Hey !

Vous avez été nombreux à réagir, 13, il n'y avait jamais eu autant de réaction et ça me fait super plaisir ! Edit du 01/07/18 : Auparavant, des paragraphes où je m'excusais pour le message au début du chapitre précédent et où j'expliquais la raison de ma frustration au vu de mon investissement figuraient ici, mais j'ai synthétisé tout ça dans une note au précédent chapitre, alors je l'enlève ! La seule chose que je conserverai de ce discours, sans vouloir faire de redite, c'est que je n'ai bien entendu aucune intention d'exiger quoique ce soit des lecteurs. Cependant, j'ai pris de mon temps en partageant avec vous, et ici on est dans une communauté de fans et d'écrivains amateurs où le dialogue entre les lecteurs et les auteurs sont possible, ce qui est une chance, à mon sens. Je ne parle donc pas que pour moi, en disant ça. J'ai mis de la passion dans SOS, mais je sais que je ne suis pas la seule à essayer de bien faire. Je sais aussi que mon histoire est spéciale au niveau de la lenteur et de certaines idées, c'est bien pour ça que j'ai fait ces choix, mais c'est toujours plaisant de connaître les réactions par rapport à cela, en bien ou non ! En bref, je remercie beaucoup ceux qui se sont manifestés de m'avoir montré que l'histoire leur plait :) !

Sinon, petite remarque que je juge importante sur le précédent chapitre, auquel je n'ai pensé que grâce à un commentaire reçu sur AO3, que je place ici car elle introduit la suite : Ça a bougé et avancé, comme vous l'avez vu, mais dites-vous que si ça bouge si vite, même si ça semble logique après tout ça, c'est quand même pas mal à cause du lien, et c'est un peu ça la nouvelle problématique... :) Allen et Kanda ont tellement mal vécu le début des chaleurs d'Allen qu'ils craquent un peu psychologiquement et décident inconsciemment, mais aussi consciemment, c'est un peu complexe, de se laisser aller au lien. C'est pour ça qu'Allen se sent enthousiaste à propos de son amitié avec Kanda et que Kanda voulait le toucher. Ils recherchent de la proximité et de l'entente dans cette situation, et ils choisissent d'ignorer le reste, disons qu'ils en ont vraiment besoin. Donc Allen cherche à se reposer sur Kanda, comme il se rend compte qu'il l'apprécie et il veut voir jusqu'où il peut aller, et Kanda ne le repousse pas parce qu'il est inquiet et qu'il est paumé avec son attachement aussi ^^. Ce qui pourrait leur causer, l'un comme l'autre, des réactions qui pourraient vous surprendre, surtout venant de Kanda ;). Vous verrez bien comment ça va évoluer héhé.

Pour ce chapitre, comme pour "Control", le jour "Pinocchio" est divisé en deux chapitres (et c'est le dernier coupé en deux, on en revient l'accélération que je vous promettais ^^). On retrouve encore cette thématique de la force du lien, mais aussi autre chose, une thématique importante dans le récit et qui n'était pas vraiment mise en lumière pour le moment : la crise existentielle d'Allen. (D'où la référence du titre) Ce chapitre va entrer dans le vif du sujet, il est fort en émotion, et aussi très important pour les personnages, c'est un des chapitres les plus décisifs de l'histoire ! En plus du fait qu'il crée donc une petite rupture voulue avec les événements du précédent, il est pas mal centré sur l'avancement de la relation des persos et la notion de confiance qui, avec l'influence du lien, devient encore plus primordial pour eux. Je n'en dis pas plus, je vous laisse découvrir !

Juste, pour que ça ne vous choque pas, je rappelle que j'avais précisé au tout début de la fic que l'histoire se passait dans une alternative chronologique aux événements dans DGM, l'attaque de Lullubel a déjà eu lieu, mais au niveau du reste, l'ordre exact des événements n'était pas respecté ^^. J'explique dans la note de fin pourquoi le récit n'en reparlait pas ;).

J'espère vraiment qu'il vous plaira, mais attention, c'est vraiment du gros angst psychologique pour ce pauvre Allen, je vous préviens xDD.

Merci à Ookami97 pour la correction !

Bonne lecture !

Réponses anonymes :

Acchan : Un peu beaucoup, oui, je l'avoue xDD. En tout cas je suis vraiment contente si ça t'a plu et si tu aimes voir un Kanda dépassé ;). Il risque de l'être encore le pauvre mdrr. J'ai voulu l'écrire comme ayant des émotions et étant un être humain, malgré son côté kandesque xD, et j'ai vraiment fait de mon mieux pour rendre tout ça plausible, donc ça me fait plaisir si ça te plait :). Contente aussi que tu attendes la suite :D ! Merci de ta review :) !

Une fan : Oui, c'était fluffy :D. Je suis vraiment contente si tu aimes mon histoire et si tu as aimé le chapitre :3. Merci pour ta review :) !

Guest 1 : Thanks for your comment :). Yep, the emotions went a little up and down in the previous chapter x). I'm really glad if you like the way I deal with Kanda's character, as I explain in French up above, I tried to write him like an actual human being that has feelings and to make it seem likely so it was hard ^^. Yeah, in this part, they had given up to the bond and they were realizing what they've done afterwards. Clearly, they're not done with worrying about the desire they feel for each other x). I'm really glad if you liked the chapter :D !

Guest 2 : Oh, merci, ça me fait vraiment plaisir si tu aimes mon histoire à ce point-là :o. Et oui, pas mal d'hésitations et de sentiments contradictoires, je suis vraiment contente si tu apprécies ça ainsi que la lenteur :). Merci pour ta review :) !

Emelynn21 : Je comprends, comme je l'ai dit, je voulais simplement que les gens comprennent que ça puisse être démoralisant pour un auteur, pour les raisons expliquées au-dessus, pour que ceux qui aient des choses à dire ou apprécient, et un peu de temps, pensent à se manifester. Parce qu'encore une fois, moi aussi j'ai pris du temps pour écrire et pour partager ^^". Mais je ne force personne, donc ne t'excuse pas, à toi de voir si tu veux ou pas ^^. Sinon, pour le chapitre, oui, Kanda commence vraiment à perdre le contrôle et se voit obligé d'exprimer ce qu'il ressent, tu verras comment ça va évoluer :p. De même pour les questionnements d'Allen, ce chapitre va les développer :3. Après, pour ta remarque, c'est vrai que leur quotidien est composé de scènes assez similaires, j'avais réfléchi l'histoire comme ça, parce qu'ils n'ont pas beaucoup d'autres possibilités, mais c'était justement ça mon but, jouer avec des situations répétitives pour les rendre différentes ^^. Le véritable enjeu, c'est l'évolution psychologique à travers toutes ces scènes, leurs interactions dialoguées :). Mais effectivement, c'était le risque que certains lecteurs puissent être un peu impatients :). Laisse quand même au récit l'occasion de te surprendre à partir de ce chapitre, car il reste, sans compter celui-ci, 4 chapitres sur les chaleurs d'Allen, et il va se passer vraiment beaucoup de choses ! L'air de rien, ça avancera vachement plus vite :). Je suis contente que mes chapitres te plaisent quand même sinon :D ! Merci de ta review ! :)


Allen rêvait. Il avait chaud, sentait un étrange mal de crâne lui broyer la tête et son souffle s'emballait de lui-même. Il avait beau être contre Kanda, réfugié dans l'odeur de l'alpha, il était prisonnier de son cauchemar. Il avait beau lutter, pas moyen de se réveiller.

« Allen, Allen ! »

Une voix l'appelait, de loin. Le blandin se retourne, et il voit Mana. Il sourit, aussi grand que possible, joyeux. Il a l'impression que ce n'est pas normal de le voir, mais il est si heureux qu'il s'en fiche. Le jeune oméga court vers son père, les bras tendus, les larmes aux yeux, sentant un bonheur immense le traverser de part en part.

« Papa ! »

C'est rare, qu'Allen l'appelle 'papa'. Mais quand ça arrive, son père a l'air particulièrement heureux. Tout comme lui l'est à l'instant. Allen continue de scander des 'papa, papa' à n'en plus finir, mais plus il court, plus il a l'impression que Mana lui est inaccessible. Il a l'air si loin. Il recule alors qu'il se rapproche. Allen ne comprend pas, mais il s'obstine, il n'arrête pas de courir. Son tempérament d'enfant rude et dissipé le rend fâché contre la distance. Il devient tellement contrarié qu'il sent le sang battre à ses oreilles et arrête de pleurer. Quelques instants, il flanche et ne comprend pas sa propre colère. Puis, il réalise simplement que c'est la peur qui l'attise, parce qu'il ne semble pas savoir comment réagir autrement au stress, à ce qu'il ne comprend pas.

À l'époque, Allen était comme ça.

Il ne comprend pas ce qui se passe, inévitablement, ça l'enrage.

Il a beau courir, Mana s'éloigne.

Finalement, Allen sent que les larmes reviennent. Il hurle son nom, ne comprend pas pourquoi son père n'avance pas vers lui, pourquoi il s'en va. Ça le rend si perdu.

Un flash passe dans son regard, la brume du rêve se déplace, elle ne se soucie nullement de la cohérence.

En l'espace d'un instant, Allen est devant l'homme détestable qui le maltraitait au cirque avant que Mana ne s'occupe de lui, Cosimov. L'homme est énervé contre lui. Allen retrouve ses sensations d'enfant, il se sent anxieux et confus, ne comprenant pas le déferlement de rage à son égard. Mais, depuis sa naissance, depuis qu'il est dans ce cirque ambulant (d'aussi loin qu'il s'en souvienne), c'est tout ce qu'il a vécu. Les coups, ou l'ignorance. Allen préfère bien entendu l'ignorance, et si les coups le blessent, il y est indifférent, dans une effrayante habitude prise de la situation. Comme si elle était naturelle.

Ne connaissant pas mieux, l'enfant n'espère pas mieux.

Il se fait bien vite battre, injurier, des insultes en rapport avec son statut d'oméga, il entend un 'sale petite pute' sans comprendre ce que ça veut dire, puis le nom qu'il portait à cet âge : Red.

Red évite de pleurer, mais il n'y arrive pas. Il n'est pas seulement triste et abattu, il est en colère. En dépit de son jeune âge, de son incompréhension de la situation, c'est quelque chose de vif, un sentiment d'injustice sur lequel il ne sait pas encore poser de nom, qui brûle en lui. Il le consume.

Puis, il revoit le jour de Noël.

Le chien de Mana, Allen, dont il a plus tard pris le nom, est mort. Red pleure, Mana non. Red est en colère, il sait que l'homme l'a tué. Même en ayant été maintes et maintes fois battu par lui, l'enfant veut se venger. Bien sûr, une part de lui a peur. Mais Allen n'a jamais eu un tempérament de victime. Il a toujours été réactif, ne s'est laissé faire que lorsqu'il ne pouvait pas faire autrement. Allen est plus fort que ça.

Mana l'en empêche, voulant le protéger.

Allen se rappelle vaguement qu'il a été accusé du crime, que la troupe s'est liguée contre lui, à part Mana. Mais ils ont tous été tués. Des Akumas.

Le blandin s'agitait dans le lit, de plus en plus tourmenté par ce cauchemar trop réel. Car, jusqu'à maintenant, il était réel. C'était un cauchemar de souvenirs.

Il revoit la mort de Mana, en mauvaise santé, tué par une carriole folle. Son propre abattement. Il dormait même sur sa tombe. Le moment où il l'a ramené. Où il l'a tué.

Allen sent les larmes couler. Il n'est pas difficile de deviner qu'elles coulent autant en vérité que dans son rêve.

Puis, les images changent. Il revoit Cross, des fragments des cinq années passées avec lui. Les visages de Lavi, Lenalee. D'autres personnes qu'il a rencontré, qu'il a aidé, ses compagnons de l'Ordre. Allen pense qu'il a de la chance d'être entré ici. Seulement, même là, rien ne va plus.

La bataille de l'Arche, éprouvante et anéantissante, où il a commencé à utiliser les pouvoirs du Quatorzième. Son maître qui ne lui a laissé que des informations succinctes, mais largement aussi perturbantes. Le Quatorzième, le Noah qui vit en lui, est Neah Walker.

Le frère de son père, Mana Walker.

Personne ne sait qu'il sait. Allen ne l'a dit à personne. Il ne compte pas le dire à qui que ce soit. Mais ça le ronge. Il se demande pourquoi Mana l'a recueilli. Ce n'est pas la première fois qu'il en rêve.

Le combat contre Lullubel, la section scientifique détruite, le QG détruit… Les pertes, les morts. La supplication de Johnny, celle de les sauver. Il a échoué. Encore un coup dur pour ce pauvre Allen.

Il a cru pouvoir contrôler, pouvoir amasser des informations et gérer les perturbations arrivé au nouveau Quartier Général. Mais il y a eu son lien avec Kanda. La surveillance de Luberrier.

Ses chaleurs.

Pour quelqu'un comme Allen, quelqu'un qui a su travestir ses failles et ses faiblesses avec son passé chargé, il n'y a rien, pour une énième fois, de plus horrible de se retrouver invalide, dépendant d'un autre, poussé contre son gré à vouloir s'en remettre à cet autre, à tout abandonner. Même quand il a perdu son bras après son affrontement avec Tyki, ça n'a pas été si horrible. Allen a vécu tant de choses difficiles… Il a subi des abus, des trahisons, de la manipulation, des injures, l'ignorance et le mépris… Mais ça… C'est d'un tout autre niveau. C'est sa propre conscience qui le lâche, sa propre personnalité qui s'efface autant que ce masque qu'il a construit au profit d'autre chose… D'un enfant brisé. C'est ce qu'il est, dans le fond.

Ignorant les horreurs, Allen sourit encore, il ne se laisse pas abattre.

Mais que ça lui soit volé…

Le masque…

Kanda n'y est pour rien, Allen ne le blâme pas.

Il ne blâme que le lien. Le lien qui fait que Kanda sait ce qu'il ressent. Que Kanda ait accès à lui.

C'est vrai qu'Allen, bien qu'ayant l'habitude du contraire et s'y tenant, aimerait parler, de temps en temps. Raconter ce qu'il ressent, se laisser aller. Il n'aurait jamais voulu avec personne, encore moins avec Kanda. Jamais. Mais il y a le lien. Si ce n'est pas un motif en faveur d'une confession, le lien lui a permis de découvrir l'autre visage du Japonais. Un être bon. Un être de confiance.

Hormis un bien foutu caractère. Il n'est pas mieux, cependant.

Allen est perdu.

Ses chaleurs l'affaiblissent et ses pensées lui échappent, c'est tout ce qu'il sait.

Il a horriblement peur. Si le Noah en lui décide de se réveiller et de prendre le contrôle de son corps alors qu'il est dans cet état ? Ce n'est pas la première fois qu'il y pense, parce que ouais, ça pourrait. Allen est si faible qu'il ne peut rien contrer. Il est dans les circonstances idéales. S'il disparaît, que se passera-t-il ?

Allen se voit lui-même perdu, il rêve de ses propres doutes et s'entend les prononcer à voix haute. Une bouche tordue sur un fond noir apparaît. Il reconnaît Kanda. Un rictus sardonique qui le blesse bien avant que les lèvres s'ouvrent.

« Tu es pathétique et faible. »

C'est vrai.

« Moyashi.

Je suis Allen. »

C'est faux. Allen n'était pas son vrai nom, mais celui qu'il gardait parce que Mana l'avait choisi. Red, ce sobriquet ridicule… Allen n'a jamais eu de nom. Il n'a pas d'identité. Il ne sait plus qui il est.

« Tu n'es rien. »

La voix qui parle n'est plus celle de l'Asiatique, il ne sait pas à qui elle appartient. Mais Allen a l'impression que c'est vrai. Il est censé être un élu, être le 'destructeur du temps', être un sauveur. Ou un destructeur, s'il se trompe. Il ne veut pas se tromper et s'y refuse, déterminé. Seulement… C'est si dur.

Allen ressent en lui l'envie d'abandonner. La volonté est trop forte, il ne le fera pas, mais il a peur.

Le rêve s'agite, et il imagine que le Noah est éveillé, qu'il a pris le contrôle à sa place.

Mana est là, et ils parlent.

« Que va-t-il devenir ? Allen. »

Mana sourit.

« Il va disparaître. Je m'en suis occupé pour ça, j'ai attendu tout ce temps pour ça, Neah. »

À l'intérieur de son corps, Allen se sent vivant, poignardé en plein cœur, mais enfermé, sans pouvoir réagir. Il voit son corps réagir et se sent sourire sans le vouloir.

« Oui, après tout, il n'est rien. Qu'un hôte.

Tout à fait. »

Des dialogues clichés au possible qui reflètent la crainte d'Allen. Que ce soit la vérité crue. Que Mana ne l'ait pas aimé. Qu'il n'ait vu que Neah en lui. Peu importe, Mana sera toujours dans son cœur, au fond. Sauf que dans un égoïsme humain, ça fait mal. Allen aurait voulu être important pour une personne, au moins une fois dans sa vie. Ça lui aurait donné l'impression d'exister. Il ne le sera probablement jamais.

Allen se soumet à cette triste fatalité et il l'accepte. Il a l'impression qu'il n'a jamais été aimé, qu'il va mourir comme il aura vécu, irrémédiablement seul. Et il mourra certainement jeune, aussi. Une part pessimiste qu'il refoule est convaincue qu'il ne gagnera pas. Que ça se finira mal.

Ça ne veut pas dire qu'il ne va pas tenter, il y a des enjeux plus important que lui, qui constituent justement trop de pression pour les épaules d'un adolescent, mais peut-il lutter contre l'inévitable ?

Il n'est, en vérité, qu'un pantin.

D'autres images arrivent.

Violentes. Des meurtres. Du sang. Ses amis assassinés. Lui, responsable. Lui, mais pas lui.

Il a déjà perdu une grande part de contrôle sur son corps et son esprit avec ses chaleurs, ne pourrait-il pas le perdre encore davantage ?

Tremblant, Allen a l'impression qu'il va mourir. Les larmes déferlent, il est terrifié et il a si chaud… Il a envie de vomir, le sang cogne à ses oreilles, le cœur est au bord des lèvres, son estomac se tord, révulsé, et sa vessie le pèse.

La violence des images est indescriptible. Le sang, le rouge omniprésent. Le Comte. Les Noah. Ses camarades morts, encore.

Allen a peur.

Il veut que ça s'arrête.

Il n'a jamais demandé ça.

Le sourire perfide de Mana emprisonne son être.

Il a l'impression qu'il va le tuer. Il voit un couteau dans sa main. Il s'approche de lui. Lui demande de disparaître. De lui rendre son frère, pendant qu'il se débat.

L'adolescent pleure de plus belle.

Pourquoi ?

Allen est terrifié, son cœur est brisé. Il accueille la mort, tremblant comme jamais, mais espérant qu'ainsi, ce sera terminé. Il n'a pas menti à Kanda, il ne veut pas mourir… Mais si ça arrivait, si ça devait arriver, il l'accepterait. Tant que ce n'est pas le moment, il luttera…

Seulement…

Dans ce rêve, ça semble être le moment. C'est très paradoxal et incompréhensible, mais il le sent.

Alors Allen est prêt à abandonner. Ignorant la peur, ignorant la tristesse, comme toujours, il fait face courageusement. Parce qu'il n'a que ça, c'est tout ce qui lui reste. Il est à deux doigts de s'évanouir, mais il ne succombe pas. Il s'apprête à demander à Mana de le tuer, si c'est ce qu'il veut.

« Moyashi ! »

Allen est interpellé, et Mana s'arrête.

« Moyashi, merde ! »

Allen voit Mana disparaître, il tend la main, paniquant totalement, voulant le rattraper, mais plus rien. Que du noir.

Ses yeux sont fermés, il se sent secoué comme un prunier. Il les ouvre.

En sursaut, Allen se redressa. Kanda avait encore les mains sur ses épaules, accrochant son regard au sien, une expression inquiète sur le visage. Le maudit se rendit vite compte de son état : de grosses larmes dégoulinaient sur son visage, il était en sueur et respirait fort. Allen savait qu'il était en train de faire une crise de panique. Il avait toujours envie de vomir, toujours si mal, et… Il se pétrifia. Les larmes se figèrent avec lui. Il ferma les yeux, la sensation tournante de la honte renversante l'emportant. Ses mains s'agrippaient aux draps. Il ne pleurait plus. Mais respirait tellement fort que la moindre prise d'air ressemblait à un sanglot. Kanda s'écriait :

« Merde, je vais te chercher de l'eau. Calme-toi. Putain, le lit est trempé, t'as vraiment transpiré… Bon dieu, Moyashi… »

Kanda comprit alors pourquoi il était si bloqué, remarquant où était concentré l'humidité des draps. Il eut de grands yeux effarés.

« Bordel, Moyashi ! T'as…

—Tais-toi, Kanda. Je t'en supplie, tais-toi. »

Allen chuchotait de manière sèche, brisé par l'accablement. Il ne pensa même pas à réprimander Kanda pour son appellation. Il venait de mouiller le lit comme un gamin, chose qu'il n'avait plus faite depuis ses dix ans. Depuis la dépression accompagnée de mutisme qu'il avait faite après la seconde 'mort' de Mana. Ce rêve… avait remué… tellement de souvenirs enfouis, de traumatismes émotionnels, de profondes blessures de son être. Allen avait ressenti en un rêve toute la douleur expérimentée durant sa courte vie. Toutes ces peurs, toutes ces angoisses… Tout lui était revenu en pleine face. Il avait passé l'âge de faire ça, mais son corps avait réagi. Un coup de son affaiblissement par ses chaleurs, peut-être. De sa forte angoisse, de la sensation de mort trop réelle, peut-être aussi. Il avait cru que Mana allait le tuer. Mais Mana était mort. Sauf que lorsqu'il y pensait, Allen avait de nouveau envie de vomir.

C'était tout ça, toutes ces interrogations sur sa vie, sur sa raison d'être, qui le fragilisaient depuis déjà quelques mois. C'était ça, que ses chaleurs accentuaient. Sa vie était un désastre, et si Allen avait assez de volonté pour vouloir la prendre en main et avancer, son subconscient flanchait beaucoup plus que prévu. Ces chères hormones, sans doute.

Allen tremblait encore, gardant les yeux fermés, au summum de la honte. Il aurait eu honte si ça lui était arrivé seul, car merde, il avait seize ans… Mais avec Kanda à côté… Il se retenait de justesse de lâcher un autre 'je veux mourir' pathétique à cause de l'humiliation, dans son émotivité adolescente qui ne supportait pas cette régression. Il n'avait plus aucune dignité. Allen sentit qu'il pleurait silencieusement. Kanda avait toujours la main sur son épaule. Il était neutre, mais semblait hésiter sur comment réagir.

« Lève-toi, Moyashi. Faut changer le lit. J'sais qu'il est tard, mais faut t'laver aussi. »

Allen hésitait, ne voulant pas ouvrir les yeux. Lentement, Kanda tira la couverture de ses mains, le forçant à se découvrir. Il lui secoua encore l'épaule :

« Reste pas comme ça, merde. Lève-toi. Moyashi, putain. Écoute –

—C'est bon, je vais le faire, » coupa Allen avant qu'il parle.

Kanda le fixait toujours, Allen sentant bien la tension qu'il y avait entre eux. Le kendoka paraissait ne pas vouloir empirer les choses, et Allen lui en était reconnaissant, bien que trop humilié pour que ce soit son sentiment dominant. Il voulait juste que Kanda parte. Ses chaleurs l'empêchaient de le chasser, et ses émotions fragiles le voulaient aussi. Son égo, lui, était réduit en miettes.

« Déshabille-toi. Je vais te sortir des affaires, et je t'amène à la salle de bain.

—Ici ? » Allen fléchissait.

Pudiquement, il s'inquiétait. Mais au stade où ils en étaient…

« Je m'en fiche, tu vas pas rester avec ton pyjama dans cet état. J'ai déjà vu ce qui y avait à voir. »

En d'autres circonstances, Allen n'aurait pas aimé cette remarque. Il lui aurait demandé ce que ça voulait dire en tempêtant. Mais il était crevé, émotionnellement et physiquement, alors il obéit sans protester, se fichant, à l'heure actuelle, d'être entièrement nu devant Kanda. Avec tout ce qu'ils avaient déjà fait… C'était dérisoire d'en être inquiété. Puis, ils étaient tous deux des garçons. Qu'importent leurs statuts, à quelques détails près, il y avait chez l'un la même chose que chez l'autre. Allen avait beau être pudique, il n'était pas effarouché non plus, loin de là, et s'en rendait tout à fait compte. Une fois nu, dans sa honte, le blanc se recroquevilla, le brun venant l'aider à se déplacer jusqu'à la salle de bain, vêtements en main. Allen n'avait pas une infinité de pyjamas et c'était le dernier propre qu'il avait sous le coude, il pensa qu'il faudrait faire attention à ne pas tâcher celui-ci avant que les autres ne lui reviennent de la lessive.

Pendant qu'il se lavait, Allen avait entendu Kanda jurer en enlevant les draps, puis retourner le matelas. Il avait vraisemblablement pris une serviette pour le frotter. Allen restait prostré sous la douche, tout de même bien heureux qu'ils aient réussi à remettre le rideau pour cacher sa nudité. Il avait honte. Vraiment honte. Kanda allait vraiment croire qu'il était un gamin pitoyable. L'eau chaude lui brûlait la peau, mais il appréciait vraiment. Il aimait prendre le temps pour se laver. Bon, d'habitude, il passait plus de temps à polir Tim qui s'engouffrait avec lui qu'à laver son propre corps, mais il aimait ça. Ç'aurait été mieux s'il n'avait pas été si fatigué, avec le crâne sur le point d'exploser et les yeux dans le vague.

Kanda vint le chercher quelques minutes plus tard, lui demandant s'il avait fini. Allen acquiesça. Il se rhabilla rapidement, constatant que Kanda portait, pour sa part, un simple caleçon.

« J'ai pas pris de rechange, » se justifia l'épéiste devant son regard.

S'il y avait assez de place pour deux dans un lit, ils étaient faits initialement pour une seule personne et en mouillant les draps, la place de Kanda avait été atteinte au travers de ses vêtements. Allen s'en voulait. Retournant dans la chambre, il vit le matelas tâché appuyé contre le mur, et l'autre lit refait. Les draps et vêtements sales furent déposés par Kanda dans la salle de bain, il les ferait laver le lendemain. L'Asiatique alla lui aussi se refaire un brin de toilette. Allen se coucha, se dépêchant de se couvrir. Il ferma durement les yeux. Il était fatigué, bien que la douche l'ait réveillé. Et humilié comme jamais. Il se sentait purement misérable. Sans compter que son cauchemar le hantait encore.

Le poids de Kanda à côté de lui, et encore cette main sur son épaule. Le kendoka commença :

« Bon sang, Moyashi, comment t'as pu… »

Allen se doutait de ce qu'il allait vouloir faire. Se foutre de lui, sûrement. Ou en parler. Il ne voulait ni l'un ni l'autre. Il s'écria, se cachant sous les draps :

« Est-ce qu'on pourrait ne pas en parler, Kanda ?! Est-ce qu'on pourrait juste faire comme si rien était arrivé ? Je t'en prie. »

Kanda soupira. Allen osa se retourner vers lui. L'alpha gardait un visage neutre.

« C'est pas grave. »

Allen était surpris, si ce n'est estomaqué. Il aurait cru que Kanda se serait moqué de lui. Il avait quand même mouillé son lit, alors qu'il avait seize ans ! Il n'était pas un enfant, bon dieu. Ce n'était pas normal à son âge. Absolument pas normal. Il avait encore plus envie de s'enterrer. Chaque fois qu'il pensait avoir du contrôle, quelque chose arrivait. Quelque chose le lui volait. Pourquoi ? Pourquoi ? Les pensées manquaient de lui tirer des larmes, qu'il refoulait. Kanda reprit :

« J'comprends que t'aies honte. En d'autres circonstances, crois-moi que je me serais bien foutu de ta gueule. »

Allen sentit son front se plisser.

« Je sais ça ! Si tu veux rire, fais-le ! » Allen crachait, en colère, fusillant Kanda du regard, « Te retiens surtout pas ! Puis moque-toi bien, aussi ! Si tu crois que je sais pas ce que tu peux dire ! »

L'Asiatique secoua la tête.

« Je vais pas me moquer de toi, petit con. Dis-moi ce qui s'est passé pour que tu flippes à ce point.

—Je… »

Allen ne pouvait pas faire ça. Il ne le pouvait pas.

« Tu te serais pas pissé dessus si t'avais pas eu peur. Parle.

—Kanda ! Ne dis pas ça comme ça ! »

Le brun gueula :

« Assume, bordel. T'as flippé, tu t'es fait dessus, assume-le.

—Comment tu veux que j'assume ça !? cria Allen avec une voix étranglée.

—C'est dur, j'sais. » Kanda ne savait pas s'il en aurait été capable. « Mais si tu l'as fait, c'est que ça va vraiment pas, Moyashi. T'aurais pas fait ça d'habitude.

—Bien sûr que non ! »

Kanda eut un rictus.

« Alors accepte-le. Tu flippes. Tu vas pas bien. Parle si t'as besoin. J'veux pas t'entendre chialer sur ta vie, chacun a sa merde, mais si t'as besoin, fais tout sortir un bon coup. On est enfermé ensemble et on se parlera pu après, t'y perds rien. Je pense que si tu m'emmerdes avec toutes ces questions futiles sur ta faiblesse, tes chaleurs, ce que je pense de te voir comme ça… C'est que t'oses pas dire ce qui y a vraiment, mais que t'en crèves d'envie. T'oses pas te confier sur ce qui t'emmerde pour de vrai. Rappelle-toi que je sens tes émotions, putain. Je les comprends pas, mais je sens. L'infirmière dit que t'as besoin de mon soutien émotionnel. Ça me fait chier, mais tu l'as. Alors parle. T'es juste en train de te rendre malade et de te pousser à bout. »

Allen déglutit, ses yeux le lâchèrent. Kanda avait réussi à le faire pleurer avec ces mots, car il réalisait une fois de trop que Kanda, grâce au lien, savait tout de ce qui se passait en lui. Il était touché de son acceptation, touché de son offre, mais son orgueil avait trop mal pour qu'il puisse l'ignorer.

« Je préfère dormir, articula-t-il difficilement.

—Comme tu veux, Moyashi. » soupira Kanda. « Viens dans mes bras, dépêche-toi. Chiale pas, tu sais que ça me gonfle. »

En d'autres circonstances, Allen aurait regardé Kanda comme s'il était littéralement possédé. C'était bizarre de l'entendre offrir un câlin de vive-voix, et explicitement. Il aurait pu aussi s'énerver pour son sec 'chiale pas'. Mais il ne le fit pas. Il obéit à la proposition de Kanda avec joie, se réjouissant de l'obscurité qui cachait ses joues rouges et du contact de son corps.

« Oublie ce qui vient de se passer, et dors. Je suis là. »

Allen ouvrit de grands yeux à ces mots. Ils étaient toujours secs, toujours empreints de réserve et d'un 'pas-vraiment-envie' explicite, mais…. Pelotonné contre Kanda, il prenait conscience une énième fois de la dévotion du brun, laquelle était bien malgré lui. Kanda était si gentil avec lui… Allen essaya de s'apaiser. Il sentit un contact contre son front. Kanda venait de l'embrasser. Même s'il faisait noir, Allen y voyait bien. Kanda le fixait, ils se fixaient tous deux. Un long contact visuel très gênant. Le Japonais semblait se demander ce qu'il lui voulait, et Allen ne savait pas quoi comprendre.

Le blandin bégaya :

« Ph-Phéromones ?

—J'veux que tu te calmes. Je t'ai dit, je suis là. Je sais que t'as besoin d'un pote, là, maintenant.

—Les amis ne font pas forcément ça.

—Je suis aussi ton alpha, et t'as besoin d'affection. Je sais ça, foutu Moyashi. »

Allen décida de l'accepter. Il n'allait résolument pas rejeter les efforts de Kanda au vu de la situation, et sourit. Un faux sourire, déchiré.

« Tu peux le refaire encore une fois, Bakanda ?

—Faut toujours que t'en demandes trop, Moyashi. »

Allen allait lui rétorquer qu'il n'avait qu'à lui dire non, mais Kanda s'était déjà exécuté. Le blandin se sentait lénifié dès que ses lèvres douces touchaient sa peau.

« M-Merci, mais tu n'étais pas…

—J'sais. »

Avalant sa salive, le maudit déboutonna un bouton de sa chemise et s'éventa avec ses mains. Il avait beaucoup trop chaud. Il se dégagea de l'étreinte de Kanda pour prendre le verre d'eau qu'il avait rempli. Allen le termina d'une traite.

« Je peux avoir un autre verre ?

—Fais gaffe à pas trop remplir ta vessie, j'ai pas envie de rechanger les draps et de prendre une douche en pleine nuit. »

Heurté, n'ayant aucune envie de rire de ça, Allen s'écria, ulcéré :

« Putain, Kanda, tu sais vraiment pas la fermer ? Tu m'avais dit d'oublier ! Puis je sais me retenir, je n'ai pas cinq ans, c'était exceptionnel, ça n'arrivera plus !

—C'est bon, j'déconnais. » L'alpha ricanait. « Te fâche pas, Moyashi. »

Le blandin secoua la tête. Il était profondément vexé.

« T'es vraiment qu'un con, Kanda. C'est pas drôle du tout. Et c'est Allen !

—Toi aussi, t'es con, j'viens de te dire que je déconnais.

—J'ai pas envie de rire, là.

—Calme-toi, Moyashi. »

Il insistait puérilement, et Allen le fusilla du regard. L'épéiste lui accorda un autre verre, le sommant de ne pas tout boire afin d'en garder pour le cas où il aurait de nouveau soif plus tard. Allen obéit. L'un contre l'autre, ils se couchèrent.

« Bonne nuit, et… merci. »

C'était de mauvaise grâce, mais le maudit avouait qu'il pouvait bien le remercier. Kanda n'avait pas été que con, pour une fois.

« Ouais, pionce, sale gosse.

—J'suis pas un gosse, Bakanda. Arrête de dire ça. »

Kanda l'ignora. Faisant fi de sa voix interne qui lui soufflait qu'il ressemblait à un enfant, hésitant à faire cette requête, Allen murmura :

« Serre-moi fort, s'il te plaît. Laisse-moi te sentir.

—Tch. » Le Japonais finit par soupirer : « Ouais, t'inquiète pas. Sens-moi, Baka Moyashi. »

Kanda acceptait donc. Allen en fut, encore, touché. Étroitement entrelacés, ils étaient prêts à s'endormir. Sous le coup de ses pensées, de son rêve, du réveil de sentiments enfouis, cette honte humiliante, Allen se remit néanmoins à pleurer. La voix de Kanda l'interpella, demandant si c'était à cause de ce qu'il avait dit. Le blandin le supplia de ne pas poser de question, ce à quoi Kanda obéit après avoir ajouté qu'il s'excusait. Le maudit dénia, ce n'était pas ça le problème. Allen retrouva difficilement le sommeil, Kanda spectateur de son effondrement, effaré en voyant que même échanger leurs odeurs ne le calmait pas. Mais à quoi s'attendre, après ça ? Son incident le montrait déjà bien assez, s'il réagissait ainsi, comme sujet à un choc particulièrement violent, c'est que ça n'allait vraiment pas.


Ils avaient émergé tard, avec cette nuit chaotique, et depuis l'instant où ils avaient ouvert les yeux, Allen était resté profondément dépité. Il avait à peine touché à son repas. Kanda s'inquiétait pour lui, il pouvait le voir. Après leur confrontation d'hier au sujet des révélations de l'infirmière, Allen s'en voulait de lui causer du souci. Il ne voulait pas que Kanda s'imagine qu'il était au fond du trou et qu'il lui avait menti sciemment, ni qu'il le voit comme un gosse qui pissait encore au lit après un cauchemar anodin. Il ne se débarrassait pas de la honte. C'était trop frais pour ça. Allen avait été sincère, il positivait… jusqu'à ce cauchemar. C'était évident, que ça n'y changerait rien. Ses craintes ne disparaîtraient pas du jour au lendemain. Il y avait trop de pression sur lui, tout simplement.

Pour être honnête, quand Allen avait appris la vérité, ce que lui avait révélé Cross, il ne pouvait pas dire que mourir ne lui avait pas traversé l'esprit. D'où l'acceptation de la mort dans son rêve, d'où son absence de lutte. Allen se résignait au fait qu'il devrait peut-être mourir, s'il devenait dangereux. Que ce serait peut-être mieux. Mais il n'était pas suicidaire, il ne comptait pas se tuer. Ce serait trop bête, pas alors qu'il avait quand même une chance de l'emporter. Il voulait la saisir, il voulait y faire quelque chose. Ne pas se laisser atteindre, ruser, être malin. Ça ne changeait pas qu'il avait peur. Il avait besoin de se reposer sur quelque chose, sur quelqu'un, et rien ne le reposait. Allen savait, quelque part, que s'il n'y avait pas eu le lien, pas eu ses chaleurs, ça aurait été plus facile. Il n'aurait pas été délesté de son propre contrôle, il n'aurait pas été harcelé d'angoisses et de pensées impossibles à éviter. Cette période sans manifestation d'Akumas y contribuait, aussi.

Après l'attaque de Lullubel, après le carnage dont il fut l'orchestre… Laisser les exorcistes mariner dans leur jus était une torture. Les Noahs et le Comte étaient des sournois. Si tout était allé plus vite, il aurait moins eu le temps de s'abattre, et ça l'aurait aidé. Mais ce n'était pas le cas. C'était lent. L'ennui s'alliait à la peur pour la renforcer, mieux le bouffer entièrement. Il n'y avait pas de mission. Pas d'échappatoire.

Allen s'était en effet laissé aller sur les craintes superficielles, il l'avait déjà pensé. Il n'avait discuté avec Kanda que de ce qui les concernaient, car il savait que l'épéiste se fichait du reste, et qu'Allen n'aimait pas raconter sa vie. Ça lui arrivait de parler de lui avec ses amis, mais il devenait parfois nerveux, avait un petit silence/rire poli montrant qu'il ne dirait rien de plus. Allen était comme ça. Avoir envie, besoin de l'inverse, était déroutant pour lui, au point qu'il ne savait pas comment réagir et le gérait très maladroitement. D'où son emportement avec Kanda pour les petites choses, aussi. Le brun lui avait encore proposé de parler.

Allen ne savait pas. Il ne savait pas quoi faire.

Le Japonais lisait, le symbiotique en ayant marre pour sa part, il se reposait simplement à côté de lui, les mains croisées sur son ventre et Timcanpy entre elles. Le temps passait alors qu'il laissait ses pensées l'envahir, lentement. Kanda s'appliquait à ne pas forcer la conversation, ce n'était jamais son genre, mais devinant que ses odeurs devaient être déplaisantes, Allen se serait attendu à ce qu'il l'engueule et le pousse à les assainir. Car Kanda avait raison. Quand il parlait, il se sentait mieux, à l'intérieur. Ça devait forcément se ressentir. Il devait forcément 'sentir meilleur quand il disait ce qu'il pensait'. Kanda ne se trompait pas sur ça. Kanda voyait clair en lui. À cause du lien, mais aussi parce qu'il semblait n'être pas totalement imbécile. Allen aurait bien aimé qu'il soit plus idiot, sur ce plan.

Du coin de l'œil, Allen observait Kanda, voulant être discret. Il savait que l'épéiste se rendrait bientôt compte de son observation, si ce n'était pas déjà fait, mais il réfléchissait. Il avait déjà pensé qu'il préférait parler avec quelqu'un comme Kanda. En plus, ce dernier n'avait pas tort… Ils ne se parleraient plus ensuite. Il n'y perdrait rien. N'y gagnerait rien non plus. Rien ne pouvait y changer quoi que ce soit. Il lui fallait faire des actes, avancer, plus que de se perdre en mot. C'est ce qu'il pensait, ce qui lui faisait refuser. Baisser son masque, montrer ce qu'il y avait derrière, était si dur pour lui. L'angoisse le harcelait toujours et le retenait. La libérer en l'extériorisant ne semblait pas idiot, et Allen savait qu'il était ici le plus imbécile des deux. Il était vaguement vexé que Kanda ait une initiative plus sensée que lui. Cela lui tira malgré tout un sourire intérieur.

Puis… Allen avait déjà pensé ça aussi, mais Kanda était le seul devant qui il étalait ses faiblesses. Ça ne s'était pas fait de gaieté de cœur, mais il pouvait tirer parti de la situation en prenant la décision de se dévoiler sciemment plutôt que d'attendre que le lien ne l'abatte, sachant que ça l'aiderait justement à éviter ça. Tout refouler n'était pas bon. C'était des choses que son maître lui avait déjà dites, en plus du fait qu'il le préférait avant qu'il ne prenne les traits de caractère de Mana. Si Allen refusait d'écouter Cross, il y avait des choses où cet idiot de maître ne se trompait pas non plus. Il était un jeune homme têtu et obstiné. Il savait cependant reconnaître les évidences.

Il hésitait encore.

« Tu comptes me mater tout l'après-midi, Moyashi ? »

La voix du brun l'interrompit. Allen rougit des mots, la connotation ne lui échappant pas.

« Je ne te mate pas, Bakanda ! Je pensais juste… »

Kanda eut un rictus.

« En me regardant ?

—Ton idiotie laisse matière à réfléchir. »

Par cette pique, Allen détourna le regard. Ce n'était, en même temps, pas entièrement faux, puisqu'il se faisait justement une réflexion sur l'absence d'idiotie de Kanda. Ça, il ne le lui dirait pas.

« Très drôle, Baka Moyashi. »

Allen osa lui faire un rictus, similaire au sien. Kanda reprit :

« Bon, qu'est-ce t'as ? »

Ils n'avaient pas beaucoup parlé aujourd'hui, en vue de la tension qui l'animait. Ils s'étaient juste senti deux fois, et Allen avait eu une crise pour laquelle Kanda l'avait soulagé au réveil, une autre un peu plus tard. Le blandin s'assombrit en pensant à ça. Il ressentait un besoin de contact avec Kanda. Physique et émotionnel, dû au lien. Mais crever cette tension aussi. Revenir à son sentiment d'être libre d'agir avec lui, comme s'il était son ami… Allen aimait ça, il n'en avait pas honte. Il ne voulait pas que son malaise l'entache, mais l'humiliation de son accident était trop tenace. Il se força à agir comme il l'aurait fait si rien n'était arrivé, et il donna un coup de coude au brun, accompagné d'un sourire.

« On peut se sentir ? »

Kanda ferma son livre, montrant qu'il acquiesçait. Retrouvant la position familière, Allen se laissa envahir par le bien-être, malhabile à l'idée d'éclater la bulle lente de confusion entre eux.

« Pour cette nuit… Je suis terriblement désolé.

—Je t'ai déjà dit que c'était pas grave. Tu es perturbé et malade, j'le sais, Moyashi. »

Allen déglutit.

« Ouais, je sais, mais j'ai quand même réagi comme un enfant.

—Ton cauchemar était violent. »

Le blandin se mordait la lèvre, le brun fronçait les sourcils. Allen finit par répondre.

« Oui, il l'était. »

Kanda ne rétorqua rien, le blandin continuant.

« Écoute, Kanda… Tu as raison. Parler me ferait du bien. Seulement… Je ne sais pas comment m'y prendre. Ça ne me ressemble pas du tout, tout ça. Ce que tu vois, depuis le début. Ma faiblesse, mes doutes… Ce n'était pas moi. Les chaleurs… Mes hormones… Mes émotions font n'importe quoi. Je hais ça. »

L'irritation dansait dans les billes sombres du brun.

« Tu crois que je sais m'y prendre, moi ? Tu crois que c'est moi, de jouer les bons alphas, foutu Moyashi ? Que j'aime ça ? »

Allen eut un rire, plissant son regard.

« Non. Mais une part de toi bonne que tu ignores, peut-être. »

Kanda asséna la réplique brutale qu'Allen avait vu venir :

« Les chaleurs, c'est une part de toi faible que tu ignores. Elle s'est réveillée avec elles. Tu dois la laisser s'exprimer pour la contrôler. J'ai dit qu'il y avait deux Moyashi, mais c'est toi. On le sait tous les deux.

—L'exprimer ? Parce que toi t'es le roi de l'expression ? »

Kanda se crispa.

« Non, mais je n'en ai pas besoin. Toi oui. » Devant le regard d'Allen, il grogna : « Et mens pas. Tout ce que tu fais, c'est fuir, et ça te rattrape. Ce n'est pas ce que tu dois faire, Moyashi. Tu dois l'affronter. Et si tu peux pas l'affronter en le gardant en toi, si ça suffit pas, laisse tout sortir. »

Allen déglutit. Kanda avait raison. Tellement raison. Il avait envie de nier ce besoin, comme il le faisait jusqu'à présent. Une certaine colère primaire s'éveillait ainsi en lui, parce que ce que disait Kanda ne lui plaisait pas. Sa brutalité l'irritait, comme toujours, si elle pouvait l'amuser un peu maintenant. Mais il n'avait pas tort. Allen le savait très bien. De plus, dans cette situation… Kanda lui parlait en ami, lui donnait un conseil pour l'aider. Allen pensait qu'il devait mettre de côté sa profonde irritation pour la personnalité du Japonais au profit de leur amitié de circonstance naissante. Une amitié qu'il se voyait aimer. Pas qu'à cause du lien.

« Je sais que t'as raison, » la colère qui dormait dans sa voix s'entendait, « mais honnêtement, ça me plaît pas.

—Pas plus que ça me plaît à moi, Moyashi. »

Allen rit. Kanda retint sa nuque, l'enfouissant contre son torse. Allen se laissait faire. C'était agréable. Il comprenait par ce geste que Kanda ne le pressait pas, il avait dit ce qu'il pensait mais lui laissait le choix. Bien heureux d'être blotti contre lui, Allen se préparait à faire son choix. Il déglutit :

« Est-ce qu'on peut se remettre comme hier soir ? »

Il faisait allusion à la position qu'ils avaient prise pour s'endormir, avant que son cauchemar ne vienne gâcher la bonne ambiance entre eux. Allen en avait été d'ailleurs content. Car, après une soirée passée à jouer ensemble, encore embarrassés de leur mutuelle perte de contrôle, sans l'avouer, ils avaient vu que ça se passait mieux. Kanda aurait pu le fuir, après lui avoir exposé si clairement son désir. Allen s'y serait attendu. Ça n'avait pas été le cas, le maudit s'en réjouissait évidemment.

« Comment ça ?

—Toi couché et moi sur toi. »

Allen levait les yeux, timide, et Kanda bougonna :

« Mouais. »

Le blandin aimait cette position, car ainsi, il profitait à la fois de l'odeur et de la chaleur de l'alpha. Une fois au-dessus de Kanda, Allen restait blotti, détendu. Il serra brièvement les dents, encore incertain. Le Bakanda avait une main au milieu de son dos, l'autre sur sa hanche. Il avait une respiration calme, neutre, comme à l'usuel. Allen avait confiance en lui. Vraiment. Néanmoins, c'était tellement difficile, de parler. Comment le dire, que dire… Allen ne savait pas. Il avait beau avoir insisté pour que Kanda et lui communiquent pour les choses basiques et puissent s'échanger un peu de conversation en étant ensemble, parce que ça lui semblait être le minimum… La véritable communication, Allen avait du mal, lui aussi.

L'une des mains de l'Asiatique se déplaça et lui fit bientôt relever le menton.

« Alors, Moyashi ? »

Allen avala sa salive.

« Je… je sais pas.

—Tch. »

Kanda libéra son menton, et se remit à regarder au plafond.

Allen posa son oreille contre son torse, se surprenant à écouter son cœur. Le rythme cardiaque de l'alpha le rassurait. Si seulement il avait pu rester toujours dans cette position… La main de Kanda sur son corps, sa chaleur, la protection de sa senteur florale… Il en était humilié, mais Allen se sentait bel et bien protégé en compagnie de Kanda. Il n'avait jamais eu besoin d'être protégé, quand bien même, la vie ne lui avait pas laissé le choix. Il s'était toujours protégé lui-même, pour prouver sa valeur et son courage. Ce genre de sentiments, apprécier de se sentir soutenu par un autre, se surprendre à trouver agréable d'être plus petit car mieux plongé dans une étreinte… Allen n'avait pas l'habitude. Sa fierté lui disait de ne pas la prendre. Il était d'accord avec elle. Bien sûr, si Allen avait eu un petit-ami, un alpha avec qui il aurait été en couple… Il aurait bien aimé se sentir ainsi, parfois. Ça ne voulait pas dire pour autant qu'il se serait reposé sur l'autre ou aurait changé de comportement. Même avec ce genre de sentiments, le blandin restait lui.

Il y avait une nuance entre ressentir ça et s'y laisser aller. Des degrés dans la manière de s'y abandonner.

Allen acceptait relativement ces sentiments. Il appréciait le sentiment de sécurité que lui apportait l'alpha. Bien que, il ne se voilait pas la face, dans les faits, ça ne lui soit pas indispensable. Peut-être que quelque part, émotionnellement, si. Une sécurité, une protection… Sa situation le mettait en droit d'en désirer. Ce n'était pas quelque chose qu'un autre pouvait lui apporter, cependant. Il était le seul à pouvoir se l'apporter. Apprécier d'être aidé n'était pas pour autant renoncer à son caractère décisionnaire, il le savait aussi. Ce n'était pas une faiblesse d'accepter de l'aide, d'aimer l'aide. C'est ce qu'il aurait été capable de dire à quelqu'un s'il lui avait posé la question. Seulement, il s'agissait de lui…

Accepter d'aimer être l'oméga, d'aimer être senti, câliné, c'était une réalisation bien compliquée. Avec tout ce qu'il avait vécu, Allen n'était bien entendu pas le genre de personne pour qui ça allait de soi de ressentir ça. Il s'était forgé une carapace, forgé des barrières, pour éviter d'être blessé. Il n'aimait pas afficher et avoir des sentiments qui l'auraient fait qualifier de faible ou d'oméga typique. Ce n'était pas ce qu'il était, ça n'avait rien à voir. Mais difficile de sortir des sentiments stéréotypés d'un carcan où ils avaient été enfermés, sans pour autant que ça soit la vérité. Dans sa propre tête, la difficulté était là aussi, car Allen ne s'y reconnaissait pas. En fait, ce n'était pas le fait qu'il soit l'oméga, que Kanda soit l'alpha, qui jouait en la faveur de tels sentiments.

C'était qu'il était perdu, qu'il avait besoin de quelqu'un en qui il pouvait croire. Les statuts, les seconds-sexes, ne signifiaient rien. Kanda aurait pu ne pas être un alpha, lui aurait pu ne pas être un oméga. Ils auraient pu ne pas être liés… Bien sûr, si Allen se retrouvait confronté à ce dilemme, c'était la faute du lien. Mais ça ne changeait en rien qu'au fond, il aurait eu besoin de ça. Il aurait pu plus facilement s'en passer, l'ignorer, si la vie avait pris une autre tournure, il l'avait déjà réalisé.

Allen se débrouillait seul, n'avait pas besoin d'un autre. Rien de ce qu'il ressentait ne pouvait le lui enlever, car c'était ainsi qu'il avait réagi toute sa vie.

Au contraire, cette envie de s'appuyer sur un autre, pour une fois, lui faisait horriblement peur. Le choix ne pouvait venir que de lui. Toutefois, le faire serait une forme de courage car il affronterait sa peur. Comme le disait Kanda. Sa peur d'être faible. D'ôter ce masque. Sauf qu'accepter de l'ôter pour se confier, d'ouvrir son cœur, c'était encore bien pire que de ne pas refouler des sentiments un peu embarrassants.

Il avait confiance en l'alpha, encore une fois, pour ne pas se jouer de lui ni l'humilier. Jusqu'à présent, Kanda n'avait rien fait de tout ça. Et il en aurait eu l'occasion. Allen avait foi en lui. Allen voulait oser se dévoiler à lui. C'était si étrange… Mais à cause de ce qu'il découvrait de Kanda, et de lui-même… à cause de ses sentiments embarrassants… Allen croyait qu'il oserait.

Un certain stress de mise nouait son ventre, et il devina bien vite le début de courbatures abdominales arriver, il reconnaissait la douleur. Kanda le sentit à son odeur, et à la manière dont il se figea contre lui.

« Tu veux un calmant, Moyashi ?

—Non… Je n'aime vraiment pas les calmants, Kanda. »

Allen avait conscience de faire un peu l'enfant, à nouveau, mais ça le rendait… bizarre, quand il en prenait. Il y avait déjà le lien et ses hormones, il ne voulait pas être drogué aux médicaments par-dessus. Kanda, qui n'aimait pas plus les médicaments que lui, eut l'air de comprendre.

« Ouais, mais ça te soulagerait.

—Je sais mais je ne préfère pas, Kanda. Ça va passer.

—C'est toi qui vois. »

Le brun passa alors sa main entre leurs ventres, la posant contre celui d'Allen. Le blandin rougit du contact.

« M-Merci.

—Tch. Arrête les remerciements. »

Allen roula des yeux, lui souriant pourtant. Son sourire retomba assez vite. Kanda était bon avec lui, il le constatait à chaque fois… Il déglutit.

« Bakanda ?

—T'as réfléchi ? »

Perspicace, Kanda comprenait où il voulait en venir. Allen déglutit. Il se redressa, ses mains prenant un léger appui sur le torse de Kanda alors qu'il le surplombait maintenant. Il grimaça, son ventre se tordait encore un peu.

« Oui… Je crois que je vais accepter de parler avec toi. »

Kanda le toisait.

« Tu sais que j'vais ni sortir les violons ni y changer quoi que ce soit, Moyashi. Mais si ça peut te soulager de parler, fais-le.

—Je sais, et c'est pour ça que je veux le faire. C'est comme tu as dit. On ne se parle plus après ça. Je n'y perds rien. Tu n'es même pas obligé de me répondre quelque chose. Il faut juste que ça sorte, je pense. Et je veux le faire avec toi. »

Kanda acquiesça.

« Bien, foutu Moyashi. Tu peux parler.

—Je m'appelle Allen, pour commencer, foutu Bakanda. »

Allen lui rendait son insulte avec un froncement de sourcil, Kanda ayant un rictus dédaigneux. Il saisit sa hanche et le fit tomber brusquement à côté de lui, Allen émettant un son surpris. Fâché, il administra un coup dans l'épaule de Kanda après son atterrissage, que ce dernier lui redonna. Ils commencèrent à jouer ainsi. Timcanpy était parti se poser plus loin, mais vint voleter autour de Kanda en croyant qu'il attaquait son maître. Ce n'était pas la première fois qu'il le faisait quand Allen et Kanda chahutaient. Kanda fit un geste pour chasser le Golem, Allen riant. Finalement, il ordonna à Tim de les laisser, ce dernier obéissant.

« Bestiole de merde, » gronda Kanda.

Allen ricana encore.

« Tu disais pas que c'était un tas de ferraille ?

—Le tien est pire qu'un animal. »

Le blandin haussa les sourcils.

« Tu n'aimes pas les animaux, Kanda ?

—Pas les chiants comme ton foutu Golem. »

Avant qu'Allen ne puisse répondre, Kanda reposa la main sur son ventre, et lui jeta un regard irrité, bien conscient que le maudit était en train de tourner autour du pot. Kanda demanda :

« Tu veux attendre que ta crise soit finie ?

—Je… Non, c'est bon. »

Il se poussa un peu, se redressant face à Kanda. L'épéiste l'imita, prit appui contre le mur. Ils se toisaient, à une certaine distance, autant que le leur permettait le matelas. Allen avait encore mal au ventre, mais c'était supportable, et sans aucun doute bientôt fini. Ce moment complice entre lui et Kanda avait participé à le mettre en confiance. Il sentait que c'était le moment.

« Je… Je sais qui est le Noah qui est en moi. »

Le brun fronça les sourcils, l'air passablement choqué.

« Qu'est-ce que ça peut foutre de qui c'est ? L'important, c'est que tu le vires.

—C'est plus compliqué que ça, Kanda. Je… Je pense qu'on peut dire que c'est mon oncle. »

Le Japonais fronça encore plus les sourcils.

« Ton oncle ? Tu disais que t'avais pas de famille.

—C'était le frère de mon père adoptif, c'est ce que mon maître m'a dit.

—Celui avec qui tu travaillais dans un cirque ?

—Ouais. »

Allen fut un peu surpris que Kanda ait retenu ce qu'il lui avait dit. Le brun croisa les bras.

« Et qu'est-ce que ça peut faire, que ce soit son frangin ? »

Allen soupira. C'était évident que Kanda aurait du mal à suivre son raisonnement. Il serra les dents.

« En fait… Je sais que c'est idiot, mais j'ai peur que mon père ne m'ait adopté que pour ça. J'ai peur qu'il… n'ait vu que son frère en moi. » Allen délivra plus doucement la dernière partie. « Qu'il ne m'ait pas aimé…

—Et c'est pour ça que tu déprimes depuis tout ce temps ? »

Kanda semblait surpris, encore. Allen comprenait sa réaction, bien qu'il jugeait que ses sentiments n'étaient pas si compliqués à envisager.

« Pas que, Kanda. » Il ne put s'empêcher de lever un peu la voix : « Mais franchement, oui, ça me fait mal de me dire ça. Je ne sais pas si tu peux comprendre. » Il se tut quelques instants. « Avant Mana, personne ne m'avait jamais donné d'affection, fait ressentir que je faisais partie d'une famille. Depuis que je suis né, je n'avais jamais été aimé. À cause de mon bras porteur d'Innocence, j'avais été abandonné. J'étais souvent battu ou ignoré, jusqu'à ce que je le rencontre. Je pensais que je n'étais rien. Il m'a donné un nom, de l'amour, j'étais heureux à ses côtés. Alors… me dire que c'était faux… Je… »

Idiotement, Allen sentit une larme couler. Il se dépêcha de l'essuyer, l'alpha le regardant. Il continua :

« On est restés quatre ans ensemble, avant qu'il ne meurt. Il devenait fou, mais je l'aimais tellement. C'était mon père, il était tout pour moi. Il me manque encore maintenant. »

Kanda soupira. Allen venait d'éclater en sanglots.

« J'peux comprendre, Moyashi. Mais tu pourras jamais savoir ce qu'il ressentait.

—Oui, évidemment. »

Allen s'essuyait encore les yeux. Kanda reprit :

« Alors tu vas pas aimer, mais ça sert à rien de chialer. Tu dis que faut avancer, d'habitude. Fais-le.

—Je sais, oui, et crois-moi, j'essaie. C'est juste compliqué. Il y a… »

Allen s'arrêta.

« Quoi ? » questionnait abruptement l'alpha.

L'oméga soupira.

« Quand… il y a eu l'attaque, au QG… Je n'ai servi à rien… J'ai essayé, mais je n'ai pas réussi à sauver tout le monde, je n'ai pas réussi à empêcher ça. » Il pleurait de nouveau. « J'ai peur que le Noah en moi ne prenne possession de mon corps, de disparaître, mais encore, je crois que je pourrais le supporter s'il n'y avait pas le risque qu'il s'en prenne aux gens que j'aime ici. Si le Comte gagne, s'il faut me tuer… Si je perds le contrôle de moi… Si tout ce que j'aime m'est arraché... » Les larmes redoublaient, son corps tremblait. « J'ai peur, Kanda. J'ai l'impression que je n'y arriverai pas. J'ai rien demandé. J'ai pas demandé d'être choisi par l'innocence, j'ai pas demandé cette prophétie… J'ai rien demandé. Je…, » Allen passa un bras devant ses yeux, dans un désir stupide de cacher son visage, «…ne suis qu'un enfant. Je veux pas tout ça, je veux pas ! »

Alors qu'il pleurait, Allen se sentit étreint. L'alpha le poussait à sentir son odeur. L'oméga pleurait encore en bafouillant. Maintenant qu'il était lancé, il ne s'arrêtait plus.

« Je revois encore Johnny me demandant de l'aide, je revois encore Suman que je n'ai pas pu empêcher d'être déchu… Je revois tant de gens qui sont morts parce que je n'ai servi à rien ! Je ne peux pas supporter que ça devienne comme ça ! »

Kanda le serra fermement.

« T'as pas le choix, Moyashi. On en est tous là, si tu crois qu'y'a que toi. On est tous de la chair à canon. Des pions. À toi de voir si tu seras le fou qui défera le roi ou si tu seras un cavalier mis hors-jeu en deux coups. Tu peux pas tout porter sur tes épaules, alors faut arrêter tes conneries de te croire seul. J'ai toujours vécu comme ça, à être prêt à mourir et à lutter pour pas crever, parce que j'ai un but. T'as le tien, alors va vers ce but. Chialer sert à rien. Y a que si tu restes comme ça que tu risques de crever. Prends le dessus. Domine ta peur. Sois plus fort. »

Allen secoua la tête.

« Je sais que je suis pas seul dans ce cas, et je sais bien tout ça, mais –

—T'es celui qu'est peut-être le plus visé, dans tout ça. Peut-être. Mais apprends à accepter la fatalité. La vie est une merde qui s'amuse à te baiser tant qu'elle peut encore. L'idée que ton père s'en soit foutu de toi te brise le cœur, soit. Tu peux pas savoir et tu peux pas lui demander là où il est, mais il s'est occupé de toi, tu t'es senti aimé, qu'est-ce que t'en as à foutre que ce soit un mensonge ? C'est pas grand-chose. »

Un instant, Allen ressentit une pointe de trahison face aux paroles de Kanda. Si, c'était grand-chose pour lui.

« Comment tu peux dire ça ? Je voulais que ce soit vrai, » s'énerva-t-il, « je voulais juste…

—Peut-être qu'il t'a aimé, t'en sais rien. Personne le saura. »

Allen déglutit. Kanda n'avait pas tort, oui. Le blandin inspira profondément, essayant de se calmer.

« Au QG, y a pas que toi qu'a servi à rien, on était tous dans ce cas. Faut assumer. On s'est fait botter le cul, c'est pas la première ni la dernière fois, c'est juste la vie, on gagne pas à chaque fois. On a tous les boules. Tu peux pas faire en sorte que tout se passe comme ça t'arrange, c'est pas du Poker.

—Je ne triche pas au Poker !

—Menteur. »

Allen fit une moue vexée. Kanda l'irritait, mais certes, parler le calmait. Le brun reprit :

« T'es qu'un gosse, ouais, tu l'avoues toi-même. C'est ça, ton problème. Apprends que dans la vie t'auras pas toujours ce que tu veux, c'est ça grandir. Mais tu peux quand même garder le contrôle, tu le sais, au fond de toi. »

Allen hocha la tête. Il savait ça, en effet, il y pensait justement tout à l'heure. Seulement…

« Laisse pas ce Noah te faire flipper, » martela Kanda, « continue à te battre et à faire ton boulot d'exorciste. C'est ta responsabilité. Tes chaleurs vont se barrer, tu seras libre après. Puis, t'as une famille, ici. Lenalee, Lavi et même Johnny, ils t'aiment. Marie t'aime aussi, vu comment il me faisait chier pour que je m'occupe de toi. T'es aimé, casse pas les couilles en disant que t'es seul alors que c'est des conneries. Même si tu restes fort, ça ne se passera peut-être pas bien, mais t'auras fait ce qui faut. Personne peut savoir, ça aussi. C'est normal d'avoir peur, et c'est comme ça qu'on vit. Rien ne peut changer ça. Si t'abandonnes, c'est sûr que c'est fini. Choisis, Moyashi. Si tu veux fuir, tu peux, c'est humain de vouloir fuir, et si tu veux rester, sors-toi les doigts du cul. C'est un choix à faire. On a tous des choix décisifs. »

Allen était conscient que Kanda savait de quoi il parlait, il avait dû en faire un en acceptant d'être là, avec lui. Kanda conclut d'un ton ferme.

« Peut-être que t'as pas tellement le choix, mais quoiqu'il en soit, tu peux pas te permettre de faire le merdeux éternellement. »

Le blandin se serrait contre Kanda, contracté au possible. Le Japonais avait raison. Il avait une famille, ici. Une famille qu'il ne voulait pas perdre, et il devait tout faire pour que ça n'arrive pas. Allen secoua quand même la tête.

« Y a eu le lien, aussi. C'est dur pour moi que tu sois mon lié, je veux dire, il n'y a rien entre nous, on ne s'entend pas et puis…

—Je suis pas ce que t'espérais. Pour moi non plus, t'inquiète pas. »

Kanda dégueulait l'amertume pendant qu'Allen soupirait.

« Ouais. Mais c'est dur que tu aies accès à mes émotions. Vraiment, c'est la pire merde possible qui pouvait m'arriver. Je déteste ça.

—Je sais que je t'ai pas facilité la tâche, au début. C'est pas des excuses, Moyashi, mais je sais. On est parvenu à un accord, non ? Tant que tu seras en chaleurs, je prendrai soin de toi, et on verra pour après. Comme on parlera plus, je te parlerai pas de tes odeurs. J'y ferai pas attention. Tu vas arrêter de chouiner et aller de l'avant, maintenant ? Ton choix est fait ? »

Allen hocha la tête. Les larmes déferlaient le long de ses joues. Kanda avait raison. Il s'effondra en sanglots, s'autorisant d'être faible une dernière fois.

« Oui, il est fait. Merci, Kanda, merci. Je me sens tellement mieux. »

Le brun grogna un 'tch', mais il ne le repoussa pas. Allen pleura un moment, conscient que n'importe qui n'aurait pas cru que c'était le cas. Kanda, lui, ne disait mot. Il semblait comprendre. Allen se vidait entièrement. Tout était extériorisé. Ça ne semblait être rien, mais pour lui, c'était beaucoup. Kanda avait été gentil, il l'avait rassuré, même par ses paroles brutes. Il l'avait aidé à prendre conscience de ce qu'il avait, au lieu de ce qu'il n'avait pas. C'était de ça qu'il avait eu besoin, un bon coup de pied aux fesses pour voir ce qui était devant lui. Chaque mot du brun en était un. Mais ce n'était pas dit avec méchanceté, et c'est pour ça qu'il l'acceptait. Si le soutien de l'alpha lui faisait du bien, c'était à cause du lien. Cependant, ses paroles l'avaient réellement aidé.

Allen sourit en s'agrippant au cou de l'alpha, la tête enfouie dans le creux de sa nuque, le sentant. Kanda le laissait faire. Il murmura juste un 'Moyashi' réprobateur quand Allen augmenta son emprise, ce qui le calma un peu. Les larmes coulaient toujours, mais moins.

Le blandin sourit, s'essuyant encore les yeux.

« Hé, Kanda ?

—Quoi encore, Moyashi ? »

Le brun lui colla une pichenette sur le front, agacé de sa sollicitude, Allen grognant.

« Enfoiré, puis c'est Allen !

—Qu'est-ce que tu veux ?

—T'embrasser. »

La réplique jeta un froid. Kanda marqua un temps d'arrêt, et Allen s'empressa d'ajouter, s'empourprant :

« Sur la joue, hein. Amicalement.

—Putain, Moyashi…

—Tu m'as embrassé à nouveau, toi. Plus d'une fois. Et pas seulement cette nuit. »

Le visage de l'Asiatique se contracta sous la colère.

« J'le ferai plus !

—Je ne le ferai plus non plus après, mais j'en ai envie. »

Kanda s'écria, irrité, mais aussi perdu :

« Pourquoi t'aurais envie de m'embrasser, bordel ?!

—Parce que tu as été gentil avec moi et j'ai envie de te traiter gentiment.

—Tâche de pas me faire chier et ça suffira. Tu sais que j'aime pas ça.

—Je sais, mais allez, Bakanda, laisse-moi faire. C'est juste une marque affective, ça ne va pas te tuer. »

Allen croisait les bras, éloigné de lui de quelques centimètres, avec son sourire niais. Kanda cracha :

« J'veux pas de ton affection à la con.

—C'est tellement rare que tu sois gentil que j'ai envie de te la donner quand même, Bakanda.

—Tu sais très bien pourquoi je suis gentil.

—Je sais, ça ne change rien. Tu sais aussi pourquoi je veux le faire. Tu es stupide de repousser l'affection qu'on te donne, Kanda. Vraiment, ça ne te tuera pas. »

Mâchoire retroussée, le lorgnant agressivement un petit moment, Kanda finit par abdiquer, l'air de très difficilement retenir une envie de le claquer.

« Dépêche-toi. »

S'exécutant, Allen colla un rapide baiser sur la joue du kendoka, avant de se blottir encore contre lui, rigolant gentiment.

« Tu vois, t'es toujours pas mort.

—T'es vraiment chiant, Moyashi. Tu me casses les couilles.

—Toi aussi, et c'est ALLEN, Bakanda ! »

Allen lui tira la langue. Sous l'exaspération, Kanda lui donna une deuxième pichenette. Le maudit fut néanmoins satisfait. Il savait qu'il ne devait pas s'attacher, que ce n'était que pour ses chaleurs, mais… Décidément, il fallait le dire, il aimait vraiment bien son amitié de circonstance avec Kanda.

Pour être honnête, Kanda était tout ce qu'il aurait pu vouloir venant d'un alpha. Il ne le traitait pas avec trop d'égard par rapport à sa condition, il le respectait quand même et prenait soin de lui. Ce n'était qu'à cause du lien, mais il le faisait si bien qu'Allen était reconnaissant. Il pouvait lui faire confiance, Allen savait que Kanda respectait ses promesses, ses engagements. Non, c'était indéniablement dommage que leur relation soit ainsi, et qu'il refuse tout réel lien… Car le blandin trouvait qu'il aurait vraiment fait un bon partenaire.

Contrairement à ce qu'il avait dit, Kanda était en tout cas un bon ami. Allen le pensait sincèrement.

Plus largement, Allen se prenait donc à vraiment bien aimer l'irascible Japonais qu'il avait en même temps envie d'étrangler vif. Il était son Bakanda, tout simplement.

À suivre...


Booon j'avais prévenu que c'était lourd :'). Beaucoup beaucoup d'angst et Allen descend vraiment très très bas. (Note longue en vue, sorry ^^)

S'il a des réactions aussi violentes autant physiquement que moralement, c'est bien pour montrer qu'il a un réel traumatisme, qu'il a peur et que ça ressurgit d'une manière particulièrement sévère pour que ça ait cet effet-là, car ce n'est pas anodin non plus comme réaction. Il est en outre arrivé à une grosse rupture dans sa conscience pour en venir à s'oublier. Comme je le disais dans la première note, au début de la fic, je précisais que l'attaque de Lullubel avait eu lieu mais que l'avancement des événements était différent par rapport au manga. Le récit ne l'évoquait pas et ne précisait pas ce qui angoissait Allen, sauf par quelques allusions, en prévision de ce chapitre qui détaille tout pour renforcer le côté brutal, entre flashback et introspection. Dans le manga, Allen avait été choqué mais s'était repris. Ici, la tension est montée et a atteint un seuil très critique. C'est pour ça qu'Allen se sent forcé de lâcher prise, et qu'il s'ouvre sur ce qu'il retenait en lui. C'est ce qu'il a vécu dans le manga mais c'est du lourd et je pense que ça a de quoi perturber lourdement. S'il est plus perturbé que dans le manga, c'est parce que dans cette fic, il est en pleine crise existentielle et dans une grande faiblesse physique (psychologique aussi) avec les chaleurs. La situation qu'il vit dans ici est donc quelque peu différente de celle du manga, même s'il y a beaucoup d'éléments communs, donc ça le fait évoluer et réagir différemment. Les épreuves changent la psychologie d'un individu, et différentes épreuves n'ont pas le même effet. En bref, je trouvais sa réaction de se livrer en désespoir de cause assez logique après tout ça ^^.

Quant au développement de ses pensées dans ce chapitre, je pense qu'il y a des choses qui interpellent : il commence à se sentir à l'aise avec les besoins de contact et d'affection dû à sa condition, justement car il en ressent le besoin, allant même jusqu'à l'apprécier. S'il a cette réaction, ce n'est bien entendu pas parce que le récit veut aller dans l'idée qu'il est un oméga donc que forcément c'est comme ça, qu'il doit aimer être en position de faiblesse et se faire ramasser, ni même qu'il doit être faible ou s'appuyer sur un autre à cause de sa condition. Bien sûr, il se fait la réflexion qu'il aime 'être l'oméga', parce qu'il faut se dire qu'il réfléchit aussi en fonction des idées dans lesquelles il a été élevé dans sa société. C'est sociologique, justement pour le côté 'crise existentielle'. Allen essaie simplement de trouver sa place entre les stéréotypes, ses valeurs d'émancipation et ce qu'il ressent, qui il est. Finalement, il arrive à la conclusion que ce n'est pas le statut qui a une incidence sur son comportement, c'est lui, et s'il veut être à l'aise avec lui-même, il doit l'accepter. Je trouvais intéressant d'aborder un plausible conflit interne pour les omégas à travers ça. (Oserai-je dire qu'on peut le relier aux nombreux débats autour du féminisme, quelque part :'))

J'avais parlé de la culture du viol que je voulais démonter, et ici, je pense que ça se voit un peu, j'ai voulu m'attaquer à la conséquence d'une dépression sur un individu, à travers tout ça. Des sujets cotons à traiter, mais je trouvais ça intéressant ^^. Et disons qu'Allen n'est pas vraiment en train de faire une dépression, mais le pauvre est à la limite, avec tout ce qui lui arrive, donc le côté réaction humaine me semble important ici. Il s'accroche, et je pense qu'on reconnait bien Allen là-dedans ;).

Ce n'est donc pas une généralisation ni un affaiblissement de son personnage. Allen est en effet dans un contexte où il a besoin de soutien, qu'il trouve en Kanda mais qu'il aurait pu tout à fait trouver ailleurs après tout, et il aime ça parce ça lui fait du bien. Ce n'est pas une mauvaise chose dans le fond, et en l'acceptant, il va vers une liberté d'être. J'ai justement écrit ça pour sortir un peu ces idées du stéréotype qu'elles intègrent de base, comme dit dans le texte 'difficile de sortir des sentiments stéréotypés d'un carcan où ils avaient été enfermés, sans pour autant que ça soit la vérité'. Je ne vois, personnellement, pas de mal dans le fait qu'un individu quel qu'il soit se trouve dans une situation de faiblesse et apprécie d'être épaulé. C'est même une réaction positive plutôt que de repousser l'aide, en toute objectivité. C'est aussi pour montrer un autre point de vue sur ce genre de chose, car ça n'enlève rien à la force d'esprit dont Allen est capable, et ça ne le rend pas plus faible de ressentir ça, à mon sens.

Bref, je voulais revenir sur tout ça, histoire de tout bien expliciter, j'espère que c'était bien tourné ! :)

Sinon, petit fluff de fin, Allen commence à s'attacher pas mal à Kanda, et Kanda est de moins en moins salaud avec lui. Pour le fait qu'il soit moins salaud, certains peuvent avoir du mal avec ça, si j'en crois un commentaire reçu et j'imagine que ce n'est pas la seule personne à le penser, mais disons que comme je l'ai dit, j'ai envie de montrer une autre interprétation de son personnage, avec une facette plus sensible et plus réfléchie, je trouve que ça peut lui correspondre et que ça n'enlève pas son côté kendoka asocial, ça le nuance juste. Selon moi, avec la situation, le fait qu'il cherche à aider Allen en étant cash avec lui et en le remettant à sa place de manière plus ou moins adroite et avec une justesse évidemment questionnable trouve sa justification dans l'évolution de son personnage dans ce contexte. Ils sont forcés de se poser des questions et de réfléchir, tous les deux, et pour Kanda, le lien l'influence pas mal aussi et l'empêche de se renfermer, il ne faut pas oublier ça x). Encore une fois, un des grands enjeux du textes, c'est l'évolution psychologique des personnages, de leurs échanges, et leur comportement. Je l'avais déjà dit, mais avec le fait que Kanda puisse éprouver de la culpabilité et du remords dans les derniers chapitres du manga, on voit quand même que son personnage peut évoluer, il n'est donc pas figé, et si on se fie au peu qu'on sait de son ancienne vie et de l'arc Alma, il a aussi d'autres facettes que celle de la brute épaisse sans cœur. Je trouvais ça intéressant à exploiter, j'ai voulu jouer avec les caractères des personnages, extrapoler certains aspects encore une fois, ça fait partie des buts de cette fic, que ça change un peu ^^. Dans ma petite parodie de fanfic, j'avoue avoir en effet voulu jouer avec la notion d'In Character et de Out Of Character, pas que j'ai voulu faire de l'OOC, mais en extrapolant vers des interprétations et des facettes, même en essayant que ça reste le plus vraisemblable possible, j'ai pris le risque que ça soit des points de vues un peu limite aux yeux de certains, ou peut-être pas si vous adhérez, ce que j'espère ^^. Mais vous êtes libre de ne pas adhérer, et de ne pas aimer l'aspect psychologique/réflectif, je sais bien que ce n'est pas fait pour tout le monde ! :) Aussi, je tiens à préciser que je ne dis pas que mes interprétations sont les seules possibles, ni que c'est les seules interprétations auxquelles j'adhère moi-même, dans d'autres histoire je verrais les deux personnages avec des réactions différentes. Ici c'est assez particulier, et je trouve ça vraisemblable dans la logique de cette fiction, dans l'angle de vue que j'ai choisi de prendre. J'espère du coup que ceux qui ont du mal à le voir comme ça ne trouvent pas ça totalement déplaisant, et que vous pouvez peut-être percevoir cette interprétation :). Si ce n'est pas le cas, tant pis, c'était le risque, j'assume ce choix ^^. Ça n'empêche personne de ne pas être d'accord, à nouveau, et si vous voulez en discuter/débattre, tant que c'est dans le respect mutuel de l'opinion de l'autre, j'en serai ravie :).

Bref, grâce aux événements, ils commencent donc vraiment à s'entraider. La deuxième partie du chap partira sur une base plus chou, la suite sera elle aussi plus chou ;3 ! Si ça n'enlèvera pas totalement l'angst et ne signera pas non plus une totale simplicité (aka influence du lien, démêlé le vrai du faux, je pense que vous vous en doutez ;p), ça fera sûrement du bien après ça ;). (Et je tiens à dire que je ferais des notes moins longues, les chapitres n'étant plus aussi cotons niveau thèmes que celui-ci ou d'autres avant, j'aurai moins de choses à expliciter XD)

Semaine prochaine, je pense poster le mercredi, un peu plutôt donc, car j'ai prévu quelque chose la semaine de Noël et du nouvel an au niveau postage, Noël étant lundi et le nouvel an dimanche :3. En espérant que ça vous fasse plaisir :) ! (Du coup pour les extraits sur la page fb cette semaine ça sera le lundi aprem ;))

Reviews ? Je tiens à vos réactions sur ce tournant ! N'hésitez pas à me les partager :) ! Même un simple "ça m'a plu/pas plu" ça fait toujours plaisir ^^.

Merci d'avoir lu :3.