Hello !

Les choses sérieuses commencent dans ce chapitre ! J'espère vraiment que vous aimerez la façon dont ça avance :).

Merci à Ookami97 pour la correction ! :D

Bonne lecture !

Réponses anonymes :

Benben26 : Merci à toi :D !

Hasunohana : Réponse dans ce chapitre ;) ! Merci à toi en tout cas ^^ !

Guest (Ch1) : I don't know if you will read this since you said you didn't understand French, but I just wanted to say that unfortunately I'm not good enough at expressing myself in English to translate this myself, so no there isn't English version :/. Anyway I'm glad that my story piqued your interest in the first place :).


« Vous êtes pas sérieux ? »

La voix rauque de Kanda brisa brutalement le silence. Allen, quant à lui, était trop choqué pour réagir.

« Vous voulez faire des expériences avec nos Innocences ? »

L'alpha s'énervait, maintenant. Allen était muet. Si l'envie de gueuler était présente, les mots se coinçaient dans sa gorge.

Komui avait bien dû faire un compte-rendu personnel sur les changements dont ils lui avaient parlé en rapport avec leurs Innocences. Mais l'Inspecteur de Central n'était pas dupe. Il savait en outre que le lien, dans le cas de deux exorcistes, se répercuterait forcément à plus grande échelle. C'est ce qu'il venait plus ou moins de leur expliquer. Luberrier décrivait ce qui leur arrivait comme un véritable atout à exploiter. Mettre leur synchronisation à l'épreuve comportait pourtant des risques pour eux, Komui les avait mis en garde. Luberrier désirait qu'ils mêlent leurs Innocences, les combinent à un niveau plus haut que ce que permettait déjà le lien. Il paraissait particulièrement intéressé par le cas de Kanda, sans qu'Allen ne sache pourquoi. Certains sous-entendus dans son discours le troublaient. Le blandin comptait interroger Kanda après. L'épéiste paraissait mal à l'aise, l'oméga ne savait pas s'il lui parlerait, mais c'était trop bizarre pour qu'il feigne d'être sourd. Quant à lui, il était symbiotique, et l'hôte du Quatorzième. Bien sûr qu'améliorer leurs Innocences semblait crucial à Luberrier par cette occasion. Il avait aussi statué que ça aurait l'effet de garder le Quatorzième sous contrôle de l'Ordre.

Allen n'était pas contre faire ce qu'il fallait pour accomplir son devoir et éviter l'éveil du Noah. Cependant, la façon dont parlait Luberrier indiquait clairement que c'était lui qui serait contrôlé. Pas ce qui sommeillait en lui. Depuis le début de l'entretien, il avait semblé à Allen que l'homme s'était adressé en particulier à Kanda, comme s'il n'y avait que lui qui avait un pouvoir de décision.

Avec trois alphas dans la pièce, le blandin voyait qu'il n'était, théoriquement, pas en position de force aux yeux de quelqu'un d'aussi vieux jeu que Luberrier. En revanche, il n'en avait strictement rien à faire. Et il n'allait pas se laisser intimider.

« Vos desseins sont donc de me limiter en tout point, inspecteur Luberrier, » commença Allen sèchement, « Je peux savoir comment vous comptez mêler nos Innocences sans affecter nos taux de résonance ? »

L'oméga s'énervait enfin. Il n'allait certainement pas laisser Kanda le faire seul et à sa place alors que ça le concernait. Le visage de Luberrier se durcit.

« Je comprends vos inquiétudes. C'est pour ça que vous vous rendrez devant Hevlaska, elle calculera vos taux de résonance et mesura le potentiel du lien qui unit vos Innocences. On verra s'il est exploitable, ou s'il est encore trop faible. Dans ce cas, il faudra trouver un moyen de le stimuler. Vous êtes familiers des épreuves de synchronisation, Kanda, n'est-ce pas ? »

Allen regarda Kanda avec circonspection. C'était reparti avec ces étranges sous-entendus… Kanda serrait les dents, mais se taisait. Il avait baissé la tête. Allen était étonné de le voir pratiquement faire acte de déférence. Luberrier parla de nouveau :

« Quel est votre choix ? »

L'oméga ne supportait plus de voir toute son attention dirigée vers l'alpha. Il avait envie d'hurler que tout ça l'incluait, qu'il n'était pas simple spectateur et certainement pas un pantin ! Qu'ils soient liés ne le regardait pas, et ça ne voulait pas dire qu'il était sous l'autorité du kendoka, bon sang ! Kanda avait bien remarqué l'irritation d'Allen. Il se tourna vers lui :

« On fait rien sans ton accord.

—Est-ce qu'on a le choix ? »

Allen regarda fixement Luberrier. Ce dernier eut un sourire doucereux.

« Vous avez le choix, oui. Néanmoins, réfléchissez un peu. Ce que je vous demande est pour le bien de l'Ordre. Refuser serait contreproductif. Il s'agit juste de tenter une expérience.

— Évidemment, » rétorqua le maudit, sarcastique et insolent.

Link lui faisait les gros yeux, réprobateur. Aux côtés de Luberrier, il se taisait, tête basse en signe de réduction. Allen devinait qu'il approuvait cette idée. En un sens, en omettant le fait que c'était une idée de Luberrier, Allen jugeait qu'il y avait effectivement quelque chose à faire. Komui lui-même les avait encouragé à développer le lien de leurs Innocences, ils essayaient déjà, ce n'était pas un problème. Seulement, que ce soit lui qui supervise l'affaire… C'était une toute autre histoire, car il ne fallait pas que ça soit au prix de leur santé, physique ou mentale. Kanda ne disait rien. Le symbiotique demanda :

« Quand comptez-vous nous tester ?

—Je pensais demain matin. Essayez de vous entraîner ensemble avec vos Innocences cette après-midi, ce sera mieux si la stimulation est encore récente. »

Ils furent forcés d'acquiescer. Luberrier leur donna congé par la suite. Allen soupira alors qu'ils marchaient vers la salle d'entraînement, peu sûr de comment rebondir sur le sujet.

« Il fait chier. »

C'était l'alpha qui venait de parler. Allen fut surpris, mais ne put qu'hausser les sourcils en signe d'assentiment.

« Il fait vraiment chier, putain » répondit-il.

Kanda eut un rictus, après une brève expression d'étonnement.

« Eh ben, comment tu parles, Moyashi ?

—Comme toi. »

Allen lui tira la langue. À force de traîner avec le Japonais, le maudit laissait sa politesse au placard de temps à autre, c'était vrai. Il arrêta son ami au milieu du couloir, et chercha à se confronter à lui.

« Luberrier a fait des sous-entendus étranges, durant notre entretien. Il a l'air de savoir quelque chose sur toi, et je ne sais pas ce dont il s'agit, mais tu étais mal à l'aise. » Les pupilles de Kanda sursautèrent à peine. Allen le fixa plus intensément : « Tu veux m'en parler ? »

Cette fois, Kanda se déroba en tournant la tête. Il serrait les dents, visiblement pris en traître. L'oméga s'en aperçut et rectifia son discours.

« Tu n'es pas obligé de le faire, mais j'avoue que je suis curieux.

—Garde ta curiosité pour toi, Moyashi, » répondit froidement l'alpha.

Allen sentit ses yeux s'écarquiller. Ça faisait longtemps que Kanda ne lui avait pas parlé si sèchement. Ça arrivait, bien sûr. C'était dans son caractère d'être sec. Mais que ce soit à ce point… Allen se douta qu'il avait heurté un point sensible. À son tour, l'alpha s'aperçut de l'effet de ses paroles.

« On est potes, mais je veux pas parler de ça. Je peux pas. Le prends pas contre toi. »

Le Japonais était ferme. Quelque part, il semblait presque désolé. Pas de ne pas se confier, plutôt pour son réflexe d'être froid, Allen s'en doutait sans mal. Le symbiotique sourit, choisissant de faire comme si de rien était. Après tout, Kanda avait encore du mal à s'ouvrir. C'était trop tôt pour lui.

« Tu n'es pas obligé, je te l'ai dit, » Il lui posa une main douce sur l'avant-bras, qu'il retira très vite. « Je t'ai parlé de mon passé parce que je le voulais. Si tu ne veux pas me parler du tien, ça va. J'étais juste inquiet à cause des commentaires de Luberrier. »

Kanda se remit en marche.

« Laisse. C'est un connard. »

Pour ça, l'oméga était parfaitement d'accord. Pour éviter que l'ambiance ne devienne plus pesante, il lança joyeusement :

« On retourne s'entraîner ? J'ai une revanche à prendre.

—Tu vas encore perdre, Baka Moyashi. »

Allen lui fit un clin d'œil.

« Teste-moi. »


Leurs bâtons venaient de s'entrechoquer. Ils avaient choisi ce mode de combat comme échauffement avant de passer aux choses sérieuses, et ils se donnaient à fond. Ils allaient avoir besoin d'une sacrée douche après tout ça. Se servant de la force de l'élan du Japonais, Allen s'agrippa à son bambou et exécuta un salto, libérant le sien du croisement de leurs joutes. Il en fallait plus à Kanda pour être pris de court, mais il dut modifier son équilibre, aussi, Allen n'hésita pas avant de lui faire un croche-pied. Kanda tomba, puis donna un coup de bâton dans sa direction, réactif. Allen chuta vers l'arrière pour éviter l'attaque. Il se reçut sur son bras libre, contrant par une joute à l'aveugle de celui armé.

Le Japonais se redressait déjà. Allen fut surplombé. Son attaque avait échoué. Il avait manqué de rapidité et ne s'était pas relevé à temps pour prendre l'avantage. Sans abandonner, il roula sur le côté, visant les pieds de Kanda. Ce dernier sut l'esquiver.

« Tes singeries portent leurs fruits, Moyashi. Tu tiens plus longtemps.

—Quand je te disais que j'allais pas perdre ! »

Kanda eut un rictus cynique, le défiant. Allen se mit debout et plongea en avant. Sans succès, sa cible l'évitant.

« Sois pas si confiant, crétin. Et fais gaffe à pas t'épuiser en courant partout.

—C'est toi l'idiot, Ba-Kanda, » insista puérilement le maudit. « Je vais très bien ! »

Kanda attrapa son bras, l'attirant à lui pour le coincer dos contre son torse. Allen lâcha prise, désarmé, son bâton atterrissant juste devant ses pieds. L'alpha était derrière lui, mais il devinait son visage satisfait pour l'avoir acculé. Ce Bakanda criait victoire trop vite. Allen n'allait pas se rendre si facilement. Il se pencha brusquement, entraînant Kanda dans son mouvement, le faisant basculer au-dessus de lui. En deux temps trois mouvements, il avait repris son arme déchue et le menaça.

Allen sourit. À terre, la poitrine du kendoka se soulevait, preuve qu'il fatiguait. Il était en position de force.

« Alors ? »

Le Japonais tira brutalement la pointe du bambou, projetant l'oméga vers lui. D'un rapide appui sur son bras droit, Kanda avait profité de sa chute pour se relever. Leurs positions étaient inversées, et il était celui qui menaçait Allen à présent.

« Pas mal. Mais j'étais pas complètement à terre. N'oublie jamais ça.

—Je ne le suis pas encore, moi non plus ! » s'exclama le blandin, se redressant promptement, prêt à repartir.

Kanda eut un sourire fugace, et un reniflement.

« On s'arrête là. On va s'attaquer avec nos Innocences. C'était que l'échauffement, t'façon. »

Allen hocha la tête. Il avait chaud, et super soif. Il s'ébroua rapidement, prenant une inspiration. Il fallait qu'il vide son sac.

« Ça m'énerve vraiment que Luberrier se mêle de notre lien, » commença-t-il.

Il rougit devant le regard de Kanda. De pure colère en pensant à ce qu'il allait dire.

« Je veux dire, qu'il décide de façon arbitraire de nous imposer quelque chose avec ça, et de se servir de nous comme cobayes… Je ne supporte pas cet homme. » Parti sur sa lancée, Allen n'allait pas s'arrêter. « Il ne parlait presque qu'à toi, se fichait complètement de mon avis ! Ça m'a mis en rogne, et je sais déjà par Link qu'il s'imagine que je suis soumis à ton autorité à cause du lien et de nos statuts. Ce genre de pensées me dégoûte. Je suis vraiment furieux. »

L'oméga toisait Kanda. Il se sentait mieux après avoir exprimé sa rage. Sa facilité à se livrer à l'alpha était encore là, s'il ne le faisait pas tout le temps. Il contrôlait mieux ses émotions et n'en ressentait plus autant le besoin. L'humiliation de l'entretien avec Luberrier pesait sur son corps comme le poids lourd d'un coup, et il fallait qu'il le fasse disparaître. C'était encore là, car il s'inquiétait. Peut-être un peu atténué. C'était déjà ça. L'alpha s'avança. Allen le regarda, sans comprendre. Une main atterrit au sommet de son crâne. Pas une caresse, mais ces contacts maladroits qu'il avait initiés avec lui pendant ses chaleurs, quand il avait peur. Allen manqua de sourire en y repensant. Cette tendresse… Ce n'était pas nécessairement ce dont il avait besoin. Il comptait se défouler par la suite, pour extérioriser sa colère. C'était ça qu'il voulait, par-dessus tout.

Cependant, il ne comptait pas refuser. Il était toujours aussi perplexe des rares gestes de Kanda. Ce dernier s'aperçut de ça, et éloigna sa main. Allen la retint dans la sienne au vol, les yeux du Japonais s'agrandissant de surprise.

« C'est devenu rare, maintenant, qu'on se touche vraiment. » Il l'observait, Kanda faisant de même. « Mais récemment, tu inities plus de contact avec moi. Il y a une raison ? »

Allen demandait avec nonchalance. Sans qu'il ne sache pourquoi, son cœur battait un peu vite. Le lien ? Non, lui. Kanda récupéra sa main, sans brusquerie.

« Je déteste te sentir agité. »

Cette expression avait évidemment son sens littéral. Le maudit opina, le comprenant sans explicitation nécessaire.

« Je vois. C'est tout ?

—Pourquoi y aurait besoin d'une autre raison ? »

Cette fois, Allen fut pris de court. Il recommença à rougir et bégaya.

« Ben, c'est que…

—J'sais juste que t'aimes les contacts. Tu m'en demandes pas vu que tu sais que moi non. Ce que je fais me dérange pas. On est potes, après tout. Ça te dérange, toi ? »

Brutal, le brun était aussi embarrassé, l'Anglais s'en aperçut. Il sourit, trouvant son attitude et ses efforts adorables.

« Bien sûr que non, les amis peuvent avoir des contacts. Franchement, j'aurai plutôt cru que tu serais le genre à qui il faudrait l'expliquer, Bakanda. »

Un regard noir répondit à sa pique.

« J'sais comment ça marche, Baka Moyashi. Et j'sais comment tu marches. »

Allen fut quelque peu décontenancé par cette phrase, qui lui apparut comme vraie. Rassurante, dans les premiers instants, puis un peu effrayante, car c'était la faute du lien. De ce qu'il ne maîtrisait pas. Il haussa donc les épaules, se faisant d'autant plus taquin pour cacher son embarras.

« Crois pas que tu me connais encore assez pour affirmer ça, Kanda.

—Tch. Et toi, tu crois quoi ? »

Le blandin l'admettait, en son for intérieur, il en savait nettement moins sur Kanda que ce dernier en savait sur lui. Ça le peinait, mais c'était comme ça. Ça changerait un jour, quand ils le voudraient tous les deux. Il ricana :

« On est quittes, alors. On va boire avant de reprendre ? »

Le Japonais hocha la tête. Il marcha vers la sortie, l'attendant. Il y a encore quelques temps, le brun ne marquait pas de pause pour qu'il le suive. Maintenant si. Il avait un comportement qui inscrivait davantage leur proximité. À sa hauteur, Allen retint son bras. Il n'avait pas eu besoin de contact tout à l'heure, mais ça commençait à monter. Kanda restait son lié, et l'envie de contact avec lui ne pouvait pas disparaître complètement. Aussi frustrant que ça puisse l'être.

« Ça va te paraître soudain… Mais ça te dérangerait de me faire un câlin ? »

L'alpha tiqua. Ils ne s'étaient pas étreints depuis qu'Allen l'avait demandé, lorsqu'ils avaient décidé d'être amis. Pas une fois en deux bons mois.

« Un échange d'odeurs ? T'es nerveux à ce point ?

—Non, non, » s'empressa de nier le maudit, « c'est juste que… J'en ai envie, sans doute à cause du lien. Ou je ne sais pas. » Il décida d'être honnête. « D'habitude, je fais ça avec Lavi et Lenalee, comme ça ne les dérange pas, mais là… »

Kanda comprit. Il soupira.

« J'suis pas porté sur ça, Moyashi.

—Je comprends, et je suis Allen, pour la énième fois ! »

Il ne mentait pas, le symbiotique n'avait aucun problème avec son refus. Cette demande, quelque peu impulsive et capricieuse, venait de son désarroi récent. Kanda posa à nouveau la main sur son crâne.

« Ça, ça me gêne pas, par contre. »

Allen rougit. Il souriait aussi. C'était mieux que rien. Il appuya son crâne contre la main grande et chaude de Kanda. Leurs regards se croisaient. Le Japonais soutenait le sien, l'air impassible, mais Allen le devinait porteur d'embarras. Était-ce par ce même embarras qu'il refusait l'échange d'odeur, ou était-ce simplement trop tôt pour ça ? Sans doute les deux. L'oméga s'en moqua un peu. Il se rendait compte qu'il espérait beaucoup de choses entre eux, et avait pensé à plusieurs reprises que ce n'était pas le moment. C'était le signe que leur relation progressait, et qu'il leur restait encore du chemin. Ce pourquoi ses espoirs perduraient. Mais ça montrait aussi qu'ils préféraient y aller lentement. C'était une situation difficile pour laquelle ils jugeaient préférable d'être prudents.

Coupant court à ses réflexions, Kanda fit une brève caresse avant d'enlever sa main.

C'est super agréable, ne put s'empêcher de penser Allen.

« Tu vas mieux ? »

L'Anglais hocha la tête. Il gratifia l'alpha d'un autre doux sourire reconnaissant.

Kanda eut un air entendu. Ils partirent se désaltérer avant le grand entraînement. Cela dura un moment. Quand ils se séparèrent, Allen n'allait pas mentir en disant qu'il était rassuré à propos du plan de Luberrier. Leurs Innocences semblaient lutter pour s'adapter ensemble, comme sur le point de se synchroniser. Il se demandait quels seraient les résultats concernant la force de ce lien et sa fiabilité, le lendemain.

Allen décida ensuite de prendre une bonne douche avant de passer la soirée avec Lavi et Lenalee. Il eut une moue contrariée. Il faudrait qu'il parle à Lavi pour lui dire d'arrêter ses idioties, qui plus est.


Kanda et Allen furent convoqués devant Hevlaska le lendemain. Link et Luberrier étaient présents, ainsi que Komui.

Alors qu'il entendait le son métallique que produisaient ses pas contre le sol de la plateforme, Allen ressentait de l'inconfort. Il appréciait Hevlaska, mais il avait toujours été mal à l'aise de la sentir trifouiller son bras pour sonder sa compatibilité.

Bien vite, ils se mirent en position. Hevlaska souleva Allen, comme elle l'avait fait à son arrivée à l'Ordre. Dans le cas de Kanda, il avait donné Mugen. Derrière la barrière, les trois alphas et le bêta l'observaient. Allen s'abandonna à l'Innocence géante. Instantanément, il put sentir le fort courant énergétique traverser son corps, comme une vague de chaleur. Quoiqu'un peu fraîche, quand elle cessait de circuler d'un point à l'autre. Il accrocha son regard à celui du kendoka. Mugen était elle aussi sondée. Allen se demandait ce que ça faisait, pour un non-symbiotique. Est-ce que Kanda ressentait lui aussi un flot d'énergie, cette sorte d'élancement particulier ?

L'opération durait quelque peu. Hevlaska demeurait muette. Telle était l'ambiance de la salle. Tous faisaient preuve d'un silence monacale. Puis, Hevlaska tendit sa grande main, celle qui tenait Mugen, vers Kanda.

« Activez vos Innocences pour que je puisse mieux la mesurer. »

Le Japonais se saisit de son katana, s'exécutant immédiatement. Et Hevlaska le souleva à son tour.

Dans un mouvement lent, Kanda fut amené devant Allen. Ils se regardèrent, l'oméga essayant de se détendre en activant lui aussi la sienne. Sentir l'odeur de l'alpha plus proche de lui provoqua en effet une sensation apaisante. Aux yeux légèrement surpris du brun, Allen devinait qu'il expérimentait lui aussi le flux d'énergie maintenant qu'il était en possession de Mugen. Bien vite, un halo de lumière se forma entre eux.

Les deux liés furent happés par son attraction hypnotique. Allen inspectait les perles sombres de Kanda, étonné des sensations qui l'envahissaient. Kanda recherchait aussi les siennes, inexpressif. Malgré lui, le blandin ressentit une attirance certaine pour Kanda. Il en fut submergé. Des émotions étranges naissaient en lui. L'alpha cligna des yeux, avec une moue contrariée – de courte durée, deux secondes, mais Allen l'entrevit. Il expérimentait sûrement les mêmes choses. Allen était gêné, sachant qu'ils n'étaient pas seuls. Ça faisait comme le premier jour où ils s'étaient liés. Une attraction étrange. Après la première fois que Kanda avait eu une mission et qu'Allen était resté sans lui, il avait ressenti cette insoutenable fascination.

Transcendante, envoûtante, déstabilisante. Et incontrôlable.

Allen sentit qu'il commençait à rougir, tant les sensations devenaient fortes. Son bas-ventre lui fit l'impression de se tordre. Il ferma les yeux sous la sensation. C'était comme si ce qu'Hevlaska faisait influençait aussi leur lien physique.

Les Innocences étaient liées à leurs propres âmes, et le lien qui les attachait l'un à l'autre également. L'examiner semblait mettre une sacrée pagaille.

Instinctivement, Allen sentit sa main libre qui se tendait vers Kanda. Kanda tendit la sienne aussi, comme un automatisme. Le halo les entourait encore, paraissant briller plus fort. Leurs doigts se frôlèrent, sans se toucher, sans plus de contact.

Il allait saisir la main de Kanda quand la synchronisation se stoppa, avec elle l'attraction démesurée. Une certaine honte la remplaça, comme une douche froide. Le Japonais agissait comme si de rien était, et Allen dut faire un effort qui lui parut surhumain pour refouler sa gêne et ne pas bouillir sur place. Il eut envie de s'enterrer. Hevlaska les reposa de l'autre côté de la barrière. Le maudit pria pour que son visage ne soit pas tout rouge, et évita soigneusement les regards en se concentrant sur l'Innocence.

« Alors, ce résultat ? » pressa la voix de Luberrier.

Hevlaska ouvrit la bouche :

« Leur lien est fort. » Allen échangea un coup d'œil contrarié avec Kanda. Ils espéraient toujours qu'il parte, il ne fallait pas l'oublier. « Il s'étend bien jusqu'à leur Innocence.

—Est-ce quelque chose d'exploitable ? »

Cette fois, c'était Komui qui avait parlé. Il s'intéressait, en scientifique curieux.

« Les Innocences sont elles aussi en train de se lier. C'est encore léger, mais ça se forme véritablement. Elles se reconnaissent et développent une sorte… d'empathie l'une pour l'autre. »

Allen se demanda ce que ça voulait dire. Hevlaska précisa d'elle-même :

« C'est comme si elles s'appréciaient.

—Pourraient-elles atteindre le niveau de ces exorcistes connus pour la combinaison de leurs Innocences ? Ça s'est produit dans ce siècle, vous devez savoir de qui il s'agit. »

Tout en parlant, Luberrier jeta un œil sur Allen et, surtout, sur Kanda. Hevlaska toisa elle aussi le kendoka, troublée.

« Mugen pourrait peut-être l'endurer. Mais Crown Clown…

—La synchronisation entre Walker et son Innocence est forte, n'est-ce pas ? Sa synchronisation n'est pas altérée par la présence du Noah ? »

Hevlaska pinça ses lèvres. Ce qui fut une grimace quelque peu étrange sur son visage gigantesque.

« Sa synchronisation reste naturellement élevée. Vous n'êtes pas sans savoir que dans le cas d'un symbiotique, sa vie est directement en jeu. L'Innocence puise dans la vie de l'hôte, et si ça dépasse ce que son corps peut supporter…

—Le cas de Kanda Yû est aussi particulier, je suis d'avis que Walker pourrait s'adapter, » coupa le vieil Anglais.

Kanda fusilla Luberrier du regard et serra les dents. En plus du fait qu'on ne lui demandait – évidemment – pas son avis, Allen réalisait que leur lien les mettait dans une sacrée merde. Plus grande que tout ce qu'il aurait pu envisager. Avec les possibilités qu'il offrait à l'Ordre, ils n'étaient plus libres de le gérer comme ils le voulaient. Ils devenaient des phénomènes à exploiter. Tels étaient les mots que Komui avait employé, sans malveillance dans son cas. Pour cette affaire, Kanda n'avait pas son mot à dire, lui non plus. Luberrier parlait d'eux comme s'ils n'étaient pas là, prenait des décisions sans scrupules et sans aucun égard pour leurs personnes. Ils étaient tombés entre les mains d'un tyran. Ça le terrifiait.

Hevlaska reprit, visiblement mise mal à l'aise par le ton dur du quinquagénaire :

« Il est possible que Kanda subisse aussi les conséquences de mêler complètement leurs Innocences, vu sa situation. Leur lien est si fort que l'étendre davantage pourrait devenir néfaste pour eux. Il ne faudrait pas les mettre en danger. »

Avec ce qui portait tous les traits du courage, Hevlaska tenait tête à Luberrier. N'étant pas homme à se laisser contredire, ce dernier trancha abruptement :

« Ils ont agréé avant de venir. Ce sera tenté. Si leur lien est puissant alors qu'ils ne l'ont de toute évidence pas encore consommé, ça a des chances de marcher. Ça pourrait devenir une arme dissuasive contre l'ennemi quand ils l'auront renforcé. Nous ne pouvons pas laisser passer ça. Nous avons une guerre à gagner. Chacun devra y mettre du sien, et faire tout ce qui est nécessaire. Surtout vous, Walker, si vous voulez prouver votre bonne foi. »

Luberrier planta un regard disséquant pour l'oméga et l'alpha. Le silence, lourd, se fit. Le visage en feu, Allen bouillonnait sur place. Même Kanda semblait mal à l'aise. Komui les observait derrière le verre de ses fines lunettes, gêné pour eux. Link était d'un calme placide, bien qu'il se soit vaguement tourné vers Allen, au fait de son état d'esprit. L'oméga mourrait d'envie de faire un scandale. Luberrier avait, par sa seule prestance, écrasé tout le monde ici. Cet homme avait le don de mettre ses interlocuteurs en mauvaise posture et de les rabaisser six pieds sous terre. Ça semblait lui faire plaisir. Il ne les épargnait nullement par ses mots. Son sous-entendu… Il les encourageait à consommer. Limite si ce n'était pas un ordre. Allen ressentait un malaise profond. Oh, il avait bien conscience d'être sur la sellette à cause du Noah en lui, qui représentait un lien au camp adverse. Que l'Ordre se mêle non seulement de leur lien mais lorgne aussi sur leur sexualité le bloquait complètement. Il savait qu'il était perçu comme dangereux, mais voir que Central était prêt à tout pour le contrôler… Même à envahir son intimité…

Il voulait bien approfondir le lien de leurs Innocences, mais ça, c'était privé ! Personne n'avait de commentaire à faire ! Surtout pas ce vieux gâteux de Luberrier ! C'était de la folie, il ne pouvait pas les obliger à se marquer ! Allen s'enrageait. Il n'avait jamais autant haï quelqu'un de toute sa vie.

Pendant qu'il perdait contenance, Luberrier reprit nonchalamment :

« Monsieur Lee, nous mettrons au point un entraînement pour Walker et Kanda dans les jours à venir, afin de développer l'affinité de leurs Innocences. Howard l'encadrera et fera des rapports. Nous verrons bien si cela fonctionne ou non. Vous pouvez disposer. Il va sans dire que vous resterez à l'Ordre une semaine ou deux. Continuez vos entraînements. Howard, suivez-moi. »

L'homme commença à partir. Link obéit, coulant un regard désolé sur le maudit.

Komui posa une main sur l'épaule d'Allen en quittant la pièce à son tour. Restèrent Kanda et son expression renfrognée, Allen avec sa gêne, ainsi qu'Hevlaska.

Allen s'apprêta à dire au-revoir à l'Innocence géante, qu'il appréciait, mais celle-ci s'adressa à eux.

« Vous pourriez faire de grandes choses, avec un lien si fort. Vous êtes extrêmement compatibles, sachez-le. J'ai tu cela devant Luberrier.

—Merci. »

Elle leur souriait. Allen la remerciait par politesse, mais c'était plus désarçonnant qu'autre chose. Il fut pensif. Le Japonais sembla l'être lui aussi. Tout cela ne les enchantait guère.

« On y va, Kanda ? À la prochaine, Hevlaska ! »

Un 'Tch' sec lui répondit. L'alpha s'éloignait déjà, Allen se dépêchant à sa suite.

« Tu es en colère ? »

Ils s'engagèrent dans le couloir. Kanda soupira.

« Pas contre toi.

—Je sais. Moi aussi, je suis en colère. »

Le Japonais marqua un temps d'arrêt. Puis sa main se posa sur son crâne. Sans savoir pourquoi, Allen fut frappé par un plaisir décuplé comparé à l'usuel. Sans doute à cause de ce remue-ménage dans ses émotions. Le brun eut l'air décidé.

« Qu'importe si le lien est fort ou pas. On arrivera à le briser. Si on peut pas, on le laissera pas dicter nos vies. On laissera pas Luberrier le faire non plus. C'est une promesse, Moyashi. »

Allen hocha la tête avec un sourire quelque peu mauvais, en pensée à cet être détestable.

« C'est une promesse. On se battra. Et, » dit-il en toisant sévèrement Kanda, « je m'appelle Allen.

—Je t'ai dit mille fois que tu resterais Moyashi pour moi.

—Va te faire voir, Bakanda ! »

Allen chassa la main qui flattait ses cheveux mais rit quand même.

« Je vais rejoindre Lavi et Lenalee, » entama-t-il calmement, « tu veux qu'on se voit demain ?

—On est coincés ici, et l'autre con nous a presque ordonné de nous entraîner. Donc ouais. »

L'oméga hocha la tête devant cette amorce d'assentiment.

« À demain, Kanda ! »

L'alpha partit sans répondre. Allen sentait que les lendemains risquaient d'être difficiles, à partir de maintenant. La différence par rapport à la crainte que ça aurait pu lui inspirer auparavant était la suivante : il était plus que déterminé à résister, et, conformément à sa promesse, se battre.

À suivre...


L'ambiance s'installe ! Fight lien vs Allen & Kanda version 2.0 ! J'avais dit que les Innocences deviendraient un élément de l'intrigue (parmi d'autres haha, tout ne tournera pas autour de ça ;D), et le lien s'est encore renforcé ! Luberrier est toujours autant un salaud, et ça ne va pas s'arranger. De même, maintenant qu'Allen et Kanda ont la pression sur leur relation à cause des attentes de l'Ordre vis-à-vis de leur lien, les pauvres vont être un peu freinés x). (Mais vous verrez bien ce qui se passera ;))

Reviews ? N'hésitez pas, comme toujours, ça fait plaisir, et j'espère en tout cas que les scènes dépeintes ici vous ont plu ! ^^

Merci d'avoir lu !