Hello !

Petite anecdote dans le vague, figurez-vous que j'ai bien cru ne pas pouvoir poster ce chapitre ni celui de Lost avant la semaine prochaine, j'ai regagné ma nouvelle résidence universitaire et eu des petits soucis de connexion x'). Heureusement ça s'est bien terminé puisque le chapitre est là ! (Remerciement éternel à l'âme généreuse qui m'est venue en aide xD)

Je dois dire que ce chap signe lui aussi une avancée... :p.

Sans plus attendre je vous laisse découvrir ! :)

Big merci à Ookami97 pour la correction ! :D

Bonne lecture !


« Lavi est super bizarre, en ce moment. »

Allen était assis sur les genoux de Kanda, visage enfoncé contre son torse. Ils se sentaient paisiblement. À vrai dire, il était étonné que Kanda ait accepté sitôt après la première fois. Mais l'alpha lui avait fait signe de s'asseoir sur ses cuisses en les tapotant au bout d'une bonne demi-heure de silence. Demande tacite à laquelle Allen n'avait pas pu dire non. Kanda ne prononçait toujours pas un mot, mais il ne râla pas sur lui, alors Allen se dit qu'il n'était pas contre un peu de conversation.

« Il passe tout son temps à la bibliothèque. Lenalee et moi on l'a vu fureté des tonnes de livres en un après-midi, il ne faisait pas attention à nous et même son grand-père semblait abasourdi devant son travail acharné, qu'il ne lui avait apparemment pas demandé. C'est comme ça depuis qu'on est revenu de mission, il y a une semaine. Il a été attaqué par un Noah, je sais pas ce qui s'est passé, mais…

—Vous lui avez demandé ? » coupa Kanda, avec l'air de se gausser devant tant de débâcle.

Allen soupira contre lui.

« Bah oui, on a essayé, tu crois quoi, crétin. Il blague ou il nous ignore. » Il ne put repousser l'inquiétude qui montait en lui. « J'ai l'impression qu'il s'est passé quelque chose, et il ne veut rien nous dire. »

Un instant, Allen se concentra sur la respiration de Kanda, lequel ne tarda pas à répondre.

« Ben s'il veut pas en parler, laissez-le. Si c'est important il le fera.

—J'en sais rien, » s'entêta l'oméga, « Lavi n'est pas aussi insouciant qu'on le croit. Il se confie peu, et quand il le fait, c'est sur la surface du problème.

—T'es mal placé pour dire ça. »

Boudeur, le blandin donna un coup sur l'épaule de Kanda, se soustrayant à son étreinte, mais sans descendre de ses genoux.

« Je sais. » Il le regardait dans les yeux. « Mais justement, je suis bien placé pour dire que c'est pas la meilleure solution.

—Ouais, mais c'est son droit. Vous aurez qu'à lui poser la question directement si ça se calme pas. »

Allen était bien obligé d'admettre que Kanda avait raison. Il revint se caler dans la nuque de l'alpha, inspirant son odeur.

« Pour ce que je t'ai demandé, au fait, tu as fait attention ? » Contre lui, Kanda se tendit, comme s'il cherchait de quoi il était question. « Au sujet de l'odeur de Lavi.

—Non. Il est pas venu me faire chier depuis un moment.

—Reconnais que c'est bizarre !

—Ça me faisait surtout de l'air.

—T'es désespérant, Kanda… »

À regret, le blandin finit par se redresser. Il s'assit en face de son ami, reprenant son souffle maintenant que les odeurs le laissaient un peu respirer.

« Est-ce que tu pourrais aller vers lui ? Au moins pour voir s'il réagit comme d'habitude avec toi ? »

L'alpha soupira longuement. Il pinça les lèvres, visiblement exaspéré par ce qu'il était en train de lui proposer.

« S'il te plaît, » implora Allen face à sa réticence. « Et tu me diras aussi si tu trouves son odeur bizarre, hein ? C'est un service d'ami. »

Il soutint le regard de Kanda. Un autre soupir lui répondit dans un premier temps. Le brun serrait les poings contre ses cuisses, s'obstinant à durcir sa mâchoire, mais sans lâcher son regard –par fierté. Son attitude fit comprendre à Allen qu'il était vraiment en train d'hésiter. Allen n'avait pas l'impression de lui demander quelque chose de très difficile, honnêtement. Mais il aurait compris que Kanda refuse. Ou plutôt, il s'attendait à ce qu'il ne veuille pas. Il se sentait idiot de l'espérer, mais il espérait bel et bien qu'il serait capable de le faire pour lui. Car ça constituerait une preuve. Si Kanda flairait une senteur bizarre, ou si Lavi l'ignorait comme il les ignorait… Ce serait une avancée.

Kanda fixa un point dans la salle de méditation, mais sans baisser les yeux, gardant une expression revêche.

« Et comment tu veux que je l'aborde ? J'ai rien à lui dire. »

Allen sourit, prenant confiance. Kanda allait le faire, non ? Il leva tout de même les yeux au ciel. Il avait beau être son ami, c'était vraiment un cas…

« C'est pas compliqué, t'es vraiment un idiot ! Tu pourrais aller à la bibliothèque prendre un livre, passer à côté de lui, tu sais comment il est... Il suffit qu'il te voit pour qu'il veuille t'énerver. C'est tellement drôle ! » Pendant qu'Allen se mettait à rire, repensant à la façon dont Lavi se permettait d'asticoter l'irascible épéiste, ce dernier lui offrit un regard noir qui le calma instantanément. « Puis après, tu pourras le sentir s'il commence à te coller, discrètement.

—T'avais tout prévu, en fait ? T'es calculateur, Moyashi. »

Kanda était consterné. Le maudit haussa les épaules, les coins des lèvres un peu étirés.

« J'avoue que j'y ai pas mal réfléchi, ouais. Tu le feras, alors ? »

Le visage de Kanda se fronça obstinément pendant qu'il essayait de paraître encourageant, et enfin, au bout d'un temps long dont Allen crut qu'il devrait abandonner, il se détendit. Il fallut encore quelques secondes, puis il lâcha un rigide « ouais. » Immédiatement, Allen jeta ses bras autour de lui, l'enlaçant. Si Kanda fut surpris, il n'en montra rien et se laissa faire. Il recommença à le sentir.

« Merci, » chuchota Allen dans son cou. « C'est très important pour moi. »

Le Japonais ne fit aucun commentaire, mais il acceptait car il en avait conscience. Ils auraient pu se taire et recommencer à se sentir, mais, le brun parla, éloigna le haut de son corps en le repoussant depuis ses hanches :

« J'ai entendu des bruits de couloirs. Le Comte lui a donné un message, nan ?

—Ouais. Tyki Mikk a dit à Lavi qu'ils avaient des plans pour l'Ordre. Ça promet un futur difficile. Mais il fallait s'y attendre. »

Fataliste, Allen n'était pas choqué. Il aurait fallu être pire que naïf pour imaginer que le Comte les laisserait tranquille éternellement. Il eut un regard sur son ami, cherchant son autorisation avant d'initier un rapprochement. Kanda le rehaussa sur ses cuisses, et il put se pencher, inspirant son odeur.

« C'est bizarre, mais je… suis soulagé, en fait, que les choses avancent. On est pu dans l'incertitude et on a l'occasion de contrattaquer.

—Faut encore que le Comte attaque.

—Ou qu'on attaque en premier. Nos entraînements ont le but de nous rendre plus fort, alors je pense qu'on a déjà une avance. Pas que nous. Les autres s'entraînent beaucoup aussi. On peut leur tenir tête. »

Bien sûr, le ressenti de l'oméga sur le sujet n'était pas animé uniquement par l'optimisme. Il avait peur, d'un côté. Il savait bien que les Noahs étaient dangereux et que la bataille contre les Akumas était de plus en plus dure. Mais l'espoir dû à leurs progrès était vif. Ils sauraient répliquer. Ils sauraient éviter qu'une tragédie comme celle de l'attaque par Lulubell ne se reproduise. Colère et amertume se mêlaient en lui. Mains sur sa hanche, Kanda en ôta une pour prendre la sienne. Il la tint d'abord entre ses doigts, puis, alors qu'Allen sentait son cœur qui battait trop fort, elle glissa et leurs doigts s'entremêlèrent. La main de Kanda était ferme et serrait la sienne.

Se prendre la main comme ça… ça n'était pas arrivé depuis...

Allen rougit, une douce chaleur prenant place dans son cœur. Sans qu'il ne veuille ruiner le contact, il le brisa pourtant, se repoussant sur le sol, juste devant Kanda. L'alpha sembla se rendre compte de ce qui s'était passé et recula sa main comme s'il s'était brûlé. Il se mit à éviter son regard. Allen fut perdu face à sa réaction. Il allait parler, mais Kanda le devança :

« J'aurais pas dû. Fais pas attention, Moyashi. »

Il avait dû croire qu'il ne voulait pas. Merde, comment Kanda faisait pour être aveugle à ce point ?! Ça crevait les yeux qu'il…

« C'est pas ça, Bakanda ! C'est juste que tu ne m'as pas pris la main comme ça depuis la fois, après mes chaleurs… Je m'étonne que tu l'aies fait. »

Kanda parut renâcler un « tch ». Il était gêné.

« J'ai simplement voulu te réconforter. Tes émotions s'emballaient. J'ai pas voulu que ça soit bizarre.

—Il n'y a aucun problème, » assura Allen, « vraiment. Si tu veux me prendre la main, ça ne me gêne pas. On se sent après tout, c'est pas grand-chose à côté.

—Moyashi… On sait toi et moi que c'est pas qu'un truc de potes. Et c'est bizarre pour moi d'être tendre avec toi. »

L'oméga haussa les sourcils.

« C'est toi qui l'a fait, je te rappelle. Et c'est bizarre si on veut que ça le soit. On se sent, on est liés, et on s'apprécie beaucoup. Je pense qu'on peut bien se permettre d'être un peu tendre l'un envers l'autre. J'en ai envie, moi. Mais si tu ne veux pas, c'est toi qui vois. » Il essayait d'être encourageant, voyant bien que Kanda était plutôt perdu et ne voulant pas empiéter sur ses limites. Enfin, s'il ne donnait pas l'air d'hésiter, c'était ce qu'Allen comprenait de ses paroles. « Sache juste qu'il n'y a aucun problème de mon côté. »

Le brun ne bougeait pas d'un poil, le dévisageant.

« J'en avais envie, ouais.

—Alors où est le problème ? »

Kanda émit un claquement de langue irrité.

« C'était pendant tes chaleurs, les trucs comme ça. C'est pas une bonne idée de tout mélanger.

—Écoute, je t'ai pas demandé de le faire, Kanda. C'est quand même pas la première fois que tu fais ça et j'aimerais juste savoir pourquoi tu le fais si ça te gêne… C'est le souci des odeurs, en fait ? Je t'ai dit de pas te forcer à faire ça. Si on fait ce qu'on a envie sans se prendre la tête et en sachant ce qu'on fait, je pense qu'on mélangera rien. Et si tu regrettes, on n'est pas obligés non plus.

—C'est pas que je regrette ni que je me force, tu piges que dalle.

—Mais alors quoi, à la fin ? »

L'oméga avait du mal à voir où Kanda voulait en venir. Le brun le fusilla du regard, en dépit du fait que la difficulté de se faire comprendre venait de lui.

« Notre relation change. »

Allen voulut lui dire un « et alors ? », se sentant agacé, mais il se retint. S'il bloquait Kanda, ils n'avanceraient jamais.

« Et je suis paumé. »

Oh. Oh.

OH.

Les derniers mots étaient sortis d'une prononciation rageuse. Certes, Allen s'était douté qu'il était perdu, mais que l'alpha l'exprime… C'était autre chose. Il était sincèrement touché que Kanda lui fasse assez confiance pour lui faire part de sa confusion. Il pouvait le comprendre. Lui aussi était perdu, bien souvent. Leur relation avait beaucoup évoluée. Ils étaient passés des deux exorcistes qui ne pouvaient pas se supporter et se chamaillaient dès qu'ils se voyaient à une aide vitale lors des chaleurs, et maintenant des amis. Ils gardaient leur tendance à s'asticoter, se taquiner et se défier. Mais ce n'était plus comme avant. Allen savait bien que ça ne serait plus jamais comme avant. À ses yeux, c'était tant mieux. Car c'était mieux qu'avant. Il était content qu'ils restent fidèles à eux-mêmes, Kanda réservé et arrogant, lui qui ne s'aplatissait sous aucun prétexte, peut-être un peu arrogant aussi, il voulait bien l'admettre, mais qu'ils puissent aussi partager des moments comme ceux-là. Calmes, à s'apprécier, à discuter sans complexe et sans (trop) de prise de tête. Ces échanges de tendresses…

Une affection était née entre eux lors des chaleurs. Kanda avait développé de la tendresse pour lui, quand il avait commencé à prendre soin de lui. Logique qu'il ne puisse pas totalement l'effacer. Allen avait développé le même genre d'affection, car lui aussi avait tenu à rendre à Kanda ses attentions, et il avait ressenti l'envie d'être tendre. À la fois parce qu'il avait eu l'instinct de quérir de l'affection de son alpha, et parce qu'il avait eu aussi l'instinct de donner. C'était venu des phéromones, mais aussi de la situation. Kanda avait été gentil, Allen avait voulu l'être aussi. Ils s'étaient retrouvés dans une posture difficile, et ça les avait rapprochés. Il avait déjà pensé qu'un vrai lien s'était créé entre eux. Il ne trouvait, en l'occurrence, aucune raison de déprécier ce qui s'était formé. Lavi avait eu raison sur ce point quand il l'avait souligné ce n'était pas à jeter. Que Kanda ait plus de mal, il parvenait à le comprendre, encore que de loin. Ce serait tellement plus facile s'il en savait plus sur son passé, ou s'il s'exprimait davantage.

Pour l'heure, il tenait à le rassurer.

« Je suis content que tu me le dises, Kanda. » L'alpha le toisa méchamment. « Ne t'énerve pas, j'ai pas fini. J'avoue que je suis content que notre relation change. Elle est mieux. J'aime ce qu'on partage. Autant nos taquineries que les moments comme ça. Pas toi ? »

Un petit sourire se forma sur ses lèvres. Kanda prit une inspiration, agacé.

« J'ai pas dit le contraire. C'est nouveau pour moi, d'être proche de quelqu'un comme ça. » Il eut un soupir dépité. « Bordel, on dirait que j'fais ma pucelle. »

Kanda était ironique, encore que son irritation contre ses propres sentiments était visible. Allen rit.

« Ce que t'es idiot, Bakanda. C'est nouveau pour moi aussi. » Le brun le regarda. « Je suis proche de Lavi et Lenalee. Mais ce qui y a entre nous, c'est spécial, et c'est ce qui me plaît. Toi ? »

Kanda fixa un autre point dans la salle, sans fléchir.

« Je t'ai déjà dit que c'était réciproque. J'sais juste pas pourquoi je fais ça.

—Les contacts ? »

Le silence du Japonais valut un oui. Allen ne pouvait pas répondre à sa place.

« On s'en fout, au pire, non ? Peut-être qu'hormis ton sale caractère, c'est aussi dans ta nature d'être un peu doux quand t'as envie. C'est pas un mal. Les gens ont tendance à penser que ça affaiblit, que ça vient d'un manque de caractère ou que ça rend moins viril, mais c'est des idioties. Regarde-moi, je suis doux, mais je suis tout à fait viril. »

Se voulant rassurant, l'oméga rigolait. Kanda haussa les sourcils à son tour.

« Toi, viril ? Tu te fous de la gueule de qui ?

—Je vais te défoncer à notre prochain entraînement, Bakanda, tu peux me croire. »

Le susnommé l'ignora royalement, ne prenant pas sa menace au sérieux. Allen hésita, mais approcha sa main de la sienne.

« Je peux ? »

Ils eurent un long échange de regard. Allen souriait toujours. Kanda non. Il avait des petits rictus, des rires secs, mais jamais de grosses manifestations de joie spontanée. Allen espérait que ça arriverait, un jour. Toujours est-il qu'il lui laissait le choix. Si Kanda décidait que les contacts étaient trop pour lui, c'est lui que ça regardait. Sinon, Allen n'y trouvait aucun inconvénient. Il ne voulait pas griller des étapes. Comme pour l'échange d'odeur, il faudrait que ça vienne de lui. L'alpha sembla rosir –ou Allen se faisait des idées ? – et il opina.

Le blandin put mettre sa main au-dessus de la sienne. Puis, comme tout à l'heure, ils finirent par entremêler leurs doigts. C'était très agréable. Allen n'aurait jamais cru être aussi friand de contact affectif, en y repensant. Comme quoi, Kanda n'était pas le seul à être embarrassé.

« Je m'étais trompé sur toi, Moyashi. »

Allen releva la tête. L'alpha poursuivit.

« Avant qu'on se connaisse mieux, je pensais que t'étais un con, et un faux-cul. Maintenant, je te vois comme t'es vraiment.

—C'est-à-dire ?

—Un petit con. Mais un mec qu'est capable d'être doux tout en me menaçant de me défoncer. T'y arriveras pas, au fait. »

Allen n'ignorait pas la pointe de défi dans sa voix.

« Je me suis trompé aussi. Je te voyais comme un connard et… Oh, attends, t'es un connard. Mais un connard gentil.

—Va te faire foutre. »

Fâché, Kanda voulut enlever sa main. Allen la serra, l'en empêchant. Ils bataillèrent.

« On peut bien rigoler, non ? Puis, qu'est-ce que tu attendais d'un petit con ?

—Exactement ce que t'es en train de faire.

—Donc où est le problème, Bakanda ? »

Riant, Allen se moquait de lui. Kanda lui tira une joue de sa main libre, obligeant l'oméga à libérer son emprise. Dès lors, le Japonais tira sa deuxième joue. Allen s'agrippa à ses poignets, voulant le faire lâcher, sans succès. Un rictus moqueur mangeait les joues de Kanda.

« Et tu veux me défoncer à notre entraînement ?

—L-La fermEH ! Et arrête ! »

Allen bafouillait car avec sa façon de tirer, il peinait à parler. Kanda consentit à le lâcher. L'oméga massa ses joues, lui jetant un regard courroucé.

« Je te déteste, Bakanda.

—C'est pas ce que tu disais tout à l'heure. »

Le maudit bougonna. Il continuait de masser ses joues. Puis, il décida qu'il serait bête de ne pas dire ce qui lui était passé par la tête tout à l'heure.

« Ce qui y a eu entre nous pendant les chaleurs… Au niveau affectif, » bredouilla-t-il, « ça a été amplifié, ok, mais c'est toujours là, d'un côté. J'ai toujours envie d'être gentil avec toi comme tu l'as été. Je pense que notre relation a simplement pris cette tournure-là. C'est vrai que c'est bizarre, quand on pense à avant, mais y a rien de mal à ça à mon sens. C'est à toi de décider ce avec quoi tu te sens à l'aise, après. »

Kanda réfléchit quelques instants. Il abdiqua, visiblement vaincu. Convaincu, aussi.

« J'suppose qu'on peut dire ça. »

Criant victoire intérieurement, Allen souriait. Kanda lui fit signe de revenir sur ses genoux pour le sentir. Ils restèrent comme ça un moment, remplis d'allégresse. S'il avait initié, Kanda se mit à râler qu'ils seraient peut-être temps qu'ils commencent vraiment à méditer. Allen allait grommeler en retour quand des coups retentirent contre la porte.

Ils se dégagèrent, gêné pour Allen et probablement pour Kanda aussi. Lenalee entra sur un doux sourire.

« Mon frère vous demande pour dans une demi-heure. Vous avez une mission. »

Les deux garçons acquiescèrent. Ils auraient juste le temps de se doucher avant de s'y rendre. Dans les douches communes, Allen choisit de s'espacer au maximum de Kanda. Ils étaient seuls, et ce n'était pas la première douche qu'ils prenaient ensemble ici, mais il était quand même furieusement embarrassé en pensant que la dernière fois qu'ils s'étaient vus nus se rapportait aux chaleurs… Il aurait cru que ce serait moins gênant que ça en y pensant justement. De toute façon, Allen n'aimait pas utiliser les douches communes. Il ne le faisait que lorsqu'il n'avait pas le choix – comme là, par manque de temps. Et la présence de l'alpha le faisait rougir comme un dingue.

Kanda coupa enfin son eau. Allen l'entendit passer derrière lui pour quitter la salle, et se ratatina contre le mur, le crâne bouillant. Il attendit cinq bonnes minutes avant d'en faire de même, prenant une serviette pour cacher le bas de son corps avant de retourner aux vestiaires.

L'alpha lui jeta un regard, Allen ne pouvant s'empêcher d'en faire de même. Leurs regards se croisèrent, le maudit rougissant en se dépêchant d'enfiler son caleçon. Ils s'habillèrent en vitesse.

Dans le bureau de Komui, ils apprirent le sujet de la mission. Routine, une Innocence détectée dans un village en Suisse, mais ce dernier était sous la coupe des Akumas. Au vu du message du Comte, Komui leur recommanda d'être prudents.

« Link ne vient pas ? » s'étonna Allen.

Depuis qu'il l'avait laissé seul avec Kanda, il ne l'avait pas recontacté avec son golem.

« L'inspecteur Luberrier m'a dit de te prévenir que Link resterait à l'Ordre. Il a besoin de lui pour des affaires importantes. Kanda, tu seras chargé d'écrire un rapport sur le comportement d'Allen durant la mission. Ordre de Luberrier. »

Kanda grinça. Il n'était pas difficile de deviner qu'il détestait écrire des rapports. Il devrait néanmoins s'y contraindre. L'oméga était habitué à la présence de Link, alors il eut une impression un peu bizarre, mais il n'était aussi pas particulièrement mécontent de se dire que Kanda et lui seraient seuls pour cette mission. Peut-être embarrassé, un peu, il fallait l'avouer.

Évidemment, un Traqueur les accompagnait. Ils traversèrent le lac, puis se rendirent à la gare depuis un fiacre. Ils montèrent dans le train, ne tardant pas pour se placer dans leur compartiment. Comme souvent, le Traqueur les laissa dans la cabine et monta la garde devant la porte. Allen sourit en pensant qu'il n'y a pas si longtemps, être assis à côté de Kanda aurait été impossible. Ils se seraient disputés si Kanda avait daigné lui répondre, alors il serait sorti, agacé, et le reste de la mission n'aurait pas été bien mieux.

Ce n'était plus le cas maintenant. Kanda ne paraissait pas particulièrement d'humeur à discuter, il n'essayait pas d'engager la conversation. Il initiait peu les bavardages, de toute manière. Le symbiotique prit le parti de ne pas perturber son calme. Mais quand il s'assit à ses côtés, Kanda ne râla pas. Il eut même un fin rictus.

« On peut se donner la main ? »

Les coins de la bouche de Kanda retombèrent, celui-ci esquissant un soupir. Il semblait tout de même amusé.

« J'étais sûr que t'allais demander.

—Si tu n'as pas envie…

—M'en fous. »

De lui-même, l'alpha lui prit la main. L'oméga se mit à rougir, mais il était heureux. Bien vite, sans doute dû l'ambiance sereine dans le compartiment, leurs odeurs commencèrent à se mélanger et… ça sentait bon.

Allen détourna son visage de Kanda en réfléchissant. Un sentiment curieux naissait en lui. Et comme une claque, il lui apparut clairement. Il le savait maintenant. Il avait fortement démenti, mais le déclic venait de se faire.

Son cœur lui fit la sensation d'exploser dans sa poitrine.

Peut-être bien… Qu'il était en train de tomber amoureux de Kanda.

À suivre…


Hahahaha, il y a enfin une avancée du côté d'Allen ! ;) Aussi de Kanda, s'il n'est pas rapide à évoluer sur ses sentiments (et, vous vous en douterez, c'est un Bakanda, donc il ne le sera pas xD), il se confie un peu et va plus loin dans son expression, ce qui est en soi beaucoup pour lui :p.

Un chapitre calme avant autre chose... (:.

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Merci d'avoir lu !