Coucou !
Bon bah le précédent chapitre vous a visiblement laissé de marbre x'D. J'avoue que ça m'a miné, genre les premiers jours je voyais le chapitre atteindre petit à petit le nombre de vue du précédent, signe que les gens étaient revenus lire, je me disais que ça venait du fait que j'avais posté le jeudi et que ça viendrait bien mais toujours aucun commentaire après presque 4 jours, ça a commencé à arriver ensuite notamment parce que j'avais mis un petit mot sur ma page FB où j'exprimais mon désarroi et ma crainte que le chapitre ait été décevant/insipide, et j'avoue du coup je me demande sincèrement si le chapitre vous a déçu ? Vous vous étiez attendu à autre chose ? C'est juste de l'oubli, du manque de temps ? J'avoue qu'il était peut-être "calme", encore que, en comparaison de l'autre, mais vous verrez que c'est utile pour la suite et que les points mis en scène dedans, que je pensais intéressant, seront important plus tard ^^. Juste en passant, la fic reste progressive dans son intrigue donc ne soyez pas déçus si l'action ne pète pas à tout bout de champ, j'avais prévenu au début que ce serait comme ça X). Bref c'est pas dramatique au final mais j'ai eu du mal à relativiser sur le coup, donc je pense que je dois être un peu trop fatiguée en ce moment, du coup je vais décaler la publi d'une semaine pour le prochain chap, après je reprendrais normalement, ça m'aidera à me détendre et à revenir dans la joie et la bonne humeur :) !
Voilà pour la petite annonce, j'espère que personne ne le prendra mal ou pour soi, je n'ai plus autant d'appréhension par rapport aux commentaires qu'à une période, je comprends aussi le fait de ne pas avoir le temps/etc, d'autant que les cours ont repris on est tous occupés, et il y en a parmi vous qui sont très assidus et suivent depuis un moment, c'est très gentil et je ne pense pas que c'est un dû, le nombre de commentaire en lui-même je m'en fiche même un peu honnêtement, par contre avoir eu très peu de réactions voire aucune au début alors que d'habitude ça vient plutôt bien bah j'ai été inquiète quand même, je pense que c'est compréhensible ^^'. J'avoue que je trouve toujours que les commentaires après lecture c'est plus sympa pour les auteurs que de partir sans rien dire, quoi, mais bon x). Du coup comme je l'ai dit sur la page c'est surtout pour pas commencer à psychoter que je prends une semaine de plus sur la publication de cette fic ^^. Ce sera pas systématique, je le répète, après ce sera le rythme habituel :) !
Merci à Ookami97 pour la correction ! J'espère que ce chap vous plaira ! :D
Bonne lecture :) !
Le trio d'amis et Link étaient réunis dans la salle de loisir. Allen avait copieusement engueulé Lavi pour le coup fourré qu'il lui avait fait, il y a trois jours de cela, en insistant pour que Kanda vienne avec eux. Ce dernier avait promis sur un petit clin d'œil qu'il ne recommencerait plus. Autant dire que le maudit n'y croyait pas trop, son ami aimait beaucoup trop le taquiner et faire tourner son monde en bourrique pour ça.
« Avoue que j'avais pas tort, » lui glissa le borgne en embrassant la pièce du regard ainsi que les trois compères, « ça t'aurait fait plaisir que Yû vienne avec nous.
—Là n'est pas la question ! » s'agaça Allen. « Je vous ai dit de ne pas vous en mêler, je sais que vous voulez aider mais plus vous taquinerez Kanda comme ça et plus il prendra la fuite. »
La jeune fille du groupe intervint :
« C'est vrai, Lavi. Allen venait à peine de nous avouer qu'il avait des sentiments pour lui. Il nous a fait confiance, ne joue pas avec ça. C'était pas très sympa. »
Lenalee abondait dans son sens, aussi, le rouquin leva les mains en l'air, soupirant. Ils en parlaient naturellement devant Link car Allen avait mis ce dernier au courant, et le blond avait hoché la tête sans mot dire. Il n'était clairement pas du genre à être envahissant niveau commentaires, ça, personne ne pouvait le lui reprocher.
« D'accord, d'accord, je suis un gros lourd, je le sais, » Les autres consentirent à sourire avec indulgence en voyant Lavi admettre ses erreurs, même Link qui ne prenait pas part à la conversation. « Après, y a aussi le fait que je l'ai déjà dit, mais j'aimerais bien que Yû vienne un peu plus vers nous. J'veux dire, il se rapproche de toi, Al, et c'est super, mais il se décoince pas. Tu commences à le connaître mieux que nous, essaie de le convaincre qu'il s'amusera ! »
L'oméga fit mine d'y réfléchir. En dépit de ses idioties, il était d'accord avec Lavi, et évidemment que ça lui aurait plu que Kanda passe du temps avec eux. Il avait un peu dépassé la phase possessive des premiers temps et il pensait sincèrement que ça lui serait bénéfique. Seulement, ce dernier était un loup solitaire, capable de se mêler mais n'appréciant pas de le faire hormis de rares occasions. Ça allait être compliqué.
« J'aimerais aussi, » avoua-t-il justement, « mais j'imagine qu'il faudra du temps pour qu'il cède ou qu'il n'en aura peut-être pas envie. Il est spécial, il est souvent bougon et je ne sais pas toujours comment le prendre, si ça marche plutôt bien avec nos rapports… musclés. » Et la tendresse qui s'immisçait çà et là depuis quelques mois. « Je ne sais pas d'où lui vient cette personnalité et ce caractère à la noix, » Il se sentit sourire. « J'imagine que j'ai encore pas mal de choses à apprendre sur lui avant de vous expliquer 'la méthode Kanda', et je suis persuadé qu'avec dix ans de pratique, je n'aurai dressé qu'un maigre brouillon. J'aime ce que je découvre de lui, mais il en dévoile peu. Il commence tout juste à s'exprimer, j'avoue que ça me touche beaucoup. Je ne veux pas en demander trop. »
Il eut un petit rire. Lavi tapa dans ces mains en s'esclaffant :
« Y a tellement d'amour dans tes mots, Allen ! » Il le toisa tandis que le concerné s'étouffait avec sa salive. « Non, sérieux, c'est touchant de voir que tu as réussi à l'aimer pour ce que tu connais de lui et ce qu'il est, et que tu le respectes à ce point.
—C'est pas ça justement, le principe de l'amour ? L'acceptation, le respect ? J'ai du mal à croire qu'on puisse vraiment s'aimer sans ça. »
Hormis sa gêne, Allen posait la question sérieusement. Il y eut un silence, tous le toisant, ce qui le gêna. L'apprenti Bookman parut brièvement déconcerté, puis il se racla la gorge.
« Ouais, c'est ça, mais je veux dire… Yû et toi, quoi. Reconnais que ça impressionne.
—Comme quoi tout arrive, je suppose. »
Le blandin haussa les épaules, une douce chaleur prenant place en lui. Sa relation avec Kanda était devenue assez naturelle pour que ça ne lui fasse plus une impression étrange et qu'il ait intégré le décalage de leurs rapports, cette évolution, comme étant normal. Ce genre de commentaire lui faisait prendre conscience du chemin parcouru. Et de son issue, il était très heureux.
« Au fait, » fit-il, changeant de sujet, « je sais pas si vous avez remarqué la dernière fois qu'on est sorti en ville, mais il y a une nouvelle librairie ! »
Lavi se marra.
« Depuis que Krory t'a appris à lire, tu es devenu bien friand de lecture !
—Pendant mes chaleurs, » commença le blandin sans embarras, pour une rare fois, « je lisais presque un livre par jour, alors… Puis j'avoue que j'espère trouver des recueils de poésie, j'en ai lu beaucoup parmi ceux de la bibliothèque. »
Lenalee parut sincèrement étonnée :
« Tu lis de la poésie, Allen ? C'est assez pointu. »
Le blandin rougit.
« Kanda est un fan et il m'a recommandé quelques ouvrages. Il m'en a aussi expliqué quelques uns. On a parfois de bonnes discussions sur les choses qu'on lit.
—J'ai du mal à voir Yû en pédagogue fan de poésie, mais je comprends mieux ton intérêt. »
Nouveau clin d'œil du rouquin. Allen ne rentra pas dans son jeu.
« Si tu veux tout savoir, il se moque un peu de moi quand je ne comprends pas un vers 'simple', selon lui, donc niveau pédagogie, on repassera.
—Bah voilà, ça c'est notre petit Yû ! »
Ça eut le mérite de faire rire la joyeuse troupe, et Allen vit du coin de l'œil que Link avait un petit rictus. Le maudit frappa dans ses mains.
« Bon, on fait un jeu de société ? Link, tu participes ? »
Le blond couvait quelques papiers du regard avec un stylo plume qu'il trempait dans de l'encre de temps à autre. Il les dévisagea tous, s'arrêtant particulièrement sur Lavi. Lenalee et Allen avaient remarqué qu'il le regardait souvent, depuis que Lavi lui avait fait sa proposition quelque peu… explicite. Ça s'était oublié dans le remue-ménage des dernières semaines, le comportement perturbant du Bookman sur lequel ses deux amis n'osaient pas l'interroger, mais ils mourraient d'envie de lui demander si ça avait avancé avec Link. Ils n'avaient pas encore trouvés le temps, et ils échangeaient souvent à propos d'autres choses, telles que les missions, des anecdotes sur ce que Lavi apprenait (pour lesquelles Bookman lui laissait le loisir de s'en vanter), les entraînements, donc ils oubliaient.
Un peu ironiquement, tout en se doutant qu'il ne tapait pas seulement à côté du problème, Allen avait le sentiment que Lavi recommençait à l'agacer sur sa vie sentimentale pour cacher son propre problème. Et c'est bien parce qu'il avait conscience que son meilleur ami traversait une phase difficile qu'il était plus indulgent, se laissant davantage faire, en plus du fait que ça ne mangeait pas de pain. Il sourit donc à Link, espérant que ce jeu pourrait, d'une quelconque façon, briser la glace entre ses amis. Lavi intercepta son regard et haussa un sourcil, comme s'il était intrigué. Avec son esprit vif, il devait déjà avoir compris. Allen rallongea son sourire, l'englobant dans les destinataires. Le borgne y répondit.
Comme souvent, ils se comprenaient d'un regard. Et ils visualisaient le visage de la jeune Chinoise accordé aux leurs. Ne restait que Link, plus hagard.
« Eh bien, j'ai quelques papiers à faire, » répondit l'homme sobrement, tout en remettant sa plume dans le pot d'encre et mettant de l'ordre dans ses feuilles, « mais je ne serais pas contre, si ça ne dérange personne. »
Lavi éclata de rire et à la grande surprise de tous, il s'en alla pour jeter ses bras autour de lui. Lenalee et Allen éclatèrent de rire malgré eux. L'expression de l'Allemand donnait l'impression qu'il faisait une syncope, il avait blêmi et donna un coup de pied dans la table basse sur laquelle il écrivait, ses affaires tremblant dangereusement, la bouche pincée. On aurait dit qu'un bac de glaçon venait de lui être versé dans le dos. C'était littéralement hilarant.
« Pourquoi tu crois que ça nous dérangerait, Howie ? » fit le rouquin familièrement, « Tu commences à être des nôtres, tu sais ! »
Quelque part, c'était assez touchant, et le regard de Link montra qu'il n'était pas insensible à cette inclusion. Il resserra sa cravate en se raclant la gorge dès que Lavi le libéra.
« Ne m'appelle pas 'Howie', s'il te plaît.
—Oh, te la joue pas à la Yû qui refuse d'être appelé par son prénom !
—Ce n'est pas ça, » objecta le blond, « mais je m'appelle Howard, pas Howie. »
Les trois jeunes gens s'esclaffèrent ensemble devant son ton sérieux et son visage blasé, même Allen qui accusa un regard réprobateur de l'objet de leurs amusements.
« On fait une partie de dada ? » proposa la jeune fille du groupe. « Au moins un jeu auquel notre cher petit Allen ne pourra pas tricher !
—Lenalee, n'exagère pas ! »
La brunette lui ébouriffa les cheveux et le blandin attrapa sa main, entreprenant de chahuter doucement avec elle. Lavi opina vigoureusement de son côté.
« Pile poil pour qu'on joue à quatre, ça me tente bien ! Howard, tu sais jouer ?
—Je préférerais que tu ne sois pas aussi familier avec moi, Lavi, » rétorqua-t-il, « Je reste l'observateur de Walker. Et ça vaut pour vous tous. »
Il les toisait sévèrement, ce qui les rendit tous un peu hagards. Quelque part, le blandin se doutait qu'il risquait de réagir comme ça. Link était un ami, mais il avait aussi un comportement plus froid, de temps à autre. Il s'impliquait sans trop s'impliquer. Quand Allen avait fait la réflexion à Kanda que l'Allemand lui ressemblait, il n'avait vraiment pas tort. Link était plus âgé, plus mature, sans doute plus stratège et plus soft dans sa façon d'être, mais il y avait ce tempérament secret et distant.
« Allons, Link, » intervint Lenalee, tenant toujours la main d'Allen, « ça fait des mois que tu surveilles Allen. Tu ne pouvais pas t'attendre à ce qu'on ne sympathise pas à la longue. Tu devrais même en être satisfait. »
Appuyant les propos de son amie, l'oméga darda un regard sur l'alpha. Il appréciait beaucoup Link et s'il ne se permettait pas de l'appeler par son prénom comme venait de le faire Lavi, il espérait que ce dernier reconnaissait leur proximité à tous. L'homme poussa un fin soupir, clos les paupières une brève seconde, comme agacé, et concéda :
« Je suppose que c'est le cas. Mais évitez de m'appeler comme ça devant Luberrier, ma mission n'est pas de faire ami-ami avec vous tous, sans vouloir être discourtois.
—On sait se tenir, quand même ! » argua Lavi, « il est si sévère que ça, le vieux Lulu' ?
—Il désire simplement que je respecte le protocole. Bref, » claqua-t-il, faisant en sorte de changer de sujet, « le jeu me tente également, mais je ne connais pas. C'est quoi, le dada ? »
Lavi se leva en ricanant et s'approcha d'un placard où se trouvaient plusieurs jeux de sociétés que possédait la congrégation de l'ombre. Il fouilla dans plusieurs boîtes et en sortit une, entreprenant de la déposer au milieu des papiers de Link que celui-ci enleva sur un claquement de langue.
« C'est un jeu de petits chevaux, en fait. Chaque pion représente une couleur, le but est de le faire le tour du circuit de jeu jusqu'à monter sur les cases à l'horizontale correspondant à notre couleur numérotée de 1 à 6. On a quatre pions, et quand les quatre sont montés l'un derrière l'autre, on gagne. Ça se joue avec des dés, sachant que si quelqu'un est devant nous et que le nombre de pion nous amène pile à la case où se trouve son pion, on le fout en l'air et il est handicapé. Il faut faire un six pour démarrer et pour sortir un pion. Une fois qu'on arrive devant les cases numérotées, on monte quand les dés nous le permettent. Par exemple, quand on est devant le 1, il faut faire un 1 pour grimper, et ainsi de suite. Oh et bien sur, tant qu'on a pas fait 1, même si on est devant notre circuit, le pion est dans un état précaire puisqu'il peut se faire dégommer, et ensuite il est sauvé. T'as des questions ?»
Son explication très claire fut approuvée par Link d'un hochement de tête.
« Non, ça ira. »
Les quatre jeunes gens se sourirent.
« Bon, on va pouvoir commencer ! » s'exclama Lenalee. « On a des pions rouge, vert, bleu, et jaune. Qui veut quoi ? »
Allen allait demander le rouge quand la porte s'ouvrit. Un Kanda bougon le fixa, et pour l'oméga, ce fut comme être dans la troisième dimension. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas eu droit à un regard si noir du kendoka. Soit il y avait un problème avec ses odeurs – mais Kanda et lui avaient dépassé ce stade, soit…
« Tu m'avais fait promettre de t'entraîner aujourd'hui, » accusa-t-il, répondant à son interrogation muette « J'ai déjà poireauté deux heures comme un con, et là j'te cherche partout depuis une heure !
—Attends, c'était aujourd'hui ? s'écria Allen, estomaqué.
—On s'est vu y a deux jours, et tu m'avais dit qu'on se retrouverait dans deux jours. Si tu sais pas tenir tes engagements planifie rien, Moyashi. »
Aïe, c'était vrai. Ils s'étaient entraînés avec Link il y a trois jours, et revu le lendemain pour méditer ensemble. Ils avaient tous deux eu du mal, surtout Kanda. En conséquence, le blond leur avait imposé une semaine de repos. Allen voyait bien que le Japonais était à cran et qu'il ne digérait pas sa faiblesse. Durant la séance de méditation, il lui avait dit qu'il voulait se reposer tranquillement tant qu'il serait comme ça. Comprenant que ça ménageait son égo, ce dont le maudit ne pouvait pas le blâmer, et il lui avait proposé qu'ils se voient deux jours plus tard. Le blandin se gratta la tête avec gêne. Kanda était furax, et il comprenait pourquoi. Lui non plus n'aurait pas aimé se prendre un tel vent, si ça pouvait tout à fait arriver d'oublier, ce n'était jamais très agréable.
« Je suis désolé, » commença-t-il sincèrement, « on discutait tous ensemble et j'ai vraiment totalement oublié, je me mélange un peu sur les jours en ce moment. »
Kanda ne parut pas s'adoucir, alors Allen lui fit un sourire contrit.
« Ah bah tu lui poses des lapins, maintenant, Al ? rigola Lavi. Tu sais te faire désirer, toi !
—C'est toi le lapin, crétin ! » s'irrita le kendoka, la main au fourreau de Mugen, sans faire attention à ses idioties. « Bon, laisse tomber, » il s'adressa à Allen, « c'est mort pour aujourd'hui, j'm'en fous. Me demande pu quelque chose pour que dalle, j'apprécie pas. »
Allen voyait bien qu'il était vexé, s'il jouait la carte de la nonchalance. Kanda avait claqué les mots, et il partit furibond. Sachant qu'il venait de merder, et pas qu'un peu, le blandin sortit à sa suite, s'extirpant d'entre le canapé, la table et les jambes de ses amis, auprès desquels il s'excusa. Dans le couloir, il ne vit plus la silhouette de l'épéiste. Bon sang, ce qu'il marchait vite. En tournant à un couloir, il le vit et courut pour attraper son bras.
« Bakanda, t'en vas pas ! »
Kanda le toisa, redevenu plus neutre, et sembla sensible à sa culpabilité, en se dégageant de son emprise. Il entama d'une voix ferme :
« Que les choses soient claires, Moyashi. Je me fiche que tu aies voulu jouer avec les autres, ni que tu n'aies pu eu envie de t'entraîner. Je suis pas en colère à cause de ça. Mais t'aurais pu m'prévenir, bordel de merde. La prochaine fois qu'tu changes de programme, penses-y.
—J'avais oublié, » insista Allen, « J'ai fait une erreur, mais ce n'est pas du tout que je voulais pu m'entraîner, je voulais vraiment le faire. » Il avait surtout voulu passer du temps avec Kanda, il adorait ça, bon sang. « Je te demande pardon. C'est pas une excuse, mais t'es pas le seul que les effets de la synchronisation déstabilisent, et j'avoue que je suis un peu à la ramasse, en ce moment. C'est pour ça que je me mélange. »
Le brun fronçait les sourcils, l'Anglais se passant la langue sur les lèvres.
« J'aime m'entraîner avec toi, » rougit-il, « alors crois-moi que je t'aurais prévenu et que je n'aurais pas oublié en temps normal.
—C'est bon, » grommela Kanda, « on va pas s'engueuler pour des conneries. On est pas mariés, je m'en bats les couilles. J'étais juste vénère sur le coup, laisse.
—Je te jure quand même que je te préviendrai à l'avenir et que je n'oublierai pas. Cette après-midi, tu veux bien ? Je n'ai rien de prévu. »
Kanda parut réfléchir. Il finit par opiner. Allen lui sourit. Puis, il eut une petite illumination. Ce jeu de société, les autres qui le taquinaient pour qu'il vienne avec eux… Son sourire s'agrandit.
« On allait, hm, jouer ensemble tous les quatre. Tu veux venir ?
—Tu te fous de ma gueule ? »
Le symbiotique roula des yeux.
« C'est un jeu de société, Bakanda. Tu n'auras pas spécialement à parler, et disons que je pensais me faire pardonner pour ce matin comme ça. Alors ? »
Kanda haussa quasi imperceptiblement les sourcils.
« T'as pas besoin de te faire pardonner, et l'entraînement suffit. À plus, Moyashi.
—C'est Allen, » rectifia ce dernier en rattrapant doucement son poignet, « et j'aimerais bien que tu viennes. S'il te plaît. »
Il se passa une lourde poignée de secondes durant lesquelles Kanda garda les prunelles figées sur son bras. Enfin, il poussa un soupir agacé.
« Ok. Mais si le lapin m'emmerde, je me barre.
—Lavi se taira, tu as ma parole. » Allen planta ses yeux dans les siens, se sentant soudainement excité. Il se débrouillerait pour faire taire Lavi. Dusse-t-il lui donner des coups de pieds sous la table. « Allez, dépêchons-nous. »
Il était littéralement trop heureux que Kanda accepte, ce qui était une immense avancée, pour dire quoique ce soit d'autre !
Ils revinrent dans la salle, Allen tirant gentiment le poignet du kendoka qui se laissait – étrangement – docilement mener, sous les yeux étonnés des trois autres.
« Kanda et moi on a réglé notre souci, et je lui ai proposé de venir avec nous.
—T'as accepté, Yû ? »
Le susnommé ouvrit la bouche pour gueuler, la pression de la main d'Allen contre son poignet l'en dissuadant. Le blandin était tout à fait conscient qu'il était en train de faire un gros effort pour lui. Même après la rage de l'avoir attendu pour rien. Vu le caractère de Kanda, s'il avait mis sa colère de côté, c'était bien un signe qu'il l'appréciait. Son cœur tambourinait furieusement dans sa poitrine quand il y réfléchissait. Depuis qu'il s'était rendu compte qu'il l'aimait… peut-être… rien n'avait changé dans sa manière de se comporter. La façon dont il voyait certains de leurs rapports et ses battements de cœur qui s'emballait subitement, en revanche… Le pire étant qu'un alpha pouvait les entendre.
Link le lui avait déjà dit, et il savait que c'était sûrement le cas de Kanda. Qu'en pensait-il ? Il ne lui poserait certainement pas la question.
Tandis qu'il se perdait en réflexion, Lenalee fit remarquer :
« Le dada se joue à quatre. À cinq, ça va être un peu compliqué…
—Yû à qu'à jouer pour moi, je vous observe, » fit Lavi en décalant une place à côté de Lenalee pour que Kanda puisse s'y mettre, « ça fera une super expérience sociale à enregistrer.
—Continue et j'te jure que je t'en décoche une, » gronda Kanda.
Allen tira encore Kanda en avant, envoyant à Lavi un regard meurtrier, de sorte qu'ils prirent place chacun d'un côté de Lenalee. Le rouquin était à côté du kendoka, et le blandin se doutait qu'il allait sûrement l'emmerder. Ça n'aurait pas été Lavi, sans ça. Il était soulagé qu'il soit redevenu lui-même. De plus, il espérait que Kanda n'ait pas oublié sa promesse et en profite pour faire attention à son odeur…
Link proposa de commencer, calmant un peu l'agitation, et ils jouèrent. Bien vite, la partie prit un ton pour le moins étonnant. Kanda gagnait, et n'arrêtait pas de dégommer les pions de Link et Allen, qui râlaient à l'unisson contre lui. Et il était visible que sa part de sadisme appréciait de mener le jeu :
« M'faut un six et le pion de Moyashi dégage. »
Il lâcha son dé, qui donna la somme voulue.
« Suffit de demander, » fit-il narquois, venant placer son pion bleu à l'endroit où se trouvait le pion rouge d'Allen, soit en phase de monter.
Kanda avait déjà monté deux pions, et à part Lenalee qui avait réussi à en sauver un, Link et Allen n'avaient pas réussi à faire le tour complet une seule fois. Lavi était quasi mort de rire à côté.
« Eh bah, je veux pas faire ma raclette, mais Allen a pu un seul pion de sorti. T'es en total désavantage, l'ami, faut se réveiller ! »
Bien conscient de ce fait, l'oméga fronça les sourcils.
« Les dés sont pipés, c'est pas possible !
—Quand tu gagnes tout le temps au Poker c'est pas de la triche, mais moi je fais mon six et j'ai un dé pipé ? s'insurgea l'épéiste.
—Tu demandes et tu obtiens à chaque fois, il y a un problème ! »
Pour être un tricheur, il savait de quoi il parlait question chance et probabilité. Kanda eut un rictus.
« Tout comme toi tu commandes aux cartes.
—Tu m'énerves, Bakanda !
—Walker, ne perdons pas notre sang froid. »
L'emploi de la première personne du pluriel par Link suggérait qu'il était aussi irrité. Kanda lâcha l'air de rien :
« J'rejoue, vu que j'ai fait six, et si je fais 3, c'est le pion du chien de Luberrier qui dégage.
—J'ai un nom, Kanda Yû. »
Le susnommé l'ignora. Lorsqu'il lança le dé, il refléta trois petits points. Link jura entre ses dents. Lavi était hilare. Dans sa vision périphérique, le maudit s'imaginait faire voler le jeu et sauter dessus à pied-joint. Il ne perdait presque jamais, et il se découvrait très mauvais perdant. Son orgueil n'appréciait pas. C'était ridicule, il prenait ce jeu stupide trop au sérieux, il était le premier à l'admettre… Néanmoins, merde, il n'appréciait pas. Au moins, Kanda s'amusait visiblement, et ça, ça faisait plaisir. Quand bien même c'était aux dépens de sa victoire.
Allen serra les dents. C'était au tour de Lenalee. Elle fit un six, et réussit à placer son deuxième en position montante. En rejouant, elle tomba sur un deux, ne pouvant rien faire. Cela dura un moment, le tour passait de Kanda à Lenalee, puis Allen et Link.
Finalement, Kanda gagna, Lenalee le suivant de peu, et Allen ayant réussi à rentrer un pion in extremis, pendant que Link avait été suivi par la malchance jusqu'au bout.
« Si j'avais fait un 1, j'aurais été à égalité avec Lenalee, » insista Allen, « j'étais à ça ! »
Avec ses doigts, il mimait un intervalle ridiculement petit. Kanda ricana avec sarcasme.
« Si tu savais mieux t'organiser dans le temps t'arriverais peut-être à avoir les numéros qu'il te faut. »
Fronçant les sourcils, le maudit choisit de combattre le feu par le feu :
« Tu parles de l'entraînement de ce matin ? Tu sembles bien le regretter, et je croyais que j'étais collant ? Tu me disais ça il y a deux semaines.
—J'regrette rien, mais ouais, tu me supplies pour un entraînement que t'oublies idiotement, » il le taquinait, aussi, Allen savait que ce n'était plus vraiment un reproche, « T'es doublement chiant.
—Premièrement je ne t'ai pas supplié, et deuxièmement, tu es chiant aussi !
—Pas tant que toi ! »
Ils se faisaient face dangereusement, comme prêts à régler ça par une baston.
« Les garçons… »
Lenalee essayait de tempérer. En les voyant comme ça, difficile de croire qu'ils étaient les mêmes Kanda et Allen qu'elle avait interrompu durant ce qui ressemblait tout à fait à un moment câlin après la première dispute de Lavi et Link. Comme quoi, il y avait des choses qui ne changeaient pas totalement.
« Leurs scènes de ménages sont extras, » se réjouit Lavi en se frottant les mains, « continuez, j'adore ça !
—La ferme ! »
Les deux concernés s'étaient tournés rageusement vers lui, en même temps. Il fallait le dire, ils faisaient un peu peur. Aussi, Lavi se tut. Ils rirent tous ensuite, sauf peut-être l'irascible Kanda qui croisait les bras.
La tension de l'instant s'étant envolée, Allen se tourna gentiment vers Kanda, englobant les autres du regard :
« Je crois qu'on va s'arrêter là, nous. Kanda, on mange ensemble et on va s'entraîner ? Ça te dit ? »
Ce dernier haussa les épaules, ce qui ressemblait à un oui qui ne voulait pas être prononcé. Ils partirent, Lavi leur souhaitant un bon entraînement, récoltant des regards mi-blasés mi-encolérés, et Lenalee fut contactée par un golem qui lui annonça que son frère la demandait.
Ne restèrent que Link et Lavi, seuls à seuls.
Link reprit ses papiers comme si de rien était, et Lavi rangea d'abord le jeu. Ils ne parlèrent pas, jusqu'à ce que le rouquin se rassoit à côté de lui. Le silence était pesant, et Lavi finit par demander :
« Je m'inquiète un peu pour les entraînements de Yû et Allen. Il paraît que vous avez abandonné jusqu'à la semaine prochaine ? »
Dans la main puissante mais fine du secrétaire, le stylo plume tourna, de même que le regard de ce dernier sur lui. Link eut l'air de regarder autour d'eux, comme s'il craignait que l'on puisse l'entendre.
« C'est surtout Kanda Yû qui est inquiétant. Il ne supporte plus la double synchronisation. J'ai demandé à Komui de l'emmener voir Hevlaska, qu'elle nous explique ce qui se passe avec son taux de résonance. En attendant, on ne peut pas risquer d'empirer la situation. C'est tout ce que je suis autorisé à te révéler. »
L'apprenti Bookman opina. Il se passa doucement la langue sur les lèvres.
« Je suis au courant de certaines particularités concernant le cas de Yû. Je suppose que le vieux dégénéré aussi et il a certainement dû t'en parler avant ce projet d'entraînement, non ? »
Link le dévisagea comme s'il avait vu un fantôme.
« Je suis l'héritier Bookman, je te rappelle. Quand mon grand-père et moi avons intégré la congrégation, on s'est renseigné sur les autres exorcistes, et il faut dire que c'est très spécial, et épineux. Je n'en connais qu'une infime partie, mais Jiji en sait plus que moi et il pense que ça pourrait très mal finir si Luberrier persiste. »
L'Allemand poussa un soupir.
« Luberrier sait ce qu'il fait, cependant, on ne peut pas toujours prévoir les complications. La seule chose que je peux t'assurer est que le problème sera traité, et que je ne ferai rien pour mettre la santé de Kanda Yû ou de Walker en péril. Ce n'est pas l'objectif. »
Bien contraint de ne pas chercher plus loin, le borgne hocha la tête. La pièce fut replongée dans le silence. L'atmosphère amusante des chahuts d'Allen et Kanda, des rires de Lenalee et Lavi, ainsi que de l'irritation bourdonnante de Link, le tout créant un joyeux ramdam, était chassée. Lavi soupira et se sentit soudainement… timide. Il ne s'était pas retrouvé seul avec Link depuis longtemps, et ce n'était absolument pas son genre d'être comme ça, alors il se fit violence. Tendant la main, il attrapa le poignet libre du jeune secrétaire.
« Est-ce qu'on peut parler, toi et moi ? »
Link parut s'étonner.
« On était pas déjà en train de le faire ?
—Tu sais bien ce que je veux dire, » aplatit Lavi, « de nous. »
Il eut un rire nerveux, ce qui lui permit de chasser une montée de rougissement. Link posa son stylo en grommelant que personne ne le laisserait travailler tranquille aujourd'hui. À peine désolé, le rouquin fut satisfait de le voir ranger tout son attirail. Puis, le blond le toisa, dans l'attente qu'il s'exprime.
« Je dois te dire que je suis désolé, pour ce que je t'ai dit, quand je t'ai demandé de me baiser. » Lavi se mordit la lèvre. « J'étais énervé par toutes nos disputes, et c'était peut-être un peu déplacé.
—Un peu ? »
Un autre rire nerveux.
« Un peu beaucoup, je l'admets. Mais j'étais sérieux, L-Howard. Tu me plais. Je te le demande en bonne et due forme, est-ce que c'est réciproque ? »
Le silence tendu revint. L'adulte le brisa par un soupir.
« J'avoue que je te trouve plutôt attirant, mais je ne peux pas aller plus loin que ça avec toi. Tu es trop jeune…
—Bon sang, j'ai dix-huit ans, personne ne te jettera la pierre pour notre différence d'âge !
—On a onze ans d'écart, et crois-moi, c'est beaucoup. »
Lavi secoua la tête.
« Ça n'empêche pas d'essayer, au moins pour un test, non ?
—Ce n'est pas que je n'en aurai pas envie, mais ma position me l'interdit. À moins qu'on soit liés, je ne pourrai pas être avec toi. Je suis désolé. »
Le rejet piqueta le cœur de Lavi. Peut-être qu'idiotement, il s'était plus attaché à Link qu'il ne l'aurait voulu. Putain, ça le contrariait. Il serra les poings.
« Si on garde ça secret, on pourrait ?
—Lavi… » À la surprise de ce dernier, Link posa une main sur sa joue, qu'il caressa. Il trouva le contact beaucoup trop agréable, et il eut envie de suivre ses pulsions. « C'est impossible, je te demande pardon. J'entends ton cœur battre vite et je ne veux pas te blesser, mais… »
Le rouquin saisit alors sa main et la porta justement à son cœur. Il se sentit idiot, pourtant, c'était à peu près le seul argument qui lui restait.
« Tu veux te priver de quelque chose qui pourrait fonctionner pour ne pas contrarier ton supérieur ? Et vivre, tu l'envisages, ou pas ?
—Bon sang, Lavi… »
Encore un mouvement de tête négatif.
« Est-ce que je peux t'embrasser ?
—C'est une mauvaise idée.
—Tu dis pas non. »
Link baissa un peu la tête. Plus confiant, presque arrogant, Lavi pencha la sienne avec défi et ses lèvres rencontrèrent celles de Link. Il ne pensa plus à rien d'autre. Le plus âgé mena bien vite le baiser, ce qui n'était pas surprenant vu que Lavi avait moins d'expérience. Leurs lèvres se muaient l'une contre l'autre, mais dès que le rouquin tenta de faire pénétrer sa langue, le blond le repoussa gentiment.
« Je t'accorde ce baiser en guise de pardon, expliqua-t-il, mais c'est tout. Je ne peux pas plus, si j'en aurai envie. Ne le prends pas contre toi.
—Tu te fiches de moi ? Non, sérieux, tu déconnes, là ? »
L'Allemand parut sincèrement désarçonné par tout ça.
« Écoute, on en parlera plus tard si tu veux, il faut vraiment que je finisse mes papiers. »
Il commença à ranger, prit sa mallette et Lavi le regardait faire avec une mollesse étrange, celle d'une personne ne croyant tout bonnement pas ce qui venait de se passer au point d'en perdre sa capacité à réagir.
« Mais…
—Désolé, Lavi. »
Link quitta la pièce, aussi, l'archiviste se leva d'un bond.
Il resta debout, planté comme un con, à regarder l'encadrement de la porte. La silhouette du bureaucrate ne s'y trouvait plus depuis belle lurette quand il commença à reprendre pied. Il venait de se faire rejeter. Et pas qu'un peu. Rageur, il donna un coup de botte contre la table basse, et se laissa tomber sur le canapé. Il essayait de se convaincre que ce n'était pas grave, que Link n'était qu'un de ses béguins parmi tant d'autres, que, de toute façon, après le numéro du Noah, il avait encore un peu de mal avec le fait d'être touché, il avait mal.
Il enfouit la tête dans ses mains et il se mit à pleurer doucement.
À suivre...
Etttt un petit chapitre centré sur un jeu XD. Je trouvais ça amusant, surtout pour mettre en évidence le fait que malgré le lien, la relation entre Kanda et Allen n'a pas totalement changée, et qu'ils sont plus tendres tout en restant deux têtes de mules x').
Quant à Link et Lavi, les pauvres ne l'ont pas facile non plus, et ce chapitre le montre bien... Je m'éclate bien avec eux, j'avoue xD. La coupure est un petit peu vache, je sais, maiis bon x'D.
Comme la dernière fois, vous pouvez retrouver un teasing sur le blog (lien sur le profil) et je peux déjà vous dire que le prochain chapitre risque peut-être de vous surprendre ;).
Reviews ? N'hésitez surtout pas si le cœur vous en dit et si vous avez une réaction, ça fait plaisir de savoir ce que vous pensez !
Merci d'avoir lu !
