Hello ! Je poste tard, mes excuses, j'avoue avoir zappé que je devais poster aujourd'hui, dans ma joie d'être enfiiin en vacances ! xD
Voici donc la suite ;) ! Comme je l'avais promis, vous verrez vite que c'est plus soft, même s'il reste de l'angst par certains aspects et que ça se complexifie par d'autres... On se retrouve en bas, mais attendez-vous à ce que ça bouge un peu au niveau de la situation :3.
Edit du 01/07/18 : Merci à Ookami97 pour la correction !
Bonne lecture :) !
Kanda avait laissé Allen une heure pour un entraînement, comme d'habitude, et il venait de revenir. Il s'assit à côté de lui quelques secondes, le laissant lui prendre la main avant de se diriger vers la douche. Le blandin n'avait pas refusé le contact, il en avait toujours besoin. Cependant, il allait très bien. Il n'avait toujours pas repris de calmant, Kanda n'avait pas plus insisté devant son refus de tout à l'heure. Mieux, Allen avait su supporter son absence avec moins de difficulté qu'à l'usuel. Pas de stress, aucune sensation de douleur due à ses chaleurs… De la plénitude, au contraire. Allen se sentait… moralement allégé.
S'être confié à Kanda un peu plus tôt… Le maudit en était profondément choqué, mais ça lui avait fait réellement du bien. Un bien fou. Kanda l'avait écouté, s'était montré concerné et rassurant, il n'en revenait toujours pas d'avoir dit tout ça. De lui avoir dit tout ça. Ça n'avait pas été si terrible, et il n'y avait pas de quoi en faire des tonnes, en omettant sa reconnaissance certaine. Ils étaient passés à autre chose, le prouvait la reprise de leurs 'occupations'. Ça avait été dit une fois, ça l'avait quitté, et il n'y avait plus rien à dire. C'était ce qu'il appréciait. Ne pas avoir à expliquer au brun qu'il ne voudrait plus aborder le sujet, ne pas avoir à le rassurer non plus sur son état. Ils avaient dépassé ça, à présent. Allen savait que Kanda ne chercherait pas plus loin. Parce que ça ne l'intéressait pas pour autre chose que le lien, ce dont il ne lui tenait aucun grief, et parce qu'il n'y avait pas à chercher plus loin.
Allen avait certes pleuré, il s'était beaucoup dévoilé, mais ne se sentait pas plus pathétique pour autant. Pas plus que cette nuit après son cauchemar, en tout cas. Ça, par contre, lui restait encore en travers de la gorge, comme beaucoup de choses trop avilissantes, mais il s'efforçait de contenir sa fierté blessée et de l'oublier. Il avait réalisé que ça faisait longtemps qu'il gardait tout ça en lui. Trop longtemps. Il lui faudrait faire le reste tout seul, s'il ne voulait plus que son corps lui fasse payer tout le stress accumulé, et il pourrait y arriver.
Il était quand même déstabilisé de se laisser aller à ce point à ses sentiments affectueux envers l'alpha, de commencer à se sentir proche de lui. C'était étrange, car c'était le Bakanda, et que les circonstances n'étaient pas en faveur de ça. Ils n'étaient pas vraiment amis, juste pour les chaleurs… Ça semblait impensable. Mais ça ne le dérangeait pas. La vie prenait parfois une tournure surprenante. Il lui avait parlé, un poids s'était envolé de sa poitrine, et sa confiance en Kanda était haute.
Pour la première fois depuis longtemps, Allen se sentait vraiment bien, et sentit qu'il arriverait à supporter ses chaleurs. Il y avait toujours les sentiments embarrassants de cette étrange affection qu'il développait pour l'alpha, le sexe à cause de ses crises… Le sexe était certes agréable, ils avaient convenu de ne plus s'en faire pour ça, mais ça restait de trop pour qu'ils soient complètement à l'aise. Ça ne changerait probablement pas. Malgré cela, Allen se sentait prêt à faire avec. Ils allaient devoir être à l'aise, car ça devrait forcément se reproduire. En un sens, ils commençaient à l'être, Allen le ressentait, Kanda aussi, sans doute. Tant qu'ils ne perdaient pas le contrôle. D'autant que maintenant, ils arrivaient mieux à interagir ensemble, tout en se laissant l'espace nécessaire. La situation tendue et pesante, le lien qui les forçait dans quelque chose qu'ils n'avaient, fondamentalement, pas choisi ensemble… Ils allaient le gérer. Allen avait confiance.
Le bruit d'eau de la salle de bain se coupa brusquement. Kanda était revenu. Allen se redressa et lui sourit. Kanda ne lui rendit bien évidemment pas le sourire.
« Tu foutais quoi pendant que je me douchais ?
—Rien, je pensais.
—Tu veux que j'aille te chercher de quoi lire ? »
Kanda amorçait un mouvement d'épaule vers la porte, Allen secouant la tête.
« J'ai envie de jouer un peu, si ça te dit aussi, Bakanda. »
Le kendoka haussa les épaules.
« Aux cartes ?
—Bien sûr. Tu mélanges, cette fois. Tu m'accuseras pas de tricher sur la distribution, et ce ne sera pas ma faute si tu as 'un jeu de merde', comme tu dis. Vois si ça te permet de me battre. »
Allen souriait, mettant le brun au défi. Kanda émit un énième 'tch', mais il eut un sourire carnassier, relevant sa provocation. Allen était content que le malaise entre eux depuis cette nuit soit définitivement parti avec sa confession. Kanda, quant à lui, était déterminé à mettre une pâtée au gamin.
En revanche, après un peu plus de dix minutes, ils en étaient rendus au même point. Le Japonais n'y comprenait que dalle à ce foutu jeu, il voulait bien avouer que ça jouait aussi en sa défaveur, mais merde, le peu qu'il avait compris lui indiquait que ça ne partait pas trop mal de base. Pourtant, le résultat était le même. Kanda perdant et Allen réussissant à le mettre au tapis avec une admirable chance.
« Comment tu fais ça, putain ? »
Allen éclata de rire.
« J'ai l'habitude, tu sais. J'en ai plumé des plus coriaces et des bien plus intelligents que toi. »
L'insulte ne passant pas inaperçue aux yeux de Kanda, il eut un rictus ironique, un brin sadique :
« T'es enfermé avec moi, j'ai le champ libre de te refaire la gueule, et t'insinues que je suis con ?
—Oui. »
Immédiatement, Allen rit encore, ne se démontant pas. Il s'amusait, ça se voyait. Se sentait aussi, sans doute.
« C'est toi qui devrais pas jouer au con avec moi, foutu Moyashi.
—Comme si je me laisserais faire, de toute façon, Bakanda. »
Sur ces mots, Allen étala ses cartes avec un sourire victorieux.
« Eh bien... Je suis au regret de t'annoncer que tu as perdu la partie, Kanda. »
Le brun s'enrageait silencieusement. C'étaient ces phrases ironiques suintantes de fausse politesse qui faisaient qu'Allen l'énervait tellement. Son ton était si arrogant qu'il aurait pu lui avoir dit 'j't'ai baisé, connard', ça lui aurait fait le même effet. Les mots vulgaires en moins, c'était sûrement avec cet esprit-là que le gamin pointait sa défaite. Kanda grogna.
« J'déteste ce jeu de merde.
—Tu veux qu'on change ? Je conçois qu'en étant nul, ça ne doit pas être agréable. »
Il titillait sa fierté, le petit fumier.
« Moyashi, ta gueule. »
Kanda soupira devant le visage inhabituellement inexpressif du gosse, signe qu'il le mettait bien au défi.
« Une autre partie. Mais après on arrête. »
Pour être tout à fait honnête, Kanda avait été choqué par l'effondrement de Moyashi la nuit dernière, choqué de sa peur et de ses réactions, bien pour ça qu'il ne l'avait pas enfoncé sur le sujet, au point de se faire réconfortant. Même son odeur n'avait pas suffi… Il avait dû supporter sa tension une bonne partie de la journée, au point que ça le pèse sérieusement lui aussi. Ils avaient beau, ça énervait le brun de l'admettre, mieux s'entendre, rien n'était plus facile. Peut-être à peine facilité, puisqu'ils n'étaient plus en train de s'engueuler à chaque fois et partageaient des moments calmes. Sauf aujourd'hui. L'alpha en était encoléré, mais il était certain que le lien lui faisait petit à petit le même effet qu'à l'oméga : lui aussi avait besoin de son contact, d'interagir avec lui. Ça le faisait chier, et il ne pouvait pas y couper. Kanda n'allait pas le rejeter, mais ces sentiments que forçaient le lien… Il voulait que ça cesse, et vite.
L'avoir écouté délivrer sa souffrance l'avait quand même libéré avec Allen. Habituellement, le Japonais était le genre à penser que chacun avait ses emmerdes, mais que ça ne justifiait pas le fait d'emmerder les autres avec. Pas cette fois. Le gamin avait des circonstances atténuantes. Kanda compatissait, même s'il lui avait fait comprendre qu'il devait se remuer. Ça ne signifiait rien. Rien du tout. Il était juste, quelque peu, content qu'il sente moins mauvais. Puis si avoir vidé son sac lui avait permis de faire le point, s'il avait eu besoin de son appui, Kanda restait prêt à l'accepter. Tant que c'était fini, il s'en cognait le nénuphar. Moyashi et lui recommençaient à se détendre, à défaut de s'amuser réellement, ce que Kanda appréciait. Sans savoir que son homologue partageait sa pensée, Kanda se disait qu'il y aurait toujours ces foutues crises, ses ruts qui risquaient de le prendre, mais il était relativement optimiste pour gérer ça. Il leur restait moins de quatre jours ensemble. Ils en avaient chié jusqu'à présent, mais ce n'était pas pour se laisser bouffer bêtement après tout ça.
Certainement pas.
De nouveau, Allen gagnait et lui sortait toujours les bonnes combinaisons pour contrer sa main. Kanda en avait marre de perdre, et s'en rendant tout à fait compte, le blandin lança :
« J'ai beaucoup voyagé avec mon maître, et à chaque fois, il me laissait passer derrière lui et ses dettes. » Il grinça brièvement des dents face aux souvenirs de sa vie avec Cross. « J'ai dû négocier avec des mafieux et un tas de gens douteux par les cartes. Autant dire que j'avais intérêt à ne pas perdre. Cet imbécile a le don de se faire des fréquentations impossible. »
Il se gratta l'arrière du crâne en ricanant, bien que ça ne soit pas si drôle que ça. Il avait parfois remboursé les dettes de son maître en plumant un sale type d'une somme équivalente ou supérieure à ce que lui devait Cross, mais quelques fois, ces derniers n'avaient pas apprécié et Allen avait dû s'enfuir en vitesse, esquivant des tirs à blancs, ayant pour le moins chaud aux fesses... La plupart du temps, son maître lui transmettait son odeur en l'échangeant avec lui, pour qu'il sente l'alpha et ainsi mieux le protéger. Ça marchait, mais pas toujours, devant ceux qui voulaient profiter de son jeune âge ou de sa condition d'oméga. Allen avait déjà eu affaire à des gestes déplacés, des tentatives plus ou moins directes et violentes, et pas qu'une fois. Il n'avait pas interagi avec un milieu facile, mais était heureusement à même de se défendre. Ces gens s'en étaient toujours mordu les doigts. Allen n'avait jamais eu rien à envier aux bêtas ou même aux alphas. Ça ne voulait pas dire que ces moments ne lui restaient pas en travers de la gorge, ni qu'il n'avait pas du tout eu peur. Il détestait l'idée d'être exposé à ce genre de menaces sous prétexte qu'il était un oméga. Son maître lui avait enseigné comment se protéger au cas où il ne pourrait pas intervenir, et Allen avait appris le reste lui-même sur le tas. Encore une fois, depuis qu'il était petit, il avait dû se battre pour être respecté et devenir débrouillard. Entre ça et les boulots plus ou moins questionnable pour un jeune enfant qu'il avait dû effectuer au cirque pour survivre, il avait une expérience qui ne faisait pas de lui quelqu'un de facile à mettre à terre, dans tous les sens du terme. Mais avec ses chaleurs, c'était bien la première fois qu'Allen se retrouvait aussi démuni, c'était aussi pour ça qu'il le vivait mal.
Néanmoins, ça n'avait pas été une expérience négative, car à l'inverse, d'autres moments avaient été plutôt amusant et distrayant, dans le plaisir que le jeune oméga prenait à gagner. Dans le fond, Allen n'en voulait donc pas tant que ça à Cross, il avait de l'affection pour son maître, même s'il aurait aimé le voir plus responsable et ne pas devoir passer derrière lui à chaque fois… Et qu'il le trouvait parfois un peu trop dur, aussi.
« Et tu as développé une technique de triche imparable, Moyashi ?
—C'est surtout de la chance et des mathématiques, Bakanda.
—Et de la triche. »
Allen rit un peu.
« Crois ce que tu veux, mais j'ai beau être maudit, c'est vrai que j'ai une chance incroyable aux jeux. »
Il lui fit un clin d'œil, de sorte que Kanda ne puisse pas savoir s'il trichait vraiment ou s'il était honnête. De son opinion, le brun le jugeait évidemment mal honnête. Il rétorqua, sarcastique :
« Une chance que tu sais truquer.
—Si tu le dis. »
Rieur, le blandin s'amusait de ses remarques, et Kanda finit par laisser tomber, soupirant. Allen grimaça ensuite, soufflant exagérément, comme dépité, portant la main à son ventre, dans ce geste en réponse à la douleur. Il se laissa doucement tomber en arrière sur le lit, se massant les tempes de sa main libre. Kanda comprit avant qu'il ne parle, et entreprit de ranger les cartes.
« Je crois que je vais encore être malade. J'ai des nausées.
—Prends le cachet, Moyashi. J'déteste ça aussi mais là t'en as peut-être besoin. »
L'Asiatique débarrassa le jeu et rapporta de l'eau à l'oméga. Il but, mais refusa le cachet que lui tendait l'alpha, ce dernier s'asseyant au bord du lit, juste à côté de lui. Allen chassa sa doucement sa main.
« Je te l'ai dit, je me sens bizarre quand j'en prends, ça me détraque le cerveau.
—Ça le calme, surtout, » trancha l'alpha, insistant dans son geste.
Allen secoua la tête et le repoussa encore.
« Ça calme peut-être, mais ça me rend fatigué et je ne ressens pas les choses normalement.
—Alors dors. »
Kanda rangea le comprimé, et à contre cœur, Allen accepta de se mettre sous les couvertures. Il bougonna quand même.
« J'ai vraiment pas sommeil. »
Kanda le dévisageait avec austérité.
« Ouais, mais tu devrais dormir si t'es malade. »
Toujours réticent, Allen secoua à nouveau la tête. Il passait un bon avec l'alpha et voulait simplement que ça continue. Ses chaleurs le rendaient déjà alité, il voulait au moins pouvoir discuter un peu.
« C'est bon. Alors, » commença-t-il, voulant relancer la conversation, « ton maître, le Maréchal Tiedoll… Il a l'air de beaucoup t'aimer. Il est comment ? »
Kanda croisa les bras, blasé.
« Pourquoi ?
—Ben comme ça, pour parler. »
Un soupir lui répondit. Puis Kanda ouvrit la bouche.
« C'est juste un vieux gâteux qui peint tout le temps. Il vaut pas mieux que le tien. »
Allen ricana.
« Au moins, il ne te laisse pas ses dettes.
—Ce vieillard sénile se prend pour mon père depuis qu'il s'occupe de moi, crois-moi, je préférerais le contraire.
—C'est plutôt bien qu'il tienne à toi. Avec ton caractère difficile, il a du courage.
—Il est surtout fêlé. »
Kanda paraissait excédé, mais il finit par esquisser un rictus à défaut de vraiment rire. Allen sourit, et poursuivit :
« Je pense que mon maître tient à moi aussi, il a juste une manière très bizarre de le montrer, comme c'est un imbécile.
—Le mien en est un aussi. »
Après cette réponse, Allen offrit un nouveau sourire amical à Kanda, et le silence retomba. L'alpha lui proposa encore de l'eau, qu'Allen accepta. Kanda s'allongea aux côtés de l'oméga, se remettant à lire, action qu'Allen consentit à faire également. Au bout d'une demi-heure, les douleurs ventrales du plus jeunes ne passaient pas. Allen referma brutalement le livre, se redressant, regardant Kanda avec un œil paniqué.
« Je… Je crois que je vais vomir. »
Kanda imita alors ses gestes, ses sourcils tiquant furieusement.
« Déconne pas, Moyashi, qu'est-ce qui te prend ? T'as bouffé quelque chose qu'est pas passé ?
—J'en sais rien, je me sens vraiment pas bien. Je pense que c'est dû aux crampes. »
Kanda grogna.
« Ça ne te fait pas ça d'habitude.
—J'avais entendu l'infirmière me dire que ça pouvait arriver, que les crampes donnent des nausées, avant que tu viennes me chercher. »
Allen grimaça à nouveau, Kanda se redressant et parlant sévèrement :
« Dans ce cas tu vas prendre tout de suite ton foutu médicament et pioncer. »
Le menton s'agitant fébrilement, Allen retint avec peine un haut-le-cœur violemment.
« Il… Il faut que j'aille à la salle de bain, Kanda. Je ne peux pas… »
Cette fois, le rejet fut plus violent, et Allen mit ses deux mains devant sa bouche, son corps prit par des tiraillements infernaux. Comme le phénomène se reproduisait, Kanda se dépêcha de le traîner jusqu'à la salle de bain, où l'oméga se précipita sur la cuvette des toilettes, vomissant sans doute ses trois derniers repas, c'est-à-dire un bon moment. Kanda regardait ailleurs, plutôt dégoûté, il fallait l'admettre, et irrité contre l'oméga. Il refusait ses médicaments pour des raisons tout à fait compréhensibles, mais voilà le résultat après.
Pendant qu'Allen se remettait, respirant plus fort et étouffant les dernières protestations de son corps, Kanda lui avait rempli un nouveau verre. Y avait pas à dire, l'épéiste était d'avis que les chaleurs du blandin étaient très chiantes. Autant pour lui-même, à cause de tout ce qu'il devait faire, que pour l'oméga qu'il plaignait sincèrement.
D'un ton qui ne tolérait plus la protestation, Kanda tendit le verre d'eau à Allen.
« Rince-toi la bouche, et après tu connais le refrain. »
Allen prit le verre et s'exécuta. Ça ne l'empêcha pas de toiser Kanda avec agacement, malgré son piteux état.
« T'es pas mon père, Bakanda, ne me donne pas d'ordre. Je te l'ai déjà dit.
—Je suis ton alpha. »
Allen fronça durement les sourcils.
« Et alors ? Ça ne veut pas dire que tu dois me commander. Même si on était ensemble, je déteste les alphas dominateurs.
—Ça risque pas, Moyashi, » Kanda grinçait, « Mais c'est moi qui m'occupe de toi, alors écoute un peu ce que je dis.
—Je sais que ça risque pas alors ne cherche pas à me donner des ordres, Bakanda ! »
Irrité, l'oméga n'était pas pour autant en colère, il protestait juste violemment car il était vexé. Aussi, sachant que ça le ferait allégrement râler, après avoir repris le verre qu'Allen serrait méchamment contre lui, Kanda eut un rictus et souleva son corps, le basculant sur son épaule. Allen poussa un cri surpris, se débattant faiblement à cause de sa douleur, rageant copieusement. Kanda eut un ricanement ironique.
« Commence pas à t'agiter comme ça ou tu vas encore être malade.
—Pose-moi par terre, Kanda !
—Non, tu feras l'insoumis plus tard, Baka Moyashi. »
Kanda entraîna un Allen pour le moins vindicatif et insultant jusqu'à la chambre. Le brun le fit se rallonger entre les draps défaits et le laissa se border tout seul. Parce que certes, il le portait pour aller plus vite et surtout en sachant que ça allait l'emmerder, mais il n'allait pas agir trop gentiment non plus. Il restait indifférent à sa face encolérée, un peu amusé, il fallait l'avouer.
Le blandin croisait les bras, le lorgnant méchamment.
« Kanda, je ne vais le dire qu'une fois. Ce n'est pas parce que je t'ai dit tout à l'heure que j'étais un enfant et que j'ai eu certaines… réactions honteuses que tu dois me traiter comme un enfant. J'ai le droit de le dire et de le ressentir, mais je ne veux pas qu'on me traite comme un enfant. J'ai seize ans et je suis en chaleurs, je ne suis pas un enfant. »
L'alpha ne répondit pas, et lui donna le comprimé à avaler. Allen le prit cette fois-ci, mais il grogna devant son silence.
« Kanda, je parle sérieusement !
—J'te traite pas comme un enfant, Moyashi. J'te traite comme un type malade qui ferait mieux de dormir et fermer sa gueule. »
Allen soupira, encore furieux, mais il esquissa un fin sourire.
« Je suppose que tu as raison. »
Il ferma les yeux, s'enfouissant sous les draps jusqu'au nez. Kanda le regardait. Oui, le gamin n'était techniquement pas qu'un gamin. C'était comme ça que Kanda l'avait vu, jusqu'à présent, avant de vraiment le côtoyer. Une part de lui refusait que ça change. Par certains aspects, Allen agissait un peu comme un enfant. Il était jeune, et c'était surtout dû à ses chaleurs qui lui ôtaient le contrôle de ses pulsions. N'importe qui deviendrait plus capricieux qu'à la normale avec ça. Seulement, de ce qu'il apprenait de lui, des détails qu'il lui racontait sur sa vie, Kanda devinait qu'il avait ramassé, lui aussi. Il n'avait peut-être pas un passé aussi noir que le sien, peu de gens en avaient et bien heureusement pour eux dans le fond, même si Kanda n'en avait pas grand-chose à foutre, mais il avait sûrement traversé des épreuves que le commun des mortels n'endurait pas tous les jours. Son innocence n'était pas là indépendamment du monde pourri qui l'entourait. Son innocence était là car Allen l'avait empêché d'être gangrenée. Il fallait être fort pour ça.
Ça pouvait se deviner à sa malédiction, encore que malgré ça, Kanda avait toujours cru qu'il n'était qu'un péteux naïf qui avait plus de gueule que de cran. C'était faux. Kanda jugeait qu'il avait du cran, et étrangement, ça lui plaisait. À cause du lien, son instinct d'alpha en était enorgueilli. C'était quelque peu logique, après tout. S'il avait dû avoir un oméga, Kanda ne l'aurait pas voulu tout peureux, craintif face à lui et faiblard. Ce n'aurait pas été le genre d'oméga qu'il aurait accepté à ses côtés. Un oméga comme Allen, qui avait ses faiblesses mais qui les endurait, qui n'était pas seulement un naïf mais possédait aussi une certaine maturité derrière sa connerie – il voulait bien le lui concéder malgré tout, encore qu'il ne le dirait jamais à voix haute –... Le Japonais aurait toléré ça.
Kanda aurait pu accepter ça.
Il ne pouvait pas accepter Moyashi. Parce qu'il se l'était promis, que ce n'était pas ce qu'il voulait et ce qu'ils voulaient. L'amitié qu'ils mimaient pour l'heure n'était même pas réelle. C'était juste le lien qui tapait trop sur leurs cervelles et ses suggestions qui gagnaient en force. Ils s'étaient déjà faits la réflexion, c'était pire avec le temps. Cette merde semblait vouloir qu'ils tombent amoureux. Ils étaient loin de l'être, mais la stupide affection qu'elle érigeait en eux convergeait dans cette direction. Kanda s'en doutait. Il se demandait si l'oméga aussi. Toujours, l'alpha contrôlait et faisait la part des choses. Allen semblait être capable de la faire également.
« Hm ? Kanda ? »
Le brun leva les yeux sur lui.
« Quoi ?
—Tu comptes rester à me fixer longtemps ? »
Kanda ne s'était pas rendu compte qu'il était resté assis à côté d'Allen, sans bouger. Soupirant, il décida qu'une sieste ne serait pas de refus pour lui aussi, et se pencha dans un geste mécanique pour baiser le front du maudit avant de bouger.
« Ferme-la. »
Peut-être qu'Allen le méritait. Peut-être ce n'était pas un drame. Pour la énième fois, pour beaucoup de monde, ce n'en était pas un, surtout envers un oméga. Mais Kanda, qui pensait autrement, se figea après son geste, se rendant compte qu'il avait à nouveau lâché prise. Allen rougissait de plaisir – c'était ce que ses odeurs lui indiquaient. Kanda toisa Allen, Allen le toisant, tous deux n'osant rien dire. La dernière fois que Kanda l'avait embrassé, c'était lorsqu'il s'était presque senti sur le point de le prendre sur place. Ce n'était pas le même genre de sentiment. Ce n'était pas des baisers déposés çà et là maladroitement en expression du désir. C'était la tendresse qui l'avait submergé.
Lui, avoir de la tendresse pour Moyashi. Lui, embrassant gentiment le front de Moyashi, se couchant à côté de lui, lui faisant des câlins, échangeant ses odeurs avec lui, ne le quittant pas d'une semelle. S'imaginer qu'il le désirait, qu'il en était venu à désirer quelqu'un, lui qui se fichait de tout ça. Toute cette situation absurde le frappa de plein de fouet.
Dans quelle merde ces maudites chaleurs et ce choix qu'il avait fait l'avaient foutu ?
Kanda eut alors une réaction pour le moins étonnante venant de lui. Cela lui était rarement arrivé, et la dernière fois que ça s'était produit de manière aussi naturelle devait être avec Alma.
Il éclata de rire.
« Bordel, » il s'étouffait dans son hilarité, « ces putains de phéromones… »
Il gueulait, mais toujours en se bidonnant, Allen le regardant sans y croire, tout bonnement effaré. Sa mine rajoutait à l'amusement du kendoka. Lui-même n'y croyait pas. Sans doute le stress, car toute cette connerie lui mettait évidemment une certaine pression, et toute la frustration. Son corps et ses actes l'avaient trahi, mais en riant, il se libérait un peu du poids, se relâchait. Allen écarquillait les yeux, son instinct lui soufflant de reculer. Kanda avait une… sorte… de sourire démesuré, une expression mélangeant colère et ironie tranchante, en un tableau presque psychotique. Sentant son visage tiquer, toujours éberlué, le blandin demanda :
« Euh… C'est le moment où tu vas me tuer, ou pas ? »
Kanda rit encore plus, se tenant le ventre, plié. Il secoua à peine la tête, essayant de retrouver sa respiration.
« J'en peux plus, de tes phéromones à la con, bon dieu. C'est moi que ça va crever. »
Et toujours ce fou-rire. L'expression prenait un sens littéral.
On l'a perdu, pensa Allen.
Ou Kanda s'était perdu lui-même, au choix.
Allen comprit cependant ce qui pouvait faire rire l'alpha. Ce qui se passait entre eux. Il n'y avait pas besoin de plus de mots, ceux-là étaient synthétiques mais à la fois si explicites. Emporté à son tour, il finit par ricaner. C'était… dérisoire. Réellement. Alors Allen finit par avoir un fou rire aussi violent que celui du kendoka. Les deux jeunes hommes se fixèrent, conscient de leur très étrange gaieté commune, détournant le regard ensuite mais sans s'arrêter de se marrer. Après tout ce qu'ils ont vécu ensemble, tout ça, pouvoir rire, ça faisait du bien. C'était bon, ça les prenait jusque dans le ventre et gagnait leur corps d'une secousse intense. Égayait leur moral, aussi.
Allen s'arrêta le premier, à cause du rappel à l'ordre de ses crampes abdominales, mais il brava la sanction en lâchant un autre petit rire. Kanda commençait aussi à se calmer, il s'essuyait le tour des yeux et tirait sur le col de sa chemise pour l'élargir. Allen fronçait encore les sourcils.
« Quand tu seras remis, s'il te plaît, ne m'égorge pas. Je tiens à ma vie, et je ne suis pas responsable de ton coup de folie.
—Tch. Ferme-la. »
Kanda coula un regard vers lui, avec cette sorte de rictus. Allen réalisa que c'était un sourire. C'était bizarre. Mais cela lui plut. Il n'allait pas le faire remarquer à Kanda. Il ne voulait pas risquer de dire quelque chose qui braquerait ce dernier et ruinerait le moment. C'était la première fois qu'il voyait Kanda rire autrement que pour se foutre de sa gueule ou à des fins mesquines, et qu'ils riaient ensemble. C'était bête, mais croyant que ça n'arriverait jamais, il en était ému. Au lieu de tergiverser, Allen continuait de le regarder, se prenant à trouver que cet étrange sourire sur le visage du Japonais le rendait encore plus beau.
« C'est pas toi que je vais tuer, Moyashi. Mais si je pouvais tuer le connard qu'à inventé les chaleurs ou les phéromones, j'le ferai sans hésiter. »
Allen esquissa un sourire.
« C'est la vie.
—J'l'emmerde, moi, la vie. »
Le brun passa au-dessus de lui et se laissa retomber à ses côtés, Allen tournant son corps dans sa direction, venant bien vite se coller, sachant que l'alpha ne le repousserait pas.
« Moi aussi, et elle nous le rend bien, je crois. »
Kanda eut un reniflement amusé, et Allen un petit gloussement synchronisé au sien. Le brun finit par s'éclaircir la gorge, de manière quasi imperceptible.
« Tu vas dormir, maintenant ? Tes phéromones vont me rendre taré si tu restes malade, et je pourrai éventuellement t'écharper vif. »
La menace n'était pas sérieuse, aussi, Allen haussa les épaules.
« Essaie un peu, et je me défendrai.
—Sérieusement, » répéta Kanda, « tu sens la faiblesse. Tu dois te reposer.
—Oui, j'ai compris… Mais, dis, est-ce que c'est ça que ça te fait, comme effet ? »
Kanda parut ne pas comprendre.
« Quand je suis perturbé, mes phéromones t'attendrissent ? »
Le brun grinça des dents, ne paraissant pas apprécier la façon qu'il avait de le dire, mais Allen ne savait pas le dire autrement.
« Pas vraiment, c'est surtout une pulsion. C'est comme toi quand t'as besoin de mon contact. Cette merde me donne la pulsion de t'en donner pour te calmer. »
Allen hocha la tête.
« Je vois… C'est étrange. Comme si ça se complétait.
—Ça me fait chier, surtout. »
À nouveau, le blandin haussa les épaules. Tant qu'ils parlaient librement, sans tension, il s'exprima.
« Comme j'en ai besoin, je m'en fiche un peu. Je sais que tu le fais pour mes chaleurs, de toute façon, alors ne te fâche pas si tu as ce genre de pulsions et essaie de les accepter. Je crois que j'aurais du mal à refouler totalement mon besoin de contact avec toi, et ce que tu ressens est un peu pareil. » Kanda se contractait encore, secouant la tête, s'apprêtant à protester. « On a dit qu'on serait à l'aise pour le sexe, » Allen rougit, « alors autant qu'on le soit aussi pour ce qui est moins radical. J'ai pas tort, Bakanda ?
—Tais-toi, putain d'Moyashi.
—Comme si j'allais me taire devant toi. »
Kanda posa sa grande main sur son crâne et lui ébouriffa brutalement les cheveux. Allen se débattit, contrant ses gestes et protestant d'une insulte. Il donna un coup assez violent au torse de l'alpha, se vengeant de la brutalité, lâchant un rire devant l'éclair de surprise passé dans les yeux de Kanda. Le brun parut s'en moquer néanmoins, et il arrêta. Allen réalisait que quelque part, même ces chahuts puérils constituaient du contact. Brutal, mais tout de même. Ils n'étaient, de toute manière, pas toujours des plus délicats, l'un comme l'autre.
« J'vais faire une sieste, moi aussi.
—On peut s'endormir en se sentant ? »
Le brun opina. Allen vint joyeusement à la rencontre de son étreinte. Il allait fermer les yeux, mais le soupir de Kanda résonna très près de lui.
« J'déteste toujours tout ça, Moyashi.
—Je sais, Bakanda. Moi aussi. Mais si ça se passe mieux, autant apprécier, non ? »
Le kendoka ne nia pas ça. Mieux, sa réponse tomba dans le creux de l'oreille du blandin.
« Ouais. »
Allen lui sourit. Kanda ne répondit pas au sourire, mais comme ils avaient littéralement ri ensemble, Allen était content. Sachant maintenant ce qu'être liés signifiait, même s'ils ne seraient jamais un couple, il était heureux qu'ils parviennent à ça. Allen espérait toujours que le lien se briserait plus tard. Mais, au regard de tout ce qu'il avait déjà pensé tout à l'heure, comme Kanda était un bon partenaire, il se fichait aussi de rester lié à lui. Si le lien se brisait, Allen ne chercherait pas à en avoir un autre. Il ne voudrait pas d'un autre. Alors Kanda ou rien, il était plutôt neutre aux deux éventualités. Avoir au moins un ami pour l'aider à surmonter cette épreuve était réconfortant. Tant que sa relation avec Kanda durant ses chaleurs restait comme ça, ça lui convenait.
Kanda remua doucement entre les draps, sentant la chaleur du corps contre lui. Une très bonne odeur flottait dans la pièce. Phéromones qui se libéraient en rafale infinie. L'excitation d'Allen était si palpable qu'elle le saisit à la gorge. Kanda déglutit pour chasser le chatouillement désagréable de la toux et il ouvrit les yeux. Contre lui, se mordant la lèvre, Allen retint un gémissement. Kanda se préparait à l'engueuler pour ne pas l'avoir réveillé alors qu'il était celui qui lui avait rappelé leur accord, mais il vit que le gamin dormait encore. Il s'excitait dans son sommeil, maintenant. De mieux en mieux. S'il retenait ses manifestations extérieures, son esprit ne devait pas avoir le même contrôle et l'afflux de phéromones excitaient tant Kanda qu'il dut mettre sa main devant son nez.
Ou c'était peut-être lui qui devenait plus sensible. Il l'avait remarqué, depuis quelques temps. Encore une chose qui l'irritait mais qu'il se démenait à réprimer. Kanda s'en faisait le serment, il ne se laisserait pas aller.
Avant ça, il décida de réveiller l'oméga, même en sachant que ce dernier finirait par ouvrir les yeux à force d'être tiraillé. Il ressentait son trouble qui montait en même temps que les chaleurs lui tapaient sur le cerveau. Leur tapaient sur le cerveau. Son épaule étant secouée, Allen ouvrit les yeux, hagard et reprenant malaisément contact avec la réalité. Il ne tarda pas à gémir quand Kanda posa une main sur sa hanche.
« Dire que je dormais bien…, » entre un soupir lascif, Allen réussit à murmurer ça, avec un sourire agacé.
Kanda se contenta de rétorquer :
« Je te soulage, mais rien t'empêche de te rendormir après. J'ai toujours envie de pioncer, moi aussi. »
Et c'était rare qu'il soit si fatigué, à présent, il savait que son lien à l'oméga épuisé en était la cause. Le blandin n'était pas le seul à être affaibli. Il était loin d'être le plus à plaindre, mais Kanda était affaibli avec lui. Allen se releva à peine, grimaçant, étirant ses jambes et ses bras pour se les dégourdir, et il se replongea contre lui, retrouvant le cocon de son odeur. Kanda se sentait en effet enfermé dans un bain de phéromones entre lui et Moyashi. C'était comme ça à chaque fois, ça finissait par le mettre dans un état d'excitation palpable. Bien qu'il n'en montre rien, Kanda n'aimait pas ça. Ils prenaient cette habitude à chaque fois qu'Allen devait être soulagé, passer quelques instants à se sentir, pour s'apaiser mutuellement avant de passer à l'acte, le brun le remarquait. Ça leur permettait de calmer l'influence des phéromones au lieu d'y plonger, et aussi de mieux se… synchroniser, en quelque sorte. Kanda en fut troublé, ça ne lui plaisait pas, mais c'était instinctif, autant d'un côté que de l'autre. Leurs corps voulaient cette communion. Leurs âmes se mettaient à la désirer aussi.
Cogitant, hésitant à apprécier l'odeur tout en essayant de chasser son exaspération, il entendit Allen briser le silence quasi cérémonieux.
« Kanda… Est-ce qu'on peut réessayer comme hier ? »
Le cœur du brun rata un battement, sa salive s'enfuyant dans sa bouche et la laissant sèche. Il ne dit rien, ne changea pas d'expression, se donnant involontairement l'air interdit, alors qu'il avait tout à fait compris.
« Tes doigts…, » précisa Allen, rouge comme jamais, « tu pourrais me… ? »
Il se tut, ne voulant pas dire le mot. Kanda doutait encore, mais son réflexe fut de s'énerver :
« Merde, Moyashi, je t'ai dit que c'était le bordel, l'autre fois !
—Je le sais, mais je te fais confiance, ça ne me dérange pas d'expérimenter ça avec toi et tu t'es contrôlé ! »
Kanda inspira silencieusement, ayant soudainement envie de commettre un meurtre.
« Je déconne pas, Moyashi. Tes phéromones sont vraiment fortes. »
Allen se mordit la lèvre. Ses yeux étaient suppliants.
« Je… comprends que ça te mette en position d'inconfort, vraiment. Mais ça m'a tellement apaisé… J'ai envie de ressentir ça encore. J'aime quand tu me touches normalement, mais ça… C'était mieux. Ce n'était, » Kanda pouvait sentir sa honte à dire tout ça, « pas assez. Mais c'était tellement mieux. Kanda, tu as réussi à te contrôler, est-ce qu'on pourrait… ? »
L'alpha soupira rageusement.
« Je me suis contrôlé, mais faut que tu comprennes l'effet que me font tes salopes de phéromones. Je te l'ai dit, et en plus y a le lien qui me refile tes émotions. Plus t'es excité, plus je le suis. Tu saisis ce que ça implique ? »
Kanda parlait froidement.
« Je saisis, mais tu t'es contrôlé, et j'ai confiance. Fais-toi confiance. »
Kanda cracha :
« Ça n'a rien à voir avec la confiance, enfoiré ! C'est la crise et tes chaleurs qui parlent, pas toi.
—Non, c'est bien moi. Et si, ça a tout à voir avec la confiance. Le Kanda que je connais possède une confiance aveugle en sa retenue et connaît ses limites.
—Tes chaleurs sont en train de la niquer, ma putain de retenue ! » s'écria le brun, soudainement à bout de nerfs en dressant d'un bond la moitié de son corps, pour mieux toiser agressivement le plus jeune. « Essaie pas de me provoquer, ça vaut mieux pour toi ! Tu comprends pas que je suis sur le point de rentrer en rut ?! »
Le Japonais clôt les paupières, se rallongeant, apercevant brièvement le visage choqué d'Allen. Le gamin ne tarda pas à reparler :
« Est-ce que… tu es en rut, Kanda ? »
Le brun rouvrit les yeux pour le sonder.
« Pas encore, mais ça pourrait. » La colère primale s'éveillait en lui. « J'avais dit que je le serai pas, mais cette merde… Je me contrôle, mais si on fait ce genre de choses… Je vais péter un plomb. Crois-moi, t'as pas envie d'être enfermé avec moi en rut et sous influence de tes phéromones. T'en as aucune envie. »
Kanda accentuait furieusement ses propos, Allen frémissant longuement contre lui.
« Si jamais tu es en rut, je… je pourrais te soulager, moi aussi. »
L'Asiatique écarquilla les yeux, il repoussa Allen dans sa surprise, s'ôtant regrettablement du cocon d'odeur, l'oméga ayant l'air d'éprouver le même regret.
« Tes chaleurs te rendent taré, Moyashi. T'entends ce que tu dis ?! »
Le blandin soupira.
« Calme-toi, Kanda. S'il te plaît. Je veux pas qu'on se fâche alors que ça va mieux entre nous. Tu avais dit que tu ne t'énerverais plus pour rien contre moi. On parle en tant qu'amis, là. »
Devant ces arguments bien-pensants, Kanda devait lutter pour ne pas le faire. Ami ou pas, il allait s'énerver si ce con lui disait ça.
« Ça change rien au fait que t'es taré, je m'énerve pas pour rien !
—Mais en quoi je le suis ?! s'écria le blandin. Toi, tu le fais pour mes chaleurs parce que tu es mon lié. Je suis ton lié, je peux t'aider pour ton rut. C'est exactement pareil ! »
Kanda nia.
« C'est pas pareil. Je suis capable de jouir seul quand je suis en rut.
—Peut-être, » Allen rougissait, « mais tu n'as jamais été en rut avec moi en chaleurs dans une chambre. On s'influence mutuellement, si on est tous les deux concernés par ça, c'est normal-
—Non, ça ne l'est pas, putain-
—Je ne dis pas que c'est normal dans le sens où ça nous y oblige, mais comme tu le fais pour moi, ça ne me gêne pas de le faire pour toi. J'y… J'y ai déjà pensé, en vérité. Plusieurs fois. »
Paumé, le kendoka fixait l'Anglais, tout mot se bloquant dans sa gorge.
« Vaut mieux pas, Moyashi. Vaut vraiment mieux pas.
—Pourquoi ? Si je te soulage, tu seras plus détendu et une part de la pression sera dissipée. Je parle en connaissance de cause. On ne consomme pas notre lien, donc je suis frustré et j'imagine que toi aussi. Tu es déjà résistant pour avoir tenu si longtemps. »
Le brun voulut nier, Allen reprenant :
« Rassure-toi, je sais que ça n'a rien à voir avec une attraction physique ou quoique ce soit. C'est le lien. Les phéromones. Nos phéromones se plaisent et s'apprécient, si ce n'est pas tellement notre cas. Mais ça te ferait du bien, et ça t'aiderait à être plus calme. D'un côté, c'est vraiment frustrant, mais de l'autre… Ça aide à ne pas devenir complètement fou, je ne vais pas le nier. Alors ne t'inquiète pas, même si tu entres en rut, on trouvera comment gérer ça.
—Et si je perds le contrôle et que j'essaie de te sauter de gré ou de force ? T'imagines si je fais ça ? »
Allen marqua une pause.
« Je te fais confiance pour ne pas perdre le contrôle. C'est toi, mais si quelqu'un d'autre avait été mon alpha, cette personne aurait sans doute essayé de faire ça depuis longtemps. J'ai toujours entendu qu'aucun alpha ne pouvait résister à un oméga en chaleurs. Certains alphas n'ont même pas besoin des chaleurs pour ça. Toi, tu as tenu trois jours, c'est long, et tu disais que tu savais te contrôler pendant tes ruts. J'ai confiance en toi pour trouver comment continuer, Kanda. »
Pour être tout à fait honnête, Kanda était fier de ça. L'ayant cultivé, il connaissait l'étendue de son self-control. Certes, il avait tenu trois jours, mais il restait celui-là et trois autres derrière. Le plus dur n'était pas passé.
« C'était avant d'être confronté à tes putains de phéromones. Tu l'as dit, j'ai jamais été enfermé avec toi en chaleurs dans une chambre pendant mes ruts. J'sais pas ce qui peut se passer.
—On y arrivera, Kanda. Le résultat sera le même si je te supplie de me prendre et si je me mets à agir bizarrement… Je préférerais ne pas en arriver là, alors si ça peut me calmer… On peut juste essayer, si tu vois que ça t'influence trop, tu n'auras pas besoin de dire quoique ce soit, arrête et on fait comme d'habitude. »
De grands yeux plein de bonne volonté et d'espoir se braquaient sur lui. Le kendoka se mordit furtivement l'intérieur de la joue. Bon dieu.
« Moyashi, putain, bordel…
—C'est Allen. Si tu fais quelque chose qui me déplaît, je te le dirai tout de suite. Ne crois pas que je vais te laisser faire n'importe quoi. Même malade et en chaleurs, je ne suis pas le genre à me laisser faire, Bakanda. Alors, tu vas arrêter de t'en faire ? »
Kanda prit un instant pour penser. Le prouvaient les paroles calmes et cohérentes du plus jeune, il était capable de réfléchir, même si Kanda savait que ses chaleurs influençaient considérablement ses propos. Comme lui l'était par les phéromones. Ce qu'Allen disait prouvait qu'il savait faire la part des choses entre ce que signifiaient les phéromones et ses propres sentiments. Ça détendait Kanda, ça aussi. Il se faisait la réflexion, mais dans leur situation, c'était crucial pour ne pas se laisser emporter par les conneries du lien. Le Japonais savait que Moyashi n'était pas naïf et con au point de tomber stupidement amoureux de lui pour ça, sauf qu'il était en chaleurs et sévèrement instable, alors les suggestions devaient avoir plus d'emprise, logiquement. Kanda était rassuré de voir que l'Anglais s'en défaisait, et, encore une fois, content de constater la maîtrise d'Allen.
Il grogna :
« On verra, mais t'as pas à te forcer. » Voyant qu'il allait protester, Kanda le coupa d'un claquement de langue. « J'ai dit on verra. En attendant, c'est de toi qu'on va s'occuper.
—Est-ce que tu veux bien… ?
—Ouais, on va essayer. »
Allen devint rouge jusqu'aux oreilles et sourit.
« T-Très bien.
—Mais si je vois que je vais trop loin, je m'arrête et je te caresse normalement. »
Vivement, Allen hochait la tête. Kanda pouvait voir qu'il était transi d'excitation, et ça aurait été cruel de la faire monter. Kanda pouvait le sentir, et le voir à la façon dont Allen serrait nerveusement les jambes, il n'en pouvait plus et devait lutter pour rester cohérent.
« Déshabille-toi. »
Allen s'empressa d'obéir. Kanda le regardait, ses lèvres étant sèches. Un réflexe qu'il réprima lui donnait envie d'y passer sa langue. Honnêtement, le Japonais avait l'impression de faire une connerie, mais devant l'excitation de l'oméga et la sienne… Il fallait bien faire quelque chose.
Au lieu de se contenter d'enlever ses bas, Allen fit un geste vers sa chemise, à la surprise de Kanda.
« C'est parce que j'ai trop chaud. Je peux la retirer ? » demanda-t-il en rougissant devant son regard lourd.
Face à l'oméga empourpré et au souffle court, Kanda haussa un sourcil.
« J'vois ça, que t'as chaud. » Un éclair de gêne encolérée passa dans les yeux du blandin. « Fais ce que tu veux. »
Allen ne protesta pas. Il eut un mouvement d'hésitation, puis l'enleva lentement et la posa au sol en compagnie des autres vêtements. Ses mains cachèrent ses parties intimes. Ayant entraperçu son érection, Kanda devina que ça devait être effectivement une grosse crise. Il était déjà dur.
L'alpha recommença le même manège que l'autre fois, se rapprochant de l'oméga. Après avoir relevé le corps du plus jeune contre lui, passé la main au-dessus de sa hanche, jusqu'au bas de son dos. Caresser la peau de ses hanches jusqu'aux fesses, pendant que le blandin le sentait, s'apaisant. Il était loin d'être réellement apaisé, étant de plus en plus excité, en témoignait ses gémissements fins alors qu'ils n'avaient rien commencé.
« Prêt, Moyashi ? »
Allen hocha la tête.
Prêt, il l'était, il l'était tellement… Le blandin en avait honte, mais cet état d'excitation dépassait presque les précédents, au point qu'il se fichait de sa nudité. Sachant à quoi s'attendre, il le désirait même ardemment. Il entendit le kendoka prendre une inspiration à peine plus brusque qu'à l'accoutumée en glissant ses doigts entre ses fesses. Bientôt, il caressait les contours de son anus, les picotements de bien-être caractéristiques le saisissant. Une certaine hâte le dominait, ainsi que la pulsion d'implorer l'alpha de ne pas perdre de temps. Il voulait que ça soit comme la dernière fois. La douceur brutale de Kanda, avec ses baisers et ses caresses pendant que ses doigts frappaient ce point de plaisir en lui. Il en avait tellement envie. Excité, l'oméga gémissait malgré lui. Retenir quoique ce soit semblait regrettablement impossible. Kanda avait l'air d'en être excité également. Tout comme, Allen n'était pas idiot, le contact de sa moiteur participait à son excitation.
Si Kanda se retenait, Allen se rendait compte de la dilatation de ses pupilles. De son souffle à peine plus brusque, plus audible. De son visage crispé. En particulier là, sous la mâchoire serrée. De ses gestes lents, empreints de doute. De ses lèvres qui s'entrouvraient à peine, de la langue qui semblait mourir d'envie de les lécher dont il apercevait le bout. Kanda était petit à petit émoustillé par lui. Pour ne pas mentir, son instinct d'oméga l'en égayait encore plus.
Bien sûr, Allen préférait que Kanda reste relativement neutre, qu'il ne rentre pas en rut. Parce qu'il savait que l'alpha n'aurait pas apprécié d'être démuni face à lui et de perdre le contrôle. Allen pouvait le comprendre. Ce n'était pas ce qu'il voulait, lui aussi. Il se rendait compte que sa demande était égoïste et un poil immature. Seulement, ses chaleurs, ce besoin de Kanda devenait de plus en plus fort. Il le fallait. Techniquement, rien ne le forçait à ressentir ça et à vouloir ça, mais son corps en crevait.
Enfin, après la vigueur du massage s'accroissant, des sons mouillés accompagnant les mouvements, le plaisir le saisissant, Allen jeta un regard à l'alpha, s'agrippant à son débardeur. Kanda restait neutre en apparence, mais comprit son geste. Doucement, il poussa son index et son majeur de façon à ce qu'ils le pénètrent entièrement. Se mordant la lèvre, Allen ferma durement les yeux. Il se sentait brûler sous le coup de la chaleur dans son ventre, en lui, et se retenait de lâcher un cri appréciateur. Il avait sa fierté, mais l'excitation des chaleurs voulait en venir à bout. Il sentait le tour de ses yeux s'humidifier, sa vision se floutait… Bon sang… Enfouit contre le torse de Kanda, Allen ne voulait pas le regarder tant que ça ne se serait pas calmé, il était déjà assez ridicule comme ça.
Et le brun commença à bouger à ce moment-là. Allen sut au premier mouvement qu'il aurait beaucoup de mal à se reprendre. Comme il était plus sûr de lui, Kanda était moins maladroit et moins hésitant que la première fois, ses gestes étaient plus fluides, plus efficaces, aussi… Allen se contractait sous le plaisir, encaissant le bien-être qui prenait possession de lui. Il avait du mal à reprendre sa respiration, de sorte que ses inspirations gémissantes et frémissantes le gênaient énormément, mais sans pour autant l'humilier. Après tout, s'il voulait faire ça, c'était pour avoir du plaisir, et il décidait qu'il n'avait pas à être humilié d'aimer ce que lui faisait l'alpha.
Kanda, de son côté, persistait dans sa douceur. Sa main qui s'affairait était dans son dos, la libre utilisée pour caresser son torse, elle remontait et descendant le long de ses abdominaux. Parfois, elle s'approchait de sa nuque, remontait jusqu'à l'arrière, faisant mine de vouloir se glisser dans ses cheveux. Si Allen n'avait pas eu peur du son que ça voix aurait dans une telle situation, il lui aurait demandé de le faire. Kanda sentait bon, c'était insoutenable… Son odeur d'alpha allait le tuer en même temps que la douce torture en lui. L'oméga en avait honte, mais il se sentait presque complet comme ça. À cause du lien. Des chaleurs. Presque, parce que ce n'était pas total. Parce que Kanda n'était pas en lui. Le jeune oméga était frustré et irrité de ressentir ça, juste à cause du lien. Le problème étant qu'il en venait à vraiment vouloir Kanda avec tout ça. C'était terrible, l'effet que ça lui faisait.
Essayant de se concentrer sur son plaisir, Allen bloqua plusieurs gémissements dans sa gorge, les sons résonnant malgré lui, les doigts de Kanda toujours si prompts en lui. Il en fut sûr, il allait jouir dans peu de temps. D'un côté, Allen ne voulait pas que ça s'arrête si vite, mais plus vite c'était fini, moins la situation gênante qui se créait durerait… Cependant, le maudit ne se voilait pas la face, il l'avait bien cherché, c'était lui qui avait initié ça.
Soupirant de plaisir et de frustration mêlés, Allen ne tarda pas à gémir sous la sensation d'un baiser, dans le creux de son cou. Il s'en pétrifia, ayant peur que l'alpha ne s'arrête à cause de ça. Il aurait arrêté un peu plus tôt, ça l'aurait dérangé, mais là, alors qu'il se sentait proche de l'orgasme, il savait qu'il aurait été jusqu'à supplier Kanda du contraire s'il ne lui accordait pas la jouissance. Il n'était plus dans un état où il était capable de prendre la moindre distance, d'ignorer ses pulsions.
Pourtant, au lieu de s'arrêter, Kanda l'embrassait encore. Le cou, les joues, le front. Il respirait plus fort, lui aussi. Serrait les dents. Sa main qui cajolait son torse se ficha à son pénis, il entreprit le caresser, comme l'autre fois. Allen devina qu'il voulait le faire jouir plus vite et ainsi se libérer de l'emprise des phéromones. Le brun se crispait davantage, essayant de se retenir de recommencer, mais Allen avait l'impression que plus il se retenait, plus il succomberait facilement car les phéromones luttaient contre lui aussi. S'abandonnant au plaisir, l'oméga lâcha un cri. Kanda devenait à peine plus brusque que tout à l'heure. Pour sûr, ça lui faisait de l'effet. Un baiser retomba sur son front, bien vite, son cou en fut couvert. Allen entendait les insultes destinées au lien, les 'putain' que marmonnait Kanda en essayant de se calmer, le voyait se reculer pour s'extraire des phéromones. Instinctivement, Allen voulait se rapprocher de lui quand il reculait, mais il se retenait, comprenant que Kanda refuse de se laisser aller.
Bientôt, les doigts du brun le quittèrent, il l'allongea sous lui, continuant à baiser son cou. Allen s'inquiéta de ce qu'il allait faire. Lui soulevant une jambe, relevant son bassin, Kanda retrouva le chemin de son entrée et ses doigts le pénétrèrent encore. Les baisers n'arrêtaient plus, les gestes se précisaient. En quelques à-coups, Allen jouit, un orgasme violent, pétrifiant, le poids du Japonais au-dessus de lui ne le dérangeant pas. Kanda avait la tête dans son cou, Allen savait qu'il le sentait. Les sensations de le consumant, Allen appréciait la proximité avec l'alpha. Comme il ne se relevait pas après plus de deux bonnes minutes, figé, le blandin tapota doucement son épaule.
« Kanda ? »
L'alpha redressa enfin la tête, l'oméga apercevant son regard balayé, voilé par le désir, ses narines dilatées autant que ses pupilles. Au-dessus du sien, son corps s'allongeait. Il ne bougeait pas, ne faisant aucun mouvement, mais l'oméga sentait son érection. Ils se regardèrent, une peur instinctive frappant le blandin. L'alpha le toisait avec un certain appétit caractéristique, la mâchoire retroussée. Son corps se raffermit contre le sien. Brusquement, Kanda agrippa ses hanches, son poids se faisant plus oppressant. Il lui faisait sentir son désir.
Effrayé, Allen manqua d'avoir un sursaut mais se contint. Il comprit que Kanda était littéralement infecté par ses phéromones, et qu'il était en train de perdre le contrôle. Son esprit était dans une sorte de transe, Allen savait ce que c'était. Ce phénomène venait caractériser l'importante stimulation des phéromones d'omégas envers les alphas. À ce stade, Kanda n'était plus en état de réagir normalement. Pas tout à fait remis de son orgasme, Allen respirait malaisément. Il se rendait compte qu'il était vulnérable.
L'alpha était au-dessus de lui alors qu'il était nu, vaincu par le plaisir, semblant presque offert. Avant que Kanda ne puisse faire un geste, Allen entreprit de le repousser sur un regard sévère, tenant à montrer qu'il ne serait pas passif et ne s'offrait pas. Ce n'était pas de la faute de Kanda, Allen n'était pas en colère contre lui, mais il savait que c'était ce qu'il fallait faire avec un alpha dominé par ses pulsions : être plus ferme que lui. Il avait vraiment peur, ses phéromones devaient le renvoyer, forcément, il ne fallait pas qu'il l'affiche en plus. Ce n'était pas comme lors de ses toutes premières crises, où il avait, au contraire, montré sa vulnérabilité et sa peur en étant totalement perdu. Heureusement pour lui, il n'était plus aussi démuni, plus si angoissé. Ce n'était pas la même situation, puis ce n'était pas ce qui marcherait sur Kanda dans cet état.
L'oméga sentait d'instinct en plus de le savoir que réagir comme ça ne l'aurait pas aidé. C'était aussi quelque chose pour lequel son maître l'avait prévenu, car un alpha imbibé de phéromones au point d'être en transe raisonnait quasiment en animal.
S'il flanchait, s'il laissait penser à l'alpha en Kanda qu'il était vulnérable, une proie, qu'il se soumettait à lui, ou qu'il pourrait le faire, c'était fichu.
Allen ne tenait pas à se battre avec Kanda dans cet état, déjà parce qu'il était dans une position fâcheuse, et parce que la relation de confiance agréable qu'ils construisaient en serait sans doute entachée, voire détruite, si Kanda se mettait à se blâmer d'avoir tenté quelque chose. Pas sûr que ce qui se passait ne serait pas suffisant pour le braquer à nouveau. Plutôt que d'être violé, c'était ça qui faisait vraiment peur à Allen, car il pensait pouvoir gérer la perte de contrôle du brun.
« Kanda, s'il te plaît, ça suffit. On a fini. Tu dois me laisser partir. Reprends-toi, mes phéromones te contrôlent. Tu m'écrases et je ne veux pas ça. Relève-toi. »
Ses mains se posèrent sur les épaules du brun, aussi fermes que son regard. Kanda ferma les yeux au moment où il toucha sa peau. Cela dura un long moment, Allen ne sachant s'il devait s'inquiéter ou s'il ne devait rien faire, car le brun le surplombait toujours avec son érection contre son bas-ventre. Quand il les rouvrit, serrant rageusement les dents, son regard était déjà plus normal.
Allen en fut choqué. Il avait réussi à reprendre le contrôle… si vite, et il était toujours dur contre lui… C'était impressionnant. Kanda s'ôta d'au-dessus de lui, se traînant au bord du lit, l'oméga attrapant les draps pour se couvrir.
« Kanda ? Est-ce que tout va bien ? »
Allen s'était caché jusqu'au bas-ventre, ignorant son sperme qui tâchait les draps ainsi que son entrecuisse, et voulut tendre une main vers l'alpha. Une voix sèche l'interrompit, plus tranchante que Mugen :
« Ne me touche pas. Éloigne-toi de moi. »
Le blandin n'obéit pas. Il retourna poser une main dans le dos du brun, et parla :
« C'est fini ? Est-ce que tu veux que je te soulage ?
—Est-ce que tu veux que j't'en colle une, Moyashi ? »
Surpris, mais ne fléchissant pas sous la menace, Allen durcit son regard. Il avait compris les mécanismes de défense du brun, et n'allait pas se laisser avoir en rentrant dans la confrontation.
« Ce n'est pas en réagissant comme ça que ça aidera, Bakanda. Laisse-moi t'aider. »
Kanda marqua un long silence. Il fixait ailleurs, la mâchoire tendue, rageur. Allen ne le brusquait pas, le laissant réfléchir, et, l'espérait-il, se calmer. Le Japonais grogna :
« Tu te rends compte que j'étais au-dessus de toi, j'étais complètement sous l'emprise des phéromones, et tu proposes de me toucher. Tu veux que je pète un plomb ? Tu cherches à te faire violer, ou quoi ?
—Non, pas du tout. Je veux te calmer, au contraire. Qu'est-ce que tu vas faire, de toute façon, aller te masturber dans la salle de bain ? »
Ça gênait Allen de parler si explicitement, mais il le fallait après tout. Un 'tch' enragé lui répondit, puis un regard éberlué se tourna vers lui quand Kanda réalisa ce qu'il venait de lui dire. L'oméga soupira.
« Ça fait plusieurs fois que je t'entends faire ça quand tu crois que je dors, et ça ne t'a pas empêché d'être sous l'emprise des phéromones. C'est pour ça que j'y pensais. »
Le blandin déglutit, il rougissait bien évidemment. Les sourcils descendus sur la racine de son nez, Kanda hurla, encoléré :
« J'en ai marre, Moyashi, t'entends ?! J'en ai vraiment marre de perdre le contrôle de tout, putain ! Je sais me maîtriser, ça me ressemble pas, cette connerie, merde ! J'ai pas besoin qu'on me calme, j'sais le faire d'habitude ! J'emmerde tes chaleurs, le lien, et les phéromones, t'entends ?! »
Allen eut du mal à avaler sa salive, car il comprenait parfaitement la détresse de l'alpha qui s'exhortait en face de lui.
« Je sais, Kanda, crois-moi. Je suis exactement dans le même état que toi. Mais tu n'as rien fait de mal, tu m'as juste embrassé plusieurs fois. On s'était dit tout à l'heure que ce n'était pas grave, et tu es juste resté trop longtemps au-dessus de moi. Tu ne m'as pas touché, tu ne m'as rien fait. » Allen eut un petit rire. « Je ne t'encourage pas à rentrer à nouveau dans cette espèce de transe, mais tu peux vraiment louer ta retenue. Elle ne t'a pas lâché, tu as vu. »
Kanda prit une inspiration, crachant :
« T'as dit que c'était pas grave. Et j'en ai eu envie. C'est pas la première fois que j'en ai envie. »
Le blandin opina, il s'en doutait.
« Si je t'aide à te soulager, tu seras un peu détendu. Laisse-moi essayer, d'accord ? »
Kanda prit une nouvelle inspiration.
« Je…, » puis il trancha. « Faut pas que tu te forces à faire ça, Moyashi.
—Je me force pas, Kanda. La question, c'est : est-ce que tu en as envie ? Est-ce que tu veux que je t'aide ? »
Allen sut qu'il avait fait un mauvais choix de mots à l'expression indignée de Kanda.
« J'ai pas besoin qu'on m'aide ! J'ai pas besoin d'aide, ni de toi, ni de personne ! »
Levant les mains pour tempérer, les posant à nouveau sur les épaules de Kanda, Allen hocha la tête.
« Je sais, ce n'est pas comme ça que je le dis. Je parle des phéromones. On avait dit qu'on verrait, de toute façon, si tu entrais en rut.
—J'suis pas en rut, j'ai juste inhalé trop de phéromones.
—Ça avait presque le même effet, Kanda. »
Devant son silence, Allen se mordit la lèvre.
« C'est comme tu veux, tu sais. Je ne veux pas te forcer, mais si je peux aider, je veux le faire.
—Putain, j'étais à deux doigts de péter un câble, et toi tu me proposes de me branler comme si de rien était. J'arrive pas à te comprendre, Moyashi. »
Rougissant, se rendant compte que l'expression était un peu trop adéquate dans la situation, Allen soupira encore.
« Tu n'as pas pété un câble, tu t'es calmé directement. Je comprends que tu aies peur de ne pas pouvoir te contrôler, c'est vrai que tu risques de perdre un peu le contrôle en étant soulagé, mais finalement tu es moins frustré. Une frustration reste, mais elle est différente. Moins pesante.
—Putain. »
Le silence du Japonais dura plus longtemps qu'Allen ne l'aurait cru. Il gronda :
« Si je dis oui, et j'dis pas que je dis oui, Moyashi, mais si je commence à m'exciter, tu penses pouvoir me calmer ? »
Allen lui fit un sourire doux, ses doigts se faisant caressant sur les épaules de Kanda.
« Oui. Je l'ai bien fait tout à l'heure, non ? »
Kanda acquiesça alors. Mâchoire crispée, signe de réserve, mais il agréait. Doucement, Allen lui prit la main, et il le poussa à s'allonger à côté de lui. Kanda respirait un peu difficilement, preuve de sa récente perte de contrôle, mais Allen n'hésita pas à le laisser le sentir, comme lui le faisait. Sa main serpenta doucement contre le torse du brun, il essayait d'être doux, comme lui. N'ayant jamais fait ça à un autre, Allen était hésitant, mais il savait quand même ce qu'il fallait faire, étant un garçon. Sa main s'approchant du pantalon de Kanda, il jeta un regard à l'alpha, qui était pour le moins tendu :
« J'y vais ?
—Ouais.
—Il faut que tu te détendes, » souffla Allen en déboutonnant le pantalon avant de glisser sa main, « tu vas voir, c'est gênant au début, mais je ferai en sorte que ce soit agréable. »
Kanda piqua un fard, et répondit un 'tch' suivi d'un 'putain de Moyashi'. Allen s'en amusa un peu. Bientôt, il avait pénétré le caleçon du brun, et il attrapa sa verge, remarquant au toucher que c'était différent de son propre pénis. Il y avait des différences entre le sexe d'un oméga, d'un alpha, ou d'un bêta, de toute façon, Allen savait ça. Il se demandait à quoi ça ressemblait concrètement, sentant une forte protubérance au niveau de la base du sexe du brun, Allen se demandait ce que c'était. Kanda grinça quand il s'en approcha, c'était visiblement sensible. Après un regard pour chercher l'autorisation de l'alpha, celui de ce dernier étant neutre, Allen commença ses caresses.
Comme à son habitude, Kanda n'était pas très expressif, ni vocal. Seulement, toujours par des réactions minimes, tels que les yeux qui se ferment et la bouche qui se pince, Allen voyait qu'il aimait ça. Savoir que l'alpha prenait du plaisir grâce à lui ne le laissait évidemment pas insensible, mais il se concentrait surtout sur son acte, voulant faire de son mieux. Bien vite, des sortes de gémissements rauques, qui ressemblaient plutôt à des inspirations à peine franches, sortaient de sa bouche. Ses paupières closes et son beau visage tendu sous le plaisir plurent à Allen. Il voyait que Kanda avait du mal à déglutir, ainsi qu'à respirer normalement. Étrangement, Allen ne put s'empêcher de trouver ça quelque peu mignon. Comme lui, Kanda expérimentait son toucher, qui était celui d'un autre, et son instinct d'oméga était curieusement ravi de lui faire connaître ce plaisir. Mais ce qu'il trouvait vraiment adorable, c'était la retenue du brun qui se baissait à peine. Le peu qu'il révélait paraissait néanmoins beaucoup. Allen pouvait sentir qu'une excroissance naissait sur le gland, et se demandait si c'était ça qui provoquerait le nouage.
Ses caresses finissant d'agacer l'alpha, ce dernier se répandit bientôt dans sa main, Allen écarquillant les yeux sous l'abondante semence qui remplissait le caleçon. Il déglutit difficilement. Kanda s'éclaircit la gorge, rougissant malgré lui :
« C'est parce que je suis un alpha, on en fout partout. »
Ce n'était pas une manière très fine de le dire, mais ça résumait l'idée. Allen s'étrangla avec sa salive, sa main ressortant souillée, qu'il essuya avec les draps, qui devraient de toute façon être changés. Les alphas avaient des éjaculations beaucoup plus importantes qu'un oméga ou un bêta, mais bordel…
« Je… Je le savais, mais je dois dire que je ne m'attendais pas à ça. » Allen eut un petit rire gêné. « On… on devrait se laver et changer les draps. Surtout toi, tu es tout poisseux. »
Kanda ne répondit pas, se contentant de serrer les dents. Timide, Allen dressait néanmoins un regard calme d'apparence sur lui :
« Ça t'a aidé ? Tu te sens mieux ? »
Le Japonais grogna, regardant ailleurs et croisant les jambes, mal à l'aise.
« Ouais. » Une pause, et Allen n'en crut pas ses oreilles. « Merci. »
Souriant, le blandin baisa la joue du kendoka.
« Alors ne fais pas cette tête-là, Bakanda.
—Putain, Moyashi ! »
Il protestait pour le baiser, Allen riant.
« Ce n'est rien de grave, Bakanda. Calme-toi.
—Va te faire foutre. »
Ignorant sa colère, le maudit lui tira la langue. Au lieu de se fâcher réellement, Kanda finit par poser sa main au sommet de son crâne, lui ébouriffant hargneusement les cheveux comme tout à l'heure. Allen luttait pour la forme mais se fichait du contact, Kanda ne lui faisait pas mal. Ils chahutèrent encore un peu avant que le brun n'aille à la salle de bain. Allen en était satisfait. Malgré le léger dérapage, Kanda et lui étaient capables de fonctionner ensemble pour ses chaleurs. Tout allait bien entre eux, ça faisait longtemps que ça n'avait pas été comme ça. Le blandin en était, naïvement, content. Peut-être qu'il faisait la bêtise de s'attacher réellement à Kanda. Il connaissait les conditions qui permettaient tout ça. Mais, pour la énième fois, Allen s'en moquait, puisque si le lien ne partait pas, ça leur serait utile. Et s'il partait… Allen espérait que cette expérience pourrait, avec le temps, les aider à construire une véritable amitié.
Personne ne pouvait savoir de quoi l'avenir serait fait, mais les choix du présent l'influençaient naturellement.
À suivre...
Donc ça y est, Kanda a pété son câble, entre le moment où il rit et où il rit nettement moins :'). Comme je le disais au milieu du gros blabla de fin du dernier chap, il est influencé par le lien, il le sait et ça le fait chier, au point de craquer comme il l'a fait dans ce chapitre. Quand on voit le caractère du personnage, être dans cet état a de quoi le rendre très nerveux, je pense, et même s'il ne s'énerve plus sur Allen car il lui a promis, il y a quand même des effets. Dans une autre note, je disais qu'ils avaient tellement mal vécu le début des chaleurs d'Allen qu'ils cédaient à la fois consciemment et inconsciemment au lien, tous les deux... Vous en avez l'exemple ici, je crois, et ce n'est pas fini ! Ils restent tous deux têtus et décidés à ne pas se laisser consumer, mais en même temps, ils essaient de se sentir mieux, et ça crée de nouvelles problématiques :).
Je voulais le dire aussi, au travers des conflits internes qu'ils ressentent, des analyses qu'ils émettent l'un envers l'autre... C'est un peu logique qu'ils se prennent la tête, c'est même un des enjeux du texte : la confrontation, le conflit entre eux et en chacun d'eux. Encore une fois, j'imagine bien un Kanda hanté par sa culpabilité pour Alma et brisé à cause de ça, tout comme Allen en était à un point où il peinait à avancer et avait perdu ses repères, qu'il essaie de recréer tant bien que mal. Kanda s'est posé beaucoup de questions à propos d'Allen parce qu'il était enfermé avec lui et aussi, surtout, parce qu'Allen a cherché à dialoguer avec lui (en ne se laissant pas trop rejeter xD), et que, comme écrit dans ce chapitre, Kanda est un peu contaminé par les émotions/intentions d'Allen qui se répercutent en lui, donc il cherche à démêler ce qu'il ressent pour ne pas y être emporté. Avec ça, Kanda peut prendre conscience de ce que ressent Allen et dépasser ses jugements hostiles du début. Le fait qu'il soit capable d'avoir des avis ouverts montre que ce n'est pas qu'un connard, il se complait dans cette attitude pour se protéger, selon mon interprétation du perso, et le fait de sortir de sa coquille, vers une attitude inverse de celle qu'il arborait avant, est, à nouveau, difficile pour lui... Cette évolution est donc à double tranchant ! Et leurs pertes de contrôles n'arrangent pas les choses ;).
Sinon, le récit l'explique mais qu'Allen ait montré sa peur au tout début de ses crises au chapitre 17 et qu'ici il la refrène car il se rend compte d'instinct que ça ne lui servirait pas c'est car il se rend compte qu'au niveau de la perte de contrôle de Kanda ce n'était pas le même level x). De même, si Kanda a accepté d'être touché, c'est que sa perte de contrôle l'a bien remué. A force de leur confrontation aux phéromones, leur contrôle s'effrite de plus en plus ! Autant dire que ça promet pour le prochain ;). (Vous verrez bien pourquoi je dis ça :3)
Allen commence à pas mal s'attacher et à espérer une vraie amitié avec Kanda, toujours pas d'amour d'un côté comme de l'autre (Allen considère Kanda comme un bon partenaire potentiel, mais ça s'arrête là pour l'instant :p), j'espère que ça vous plaît quand même :) ! Le yullen viendra, mais faut de la patience xD. Vous verrez comment ils vont évoluer au cours des trois chapitres restants sur les chaleurs d'Allen :D.
Prochain chapitre soit le lundi 25, soit mardi 26 ! :) (Vous préférez quoi ? ^^) Extrait page fb samedi :).
Reviews ? :) Je suis curieuse de vos réactions sur ce chapitre, partagez-les moi s'il vous plaît :) !
A la prochaine ! :D
