Helloo !
Je comptais poster dans l'aprem mais finalement je poste de nuit, tant qu'à faire xDD.
Tout d'abord, un bon réveillon et une bonne année à vous !
Concernant ce chap, il est le plus long de toute la fiction :D ! (Sans les notes, qui ont parfois rajouté de la longueur à certains chapitres x)) Il est davantage centré sur l'évolution du personnage de Kanda, et sur la perte de contrôle qui gagne Allen depuis quelques chapitres, dont il n'arrive pas à se sortir. Ici, ça s'empire, comme l'indique sûrement bien le titre x)). Attendez-vous à un chapitre agité !
J'espère vraiment qu'il va vous plaire ! ;)
Edit du 01/07/18 : Merci à Ookami97 pour la correction !
Bonne lecture :D !
« J'vais à la douche le premier ou tu veux que je t'y emmène avant ? »
Allen s'étira, haussant les épaules.
« Comme tu veux.
—J'y vais. »
Le blandin acquiesça. Kanda lui ébouriffa les cheveux en se levant, Allen émettant un faux reniflement agacé pour la forme. C'était le début d'après-midi, et ils avaient émergé il y a peu. Après un déjeuner copieux, le blandin ayant l'appétit sur le qui-vive, ils s'étaient touchés, et avaient discuté tranquillement. Enfin, ils s'étaient lancés des piques et s'étaient bousculés, dans leurs chamailleries usuelles. Rien d'anormal. Un paisible début de journée, de fait. Allen devait être honnête… Il ne voulait pas que ça s'arrête. Kanda et lui s'appréciaient, leur amitié lui plaisait bien. Il savait, sans que Kanda n'ait besoin de le dire, qu'il n'était pas le seul à ressentir ça. Allen n'avait, en outre, pas peur de trop s'avancer en l'affirmant. Néanmoins, il savait que le Japonais ne changerait pas d'avis, qu'il acceptait de baisser son masque devant lui seulement parce que c'était momentané. Une évanescente épiphanie permettait à leur relation d'être ce qu'elle était, mais son caractère fugitif prédominait. Allen savait qu'il ne pourrait pas changer les règles du jeu, qu'il ne pourrait pas proposer plus à Kanda. Ce dernier refuserait et se braquerait définitivement. En étant lucide et en mettant ses sentiments de côté, Allen choisissait de faire comme si de rien était, c'était le plus intelligent. Ça le rendait lui-même plus confortable de se dire qu'ils ne parleraient plus, avec tout ce qu'il avait affiché. C'était peut-être mieux comme ça, objectivement.
Mais… Peu importe le nombre de fois où il se disait ça, ça ne changeait rien au fait qu'Allen voulait plus qu'une amitié momentanée, s'il ne se mentait pas. Le blandin se mettait à vouloir quelque chose de vrai entre eux.
Bientôt, Kanda revint et Allen fut celui qui se lava, profitant une bonne heure de l'eau, sachant que Kanda partait s'entraîner pendant ce temps-là. L'oméga allait de mieux en mieux physiquement, aussi, il n'avait plus autant besoin d'être surveillé. Après sa douche, Allen était parti se rallonger, procédant toujours doucement et en s'aidant des meubles. Timcanpy, qui l'avait rejoint dans la douche, vint se poser entre ses bras, comme souvent. Allen était calme, détendu, profitant du repos et de la douceur des draps, fraîchement changés. Kanda avait annoncé qu'il ramènerait la lessive. Ils n'arrêtaient pas d'en faire, et en réfléchissant, Allen eut soudainement un peu peur des conclusions que pourraient se faire ceux qui croisaient l'alpha avec une tonne de linge sale dans les bras. Oh, le fait qu'il s'occupait de lui pendant ses chaleurs devait évidemment se savoir, et rien que ça constituait un élément suffisant pour que beaucoup se fassent des idées. Allen le savait très bien. Lui-même aurait présumé qu'un alpha et un oméga liés ensemble dans une chambre devaient forcément… En plus avec les chaleurs… Mais savoir que certains pensaient probablement ça de lui et Kanda le gênait.
Les ragots diminueraient sûrement quand ils verraient qu'Allen ne serait pas recouvert de l'odeur de l'alpha. S'ils arrivaient à se tenir… Allen avait du mal, honnêtement. Quand il pensait qu'ils avaient failli coucher ensemble hier… L'excitation retombée, la douche froide que Kanda et lui avaient ressentie était telle qu'ils en avaient convenu que c'était une erreur. Allen continuait à le considérer ainsi. Ils avaient décidé de reconnaître le lien pour le contact, pour se soulager, tant que c'était nécessaire. Aller jusqu'au bout ne l'était pas, et comme ils ne s'aimaient pas, ce n'était pas la meilleure résolution. Bien sûr, deux personnes pouvaient coucher ensemble sans s'aimer. Ça ne changeait pas que dans leur cas, bombardés de phéromones, craignant d'outrepasser le réel consentement de l'autre à chaque action, contact affectif ou attouchement sexuel, ce n'était pas adéquat.
Sa raison lucide le lui répétait. Mais l'oméga en chaleurs en lui, et une certaine pensée plus légère, qu'il qualifiait tantôt de stupide avant de lui laisser un moindre crédit, lui soufflait que ce n'était peut-être pas le cas. Être marqué par un alpha protégeait un oméga, pour des raisons évidentes. Il sentirait l'alpha. Kanda et lui ne s'aimaient pas, et Allen ne voulait pas l'utiliser pour ça, mais même si le lien partait, même s'ils n'avaient pas de relation, Allen n'aurait pas été dérangé d'avoir son odeur sur lui. Il n'avait jamais vraiment voulu être marqué par un alpha, mais en y repensant, ça serait avantageux.
Puis, il ne fallait pas se voiler la face et dire les choses clairement, Allen désirait coucher avec lui. Malgré sa raison. Malgré tous les contres et les pours un peu trop faciles. C'était bien sûr les chaleurs qui lui faisaient penser ça.
Allen soupira. Il ne voulait pas agir de façon immature et précipitée, mais il était bêtement… frustré. Un autre soupir lui échappa. Au moins, Kanda n'allait pas tarder à revenir, c'était déjà ça. Si Allen se sentait moins faible au point de mieux pouvoir marcher, qu'il supportait mieux l'absence de Kanda aussi, une heure restait tout aussi long, car il désirait toujours sa proximité. Il se contenta de serrer Tim, fermant les yeux, se vidant ainsi la tête.
Kanda donna le dernier coup de sabre, brusque, le mannequin de bois s'effondrant en un nuage de poussière, réduit en pièces. Il s'était littéralement défoncé. En miroir de l'oméga, il était lui aussi frustré et irrité des sentiments qui se mêlaient en lui. Ça faisait une dizaine de jours, pile poil, qu'ils étaient coincés ensemble. Aujourd'hui et demain seraient les derniers jours où il s'occuperait d'Allen Walker, son foutu oméga en chaleurs. Ce serait long, mais ça passerait paradoxalement très vite. Kanda crevait de hâte que ce soit passé. Être avec Moyashi n'était peut-être pas si mal, mais vivre sa vie comme il l'entendait et ne plus avoir à s'occuper d'un autre lui ferait grandement du bien. Repartir en mission, aussi. Être tranquille. Être seul. Mais, là venait le putain de mais, la problématique était déjà comprise dans l'affirmation précédente : être avec Moyashi n'était pas si mal. Kanda préférait crever plutôt que de l'admettre. Sauf que peut-être bien qu'il… en plus d'être étrangement attaché à lui… peut-être bien qu'il l'appréciait.
C'était une énorme blague qui lui donnait envie de rire jaune. Comme tout ce qu'il ressentait à son sujet. Ils avaient créé des liens, ils s'étaient épaulés, soutenus, partageaient des conversations, rigolaient un peu, jouaient comme des gosses… Ils agissaient comme des potes. Ça l'emmerdait, dieu savait que ça l'emmerdait, mais Kanda était obligé de reconnaître que l'amitié de circonstance n'était qu'à un pas de devenir vraie. C'était peut-être du vent, car c'était stimulé par le lien, tout amplifié, mais Kanda savait qu'affirmer ça était faux. Cependant, restant cohérent, têtu, il se disait que tout était affaire de considération. S'il ignorait ses émotions, s'il les cachait et qu'il ne les laissait pas ressortir, il oublierait. Ça passerait. Kanda se foutait de ce qu'il ressentait. Il ne pouvait pas être ami avec Allen, point final. Une part de lui en était contrariée, mais l'autre, la principale, était soulagé. Kanda ne cessait de se le répéter. Il ne changerait pas. Ce n'était pas le peu de temps (long, certes) qui leur restait qui chamboulerait ses plans.
La seule chose positive était qu'Allen redevenait de plus en plus lui-même. Leurs conversations et leurs chamailleries reprenaient, comme avant le lien. Ça avait été le cas quand ils avaient arrêté d'être sur le point de s'écharper vif au moindre mot, mais maintenant, c'était naturel. Malgré la faiblesse présente, Allen se relevait doucement. Kanda était content de ça, peut-être à cause de l'attachement, car il redevenait davantage son Moyashi. Quelque part, il serait toujours son Moyashi, même quand ce serait fini. Il avait peut-être toujours été son Moyashi. Même avant le lien. Avec le recul, c'était aussi pour ça que ça l'avait emmerdé d'en être venu à le détester, si ça l'aurait arrangé de briser ainsi le lien. Toujours est-il qu'Allen redevenait celui qu'il était avant les chaleurs. Avec quelques pertes de contrôle, demande affectives et réactions hormonales déchaînées, mais il n'était plus si abattu, alors qu'il était pourtant descendu si bas. Qu'il se relève après ça, après le traumatisme que ses chaleurs, auxquelles Kanda savait qu'il n'avait nullement été préparé, démontrait sa force. Lui non plus ne l'avait pas été. Sans quoi, sachant que des omégas ne pouvaient pas supporter leur propre toucher pour être soulagé et qu'un oméga en chaleurs pouvait être si dépendant, Kanda se connaissait, il aurait refusé de s'occuper de lui, ou il n'aurait pas fallu s'y prendre qu'une fois pour le faire plier.
Paradoxalement, Kanda ne regrettait pas de s'être occupé de Moyashi. Il avait clairement eu besoin de lui, et Kanda flippait presque pour l'oméga en imaginant ce que ça aurait donné s'il n'avait pas été là. Il avait fait ce à quoi il avait agréé : prendre soin de son lié, lui faciliter un peu les choses, et le calmer. Être un bon alpha. Seulement parce que ça ne durerait pas. Il avait fait ce qu'il fallait en aidant Moyashi. Et à la réflexion, si c'était à refaire, il prendrait également ce choix. Il aurait aimé que des choses se passent mieux, certainement. Par exemple, ne pas devoir toucher un Allen complètement flippé la première fois, qu'ils aient été mis au courant plus tôt des obligations du lien pour y réfléchir et consentir oralement avant les crises et les phéromones tenaces. Le lien les avait influencés depuis le début, de toute façon. Mais dès les crises d'Allen, ça avait été pire. Le sexe n'était clairement pas la meilleure partie concernant les chaleurs, ce qui sonnait encore paradoxal. Néanmoins, ça ne se passait pas si mal. Ils gardaient une part de leur réflexion, et les décisions qu'ils prenaient étaient choisies au mieux, ils s'étaient mis d'accord sur tout ça.
Kanda était évidemment frustré en pensant à la veille, en pensant qu'il aurait pu avoir pris l'oméga, que celui-ci se serait laissé faire. Perspicace, Kanda se doutait que s'il revenait là, maintenant, et qu'il disait à Allen qu'il le voulait, l'oméga serait partant. Parce qu'il était à la fin de ses chaleurs, et que Kanda savait bien qu'un ou deux jours avant la fin, les hormones se déchaînent, avant de partir petit à petit. Allen était sûrement beaucoup plus sous influence que lui, et l'alpha savait que ça risquait d'être à lui de tempérer, si Moyashi perdait le contrôle. Lui ne le ferait pas. Ils se touchaient, se sentaient, mais n'iraient pas jusqu'au bout. Il ne profiterait pas d'Allen et ne le violerait pas.
En sueur, Kanda lâcha un soupir, s'apprêtant à retourner vers les douches communes, voulant ne plus être dégoulinant de transpiration quand l'oméga demanderait à le sentir. C'était sans compter sur Lavi et Lenalee qui se ruèrent à sa rencontre avant qu'il ne puisse quitter la salle. Peu à l'aise avec ce qui se passait depuis que les chaleurs du maudit avaient finies leur déclenchement, Kanda s'était appliqué à ne croiser personne pour être sûr de ne pas avoir à répondre aux questions, mais eux l'avait alpagué il y a deux jours. Ils voulaient revoir Allen et avoir de ses nouvelles. Si, heureusement, ces questions l'avaient moins déroutées que si elles avaient été posées au tout début, Kanda était bougrement embarrassé. Il avait d'abord précisé que les chaleurs le rendaient trop faible pour une visite, essuyant de nombreuses questions qu'il avait esquivé, allant à l'essentiel et se faisant concis, n'allant pas détailler leurs maux. Les deux autres avaient pointé que l'odeur de l'oméga empiétait sur la sienne. Si Kanda se douchait avant ses entraînements, c'était non seulement à cause des attouchements après lesquels il fallait bien se nettoyer, mais aussi pour les odeurs. Désappointé de ne pas avoir complètement atténué la senteur de l'oméga, le réflexe spontané de Kanda avait été de répondre agressivement qu'il ne l'avait pas violé, surprenant Lavi et Lenalee par son caractère défensif. L'espace d'un instant, Kanda avait cru les avoir inquiétés, mais ils avaient rétorqués qu'ils avaient confiance en lui pour ne pas le faire, car ils affirmaient savoir qu'il n'était pas de ce genre.
Kanda aurait aimé être sûr que ses instincts ne pouvaient pas le rendre comme ça. Pourtant, il se faisait confiance, avec ses serments, pour ne pas l'être. Il saurait se contrôler.
Lavi chantonna joyeusement en passant un bras autour de ses épaules :
« Yûuuuuuu ! Comment va Allen ? »
Kanda repoussa le rouquin, puis pointa le sabre en bambou entre ses deux yeux.
« Ne m'appelle pas par mon putain d'prénom.
—Est-ce qu'Allen va bien ? » coupa Lenalee, secouant la tête, comme affligée par le comportement des deux garçons.
Kanda gronda.
« Comme d'hab. Il est fatigué et en chaleurs.
—Tu penses qu'on pourrait venir le voir aujourd'hui ? »
Lenalee sonnait pleine d'espoir, et Kanda voyait au visage de Lavi que lui aussi désirait voir son ami. Objectivement, Kanda s'en foutait, il savait que ça ferait du bien à Allen, mais, tout aussi objectivement, il n'était clairement pas en état de voir du monde avec ses crises. Aussi, une certaine possessivité en Kanda, instinctive, était dérangée par l'intrusion d'autres personnes dans la chambre, car inconsciemment, il percevait l'endroit comme leur intimité en tant que liés. Il rechigna mécaniquement.
« J'pense pas que…
—Juste un bonjour sur le pas de la porte et on s'en va. On ne vous dérangera pas longtemps, surtout s'il est en plein dans ses chaleurs. On sait bien que dans cette période ce n'est pas agréable pour deux liés. »
Lavi insistait, sérieux, pour une rare fois. Ses propos tapaient exactement dans le mile concernant ce qui gênait Kanda. L'épéiste s'apprêtait à nier l'évidence, ne voulant pas que Lavi s'imagine que ça le dérangeait comme s'ils interrompaient quelque chose entre eux, ils étaient liés mais n'étaient toujours pas un putain de couple. Il hésitait tout autant à sous-entendre qu'ils étaient les bienvenus. Lenalee offrit un sourire avant d'argumenter :
« C'est peut-être égoïste de notre part, mais ça fait quelques jours qu'on ne l'a pas vu, il nous manque vraiment. Puis, on s'est dit que ça lui ferait peut-être du bien de savoir qu'on pense à lui, s'il est si affaibli que ça. »
L'inquiétude trouait sa voix. Bien sûr, même si Kanda ne s'était pas fait éloquent et qu'elle ne pouvait pas imaginer à quel point c'était vrai, Lenalee allait flipper, c'était mathématique. Lavi aussi se sentait concerné pour son ami. Pour la remarque de la jeune femme, le brun se disait qu'elle avait raison, en étant lucide. Allen avait justement grand besoin de ce genre de choses, en ce moment. Il aurait voulu se montrer ferme et les envoyer chier plus ou moins brusquement, comme il comptait le faire au tout début. Seulement, pour l'oméga, il se força à accepter. Il avait promis de faire passer Allen avant lui tant qu'il serait en chaleurs. Il hocha donc la tête sans grand intérêt, décidant qu'il se remettrait sa douche à plus tard, les deux autres ne semblaient pas prêts à patienter et Kanda préférait que ce soit rapide. Fatigué par le lien, ce rude entraînement commençait à avoir ses effets secondaires. Kanda partit devant, les deux autres le suivant, l'air littéralement réjouis de revoir Allen, leur ami. Kanda se mettait à réfléchir, d'une manière qui ne lui plaisait pas.
C'est ça que ça serait d'être vraiment ami avec Allen ? Est-ce qu'il lui manquerait, de la même façon qu'eux semblaient regretter de ne pas interagir avec leur ami ? Il fut tellement outré de ces interrogations qu'il réprima un claquement de langue méprisant. Non, il n'était pas sentimental et plutôt du genre distant. Allen et lui n'étaient pas vraiment amis, et si c'était le cas, il n'en aurait eu rien à foutre. Quand il partirait après le jour suivant, ça serait derrière lui, aussi facile à ôter qu'un vêtement et il l'oublierait. Il ne resterait aucun bagage émotionnel, rien.
Kanda tourna la poignée de porte, et la poussa en avant.
Sur son lit, tenant Tim contre lui, Allen dressa son visage dans sa direction, lui souriant. Ses odeurs étaient un peu plus fortes, Kanda comprenait que sa présence lui avait manqué. Il fit deux pas à l'intérieur et s'écarta, Lenalee et Lavi apparaissant derrière lui.
Tout de suite, l'expression du blandin s'illumina alors que Lavi agitait une main en guise de bonjour.
« Yo, Allen ! Alors, ça baigne ?
—Salut, Allen-kun. »
Le petit sourire gentillet de Lenalee se joignit au geste amical de Lavi. L'alpha pouvait sentir à ses émotions l'effet que ça lui faisait. Son moral grimpait en flèche.
« Lavi… Lenalee… » Il souriait toujours si grandement. « Je vais bien, et vous ? »
Les deux autres hochèrent la tête. Lenalee lança :
« On ne reste pas très longtemps comme on sait que tu es malade. On voulait juste te dire qu'on pense à toi. Tes chaleurs se finissent après demain, non ? »
Allen fut un peu gêné qu'ils en discutent de vive voix mais il l'ignora en hochant la tête. Lavi ricana :
« On viendra te voir dès que ça sera fini, sois en sûr. »
Le blandin souriait. Ils ne rentraient pas, et il paraissait comprendre pourquoi. Kanda se doutait que les odeurs devaient être fortes, s'il en jugeait par les regards rehaussés des deux autres devant la porte. Leurs phéromones marquaient leur territoire sur le lieu.
« Merci beaucoup. À la prochaine, alors. »
Les deux bêtas sourirent et tournèrent les talons, en lâchant en chœur à Kanda :
« Prends bien soin de lui.
—Ouais. »
Comme s'il pouvait faire autrement, de toute façon.
Kanda referma la porte, et Allen tendit immédiatement les bras vers lui, un sourire timide qui acceptait le refus, réclamant un câlin. Kanda le zyeuta quelques secondes. Ces gestes se banalisaient entre eux. Ça aurait dû le faire chier. Comme le sexe, à la réflexion. Ça aurait dû le dégoûter, l'écœurer au plus haut point. Mais Allen ne l'avait jamais dégoûté. Le lien, oui. Pas Allen. Pas Moyashi. Kanda voulait se raccrocher à sa haine du lien pour chasser l'affection malencontreuse qu'il ressentait. À défaut de blâmer le blandin, il voulait au moins ne pas apprécier ça, haïr la situation plutôt que l'oméga… Oh, bien sûr, une part de lui la haïssait. Mais elle s'endormait, une autre part de lui sachant qu'être à l'aise était ce qui les sauverait des nombreuses prises de tête, débats internes et interrogations qu'ils avaient eu jusqu'à présent. Ça n'enlevait rien au fait qu'ils ne savaient pas, avaient été plongés dans une épreuve dont ils ne connaissaient rien. Kanda avait cru savoir dans quoi il se lançait en acceptant, mais non, ils ignoraient tout. Leur relation conflictuelle n'avait pas arrangé les choses. Leur refus de se plier au lien. Une part de ça avait été horrible car brutale et difficile. Mais une autre n'était peut-être pas si horrible. C'était ambivalent, et l'interprétation finale leur appartenait à tous les deux.
Une chose, dans tout ça, faisait presque sourire Kanda. Presque. Car ils n'avaient consommé leur lien, car ils ne tombaient pas amoureux, ils étaient en train de gagner. Et c'était ce qui lui importait, à lui. Gagner sur le lien, l'envoyer se faire foutre.
« J'dois encore me doucher, » abattit l'alpha, l'oméga descendant les bras, une moue déçue que Kanda s'énerva à trouver adorable.
À la place, il s'approcha d'Allen et passa une main dans ses cheveux, lui accordant un contact.
« J'te laisserai me sentir après, tant que t'en auras besoin. »
Acceptant le marché, Allen hocha la tête.
« Merci de les avoir laissé venir. »
Kanda haussa les épaules, ayant déjà pris ses affaires et s'engouffrant dans la salle de bain. Dans sa vision périphérique, Kanda vit qu'Allen se rallongeait, toujours avec le sourire.
Une vingtaine de minutes plus tard, Kanda revint s'allonger aux côtés de l'oméga, qui lui tendit encore les bras. Kanda l'étreignit alors, l'enfermant dans sa senteur, dans cette position de proximité habituelle entre eux. Leurs odeurs se synchronisaient. Elles se couplaient. La communion certaine de leur lien. Qu'eux ne partageaient pourtant pas. C'était si étrange… Voilà donc quelle situation ça donnait, lorsque le lien se créait entre deux êtres incompatibles. Quelque chose de confus, bourré de paradoxe et si… étrange. Il n'y avait pas d'autre mot. Allen baisa sa joue, ricanant à son visage crispé, mais Kanda ne râla pas contre le baiser. Il se contenta de grogner :
« C'est d'avoir vu les deux abrutis qui te rend si joyeux ?
—Me dis pas que t'es jaloux, Kanda ? T'étais tout renfrogné quand ils étaient là ! »
Allen lui fit un clin d'œil. Kanda gronda. Non, il n'était pas jaloux, fallait qu'il arrête avec ces conneries-là. Il était en pleine réflexion sur les sentiments d'amitié, les valeurs qu'il leur attribuait, parce qu'il ne voulait pas que le lien et les phéromones gangrènent le peu de cohérence qu'il avait instauré dans tout ça. Kanda n'avait jamais été sociable et n'avait pas beaucoup de relation. Il était, de fait, relativement confus sur la manière de les gérer, de se comporter et sur ce qu'il ressentait. La même réflexion qui restait : Moyashi le foutait dans une merde trop grande pour lui.
« Crève, » fut sa seule réponse.
Allen rigola, et il l'embrassa encore, profitant du fait qu'il ne râlait plus.
« Moyashi, » grognassa Kanda, « t'es chiant.
—Je m'en fiche. »
Qu'il se sente assez à l'aise pour lui répondre si honnêtement, sans se cacher derrière une excuse de mise, était éloquent. Kanda se demandait ce qu'il avait pour être si béat, d'un seul coup. Effet des hormones, peut-être. Allen était dans une phase de bonne humeur. Le Japonais espérait qu'il attendrait qu'il soit parti pour passer dans la phase déprime totale ou petit con exaspérant. La dernière fois qu'Allen avait été particulièrement irritable s'était mal déroulée, si Kanda se fiait aux gifles qu'ils s'étaient administrés. Quant à le voir abattu, l'alpha n'aimait pas plus. En fait, qu'il reste content, c'était mieux. En dépit de ses débordements affectifs. Kanda pensait cependant qu'il finirait bien par se modérer dans les minutes à venir, quand la vague d'émotion serait passée. Allen se collait à lui, Kanda acceptant son étreinte, la lui rendant. Ils s'étreignaient longuement. Une des mains de l'épéiste caressait le dos de l'adolescent. Se mordant la lèvre, en sachant qu'il allait céder au lien, il posa ses lèvres sur son front.
Allen leva les yeux vers lui mais ne réagit pas, se reblottissant contre lui. Il souriait encore, et ses phéromones empestaient l'allégresse.
Kanda effleurait le front de l'oméga du bout des lèvres. Il les déposa encore. Bordel. Voilà à quoi ils en étaient rendus, avec ce lien, comme deux amoureux transi se faisant des mamours et des papouilles pathétiques… Ça lui donnait tellement envie de rire jaune. Il ricana en outre.
« Qu'est-ce que tu as ?
—Le lien. »
Allen était joyeux, lui aussi commençait à s'égailler. Le blandin eut un soupir, comprenant la relation de cause à effet. L'étreinte entre eux était confortable, ils devaient au moins le reconnaître. Dans un souffle, Allen lâcha :
« Tu sais, Kanda, je me sens vraiment bien avec toi. »
Allen frotta son visage contre son torse, l'air de se retenir de l'embrasser une autre fois. Kanda était trop hébété pour le repousser ou pour réagir. L'écho des mots se répercutait en lui, plus la tendresse qui l'enveloppait tout entier, dans laquelle il se sentait –à regret – parfaitement bien. Kanda n'avait jamais eu besoin de tendresse, jamais eu besoin d'amour ou d'aucune connerie de ce genre. Certainement pas de Moyashi. Mais la façon dont il le lui disait, ses gestes affectueux et le simple fait de le dire… Kanda comprenait.
Le con était en train de s'attacher à lui.
Il aurait pu en être en colère, il y a encore quelques jours. Ça l'irritait, parce que ça l'emmerdait, il ne voulait toujours pas qu'Allen se sente d'insister pour avoir son amitié après. Seulement, il n'allait pas s'énerver. Il était surtout… désolé pour le blandin. Froidement. Parce que quoiqu'il s'imagine, quoiqu'il ressente, Kanda ne pourrait pas lui rendre son attachement, qu'importe qu'il soit réciproque. Kanda s'était promis de ne pas être réellement son ami, et il savait qu'Allen allait souffrir s'il ne mettait pas les choses à leur place.
Lui était carré et concis dans l'objectif de leur relation ; amis pour les chaleurs d'Allen, de parfaits étrangers ensuite. Allen avait beau dire qu'il voulait ça en imaginant que le lien ne parte pas, et dans le fond, Kanda partageait quelque peu cette logique, il ne voulait pas recommencer une autre fois dans une ambiance si électrique. Seulement, en imaginant que le lien partait, il ne voulait pas qu'Allen revienne vers lui. Et il ne voulait pas non plus qu'il essaie après ses chaleurs. Auquel cas, moins influencé et moins domestiqué par les phéromones, Kanda se connaissait très bien, il allait l'envoyer chier, et ils recommenceraient le cercle vicieux de la dernière fois.
Ses propres sentiments pris en compte, Kanda n'avait pas envie de ça. Il voulait que ça soit simple. Autant pour Moyashi que pour lui, dans l'idéal.
Aussi, sans repousser le maudit, il parla fermement :
« Moyashi, j'te préviens. T'attache vraiment pas à moi. »
Allen se figea dans son étreinte, lui donnant un regard d'incompréhension.
« Tu sais très bien, commença Kanda, qu'une fois que tes chaleurs seront finies, y aura rien entre toi et moi. On est pas potes. Alors me sors pas que t'es bien avec moi comme si on l'était. T'attache pas. Sinon, ça te fera du mal, et ce sera ta faute. »
Le maudit se taisait. Kanda eut, un instant, peur de l'avoir blessé… Il chercha à sentir les odeurs émotives négatives, quand bien même il n'y avait rien. Il comprit qu'il se sentait coupable de la dureté de ses mots. Et puis merde, il ne faisait que dire la vérité, alors il ignora ce sentiment. Un autre, une sorte de doute par rapport à la vérité de ses propos, le frappait, qu'il ignora également. Ses émotions voulaient peut-être leur amitié, mais sa raison, que dalle. Allen soupira.
« T'as pas compris, Bakanda. Je veux dire maintenant, je me sens bien avec toi maintenant. Et, » il haussa la voix, « que j'apprécie être avec toi pour l'instant que je vais te demander quoique ce soit après. Je te l'ai dit plusieurs fois, et j'ai promis. »
Kanda le concédait, il l'avait en effet promis. Il ne devint pas plus belliqueux, mais resta ferme.
« J'préfère te le dire, que tu te fasses pas d'illusion. Je m'en fous de te blesser, » ça paraissait cruel, mais Kanda s'en fichait en effet, il n'allait pas devenir baigné de bonnes intentions en un peu plus d'une semaine, « mais ça ne veut pas dire que j'y tiens. Alors je te le dis. »
Allen se tut, le dévisageant longuement. Kanda ne sentait toujours aucune odeur négative.
« Tu peux être à l'aise, on était d'accord, ça, j'm'en branle. Mais t'attends pas à ce qu'on soit amis et à ce que je te dise que je suis bien avec toi. »
Peut-être que c'était le cas, mais il ne l'admettrait pas. Le blandin lui jeta un regard ennuyé :
« C'est juste ce que je veux dire en disant ça, que je suis à l'aise. N'en fais pas toute une maladie. C'est rien de plus que ce que ça veut dire.
—J'en fais pas une maladie, mais m'prends pas pour un con. Y a une différence entre être à l'aise et m'dire avec des yeux de poisson mort d'amour que t'es vraiment bien avec moi. »
Un éclair d'étonnement passa dans les yeux d'Allen, et il commença à rire, Kanda haussant un sourcil.
« Oh, cette expression…, » expliqua l'oméga, « dans ta bouche… avec une voix si froide. Mon dieu, c'est vraiment drôle, Bakanda.
—Putain, Moyashi !
—De toute façon, » répartit celui-ci, « avec mes prochaines chaleurs, si on est toujours liés, autant que je sois bien avec toi le temps qu'on est ensemble. Et inversement. Réfléchis, Kanda. »
L'alpha tiqua. Il se doutait qu'Allen allait lui dire ça.
« J'ai compris que tu pensais ça. Mais t'imagine pas que c'est plus que ce qu'on s'est dit. J'espère que le lien se sera tiré d'ici l'autre fois.
—Kanda, » insista Allen, visage sérieux, « je n'attendrai rien de toi après et je ne m'attache pas à toi. J'espère aussi que le lien sera parti. Je suis juste à l'aise et reconnaissant envers toi. Où est le problème ? »
L'alpha lâcha un profond soupir d'agacement.
« Nulle part. Je tenais juste à remettre les choses à leur place.
—Elles y sont. »
Ils se regardèrent un long moment, toujours plongé dans une étreinte, entre quatre yeux. L'irritation quitta petit à petit les regards, et Allen osa sourire.
« Pour l'instant, on est amis et tu es mon alpha, on est d'accord ? »
À contrecœur, Kanda hocha la tête.
« Alors on peut continuer à se sentir au lieu de faire toute une histoire pour une phrase idiote ? Je la retire, si c'est ce que tu veux. »
Le brun voulait argumenter, asséner qu'il ne faisait pas d'histoire, qu'il resituait simplement la situation, mais il se tut. Peut-être qu'Allen n'avait pas tort. Il n'allait pas se mettre à réagir idiotement. Il était du genre à s'énerver tête baissée en réfléchissant après, mais il l'avait trop fait. Allen sentait l'agacement. Kanda ne savait pas si c'était parce qu'il était vexé ou si c'était son attitude qui l'irritait. Il haussa les épaules, décidant de jouer l'indifférence.
« J'm'en fous. Sens-toi bien si tu veux. »
Allen marqua une seconde d'arrêt.
« T'es pas en colère ?
—Non, Moyashi. Tant qu'on est d'accord sur l'issue de tes chaleurs, ça me va. »
L'oméga hocha la tête et se poussa contre lui. Ses odeurs s'apaisèrent pour diminuer petit à petit, aussi, Kanda l'embrassa sur le front. Allen lui rendit le baiser, au milieu de la joue. Son nez alla se frotter sous son menton, le rasant. Ils passèrent un long moment ainsi, à échanger des gestes doux. L'oméga souriait.
« Je suis content. » Le Japonais leva son visage vers lui. « Je n'aurais pas aimé me disputer avec toi pour quelque chose que j'ai dit sans réfléchir. »
L'alpha leva une main, qu'il posa au sommet du crâne du blandin, sans le lui caresser. Il ne dit mot, montrant par ce geste que tout allait bien. Il choisissait de croire Allen quand il lui disait qu'il avait compris. Au fond, Kanda se doutait qu'il mentait. Cette voix… La façon dont il lui avait dit ces mots… Il y avait une affection qui semblait plus profonde que le lien. Et il avouait qu'il n'avait pas réfléchi. Il lui avait donc déclaré son affection dans l'impulsion du moment, Kanda n'était pas assez idiot pour ne pas s'en apercevoir. Mais peut-être que c'était ça qui l'attisait et que ça disparaîtrait. Kanda choisissait de s'en foutre tant que l'oméga ne le faisait pas chier. Allen sentait bon, ça les calmait tous les deux, c'était tout ce qui comptait. Le temps passa encore. Une demi-heure, une heure complète. Allen sentait l'excitation. S'il s'apprêtait à le soulager, Kanda fut arrêté dans son entreprise.
« Excuse-moi. J-J'ai une question à te poser. »
L'alpha releva la tête. L'oméga semblait perdu et sentait mauvais.
« Hier… On avait dit que c'était une erreur, ce qui a failli arriver entre nous. Je le pense aussi mais… Kanda… »
Kanda se tendit. Allen acheva :
« Je me sens de plus en plus excité, et c'est dur de tenir…. Je sais tout ce qu'on a dit hier, mais si on a un préservatif, tu voudrais bien coucher avec moi ? »
Les yeux gris du maudit le sondaient. Kanda s'étouffa avec sa salive, sentant un certain énervement monter en lui.
« T'as oublié que je te marquerai, si on baise ? Peut-être que ça empêchera le lien de partir. On peut pas le consommer, Moyashi. »
Allen secoua la tête. Il se mordit la lèvre.
« J'ai déjà entendu des histoires…, » avança-t-il, « ce serait déjà arrivé qu'un couple marié voie leur lien brisé avec le temps à force de le négliger… Si on ne s'aime pas, consommer ne change rien.
—C'est des histoires de bonnes femmes, ces conneries !
—Les bonnes femmes n'ont rien à voir là-dedans, ce genre de racontars ont un fond de vérité, Bakanda. »
L'alpha souffla.
« Je ne veux pas te marquer. Tout le monde saura que je t'ai baisé. Tout le monde pensera qu'on est ensemble.
—Pas tout le monde ! » protesta Allen. « Ceux de la citadelle, peut-être. Mais si tu le fais, les gens en dehors ne sauront pas que je suis un oméga, à part s'ils me voient marcher à côté de toi, peut-être qu'ils s'en douteront... Mais si je suis seul... » Kanda sentit son diamètre oculaire augmenter, et Allen s'empressa de nuancer : « Je ne veux pas t'utiliser, mais c'est à ça que ça sert, l'odeur du marquage. Ça protège l'oméga car ça le rend moins vulnérable. Ça pourrait m'aider.
—Alors là, non, Moyashi. » L'alpha s'énervait, la colère rampant lentement dans ses veines, le coupant. « Va pas te servir du lien en trouvant une raison logique au fait que t'aies juste envie de te faire sauter. Tu me convaincras pas dans cet état. Tu raisonnes pas normalement. Tu te rends compte que t'es en train d'essayer de me manipuler pour me conduire à te baiser ? »
Le visage du blandin se déforma sous l'indignation pure et profonde qui l'envahit à ces mots.
« Mais non ! Absolument pas ! Je ne fais que dire une vérité ! Bien sûr que j'en ai envie, je ne me cache pas derrière ça ! J'en ai tellement besoin… » il secoua la tête, s'arrêtant, plissant durement les yeux. Il essayait de se contrôler, mais n'y arrivait de toute évidence pas du tout. L'alpha le voyait. « Je ne veux te forcer à rien, Kanda. Mais qu'on couche ensemble ne t'engage à rien. Réfléchis, s'il te plaît.
—Non, Moyashi. »
Allen secoua la tête, suppliant.
« Je sais qu'on le veut tous les deux, au fond. On en a envie, et on a de quoi se protéger. Je ne vois pas pourquoi on devrait se retenir. Je n'en ai aucune envie, moi. Si c'est ça qui te fait peur, je suis loin d'être assez stupide pour tomber amoureux de toi juste à cause de ça, Bakanda ! »
Kanda grinça des dents, son menton s'agitant en signe de négation.
« Ce n'était pas ça le problème, Moyashi. Je te baiserai pas.
—Pourquoi ?! C'est juste du sexe ! »
L'alpha se taisait. Il n'était pas sentimental et n'accordait pas de valeur aux liens de deux personnes, qu'ils soient physiques, comme celui qui les brimait, ou sexuels. Cependant, dans cet état, pas sûr que Moyashi soit consentent. Pas sûr non plus qu'il soit lui-même à même de décider avec toute sa tête. Kanda gardait ses résolutions de ne pas profiter de l'oméga, de gagner contre le lien, et ne pas se trahir. Il tâchait de ne pas oublier que sans le lien, l'idée de baiser avec Moyashi ne lui serait ô grand jamais venue à l'esprit.
« Je t'ai dit pourquoi hier. On perdrait le contrôle. C'est pas nécessaire, et c'est mieux pour que le lien parte. Je ne te le redirai pas une autre fois, c'est pas la peine d'insister. »
Allen soupira. Il se tut à son tour. Il ne paraissait plus savoir quoi argumenter, si son désir ne partait pas. Kanda le sentait. Une longue minute qui se mua en plusieurs, et Allen le dévisageait, lourd de sens, toujours en serrant les jambes. Kanda attendait qu'il se calme. Quand il jugea qu'il semblait un peu rasséréné, il balança :
« Déshabille-toi, j'vais te soulager, ça va te calmer. » Une pointe de vexation indignée traversa les yeux d'Allen, et Kanda le vit prêt à protester. Il trancha en rentrant dans le vif du sujet : « Tu veux que je te mette mes doigts ? »
L'oméga rougit. Il ne répondit pas, mais il ôta petit à petit ses vêtements. Lentement, les mains tremblantes et hésitantes, mais pas sans une certaine précipitation. Kanda comprenait que son geste signifiait probablement une approbation. Avec une pointe d'égoïsme et de désir qu'il savait déplacé, il espéra que l'oméga voudrait peut-être lui faire une autre fellation, pour le soulager à son tour. Il avait vraiment aimé ça, et ils n'avaient pas recommencé depuis la fois où Allen avait tenu à essayer. Quand Kanda pensait aux sensations qu'il avait eues en pénétrant cette bouche, de doux frissons l'agitaient dans le bas-ventre. S'il n'en montrait rien, Kanda n'était pas un iceberg et était lui aussi sensibles aux stimulations du plaisir. Il n'en ferait cependant pas la requête, il n'avait pas à le faire, ça aurait été totalement déplacé de sa part. Il le savait très bien. Et il se haïssait lui-même pour le désirer. L'oméga n'avait aucune raison de lui faire ça, il n'était pas sien.
Enfin, Allen se retrouva nu. Une érection dressée, déjà rougeâtre, réclamait de l'attention pour lui. Kanda saisit son poignet d'une main, sa hanche de l'autre, et l'attira dans ses bras. L'oméga gémit lors de la rencontre de leurs corps. L'emprise de Kanda s'affermit, tandis qu'Allen abandonnait son poids sur lui. Kanda récupéra sa liberté de mouvement, pour empoigner les épaules du plus jeune. Il essayait de l'amener à se concentrer. Comme toujours, il voulait qu'il lui dise ce qu'il voulait ou le lui fasse au moins comprendre par des gestes. Il ne commencerait rien seul si Allen devenait incohérent, rendu à gémir contre lui. Question de respect et de consentement.
« Moyashi, concentre-toi. J'fais quoi ? »
Allen eut un mouvement d'épaule, une ondulation, qui força Kanda à enlever ses mains. Il put donc bouger à son tour, et attrapa une des fuyantes, la guidant vers ses fesses. Le Japonais vit son regard brûler. Putain, il était complètement dominé par ses instincts. Kanda voyait une absence dans ses yeux. Et s'il était celui qui perdait le contrôle comme les autres fois, s'il se mettait à vouloir le bloquer… Le kendoka s'inquiétait, il l'avait quand même fait deux fois. Il n'était même pas capable d'expliquer comment il raisonnait dans ces moments. Il les vivait comme un trou noir. Tout ce qu'il se rappelait était qu'il désirait l'oméga, qu'il voulait le faire sien et le marquer. Dans ces moments, il voyait Allen comme lui appartenant. Le lien lui dictait sa conduite. Avec le recul, certes, il ne le forçait pas, il empêchait simplement sa fuite et essayait d'imposer son désir de façon non-violente. Ça n'empêchait pas qu'agir ainsi ne lui plaisait pas, car si c'était passif, ça restait une forme de pression, et il se répugnait du comportement d'animal que la menace de ses ruts faisait planer sur lui.
Allen fit en sorte de lui glisser la main entre les fesses, afin de lui faire sentir l'ampleur de son excitation. Il gémit au contact de sa main, son pénis parut en être lui aussi vivifié, et Kanda eut du mal à avaler sa salive. Sa bouche était putain de sèche. Les yeux du maudit le suppliaient.
« Kanda, s'il te plaît, » il joignait les paroles au regard, « s'il te plaît… S'il te plaît… Je… »
Il fit un brusque mouvement de la tête, comme pour chasser une pensée particulièrement embarrassante ou déplaisante. Kanda ne réagissait pas. Il était littéralement paumé.
« Est-ce que tu sens… ? » demanda Allen.
Le brun ne comprit pas. En réponse, le blandin appuya sa main là où elle se trouvait, l'alpha se sentant s'empourprer légèrement. Bordel de merde…
« Je suis vraiment excité, » souffla l'oméga.
Sans déconner, pensait Kanda.
En plus d'être aux premières loges pour le sentir à cause des phéromones, il sentait la substance humide au creux de sa main. Son comportement était lui aussi assez parlant. Le Japonais ne savait toujours pas quoi faire. L'oméga perdait le contrôle. Ça devenait grave. Sa propre instabilité, ça l'emmerdait de l'admettre, le rendait chancelant.
« J'ai… envie de toi, Kanda. »
Le brun fut frappé par la surprise, avalant de travers. Il ne s'était pas attendu à celle-là. Non content de cet effet, Allen continuait.
« J'ai besoin de toi… » il rougissait, dire ces mots le liquéfiait sûrement sous la gêne, Kanda n'avait aucun mal à le deviner, « J'ai besoin de toi en moi… Mon dieu, je n'arrive pas à croire que je dise ça. Kanda… Tu es mon alpha. S'il te plaît, prends-moi. »
La cavité buccale dangereusement aride, Kanda se sentit grogner de rage interne. Ce ton suppliant, ces paroles. Lui non plus n'aurait jamais cru que Moyashi, le Moyashi qui était plutôt prude et réservé, oserait lui dire qu'il avait envie de lui. Qu'il voulait qu'il le prenne. Il aurait pu faire plus vulgaire et plus explicite, c'était encore moins son genre. Choqué, Kanda le ressentait exactement de la même manière que s'il l'avait fait. Le pire étant qu'il n'en semblait pas loin. Il semblait prêt à dire et faire n'importe quoi tant que Kanda cédait à ses supplications. C'était donc de ça, dont parlait l'infirmière. Il ne l'avait même pas touché et il était trempé, son corps paraissait prêt à l'accueillir. Dire que ça ne lui faisait aucun effet aurait été mentir.
Son corps le savait, de même que celui du maudit le savait. Ils étaient liés. Ils étaient, théoriquement, faits l'un pour l'autre. Corps et âme, censés s'appartenir. Ils se désiraient, étaient supposés s'aimer. Tout les encourageait à ça. Quand Kanda pensait que son corps le rendait prêt pour lui… Seulement pour lui… Putain, il avait envie de le prendre. C'était ça, que lui soufflait ses instincts. S'emparer de ce qui lui appartenait. Céder à la tentation. N'est-ce pas le seul moyen de s'en libérer, disait un écrivain ? Oscar Wilde, un truc comme ça. Kanda n'était plus trop sûr du nom. Toujours est-il qu'il le voulait, s'en libérer.
Après sa douche, il s'était rhabillé, sachant qu'il devrait encore sortir pour chercher des victuailles ce soir. S'il avait été plus tard, il se serait mis directement en pyjama, histoire d'être pépère. Heureusement pour lui que ce n'était pas le cas, car même la rigidité de son pantalon ne parvenait pas à atténuer son érection.
Il ôta sa main de l'emprise d'Allen, l'essuyant sur le lit, et lui coulant un regard sévère.
« J'ai déjà dit non, Moyashi. J'sais que tu le veux, mais on peut pas. »
Allen se mordit la lèvre. Ses odeurs s'assombrirent, comme s'il était particulièrement vexé.
« Je suis donc laid à ce point ? »
Le brun tiqua, ne comprenant rien.
« Tu me trouves si moche pour ne pas vouloir me toucher alors que je suis en chaleurs ? »
Kanda était de plus en plus paumé.
« Quand est-ce que j'ai dit que c'est parce que t'es moche ?! »
Le blandin lui jeta un regard blessé.
« Tu l'avais dit le jour où on s'est liés. » Le brun sourcillait toujours autant. « T'avais dit que si tu voulais un oméga, tu irais trouver mieux que moi. Ça veut bien dire ce que ça veut dire, n'est-ce pas ? »
Putain. Les yeux définitivement ronds, Kanda vit rouge.
« M'sors pas ces conneries ! Je t'avais dit que je voulais juste te blesser quand tu me cassais les couilles ! Je réfléchissais même pas à ce que je disais, abruti ! »
Allen eut un reniflement sarcastique.
« Parce que tu me trouves beau ?
—Moyashi, putain…
—J'apprécie la franchise de ta réponse. »
Kanda commença à s'énerver.
« J'ai rien répondu, j'ai rien dit alors me fais pas dire des trucs que j'ai pas dit !
—Alors quoi ? » L'oméga secoua la tête, tentant de se reprendre. Il semblait avoir compris qu'insister pour ça était quelque peu stérile. « Je te plais pas, j'ai compris ! Mais à ce point-là ? »
L'alpha eut du mal à ne pas beugler. Bien sûr que la cicatrice sur son visage attirait l'œil, Kanda l'avait trouvé disgracieux au début. Seulement, à force de voir sa tronche, ça ne l'avait plus choqué, et il n'en avait pas grand-chose à foutre. Il n'avait jamais fait particulièrement attention au physique du blandin, en dehors de ça. Il ne l'avait jamais catégorisé comme étant moche ou beau. Il n'en avait, encore une fois, rien à foutre, et il ne voulait pas commencer à le considérer, d'aucune façon que ce soit. Peut-être qu'il n'était, en définitif, pas vraiment dégueulasse, à des moments, il pouvait être mignon, mais Kanda n'allait pas réfléchir au fait qu'il lui plaise ou non.
« Ça a rien à voir.
—Bien sûr que si, » contra Allen, posément mais avec une voix forte. « Je suis un oméga, je suis ton oméga en chaleurs, je m'offre à toi de mon plein gré et tu me repousses. C'est forcément ça.
—J'te repousse parce qu'on est pas ensemble, que tu pars en couille et que je tiens pas à te violer ! » martelait Kanda, rageant. « Tu comprends l'anglais, bordel de merde ?! »
L'oméga continuait de secouer la tête, refusant ses arguments. Il s'assit sur son bassin, faisant, Kanda le sut, bien exprès de poser son derrière au niveau de son érection. Il fit un mouvement d'avant en arrière, qui le fit gémir, Kanda ayant assez de retenue pour ne pas le faire. Il bloqua les hanches du blandin, l'empêchant de continuer ce qu'il comptait faire. Allen poussa un son rageur, frustré.
« Ce n'est pas du viol, Kanda. Je veux le faire. Je veux que tu le fasses, que tu me marques. J'en ai envie.
—Moyashi… »
Allen baissa la tête, tout son corps tremblait.
« Je veux que ton odeur recouvre la mienne. Je veux que tu sois en moi et que tu… » sa voix était comme enrouée. « te noues à moi. Kanda, j'en ai envie, je veux que tu le fasses.
—Mais tu t'entends parler ?! »
Le brun n'en revenait toujours pas. Sous l'impulsion des phéromones, Allen se lâchait littéralement. Celui-ci eut le visage déformé de colère, s'énervant :
« Merde à la fin ! Je suis l'oméga, alors je n'ai pas le droit d'avoir du désir, c'est mal de ma part ?! »
Kanda bouillonnait, et il devait faire un effort pour ne pas exploser. Cette colère qu'il sentait l'irritait.
« C'pas ça le problème, ça a rien à voir avec le fait que tu sois l'oméga, mais tu m'dis des trucs que tu comprends même pas. Tu réfléchis absolument pas quand tu parles.
—Oh si, je le comprends. Je sais très bien ce que je dis ! Je veux que tu sois mon alpha jusqu'au bout. »
Le regard hésitant se ficha dans le sien, déterminé. Kanda comprenait. À demi-mots, Allen lui avouait qu'il offrait sa virginité, et bien plus que ça, son corps. Il souhaitait carrément endosser son odeur. Être marqué. L'instinct le poussait à vouloir se donner à lui. Une part de Kanda envisagea, l'espace d'un instant, à l'accepter. Parce que les hormones contrôlaient tellement ses réactions que ça semblait vrai. Et qu'il en crevait d'envie. Sa bite au garde-à-vous en témoignait pour lui. Le cul du blandin, assis sur lui, qu'il savait trempé… Quand il se remémorait les sensations de son gland n'osant pas pousser l'entrée inviolée… Il était curieux de ce que ça serait que d'être en lui. D'être noué à lui. Il le voulait lui aussi, malgré une petite appréhension qu'il savait stupide. Il ne serait pas celui qui souffrirait le plus, son inquiétude semblait risible, lui-même se foutait de sa propre gueule intérieurement. Seulement, ils ne pouvaient pas faire ça, ce serait trop compliqué, bien trop à gérer pour eux. Car il y aurait des conséquences, s'ils consommaient leur lien.
« J'peux pas. Je peux pas.
—Donc je te dégoûte ? »
Encore cette question.
« Hé, putain, t'écoute c'que j'dis ?! Si tu continues à faire la princesse, j'vais te foutre une trempe, tu vas redescendre dare-dare.
—Va te faire voir, Bakanda, et je ne fais pas la princesse, je suis un garçon !
—Si, tu fais la princesse vaniteuse ou le petit prince pourri gâté, si c'est ça que tu préfères, » ironisa-t-il, Allen le fixant avec colère, « T'agis comme un gamin, et ça commence à me gonfler. Toi aussi, tu peux aller te faire foutre. »
En colère, Allen cracha :
« J'aimerais bien, justement. »
Le silence retomba. Allen sembla se rendre compte de la portée de ses mots, puisqu'il rougit et eut l'air de vouloir ajouter quelque chose, probablement des excuses, mais il se ravisa. Il serrait les poings et n'osait plus rien faire. Kanda, lui, voyait tous ses doutes évincés, et réussissait un peu mieux à se contrôler.
« J'vais pas te baiser, Moyashi. T'es pas comme d'habitude. Tu délires. Je vais pas te baiser comme ça.
—Tu pourrais si ma crise passe ? Tu pourrais si je regagne le contrôle ? »
À peine la phrase prononcée qu'il se mordit la lèvre. Les tremblements de son corps ne cessaient pas. Kanda savait qu'il ne se contrôlait pas, mais ça ne voulait pas dire qu'il n'avait pas envie de le remettre en place quand il le voyait agir ainsi.
« Moyashi, arrête. Tu commences à me gaver. J'ai promis de ne plus me fâcher après toi mais si tu pousses ça pourrait. Donc tu te calmes, ou j'vais te calmer, j'déconne pas. Que je t'entende me demander encore une fois et tu t'en ramasses une. »
À nouveau, le silence. Kanda poussa Allen à descendre d'au-dessus de lui, le blandin s'allongeant tout proche de lui. Quand il voulut l'attirer dans une étreinte face à face, il se dégagea. Un déferlement d'odeur lui bouffa les narines.
« Pourquoi tu sens mauvais comme ça ? Bordel, t'es vexé à ce point par ce que j'ai dit ? »
Kanda n'en revenait pas vraiment pas d'apprendre qu'au fond, Allen avait était blessé par sa remarque sur son physique. Certes, il savait que c'était con de dire de ce genre de choses, surtout qu'il avait sûrement dû en baver à cause de ça. Il s'en foutait pas mal, mais imaginant qu'il devait avoir l'habitude avec son physique atypique, il aurait imaginé qu'il n'en serait pas marqué plus que ça. Erreur. Comme le reste, Kanda réalisait que cette réaction n'était pas seulement due aux chaleurs, il avait dû réellement en être blessé. Quelque part, c'était logique. Peu importe leur relation, qu'ils s'aiment ou non, pour le principe, personne n'aurait aimé entendre cette remarque de son lié. Kanda avait compris qu'Allen n'avait pas eu de réelle attente. Mais ça ne l'empêchait pas, au fond, d'avoir espéré. Ils en avaient parlé l'autre fois. Allen avait souffert de leur lien. Ça le faisait se sentir coupable, quand bien même il ne pouvait rien y faire.
« Et puis merde, » tempêta-t-il, « j'te plais, moi ? »
Les joues rouges d'Allen et son regard voilé de honte répondirent pour lui… Putain. L'alpha resta choqué. Allen le remarqua puisqu'il répondit sèchement :
« Tu es beau, Kanda. Ne fais pas comme si tu ne le savais pas.
—J'en ai rien à foutre.
—Je m'en fiche aussi, mais ça m'empêche pas de le remarquer. Je veux juste savoir, si j'étais à ton goût, est-ce que tu voudrais… ? »
Il paraissait toujours blessé de la réaction de Kanda. Ce dernier n'allait pas lui répondre. Son refus n'avait rien à voir avec l'absence d'attraction physique, dans son état, bien sûr qu'Allen était un minimum attrayant. Il n'allait pas le lui dire, cependant.
« Ça suffit. J'vais te soulager. Détends-toi. »
Le blandin ne protesta pas quand Kanda l'allongea et se plaça au-dessus de lui. Il avait encore ce regard, avec l'espoir perceptible qu'il le prenne. Kanda ne se sentait pas sur le point de perdre le contrôle, pour une fois. Peut-être parce qu'ils n'avaient techniquement rien fait, mais s'il avait cru qu'entendre Allen le supplier signerait l'anéantissement de son contrôle, c'était l'inverse. Il voyait qu'Allen n'était pas lui-même, donc pas réellement consentant, et il n'avait aucune envie de se le faire dans ces conditions, comme il le lui avait dit. Sous lui, Allen s'abandonnait, se soumettait. Pas totalement, et Kanda ne comptait pas profiter de cette soumission ni la rendre complète. Doucement, il passa une main sur le crâne de l'oméga. Celui-ci ferma les yeux, appréciateur de l'attention.
Sa main descendit, serpenta sur le torse de l'oméga, jusqu'à son pénis gorgé de sang, que l'alpha prit en main.
Il effectua quelques va-et-vient, Allen fermant durement les yeux en cambrant sa tête, les joues rouges et le corps tressautant. Quand Kanda le voyait comme ça, sous lui, offert, il devait avouer qu'il le trouvait presque… adorable. Parce que Kanda Yû ne trouvait rien adorable, ce n'était pas un adjectif qu'il aimait utiliser. Le fait de le faire à l'instant, ça lui mettait les nerfs jusqu'à l'irriter furieusement. En revanche, c'était bien le mot qui lui venait en tête en voyant l'oméga. Il l'attendrissait. Ce n'était pas la première fois. Ses nerfs mis à rudes épreuves se crispaient davantage quand sa conscience lucide lui martelait que ce ne serait pas la dernière. Allen était… mignon. Peut-être qu'il n'était pas beau, au sens propre du terme. Pas parfait, sans défaut. Mais malgré cette cicatrice, ces cheveux qui lui donnaient l'allure d'un vieillard à s'y méprendre, et ce bras-gauche anormal, il ne faisait quand même pas peur à voir et Kanda trouvait les traits de son visage fins. Encore enfantins par certains aspects. Ils formaient un jeune homme en devenir, un jeune homme agréable à regarder, ça se voyait par son profil non-défiguré. Son corps était musclé, preuve d'entraînement.
Bordel, Kanda le réalisait, ouais, quelque part, Allen pouvait lui plaire.
L'étrange affection que les phéromones érigeaient en lui monta brutalement quand il sortit de sa réalisation. Comme si son instinct semblait s'abandonner davantage à l'idée qu'Allen était son oméga. Qu'il était sien. Kanda commença à l'embrasser, ses joues, son cou, les clavicules… Il avait envie de l'embrasser absolument partout. Une connerie de transe dégoulinante dans laquelle il s'embourbait connement. Parce que c'était ce que l'oméga devait vouloir, inconsciemment. Son désir d'affection et de tendresse exacerbé par les chaleurs, l'excitation et la position de vulnérabilité dans laquelle il se mettait trouvait un écho chez Kanda. Allen gémissait à chaque baisers, les mouvements de bras de Kanda se vivifiant. L'alpha se rendait tout à fait compte de ce qu'il était en train de faire. Sa bouche dévalait le corps d'Allen en direction de la main soutenant son pénis. Kanda avait eu cette envie, pour laquelle il s'en voulait encore, d'être pris à nouveau en bouche par l'oméga. Pour l'heure, il avait envie de le lui faire.
La dernière fois, ça avait été particulièrement étrange. Il ne dirait pas qu'il avait adoré le goût de son sperme ni même de son sexe, mais il n'avait pas détesté. Ce n'était pas une substance dont il raffolait, mais il y avait un arrière-goût… sucré. Donc propre à Allen. Sur le moment, Kanda avait voulu le goûter, comme l'oméga l'avait goûté. L'impulsion des phéromones l'avait empêché de s'arrêter. Et il en ressentait à nouveau l'envie. Quand il s'intéressait à la substance humide qui lubrifiait l'entrée de Moyashi, il arrivait d'ailleurs à la sentir, et il était également curieux de ce goût. S'il ne perdait pas totalement le contrôle et commençait à comprendre à quoi s'accrocher pour se tenir, il ne pouvait pas nier que ses actes lui échappaient encore.
La seule chose dont Kanda fut sûr, c'était que Moyashi était une véritable incitation à la débauche.
Allen eut une respiration étouffée quand Kanda arriva sous son nombril, sa main qui ne travaillait pas tenant sa hanche. Il se laissait faire docilement, Kanda s'agenouillant petit à petit entre ses jambes. De timides regards accompagnaient ses gestes. Allen semblait appréhender ce que prévoyait Kanda. Le Japonais chercha son autorisation, et voyant que le plus jeune ne protestait pas, il donna un vif coup de langue sur le gland du maudit, celui-ci fermant les yeux. Dès que Kanda le prit en bouche, Allen poussa un gémissement étranglé, comme découvrant la sensation. Ça ne faisait que la deuxième fois, après tout. Kanda avait le sentiment que sa crise vive augmentait la sensibilité de son corps. Elle était déjà présente de base, car ne servant qu'aux stimulations, les pénis des omégas étaient plus sensibles que ceux des alphas. Et l'alpha se repaissait des moindres sons que produisaient Allen, des moindres tressautements, de son corps qui se cambrait, ses cuisses qui s'écartaient…
Comme toujours, Allen mouillait, et le kendoka s'extasiait intérieurement, bien malgré lui, de cette abondance. Ça excitait son alpha-interne de se dire qu'il se mettait dans cet état-là pour lui. L'odeur de sa mouille titillait les narines de Kanda, de plus en plus. Relâchant le pénis du blandin, il laissa un doigt vagabonder plus bas, entre son périnée et son entrée, dont il trouva le chemin. Il en fit lentement le tour, la massant, et alors qu'Allen gémit d'appréhension, s'attendant à ce qu'il le fasse pénétrer, Kanda porta son doigt à sa bouche. Allen glapit de surprise et gêne mêlée, ne comprenant rien à ce qui se passait.
« K-K-anda… Qu'est-ce que…
—T'es sucré, » répondit celui-ci. « J'en étais sûr. »
Oh, Allen n'aurait pas pu rougir davantage, il n'avait plus un centimètre carré de blanc sur son visage d'ordinaire si pâle. Kanda saisit ses cuisses, amenant Allen à redresser son bassin, mettant son antre à la portée de son visage. L'oméga, encore sous le coup des hormones, haletait sans sembler comprendre. Avec la position, qui n'était peut-être pas des plus naturelle et agréable pour Allen, Kanda était la proie de l'odeur. Il avait envie d'embrasser cet anneau de chair et de le lécher. Cependant, ses envies, largement guidées par ses pulsions d'alpha, n'étaient pas forcément celles de l'oméga. Aussi, alors que Moyashi essayait piteusement de se dresser, chose assez difficile, le regardant, Kanda lâcha :
« J'veux te lécher. J'peux essayer ? »
Allen déglutit bruyamment. Le brun l'avait reposé contre le matelas.
« Kanda, tu… Tu veux vraiment faire ça ? »
Il était incertain. L'alpha soupira.
« T'en as envie, toi, ou pas ? »
Honteusement, Allen hocha la tête. La lueur dans ses yeux reflétait le désir à l'état pur. Ses instincts d'omégas étaient donc réceptifs à ce que proposait Kanda.
« Laisse-moi faire, alors.
—Très bien… »
Allen amorça un mouvement pour se retourner, décidant que c'était vraisemblablement la position la plus avantageuse pour ce faire, mais Kanda l'arrêta.
« J'veux voir ton visage. »
De nouvelles rougeurs apparurent sur les joues de l'oméga.
« Pourquoi est-ce que…
—Ça sera plus facile de voir si je fais quelque chose qui te plaît pas. » C'était à moitié vrai. Il voulait surtout voir ses réactions. « Ça fait mal, dans cette position ? »
Le maudit secoua la tête.
« N-Non, je suis plutôt souple, alors…
—D'accord. Tiens tes jambes, Moyashi. »
Allen obéit, il attrapa ses jambes sous les genoux, arquant de fait le bas de son corps vers le haut. Kanda suréleva ses hanches, terminant d'élever son bassin, et, enfin, approcha son visage de l'anus dilaté. Il tendit la langue, l'organe expérimentant la rencontre avec l'humidité du blandin qui se mordait la lèvre inférieure. Kanda le jugeait encore une fois mignon. Et ça le faisait chier, qu'il soit si mignon. Sa bouche claqua en baisant l'anus, sa langue ressortant à son tour. C'était fou ce qu'il était sucré. Il léchait allégrement, Moyashi gémissant. Ses glandes, que Kanda savait sensible lorsqu'il les caressait, étaient également stimulées par la caresse buccale. Allen lâcha l'une de ses jambes, qui resta néanmoins en place, et essaya de mettre une main devant sa bouche pour cacher les sons. C'était peine perdue. Le Japonais les entendait, et il ne voulait pas qu'il les cache. Il ne savait pas si un oméga était capable de jouir comme ça. Mais s'il faisait des expressions si attendrissantes et que ça lui permettait d'attiser son excitation, Kanda aurait aimé le faire.
Les petits gémissements mal contenus et les regards brûlant de luxure, la timidité certaine, ce membre érigé… C'était une vision que Kanda aimait voir. Il ne l'aurait jamais cru, de même qu'il n'aurait jamais cru que quelque chose de sucré puisse lui plaire. Tout était sucré chez Moyashi. Kanda commençait dangereusement à tomber dedans, au risque de s'y noyer. L'effet qu'il lui faisait le dépassait de très loin. Les odeurs de plaisir, de bien-être, de presque jouissance, s'accentuèrent quand Kanda libéra l'une de ses mains pour masturber la verge d'Allen. L'oméga se débattit sous l'extase qui l'avalait, l'alpha travaillant à lui donner du plaisir.
Souvent, les rapports sexuels entre alpha et oméga étaient imaginés d'une manière inverse.
L'oméga servait pour le plaisir de l'alpha. Il n'était pas là pour en recevoir, ou s'il en recevrait, ce serait à cause de son corps sensible, pas parce que l'alpha se serait dévoué pour ça. C'était comme ça que beaucoup d'alpha se comportaient. Ce n'était pas la première fois qu'il se faisait cette réflexion, mais ouais, Kanda aimait, pour sa part, apporter du plaisir à Allen. Il aimait le voir réagir, savoir qu'il le mettait dans tous ses états, mais pas en abusant de lui. Il aimait prendre soin de lui, au total contraire. C'était les instincts qui réagissaient. L'esprit qui s'emmêlait lui soufflait qu'il le méritait. C'était depuis le début, ça. Mais il soufflait, avec toujours plus d'ardeur, de le traiter comme s'il était sien.
La bouche affairée et les phéromones lui bouffant le nez, Kanda mit quelques secondes à comprendre que la main d'Allen était dans ses cheveux et le repoussait faiblement en arrière. Il se força à arrêter, avec peine, freinant ses instincts et son propre désir.
« Qu'est-ce qui y a ?
—Je… »
Allen rougissait, bégayant. Il jetait des coups d'œil stressés à son bras gauche, et il essayait de cacher ce même profil de son visage dans l'oreiller. Kanda comprenait que sa pudeur refaisait ses siennes, et il commençait à mieux comprendre pourquoi. Ce n'était pas la première fois qu'il le voyait réagir comme ça. Il demanda, plus doucement :
« Qu'est-ce t'as ?
—Je me sens totalement exposé… »
L'alpha soupira. Son corps l'était, oui. Il avait une vue plongeante sur ses parties intimes, sur son visage, et tout le reste. Ce n'était pas une vue particulièrement désagréable. S'en moquant, Kanda trouvait qu'il n'y avait pas de quoi avoir honte comme ça.
« Et alors ?
—Je-
—T'es gêné, Moyashi. Et tu voulais que j'te baise y a dix minutes, hein ? »
Une lueur blessée traversa le regard d'Allen.
« Ne te moque pas de moi !
—J'me moque pas. Sois pas gêné. »
Allen tiquait encore.
« Si c'est trop pour toi, je continue pas. Ou tu veux qu'on change de position ?
—Non, c'est bon. Je veux que tu continues, mais… »
Il se tut, baissant les yeux. Faisant preuve de patience, voulant qu'il dise ce qui n'allait pas s'il fallait ça pour le détendre, Kanda demanda :
« Quoi ?
—Rien… Ne fais pas attention… Je ne sais pas ce qui me prend… »
Kanda décida de ne pas se perdre en questionnement. Il eut un rictus moqueur devant l'expression du blandin.
« T'en fais une tête de con, Baka Moyashi. Tch, t'es mignon. »
L'oméga écarquilla les yeux, le rouge remontant à ses joues, pas qu'il l'ait vraiment quitté. Avant que Kanda ne puisse commencer à pester contre ces mots qui lui échappaient, il reprit son affaire. Désirant accélérer la jouissance du blandin, il continua à le masturber tout en le léchant, ce dernier s'abandonnant au plaisir. Enfin, après quelques minutes, les gémissements d'Allen devinrent plus pressants, plus suppliants – Kanda l'entendait même psalmodier. Il devinait qu'il voulait toujours être pris, et l'implorait de le faire. Allen éjacula dans un dernier cri aigu, qui résonna en un long frisson parcourant la colonne vertébrale de Kanda, le corps tremblant et la respiration saccadée. Il lui apparaissait comme étant toujours si furieusement adorable. C'était tellement frustrant, et tellement puissant, l'envie que ça lui filait de l'encastrer dans le mur. Non, vraiment, l'alpha n'aimait pas ressentir ce foutu attendrissement.
Recouchant le plus jeune correctement, sa bouche parcourut son corps, nettoyant les traces de sa jouissance. Lui aussi haletait, était dominé par son instinct en réagissant ainsi… Mais il ne perdait pas le contrôle. Et de ça, Kanda était fier. Il trouvait l'oméga attendrissant, attirant, et aimait définitivement son goût. Pour autant, Kanda n'en était pas à vouloir le plaquer sous lui et à vouloir le prendre, indépendamment de sa propre volonté. L'oméga avait pris son pied, mais face à ça, il réussissait à se contrôler.
Ils se regardèrent quelques instants, Allen attrapa le drap d'une main tremblante, et s'enroulant à l'intérieur. Kanda comprit qu'il était en train de redescendre. Maintenant, il avait honte de son comportement. Il ne pouvait pas le blâmer pour ça. La bouche sèche, Kanda alla se chercher un verre d'eau, et en tendit un au maudit, qui le but d'une traite, sans le regarder. Il se replongea dans les couvertures. Les odeurs de honte montèrent en flèche. Ne sachant que dire, Kanda se posta à côté de lui, posant une main hésitante sur la forme enroulée dans les draps. Sachant qu'Allen n'allait visiblement pas le faire, avec réticence comme il n'aimait jamais ça, il parla le premier :
« Moyashi, ça va ? »
Le blandin ne réagit pas. Fronçant les sourcils, Kanda s'apprêtait à recommencer, moins aimablement.
« Oui… »
Sa voix était tremblante, comme chargée. Le forçant à se retourner, Kanda vit son visage baigné de larmes, qu'il essayait de cacher, avec un certain choc.
« Mais bordel, qu'est-ce qui t'arrive ?! s'écria Kanda, éberlué. C'est ma faute ? »
Peut-être que sans le vouloir, Kanda avait bel et bien outrepassé sa pudeur et que ça n'avait pas été une expérience plaisante pour Allen. Il s'était peut-être senti humilié par lui. L'idée l'inquiéta. Ce dernier secoua cependant la tête.
« J'ai honte de moi, Kanda. J'ai tellement honte de moi. »
Ça, Kanda s'y attendait et l'avait déjà remarqué. Il ne s'était, en revanche, pas attendu à ce qu'Allen craque comme ça... Mais après tout... Il souffla. Les odeurs blessées l'incitèrent à rassurer l'oméga.
« C'est tes chaleurs. Pas besoin de chialer, c'est la nature. T'as perdu le contrôle. C'est fini maintenant. »
Ils étaient liés, son corps voulait qu'il le marque, il fallait s'y attendre aussi. Sans doute que les hormones excitées d'Allen participaient à son soudain effondrement émotionnel. Kanda leva sa main, qu'il posa au sommet du crâne de l'oméga, essayant maladroitement de le réconforter.
« Arrête de chialer, Moyashi.
—J'y arrive pas, Bakanda ! J'ai tellement honte de ce que j'ai dit, et de ce que j'ai fait. Je déteste mes chaleurs… ! Je ne veux plus jamais être en chaleurs ! »
Allen s'était violemment extirpé de sa poigne, s'enfonçant dans les couvertures. Devant ces lamentations, Kanda ne pouvait que soupirer encore. Il avait beau ne plus le vouloir, il le serait, ça ne changerait rien. Il entoura la forme enveloppée de draps de ses bras. Il fit monter le corps du maudit contre lui, sans ôter les couvertures, se retrouvant avec un Moyashi roulé couché sur le torse. Ça s'était fait trop vite pour qu'Allen ne puisse protester. Le fixant malgré lui, la honte toujours présente, avec ses yeux embués de larmes, Allen ne comprenait pas. Kanda baissa les couvertures de son visage, le déroulant un peu, et il embrassa son front. Le maudit sentit un peu meilleur, ça ne changeait pas qu'il restait humilié de ses réactions.
Kanda reposa sa main au-dessus de son crâne.
« Là, dit-il fermement, c'est fini. Arrête de pleurer, putain. »
Allen s'enfouit contre lui, hochant la tête. Ça n'arrêta pas ses larmes pour autant. Kanda ne l'engueula pas. S'il avait besoin de se vider, qu'il le fasse. Ça irait mieux après.
« Je te remercie de ne pas avoir profité de mon état pour…, » déclara Allen après un moment.
Face à l'expression crispée de Kanda, il se reprit :
« Je sais très bien que ce n'est pas ce quelque chose que tu voulais faire, mais en voyant un oméga comme ça, même moi je sais que n'importe quel alpha aurait…
—Moi j'te respecte, » coupa Kanda, « je suis pas n'importe quel alpha. »
Par-là, Kanda voulait simplement dire qu'il était lui. Et en effet, il n'avait aucune envie d'abuser d'Allen, bien au contraire. Les yeux de l'oméga restaient accrochés aux siens.
« Je sais. C'est pour ça que je suis content que ce soit toi. »
Pour toute réponse, Kanda lui donna un autre baiser sur le front, Allen souriant en réponse. Il restait émotionnellement perturbé, ça se sentait, mais se rassérénait. Kanda mit ses bras autour de lui, le serrant, lui et les draps qui l'entouraient toujours. Allen finit par remuer au-dessus de lui et par s'en extirper, sa nudité côtoyant son corps encore vêtu, l'énorme boule de tissu tombant du lit en le quittant. Sans s'en préoccuper, il ne jetait pas de coup d'œil désemparé à son propre corps, plus à l'aise. Kanda reprit son étreinte, et ils restèrent un moment comme ça. Un sentiment de gêne flottait encore. Logique.
« Tu veux que je te soulage, moi aussi ? »
L'alpha secouait la tête.
« Nan. J'veux pas que tu fasses ça alors que tu viens de chialer et que t'es pas tout à fait calmé. J'irai me branler.
—T'es sûr… ?
—Ouais. »
Allen hocha la tête. S'il n'insistait pas, c'est qu'il ne le voulait pas, et Kanda appréciait encore moins qu'il veuille se forcer parce qu'il s'imagine devoir lui rendre la pareille. Il durcit son regard.
« C'pas une obligation, que tu me soulages, tu sais.
—Je sais, mais je voulais juste te faire te sentir bien, toi aussi.
—Tu le feras quand tu le voudras vraiment.
—Désolé-
—Que je t'entende t'excuser pour ça et je te la mettrai pour de bon, cette trempe, » s'irrita Kanda, « Je te l'ai promis si tu faisais l'idiot. À moins que t'aies envie d'avoir la fessée, Moyashi ? »
Son rictus était moqueur, et il était sarcastique. Il plaisantait, naturellement. La réaction du blandin fut amusante, comme escompté.
« BAKANDA ! » s'écria Allen, outré. « Je croyais que tu me respectais !
—Je respecte pas ta connerie. »
Le blandin le fusilla du regard, grognant.
« C'est comme dans ce livre nul. Je déteste l'idée que des alphas se sentent autorisés à traiter leurs omégas comme des enfants.
—J'en ai lu aussi, des conneries comme ça, » rétorqua le Japonais, son rictus sardonique se muant en un rictus sadique, « je n'aime pas ça non plus, mais un certain Moyashi mériterait bien sa fessée.
—Comme si j'allais me laisser faire et c'est Allen ! »
L'alpha secoua la tête, redevenant sérieux.
« Alors t'excuse pas pour une connerie. »
Hochant à nouveau la tête, ayant bien compris qu'il s'agissait là de taquinerie, l'oméga fut celui qui baisa la joue de l'alpha. Il rougit en le regardant.
« Hm… Kanda… Tu as dit quelque chose, tout à l'heure. »
L'alpha le regarda sans comprendre.
« Tu as dit que j'étais mignon. » Allen était littéralement cramoisi, tandis que Kanda sentait ses propres joues chauffer. « C'était… vrai ? »
L'alpha dut faire un effort pour ne pas s'enrager tout seul. Il aurait bien aimé que Moyashi ait oublié. Mais avec le manque de confiance en lui sur son attrait physique, entendre cette phrase-là, de lui, en plus, ne serait pas oublié. C'était à parier.
« C'était sur le moment.
—Je vois. »
Allen n'insista pas, se couchant sur lui, mais il semblait tout de même déçu. Honteux, aussi. Kanda laissa ses pensées lui échapper :
« T'es complexé à ce point, hein ? »
L'oméga fut celui qui le regarda sans comprendre.
« La cicatrice et ton bras. Tu te trouves si dégueu ? »
Allen observa un silence. Évidemment, depuis toute son enfance, il avait ce bras difforme, et il avait souffert du regard des autres. La cicatrice de sa malédiction était venue bien après, mais ça n'empêchait pas qu'à force d'avoir un physique qui ne passait pas inaperçu et d'être zyeuté avec méfiance, il complexait, en effet. Pour son visage défiguré, il se rendait bien compte que ses traits n'étaient pas des plus magnifiques à cause de ça. Comme depuis tout à l'heure, dans tout ce qu'ils avaient fait, il en était si gêné en le pensant, Kanda l'avait traité avec respect et s'était bien occupé de lui, il décida d'être honnête.
« Je sais très bien ce que les gens pensent en me voyant. »
L'alpha observa un silence. Allen n'en dit pas plus. Cette simple phrase expliquait tout.
« C'était sur le moment, finit par dire Kanda, quand j'disais que t'étais mignon. Mais ça veut pas dire que je le pensais pas. »
Allen dressa son regard sur lui, n'osant pas envisager l'idée, l'espace d'un instant, qu'il puisse plaire à Kanda. Un alpha si beau, qui n'aurait aucun mal à se dégoter un oméga mieux que lui. Il le lui avait dit. Quand bien même il venait aussi de lui dire qu'il était mignon, ça ne voulait pas dire qu'il le trouvait beau, ni attirant. Cependant… Allen se contentait de ça pour être réjoui. Pour l'instant. Ces paroles venaient quand même du Bakanda. Un autre baiser claqua sur sa joue, et Allen sourit. Il était toujours gêné, en pensant à ce qu'ils avaient partagé. Il rendit le baiser à l'alpha, mécaniquement. Cette mécanique n'était toutefois pas déplaisante. Loin de là.
Il se dressa au-dessus de l'alpha, se rendant compte qu'il exhibait ainsi son corps nu dans son entièreté, mais s'en fichant. Kanda posa les mains sur les flancs. Allen eut du mal à réprimer un frisson. Ce contact était plaisant.
« Quand je disais que j'étais bien avec toi et que je suis content que ce soit toi, c'est vraiment sincère, Bakanda. Alors je sais que tu ne veux pas qu'on s'attache et qu'on soit vraiment amis, mais je suis simplement heureux que ça se passe bien entre nous, car j'apprécie la façon dont ça se passe… Et j'espère que toi aussi. »
Allen se tut, plus anxieux de la réponse de Kanda. Il aurait pu ne pas dire ça, et il craignait que ça aille trop loin pour Kanda. Que ça soit trop direct sur ce qu'il ressentait, que ça l'exprime trop clairement. Entendre que Kanda ne partageait pas son ressenti, qu'il était le seul à apprécier leurs échanges, l'aurait vexé. Il était prêt à faire en sorte de ne pas le montrer. Il parvenait à prendre du recul sur ce qu'il ressentait et à comprendre que Kanda puisse ne pas penser ça de son côté. Ça ne l'empêchait pas d'espérer que si.
« Y aura rien après. »
La réponse tomba, mais Allen s'y attendait.
« Mais ouais, » le blandin n'en crut pas ses yeux, Kanda achevant, « moi aussi, je préfère que ça se passe comme ça qu'autrement. »
Son 'ouais', le fait qu'il apprécie que ça se passe comme ça… Il ne le niait pas, et ne rejetait pas ce qu'ils partageaient. Allen s'en sentit, bêtement, heureux. Car Kanda avouait à demi-mot qu'il l'appréciait peut-être. Il sourit, vaguement amusé :
« Si je te dis que j'ai vraiment envie de te faire te sentir bien, maintenant, tu te fâches contre moi, Bakanda ?
—T'es vraiment sûr, Baka Moyashi ? »
Allen progressa vers la ceinture du kendoka, la débouclant. Il ne loupa pas l'éclair de désir dans les yeux du brun, se doutant de ce qu'il voulait. Il avait beau être peu expérimenté, Allen n'était pas idiot et commençait à comprendre le langage du corps. Celui des phéromones, et de Kanda, aussi.
« Je suis sûr, et je m'appelle Allen, Bakanda ! »
Kanda récupéra son éternel rictus moqueur, passant quand même une main douce dans ses cheveux. Allen rougit au contact, l'appréciant, et décida de faire de son mieux pour apporter du plaisir à l'alpha à son tour. Hormis le fait qu'il ne digérait pas d'avoir supplié Kanda d'avoir des rapports sexuels avec lui, ils étaient enfin à l'aise avec le sexe, et Allen réalisait qu'il avait eu raison.
Dorénavant, leur relation s'améliorait, en termes d'entente et de proximité. Allen restait juste nostalgique de se dire qu'aujourd'hui et demain étaient leurs derniers instants ensemble.
À suivre...
Petite apparition de Lavi et Lenalee, ça faisait longtemps :p.
Allen a totalement perdu le contrôle, cette fois, et Kanda s'attendrit encore, tout en se reprenant un peu. Ça finit donc par devenir "plus vrai", tout en étant toujours sujet à caution. Je vous invite à être attentifs au fait qu'il y a vraiment une évolution de son personnage au travers de ces scènes, à la fois dans ce que le lien lui impose avec les suggestions, mais dans ce que ça révèle de lui : je parlais d'une autre interprétation, disons que ça montre un peu ce qu'il pourrait y avoir sous l'iceberg, s'il n'était pas si brisé et empli de colère. Évidemment que c'est exacerbé dans ce contexte avec le malaise créé par la situation qui les a poussé à s'appuyer l'un sur l'autre et les influences. Il reste maladroit et rustre, ses sentiments d'hostilité, bien qu'endormis, sont encore là. Mais il est capable d'implication lorsque c'est important, car il finit par développer un certain intérêt pour Allen, si ce n'est pas de l'amour ni une réelle amitié. Par le lien, mais aussi par ce qu'ils ont vécu, le récit a pas mal mis en avant cette idée : les événements qu'ils ont traversé l'ont, finalement, amené à le voir autrement, ainsi qu'à s'inquiéter pour lui, à avoir réellement envie de l'aider. Il est vraiment en train de s'attacher ! C'est pour ça qu'en plus de son intérêt, Kanda développe une sorte de "tendresse" à l'égard d'Allen, qu'il se laisse faire, mais qu'il est perdu sur ce qu'il ressent et continue à râler de manière un peu ridicule, ça parodie le concept, et en se plaçant dans l'optique psychologie du perso, il se donne bonne conscience comme ça, car il a du mal à se positionner.
De son côté, Allen a, lui aussi, vraiment fini par apprécier Kanda à cause des attentions qu'il a eu pour lui, et il commence à s'avouer qu'il veut plus. Par contre, malgré tout ce que j'ai dit et même si Kanda hésite et se pose des questions, allant même jusqu'à plaisanter avec Allen, il n'est pas aussi proche d'accepter leur amitié que lui et se repose encore beaucoup sur son choix de rétractation pour s'autoriser à lâcher prise. Il est carrément dans le déni à ce stade X).
Quant à savoir si leur relation va vraiment évoluer ou pas... vous verrez ! ;) De même, je sais que j'en ai frustré quelques uns avec la feinte du dernier chapitre, dont je ris encore dans mon coin, je l'avoue XD. (On est sadique ou on ne l'est pas ;).) J'imagine que ce chapitre vous aura frustré aussi x). Mais j'avoue que concernant le dernier chapitre sur les chaleurs d'Allen, j'ai envie de vous poser une petite question : est-ce que j'ai déjà présenté le fait qu'ils couchent ensemble comme un élément super important de l'histoire pour mon scénario, à ce stade ? x) En bref, tout est encore possible haha ;p.
Du coup, ce vendredi, dernier chapitre sur les chaleurs d'Allen ! Il sera moins un peu long, mais dense en terme d'actions :). Puis après ça, deux autres gros chapitres avant le petit épilogue... On approche de la fin de la partie 1, ça me fait tout drôle x). Extrait page FB mercredi, et du chapitre 29 jusqu'à la fin on repart au rythme extrait mercredi/chapitre vendredi ^^.
J'espère que ce chap vous a plu ! :D
N'hésitez pas à laisser un petit commentaire pour me le dire ou réagir à certaines choses si vous avez des remarques à faire :).
Merci d'avoir lu !
