterait endormi et qu'il aurait une excuse pour laisser tomber. Puis Allen se mordit la lèvre. Ça ne lui ressemblait pas d'être si peu assuré dans ses décisions, il se rendait compte qu'il se comportait presque lâchement. Seulement, il était question de réveiller l'alpha pour ses chaleurs. Il se sentait partagé entre son désir d'être cohérent avec ce qu'il faisait et de l'assumer, mais aussi par le fait que faire ça lui semblait tout simplement mal. Bien évidemment qu'il y allait à reculons en sachant qu'il commettait quelque chose de répréhensible à ses yeux. Il se mordit encore la lèvre en voyant que Kanda restait sourd à ses appels. En même temps, rien que le fait de le regarder lui envoyait des décharges électriques dans le corps. C'était tellement pathétique, tellement stupide de désirer quelqu'un comme ça, juste à cause d'un lien, de chaleurs ! Ça l'énervait tellement qu'il aurait pu hurler de rage s'il ne savait pas tant se tenir. Allen ferma les yeux, poussa un autre soupir, et se remit à secouer Kanda.
« Réveille-toi, s'il te plaît. Kanda ? »
Allen vacillait intérieurement. Il était perdu, sentait qu'il avait besoin de Kanda, de sa présence. Ça l'embarrassait que le lien lui fasse ça, mais il le ressentait. Le brun finit par remuer à côté de lui et grogna. Allen fut rassuré et encore coupable de le voir émerger. Un peu amusé par le grognement, même s'il n'avait pas tellement la tête à ça. Déjà au réveil, le brun bougonnait. Il râlait vraiment tout le temps. Le blandin finissait par en plaisanter, comme l'alpha l'avait amusé lors de leurs jeux. Ils essayaient d'être amis de circonstance, et Allen voulait bien reconnaître qu'il pouvait avoir un côté sympathique de très loin, si on oubliait sa mauvaise humeur, son sarcasme et son cynisme. Mais ses remarques, ses manières brusques, sa sincérité bourrine, étaient drôles. Ça n'en faisait pas une compagnie si désagréable. Puis, Allen savait qu'il l'appréciait, parce qu'il était un camarade, en plus de tout ça. Qu'il aimait s'engueuler avec lui. Il y avait déjà réfléchi. Plus d'une fois, il s'était surpris à regretter leur relation d'avant, et ça devenait encore plus clair maintenant. En dépit du fait que ce soit à sens unique, en dépit du fait que leurs relations s'étaient énormément dégradées dès qu'ils avaient été liés, que leur mésentente s'était accentuée… Allen se l'avouait à lui-même : à ses yeux, ils étaient déjà des amis.
Il s'en voulait tellement de lui faire ça…
Kanda posa ses yeux sur lui et se redressa, sans bailler, sans s'essuyer les yeux, le flegme incarné. Il aurait pu être réveillé depuis deux heures que ça n'aurait rien changé à son état. Ça rassurait Allen… Il avait craint de le voir à moitié crevé comme les premiers temps. Troublé, Allen réalisait que ça venait sans doute du fait que lui aussi avait bien dormi, en oubliant le réveil brutal.
« Il est quelle heure ?
—Je sais pas, mais le soleil est déjà un peu haut. » Il pouvait le voir par la fenêtre aux rideaux mal tirés, une portion d'extérieur était dévoilée et le jour au dehors y brillait. « On a dormi longtemps. »
Le blandin osa un petit sourire qui s'évanouit vite. L'alpha le regardait encore, et leva la tête. Il fallut du temps à Allen pour réaliser qu'il sentait l'air.
« Ça sent les phéromones. T'es en crise ?
—Je… Oui. Excuse-moi de te réveiller pour ça. Je ne savais pas quoi faire. J'ai déjà essayé de… »
Kanda soupira.
« Tu peux toujours pas ?
—Non. »
Allen voulut baisser la tête, mais il fit un effort pour ne pas le faire, même si son expression n'était pas fière. Comment aurait-il pu l'être ? Kanda ne réagissait pas. Il continua timidement :
« Je te demande pas de le faire pour moi, mais j'avais besoin que tu sois réveillé... Est-ce qu'on peut échanger nos odeurs ? Ça passerait peut-être… »
Allen savait bien que non, jusqu'à présent, c'était trop intense pour qu'ils attendent que ça parte, ça ne partait pas seul. Et Kanda le savait aussi. Il le toisait.
« C'est comme tu veux, mais tu sais très bien comment c'est. J'peux te soulager pendant que tu me sens, ça ira plus vite qu'attendre pour rien. »
En le voyant intimidé, l'alpha ajouta :
« Sauf si t'as pas envie. J'vais pas t'y forcer. »
Le blandin rougit à ces mots. Il en avait bien trop envie, c'était ça qui était problématique. Il s'autorisa un soupir.
« Je peux vraiment rien faire tout seul… C'est tellement frustrant. Comme si je ne servais plus à rien… »
Kanda marqua un temps d'arrêt, et finit par avoir un petit rictus.
« Ça change pas de d'habitude, Moyashi.
—Enfoiré ! Tu peux aller te faire voir ! Sérieusement, ce n'est pas drôle ! »
Allen n'était pas réellement vexé. Le sujet restait trop sensible pour en rigoler, d'où son exclamation, mais il avait remarqué que Kanda était comme ça, quand il décidait de sortir une pique ou de parler. Il savait qu'il essayait aussi de l'empêcher de se lamenter, en ne rentrant pas dans le sérieux de son aveu, en témoignait son moment d'inaction avant qu'il ne lui réponde. L'Anglais n'avait pas envie de se lamenter, de toute façon. Pas aujourd'hui. Il rajouta, croisant les bras :
« Puis tu crois que tu sers à quelque chose, toi, Bakanda ? »
Un 'Tch' lui répondit. Sans qu'il ne puisse arguer, Kanda l'entraîna contre lui, et il s'en fut. Allen s'irritait de terminer à bout de souffle, à gémir contre l'autre jeune homme alors qu'il le caressait, en faisant toujours attention à ne pas être brusque, respectueux de son confort, tandis que les odeurs et le plaisir lui mettaient les sens en miettes. Il aurait pu se concentrer sur le fait que c'était agréable. Qu'ils étaient d'accord. Que Kanda le traitait avec respect. Que ça lui faisait du bien… Mais il n'y arrivait pas. Bientôt, le paroxysme de son plaisir fut pourtant atteint, et il sentit le soulagement net le frapper en même temps que sa jouissance.
Ensuite la honte.
Haletant, Allen n'osait pas regarder Kanda, lequel se dépêcha d'aller se laver les mains. Ils passèrent à leur préparation matinale. Allen prit une douche le premier, se changea, en songeant qu'à cause des chaleurs, il serait de toute façon obligé de se changer plusieurs fois par jour . Ça devenait incommodant quand il y pensait. Hier, il n'avait pas arrêté. Il n'aurait pas eu besoin de se changer autant s'il ôtait ses vêtements, mais sinon, c'est les draps qui en auraient pâtis. Et il ne voulait toujours pas être nu lors de ses crises. Étant un oméga, il n'avait pas des éjaculations très importantes comparé aux bêtas ou aux alphas, il savait ça, mais c'était tout de même assez pour que ce soit gênant. Encore que c'était le cadet de ses soucis, mais visualiser les désagréments secondaires était mieux pour son moral que de s'occuper du pire. Allen soupira une fois que tout fut terminé, ayant eu la maigre satisfaction d'être repu grâce à un déjeuner. Il proposa à Kanda de jouer, et si ça l'enthousiasmait toujours autant, il n'arrivait pas à rester concentré sur le jeu. Chose rare pour lui prenait toujours un plaisir fou à plumer quelqu'un. Que ce soit Kanda pouvait rajouter de la joie à l'affaire, mais c'était comme s'il n'avait pas le bon état d'esprit pour ça.
Ça pouvait arriver à tout le monde, effectivement.
Il en fut ainsi jusqu'au début de l'après-midi. Comme à l'accoutumée, ils avaient divisé leur temps entre un peu de lecture, un peu de conversation à sens-unique pour Allen ou très bref échange, et du ravitaillement. Le blandin se répétait le même refrain qu'à son réveil : Demain, ça ferait une semaine que c'était comme ça. Il lui restait quelques jours à vivre ça. Ça paraissait rapide, mais en même temps si loin.
Allen ne pouvait pas s'empêcher d'être angoissé. De se demander ce qui allait se passer. Ça lui torturait l'esprit. C'était à peu de choses près ce qui l'avait déjà harcelé la veille, ajouté à ses interrogations, sa peur de ne pas pouvoir se gérer, d'être un danger pour les autres, sa culpabilité pour des choses qu'il n'avait pas accomplies ou qu'il peinait à accomplir… Ce qu'il gardait désespérément pour lui, ce qui le bouffait. Maintenant que plus que jamais. Ce qui se passait accentuait tout son mal-être. C'était logique. Ses chaleurs le mettaient en position de descente aux enfers. Peut-être que s'il n'y avait pas eu le reste, seule sa faiblesse momentanée, il aurait souffert, mais il y aurait eu moins de bagages intempestifs. Or, le reste était. Le reste restait.
Puis, Allen n'était pas idiot non plus. Il savait très bien que même s'ils étaient amis temporairement, Kanda n'aurait pas très envie d'écouter ses plaintes. Ça ne le concernait pas. Ça ne concernait nul autre que lui. Il ne pouvait pas vouloir partager avec un autre ce qui lui pesait sur la conscience. Peut-être qu'il aurait pu… Mais n'était-ce pas égoïste ? N'était-ce pas égocentrique ? Toujours, il savait que ses amis, Lavi et Lenalee, voulaient qu'il le fasse avec eux… Mais personne ne pouvait rien y faire. Allen lui-même ne trouvait pas de solution. En parler l'aurait fait paraître ridicule, comme un pauvre gamin stupide incapable de se dépatouiller. Déjà que ses chaleurs le rendaient dépendant physiquement d'une personne… Il ne pouvait pas se déplacer sans vertiges, ses jambes tremblaient et son corps était faible. Il ne pouvait rien faire sans quelqu'un avec lui. C'était horrible. Il se retrouvait presque invalide, incapable de se mouvoir. Rien ne semblait pouvoir le soulager de ça. Que ce soit les calmants, ou les moments de chaleurs… Tout l'enfonçait davantage dans l'abîme de la souffrance.
Pourtant, c'était naturel. C'était comme ça que c'était censé se passer. Ce n'était peut-être pas si grave. Il en avait déjà fait la remarque à Kanda, lors de leur débat où ils se blâmaient. Il ne pouvait être soulagé que par un autre parce que ses chaleurs venaient d'un besoin de reproduction, ce n'était pas un désir ordinaire, ça ne se réglait pas comme à l'ordinaire. Kanda était son lié. Il sentait ses émotions, était celui qui se retrouvait concerné par ses besoins, mais après ? Ils ne pouvaient rien y faire, ça ne dépendait pas d'eux, il n'y avait personne à blâmer. Ni Kanda, ni lui. C'était simplement la vie. Puis, enfermés ensemble et influencés des phéromones, ils étaient obligés de tisser un lien, autre que celui qui les unissait malgré eux. Ce n'était pas une mauvaise chose en soi non plus. Mais c'était si complexe… Ils n'étaient pas préparés … Allen n'arrivait pas à s'y faire. Pas à l'accepter. Pourquoi, alors que c'était normal, ça lui paraissait si mal ?
Il voyait bien les regards irrités de Kanda, qui ne disait mot, ayant retenu de la veille que ça ne servirait à rien de lui demander de parler s'il n'ouvrait pas la bouche le premier. Allen finit, après une longue hésitation, par décider de parler. Il savait que ses odeurs allaient irriter Kanda, même s'il n'en dirait peut-être rien. Et ça restait dans sa tête, tout tournait en boucle, il ne pouvait pas oublier. Kanda lui avait proposé de parler hier, en faisant abstraction de son désintérêt. Pourquoi ne pas le faire ? Allen se mordit la lèvre et ferma les yeux quelques secondes. Il ne savait pas ce qu'il voulait dire, ni comment le dire, mais… Il prit une inspiration, se mordit de nouveau la lèvre, et ouvrit la bouche :
« Dis, Kanda… Je peux parler avec toi ? »
Le brun eut l'air interloqué, mais ferma son livre, ses yeux bleus sombres se posant sur lui, montrant qu'il était à son écoute.
« Tu veux parler de ce qu'allait pas hier ? »
Et de ce qui n'allait de toute évidence pas aujourd'hui aussi, accessoirement, ce pourquoi le blandin ne fut pas surpris qu'il ait deviné. Allen eut un petit sourire contrit, qui flotta quelques secondes sur son visage.
« Si ça ne t'embête pas. »
Le brun haussa les épaules. Allen rassembla son courage. Il ne comptait se confier que sur ce qui était propre aux chaleurs, ce qui concernait aussi Kanda. C'était, après tout, pour ça qu'ils étaient 'amis', ils avaient besoin d'être capable de discuter de tout ça.
« En fait… » Allen avala sa salive, « j'hésite un peu, mais j'ai des choses à te dire… Je ne sais pas vraiment comment. »
Il eut un sourire nerveux. Kanda haussa encore les épaules.
« Parle, Moyashi.
—Je suis Allen. »
Ferme, mais en soupirant, le blandin chercha le regard de son homologue.
« Je sais que tu vas t'énerver mais… Est-ce que tu crois vraiment qu'on pourra oublier ce qui se passe là, une fois que ce sera fini ? »
Kanda fronça les sourcils.
« Comment ça, Moyashi ? »
Allen se mordit l'intérieur de la joue.
« Et bien… Je ne veux pas que tu te fasses de fausses idées, je n'attends strictement rien de toi, et ça m'arrangerait aussi qu'on ait le moins de contact possible après. »
Il marqua une pause. C'était difficile à dire, et difficile d'en parler. Mais s'il ne le faisait pas, il exploserait. Allen raffermit sa voix.
« Seulement… Je sais que je t'ai déjà dit que je ressentais ça, mais j'ai de plus en plus peur de ne pas pouvoir oublier ce que c'est que d'être aussi faible et de ne pas pouvoir me relever. »
Allen savait en effet qu'il avait déjà exprimé ce genre de craintes au début, alors que ça ne venait que de commencer. La peur s'était endurcie en même temps la situation s'était empirée. En l'avouant, Allen luttait pour ne pas laisser ses émotions l'emporter. Le jeune homme voulait rester fort, montrer qu'il était capable de se maîtriser, un minimum. Et il en était capable.
« J'ai peur de m'en rappeler chaque fois que je te verrais. » Il regardait Kanda, lequel s'accrochait à son regard, et Allen s'en voulut un peu de ce qu'il allait dire. « Franchement, je ne veux pas avoir l'air de t'accuser de quoique ce soit, mais quand tu t'énerves, tu es vraiment méchant. Si on se dispute par hasard et que tu me rappelles ma faiblesse pour me moucher, je ne le supporterais pas. Je ne pourrais jamais voir ça comme un sujet de plaisanterie. »
Allen déglutit, prenant une inspiration.
« Je ne veux pas avoir l'air de vouloir me faire plaindre, mais j'ai vécu beaucoup de choses traumatisantes… Mes chaleurs en font partie. » C'était, de loin, l'une des expériences les plus horribles qu'il avait traversé. Il ne voulait plus jamais être en chaleurs après ça, mais c'était sa condition d'oméga, c'était comme ça que fonctionnait son corps, il ne pourrait rien y faire. C'était vraiment trop injuste. « Je ne m'y attendais pas. Personne ne m'avait expliqué que ce serait si horrible. Je ne suis pas le seul oméga sur terre, bien sûr, d'autres ont dû vivre ça et s'en sortir. Je suis sûrement très immature, mais j'ai peur que ce soit la goutte de trop, je ne supporte vraiment pas ça, et ce n'est pas mon seul problème. »
Allen se tut à ce moment-là. Il n'allait pas raconter sa vie à Kanda. Kanda s'en fichait, il avait la sienne aussi, et Allen ne voulait pas s'étaler plus que ça. Il savait qu'il sonnait déjà suffisamment pathétique comme ça, commençait même à se demander s'il n'avait pas trop parlé, mais il ne savait pas comment exprimer ça autrement, que dire ou que faire. Il fallait que ces pensées arrêtent de tourbillonner dans son crâne. Il devait le dire.
« Tu… ne risques pas de comprendre pourquoi j'ai si peur et de me trouver ridicule, mais je suis perdu, Kanda. »
Le blandin se retrouva à prendre son souffle. Il avait parlé, dit beaucoup de choses, peut-être même plus que ce qu'il voulait. En face de lui, le visage du Japonais était tendu. Il l'analysait, semblait réfléchir à ses paroles. L'oméga rougit, se retrouvant gêné par son propre épanchement. Il savait qu'il adoptait la position de l'oméga pathétique, qu'il avait l'air de vouloir s'en remettre à l'alpha. Mais il n'avait personne d'autre, et est-ce que c'était si mal, de vouloir s'en remettre à quelqu'un l'espace d'un instant ? S'ils devaient être amis, ça semblait plutôt naturel… Allen ne savait pas. Il n'était même pas comme ça avec Lavi ou Lenalee, mais là, c'était différent. Il avait eu besoin de le dire. Il se fit violence.
D'habitude, il ne regrettait pas ses épanchements, quand il s'agissait de ses idéaux ou d'encourager quelqu'un. Là, c'était ses propres sentiments bas, pathétiques, mais il ne devait pas commencer. Surtout qu'au fond, il pouvait être fier d'avoir réussi à en parler. Ce qui lui fit peur, en deuxième lieu, fut de ne pas être compris. Il savait que Kanda n'avait pas d'intérêt pour lui. Il ne lui en demandait pas tant, mais il ignorait s'il voulait être compris en plus de communiquer. En revanche, même si l'alpha se mettait à se foutre de lui, Allen voulait échanger. Il en avait besoin.
Allen se sentit anxieux de ce que l'alpha allait lui répondre quand ce dernier parut avoir connecté ses neurones.
« Dis pas que je comprends pas, Moyashi. Entre l'influence des phéromones et tes émotions, putain, j'ai mon lot. Je suis moins touché que toi, mais je suis pas peinard non plus, loin de là – »
Allen le coupa.
« Ce n'est pas ce que je voulais dire, Kanda, mais…
—Laisse-moi parler. » À son tour, il fut coupé. « En gros, t'es en train de me dire que t'as pas confiance en moi.
—Je… »
Allen s'arrêta. Il ne voulait pas vraiment dire ça. Bien sûr qu'il avait confiance en Kanda, vu tout ce qui se passait entre eux. Il ne l'aurait jamais accepté, le cas échéant… Mais il y avait en effet une limite à cette confiance, une insécurité qui était de mise. Ce pourquoi Kanda ne s'arrêta pas :
« Je peux pas t'en blâmer. T'es pas con, tu sais bien qu'on est pas vraiment potes et qu'on fait comme si. »
Les limites étaient en effet claires. L'Anglais attendit la suite de son discours.
« Je t'ai promis avant-hier que je serai temporairement ton pote, et je vais jouer le jeu. »
Allen déglutit. Il savait que Kanda allait jouer le jeu, il le faisait déjà, mais… Le brun raffermit sa position :
« Je ne vais pas t'attaquer sur ce qui se passe. Je ne t'ai attaqué sur tes faiblesses que lorsque je cherchais à t'éloigner de moi. Alors tu peux avoir la conscience tranquille avec moi. »
Le blandin hésita un instant. Ce n'était pas ce que pensait Kanda, le seul problème, mais il avouait, honteusement, sachant très bien qu'il aurait dû s'en moquer, que ça comptait aussi. Il le dit :
« Ce n'est pas que ça, Kanda… Mais oui, c'est vrai, je ne veux pas que tu aies l'image de moi comme un…
—J'ai toujours pas fini. »
Allen se tut, attentif aux paroles de l'autre, bien qu'il n'appréciait pas d'être coupé.
« Je me fous de te juger, ça ne m'intéresse pas. Tout ce qui me préoccupe, c'est de me contrôler face à tes phéromones. Le reste, je m'en bats les couilles. »
Allen soupira, secouant la tête.
« Ose me dire que je n'agis pas réellement comme quelqu'un de faible et pathétique. J'arrête pas de pleurer, de m'inquiéter. C'est ça mon problème… C'est ça qui me gêne… »
L'oméga s'arrêta. Ce genre de choses pouvait être clairement imagé : remonter la pente après une chute était l'épreuve la plus dure, il y avait la douleur de l'impact, mais en étant obstiné, on pouvait y arriver. Il y avait aussi les fois où la chute était trop violente, et remonter était trop difficile.
« T'es pas en état de contrôler tes émotions, Moyashi, mais tu peux te reprendre. Tu ne le pourras plus que si tu abandonnes. » Kanda s'arrêta. « J'suis pas partisan des conneries du style 'si on veut on peut', mais là, ça marche. Tu dois pas penser que tu peux plus et te bouger. »
Allen leva la voix.
« Mais si jamais je n'y arrive pas ?! Qu'est-ce que je vais faire, si je n'y arrive pas ?! Si je ne peux pas reprendre le dessus ?! Si je deviens inutile et faible comme un oméga cliché ?! Je ne peux pas me le permettre, merde, Kanda ! »
Kanda ne réagit pas face à son emportement, son visage restait fermé. Le blandin se rendit compte qu'il avait délivré une pensée trop intime, de façon trop pathétique. Ça dépassait ce qu'il s'était promis de raconter. Ça ne concernait que lui, et l'alpha ne pourrait rien répondre. Il allait plutôt l'envoyer balader qu'autre chose. Honteusement, le plus jeune s'apprêta à dire à son homologue de laisser tomber, mais Kanda lâcha un soupir.
« C'est pour ça que je suis là, putain. Tu supportes pas tes chaleurs sans moi, parce qu'on est liés. Je suis là pour m'occuper de toi et t'aider. Tu reprendras le dessus. »
Les derniers mots étaient appuyés comme une promesse. Allen fut touché, ne pouvant rien rétorquer. Peut-être que oui, quand la chute était trop importante, trop violente, remonter restait possible, mais avec de l'aide. Il suffisait d'accepter la main tendue, de faire l'effort de la saisir et d'accepter d'être tiré, en y mettant du sien. Seulement, que Kanda lui promette ça, c'était étrange. Et trop positif pour être une pensée de Kanda. Allen fronça les sourcils.
« Le lien m'affaiblit plus qu'autre chose. Je suis touché que tu veuilles m'aider, mais pour le coup, tu me parais étrangement optimiste, Kanda. »
Son scepticisme était palpable. Allen sous-entendait qu'il était influencé par le lien, et ça ne lui plaisait pas. C'était à Kanda, qu'il voulait parler, pas à un alpha sous influence de ses émotions qui lui répondrait plus ou moins ce qu'il voulait entendre au lieu de ce qui était. Ça le fâchait plus qu'autre chose, même si ce n'était pas sa place d'être en colère. C'était plutôt l'alpha qui devrait l'être, et qui le serait quand il sortirait de l'influence. Or, la façon dont le brun le regarda le convainquit brutalement du contraire. Il voyait à ses yeux que Kanda n'aimait pas le sous-entendu. Le brun rétorqua, sèchement :
« C'est pas de l'optimisme. Je ne vais pas réparer ta vie et tes problèmes, c'est pas les miens. Je peux rien y faire et j'en ai rien à faire. »
Allen sourit. Il ne s'en vexait nullement, il ne s'était pas attendu au contraire.
« Mais j'peux faire en sorte de t'apporter mon aide pour tes chaleurs, et tu pourras te démerder tout seul après, comme avant. »
Le sourire d'Allen disparut. Ça paraissait inenvisageable. En y pensant… Il sentait que son sourire voulait revenir, même s'il était empêché. Le fait qu'il soit capable de continuer de sourire après tout ça signifiait que ce n'était peut-être pas tout à fait perdu. Ça le réconforta, le rendit un instant fier de lui. Kanda parla :
« Faut pas que t'oublies que tes putains de chaleurs prennent le contrôle de ton moral, le lien aussi. L'infirmière l'a dit et on le ressent bien. Même moi je suis pas assez con pour ne pas l'avoir compris. »
Son regard accusateur alluma un vieil élan de colère chez le symbiotique.
« Ne me traite pas de con, Bakanda.
—J't'insulte si je veux, Moyashi. »
Allen voulut rétorquer, mais Kanda le devança :
« Alors, t'es satisfait ? Tu vas moins puer ? »
Allen ricana. Bien sûr, l'alpha se souciait de ça en premier lieu, et il le comprenait tout à fait. Il se sentait mieux. Il était content que Kanda lui ait répondu tout ça de lui-même, qu'il soit vraisemblablement concerné, mais pas excessivement. Le minimum, c'était ce qu'il voulait. Plus l'aurait gêné et l'aurait choqué venant du brun. Kanda lui avait répondu en étant lui. Kanda pensait vraiment qu'il pourrait s'en sortir. Si, au fond de lui-même, Allen se fichait de ce que pensait Kanda, que sa fierté lui disait qu'il n'avait besoin de l'aval de personne, il avait besoin de soutien. Ce n'était pas la même chose. L'alpha lui offrait ça, et fierté mise à part, Allen était reconnaissant. Le blandin se voyait persuadé qu'il avait affaire à quelqu'un de bien en la personne du Japonais. Il lui offrit un sourire sincère.
« On va dire ça. »
Malgré lui, porté par un enthousiasme soudain, Allen sentit ses lèvres s'élargir encore :
« Merci de m'avoir écouté, Kanda. »
Allen se sentit nettement plus joyeux, et empli de gratitude envers l'alpha. Il s'irrita à peine en soupçonnant le lien d'accentuer ce sentiment, mais il décida que ce n'était pas si grave. L'effort de Kanda était à la hauteur du sentiment, finalement. Ce dernier détourna le regard en grinçant des dents, agacé des remerciements. Il finit par le fusiller du regard.
« Réessaie pas de m'embrasser, ou je te bute. »
Allen eut un mouvement de recul, choqué.
« J'allais pas le faire ! »
Qu'il l'ait fait une fois, sur le moment, ne voulait pas dire qu'il allait récidiver ! Encore plus en ayant été repoussé avec fracas. Kanda croisa les bras, et grogna.
« T'as le même regard qu'à ce moment-là.
—Quel regard ? »
Allen ne comprenait pas de quoi il parlait, soudainement embarrassé. Ça le dérangeait que son visage puisse refléter une expression qui lui échappait. Kanda ne fit que grogner, encore.
« Tch.
—Kanda, quel regard ? »
Il insistait. Le brun ne fit que lui balancer :
« Un regard de con.
—Sérieusement, Bakanda !
—Je suis toujours sérieux, Moyashi. »
Allen aurait ri dans une autre circonstance, c'était totalement vrai. Comme ç'aurait été immature de sa part de renchérir sur le sujet, il soupira, décidant de laisser tomber. L'idée de sembler déborder d'affection pour Kanda le gênait, car pendant un instant, c'était bien ce qu'il avait ressenti. La sensation était certes momentanée, parce qu'il était naturel que l'autre l'ait attendri et qu'il soit reconnaissant, mais il ne voulait pas que ça se voit trop. Il voulait garder en tête que c'était le Bakanda. Quand bien même Allen était quelqu'un d'expressif, il y avait une limite. Dans le fond, il se fichait d'avoir l'air reconnaissant, il l'était, le montrer lui semblait naturel, il n'allait pas non plus le réprimer, mais, par immaturité, il se sentait bouder sachant la façon dont l'alpha l'avait interprété.
Pendant qu'Allen était aux prises avec ses pensées, les joues rouges, Kanda commença à se lever.
« Je vais m'entraîner. Deux heures, je t'ai prévenu hier. »
Ne voulant décidément pas le priver de sortir deux jours de suite, il n'était pas assez égoïste pour ça, Allen lui fit un nouveau sourire. Malgré le lien qui rendait son absence insupportable, Allen était sincèrement content que Kanda prenne du temps pour lui-même et ne voulait pas le cloîtrer à son chevet.
« Oui, à tout à l'heure.
—Je te laisse ma veste.
—Merci. »
Kanda partit, et le blandin se retrouva seul. Timcanpy en profita pour venir se coller contre lui. Allen se mit à réfléchir à l'influence du lien, en lisant son livre sans le lire, et finit par s'endormir.
Kanda prit une grande inspiration silencieuse, et revint en garde avec son sabre en bambou. Il venait de finir son entraînement.
Se défouler lui avait fait un grand bien. Il s'était déchaîné, il se sentait en sueur et pourtant, il était entièrement revigoré, se sentait redoubler d'énergie. Enfin. Ça faisait du bien, ça valait le coup de le répéter. À la base, il avait prévu de s'entraîner et de méditer une heure pour chaque activité, mais il n'avait fait que s'entraîner. Kanda se dit qu'il méditerait une autre fois. Il n'avait pensé à rien, s'était libéré de tout bagage intempestif dans une imitation de combat intensif, comme avant. Il en avait eu besoin, c'était plus utile que se prendre la tête à ressasser les mêmes conneries. Le gamin faisait de son mieux pour ne pas le faire chier, il le voyait bien, et lui aussi allait faire de son mieux pour être son alpha, il n'y avait rien de plus à dire. Malgré tous les contres et tout ce qui l'emmerdait, il le pourrait. C'était remotivé, et avec la confiance de la certitude, que Kanda était revenu jusqu'à la chambre d'Allen. Il prévoyait de prendre une douche là-bas, voulant d'abord vérifier que l'oméga se portait toujours bien.
L'alpha se rendit à destination de son calme olympien, pour déchanter au moment où il ouvrit la porte. Le front plissé, la mine douloureuse et les dents serrées, Allen se tenait le ventre en respirant son vêtement un peu trop fort pour que ce soit normal. Ses odeurs commençaient à s'assombrir à cause de la douleur, mais l'oméga n'avait pas peur. Kanda devina qu'une crise de maux de ventres le frappait. L'infirmière avait dit qu'il ne devait plus avoir mal. C'était peut-être l'éloignement… Désappointé, Kanda se dépêcha de fermer la porte et de s'asseoir au bord du lit, à côté de l'oméga qu'il empoigna par l'épaule.
« Tu fais une crise, Moyashi ? »
Le blandin se mordit la lèvre et acquiesça. Kanda durcit son regard, en même temps que sa poigne.
« Il fallait m'appeler ! »
Ça l'aurait certes dérangé, mais il était là pour ça. Le blandin secoua la tête, se dégageant de son emprise.
« Je… Ça vient à peine de commencer, et ce n'est vraiment pas dramatique… J'ai juste un peu mal… Ça va passer. » Il lui sourit. « Et tu es revenu, maintenant. »
Le sourire du gamin était plein de confiance et de candeur. Comme souvent, Kanda en était énervé. Mais il décida que ça valait mieux. L'alpha soupira.
« Ça faisait un moment que c'était pas arrivé. Tu penses que c'est normal ? Tu veux que j'amène l'infirmière ? »
Allen secoua la tête.
« Ça va. » Au même instant, il se crispa sous la douleur, mais reprit quand même. « Je pense que ça va passer, tes odeurs me font du bien. Tu sens vraiment fort. »
Kanda ne répondit pas. Pour être franc, il puait sûrement plus qu'autre chose après son entraînement. Il soupira.
« Je vais aller prendre une douche une fois que tu seras calmé. »
Il restait à côté de l'oméga, lequel se tenait fermement le ventre et fronçait les sourcils. Allen secoua encore la tête.
« Tu peux y aller, je te dis… » Puis il lui demanda : « Ton entraînement était bien ? »
Kanda devina sa jalousie de ne pas pouvoir faire autre chose que de rester au lit, qu'il comprenait. Il ne savait pas quoi faire pour calmer l'oméga, et n'allait pas le laisser comme ça. En réponse à sa question, il garda son enthousiasme pour lui derrière son ton éternellement plat :
« C'est de l'entraînement, ça défoule. »
Allen rit doucement.
« C'est bien. Je suis content que tu aies pris du bon temps. »
Kanda grinça en songeant que son bon temps était fini. De plus, ça l'irritait encore furieusement que l'oméga trouve le moyen d'être content pour lui alors qu'il souffrait. Pour arrêter la crise, il savait bien ce qui marchait, mais il ne voulait pas laisser Allen le sentir alors qu'il ne s'était pas encore douché. Il savait qu'il y avait forcément quelque chose à faire. En réfléchissant, il se rappela de ce qu'il avait fait une nuit, pendant une des crises d'Allen.
« Tu veux que je touche où ça fait mal ? »
L'oméga eut un mouvement de recul et rougit légèrement, avant de se reprendre puis d'acquiescer.
« Oui, s'il te plaît. »
Délicatement, l'alpha souleva la chemise du pyjama du plus jeune, et étala soigneusement sa paume sur son ventre, Allen guidant sa main pour la poser à l'endroit exact où il souffrait. La main de Kanda couvrait la distance de son nombril à son bas-ventre. Il ressentait le rythme respiratoire de l'oméga. Aucun d'eux ne parlait, ils se regardaient juste, Allen semblant nettement apprécier le contact, et Kanda se sentant, bien malgré lui, embarrassé de l'intense reconnaissance qu'il croisait dans le regard du plus jeune. Cela sembla durer un moment. L'Asiatique finit par demander, inhabituellement tendu par une gêne qu'il n'aimait pas :
« Ça va mieux, Moyashi ?
—Un peu. Est-ce que… »
Devant son hésitation, Kanda grogna :
« Quoi ?
—On peut se tenir la main ? »
Toujours aussi tendu, Kanda eut le réflexe de refuser, parce qu'il le touchait déjà et que ça faisait effet petit à petit. Ça l'embarrassait déjà assez, il ne voulait pas en rajouter. Mais après tout, il se disait que ça ne coûtait rien. Il émit en revanche une condition :
« Pas trop longtemps. »
L'Anglais hocha la tête. Kanda lui tendit sa deuxième main, et Allen la saisit. Ils n'entremêlaient pas leurs doigts ensemble, mais se tenaient la main fermement. Son autre main reposait toujours sur le ventre chaud de l'oméga. Allen sursauta subitement suite à un nouveau pic de douleur, sa main serra la sienne. Son autre main, au-dessus de celle que Kanda posait sur son ventre, appuya brusquement. Kanda ne broncha pas, et Allen se mordait la lèvre. Il essayait de rester serein, malgré la honte que Kanda devinait en plus de sentir. Allen était faible. Il s'affichait faible, devant lui, alors qu'ils avaient une relation de rivalité plus qu'autre chose. Quand bien même sa reconnaissance dominait, la fierté en prenait un coup, c'était une réaction humaine. Kanda parla :
« Reste détendu pour que ça te calme, Moyashi.
—Oui, désolé.
—T'excuse pas, j'ai dit. Ça tient toujours pour la claque. »
Allen se tut, et osa lui esquisser un sourire. Kanda ne put en être irrité et lui crier de ne pas le faire. L'oméga fronça encore les sourcils et remonta sa main sur son ventre, puis il la fit descendre légèrement. Kanda comprit qu'il mimait un massage. De lui-même, il se mit à reproduire le mouvement qu'Allen lui faisait faire, l'oméga soupirant au toucher. Il n'avait pas besoin de le dire pour que Kanda comprenne que ça lui faisait du bien. Grâce au lien, mais grâce à son expression. Il eut soudainement l'air béat. Kanda devait avouer qu'il préférait le voir comme ça, pour les odeurs, et parce que sa tête d'imbécile heureux était ce dont il avait l'habitude venant de lui. Ça rajoutait à son embarras. Il continua le massage un moment, son autre main toujours retenue par celle de l'oméga, et bien vite, Allen commença à gémir de bien-être. Kanda comprit qu'il était passé de maux de ventres à une pleine chaleur… Il grogna.
« Putain, sérieusement, Moyashi… »
La culpabilité naissait dans les yeux du blandin alors qu'il serrait les jambes, étouffant son érection.
« Je fais pas exprès !
—J'le sais. »
Allen ne savait que faire. Il lâcha sa main, et se redressa, Kanda ayant toujours la main sur son ventre.
« Je suis vraiment désolé pour les crises, Kanda.
—Qu'est-ce que j'ai dit pour les excuses ? »
Allen se mordit encore la lèvre. Il observa un silence de quelques secondes, et osa lui dire :
« Je sais, mais tu revenais de ton entraînement, tu avais l'air content, et moi, j'ai tout gâché…
—Ta gueule. J'étais pas content. »
Il n'était jamais content. Kanda n'aimait vraiment pas sa tendance à culpabiliser à tout va. Ce gamin était trop bon. Qui dit trop bon, dit aussi trop con.
« Je vais te soulager. »
Ça le gênait, avec ce qui venait de se produire. Pourtant, Kanda n'aurait pas dû être gêné. Il lui avait fait bien plus qu'un putain de massage, mais quand il pensait à ce regard intense, à ce contact, ça lui faisait un sentiment bizarre. Les phéromones et le lien, sûrement. Allen fut incertain.
« J'ai même pas essayé…
—Laisse tomber ça, tu vois bien que ça marche pas. »
Allen ne protesta pas plus.
« T'es sûr… ? »
Kanda balaya sa demande d'un grondement irrité.
« Toi ? »
Allen hocha la tête. Le brun ne sut si c'était à cause de ses propres phéromones probablement plus présentes, mais l'oméga ne tint pas très longtemps. L'alpha se sentait inhabituellement confus. Pendant l'acte, il s'était rapproché de l'oméga, lequel avait repris sa main libre. Kanda avait pu difficilement ignorer le plaisir dansant dans ses yeux, son expression modifiée sous la jouissance, sa bouche s'arquant à cause des gémissements lâchés. La façon dont sa main serrait timidement la sienne l'attendrissait quelque peu, il s'en rendait compte, et merde, ça l'énervait tellement de ne pas être indifférent à Allen. Serrant les dents, Kanda l'aida à se nettoyer, et il put prendre sa douche, ravi que ce soit terminé. S'occuper d'un oméga en chaleurs, Moyashi qui plus est, était réellement difficile, c'était indéniable, mais Kanda se convainquit qu'il y arriverait. Il n'était pas plus fait pour ça qu'hier, mais l'important était qu'il ait le contrôle. Le Japonais s'en était fait le serment, il lutterait pour le conserver.
Pendant que Kanda se douchait, Allen réfléchissait, les jambes serrées et les bras croisés. Comme ce matin, il était envahi de doute.
Il n'y avait rien à faire, il n'arrivait pas à tolérer les chaleurs, même si Kanda était la douceur incarnée quand il le touchait. Ça ne cessait de le surprendre. Ça passerait vite. Mais, Allen y pensait avec amertume, il aurait d'autres chaleurs. Il savait très bien que s'en inquiéter était stupide. Mais il ne pouvait pas faire autrement que de se demander comment il pourrait rester lui-même s'il vivait ça une fois tous les trois-quatre mois. Il était inquiet, pour son cas, et aussi pour ce que l'alpha ferait. Kanda était d'accord d'être son alpha pour le moment, mais les prochaines fois, s'il le laissait seul si faible ? Allen voulait lui poser la question. C'était un sujet sensible pour lui, et il devinait que Kanda réagirait probablement avec irritation. Il ne voulait pas le forcer et lui demander d'être là pour lui, il ne voulait pas le contraindre, mais il voulait savoir si Kanda y avait réfléchi, et qu'ils en discutent. Il hésita à aborder ce problème directement avec l'alpha, car il voyait ses efforts et ne voulait pas tout ruiner.
Kanda l'avait même appelé son oméga… En y repensant, Allen rougit et eut un frisson dans le bas-ventre, totalement incontrôlable. Il n'était pas bête. Il savait que Kanda ne le considérait pas comme un amant potentiel, ce n'était pas son cas non plus, et ça n'avait rien de sentimental. Mais en faisant ainsi, l'alpha reconnaissait leur lien, quelque part. L'instinct d'oméga en Allen en était excité, si lui en était humblement ému. Tout était bon pour l'exciter, dans son état, en même temps.
Allen en était irrité.
Quand Kanda revint, se sentant étrangement d'humeur à se confier, le blandin décida de l'interpeller :
« Il y a un autre problème… Qu'est-ce qu'on fera pour mes deuxièmes chaleurs ? »
Le temps d'arrêt marqué par Kanda fit comprendre à Allen que la question ne lui plaisait pas. L'Asiatique fronçait durement les sourcils. Il paraissait ne pas comprendre pourquoi il lui parlait de ça.
« Y a rien à dire, Moyashi. On se parlera plus, et le lien sera parti. »
Allen hésita à poursuivre, mais ça le tiraillait trop pour qu'il laisse tomber si rapidement.
« Et si ce n'est pas le cas ? »
Intérieurement, il se posait une question plus problématique : Si c'est le cas mais que je ne supporte pas mes chaleurs… ? C'était, en revanche, une inquiétude dont il ne ferait pas part à Kanda. Ça aurait été gonflé de sa part d'attendre quelque chose de l'autre alors qu'ils n'étaient plus liés. Allen ne voulait pas être assez pitoyable pour demander à quelqu'un d'assumer une responsabilité qui devait être uniquement sienne. S'il était débarrassé du lien, Kanda serait débarrassé de son obligation envers lui, Allen n'hésitait pas là-dessus. Toujours, il n'aimait pas se montrer dépendant et obligeant, mais si, au contraire de cette pensée, Kanda était toujours son lié… Allen avait besoin de savoir à quoi s'en tenir.
Kanda claqua finalement :
« On verra. »
Allen se mordit la lèvre.
« Kanda, je veux pas de réponse évasive. J'aimerais qu'on puisse en discuter sérieusement, s'il te plaît. »
S'asseyant au bord du lit en face du sien, Kanda croisa les bras, irrité.
« Pourquoi tu remues la merde à parler de ça maintenant, Moyashi ? »
Allen se retint de se récrier contre l'appellation. Ce n'était pas le plus important actuellement. Il souffla, cachant sa propre irritation.
« Tu m'as dit de communiquer sur ce qui n'allait pas, faut savoir.
—J't'ai déjà rassuré, j'ai pas envie d'avoir cette conversation. »
Le maudit le voyait bien, qu'il ne voulait pas. En une semaine, ils auraient le temps d'en parler, mais Allen voulait faire ça maintenant… Pendant qu'il n'était pas complètement abruti par les phéromones… Il ne voulait pas s'énerver, reconnaissant son tort, alors il souffla encore.
« Kanda, si on est amis temporairement, accepte d'en parler avec moi. C'est important pour moi. Quatre mois, ça passe très vite, on y sera confronté si le lien ne se brise pas… On est pas obligés de prendre une décision, mais on peut l'envisager, au moins. »
Kanda gronda.
« Moyashi, déconne pas. Même en étant temporairement ton pote, je suis pas ouvert à parler de ça. »
Allen poussa une exclamation excédée :
« Mais pourquoi ?!
—Parce que si j'y pense, si j'y réfléchis, ça va me faire chier, je vais m'énerver, et tu veux que je m'énerve encore ? Non, alors la ferme.
—Essaie de ne pas t'énerver, il va bien falloir qu'on aborde les sujets qui fâchent !
—Pas maintenant. »
Le blandin n'arrivait plus à contrôler sa colère. Il ne voulait pas en arriver là, mais que Kanda soit toujours si hermétiquement fermé lui mettait les nerfs en feu. Il ne pouvait pas comprendre que c'était important pour lui ? Allen rétorqua, croisant les bras :
« Moi, j'ai envie d'en parler maintenant, tant que ça m'angoisse.
—Tu m'emmerdes, » asséna Kanda.
L'oméga ne se laissa pas démonter en comprenant qu'il n'obtiendrait rien de l'alpha.
« Toi aussi. »
Ils se jaugèrent un moment, Kanda ne baissant pas les yeux, Allen non plus. Kanda ne céderait pas, le blandin l'avait compris. Il se retourna rageusement dos à l'alpha, se mettant sous les draps. Allen pouvait comprendre que ses hormones le rendaient irritable, il n'arrivait pas à contrôler cette irritation et n'en avait, pour l'heure, pas envie. Sa colère était juste, bon sang ! Il avait essayé d'y mettre les formes, de ne pas presser l'alpha, mais celui-ci ne voulait rien entendre ! Allen rageait. Kanda avait ses bons côtés, mais les mauvais lui donnaient envie de l'encastrer dans le mur. Au bout de quelques minutes, Allen sentit un poids dans son dos, au bord du lit. Kanda s'était assis.
« Tu vas arrêter de bouder ? » gronda sa voix sèche, « pourquoi t'es si immature, putain, Moyashi ?! »
Indéniablement fâché, Allen se tourna vers lui, la bouche tordue sous la colère.
« Pourquoi t'es pas plus humain, toi ?! »
Le visage de Kanda apprit à Allen que ses paroles n'avaient pas été appréciées. Étrangement, en dépit de sa colère, le maudit les regretta. C'était vraiment étrange, mais en cet instant, il avait aperçu une faille dans le masque d'indifférence de Kanda. L'Asiatique avait semblé, une seconde, presque blessé. Son beau visage se tordit en une expression de dédain froide, et sa bouche se retroussa finement. Il plongea son regard au fond du sien, un rictus arrogant ayant pris place sur ses lèvres.
« Moi, j'suis pas humain ? Parce que t'es humain, toi ? »
Allen sentit l'air se bloquer dans sa gorge alors qu'il se redressait, une colère similaire à celle de l'alpha s'érigeant en lui. Il ne comprenait pas. Ne voulait pas comprendre, du moins. Kanda n'avait pas… Il n'avait pas osé… Dangereusement, le blandin fronça les sourcils.
« Je ne comprends pas où tu veux en venir. »
Le susnommé eut un bref rire sec, le rictus arrogant refaisant surface.
« Aux dernières nouvelles, t'es l'hôte d'un Noah, alors question humanité, tu peux fermer ta gueule. »
Le sang d'Allen ne fit qu'un tour, la colère explosant en lui.
Il ne contrôla pas ses gestes.
Sa main se leva, et brusquement, elle s'abattit sur le visage de l'alpha, le son de la gifle résonnant dans la chambre. Les yeux grands de surprise, Kanda porta la main à sa joue. Il ne s'était pas attendu à celle-là, et d'humeur clairement belliqueuse, Allen était content de son petit effet. Plus encore, blessé et humilié par ces paroles, il lâcha froidement :
« Je t'interdis de me dire ça, Kanda. T'as pas le droit de me dire ça. »
L'alpha émergeait de son choc, quant à lui, peinant à réaliser ce qui venait d'arriver. Moyashi avait… Ce putain de gosse puéril avait osé lever la main sur lui ?! Il venait de le claquer comme on claque un enfant ou comme certains alphas s'autorisaient à gifler leurs omégas, et maintenant, il lui donnait un ordre, lui interdisait quelque chose, comme s'il disposait d'une quelconque autorité sur lui. Si Kanda restait encore calme, à l'intérieur, il était en train de brûler de colère. Il se foutait des statuts, n'avait jamais traité Moyashi différemment des autres à cause de ça, mais il ne pouvait pas dire que le fait d'être ainsi frappé par un oméga, son oméga, ne réveillait pas un instinct primal tapis en lui.
C'était ce foutu oméga qui n'avait pas le droit de le traiter comme ça. Pas lui.
Le fait que ses paroles aient été trop loin lui traversa bien l'esprit, Kanda s'en était rendu compte en les lançant, mais Moyashi était en colère, la colère l'emportait lui aussi et c'était de sa faute en premier lieu. L'oméga n'avait qu'à pas insister lorsqu'il voyait qu'il n'était pas d'accord. Kanda était resté gentil un moment, il ne fallait simplement pas exagérer.
Pourtant, Kanda avait promis de ne plus s'énerver, et chez lui, une promesse était une promesse. Il avait promis de bien traiter l'oméga, de n'abuser de lui d'aucune façon… Mais ce qu'il venait de faire… C'était Moyashi qui déconnait et se sentait visiblement pousser des ailes.
Kanda n'allait pas accepter cette humiliation.
L'espace d'un instant, dans un geste rageur, sa main se leva, ses nerfs la faisant trembler. Il se retint avec difficulté de l'abattre sur le visage de l'oméga. Kanda savait qu'il était en chaleurs. La période où il était faible, avait besoin de protection. Frapper un oméga dans cet état, c'était aussi lâche et répugnant que de frapper une personne portant la vie, c'était ce que Kanda en était venu à penser. Il ne voulait pas s'abaisser à ça, ne voulait pas être ce genre d'alpha, malgré la colère.
« Putain, t'as de la chance d'être en chaleurs, » vociféra-t-il, « parce que sinon je te défoncerais la tronche. Frappe-moi à nouveau, et je ne me retiendrai pas. »
Une lueur de rage dans le regard, toujours bagarreur, Allen s'écria :
« Ben vas-y ! Te retiens pas, hein !
—T'es complètement con, Moyashi, tu veux vraiment qu'on se batte dans ton état ?! »
Kanda crevait d'envie, quand il le voyait si arrogant et si provocant, de lui en décocher une bonne pour le calmer. Il s'était fait gifler comme un enfant, mais était d'avis que Moyashi était ici l'enfant qui méritait une bonne correction. Sauf qu'il ne tenait qu'à peine debout, il avait encore eu une crise de maux de ventres tout à l'heure… Le brun n'allait pas lui taper dessus. Allen continuait, s'énervant :
« Je refuse d'être traité comme une petite chose sans défense ! Tu veux me frapper ? Vas-y, j'encaisse !
—Je frappe pas quand tu peux pas te défendre, » refusa Kanda. « Si tu me faisais ça sans être en chaleurs, tu prendrais cher, mais tu es en état de faiblesse, assume, et je ne m'abaisse pas à ça.
—J'apprécie que tu aies de la considération pour mon état mais j'en ai pas besoin. Frappe-moi, Kanda. »
L'alpha resta stupéfait. Putain, Moyashi lui demandait sérieusement de lui en coller une ? C'était quoi, son problème ? Il devenait taré ? Kanda contracta sa mâchoire, ses poings se serrant malgré lui. S'il continuait à le provoquer… Même avec ses promesses, Kanda n'était pas le genre de personne avec qui il fallait jouer à ça.
« T'as envie que je te frappe ou quoi ?! »
Kanda n'y comprenait rien.
« C'est toi qui voulais. Viens, j'attends.
—Non, Moyashi. »
Sa voix était ferme. Il n'allait pas rentrer dans le jeu débile de provocation de l'autre. Seulement… Allen se mit à rire. Avec un œil torve, Kanda l'observa se marrer, se demandant ce qui lui passait par la tête encore. Accrochant son regard au sien, Allen eut un sourire des plus provocants, ricanant encore.
« T'es qu'une couille molle. »
Le petit con.
Kanda vit rouge, n'eut qu'à peine le temps de sentir sa main se lever qu'Allen en avait déjà pris une. Son rire avait été stoppé, il gardait la tête basse et la joue rouge, sa main s'y portant. Kanda ne s'attarda pas à décrypter ses émotions. La colère l'envahissait et exhalait de sa peau.
« T'es content maintenant ? T'as ce que tu voulais, » cracha-t-il devant l'oméga qui le regardait pitoyablement.
Le Japonais n'était, pour sa part, pas satisfait. Il n'avait pas voulu en arriver là, mais le gamin l'avait provoqué, alors d'une certaine manière, il l'avait mérité. Peut-être pas. Non. Le brun savait qu'il n'avait pas le droit de le frapper, mais Allen avait commencé le premier, il avait répondu. Quand même, Kanda en arrivait à la conclusion que vu comme il l'avait cherché, il avait eu raison.
Rageusement, Kanda s'éloigna d'Allen, partant s'allonger sur l'autre lit avec son bouquin. Dans cette situation, il aurait aimé partir de la chambre et rester seul, cependant, il ne le pouvait pas. Ça le frustrait. Il bouillonnait. Probablement qu'ils auraient à en discuter, parce que Moyashi n'avait pas le droit de faire ça. Provoquer des bagarres, le frapper, en gros, piquer des colères contre lui parce qu'il refusait de céder à ses caprices. Il fallait qu'il se comporte en adulte, même s'il était encore un adolescent, et même si les hormones jouaient pour beaucoup dans ses réactions, il ne fallait pas exagérer non plus, il était à même de comprendre ce qu'il faisait et les implications de ses actes.
Kanda était certes à peine sorti de l'adolescence si on se fiait à son âge physique, mais considérant son ancienne vie, il était un adulte. En cet instant, il ressentait leur différence d'âge, le fossé de leurs expériences. Allen était un gosse, un putain de petit con immature. Il jugeait que l'oméga avait intérêt à grandir un peu et à se tempérer s'il voulait que ça marche entre eux. Ils étaient amis de circonstance, et si Kanda n'était pas doué en amitié, être amis ne voulait pas dire passer ses nerfs l'un sur l'autre et en arriver à ça, il le savait. D'accord, il était tout aussi fautif, s'il avait été plus tempéré, il se serait contenu et ne l'aurait pas giflé, de même pour l'attaque sournoise qu'il lui avait balancée.
Néanmoins, ce n'était pas qu'à lui de faire des efforts. Allen devrait vraiment apprendre à se calmer.
L'ambiance de la chambre ayant été nettement alourdie, ils passèrent plusieurs heures chacun de leur côté, sans s'adresser la moindre parole ou essayer de se réconcilier. Kanda estimait que ce n'était pas à lui de le faire, il pensait même qu'Allen avait plutôt intérêt à ne pas attendre cet effort de lui et à s'excuser dare-dare. Quand bien même, des excuses ne l'auraient pas calmé.
Méchamment, Kanda attendait que le blandin veuille s'excuser pour l'envoyer chier et vider son sac, qu'il comprenne un peu où étaient les limites dans leur relation de merde.
Le soleil commençant à baisser dehors, Kanda devina qu'il était assez tard quand la voix agaçante du blandin retentit à ses oreilles.
« Kanda… »
Il hésitait, n'osait pas réellement.
« Ta gueule. »
Kanda rétorquait avec une belle insulte bien sentie. Allen hésitait encore :
« Écoute, je sais que mon attitude à dépassé les bornes, et je suis… »
L'alpha l'interrompit, crachant :
« T'es quoi ? Désolé ? Menteur. »
Allen se tut devant sa véhémence. Kanda continua :
« T'es qu'un putain de menteur. Tu veux que ça se passe bien entre nous, mais que si ça va dans ton sens. Tu es égoïste et immature, Moyashi. T'es qu'un con de gamin. »
Vexé, Allen contra :
« Non mais tu as vu ce que tu m'as dit, toi aussi ?! Ma réaction se comprend ! Je sais que certains remettent mon humanité en question et me voient comme un traître ! Je suis même surveillé par l'Ordre. Kanda, tu ne pouvais pas me dire ça ! »
Farouchement, l'épéiste contra à son tour :
« Toi aussi tu m'as insulté. »
Allen beugla :
« Ce n'est pas la même chose !
—Ah ouais ? » grogna Kanda. « Toi tu peux m'insulter, mais moi j'ai pas le droit de contrattaquer ? C'est comme ça que tu vois tes amitiés, Moyashi ? On voit ce que j'ai raté en refusant depuis tout ce temps. »
L'Asiatique était agressif, mais le gamin méritait d'être remis à sa place. Avec un mouvement de recul, piqué au vif, Allen rétorqua, blessé :
« Non, ce n'est pas comme ça, et excuse-moi si je t'ai vexé, mais je continue à dire que c'est pas la même chose de me dire ça et ce que je t'ai dit ! Je voulais juste qu'on discute de quelque chose d'important, tu t'es fermé et ça m'a énervé ! D'accord, j'ai réagi stupidement, je l'avoue, mais merde Kanda, tu as été vraiment méchant ! »
Kanda sentit à nouveau que son sang bouillonnait dans ses veines et dut faire un effort pour se calmer. Sans succès.
« Putain, tu vas arrêter de te voir comme un petit ange que j'ai osé insulter ? T'as vu comment tu t'es excité tout seul, connard ?
—J'ai jamais dit que j'étais ange, je sais que je me suis emporté ! Mais Kanda… ! »
Allen n'avait plus d'argument. Kanda saisit l'occasion pour vider son sac.
« Bon, maintenant tu fermes ta gueule et tu me laisses parler.
—Kanda…
—Ta gueule, Moyashi. »
Allen obéit malgré lui.
« Je ne veux plus jamais que tu te sentes autorisé à me cogner, ou je t'éclate. J'sais pas pourquoi t'as insisté comme ça pour que je te la rende alors que je comptais pas partir en bagarre avec toi, mais je te conseille de ne plus me chercher, sinon je te jure que je te fous une trempe dont tu te rappelleras toute ta vie. Si t'agis comme un enfant, je vais te traiter comme un enfant. C'est clair ?
—Attends, je…
—Ta gueule. »
L'épéiste continua, Allen se taisant :
« Si j'ai pas envie de parler de tes prochaines chaleurs, c'est non. On en parlera une autre fois, quand je le voudrai aussi, et c'est pas la peine d'insister comme un gamin capricieux pour que je fasse ce que tu veux. Je t'ai déjà dit que j'étais pas ton chien. T'as intérêt à te le rentrer dans le crâne. Tes hormones à la con commencent à me faire chier, fais des efforts pour te calmer, sinon ça va pas le faire. Et me sors pas que ça te fait chier aussi comme si ça excusait tout, c'est moi qui subis tes caprices. »
Une odeur de culpabilité se formait autour du blandin, Kanda comprenant que son sermon portait ses fruits.
« Je pensais pas ce que j'ai dit, si c'est ce que tu cherches à savoir. Tu me gonflais, je voulais juste te la faire fermer. »
Allen répondit amèrement :
« Tu vois, c'est ce que je te disais, tu es vraiment méchant quand tu t'énerves. Tu ne devrais pas attaquer sur des choses comme ça sans le penser. Tu ne maîtrises absolument pas ta colère, Kanda.
—Parce que toi si ? Et je t'ai pas dit que tu pouvais parler. »
L'oméga se tut. Toujours en colère, Kanda se mit debout, face à Allen, et croisa les bras.
« Y a autre chose que j'aimerais dire. »
Il n'était pas bon pour exprimer ses sentiments, alors l'alpha était tendu.
« On a dit qu'on était amis, alors t'avise plus de me manquer de respect. Moi aussi je dois pas faire ça, je le sais, et je fais ce que je peux. C'est pour ça que me dire que je suis pas humain, avec tout ce que je fais pour toi… Putain ! »
Kanda ne put s'empêcher de crier de fureur, Allen sursautant.
« Je sais que j'ai foiré avec toi l'autre jour, que je t'ai presque monté dessus alors que tu refusais que je te touche. J'ai menti, quand j'ai dit que je me contrôlais parfaitement. Tu suppliais, ça m'a empêché de basculer. Je sais pas ce que j'aurai fait sans ça. Je sais que j'ai agi comme une bête. Je t'ai convaincu alors que j'aurais pas dû te convaincre, j'ai envie de me casser la gueule quand je pense à ce que j'ai dit… Je mérite peut-être pas de respect, et je m'en fous. Je le sais que je suis un salaud, t'entends ? »
Avec de grands yeux épouvantés, Allen le fixait. Il comprenait qu'il se blâmait encore, malgré leur discussion. Kanda gueula :
« Mais j'essaie de me racheter. J'ai promis que je serai ton alpha, que je serai un bon alpha, mais tu crois que c'est facile d'être l'alpha d'un oméga chiant comme toi ?! Est-ce que tu sais qu'y a des alphas qui s'en carrent la raie du bien-être de leurs omégas, que ce soit pendant les chaleurs ou non ? Qu'ils se font pas chier à rester avec eux et à s'en occuper ? Ils les prennent pour les baiser, et le reste, ils s'en foutent. T'es au courant de ça, Moyashi ? »
Allen hocha la tête sans répondre, laissant Kanda s'exprimer.
« Tu vois tout ce que je fais pour toi ? Tout ce que je te passe ? Tout ce que j'accepte ? » Nouvel hochement de tête. « Si tu veux qu'on soit potes et que ça se passe bien, y a pas que moi qui dois te faciliter la tâche. Toi aussi, tu dois faire des efforts, et arrêter de jouer au con, putain de merde ! »
En face de lui, de sa colère, Allen le fixait encore. Il hésitait à répondre. Comme Kanda ne disait plus rien, le blandin prit un temps pour rassembler ses mots, et commença :
« Mon dieu… Je n'avais pas réalisé que tu ressentais tout ça au sujet de l'autre jour, Kanda. »
L'épéiste sourcilla. De tout ce qu'il avait dit, c'était tout ce qu'il retenait ? Il se foutait de sa gueule ? Allen s'en rendit compte, puisqu'il se dépêcha de poursuivre :
« Je ne sais pas par où commencer. Je n'ai jamais voulu te manquer de respect, je t'en prie, crois-moi, je ne te mens pas. Tu as raison, mes hormones n'excusent pas mes réactions, et je sais que je me suis comporté comme un con, comme tu dis… On a été tous les deux méchants, mais je sais que je me suis emporté le premier et que je n'aurais pas dû te provoquer comme ça… C'était puéril de ma part. Je sais que je mérite d'être sermonné. Je suis vraiment désolé, même si ça n'efface rien, je le sais très bien… Kanda, bon sang… Je ne sais pas quoi dire pour me faire pardonner. Je sais que y a rien à dire, mais… »
L'oméga prit une profonde inspiration.
« Si j'ai insisté pour la gifle, c'est simplement parce que je voulais me sentir traité comme un homme. »
Kanda fronça les sourcils.
« T'es encore avec ça ? »
Allen hocha la tête, dépité.
« Je suis un homme. Je le sais. Je suis aussi un oméga. Je sais que les omégas sont des hommes, mais mon statut me fragilise, mon corps est différent, je viens juste d'apprendre ça… Forcément, j'ai du mal. Imagine-toi à ma place. Tu as beau avoir dit que tu me pensais un homme, j'ai cru que tu te mettais à me traiter comme si tu me pensais moins fort que toi à cause de mon statut d'oméga. »
Kanda soupira.
« J'ai dit ce que je pensais de ça. Tu pourrais être un alpha, j'te frapperai pas si t'es en position de faiblesse. T'façon, c'est pas en étant con que tu prouveras que t'es un bonhomme, Moyashi. »
Allen leva les yeux sur lui, le regardant comme s'il le voyait pour la première fois, atteint par ses paroles. Il les baissa ensuite.
« Je sais… »
Kanda secoua la tête. Il était un enfant, Kanda voyait juste en lui. C'était ça, une des choses qui l'agaçaient chez Allen. Il était un gosse qui s'imaginait tout savoir alors qu'il ne savait rien de la vie. Allen reprit :
« Je ne veux pas que tu t'en veuilles pour l'autre fois, on en a parlé, tu sais ce que j'en pense. Et oui, je sais très bien que tous les alphas ne se prennent pas autant la tête que toi pour leurs omégas, et tu n'es même pas mon petit-ami… C'est pour ça que je m'en veux tant des crises qui te font me toucher, des demandes affectives et tout le reste. Je sais qu'on est que des amis… Enfin, temporairement. Je n'ai jamais voulu te donner l'impression que j'en voulais trop, ou que je ne te respectais pas, je te l'ai dit… Au contraire, j'essaie de mon mieux de te respecter, même si j'ai été idiot. »
L'alpha le toisait, reconnaissant la sincérité de ses propos qui ne changeaient pas qu'il avait mal réagi. Allen déglutit. Il en avait conscience.
« Tu es déjà un bon alpha, Kanda. Sérieusement, il n'y a pas plus que le lien entre nous, et tu es tellement gentil avec moi.
—Oh, putain, me sors pas encore ces conneries. »
Allen s'écria :
« Mais c'est vrai ! J'ai du mal à croire que c'est toi tellement tu es doux ! »
Impuissant, Kanda sentit un poids chaud au niveau de ses joues. Du rougissement. L'oméga l'embarrassait. Serrant les dents, Kanda pria pour que ça ne se voie pas, pour rester impassible. Allen ne parut rien remarquer.
« Alors arrête de t'en vouloir, et pardonne-moi, s'il te plaît. Je vais faire de mon mieux pour ne plus m'emporter comme un imbécile, je vais aussi essayer de me racheter. C'est à moi de ne pas être énervant, je le sais. Ce que je tiens quand même à dire, c'est que si j'ai insisté comme ça pour parler de mes deuxièmes chaleurs, c'est que ça me fait peur et que j'en ai besoin, ce n'est pas pour t'embêter… Je veux pas avoir l'air de continuer de t'engueuler, mais ça a toujours eu tendance à m'énerver que tu sois si renfermé, Kanda. » Précipitamment devant son regard, le blandin agita les mains et rajouta : « Enfin, je sais que moi je t'énerve pour d'autres choses, on a du mal à s'entendre, c'est normal aussi qu'à force d'être tout le temps ensemble on s'énerve un peu. »
Là-dessus, Kanda ne pouvait qu'acquiescer, Moyashi n'avait pas tort. Il se rassit sur le lit en face du blandin, toujours les bras croisés. Allen semblait attendre une réponse, et Kanda ne fit qu'attraper son livre.
« Tais-toi un peu maintenant, j'aimerais lire en paix. »
Allen demanda timidement :
« On est toujours fâchés ? »
Kanda ne répondit pas. Il était toujours irrité, c'était indéniable, et gérer son 'amitié' momentanée avec Moyashi l'énervait. Bien sûr, les amis se disputaient, Alma et lui s'engueulaient largement aussi souvent qu'il pouvait s'engueuler avec Allen maintenant… La comparaison indirecte l'irrita d'ailleurs. Plus timide, Allen appela son nom :
« Kanda ? Tu es encore fâché ? »
À ton avis, débile ?
Le kendoka serra les dents.
« Tu m'as soûlé. Laisse-moi redescendre tranquille. »
Allen hocha la tête.
« Très bien. »
S'il s'en fut, si Kanda crut enfin pouvoir se calmer en paix, Allen demanda :
« Dis, quand tu seras plus fâché, on pourra se faire un câlin ? Je sais que tu n'aimes pas trop ça, mais quand on sera réconciliés…
—J'ai pas envie, Moyashi. »
Peut-être que plus tard, l'alpha n'aurait pas dit non. Mais là, alors qu'il venait de lui casser copieusement les couilles, fallait pas s'attendre à ce qu'il lui promette en plus un contact physique, comme s'il avait tout gagné. Tout problème ne se réglait pas par des câlins après une bonne gueulante sentimentale, sinon le monde s'en porterait beaucoup mieux. Si Allen fut déçu par son refus, il n'en montra rien.
« D'accord. Excuse-moi. »
Allen se mit sous les couvertures et entreprit de dormir, Kanda lisant sans faire attention à lui. Cela dura un moment, le brun ayant eu le temps d'assister à une tentative du plus jeune de se rendre jusqu'aux toilettes laborieusement. Toujours irrité, Kanda ne se proposa pas pour l'aider. S'ils s'étaient expliqués et avaient mis les choses à plat, que le gamin s'était montré sincère et même trop embarrassant dans sa manière de lui montrer sa reconnaissance, Kanda avait la rancune plutôt tenace et tenait à le montrer. Allen était retourné se coucher. Quelques minutes plus tard, les bruits de respiration difficiles, hachés et l'agitation de son corps laissèrent comprendre à Kanda qu'il repartait en crise.
Le brun consentit à s'intéresser à lui :
« Crise, Moyashi ? »
Une voix sèche lui répondit :
« N-non.
—Mens pas. »
Allen se tourna vers lui, les joues rouges et le souffle court, expliquant difficilement :
« Je… Je ne veux pas que tu me touches alors que tu es fâché contre moi. »
Kanda grinça des dents.
« Putain, fais pas ton gamin.
—Non, Kanda, je veux pas, pas comme ça… »
Le Japonais soupira, se sentant enfin abdiquer devant les odeurs perturbées de l'oméga. Il ferma son livre, alla s'asseoir au bord du lit du blandin, ce dernier ne reculant pas, ayant confiance en lui. Kanda détacha lentement :
« Je suis plus fâché, Moyashi. »
L'hésitation se voyait toujours sur le visage de l'oméga.
« Je veux qu'on s'excuse avant. »
Irrité, Kanda commença à gronder :
« Moyashi, je t'ai déjà dit que les excuses…
—Si on est amis, on doit s'excuser après une dispute.
—Je croyais t'avoir dit que je suis pas un bon ami. »
L'Anglais se passa une main sur le front, et se mordit furieusement la lèvre, gémissant.
« Kanda, s'il te plaît… »
À le voir comme ça, l'alpha sentit la part restante de sa colère fondre. Le lien. Mais le gamin était attendrissant, aussi. Fait chier. Qu'il l'emmerdait. Entre ses dents, Kanda grommela :
« J'aurais pas dû parler du Noah, ça te va ?
—J'aurais pas dû m'énerver non plus. Je suis désolé aussi d'avoir commencé une bagarre. J'ai été idiot. »
Kanda leva les yeux au ciel. Il pouvait bien le redire. Agacé, il mit fin à l'échange :
« Bon ça y est tout le monde est désolé, tu me laisses te branler ?
—Dis pas ça comme ça, Bakanda ! »
Allen rougit furieusement. Kanda s'allongeait à ses côtés, le rapprochant de son corps, sa main s'avançant sans brusquerie. Allen l'arrêta.
« Honnêtement, ça ne te dégoûte pas de me faire ça ? »
Kanda fut irrité d'être interrompu, mais comprenait qu'il se pose la question.
« Ça me plaît pas. Mais on peut rien y faire. Y a qu'à se dire que c'est que de la branlette. Tant que je te baise pas et que tu tombes pas enceint, je préfère ça.
—Ouais… » Allen rougissait. « Enfin, c'est quand même embarrassant. »
Kanda était bien d'accord. Allen murmura :
« Je n'ai jamais été dans une situation comme ça avec quelqu'un avant…
—J'sais, c'est tes premières chaleurs.
—Je veux dire que je n'ai jamais laissé quelqu'un me toucher comme ça avant. »
À nouveau, Kanda ressentit le poids caractéristique de l'embarras sur ses joues. Allen le regardait avec timidité, et Kanda peinait à comprendre l'intérêt de cette confidence. Pour parler crûment, il l'imaginait et s'en rendait bien compte, qu'Allen était puceau. Ça se voyait à ses réactions, et au fait qu'il n'y connaissait pratiquement rien. Puis, il s'aperçut qu'Allen se demandait sans doute ce qu'il en était pour lui, ce qui l'embarrassait encore plus, sans qu'il ne sache exactement pourquoi. Il ne s'était jamais soucié de courir les femmes ou les omégas, sa bite était très bien où elle était, dans son pantalon, voilà tout. Il grogna.
« Moi non plus, j'avais jamais fait ça. »
Allen rougit encore.
« Oh, c'est nouveau pour toi aussi… Tu ne trouves pas ça embarrassant ? »
Kanda s'irrita de ces deux remarques. Il voulait passer aux choses sérieuses, maintenant. Cette conversation gênante lui tapait sur le système.
« Tch. Si. »
Allen déglutit.
« Tu sais, peut-être que c'est à cause du stress que je ne peux pas le faire. Ça me bloque psychologiquement. J'y arriverais sans doute quand j'irai mieux.
—On verra, » Kanda coupa court à l'échange. « Pour ça, arrête de te stresser tout seul, Baka Moyashi. »
Allen soupira, étouffant un nouveau gémissement.
« Je ne veux pas stresser, mais je me pose trop de questions dont je n'ai pas les réponses… »
Kanda comprit à quoi il faisait allusion. Bon dieu, qu'il était chiant, ce foutu gamin. Encore plus excédé, Kanda choisit de lui répondre, afin d'avoir la paix.
« Bon, tu m'emmerdes. Si on est encore lié, soit tu pourras te démerder seul pour tes prochaines chaleurs, soit non, et je t'aiderai si vraiment tu ne peux pas le supporter. On verra d'ici là. Mais j'tiens pas à y penser, Moyashi. »
Allen hocha la tête. Sa main alla timidement chercher celle de Kanda, ce dernier ne le repoussant pas, et il la tint dans la sienne. Ses odeurs s'amélioraient nettement.
« Moi non plus, je n'ai pas envie d'y penser, et j'espère ne pas avoir besoin de toi. Merci, vraiment, Bakanda.
—Ouais. T'es vraiment chiant. »
C'était tout ce qu'il y avait à dire. Kanda soulagea Allen, tout en lui faisant sentir ses odeurs. Le gamin soulagé, il l'amena se nettoyer, et ils entreprirent de dîner. Après le repas, alors qu'ils étaient côte à côte, timide, Allen demanda :
« Tu veux bien qu'on se fasse un câlin, maintenant qu'on est plus fâchés ? Je sais que j'ai mal agi tout à l'heure, mais j'ai vraiment envie de te faire un câlin. »
Kanda soupira. Ils s'étaient sentis pendant qu'il le soulageait, c'était tout comme, mais pas tout à fait non plus. Allen voulait sans doute de la tendresse sans être gêné par son désir. L'épéiste hésitait encore. Il sentait que l'oméga était particulièrement stressé, depuis ce matin et encore maintenant. Sans doute ses hormones. Normal de craquer après des jours enfermés ainsi. Moyashi devait être à bout.
Face à son temps de réponse, Allen aussi hésitait. Il se gratta l'arrière du crâne.
« Enfin, c'est toi qui vois si tu acceptes, hein.
—Viens, me fais pas chier. »
Souriant innocemment, Allen se jeta pratiquement à son cou, Kanda se tendant. Le gamin fut heureux, son acceptation semblait le ravir, Kanda en était surpris. Allen enfouit sa tête dans son cou, humant son odeur.
« Je tiens à le redire… Je refuse que tu t'en veuilles de me toucher, Kanda. Tu fais rien de mal. Je veux plus t'entendre dire que tu as mal agi. Tu as peut-être perdu le contrôle, mais j'ai confiance en toi, ça n'arrivera plus. »
Kanda eut un soupir, râlant.
« Arrête de t'en vouloir aussi et de puer, saleté de Moyashi. »
Allen hocha la tête.
« Est-ce qu'on est réconciliés ?
—On est réconciliés. »
Le kendoka étouffa un grondement de frustration.
Allen était chiant. Il avait toujours été chiant, mais quelque part, Kanda le tolérait. Parce qu'il n'avait pas eu le choix, mais il l'avait déjà pensé, plus d'une fois, et il s'y prenait encore… Sa relation avec Allen telle qu'elle était avant le lien lui manquait. Peut-être qu'il appréciait ça, d'une certaine façon… Kanda commença à réaliser l'ampleur de sa pensée, et à réaliser que découvrir une nouvelle facette du blandin, ce gamin chiant et têtu, ne le dérangeait pas tant que ça non plus, même s'il était irritant. Car c'était son Moyashi. Il était là, tout le paradoxe de leur relation. Ils avaient beau s'engueuler, se taper dessus, ils y revenaient… Kanda préférait un Allen chiant que pas d'Allen du tout.
Toujours dans l'étreinte avec le plus jeune, Kanda se refusa à penser à ce que ça signifiait réellement.
Il ne pouvait pas être attaché à Moyashi… N'est-ce pas ?
À suivre...
Booooon... Les choses avancent :3.
Donc si j'en reprenais certains quand on me disait qu'il y avait de l'attachement entre Allen et Kanda, c'est car c'est seulement dans ce chapitre que c'est mis en lumière et qu'ils le réalisent, donc c'est à partir de maintenant que ça va évoluer. Tout n'est pas tout gagné pour autant, hein :). Seulement Kanda réalise qu'il tient quand même à Allen dans une certaine mesure, et Allen a arrêté de se voiler la face et admet que Kanda compte pour lui comme un camarade au moins. Ce n'est pas de l'amour, ni une vraie amitié, car ça n'a pas fini d'évoluer. Vous verrez comment ça sera développé ensuite. Cela dit, est-ce que Kanda va accepter si vite ses réalisations, ça... :p.
Peut-être que ce chapitre était moins lourd, concrètement. Volontairement, j'ai moins centré l'action sur les scènes sexuelles, mais plus sur l'angoisse d'Allen, qui pose d'ailleurs beaucoup de questions. C'est inhabituel venant de lui et ça peut sembler OOC mais c'est un risque que j'ai pris au niveau du scénario car je pense simplement que dans ce contexte, avec tout ce qu'il vit, c'est logique qu'il réagisse différemment d'à l'ordinaire et éprouve un besoin de se confier, même malgré sa fierté, même à Kanda, car il est perdu. Les raisons de tout ça, en plus de ce qui est déjà évident, seront développées plus tard :).
Je tiens à revenir sur la scène de violence entre Allen et Kanda. Ils sont tous les deux sous tensions, et ils sont encore en train d'apprendre à se respecter. A ce moment-là, ils ont eu une réaction primaire et cédé à leurs pulsions bagarreuses plutôt que de trouver une réaction plus intelligente, je trouve que ça leur ressemble assez l'un comme l'autre x). Ça ne veut pas dire pour autant que c'est montré comme un acte positif ni que c'est pour légitimer la violence, hein :). Ça reste con... Mais ils sont tous les deux tendus, donc ils réagissent en cons xD.
Quant à Kanda, il reconnaît avoir perdu le contrôle et il laisse lui aussi éclater son ressenti. S'il parle plus, c'est car il commence à comprendre qu'Allen a besoin d'un contact humain, et à en avoir lui aussi le besoin, si ça le déroute et le fait chier pas mal, avec la situation qui les déshumanise.
C'est tout en complexité, et ce qu'ils vivent les amène à changer.
Je dois prévenir qu'à partir de ce chapitre, les chapitres vont garder une longueur dense. Les idées s'imbriquent lentement, mais beaucoup de développement seront faits là-dedans. Il se passera beaucoup de choses et le rythme va s'accélérer, malgré tout :). Pour ceux qui se demandent encore où ça va aller, je pense que d'ici trois ou quatre chapitres, vous comprendrez mieux.
J'espère vraiment que vous appréciez la manière dont je traite le sujet :).
Reviews ? ^^
Merci d'avoir lu !
