Yo !
Instant gueulante : Seulement 3 reviews au dernier chapitre sur 46 followers et 38 favs... :'). Depuis quelques chapitres, c'est de pire en pire niveau réaction. L'histoire se développe en problématiques complexes et prend son temps, j'ai choisi d'extrapoler sur la psychologie des personnages, ce n'est pas au goût de tout le monde, certes, quand on sort des sentiers battus, tout le monde ne suit pas. Mais honnêtement, cette passivité m'agace au point que je me suis sérieusement demandé si ça valait le coup que je continue à poster après la partie 1. Car si mon histoire ne vaut pas le coup que vous réagissiez, je pars du principe qu'elle ne vaut pas le coup que je la partage avec vous aussi, autant que je la garde pour moi. Je ne sais pas si je le ferai ou pas, mais vous savez ce que je pense, j'estime que si vous aimez, penser à réagir est important, car le partage quasi à sens unique ne me parait pas juste et pas normal. C'est pas un dû et pas une obligation mais au bout d'un temps c'est bien de la part des lecteurs de choisir de respecter l'auteur qui vous fournit un contenu. Ça me mine beaucoup vu le cœur et le soin que j'y ai mis, j'en ai simplement marre. Il n'y aurait pas tout ces follows, favs et ces vues (7k, ça fait une moyenne de 290 lecteurs par chaps) je m'en fouterai un peu car avec un tout petit public ou un public pas réceptif normal qu'il y ait peu d'avis, mais voir que plein de gens lisent et se barrent sans rien dire, c'est chiant, sérieusement. Je dis ça, je dis rien. Désolée si vous ne comprenez pas mon coup de gueule mais la coupe est pleine là :'). Vous pouvez me penser chiante et juger que ce n'est pas grave, mais écrivez une histoire avec laquelle vous espérez faire réfléchir et partagez-la avec une masse passive, vous verrez la déception que c'est. Peut-être que mon histoire est nulle, même si j'ai des buts précis et que vous aurez bien vu que je me sens libre de ne pas être d'accord avec une critique quand elle touche un des buts en question, je dis pas avoir fait quelque chose de génial. J'espérais simplement que plus de personnes seraient sensibles aux thèmes abordés, ou se donneraient la peine d'y réagir au moins.
Bref, voici la suite, encore un jeudi, c'est plus pratique pour moi ^^. On se rapproche de la fin de la partie 1, reste plus que 8 chapitres !
Le précédent chapitre était assez transitoire, malgré la révélation un peu alarmante de l'infirmière. Ce chapitre va décoller un peu... ;).
Edit du 01/07/18 : Merci à Ookami97 pour la correction ! :D
+ J'en profite aussi pour faire un petit édit sur la "gueulante" du début x). J'avoue qu'à l'époque où j'ai posté le chapitre et où j'avais écrit ce message, j'avais fait une grosse fixette sur la baisse des commentaires par rapport au nombre de personnes qui suivaient l'histoire. Je sais que ça peut paraître totalement ridicule et qu'il y a des lecteurs/des auteurs qui s'en fichent et pensent qu'on ne devrait pas se plaindre de ça, je suis d'accord dans une certaine mesure, mais je ne m'attendais absolument pas à ce que la fic atteigne autant de vues et touche autant de gens, ce pourquoi je suis restée très accrochée sur ça, comme j'ai mis énormément de cœur à l'ouvrage, et en postant toute les semaines comme je le faisais, je n'avais pas eu le temps de prendre du recul sur tout ça. Je n'enlève pas le message parce que j'assume mes propos et que je continue à penser que dans le cadre d'un partage l'échange est plus respectueux et agréable, je continue de trouver dommage que ça ne soit pas plus généralisé, mais à l'heure actuelle ça ne me pose plus le même souci. J'avais aussi espéré sensibiliser les gens à l'importance d'échanger, mais je reconnais m'y être mal prise. Je m'étais de toute manière excusée au chapitre suivant, m'étant rendue compte d'avoir pu paraître désagréable, mais je tenais à le préciser ici pour de potentiels nouveaux lecteurs !
Sur ce, bonne lecture ! ;3
Allen lisait quand Kanda revint de son entraînement, fatigué mais physiquement revigoré. L'alpha avait insisté sur le fait qu'il ne serait pas long, Allen ne comprenant pas pourquoi il semblait étrangement inquiet pour lui. Kanda faisait des efforts, il était doux et répondait à beaucoup de ses demandes, mais il ne faisait rien d'excessif. Ce n'était pas son genre, et c'était ce que le blandin aimait bien en lui, il ne demandait pas à être pouponné. Allen se demandait ce que l'infirmière avait pu lui dire pour qu'il ait la fantaisie de réagir comme ça. Car Allen s'en était bien rendu compte lorsqu'il l'avait touché, lorsqu'il l'avait laissé le sentir avant son entraînement… Il avait été encore plus doux que d'habitude, l'avait traité comme s'il était littéralement en sucre. Allen aimait qu'il soit doux, il ne crachait pas sur ses bonnes attentions, mais que ce soit exagéré… Juste quand il pensait que Kanda ne le traitait pas comme un oméga… Il avait peur qu'il y ait un problème, ça le contrariait que Kanda ne le lui dise pas. Ils étaient là-dedans ensemble, enfin !
Il avait patienté le temps que le brun sorte de sa douche, et quand Kanda était revenu, les cheveux humides, revêtu proprement, son odeur lui chatouillant le nez, Allen dut avouer qu'il se trouva encore hypnotisé par sa beauté. Le Bakanda était vraiment énervant à être si désirable. L'oméga s'empourpra malgré lui avec ses pensées. Quand Kanda l'avait touché après l'incident de tout à l'heure, il avait véritablement cru mourir sous la gêne. Il était encore gêné, même s'il faisait de son mieux pour ne plus y penser. Kanda lui demanda ensuite s'il voulait le sentir, ce qu'Allen ne refusa pas. L'un contre l'autre, ils avaient passé une bonne dizaine de minutes à échanger leurs odeurs, avant que Kanda n'attrape de quoi lire à son tour, Allen restant à moitié assoupi calé sous son bras. L'alpha lui jetait des regards fréquemment, irrités mais porteurs d'une autre émotion qu'il n'arrivait pas à décrypter, Allen se reposant.
Toutefois, le maudit ne dormait pas vraiment, et il commençait à être un peu agacé du comportement de Kanda. S'il y avait un problème avec lui, que l'infirmière avait dit quelque chose dont il ne voulait pas l'informer… Ça allait l'inquiéter aussi, forcément. Il espérait que Kanda ne soit pas assez idiot pour penser à le lui cacher éternellement. Allen ne tenait pas à le confronter brutalement, aussi, il leva simplement les yeux sur Kanda.
« Tu devrais vraiment me dire si quelque chose ne va pas, Bakanda. »
Il n'était pas agressif, mais suffisamment ferme pour que sa voix montre qu'il n'en démordrait pas facilement. L'épéiste émit un énième 'tch' et encra son regard bleu sombre dans le sien.
« Y a rien, Moyashi. »
Allen se dégagea de l'étreinte du brun et croisa les bras.
« Je ne te crois pas. Tu arrêtes pas de me couver du regard et tu as l'air contrarié. Plus que d'habitude. J'aimerais savoir pourquoi. »
Kanda poussa un soupir exaspéré.
« Moyashi, putain…
—Arrête de m'appeler Moyashi et parle-moi, Kanda. C'est quelque chose que l'infirmière a dit ? Il y a un problème avec moi ? » L'oméga soupira face à la mine crispée de l'alpha. « Au point où j'en suis, je peux tout entendre, alors ne me ménage pas. »
Le brun grogna.
« Tu me fais chier. »
Allen soupira encore.
« Je tiens pas à te faire chier, mais je veux savoir pourquoi t'es comme ça, ça se comprend, non ? »
Le toisant, agacé, Kanda se redressa et resserra sa queue de cheval. Allen attendit qu'il parle, l'alpha croisant les bras à son tour, closant les paupières une brève fraction de seconde.
« Tu veux que je sois franc ? J'vais l'être. Elle a dit que les chaleurs rendaient certains omégas tarés. » Kanda observa un silence, Allen encaissant ces paroles. « Elle a aussi dit que y en a qui se sont déjà tués, après ça, à cause des hormones. »
Le blandin sentit ses yeux s'ouvrir comme des soucoupes sans qu'il ne puisse le contrôler. Kanda grogna.
« Elle pense pas que ça sera ton cas, mais comme t'es pas stable, elle m'a fait comprendre qu'y avait un risque. Va pas penser que je m'inquiète pour toi, mais t'arrêtes pas de chialer et de flipper, t'as dit une fois que tu voulais crever et que tu supportais pas tes chaleurs. J'veux pas me retrouver avec un oméga dépressif sur les bras, Moyashi. » Il se tut quelques secondes. « Je préfère le dire au cas où, t'as intérêt à pas me faire ce genre de connerie, sinon je te descends moi-même, j'suis clair ? »
Allen déglutit. Une part de lui voulait s'énerver, s'insurger et se récrier contre tout ça. Peut-être qu'il avait, comme qui dirait, déconné. Peut-être qu'il s'était beaucoup abattu devant Kanda, qu'il lui avait posé plein de questions, avait cherché de l'assurance et du soutien en lui. Ce n'était pas du tout son genre, c'était assez pour inquiéter, mais il avait bien le droit d'avoir voulu se confier après une semaine enfermé à ressasser les mêmes problèmes ?! Ça ne voulait pas dire qu'il touchait le fond pour ça, au contraire, il essayait de s'en sortir ! Tout ce que Kanda disait était vrai, il n'allait pas nier ça et savait que son comportement lui échappait parfois à lui-même, mais il ne pensait pas que c'était à ce point-là ! Il ne comptait pas laisser les choses empirer à ce point-là !
Seulement, il était trop surpris pour s'écrier.
Kanda avait beau dire qu'il s'en foutait, son attitude montrait le contraire. Allen le comprit avec un gros choc, ses propres sentiments étant naturellement mitigés, mais il en fut touché. Incertain sur ce qu'il allait répondre, le maudit ouvrit lentement la bouche.
« Tu me trouves faible à ce point-là, Kanda ? »
L'alpha leva les yeux au ciel.
« Oh, putain, recommence pas avec ça, tu m'emmerdes.
—Alors pourquoi tu es si inquiet ? »
Il n'en fallut pas plus pour que Kanda rugisse.
« J'suis pas inquiet, merde ! » Il prit une inspiration rageuse. « Évidemment que t'es faible dans ton état, du con ! T'as peut-être pas l'air faible à ce point, mais j'sais bien que même si tu l'étais, tu te démerderais pour être assez fort à l'extérieur et pas le montrer. J'sens tes odeurs, tu sens souvent mauvais. »
Allen ne put qu'être d'accord avec ça, c'est exactement ce qu'il ferait si c'était le cas. Mais ça ne l'était pas.
« J'sais que si quelque chose t'arrive ça va me retomber dessus, comme j'suis censé prendre soin de toi. J'ai pas demandé d'être lié à tout ça, putain. »
Le blandin prit une profonde inspiration. Doucement, il posa ses mains sur les coudes de Kanda, se rapprochant de lui.
« Écoute, je te promets que je n'en suis pas là. Tu l'as dit, tu sens mes odeurs. Tu saurais si ça allait mal à ce point.
—J'comprends pas tout ce que je sens. »
Allen soupira, son emprise s'affermissant car Kanda ne se dégageait pas.
« Kanda, tu n'as pas à t'en faire.
—Je m'en fais pas, Moyashi, j'ai juste pas envie de gérer ça ! »
Son exclamation violente manqua de faire reculer Allen. L'oméga avala sa salive et sentit son visage se contracter. Il n'en voulait pas à Kanda de ne pas vouloir être confronté à ce genre de choses. Personne ne le voudrait.
« Kanda, je ne te demanderais jamais de gérer ce genre de chose sous prétexte que tu es mon alpha, ce n'est pas comme ça que je suis ! Si je voulais vraiment me suicider, crois-moi que je ne te demanderais rien. »
Kanda fronça les sourcils, l'attrapant brutalement par le bras. Allen dut l'avouer, il lui faisait mal.
« Moyashi, putain, t'as pas intérêt à-
—T'as pas compris, Bakanda ! » cria Allen en se dégageant. « J'ai pas dit que j'en avais envie. J'ai juste dit que je ne te demanderais rien. Je ne suis pas suicidaire, et si mes chaleurs m'affaiblissent, ça reste supportable… Je n'en suis pas là, Kanda. »
Voyant que ça ne rassurait pas Kanda, ce dernier recroisant les bras, le blandin hésita. Il l'avait fait plusieurs fois pour coincer Kanda quand il sentait qu'il se fâchait contre lui, mais là que c'était sérieux, parler de cette fausse amitié de circonstance ne semblait pas indiqué. Sauf qu'il n'avait que ça comme argument.
« On est amis. Pour l'instant. Je ne mens pas à mes amis. Il y a des choses que je ne dis pas et que je déguise peut-être, mais si je te dis directement que je ne ressens pas ça, que je te le promets, ce n'est pas un mensonge. Je veux juste que ça soit fini, que tout ça soit loin de moi… de nous. J'étais sérieux quand je disais que tes réponses m'ont aidé hier. »
L'alpha le toisait toujours. Peu sûr de ce qu'il allait faire, Allen se pencha, appuyant sa tête au creux de sa poitrine, au-dessus de ses bras serrés.
« Sens-moi. Je vais bien. »
Kanda grondait encore.
« Moyashi…
—Quoi ? »
Kanda ne répondit pas, mais après une pause, il décroisa les bras, les fermant dans le dos d'Allen. Le blandin eut du mal à réaliser qu'il le blottissait dans son étreinte. Son allégation était alors vraie. Kanda râlait et tempêtait contre ça, mais il était inquiet. Sans en avoir l'air, l'alpha le sentait. Instantanément, l'instinct d'oméga d'Allen le fit se sentir complet. C'était dû au lien. C'était si profond, si puissant, mais si inapproprié à qui ils étaient. Kanda ne tarda pas à s'allonger, couchant Allen au-dessus de son torse, maintenant son corps contre le sien. Ils se taisaient, ne parlant plus, appréciant l'échange. Allen se fit la réflexion que malgré tout ce qu'ils avaient traversé, Kanda prenait bien soin de lui. Il avait eu raison aussi sur ça, Kanda était, quand on grattait bien la couche de froideur et de dédain antisocial, un type bien.
« Tu sens ? » demanda-t-il. « Mes émotions sont stables.
—Ouais. »
Bon, il avait pris un calmant après que Kanda l'ait soulagé tout à l'heure, mais il pouvait être stable sans ça. Allen esquissa un sourire.
« Alors ne pense pas que mes chaleurs vont me rendre fou ni même me tuer. On ne se débarrasse pas de moi si facilement.
—Si seulement, » ironisa l'Asiatique, « j'commence à en avoir marre de bouffer du Moyashi.
—Je m'appelle Allen, sale enfoiré. »
Allen lui donna un petit coup sur l'épaule, mais rit quand même, ne prenant pas sa remarque au sérieux. Il ne s'en vexait pas non plus, lui aussi en avait marre de ça.
« Tu devrais en avoir marre de bouffer tes Sobas.
—Je préfère les Sobas que les pousses de soja, sale nabot.
—Va te faire voir, stupide Bakanda ! »
Allen lui lança un regard courroucé, Kanda courbant le sien avec mesquinerie. Néanmoins, l'étreinte perdurait, et les odeurs émotives de la pièce étaient assainies. L'Anglais finit par enfouir son visage contre le torse du Japonais, profitant de son aisance, se remettant à lui sourire.
« Ça te dit de jouer un peu ? » Il voulait changer de sujet. « On peut faire un jeu différent des cartes. Comme celui qu'on a fait avant ma première crise, où on trouvait chacun un mot en rapport avec ce que l'autre disait. C'était amusant, non ? »
S'il pensait à la dispute qui en avait suivi, Allen trouvait ça moins drôle, mais bon. Il s'attendit à se faire envoyer sur les roses. Neutre, Kanda hocha la tête.
« Ouais, pourquoi pas. »
En dépit de sa nonchalance manifeste, Allen, stupéfait, voulut le taquiner :
« Alors t'aimes bien jouer avec moi, Bakanda ?
—Tch. Ça fait passer le temps, c'est tout. »
L'oméga secoua la tête à ces paroles, tout en notant que l'alpha n'avait pas vraiment dit non. Enthousiasmé, il s'assit sur le bassin de Kanda, le surplombant comme ce dernier était couché, en ricanant gentiment. L'alpha durcit son regard :
« Tu prends tes aises, Moyashi.
—Ça te dérange ? »
Allen demandait sérieusement, prêt à se retirer si le brun n'acceptait pas sa proximité. Kanda haussa les épaules.
« J'm'en branle.
—T'es sûr que je t'écrase pas ? »
Se sentant d'humeur joueuse, peut-être à cause du calmant qui amoindrissait sa sensation de fatigue, Allen s'amusa à rebondir contre Kanda, observant le plus grand grogner entre ses dents. Il avait simplement envie de le taquiner et de rigoler avec lui. Il gardait à l'esprit que c'était Kanda, mais s'ils étaient amis, il en avait bien le droit, non ? S'il n'était pas très contact physique avant ses chaleurs, Lavi étant un tactile, il jouait souvent avec lui de la façon dont il jouait en ce moment avec Kanda, et Lenalee le gratifiait souvent de petits gestes affectueux qu'Allen lui rendait. Il pouvait en initier, mais c'était rare… Il n'était clairement pas en demande de contact constante comme maintenant. Ça lui semblait bizarre d'initier ça avec Kanda de façon anodine. Mais il l'avouait, si son instinct d'oméga lui donnait envie d'être en contact avec lui, autant se sentir libre de s'amuser à le taquiner, car ça, il aimait vraiment bien.
Et si Kanda et lui remettaient le couvert pour ses prochaines chaleurs… Si leur lien ne partait pas… Allen gardait à l'esprit que c'était du temporaire, du faux, que Kanda ne l'aimait pas. Cependant, c'était bien si leur amitié de circonstance débouchait sur un vrai lien, de quelque nature qu'il soit. Autre que la saloperie qui les coinçait là. Allen tentait, et il espérait que ça pourrait marcher un tant soit peu.
Comprenant la plaisanterie, Kanda fut cynique.
« Ça risque pas, tu pèses autant qu'une foutue gonzesse.
—Tu peux aller te faire foutre, Bakanda. »
Allen fronçait les sourcils de mécontentement, ce n'était absolument pas vrai. Puis, il trouvait cette remarque un peu sexiste aussi, et ayant de la compassion pour ses comparses féminines, il n'aimait pas trop ça. L'alpha posa la main sur sa hanche.
« On commence à jouer ou tu comptes crécher sur moi trois cent ans ? »
Voyant qu'il en avait marre, Allen s'apprêtait à se dégager, la main de Kanda l'y poussant sans trop de brusquerie, mais il frémit brusquement, sentant son bas-ventre se tordre de manière caractéristique. Bon dieu, il suffisait qu'il soit un peu de bonne humeur pour que ces saletés de crises se pointent ?! L'oméga sentit sa joie descendre en flèche, l'alpha terminant de le faire s'allonger à côté de lui. Allen déglutit, se taisant. Kanda parla :
« Tch. Ça va devoir attendre visiblement.
—Je suis dés-…
—T'excuse pas, Moyashi. »
La main droite de Kanda se posa sur sa hanche gauche, Allen ne pouvant s'empêcher de bouillir au toucher.
« L'infirmière a dit que fallait pas être mal à l'aise pendant tes crises, alors arrête de t'excuser. » Kanda était las. « Je te l'ai déjà dit mille fois, moi aussi. Quand est-ce que ça va rentrer ?
—Désolé- Enfin… J'ai toujours un peu de mal.
—Moi aussi, mais on a choisi ça, alors on assume. »
L'oméga hocha la tête, d'accord avec l'alpha. Kanda sembla hésiter.
« Tu veux réessayer de te soulager comme tout à l'heure ? »
Allen fut interdit, puis réalisa qu'il parlait de ce dont il avait malheureusement été témoin. Lui qui avait un peu réussi à oublier. Il sentit sa bouche sèche.
« Écoute, Kanda, je… Je sais pas si ça changera quoique ce soit, et ça me gêne vraiment. »
L'alpha eut l'air de comprendre qu'il ne souhaitait pas en parler.
« J'comprends que t'aies pas aimé être surpris, mais je sais que t'es un oméga, alors si tu veux te doigter, fais-le un bon coup qu'on en finisse. »
Ah, non, en fait, il n'avait rien compris. Allen devint cramoisi.
« Dis pas ça, c'est vraiment gênant pour moi, Kanda !
—J'sais, Moyashi. Si tu veux, je vais dans la salle de bain. Tu me dis quand t'as fini. Si ça marche pas, j'reviens.
—Non, tu sais pas ! » Le blandin se mordit la lèvre, reprenant d'une voix étouffée : « Je n'avais pas envie de te dire ça, mais je ne l'ai encore jamais fait… J'essayais juste quelque chose tout à l'heure… Je pensais pas que tu reviendrais si tôt. Je… Je ne sais pas du tout si ça me plaît ou pas. »
Allen n'aurait pas pu être plus gêné par la conversation. D'accord, hier, lui aussi avait initié une conversation un peu gênante avec Kanda, mais ça lui avait semblé logique de finir par en parler un peu, il découvrait le sexe et ses chaleurs, il avait eu envie d'en discuter avec Kanda, étant son lié. Il avait été d'ailleurs surpris d'entendre que ce dernier n'avait aucune expérience. Kanda n'était pas le genre à socialiser, d'aucune façon, mais s'il avait voulu accorder ses faveurs à quelqu'un, bêta ou oméga, ou même un autre alpha, sait-on jamais… au vu de sa beauté, Allen pensait que peu de gens lui auraient dit non. Là, ce n'était pas pareil, pas pareil du tout. Allen était furieusement gêné. Kanda soupira.
« Si tu veux pas le faire, c'est toi qui vois. Mais pourquoi t'essaierais pas ? T'as honte ? Conneries. T'es un oméga, tu serais peut-être mieux soulagé comme ça. »
Allen se passa la main sur le front. Ce que disait Kanda était censé et pas idiot, chose rare chez lui. Seulement, Allen était mitigé. Il savait que c'était de lui que venait la gêne, mais c'était normal, il y avait des choses pour lesquelles tout le monde ne se sentait pas prêt ou pas disposé, pour diverses raisons… Il fut gêné d'expliquer, craignant de sonner stupide. Mais comme Kanda était son alpha… Allen se prenait suffisamment la tête pour cette idée. Si jamais il devenait véritablement son partenaire de chaleurs à cause du lien, pouvoir discuter de ce genre de choses valait autant que cimenter leur fausse 'amitié'.
« En fait, je… J'ai pas vraiment envie. Tout simplement. Je veux dire, j'ai toujours préféré faire ça comme tous les garçons, si tu vois ce que je veux dire. Et… Je suis pas gêné d'être un oméga, je sais que mon corps est quand même différent et particulier, ça ne me dérange pas, je suis comme ça… Pour être honnête, il y a des choses que j'aime bien par rapport à mon statut, malgré toutes celles que je n'aime pas. Mais je pensais découvrir mon corps d'oméga si j'avais un alpha… Je veux dire, un alpha avec qui je serais en couple, ou quand j'en aurai envie tout seul. Je veux pas faire ça à cause de mes chaleurs sans le vouloir en vérité. » Allen concéda, sincèrement contrit. « Peut-être que ça marcherait, je ne sais pas, et que ça t'éviterait de t'en occuper. Mais je n'en ai pas envie. Tout à l'heure, c'était sur le moment. À vrai dire, je ne comptais même pas le faire. Vraiment… Je ne sais pas si tu comprends. Je suis désolé de ça. »
Kanda resta silencieux un moment. Allen s'inquiéta un peu de son silence. Ils avaient beau être deux garçons, ils n'étaient pas exactement pareils à cause de leur second-sexe, et il se doutait que ses sentiments pouvaient être compliqués à comprendre pour un alpha. Surtout pour Kanda qui n'était pas la personne la plus forte en communication qui soit, malgré son étonnante ouverture d'esprit et ses efforts. Allen non plus n'était pas un as à ce sujet, il faisait péniblement ce qu'il pouvait.
Finalement, la voix du brun finit par retentir :
« T'aimerais essayer avec moi, Moyashi ? »
Allen s'étouffa avec sa salive. Littéralement. Son premier réflexe fut de crier :
« Si je ne peux pas le faire moi, c'est pas pour le faire avec un autre, Bakanda ! »
Le Japonais souffla.
« C'est pas ce que j'ai dit, mais t'as quand même dit que tu pensais découvrir ça si t'avais un alpha. J'suis ton alpha.
—Bon sang, t'as vraiment rien compris, Kanda ! J'ai pas dit que je voulais que tu le fasses, on est pas ensemble ! Et ne va pas t'imaginer que je préservais ça pour mon alpha, je ne suis pas niais à ce point !
—J'sais, et je sais que je suis pas ton mec, mais ce que j'ai dit tient toujours. Tu risques de me supplier de te baiser à un moment où l'autre. Si on fait au moins ça, tu seras peut-être soulagé. Aie confiance en moi. »
Allen resta interdit.
« Je… Tu… Merde, tu es sérieux, Kanda ? Est-ce que c'est mes phéromones ? »
Cette fois-ci, Kanda parut irrité.
« Tu vas arrêter de me poser la question tout le temps, bordel ?!
—Excuse-moi de me demander ! Mais vraiment, Kanda… Ne prends pas mal ma question… Est-ce que ça t'a excité de me voir comme ça ? »
L'alpha lui fit un regard noir, et répondit froidement :
« Pas au point de perdre le contrôle. »
Alors ça l'avait tout de même excité. L'oméga réprima un frisson. Il ne savait pas comment réagir à ça, alors que sa crise était si vive, sachant l'effet que ça lui faisait, que ça faisait sûrement à Kanda. Allen prit une inspiration profonde du nez.
« Je… J'ai juste pas envie de le faire, je…
—Tu veux pas le faire seul, mais le faire avec moi, tu veux ? J'dois te soulager, de toute manière. Comme ça ou comme d'habitude, tu décides. »
Allen déglutit. Kanda perdait le contrôle, il le voyait. Qu'il se mette à lui poser ces questions, à lui faire ces propositions… Néanmoins, il se contenait quand même, l'oméga pouvait le voir, et il ne pouvait pas lui en vouloir d'être sous l'influence de ses phéromones. Lui était sous influence de ses hormones, et malgré lui, elles considéraient la proposition de Kanda avec un certain appétit. En apparence, ça semblait un peu illogique. Allen ne s'était jamais touché comme ça, alors laisser un autre le faire, peu importe qu'il ait confiance en lui et qu'il l'attire… Parce que c'était le cas… Le blandin ne savait pas comment réagir. Il voulait être sûr que Kanda était maître de lui avant de pousser la discussion plus loin.
« Tu pourras te contrôler si on fait ça ? »
Allen se mordit la lèvre à peine la phrase prononcée. Il ne voulait pas qu'elle sonne comme un 'oui' sur la réserve, mais plus comme une vraie question. Il craignait que Kanda ne prenne pas cette question au sérieux. Il rajouta :
« Tu es en état de te contrôler, Kanda ? »
Kanda plongea son regard dans le sien, et Allen eut un violent frisson jusque dans le bas de son dos.
Le brun devait l'avouer, il était largué. Les phéromones du blandin étaient douces, béates, ça avait commencé avant sa crise, évidemment, ça lui avait fait du bien, à lui aussi. Il devait avouer qu'il avait eu peur pour le gamin avec ce que l'infirmière avait dit, même s'il ne voulait pas l'admettre, et il était toujours un peu inquiet, n'oubliant pas qu'il avait quand même pris une bonne dose de calmant. Il ne voulait toujours pas être attaché à lui, pas prendre cette amitié au sérieux. Tout ce qu'il continuait d'espérer, c'est qu'après les chaleurs d'Allen, le lien se tirerait. Si ce n'était pas le cas, il referait avec, mais lui ne voulait pas qu'ils aient une vraie amitié, rien de solide, rien de concret. Il avait accepté que Moyashi joue avec lui, emporté par son humeur, et car tempêter ne ferait rien, tant que Moyashi n'en faisait pas trop. Ça le soûlait un peu, honnêtement, mais ils n'y pouvaient rien.
Quant à ce qu'il lui avait dit… Kanda avouait l'avoir trouvé niais. Au début, du moins. Il le croyait quand il disait ne pas être un oméga à se préserver spécialement pour son alpha, il avait beau avoir des facettes que n'importe qui à part lui aurait trouvé mignonnes, il n'avait pas l'air complètement cucul. Il savait qu'il ne lui demandait rien. Mais les phéromones sentaient bons, Kanda savait qu'il était techniquement son alpha… Allen était jeune, c'était normal qu'il ait pensé découvrir ce genre de choses plus tard, et qu'il se soit projeté dans l'alternative où il aurait un alpha. Quand bien même il se serait senti gêné d'essayer lui-même et aurait préféré attendre d'être en situation sexuelle avec un partenaire, Kanda pouvait quelque part le comprendre sans une dimension niaiseuse. Être un homme-oméga ne devait pas être facile à assumer, et certaines choses pouvaient inquiéter, certaines insécurités étaient là. Ça lui semblait compréhensible.
Pour parler franchement, quand Kanda était arrivé et l'avait vu les fesses à l'air, le visage rouge de désir, en position fâcheuse… Il avait eu envie de finir le travail. Quand Allen s'était assis sur son bassin et amusé à sautiller, son cerveau l'avait engueulé de la pensée tranchante 'ne bande pas'. Moyashi ou pas, c'était un oméga, son lié, en chaleurs, qui sentait bien trop bon, remuant sur son bassin. Ce petit con était si innocent qu'il n'avait même pas capté ! Qu'il le veuille ou non, Kanda ressentait une attirance pour lui, basée sur ces salopes de phéromones à la con.
Alors ça semblait fou, Kanda savait que ça ne lui correspondait pas et qu'il n'aurait pas dû, mais il avait envie de le faire. Il avait envie d'Allen. En trois jours, il n'avait pas arrêté d'avoir envie de lui, au point qu'il avait l'impression que ça faisait trois mois. C'était ridicule. Tellement stupide qu'il ne puisse pas y couper.
Pour autant, l'alpha ne voulait pas non plus l'effrayer. Il sentait la crainte émaner du jeune oméga. La promesse de ne plus le brusquer était plus forte que les pulsions de son instinct d'alpha auxquelles il cédait parce qu'il n'y avait rien de mieux à faire.
« Ouais, je suis en état de me contrôler. Je t'ai proposé, mais je t'oblige à rien. Donc si tu veux pas, je te soulage comme on fait d'habitude. C'est comme tu préfères, Moyashi. »
Le blandin déglutit en face de lui.
« Je m'appelle Allen. »
Kanda comprit son refus, qu'il ne comptait pas contester.
« J'te soulage comme d'hab, viens-là.
—Attends. »
Surpris, le kendoka toisa le symbiotique. Ce dernier rougissait, se mordant la lèvre.
« Si je dis oui… Tu penses vraiment pouvoir te contrôler ? »
L'alpha déglutit. Il tenta de ne rien laisser paraître.
« Ouais. » Sentant un sarcasme monter en lui, dans le but de faire râler le blandin, il ajouta : « J'te déflorerai pas. Tu pourras garder ça pour ton alpha, si tu veux.
—Va te faire foutre, sérieusement, Kanda ! »
Le Japonais ne ressentait pas ça souvent, mais pour le coup, il avait presque envie de se marrer. Oh, il ne sentait pas le rire arriver, mais le visage écrevisse du blandin qui lui hurlait dessus… De toutes les fois où ils s'étaient engueulés, c'était sans doute un visage qui lui ôtait tout crédit. Allen inspira brusquement, expira, et lui asséna, en colère :
« Je me fiche de ma virginité. »
Le brun haussa un sourcil, étonné. Lui aussi n'accordait pas d'importance à la sienne, il se foutait carrément de la perdre un jour. Il savait qu'il ne vivrait pas vieux, et ne comptait pas profiter de son existence qu'il haïssait. Toujours sans imaginer Moyashi cucul, il l'aurait cru plus concerné par ça. Pas parce qu'il était un oméga, mais parce qu'il était de toute évidence plus sentimental que lui.
« Ah ouais ? »
L'oméga grommela devant son étonnement.
« Oui. Bien sûr, je pense que la première fois a quand même une certaine importance, c'est un acte intime entre deux personnes, mais c'est un peu pareil pour le reste aussi, en sans doute moins gênant. Je pense pas m'en moquer totalement non plus, mais ce n'est pas quelque chose que je pense garder précieusement ni rien de ce genre. »
Il admettait ne pas s'en ficher totalement, mais l'alpha ne discourut pas. Il pouvait comprendre ce point de vue.
« Tu veux que j'te doigte, Moyashi ? »
Allen gardait le visage écrevisse devant son langage explicite, et hocha la tête timidement. Kanda voulut ignorer la pensée qu'il le trouvait… mignon. Moyashi n'avait rien de mignon, putain.
L'oméga venait d'agréer, mais ni lui ni Kanda ne bougeaient. L'alpha était crispé, embarrassé. Il n'aurait jamais proposé ça à Moyashi si les phéromones ne le contrôlaient pas, et ça l'énervait. Mais ce qu'il disait n'était pas con non plus. Si toucher Moyashi comme il le faisait ne suffirait pas, si l'oméga avait besoin de ça…
Kanda sentait bien que l'effet des phéromones mêlées à son inquiétude pour Allen et la réalisation de son attachement, qu'il s'acharnait quand même à repousser, ne faisaient pas bon ménage… Ça le faisait tourner en bourrique. Kanda détestait ça, être esclave du lien, des phéromones. Il avait cédé sur trop de choses. Ça l'obligeait à continuer, comme un crescendo mal agencé. Kanda sentait pourtant que s'il ne relâchait pas la pression, ça allait le rendre fou. Il n'avait pas le choix de laisser un peu le contrôle à son alpha interne. Ça ne voulait pas dire qu'il comptait tout abandonner non plus. Ses résolutions étaient plus faibles qu'à l'accoutumée, mais il tenait le coup quand même. Sa force mentale restait trop forte, et elle était quand même non négligeable.
À sa place, beaucoup d'alphas auraient déjà sauté l'oméga de gré ou de force, même sans être consciemment malveillant.
Kanda était assez fort pour ne pas en arriver là. Ce qu'il laissait au lien était mesuré, aussi conscient que possible, choisi comme étant la solution la moins désavantageuse. Sa raison était influencée, mais sa maîtrise demeurait. Kanda restant fidèle à lui-même, il se contrôlait toujours. Il s'était promis que les chaleurs de Moyashi n'auraient pas entièrement raison de ça, et il ne se trahirait pas sur ce principe.
Décidant de prendre les choses en main, il alla saisir un des poignets du blandin, et l'amena à lui. Il les fit s'allonger ainsi, l'un contre l'autre, étreints, échangeant leurs phéromones. Kanda hésitait sur la manière de procéder. Il n'allait pas lui caler ses doigts comme ça, il sentait qu'il fallait mettre l'oméga en condition, et Allen n'apprécierait sûrement pas qu'il soit précipité. Sa propre inexpérience le bloquait. Quand il s'agissait de masturber son sexe, il savait s'y prendre. Mais ça, ce qui touchait à son état d'oméga, Kanda était paumé, n'en ayant personnellement aucune connaissance.
L'oméga appuyait sa tête sur son torse, rougissant. Kanda avait également les joues plus roses qu'à l'accoutumée. Finalement, à force que les phéromones s'amplifient et augmentent leurs deux excitations, l'alpha lâcha :
« Enlève ce que tu portes en bas, Moyashi.
—C-C'est Allen ! »
L'exclamation bégayante montrait bien son incertitude. Comme il ne réagissait toujours pas, l'alpha demanda :
« Tu préfères que je te l'enlève ? »
L'oméga le regarda comme s'il avait dit une connerie.
« Non, je peux le faire seul. »
Cette fois-ci, Allen se dégagea, se débarrassa de ses vêtements, ses mains cachant ses parties intimes et ses jambes serrées. Après quelques secondes, il revint se blottir dans son étreinte, Kanda posant sa main dans le bas de son dos, les doigts tâtant l'une de ses fesses. Il ne fit pas plus de mouvement, toujours incertain.
« Je commence ?
—O-ouais. » Il y eut un silence. « Kanda ? »
Le Japonais leva les yeux sur l'Anglais.
« Sois doux.
—Comme d'hab, » claqua Kanda, « j'vais pas te brutaliser. »
Allen hocha la tête.
« Je sais mais…
—Tu flippes. »
Allen fronça les sourcils.
« Ne te moque pas, Kanda, je…
—T'as jamais fait, c'est normal de flipper. Mais j'vais être doux, fais-moi confiance. »
L'oméga grommela encore dans sa barbe et abdiqua finalement.
« Je t'ai déjà dit que je te faisais confiance, Bakanda. »
Il lui souriait gentiment. Kanda le mit au contact de ses odeurs, ses doigts caressant doucement la peau qu'ils atteignaient. Sans brusquerie, l'alpha les inséra entre les fesses de l'oméga, rencontrant son abondante humidité. Kanda s'arrêta, piquant un fard malgré lui, étonné qu'il soit déjà si mouillé. Avec sa crise, ce n'était peut-être pas étonnant, mais il ne s'attendait pas à ça. Il eut du mal à déglutir. Contre lui, Allen était tendu. Il avait le visage sanguin et le tour des yeux un peu humide, mais il le regardait fixement, sans baisser le regard. Il avait beau être confus, gêné, sans doute tiraillé par ses chaleurs, il gardait sa fierté. Kanda n'était pas plus expérimenté que lui là-dedans, alors il n'en menait pas large et était tout aussi confus. Sauf qu'il n'affichait rien. Ses doigts touchèrent le cercle de chair, Kanda ne voulant rien faire de précipité. Voyant qu'il n'engageait rien, l'oméga murmura :
« T-Tu devrais me caresser un peu avant de les mettre... »
Kanda obéit. Il voulut aller saisir le pénis de l'oméga, mais après s'être mordu la lèvre, ce dernier l'arrêta.
« Kanda, je voulais dire ici… »
Allen guida sa main à retourner où elle était précédemment, ayant littéralement changé de groupe ethnique. Si Kanda n'était pas aussi maître de lui, il n'aurait pas tardé à le rejoindre. Mené malhabilement par son instinct, il commença à masser l'entrée de l'oméga, Allen soupirant au contact. Il sut prendre un certain rythme auquel l'oméga sembla réceptif. Kanda ne pouvait s'empêcher de remarquer à quel point il était dilaté, prêt… Dire que ça ne l'échauffait pas alors qu'il était directement au contact de son excitation, ça aurait été mentir. Elle était là, cette envie de le faire sien, d'être en lui. Ce n'était pas ce qu'il ferait, cependant. Son massage gagnant en dextérité, l'oméga gémit. Il respirait plus vite, son corps s'agitant un peu, comme stimulé.
« Ça fait du bien, Moyashi ? »
Allen semblait en effet prendre plaisir à ce qu'il lui faisait, Kanda étant hébété par ses réactions. Allen s'écria :
« C'est Allen, Bakanda ! »
Kanda ignora sa protestation. Moyashi avala difficilement sa salive, consentant à répondre.
« Je suis… un peu… sensible… »
Pas qu'un peu, à ses réactions. Comprenant que ce serait meilleur pour le plus jeune s'il était suffisamment excité, Kanda caressait, se concentrant sur certains endroits, pour lesquels Allen réagissait plus expressivement. Les moindres de ses gémissements, ses souffles lascifs et le toucher qu'il effectuait le mettaient dans un état second. Kanda demeurait suffisamment concentré pour ne pas lâcher prise. Allen finit par bredouiller :
« Je crois que tu peux… Tu sais…
—J'ai compris. »
Avec douceur, Kanda fit entrer la première phalange de son index en Allen. Ses yeux s'écarquillèrent à sa chaleur, cette humidité omniprésente. L'oméga frémit. Le kendoka prévint :
« Tu dois dire si j'te fais mal et si jamais tu veux que j'arrête. »
Médusé, Allen le toisa.
« T'inquiète pas, si tu me fais mal, je te le dirai… Continue, Bakanda. »
Kanda fit donc pénétrer son doigt, sentant l'oméga se tendre. D'un regard, il l'interrogea. Allen secoua la tête, lui montrant qu'il pouvait continuer. Approchant un deuxième doigt, Kanda poussa pour le faire pénétrer avec le premier. Cette fois-ci, le maudit poussa un cri endolori. Kanda cessa immédiatement.
« Ça fait mal ?
—J-J'ai juste été surpris. »
Le brun grogna :
« Moyashi, si t'as mal…
—Je t'ai dit de continuer, ça va, et c'est Allen, bon dieu ! »
Finissant sur un froncement de sourcils irrité, Allen recommença à lui sourire malaisément. Kanda se fâcha intérieurement. Fallait que ce môme arrête de rêver qu'il allait l'appeler un jour par son prénom, encore plus dans un moment comme ça.
Kanda entra son deuxième doigt en lui, s'exécutant. Moyashi était toujours mouillé, l'intrusion ne fut donc pas difficile. Quand bien même, il était en position d'inconfort, Kanda pouvait le dire. Il décida d'attendre que le plus jeune lui demande avant d'entamer un mouvement. Kanda eut l'idée de déplacer sa deuxième main entre leurs ventres, venant caresser le pénis érigé d'Allen. Ce dernier ne stoppa pas son geste. Le Japonais le vit étouffer un nouveau gémissement quand il le prit en main, et commença à le masturber. Il se resserrait autour de ses doigts. Merde… Kanda se noyait dans ses phéromones. Il avait du mal à respirer convenablement. Aux prises du lien, tout ce qui comptait pour lui à l'instant, c'était le blandin. Ce n'était pas normal. Ce n'était pas le genre de choses qu'il ressentait pour Moyashi. Mais c'était ça, depuis la première fois où il avait posé la main sur lui… Il n'aurait pas dû en être surpris. L'intensité augmentait cependant, atrocement difficile à ignorer.
Allen gémissait encore au doux toucher, et il commença à marmonner son nom.
« B-Bouge, Kanda… Vas-y, je… »
Ce qu'il voulait dire mourut dans un énième son érotique, Kanda bougeant ses deux mains, plus maladroit pour les caresses internes. Allen gémissait, semblant tout de même appréciateur, et cela dura un moment. L'alpha le sentait plaqué contre lui, la bouche entrouverte. Par leur proximité, ils ne se privaient pas pour se sentir. Il avait cette envie stupide de l'embrasser, celle étrange de lui ôter sa chemise et de toucher son corps, de le pénétrer jusqu'à la garde… Bon sang de merde. Ce que Kanda faisait en cet instant était quelque chose qu'il ne se serait jamais vu faire avec qui que ce soit, surtout pas avec Moyashi, et ce qu'il imaginait dans sa tête… Kanda sentait qu'il devenait fou.
Ses doigts s'enfonçaient plus profondément, l'oméga psalmodiant des paroles incompréhensibles, le brun l'entendit jurer un 'oh mon dieu', et s'en amusa quelque peu. L'oméga commençait à perdre le contrôle de lui-même, en miroir à lui. Ils étaient en train de sombrer ensemble.
Kanda sentait que son propre sexe était pulsant à l'intérieur de son pantalon. Brièvement, dans un éclair de lucidité, il se demanda si ce qu'ils faisaient, cet acte, n'était pas une très mauvaise idée. Il avait peur d'entrer en rut, avait peur de ne pas pouvoir se contrôler et de commettre l'irréparable avec Allen. Sa confiance en lui et son contrôle fébrile revinrent vite, aidés par le lien qui lui soufflait de faire jouir l'oméga, de ne s'occuper de rien d'autre. Quelques autres caresses, gémissements et pensées en vrac de Kanda, puis la voix du blandin retentissait à nouveau.
« Kanda…
—Quoi ? »
Un ton rauque, clairement fâché d'être interrompu. Allen lâcha :
« Tu es beaucoup trop doux. »
L'alpha haussa un sourcil.
« Qu'est-ce que tu veux dire, Moyashi ? »
Allen éloigna sa tête de lui, cherchant à croiser son regard. Kanda trouva qu'il avait l'air à l'ouest. Il l'était sans doute tout autant.
« Est-ce que tu pourrais être plus… brutal ? »
Le Japonais sentit ses traits s'écarquiller malgré lui.
« T'es sérieux ? »
Allen eut la décence de prendre une couche de plus sur son rougissement.
« La crise… Je…
—Tu perds le contrôle. »
Le blandin ne se démonta pas.
« Ose me dire que toi non. »
Emporté, Kanda poussa Allen à changer leur position. Il bascula le corps du blandin au-dessus du sien, le recevant sur son torse, et se redressa, gardant l'oméga collé à lui. Il sentait son corps chaud, et il devina qu'Allen pouvait sentir son érection. Ses yeux écarquillés en se retrouvant assis sur ses genoux l'en informèrent du moins. Kanda serra furieusement les dents, le maudit ayant l'air complètement perdu. Ses doigts le pénétrèrent à nouveau, et il fit exprès de reprendre avec un mouvement brusque. Allen hoqueta bruyamment. La façon dont ses traits s'étaient transformés sous le plaisir… Kanda eut un rictus fier, l'égo réjoui de ces expressions.
« J'me contrôle parfaitement. Toi, tu peux pas en dire autant. »
Un nouveau geste en ciseau à l'intérieur du plus jeune lui ôta un cri. Kanda eut l'impression qu'il résonnait en lui. Moyashi était si trempé… Oh, il mentait, mais pour sauver l'honneur. Cependant… Kanda trouvait une satisfaction minime. Son corps le trahissait, son esprit aussi… Mais il y arrivait encore. Son mensonge avait un goût de vérité.
« Ferme-la, Bakanda. »
Cette réplique venait un peu tard. Kanda ne comptait pas parler plus longtemps, de toute manière.
Les bras de l'oméga s'enroulèrent autour de son cou, l'alpha ne s'en occupa pas, accélérant encore ses mouvements, jusqu'à ce que ses doigts se cognent à une espèce de petite bosse. Le corps du blandin se pétrifia, et il devint encore plus étroit, s'étant violemment contracté. Sentant ses émotions mitigées par la nouvelle sensation, Kanda devina qu'il avait trouvé sa prostate, particulièrement sensible chez un oméga. S'il n'avait pas été au courant pour le nouage, il avait quand même été suffisamment éduqué pour le savoir. Cela le réveilla un peu de l'influence des phéromones, pas assez pour se poser des questions, mais assez pour qu'il n'ose pas continuer la brutalité. Ses mouvements furent plus doux.
D'un regard, Allen sembla l'en remercier, bien qu'il soit à mille lieues de penser.
Kanda était tiraillé entre ses pulsions, ses sentiments contradictoires, et ce qu'il sentait dans son pantalon… Son instinct d'alpha lui donnait l'ordre de prendre l'oméga sur le champ, sa raison inaudible d'arrêter tout, et les émotions du blanc semblaient le supplier de s'occuper de lui jusqu'au bout.
Merde, merde !
Il avait beau s'enrager, il n'arrivait pas à arrêter ses gestes, ils étaient presque compulsifs. Entraîné par ce que voulait Allen, Kanda choisissait de lui donner du plaisir.
« T'es sûr que tu veux pas que je sois doux, Moyashi ? Ça te fait pas mal ? »
Allen secoua la tête de gauche à droite, suppliant :
« Fais juste passer ma crise, Kanda. Je n'en peux plus d'être excité comme ça. Je t'en prie. Arrête ça. S'il te plaît. »
Le brun céda. Ça lui rappela le moment où Allen l'avait supplié de ne pas le toucher, sauf qu'il l'implorait pour l'exact inverse. Il y avait une saveur de doute, d'incompréhension, de mécanique et de paradoxe, dans tout ça. Il se voyait réagir sans avoir l'impression d'être lui… Pendant que ses doigts bougeaient frénétiquement, Kanda se pétrifiait de cette facilité déconcertante avec laquelle il faisait ça, alors que ça n'aurait pas dû être ainsi. Le Moyashi contre lui, haletant dans son oreille, son souffle erratique, ses gémissements et ses supplications, alors que ses deux doigts frappaient ce point sensible à l'intérieur de son être. Une pensée harcelante, celle qu'il était adorable, qu'il était mignon, qu'il le désirait… Kanda sentait la pression de la colère refoulée. Une part de lui l'était effectivement, mais l'autre était étrangement à l'aise, heureuse de ce contact. La chaleur d'Allen était loin d'être désagréable, et quant à ses membres qui s'enfonçaient dans cette moiteur… Il avait cru que c'était déjà difficile à gérer tout à l'heure, mais plus l'Anglais prenait du plaisir, plus l'Asiatique entrait dans un état d'excitation auquel il se crut incapable de résister. En conséquence, ses doigts remuèrent plus vite, Allen le suppliait pour plus de toute façon, et Kanda le resserra contre lui.
Comment ignorer ce désir grimpant ? Il en voulait plus. Il voulait lui rendre impossible de la tâche de déglutir, voulait le faire crier et non plus simplement gémir, voulait qu'il perde le contrôle entre ses bras, et enfin, le faire jouir.
Avec ce qu'il lui faisait, plus ses pensées, l'épéiste ne se sentait certainement pas de nier. Néanmoins, il se jura à nouveau qu'il n'irait pas plus loin. Il ne ferait rien à Allen qui impliquerait sa satisfaction personnelle. Le Moyashi et lui n'étaient pas un couple. Il le lui avait redit tout à l'heure, il n'était pas son mec. Profiter de lui de cette façon, ça aurait fait de lui le dernier des salopards. Kanda jugeait avoir tout perdu, par conséquent pas grand-chose à perdre. Il se foutait de l'éthique, mais il en avait gardé juste le minimum. De plus, s'il se foutait d'être ou non attaché à Moyashi, car ça ne voulait pas dire qu'il était son ami, il le respectait assez pour ne pas lui faire ça. Lui faire prendre son pied car il le fallait, que les phéromones lui en donnaient l'envie, d'accord si Moyashi l'était aussi. Mais ça… Non. Il ne le blesserait pas.
Sur ces pensées, Kanda ne put contrôler la vague d'affection qui naissait en lui pour l'oméga.
Il déposa un baiser dans le cou du blanc, parsemé de cheveux.
Rejetant sa tête en arrière, ralentissant, Kanda jura. Il avait promis, s'était promis de ne pas faire ça…
Bordel !
Kanda s'arrêta, essayant de retrouver sa respiration, coincé par le doute, Allen gémissant de dépit.
« Ne t'arrête surtout pas, Bakanda…, » implora Allen, surprenant le susnommé. Sa voix n'aurait pas pu être plus chargée de désir qu'à l'instant. « C'est pas grave… pour le baiser, je te l'ai dit… ça ne me dérange pas… Je… » Le brun était hypnotisé par ce ton, ces sons qui accompagnaient les paroles. « … Ça m'a manqué. »
Pour qu'il parle aussi franchement, son contrôle de lui-même devait être relativement réduit, au moins autant que le sien. Ils étaient beaux, infectés par les phéromones autant qu'affectés. Le brun se crispant au possible, il ne put lutter plus longtemps. Il embrassa la joue du blandin, cette fois-ci, et sa main qui maintenait le dos d'Allen descendit plus au sud, caresser son membre, ignoré pour le moment. Il taquina le gland de son pouce, ses doigts prenant plus d'élan, simulant la rude pénétration que Kanda se prenait à rêver de pratiquer sur le corps du plus petit. Cela suffit pour qu'Allen jouît.
Ses deux mains furent souillées, Kanda les contemplant avec une absence. L'oméga haletait furieusement.
Les phéromones les enivraient encore tous les deux, et il leur faudrait du temps pour redescendre de cette emprise.
Encore tremblant, Allen se laissa tomber à ses côtés, restant tout de même proche – sa tête s'appuya contre son épaule. Kanda s'en fichait, examinant ses doigts pleins des fluides du Moyashi, lequel n'arrivait toujours pas à reprendre son souffle. L'instinct d'alpha en Kanda forma un rictus sur ses lèvres. Allen l'avait supplié de faire passer sa crise.
Pour sûr, il avait répondu à sa demande.
L'odeur de sexe et de plaisir, les émotions de l'orgasme violemment qu'il avait donné à Allen, entraient en lui jusque dans les moindres recoins. Kanda ressentait une curieuse forme d'apaisement, comme s'il avait joui avec lui, bien que ce ne soit pas le cas. Son érection était toujours là. L'apaisement était donc incomplet. Une part de la tension ne le quittait pas, tant elle était montée, étant beaucoup trop présente pour son propre bien.
Si ça avait été plus long… Kanda croyait savoir qu'il ne se serait pas retenu. Il l'aurait baisé.
À la suite de cette pensée, le brun commença à réaliser qu'ils venaient de faire une grosse, très grosse connerie.
Allen et lui se regardèrent à ce moment-là, tout près, chacun lisant en l'autre. Le visage d'Allen reflétait l'ahurissement, et Kanda sentait que le sien en était une pâle copie.
Le maudit s'éloigna brusquement de lui.
Yeux dans les yeux, la même pensée les traversait. L'un comme l'autre se regardaient comme s'ils se voyaient pour la première fois, le souffle court, hagards, Kanda se recevant en pleine gueule toutes ses pensées, toutes les phrases qu'il avait prononcées, tout ses actes… Allen devait être avec le même effet secondaire.
Ce n'était pas son genre, mais Kanda fut sincèrement effrayé. Que les phéromones modifient à ce point ses réactions, qu'elles influencent à ce point son comportement… Putain ! Il était exposé de façon permanente depuis trois jours, avec une ou deux heures de pause, était là lors des crises de l'oméga. C'était normal. Kanda savait bien que la plupart des alphas avaient encore moins de retenue que lui. Mais que ça lui fasse ça… Kanda reconnaissait les signes. Cette merde risquait bel et bien de le faire entrer en rut. Ce qu'il avait cru pouvoir contrôler lui échappait totalement.
Allen attrapa rapidement le drap pour se couvrir.
« Oh merde…, » commença-t-il, puis il rougit. « Tu… devrais vraiment aller te laver les mains… »
Le Japonais scrutait ses mains souillées avec toujours autant d'absence, ne sachant comment réagir. Il ne pouvait pas engueuler Allen. Il ne pouvait que s'engueuler lui-même, c'était lui qui avait voulu ça. Ce qu'ils avaient fait… Ce qu'il aurait voulu qu'ils fassent…
Le kendoka serra les dents, son visage se déformant sous la rage et s'enfuit dans la salle de bain à toute vitesse, Allen choqué de sa réaction brutale mais ne demandant pas son reste. Il pouvait aisément deviner pourquoi.
Kanda lava ses mains précipitamment et s'aspergea le visage d'eau ensuite. Il sentait son érection encore vive… Ce qu'ils avaient fait ne cessait de lui tourner dans la tête…
Dans une pulsion de colère, Kanda donna un violent coup de poing dans le mur. Il résonna dans toute la chambre. Il avait fait un trou. Le brun avait envie d'hurler, de tout défoncer sur son passage, ne pouvant accepter d'avoir craqué ainsi. Son nom résonna dans la pièce d'à côté.
« Kanda ? »
Le Japonais grinça des dents.
Il ne répondit pas.
S'il pouvait rester quelques minutes dans la salle de bain, seul, ne pas affronter Moyashi, ne pas affronter les conséquences de ses conneries, il le ferait. Rageur, Kanda s'assit aussi au sol, se prenant la tête entre les mains. Il irradiait de colère. Il détestait ça.
Bon dieu, il n'allait pas tenir plus longtemps.
Ce n'était pas vivable.
Kanda aurait pu rester à maudire le lien, mais il entendit bientôt un bruit de chute et ouvrit la porte avec précipitation. Moyashi était étendu au sol, ayant pris le temps de se rhabiller, mais tout aussi piteux que lui. Kanda avisa sa crainte, l'observant, une main sur la poignée. Sa mâchoire était crispée, à s'en faire exploser le collier dentaire. En dépit de sa violente colère, l'alpha ne comptait pas encore l'éclater sur l'oméga. Il avait promis. Il s'en approcha, et il le souleva, le remettant sur ses pieds. La culpabilité le dévora. Le gamin ne pouvait pas tenir sur ses jambes, il les voyait trembler. Il sentait que tout son corps tremblait également. Quand il essaya de le faire tenir debout, Allen eut une brève grimace douloureuse.
Cela acheva de l'enflammer.
Il avait vraiment été trop brutal avec lui. Lui qui s'était promis de bien le traiter. Il ne savait pas quoi dire, n'aimait pas s'excuser et n'avait pas envie de le faire. Parce que ce n'était pas lui. Mais ce qu'il avait fait…
Kanda allait ouvrir la bouche.
En essayant de se dégager, Allen parla en premier :
« On vient de se dire qu'on serait à l'aise pour ce qu'on faisait, Kanda. »
Le Japonais écarquilla les yeux pour une autre fois de trop. Allen continua :
« On a décidé de faire ça, on assume. C'est ce qu'on a dit tout à l'heure. Les phéromones nous ont influencés… Je sais que tu détestes ça et que ça te met en colère. Je sais qu'on a perdu le contrôle… Mais on n'a rien fait de trop grave. »
Rien fait de trop grave. Pour Kanda, le simple fait de l'avoir embrassé sur le front était grave, alors là… Il n'arrivait pas à se défaire du malaise. La colère le brûla. Moyashi ne pouvait pas tout réduire à sa simplicité de crétin bon enfant à chaque fois !
« Mais putain, Moyashi, regarde-toi, tu peux même pu tenir debout ! Me dis pas que c'est pas grave vu comment j'ai été brutal avec toi, espèce de con ! » Kanda avala difficilement sa salive. Il s'énerva : « Pourquoi tu m'as dit oui, merde ?! »
Allen se figea.
« J-Je… »
Kanda l'interrompit, gueulant :
« T'aurais dû me coller une claque en voyant que je perdais le contrôle, t'aurais pas dû me laisser aller jusque-là ! » Puis Kanda s'arrêta, à bout. Lui crier dessus n'était pas bon, il savait. Après tout, ce n'était aucunement la faute de l'oméga s'il s'était laissé emporter, et s'il était celui qui lui avait fait des propositions déplacées. Il n'y avait que lui qui était responsable de ses actes. « J'ai pas voulu ça que ça aille si loin, putain, j'ai pas voulu… »
Kanda ne pouvait pas continuer. Il ne savait pas s'exprimer, ne savait pas exprimer ce qu'il ressentait, c'était trop compliqué. Ça devenait bien trop pour lui. Allen déglutit, et, choquant Kanda, il sourit.
« Si j'ai dit oui, c'est tout simplement parce que je le voulais. Parce que je te faisais confiance, et que tu te contrôlais encore. Tu n'as fait que ce que j'ai voulu. Tu as été brutal parce que c'était ce que je voulais. »
Allen lui avait certes demandé d'être brute. Conduit par ses désirs qu'il avait défoulés d'une autre façon, Kanda en avait fait sa priorité sur la satisfaction d'Allen. Il ne s'était pas assez contrôlé. Il avait foiré. Il y avait du chemin entre plus brutal, sa demande, et ce qu'il avait fait. Kanda cria :
« T'étais dominé par tes chaleurs, j'aurais pas dû t'écouter, maintenant tu peux pas tenir debout. Putain, je vois que t'as mal ! Va pas me dire que tout va bien ! »
Derrière sa voix glaciale, l'Asiatique s'inquiétait réellement et proférait des excuses déguisées sous forme de regret. Allen parut franchement étonné qu'il s'en préoccupe, comme à chaque fois que Kanda exprimait ses craintes d'abuser de lui. C'était simplement normal qu'il ait peur de dépasser les limites. Kanda avait des défauts, mais violer un oméga, le Moyashi, n'était pas ce qu'il voulait. Ce n'était pas qui il voulait être. Allen s'empressa de secouer la tête.
« Je ne regrette pas d'avoir dit oui, ni d'avoir demandé à ce que tu sois brutal. J'avais ma tête quand je t'ai demandé ça. Tu ne m'as pas fait mal, je n'ai juste pas l'habitude, et je n'arrivais déjà pas à marcher à cause de mon corps affaibli, tu le sais bien. J'ai eu confiance en toi, Kanda. J'ai toujours confiance en toi. Tu étais vraiment excité, toi aussi. »
Ces mots tendirent Kanda, il n'aimait jamais quand quelqu'un pointait ses émotions. Et justement, il était si excité qu'il avait…
« Mais tu as réussi à te retenir, et ça compte beaucoup pour moi. »
Kanda poussa une exclamation rageuse, il allait rétorquer mais –
« … C'était vraiment… très bon, Kanda. » Allen bégaya mais se reprit. « Merci. Sois à l'aise. On l'a voulu tous les deux. »
Le kendoka s'étouffa avec sa salive. Il ne pouvait pas répondre.
Moyashi le regardait, lui aussi le regardait. Ses joues chauffaient, il le sentait. Moyashi avait donc aimé à ce point… Il le remerciait. Kanda calma ses peurs, à demi rassuré par cette preuve de consentement. Il était le premier con à avoir été convaincu par le fait d'assumer ce qu'ils faisaient ensemble, il avait été le con qui avait proposé ça. Sous influence, certes, mais il n'avait pas totalement perdu le contrôle. C'était parti beaucoup plus loin que ce qu'il comptait faire, mais Moyashi avait raison, il l'avait fait, autant ne pas se défiler. Assumer.
Il ne pouvait pas faire autrement.
Le silence entre eux était palpable, Allen gêné, Kanda réfléchissant. Ni l'un ni l'autre ne rétorquèrent. L'épéiste amena Allen à s'asseoir sur le cabinet de toilette et lui porta des affaires de rechange, afin qu'il puisse prendre une douche. Sans un mot, il s'apprêtait à sortir, laissant le blandin, quand celui-ci agrippa son bras :
« Tu es fâché contre moi, Kanda ? »
Le Japonais fut contraint de secouer la tête. Il sonnait si penaud, c'était agaçant.
« Non, Baka Moyashi. » Une pause. « J'déteste les phéromones, c'est tout.
—C'est pas grave, tu sais. Je regrette pas ce qui s'est passé… » Il eut une hésitation timide. « Je suis sincère, j'ai vraiment aimé ça. »
Le kendoka s'empourpra nettement. Il le lui avait déjà dit, il avait compris ! Ce foutu gosse s'amusait à le gêner, ou quoi ?
« Putain, Moyashi…
—C'est Allen.
—Va te faire foutre. »
Il le faisait chier, ce Moyashi. Les joues cramées, le regard hésitant, Kanda s'enquit sur un souffle agacé :
« T'es sûr que j'ai pas été trop brutal avec toi ? »
Allen soupira.
« Je sens peut-être le sucre mais je n'en suis pas fait, Kanda. Je viens de te dire que j'ai aimé, deux fois. »
L'oméga rougissait, et Kanda avouait qu'entendre qu'il avait aimé ça n'arrangeait pas sa propre excitation. Le maudit poursuivit :
« Hormis mes crises, on s'est bien amusé, aujourd'hui, non ? »
Le kendoka ne voulait pas lui donner raison, alors il soupira et n'eut aucun geste. Allen sourit, nullement découragé.
« Ce serait bête de plomber la journée pour quelque chose de stupide. » Le blandin souffla quand même, baissant la tête. « Puis, tu t'occupes de moi pendant mes chaleurs, Kanda. Je sais que tu ne veux pas y penser, mais si tu te retrouves à nouveau à être mon alpha pour mes chaleurs… Tu vas souvent me voir perdre le contrôle et être influencé. On peut faire en sorte de le maîtriser jusqu'à un certain point, j'y crois. Autant ne pas se fâcher pour ça, ce n'est pas ce qui nous aidera. »
Kanda le savait bien, que le con n'avait pas tort. Ça l'énervait néanmoins. Rester en colère ne changerait rien, en effet.
« C'est bon, j'ai compris tout ça, me gonfle pas. J'suis pas fâché. »
Allen rougit encore :
« Honnêtement, le refaire ne me dérangerait pas. »
Sa fierté d'alpha refaisait des siennes, mais Kanda se força à rétorquer sèchement :
« Je pense que c'est mieux si on le refait pas, Moyashi. C'était trop le bordel.
—C'est comme tu veux. On est pas obligés de recommencer ça si tu ne veux pas. »
Si son visage rouge semblait imperceptiblement déçu, les phéromones que Kanda reçut en pleine tronche vibraient du sentiment. Abasourdi en premier, le kendoka contint son amusement, sentant un rictus prendre place sur ses lèvres. Il en perdit à peine son malaise, préférant charrier l'oméga.
« Putain de sa race, c'que tu pues. T'as envie de recommencer à ce point, Moyashi ? »
Le rictus fier s'était installé. L'Anglais eut quant à lui le réflexe de grogner, boudeur à l'idée que Kanda pense qu'il avait un ascendant sur lui.
« Te moque pas de moi, Bakanda ! Puis tu l'as dit, je suis un oméga… C'était vraiment mieux comme ça… »
Allen pencha sa tête entre ses mains, se cachant le visage.
Kanda refusa d'être attendri.
Il sentit pourtant son bras se lever, et posa sa main sur le crâne du blandin, toujours sans caresser, comme il y a quelques jours. Sa poigne dure reposait contre les cheveux blancs d'Allen, ce dernier redressant la nuque, le fixant avec ses belles joues rouges et ses yeux gris profond. Kanda resta neutre. Il avait brutalisé l'oméga, peu importe que ce soit à sa demande, il pouvait bien lui montrer un peu d'affection, c'était de ça qu'il avait vraiment besoin. Kanda jouait le jeu du bon alpha, et il comptait continuer. Tant qu'Allen serait en chaleurs, il prendrait soin de lui, ça s'arrêterait là. Kanda n'appréciait toujours pas que les phéromones aient tant d'impact. Il l'avait déjà pensé, mais ça allait être compliqué, cette histoire.
À suivre...
Ça a un peu chauffé XD.
L'ironie du titre 'Control' est encore plus flagrante x). Donc poursuite des mêmes thématiques que dans le 23, jeu sur la féminisation, le sexisme et certains clichés « romantiques », j'imagine qu'on voit bien ceux avec lesquels j'ai joué. Rien qu'avec la façon de parler/penser de Kanda par moment je pense que le côté gnangnan est entaché x'D. Le chap était centré sur leur relation, dans cette partie-là ils continuent à se sentir complices, à déconner un peu, à négocier leur rapport même s'ils ont encore quelques difficultés et craignent d'outrepasser les limites, comme on le voit avec Kanda qui flippe de perdre le contrôle et de blesser Allen, tandis qu'Allen, lui, est de plus en plus dans l'influence de ses chaleurs. Kanda s'inquiète aussi à propos de la santé mentale d'Allen et il a peur à cause de ce qu'à dit l'infirmière, tandis qu'Allen essaie de tenir le coup.
Certains avaient été surpris au dernier chap que les thèmes évoluent et que le récit soit un peu adouci en controverse, en omettant le passage de l'infirmière, mais c'est normal :). De nouveaux thèmes entrent en scène, comme vous le voyez au-dessus, ils galèrent avec le désir qu'ils ressentent et le fait qu'ils s'attachent malgré eux, sans parler de la tension dont ils sont victimes, et j'espère que ma façon de le traiter vous plait. Le fait de se sentir "bien", de se simplifier les choses est aussi au centre de leur préoccupation maintenant. Chercher une stabilité dans ces circonstances est humain et important pour eux, sinon ils exploseraient les pauvres, imaginez-vous à leur place x). C'est une étape nécessaire à ce stade dans ma vision de l'histoire. Je veux faire quelque chose de réaliste, qui ne soit pas tout noir ou tout blanc. Ça ne veut absolument pas dire que tout est tracé net dans une direction plus qu'une autre... Rassurez-vous, le fait que certains clichés soient abordés, qu'il y ait du fluff et que ça puisse se calmer à certains chapitres (en l'occurrence moins pour celui-là avec la perte de contrôle de Kanda et Allen, je pense xD) ne veut pas dire que j'ai changé d'avis sur le fait de ne pas faire quelque chose de banal... Mais plus de simplicité et d'adoucissement ne sont pas ennemis de l'originalité. Mon but est de faire évoluer l'histoire, pas que ça reste figé :). Ça passe aussi par là pour s'écarter des sentiers battus ! Si je tenais le même cap à fond, c'est-à-dire l'angst et rien d'autre, tout serait couru d'avance, et je ne veux pas ça :p.
Vous verrez bien par la suite ce que ça donnera ;3 !
Parlant de ça, j'espère que le chapitre aura été plaisant par la manière dont le thème est tourné et le léger fluff de début et de fin, car le prochain va plutôt remonter en angst… assez sauvagement x'D. Je vous y prépare haha.
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Merci d'avoir lu !
