Hello !

De nouveau après un petit intervalle on repasse au Yullen, et je pense que ce chapitre risque de vous plaire... Du moins je l'espère :p !

Merci à Ookami97 pour la correction !

Bonne lecture !


Allen sauta sur ses pieds, évitant de justesse le mouvement traître du bambou de Kanda pour le faire chuter. Il raffermit son emprise sur le sien et chargea, essayant de prendre le Japonais à revers à son tour.

Petite vengeance.

Un sourire goguenard s'afficha sur ses lèvres, l'épéiste l'imitant. Son bambou toucha Kanda au dos, celui-ci s'arquant en arrière. En attente d'une réaction de sa part, Kanda s'immobilisa, en garde. Pourtant, Allen se sentit soudain comme s'il était dans les vapes. Cela semblait difficile à croire, mais les odeurs se propageaient d'un mur à l'autre, endormant sa concentration. Il lutta pour se recentrer sur le combat. Il effectua une joute avec son épée de fortune. Son adversaire fut touché à l'épaule. Le blandin émit un sourire victorieux.

Mais il n'avait pas encore de quoi se réjouir.

L'alpha frappa, le coup tombant sur sa hanche. Ne se laissant pas abattre, Allen se recula précipitamment de côté et Kanda lui répondit par une nouvelle charge.

Le coup fut transversal, Allen en tomba pour ne pas qu'il s'abatte sur lui. Il put le bloquer de justesse avec la longueur de son bambou, ayant bien du mal à lutter depuis le sol. Le corps de Kanda se penchait vers lui pour le forcer à lâcher prise et le maintenir. Allen le repoussa, pieds contre son ventre, dents serrées sous l'effort musculaire multiple. Il avait beau le pousser, Kanda ne bougeait pas d'un poil, comme s'il était en béton ! Ce n'était pas la première fois qu'il s'en émerveillait, mais Kanda était très fort. Allen avait de la chance de pouvoir apprendre de lui. Au détail près qu'il savait lutter lui aussi. Il était de taille, et quand bien même, il ne laisserait pas leur écart de force le dissuader. Il perdait souvent, que ce soit au corps à corps, avec les sabres, et avec les Innocences. Son ami lui avait redit, entre deux moqueries, qu'il s'améliorait. Et il avait lui-même constaté à plusieurs reprises que leurs combats étaient de moins en moins expéditifs.

Cela signifiait que les entraînements portaient vraiment leurs fruits. Il fallait dire qu'ils le faisaient souvent. Ces derniers temps, hormis les entraînements avec Link, ils avaient passé moins de temps ensemble, le désir de solitude de Kanda s'était étendu à plus d'une semaine, et Allen ne voulait pas l'étouffer. Ce dernier était en revanche passé lui demander un entraînement et une méditation. Allen avait été surpris qu'il revienne vers lui. Depuis un peu plus de deux mois qu'ils étaient amis, c'était déjà arrivé qu'il remarque que son ami en avait marre et que Kanda le lui dise même un peu brusquement. Dans ces cas-là, Allen attendait et revenait vers lui après l'avoir laissé tranquille un temps, en essayant de faire en sorte d'initier le contact petit à petit. Kanda ne l'avait encore jamais repoussé, donc sa manière de faire paraissait lui convenir. Cette fois, en revanche, c'était lui qui avait fait le premier pas.

Pour Allen, ça voulait dire beaucoup. Ça n'avait pas été un « viens passer du temps avec moi », ça non. Mais plutôt un sec « entraîne-toi avec moi demain, Moyashi ». Qui avait pourtant le même sens. Allen aurait pu se rebiffer contre l'injonction, il s'était par contre enjaillé contre le surnom, mais il avait compris le sens caché et la maladresse de Kanda.

Il trouvait ça plutôt… attendrissant, dans le fond.

En dehors de ça, Allen avait constaté que même en mission, il avait une meilleure maîtrise de la forme de son Innocence. Il en était ravi, et il était persuadé d'une chose : un jour, il battrait ce grand kendoka. Ce ne serait visiblement pas aujourd'hui, mais un jour, ça arriverait.

Quant à leur combat, bien qu'ayant la tête dans ses pensées, Allen n'allait pas baisser les bras. Il fit mine d'abandonner et adoucit l'emprise de ses pieds, juste assez pour provoquer une micro-réaction de relâchement chez l'alpha. Enfin, il le poussa violemment. Le plus grand s'éloigna. L'Anglais se dressa et initia la prochaine attaque. Kanda le bloquait de la même façon que lui tout à l'heure, son bambou à l'horizontale pour contrer son sabre. Comprenant qu'il ne gagnerait pas dans un rapport de force brute, Allen recula.

Ils échangèrent une petite parade durant laquelle ils multiplièrent les assauts. Quand Allen essaya de nouveau de prendre l'ascendant sur le combat, brandissant son sabre, Kanda lâcha le sien par une main pour saisir la sienne quand elle descendit à sa hauteur, bloquant son mouvement et le rapprochant brusquement. Leurs corps se cognèrent. Le front d'Allen frappa contre la poitrine de Kanda, son odeur l'envahissant avec plus d'agressivité.

Cela le désarçonna. Depuis que le lien s'était renforcé entre eux, tout devenait bizarre quand ils étaient proches. Il ne savait pas comment ce serait plus tard, quand le lien serait encore plus fort avec leur synchronisation. Link et Komui présageaient que ça arriverait. Même Bookman, et Lavi par conséquent, s'intéressait à ce qui se produisait entre eux. Ce n'était apparemment pas une première, mais c'était rare, donc ça méritait d'être observé. Allen était d'ailleurs un peu gêné que tant que de monde s'intéresse à leur combat, surtout avec la dimension intime qu'ils prenaient à cause des phéromones. Ils n'avaient qu'à inviter toute la congrégation, tant qu'ils étaient, que tout le monde donne son petit avis sur la question ! Un peu maussade, l'oméga avouait qu'il était hautement contrarié. Il ne savait pas ce qu'en pensait Kanda, ils n'en avaient jamais encore parlé, mais c'était vraiment désagréable pour lui.

Le maudit pressentait que ce qu'ils ressentaient maintenant n'était pourtant rien à côté de ce qui était à venir. D'un certain côté, c'était agréable de sentir l'autre si proche. L'odeur était très bonne. Mais il leur fallait un temps d'adaptation chaque fois que le lien se renforçait et les écrasait par ses nouveaux effets. Et ce temps n'était pas encore révolu pour les derniers changements en date.

Allen s'éloigna, rougissant, remarquant que le brun partageait son état. Ses pommettes étaient rosées. Kanda était vraiment très beau quand il rougissait, c'était indéniable. Ses cheveux attachés libéraient ses traits harmonieux et ses yeux rieurs. Ses oreilles fines pointaient, encadrées par les mèches qui tombaient de chaque côté de son visage jusqu'au creux de ses clavicules. Allen le trouva carrément trop adorable. Il fallait admettre que Kanda lui plaisait vraiment. Est-ce que ça voudrait dire quelque chose de plus que ça, ou non ? Il ne pouvait pas ne pas y penser depuis la conversation qu'il avait eue avec ses amis sur le sujet…

Un coup de sabre dans l'angle mort de sa vision, projeté vers son torse, le fit sursauter. Allen évita de justesse le coup. Il se sentit ridicule d'avoir perdu sa concentration sitôt. Il contra tant bien que mal, prenant le temps d'inspirer une bouffée de phéromones. Il était essoufflé. Enfin, Kanda parut en avoir marre que le combat traîne.

Il frappa sa cheville avec le sabre, faisant flancher Allen. Le blandin se redressa bien vite, joutant vers lui, mais Kanda l'empoigna de nouveau par le bras, Allen n'ayant pas été assez rapide. La poigne du Japonais le força à lâcher son sabre, le faisant à nouveau chuter d'un coup au milieu du dos allié à la pression. Allen rampa pour se remettre debout, mais un poids sur lui obstrua ses mouvements. Kanda l'immobilisait en mettant son corps au-dessus du sien. Allen sentit qu'il rougissait de nouveau, et plutôt violemment. Le corps de l'alpha l'écrasait d'une chaleur douce. Il n'allait pas dire qu'avec ses pensées, ce n'était pas du tout embarrassant. Ses phéromones d'alpha qu'il sentait dans l'air… Le blandin essaya de gesticuler, mais plus il gesticulait, plus c'était gênant.

Merde, pourquoi ce Bakanda ne le laissait pas partir ?! L'oméga était sûr qu'il était rouge jusqu'aux oreilles. Allen se morigénait : il était pathétique.

« J'ai gagné, Moyashi, » chuchota justement la voix de Kanda.

Allen déglutit, réprimant un frisson, vaguement irrité.

« Tu… tu peux te lever, imbécile de Bakanda ? Pourquoi tu mets tant de temps ?

—J'voulais être sûr que t'avais vraiment abandonné, comme tu bougeais dans tous les sens. »

Troublé, le symbiotique soupira de soulagement quand Kanda se releva, se redressant à son tour. Son soupir contenait aussi du dépit.

« Je gagnerai la prochaine fois, » promit-t-il. « Les phéromones m'ont un peu étourdi. »

L'oméga se gratta l'arrière du crâne en l'avouant. Kanda le sondait.

« C'est vrai que t'y es sensible, ouais.

—Pas toi ? » interrogea Allen, curieux.

Kanda ricana un peu. Un beau son.

« Ouais. Mais ça me stimule pour le combat.

—Moi aussi. C'est quand même déconcertant à certains moments. »

L'alpha consentit à acquiescer. Ils subissaient les mêmes effets positifs et négatifs du lien : un stimulant, parfois trop puissant quand il prenait une dimension trop… intime, et une distraction, qui pouvait se relier à la nature de la stimulation. Trop de choses à traiter en même temps. Et un attrait impossible à ignorer.

« Ça va mieux, tes muscles, au fait ? »

Allen tiqua devant la question de Kanda, puis se rappela de leur dernière séance de méditation. Avec le fameux massage qui l'avait mis dans tous ses états. Ses joues en étaient encore cuisantes.

« Oui, ton massage m'a fait du bien. Merci encore. » Ignorant son embarras, Allen lui offrait un sourire bienveillant. « Les tiens ?

—Comment ça, les miens ?

—Je t'avais promis que je te rendrais la pareille, tu te souviens pas ? »

Kanda le toisa, inexpressif.

« Si tu veux. T'es pas trop fatigué par l'entraînement ?

—Non, » nia Allen, « il m'en faut vraiment plus que toi pour m'épuiser, Bakanda. »

L'oméga souriait toujours, l'alpha non, mais il avait un visage détendu, un peu rieur. Allen n'aimait pas admettre qu'il faiblissait. Ce n'était pas la première fois qu'il rechignait à l'avouer. Kanda pouvait le sentir, c'était ridicule, peut-être, mais Allen tenait à montrer qu'il savait lutter. Il tenait à rester lui, le garçon qui savait prendre sur sa fatigue tant que c'était encore possible. Car c'était ce qu'il aurait dit avec une autre personne, quand bien même il aurait été épuisé. C'était, encore une fois, gênant qu'il ne puisse pas mentir. Mais ils n'y pouvaient rien. Dans certaines circonstances, ça aurait pu arranger Allen que Kanda sente ses émotions. Peut-être parce qu'ils auraient pu se passer de mots, pour certaines choses. Peut-être aussi par fainéantise face au risque de gaucherie dans la communication. Mais pour dire la stricte vérité, il restait sceptique et aurait préféré communiquer par lui-même, non pas par ses odeurs. Avec une autre personne que Kanda, le lien aurait pu favoriser l'hypocrisie, détruire le réel de leurs rapports. D'autant que dans d'autres contextes, c'était clairement une merde monstrueuse que Kanda puisse sentir ce qui se passait en lui. Le prouvaient certains épisodes de ses chaleurs.

Pour être tout à fait franc, l'oméga était aussi turlupiné en ce moment. Il décida qu'il aimerait bien se confier, car après tout Kanda pouvait peut-être sentir ses émois, mais pas en connaître la cause. De toute façon, Allen finissait toujours par parler à Kanda quand il avait un souci. Peu loquace, ce dernier l'écoutait et lui donnait parfois des conseils plein de bon sens, ou le faisait au moins rire quand ça tombait à côté par ses réflexions grincheuses. Dans ce cas précis, ce qui l'inquiétait les concernait peut-être tous les deux.

D'abord le massage, comme promis.

L'alpha se mit presque docilement en position, assis devant lui. Ils étaient dans une petite salle d'entraînement, voulant être seuls, ce pourquoi ils faisaient ça ici. La pièce baignait de phéromones et ils y étaient à l'aise. Allen massa les épaules de Kanda. D'abord doucement, faisant rouler ses pouces contre la chair. Il était étonné de l'imposante musculature de son dos, qu'il sentait sous ses doigts, et de la douceur de sa peau. Il s'appliqua, essayant de le détendre, ignorant son visage qui reprenait une teinte carmine, comme si tout le tour de son crâne était en feu, jusqu'au bas de son dos. C'était sûrement les phéromones, l'effet de l'après combat, qui faisait que toucher Kanda lui faisait un effet aussi… marquant.

« Je le fais bien ? » s'enquit-il, osant parler.

N'étant pas expressif, son camarade n'était pas démonstratif et l'oméga ne savait pas s'il aimait ce qu'il lui faisait. Quand ça avait été lui, il s'était rapidement détendu et avait même poussé des soupirs de bien-être. Vu l'état de trouble dans lequel Allen se trouvait, heureusement que Kanda n'était pas du genre à faire ça, sinon, il se serait liquéfié sous la gêne.

« T'inquiète. Continue. »

Allen ne se fit pas prier. Il continua de masser, et tout en s'occupant de lui, il choisit de délivrer sa conscience.

« Kanda ? J'ai… remarqué que Link et Luberrier s'entretiennent beaucoup à notre sujet, en ce moment. Comme avant les entraînements. J'ai peur de ce que ça présage.

—Tu crois qu'ils cherchent un moyen de stimuler plus rapidement notre synchronisation ?

—Je ne sais pas, mais c'est fort probable. Je sais que Komui et Link essaieront de le tenir, mais Luberrier n'a aucun scrupule, et c'est lui qui décide. Ça ne fait pas très bon ménage. »

Son pouce insista sur son un point de l'épaule de Kanda, ce dernier se cambrant un peu. Ah, peut-être qu'il commençait à lui faire du bien.

« Faut pas t'inquiéter, Moyashi. On peut rien faire.

—Je sais, tu me l'as dit la dernière fois, et je t'ai dit que j'essaie vraiment. Mais ça m'angoisse. Je sais que Luberrier a beaucoup d'espoir parce que je suis l'hôte du Quatorzième, et je ne veux pas que tu sois mis en danger à cause de moi, d'une quelconque façon. »

Même de dos, il sembla à Allen que l'alpha tiqua longuement.

« Premièrement, j'suis grand, j'me démerde. Deuxièmement, tout le monde intéresse ce connard parce qu'il trouve toujours de quoi casser les couilles. Et troisièmement, t'angoisse pas, putain. »

Kanda était brusque, maladroit, mais il l'enjoignait à se calmer. Il n'était toujours pas très expressif, ni expansif, et il restait fidèle à lui-même. Mais, comme pour beaucoup de choses, il faisait des efforts. Allen avouait qu'il était sous le charme de sa maladresse bourrine, de sa gentillesse emballée de beaucoup de mauvaise humeur. Avec lui, Kanda avait changé. Ils étaient complices et de vrais amis. Il était obligé de se reposer la question. Est-ce qu'il avait une affection plus que mesurée pour lui, du moins, plus qu'amicale ? Avec le désir qui s'emmêlait, c'était un peu compliqué à identifier. Comme à chaque fois qu'il se posait cette question, sa réponse était qu'il jugeait préférable de laisser tomber la réflexion, de toute façon. Ils n'étaient toujours pas prêts, ni l'un ni l'autre.

Allen adoucit son mouvement de paumes contre le dos de l'alpha. Il aimait bien le toucher. Kanda paraissait réceptif. C'était peu perceptible, mais il se laissait aller, semblant serein. L'oméga en était content. Il entendit un bruit, comme le son de la salive claquant entre deux lèvres.

« Moyashi. »

Allen releva la tête.

« Moi aussi, ça me soûle ce qui se passe avec Luberrier. » Le blandin se doutait bien qu'il n'était pas le seul, ça, oui. « Ça nous dépasse. On peut qu'attendre, et faire face. N'oublie pas notre promesse. On se battra. »

Le symbiotique sourit. Il retourna masser l'endroit qui avait fait réagir Kanda tout à l'heure, entre les deux omoplates.

« Je n'ai pas oublié.

—T'as intérêt. J'aime pas ceux qui tiennent pas leur promesse. »

Cela fit rire Allen. Kanda se moqua.

« J'sens que je vais pas mal t'avoir sur le dos, mais viens méditer si t'es anxieux.

—Ces derniers temps tu ne voulais pas, je te ferais dire.

—Tu pourrais aussi méditer tout seul, Baka Moyashi. » De ça, Allen en serait incapable. Il n'avait pas assez de concentration. Kanda le comprit à son silence contrit. Il souffla, comme dépité. Après une pause, il parla. « C'est pas que je veux pas, c'est que c'est difficile pour moi. »

Allen comprenait ce que voulait dire Kanda.

« Je le sais. Tu es réservé. Mais j'accepte ça, et j'essaie de ne pas te déranger. Si tu veux pas, je ne me vexerai pas.

—C'est pas vraiment que tu me déranges. Des fois si. » Le blandin eut un rire nasal, reconnaissant Kanda là-dedans. « C'est compliqué. »

L'oméga s'humecta les lèvres, ses mains toujours en mouvement dans le dos du brun. C'était peu éloquent. Toutefois, venant de Kanda, c'était déjà énorme qu'ils puissent avoir cette conversation. Il voulut dire ce qu'il pensait.

« Je comprends. On a quand même fait beaucoup de progrès, par rapport à avant. Ça fait un peu plus de deux mois qu'on est amis, et j'avoue que je me sens proche de toi. Je ne sais pas si c'est réciproque, mais je le ressens. Y a le lien, d'accord… Je me sens quand même bien avec toi. Même si tu peux toujours être ce crétin arrogant que j'ai envie d'étrangler. Alors je te laisserai le temps qu'il faut. »

Un rire sec sortit de la bouche de Kanda.

« Si c'était pas réciproque, je parlerais pas avec toi comme ça. Même si t'es toujours ce gamin naïf que j'ai envie de claquer. »

L'alpha reprenait sa formulation pour le charrier. Allen ricana en retour.

« Viens donc te battre une fois que j'aurai fini le massage, Bakanda. »

Il avait un sourire en coin, provocant, bien que son homologue ne puisse pas le voir. Il avait une revanche à prendre, après tout. Kanda se retourna, échappant aux mains d'Allen. Le blandin ne comprit pas pourquoi il s'éloignait, il n'avait pas tout à fait fini, et son visage le rendait perplexe. Kanda était neutre, mais peut-être… rosissant ? À peine ?

« T'veux faire un échange d'odeurs ? »

En omettant le fait que sa voix brutale grondait plus qu'autre chose, ce qui ne sonnait pas à proprement parlé comme une invitation, Allen en fut sur le cul. Au sens propre, comme il était assis.

« Tu es sûr ? Je croyais que c'était trop pour toi, et que tu n'aimais pas les câlins. »

Kanda haussa les épaules, ourlant son regard.

« Tu veux, ou pas ? Avant que je change d'avis. »

La pièce baignait de phéromones. Ça en faisait un lieu extrêmement agréable pour Allen. Sans doute aussi pour Kanda. En y pensant, le blandin n'avait absolument pas envie de sortir de là, de quitter ce cocon de bien-être. Sentir Kanda… Oui, ce serait bon. Après cette conversation, si ça pouvait paraître trop sentimental, il avait envie d'exprimer son affection à l'alpha. Est-ce que c'était pour ça que le proposait Kanda ? Venant de lui, c'était dur à envisager, mais peut-être que…

Allen ne traîna pas sur sa décision.

« Bien sûr que je veux, » rougit-il.

Ils se regardèrent en chien de faïence, assis face à face, comme deux crétins. Le silence s'installa et sembla embarrassé. Ils ne l'avaient pas refait depuis longtemps, il fallait l'admettre.

« Hm… Dans quelle position on se met ? »

Kanda s'assit en tailleur, montrant ses genoux d'une main.

« Amène-toi. »

Allen ne se le fit pas dire deux fois. Maladroitement, il monta sur les genoux du plus grand et entoura son cou de ses bras, s'agrippant à lui. Ceux de l'alpha se refermèrent dans son dos. Ils échangèrent un rapide regard confus, et Allen enfouit sa tête dans la nuque de Kanda. Ce dernier fit de même avec la sienne. L'échange d'odeur avait toujours été quelque chose d'intense. Pendant ses chaleurs, les phéromones de Kanda l'avaient même excité bien des fois. Quand ils s'étaient fait un câlin la semaine suivante, ça avait été un échange de tendresse, majoritairement, réconfortant et apaisant.

Avec l'amplification du lien, Allen fut surpris de ressentir une attraction énorme. Il suffoqua sous la violence en premier lieu, avec l'impression de devenir fou. C'était comme si son corps lui soufflait de se rapprocher de Kanda, de passer ses mains dans ses cheveux, de l'inspirer et de sentir jusqu'à la moindre parcelle d'odeur à sa portée. Kanda avait une emprise tendue dans son dos, lui aussi. Ils ressentaient probablement la même chose. Peut-être à des degrés différents. Le réconfort était là. Alors qu'ils baignaient dans les phéromones, c'était carrément jubilatoire.

L'oméga soupira de bien-être contre le cou de Kanda. C'était réconfortant, en effet. Il avait l'impression d'oublier ses angoisses et toute autre sorte de pensée. En fait, il ne pensait presque plus. Il n'avait d'intérêt que pour ce qui se passait, l'instant présent. Il était à l'aise, un peu excité, peut-être. Surtout revigoré par un échange de tendresse, affectif. C'était pour ça que les omégas aimaient les échanges d'odeurs, ça permettait de resserrer les liens, de faire sentir l'affection sans forcément la dire. Bien que ce ne soit pas une mauvaise chose de verbaliser, le montrer physiquement était tout aussi important. Cet instant le leur permettait. Tout cela prenait une dimension particulière à l'instant : ils venaient, en quelque sorte, d'officialiser leur amitié, la reconnaissant tous les deux par la parole. Faire montre de tendresse signifiait bien qu'ils étaient proches. Et Allen en était ravi.

Il frotta son nez contre la nuque de l'alpha, content de sentir les douces phéromones exhaler depuis sa peau. Kanda faisait pareil, enfin, il ne frottait pas, mais… rasait, plutôt, et ça le chatouillait un peu. Le maudit riait de temps à autre sous l'effet du chatouillis. Une joie insoutenable envahissait son corps.

Aucun bruit, à part son petit rire.

Allen ne sut combien de temps ils restèrent ainsi, accrochés l'un à l'autre à se sentir comme si leurs vies en dépendaient. Ils respiraient phéromones et oubliaient l'air, si bien qu'ils se retiraient parfois précipitamment pour inspirer une bouffée fraîche, avant de replonger dans leurs cous. Si Kanda était moins démonstratif que lui, il sembla également un peu essoufflé à la longue. Preuve de l'attraction inégalable des senteurs.

Ils n'avaient, l'un comme l'autre, aucune envie de se lâcher. Ils finirent néanmoins par le faire, à contrecœur pour l'Anglais.

Allen haletait un peu, et Kanda grogna dans son poing pour reprendre contenance.

Waouh.

« C'était vraiment…

—Ouais. »

Ça avait été génial. Et son ton de voix l'avait bien montré. Kanda acquiesçant amplifiait sa joie.

« Tu voudras qu'on le refasse ?

—On verra. »

Pour être franc, Allen en mourrait d'envie. Si Kanda ne disait pas non, c'est qu'il ne devait pas être contre. Il refusait de l'avouer par fierté.

Ils décidèrent de refaire un combat, puis allèrent prendre une douche. Le reste de la journée se déroula sans encombre. Allen avait tout de même le cœur qui battait furieusement quand il se remémorait les sensations de l'échange d'odeur. Il était aussi content de voir que son amitié avec Kanda se cimentait.

Toute la journée, le jeune garçon fut d'une humeur particulièrement joyeuse.

À suivre…


Et oui, Kanda accepte enfin un échange d'odeur avec Allen ! Ça bouge doucement, mais sûrement !

J'espère que les descriptions du combat du début vous ont plu, je me suis tuée dessus et j'avoue que j'apprécie beaucoup ce genre de scènes :D.

Du coup cette fois c'est les autres qu'on délaisse un peu, mais je dois vous avouer que j'ai déjà méga hâte de poster le prochain chapitre ;D. Sans doute le dernier que je posterai un jeudi, parce que je vais reprendre le rythme de la rentrée, même si pour ma part je ne reprends qu'en octobre x').

Reviews ? N'hésitez vraiment pas :D !

Merci d'avoir lu !