Hello hello !
Que vois-je ? C'est un chapitre sauvage, et ce n'est pas le dernier pour la partie 25, il y en aura une troisième, je suis obligée de couper là étant donner que ces événements font déjà 7k.
Donc ça aura mis le temps, de nouveau, mais cette fois-ci, pas un an et six mois, on s'améliore doucement :p. Pour ce chapitre, je vous avoue être excitée comme une folle de le poster, sans prétention je l'adore et j'ai adoré l'écrire, parce qu'il se passe plein de trucs dedans que j'avais si hâte d'écrire donc j'espère qu'il vous plaira autant que j'en suis satisfaite XD.
Petit aparté un peu émotion pour dire aussi que SOS ayant commencé à être publié le 17 juin 2017, cette fiction a officiellement 5 ans. Presque 6, si on compte le temps d'écriture qui a commencé vers la fin de l'été 2016. Limite c'est un petit enfant qui va rentrer au primaire le truc x'D. Ça me fait drôle. Donc grand grand merci à tout ceux qui ont suivi, suivent et suivront SOS. Je l'ai commencé quand j'étais toute jeune, à 18 ans, période où j'étais encore un poil immature et gamine sur les bords, et je continue de l'écrire alors que j'ai quasiment un quart de siècle maintenant ;). Il se passe énormément de choses en 6 ans. Même si ces dernières années, j'ai eu du mal à être régulière, la faute donc a divers événements heureux ou pas, et à la vie, aux études, je veux pas la lâcher et cette fiction continue d'évoluer et de m'accompagner. Elle est très importante pour moi, parce que je m'y suis accrochée quand ça n'allait pas, j'ai persévéré pour la continuer, et au final, je m'éclate toujours autant à l'écrire. Je suis super heureuse de la partager avec vous, donc vraiment, merci infiniment de suivre cette histoire.
Ceci étant dit, je vous souhaite une très bonne lecture !
Réponse anonyme :
Laura : Ta patience est récompensée du coup, la suite est là xD merci beaucoup pour tes compliments en tout cas ! Ne t'en fais pas, ça va bien avancer entre Allen et Kanda. Doucement mais sûrement. Patience pour le lemon aussi, il y en aura, pas de suite par contre. Pour Lavi et Tyki, il y aura bien du Tykivi. Pareil, ça se mettra en place doucement mais sûrement ;). J'espère que ça te plaira si tu repasses par là :D ! (Et merci aussi de ta review sur Honeymoon, j'y répondrai plus en détail là-bas mais merci x3)
Akane : Merci énormément ! Je suis vraiment contente que ça te plaise et si tu es toujours là pour lire ! Je n'abandonne pas, du coup oui, la suite est là xD. Merci encore ! :D
Bûchant sur le manuscrit historique poussiéreux qui s'effritait entre ses doigts, Lavi toisait son grand-père de profil, l'air faussement absorbé. Il savait qu'il en prendrait une s'il ne faisait pas preuve de suffisamment de concentration, alors il se faisait discret. Pourtant, il n'y avait rien à faire, il n'avait pas du tout la tête à apprendre, ce soir. Il s'angoissait. Comme bien souvent, il pensait aux mêmes choses, aux mêmes problèmes. Il avait la conviction que son grand-père, ce vieux Bookman, avait peut-être la solution. Sauf que Lavi avait peur. Il désirait parler, sans un mot courageux pour sortir de ses lèvres. Ils butaient contre ses dents, mourraient sur sa langue, avant même qu'il ne les conscientise tant il y en avait. Ils le torturaient. Lavi risquait, par une seule maladresse, par un seul mot de travers, de tout mettre à mal. Tout son avenir, tout ce qu'il avait construit.
Une épaisse boule dans la gorge qu'il rechignait à avaler, le jeune homme voyait ses mains trembler lorsqu'il tournait les pages de l'ouvrage, avec des gestes un peu trop lent. Un peu trop imprécis.
Il se sentait si bête d'être si apeuré. On aurait dit un abruti. Il savait qu'il l'était. Il désirait demander à son grand-père quelque chose de simple, de légitime. Il n'aurait pas dû avoir aussi honte. Se mordant la lèvre, Lavi ignora le poids contre sa poitrine.
« Papy. »
Le vieillard se tourna vers lui. Lavi avait un vieux goût de bile dans la gorge.
Il hésita à enchaîner avec un bête « non, rien », et se remettre à sa lecture, sachant qu'il n'échapperait pas à une belle engueulade, voire une petite baffe. Il préféra mettre les pieds dans le plat.
« Tu sais ce que c'est, les Gammas ? »
À sa grande surprise, Lavi vit son grand-père avoir le type de réaction qu'il n'espérait pas.
Des yeux écarquillés, un éclair d'agacement et de... peur dans le regard. Lavi n'avait jamais vu le vieux Bookman arborer ce type d'expression. Jamais.
« Qui t'a parlé de ça ? » attaqua le vieil homme d'une voix sourde.
Le jeune homme resta sans voix. Il étudia rapidement ses possibilités, sachant que mentir ou trouver des excuses n'était une chose que peu étrangère à son quotidien.
« J'ai lu ça dans un livre... Je me posais la question. Ça te pose problème ? »
Bien sûr, la question n'en était pas une. Ses sourcils froncés témoignaient de sa propre interrogation. Le vieillard parut s'adoucir, à peine. Il toisa Lavi un long moment, si bien que ce dernier se sentit mal à l'aise. On aurait dit que le vieil homme voulait sonder son visage, son cerveau, la moindre de ses pensées, et qu'il savait ce qui se passait dans sa tête. L'espace d'un instant, Lavi fut terrifié. Véritablement terrifié. Qu'il puisse en effet comprendre et que ça se retourne contre lui. Pire, encore, tout cela prouvait qu'il lui avait effectivement caché quelque chose et qu'il n'avait pas envie que Lavi le découvre.
Le rouquin sentit son coeur battre dans sa poitrine. Il lui fallut son meilleur jeu d'acteur pour esquisser un sourire, attendre que le papy redescende. Le vieillard finit par lâcher le contact, Lavi à court de résistance à force de se crisper pour avoir l'air nonchalant.
« Ça ne me pose pas de souci, » rétorqua Bookman.
Menteur, pensa Lavi. T'es cramé.
« Toutefois, tu ne devrais pas lire des idioties pareilles. Ça n'existe pas. »
Là, le rouquin se sentit choqué que son grand-père lui mente de façon éhontée... Est-ce que Tyki mentait, alors ? Ça aurait été son style. Mais quelque chose clochait avec lui, il l'avait toujours su.
« Je l'ai lu. » Il fronça les sourcils, les bras tendus, insistants. « Je ne l'ai pas inventé. C'est quoi ? Pourquoi tu réagis comme ça ? »
Le vieillard secoua la tête.
« Disons que ça n'existe plus. C'est extrêmement rare, et c'est un statut qui s'est éteint avec le temps. En savoir plus sur ça ne t'apportera rien. C'est une légende, à mes yeux. Comme si tu me demandais des informations à propos du boogeyman.
—Je croyais qu'en tant que Bookman, je devais tout savoir ? Même ça, je sais ce que c'est. Tu veux pas m'expliquer, pour ma culture ? »
Les yeux cerclés de noir le dévisagèrent froidement. Panda allait lui en foutre une, ou alors le gronder.
« Tu dois en savoir le plus possible. Ça, non. C'est inutile. Ce n'est pas ce que je te demande d'apprendre pour l'instant. Maintenant concentre-toi et lis. Ou je t'envoie au lit sans manger. »
Le menacer de l'engueuler, alors.
Choix intéressant.
Il avait passé l'âge de ce genre de punition, mais il savait aussi que le vioque ne déconnait pas.
Lavi se força à lui tirer la langue, comme il l'aurait fait d'habitude. Ces paroles sonnaient creuses. Il comprit toutefois une chose. Papy était, lui aussi, un excellent manipulateur. Et ça le convainquit d'autant plus du fait que Tyki devait forcément détenir une part, si ce n'est la vérité. Il dut lutter contre ses mains qui se crispèrent sur le papier froissé des livres. Il dut lutter pour que des tremblements ne poindent pas dans son corps. Il y avait un problème.
Un putain de problème.
Il n'arrivait pas à insister. Le grand-père avait dit non, c'était non.
Il faisait une putain de crise d'angoisse à l'idée que seul ce salopard de Mikk avait des réponses. Qu'il serait forcé de lui reparler, d'interagir avec lui, s'il voulait comprendre.
Angoissé à l'idée que, peut-être, la sensation dans son ventre quand il repensait à la fois, qui dansait entre la peur et autre chose, un autre chose qu'il identifiait et le dégoûtait, s'intensifiait. Qu'il ne saurait pas jusqu'où ça irait.
Que, une fois encore, Mikk avait un putain de coup d'avance sur lui.
Allen embrassait Kanda. Il se sentait... heureux. Ses lèvres le piquetaient un peu, avec un reste de barbe qui devait sans doute repousser. Il se demandait si la sienne, qu'il commençait à raser bien qu'il n'y en ait que peu, le piquait aussi. En tant qu'oméga, c'était un peu sa fierté. Chose bête, mais il devenait un homme adulte. Ses muscles des bras qui devenaient saillant et ses abdominaux bien dessinés représentaient aussi une fierté masculine typique pour lui. Il n'aurait jamais la même carrure que Kanda, bien qu'il n'avait pas fini sa croissance et qu'il pouvait encore se surprendre lui-même, mais il était fier de lui pour ce qu'il avait déjà.
Et il se disait, ce jour, que cette étape de grandir, passait aussi par là.
Oser faire ce dont il avait envie.
Embrasser Kanda, il le désirait depuis des lustres. Depuis la première fois qu'ils s'étaient embrassé avec passion, durant ses chaleurs. Ça lui semblait si loin, comme une éternité. Pourtant, il ressentit une forme de nostalgie en pensant à ça, si bien que ça l'effraya. Ça avait été si traumatisant pour lui, pouvait-il ressentir du réconfort en se replongeant dans cette période ? Peut-être qu'il n'y avait pas eu que du mauvais, il voulait bien l'avouer. Peut-être, non, à coup sûr, que sans ça, Kanda et lui n'auraient jamais eu ces relations là. Il y avait le malheur, mais ils s'étaient trouvés dans ces sombres moments.
Son coeur se gonfla d'une joie amère, qui l'emportait pourtant sur le mal-être.
Non, sans ça, il n'aurait jamais bougé ses lèvres contre les siennes, en s'agrippant timidement à sa nuque. Il n'aurait jamais caressé ses cheveux de doigts hésitants. Il n'aurait jamais senti les mains de l'alpha sur ses hanches.
Le baiser se rompit, et Allen ravala son inquiétude, prêt à assumer. Comment Kanda réagirait-il ? Il avait tant eu de mal avec leur amitié, à être proche de lui, que... il avait peur de tout foutre en l'air. Il se sentait fébrile, à la fois dans le bon et dans le mauvais sens du terme, à savoir comment réagir.
« Je...
—Ne parle pas. »
En fronçant les sourcils, Allen crut halluciner lorsque Kanda l'attira de nouveau contre lui, lui rendant son baiser.
Kanda embrassait violemment. C'était vif, une attaque de bouche à bouche, mais c'était intense. Ça lui décolla le bas-ventre. Tout son sang trembla dans ses veines. Il l'attira contre lui, plus proche. Allen rendit l'étreinte, se laissant faire et participant même. Leurs chaleurs se transmettaient l'un à l'autre. Allen commençait à avoir très chaud. Il supposait que Kanda aussi, sa nuque, qu'il caressait, devenait humide. Loin de le dégoûter, il libéra brièvement la bouche de l'alpha pour reprendre de l'air. Kanda ne le laissa pas faire. Il l'embrassa à pleine bouche, à nouveau.
Pitié, que ce ne soit pas un rêve.
Mais ce n'en était pas un. Allen se pinça, extrêmement fort, pour vérifier. Non, il n'avait pas été se coucher, il se rappelait pourquoi et comment il s'était retrouvé ici. Il était dans la réalité.
C'était bien lui, qui avait eu le courage d'embrasser celui qu'il aimait. Le même qui lui rendait l'attention.
Kanda le plaqua sous lui, venant saisir ses cuisses et le rapprochant de lui, pour l'asseoir carrément sur ses genoux. Allen blêmit, il avait peur que Kanda ne perde le contrôle et lui-même de se retrouver dans la même situation que l'autre fois. Excepté que Kanda gardait la main sur ses hanches, sans descendre plus bas, l'attirant simplement contre lui, de manière à ce que leur corps se colle au maximum et que leurs lèvres se joignent sans obstacles. Il se laissait donc faire, gémissant lorsque les doigts de Kanda s'enfoncèrent dans la chair de ses reins. Il tremblait, entre divers sentiments.
Bordel, qu'il aimait ça.
Il se demandait comment il pourrait se retenir de réembrasser l'alpha à nouveau. Entre liés, c'était... exquis. Il n'y avait pas d'autres mots, aussi stupide que cela puisse paraître. C'était extraordinaire, il n'y avait rien qui se comparait à ça.
Quand Kanda le relâcha, Allen resta coi un instant. Il n'osa rien dire, rien faire. Il était encore sur les genoux de Kanda, avec une érection à couper du béton dans son caleçon et celui du kendoka criait grâce de la même façon, il pouvait le sentir avec sa posture. Il se fit la réflexion qu'ils étaient ridicules. Deux puceaux qui s'embrassaient à pleine bouche et n'osaient pas aller plus loin, réduits à bander dans leur coin.
Il déglutit, regardant Kanda dans les yeux. Ils étaient aussi pantelant l'un que l'autre. Allen sentait son ventre faire des choses bizarres quand il croisait son regard. Des choses qu'il reconnaissait, pour l'avoir déjà ressenti à de maintes reprises.
Leurs visages perplexes, déconfits, traduisaient la même chose : ils avaient joué, maintenant il fallait qu'ils en parlent.
Allen ne voulait plus attendre.
« C'était... Je... »
Pas très éloquent, il peinait à trouver ses mots. Allait-il se déclarer comme ça ?
Kanda eut un rire.
« C'était intense, putain. » Il complétait pour lui. « J'avais envie de tester pour de vrai. »
Oh.
Allen se sentit frappé par la déception. Son visage s'assombrit. C'était ça pour Kanda ? Un test ? Juste ça ?
« Tu voulais voir ce que ça faisait ? » demanda-t-il, se mordant la joue.
Kanda opina.
« Comme toi, j'imagine. C'est pas la première fois que j'y pense. Je sais qu'on en avait envie tous les deux. C'est de la curiosité. On avait déjà convenu de se laisser aller. Non ? »
Allen sentit le noeud de la contrariété remonter dans sa gorge.
Il y avait de ça, bien sûr. La curiosité. Mais aussi... ses propre sentiments. L'espace d'un instant, il avait espéré que Kanda était à son niveau par rapport à ça. Il avait espéré que ce qu'il ressentait était réciproque.
Le blandin se passa la langue sur les lèvres, se força à sourire.
« Oui, tu as raison... C'était très bien.
—Ouais. »
Allen choisit ce moment pour glisser sa tête dans le cou de Kanda. Il avait été trop vite. Kanda avait encore besoin de temps. Lui aussi, sans doute. C'était au moins un avant-goût de ce qu'ils pourraient avoir si un jour Allen était assez courageux ou suicidaire pour se lancer.
« Ça te dérange pas, que je te sente ? » demanda-t-il tardivement, inquiet d'avoir l'accord de l'alpha. « Tu veux bien ? »
Pour toute réponse, Kanda referma ses bras autour de lui.
« Je t'aurais repoussé si je ne voulais pas. Laisse-toi aller. Pourquoi tu commences à puer ? »
Kanda poussa Allen à le regarder.
Leurs visages étaient prêts. Leurs lèvres aussi. Ils devaient forcément y penser tous les deux. Mais Allen se détourna, le noeud dans son ventre grossissant.
« Je suis juste... fatigué. J'espère qu'on ne rêve pas. Ça m'angoisse un peu. Rien de méchant. »
Il mentait à moitié. Cette fois-ci, Kanda lui pinça les côtes. Allen grogna et jouta dans ses bras, gueulant qu'il était un enfoiré. Ça lui avait fait mal, bon sang. Et le kendoka ricanait comme un crétin.
Bakanda ! T'es vraiment con !
Allen était aussi agacé qu'attristé d'à quel point Kanda et lui voyaient la situation différemment.
Tout ne devenait pas simple. Kanda restait un idiot fini, Allen aussi - se voir pas fichu de dire ce qu'il ressentait, se dégonfler, l'énervait autant que la perspective de tout foutre en l'air parce que ça ne pouvait pas être réciproque vu les réactions de Kanda. Et ils n'étaient pas plus avancés. C'était même le parfait contraire.
Allen se sentait frustré, et déçu.
Voilà pourquoi il puait, comme aurait dit Kanda.
De ce fait, non, définitivement, non, ils ne rêvaient pas.
« Tu fais la gueule, Allen ? »
Au repas du soir, Allen picorait dans son assiette avec Lavi, Lenalee et Link. Ils étaient allés manger tard. La cafétéria était presque vide. Même Jerry s'était inquiété et lui avait proposé de lui cuisiner quelque chose de mieux. Il fallait dire qu'il n'avait aucun appétit, et qu'il avait plutôt la tête ailleurs. Il n'écoutait qu'à peine les conversations de ses amis, Link le dévisageait avec circonspection, choqué de le voir aussi silencieux.
Le maudit regarda le bout de pain dans sa main, dans lequel il se força à croquer par vengeance contre les astres.
« Du tout, du tout » répondit-il mollement, « j'ai juste pas faim.
—Toi, pas faim ? »
C'était Link qui avait parlé. Allen lui jeta un regard noir.
« Ça peut arriver, même à moi. Je n'ai pas combattu aujourd'hui, j'ai pas fait grand-chose, alors mon corps a moins besoin de nutriments. »
Ce qui était à moitié vrai et à moitié faux. Même lorsqu'Allen ne combattait pas et ne se fatiguait pas, il avait toujours faim. Actuellement son ventre criait famine, mais il n'arrivait pas à se décider à manger. Il était vraiment déboussolé.
« Explique-nous ce qui va pas, Al, au lieu de bouder ton ventre, » souffla Lavi avec un visage bienveillant dans sa direction.
Lenalee et Link hochaient la tête de concert, d'accord avec lui. La jeune fille se risqua à mettre les pieds dans le plat.
« C'est encore Kanda ?
—Qu... quoi ? Pourquoi ? »
Allen beugla, pris de court. Il n'y avait pas besoin de beaucoup réfléchir pour s'en douter, mais tout de même...
« Tu es dans cet état dès qu'il y a quelque chose avec lui, » rétorqua gentiment Lenalee. « Parle-nous.
—J'ai pas très envie de revenir sur ce qui s'est passé... »
Allen croisa les bras, se renfermant par réflexe. Il hésitait un peu, en vérité. Toutefois, il était perdu. Il avait peur des réactions de ses amis. Qu'ils le trouvent stupide. Parce qu'il se le disait déjà, alors l'entendre d'une autre bouche l'aurait achevé.
Link posa une main sur son épaule, désirant calmer le jeu en voyant son air embarrassé. Même ses deux amis étaient surpris de sa réaction.
« C'est à toi de voir, Walker. Si tu as besoin de nous, on est là et on ne te jugera pas. C'est par rapport à ce dont on a parlé tout à l'heure ? Il a dit quelque chose de méchant ? »
Allen secoua la tête. Il se mordit la lèvre.
Et puis merde, autant leur dire, il voulait de l'aide sur comment interpréter la réaction de Kanda.
« C'est pas ça... c'est même l'inverse. » Le poids dans son ventre grossissait. « Disons qu'on... on s'est embrassé... deux fois. »
Les visages de ses amis reflétèrent la surprise à l'état pure.
« Mais c'est génial ! » Lavi fut le premier à s'exclamer, sincèrement heureux. « Et... c'est pour ça que tu fais cette gueule ? Et que tu manges pas ? Vous êtes ensemble, alors ?! »
Allen aurait bien aimé. Devant son visage déconfit, les autres froncèrent les sourcils et Lavi parut se calmer.
« Allen ? »
Les larmes aux yeux, ce dernier s'essuya précipitamment pour ne pas encore se retrouver dans cet état si pathétique.
« Disons que, » il hésitait sur ses mots, serrant ses couverts fermement dans sa main, « j'ai pas pu lui dire ce que je ressentais. Il a dit qu'il voulait juste tester ce que ça faisait, 'en vrai', » il mima des guillemets avec ses mains. « Je suppose qu'il pensait à essayer sans les chaleurs, sans les rêves partagés... Je l'ai compris, mais moi...
—Pour toi, c'était sincère, » compléta Lenalee. « Et tu es déçu.
—Oui. »
Allen se retenait vraiment de chialer comme un idiot. Il savait que ça risquait de lui arriver et il retardait l'échéance.
« Je... j'ai pas osé. S'il veut juste essayer, et que moi je lui dis que je l'aime, ça va mettre un froid entre nous et... Je sais que je ne devrai pas lui en vouloir, mais ça m'a vraiment blessé. Je m'étais attendu à... je sais pas... Je me sens stupide. »
C'était dit. Il se rendit compte qu'il avait lâché une larme quand Link se mit à masser son épaule gentiment. Il était, malgré tout, content de les avoir avec lui. Finalement, il avait besoin de craquer un peu. Il ne savait absolument pas quoi faire pour se sentir mieux.
« C'est délicat, » finit par dire Lavi, « mais le truc positif, c'est que s'il t'a embrassé, c'est qu'il en avait envie. À mon avis, il dit qu'il veut tester ce que ça fait, mais ça doit être pour une raison. Il ne doit pas fermé à l'idée que votre relation prenne ce genre de tournure. C'est un bon point de départ pour lui faire part de ce que tu ressens. »
Allen secoua la tête. Lavi avait peut-être raison, mais ça lui faisait vraiment mal. Il n'y arrivait pas.
« Tu devrais le lui dire, » fit Link, « pour aussi lui faire comprendre que pour toi, c'est important et pas juste anodin. Il réfléchira à deux fois avant de dire ce genre de choses. Ce n'est pas malin de sa part.
—Je comprends pas comment il ne se rend pas compte que t'es amoureux de lui, soupira Lenalee. Vraiment, désolée Allen, mais même un aveugle le verrait. Il est vraiment idiot. Ça me désespère.
—Soyez pas durs avec lui ! » contra le maudit. « Il a du mal avec ça et je ne lui ai rien dit, il est pas dans ma tête. Il peut pas le savoir. »
C'était vrai. Il était celui qui s'était emballé, qui avait lancé le baiser, Kanda n'avait que répondu et il avait présumé qu'ils avaient les mêmes intentions. Comme d'habitude, Kanda voyait les choses avec nonchalance et son flegme habituelle. Il ne pouvait pas prévoir qu'Allen allait être aussi blessé par cela, ni qu'il avait une autre idée derrière la tête que la sienne.
Le seul crétin était Allen, qui s'était emballé tout seul. Obligatoirement.
Lavi voulut apaiser les choses.
« Non, mais, on sait ça. Qu'il soit paumé et toi aussi, sans te vexer, on est d'accord, on se doute bien qu'il ne fait pas exprès. On est juste... Sur le cul. Il a vraiment de la merde dans les yeux, quoi. »
Allen eut envie de s'enterrer devant l'échange de regards déconfits de ses trois amis.
« En tout cas, intervint Link, toi, tu sais ce que tu veux. Tu devrais vraiment lui dire ce que tu ressens si tu ne veux pas t'embourber dans une situation où il pense que vous êtes d'accord pour vous embrasser sans sentiments et que toi, ça te mine.
—Le problème est le même, j'ai pas envie de tout ficher en l'air entre nous.
—Tu aurais été prêt à lui dire, s'il n'avait rien dit ? »
Allen hésita. Il l'avait pensé.
« Je sais pas... J'ai cru, mais... J'ai vraiment la trouille.
—Il ne te laissera pas pour ça, Allen. »
Lenalee avait parlé.
« Il mettra peut-être de la distance entre vous si ce n'est pas réciproque, et c'est compréhensible que tu ne veuilles pas ça, mais il tient à toi. Ça ne sera pas la grande fin dramatique à laquelle tu t'attends. J'en suis persuadée. »
Elle tendit une mains dans sa direction sur la table, prenant la sienne. Allen réussit à sourire devant sa bienveillance.
« Même cette issue là me fait peur, » avoua-t-il en réponse à son argument.
Lenalee opina.
« Je comprends, seulement rien ne dit que cette distance sera éternelle. Ce sera son choix, au pire, même si c'est évident qu'il a besoin de toi comme toi de lui. Et c'est mieux que de tout garder pour toi. Puis, il y a une chance pour qu'il décide soit de vous laisser une chance, ou qu'il réalise que lui aussi a peut-être des sentiments pour toi. Il a peut-être besoin d'un coup de pouce. »
Ça, Allen aurait bien aimé. Il n'osait pas l'espérer.
Il hocha toutefois la tête. Il allait devoir y réfléchir sérieusement.
« Et pour ce dont tu nous parlais, s'enquit Link, il a mal réagi ?
—Du tout, il m'a rassuré. »
Lavi, Lenalee et Link échangèrent cette fois-ci un regard content.
« Il t'accepte pas mal, quand même, remarqua Lavi. Et il est vraiment ouvert avec toi. Je crois que c'est encourageant. C'est pas dit qu'il ressente la même chose que toi, mais il tient à toi, donc j'pense comme Lena, quoiqu'il arrive il te jettera pas. »
De nouveau, le maudit opina du chef.
« Je vais voir si j'arrive à le dire, ou si je l'aborde autrement... Je vais me donner le temps de me préparer.
-Ce qui est très sage, Walker, » dit Link en rapprochant son assiette de sa main, que Lenalee tenait toujours. « Maintenant, il faudrait parfaire ces bonnes décisions par un bon repas. »
Allen sourit.
« Oui, merci à vous. Vous m'avez rassuré. Comme souvent.
—Les amis, c'est fait pour ça, » dit Lavi avec un clin d'oeil.
Ils eurent un échange de sourire approbateur tous les quatre. Allen prit sa fourchette et commença à manger. Son appétit revenait.
Dans son lit, deux soirs plus tard, Kanda n'arrivait pas à dormir. Il avait la tête pointée vers le plafond, et il avait la désagréable impression d'avoir merdé quelque part. Allen était bizarre depuis l'autre fois. On aurait dit qu'il était distant, du moins, à moitié. Lorsqu'ils se croisaient, il lui faisait la conversation, Kanda répondant de manière laconique, comme souvent. Mais ça sonnait plus fuyant. Plus succinct, aussi. Il n'était pas venu s'entraîner avec lui, ni lui réclamer d'échange d'odeur. Ça ne le gênait pas tant que ça, il avait toutefois pris l'habitude d'avoir un Moyashi qui cherchait à passer du temps avec lui dans la journée. Et il avouait, intérieurement, qu'il aimait bien ça aussi. Ça lui faisait un sentiment agaçant de vide, à attendre que la porte de la salle d'entraînement ou de méditation ne s'ouvre et que rien ne se produise.
Ça n'empêchait pas Allen de rester aimable avec lui, pas comme s'ils étaient en froid ou quelque chose de ce genre, s'ils venaient à s'adresser la parole. Seulement il y avait un problème. Ce n'était pas comme d'habitude. Kanda ne comprenait pas pourquoi.
Ils s'étaient embrassés. Ils en avaient eu envie tous les deux. Kanda aurait lancé le baiser si Allen ne l'avait pas fait, et il avait préféré que ça vienne de lui. Il n'avait pas voulu le brusquer. Alors quand le maudit s'était éloigné, il était vite aller le rechercher. Il ne voulait pas qu'Allen pense qu'il lui en voulait. Ils avaient fait ça à deux. En toute logique, ça n'aurait pas dû changer quoique ce soit. Ils s'étaient mis d'accord pour ne plus se prendre la tête. Ce rêve débile avait servi à quelque chose.
Alors pourquoi, bordel de merde, Allen Walker, ce stupide Moyashi, devenait distant avec lui ? Qu'est-ce qu'il avait encore fait ?
Kanda avait beau se repasser les événements dans le crâne, chose qu'il détestait faire, il ne voyait pas de problème. Ou s'il en voyait un, il n'aurait pas dû être là.
J'l'ai peut-être brusqué quand je suis devenu un peu trop excité... Je lui ai fait peur. Il est assez fragile par rapport à ça. J'ai pas assez fait attention.
Ouais, ça doit être un truc comme ça. J'vois que ça. Faut que je m'excuse.
Ça le faisait tiquer, tout de même.
Allen avait eu l'air content. Plutôt à l'aise. Jusqu'à ce qu'il dise qu'il voulait essayer « pour de vrai ». Est-ce qu'il lui avait rappelé des mauvais souvenirs par inadvertance, en faisant allusion aux rêves et aux chaleurs ? Il avait dit être angoissé à cause de ça, ça semblait plutôt logique. Peut-être même qu'il y avait des deux.
Du moins, Kanda n'arrivait pas à se satisfaire de ces explications. Il y avait des regards... quelque peu étranges, que lui jetaient le blandin. Des regards que Kanda ne savait pas interpréter, mais qu'il avait déjà vu. Allen lui faisait souvent ces regards-là. Souvent, c'était bon signe. Il avait cette expression, il lui demandait un échange d'odeur, ou l'embrassait sur la joue, et il était tout guilleret après. Pas comme maintenant.
Quelque chose clochait.
Il donnait du temps au blandin pour réfléchir, s'il en avait besoin. Il pouvait tout à fait comprendre que ça faisait beaucoup à encaisser pour eux, dernièrement. Il espérait juste qu'il n'avait pas loupé quelque chose à l'histoire.
Kanda eut du mal à dormir. Ce qui voulait dire que le lendemain, il se lèverait d'une humeur exécrable.
Effectivement, Kanda fut savamment irrité dès son réveil. Il sortit de sa chambre, demanda du riz et du natto en guise de déjeuner à Jerry, et fila méditer. Il en avait besoin, cogiter l'avait épuisé. Il avait besoin de faire le vide. À peine trouva-t-il une position confortable que ce ne fut ni Moyashi, ni Lenalee, ni qui que ce soit qui vint l'emmerder, mais un foutu Golem de l'ordre avec ses grésillements emmerdant. Kanda jeta un oeil mauvais sur l'appareil, pas le moins du monde désolé de troubler sa tentative de repos.
« Kanda Yû, l'Intendant Komui vous demande dans son bureau. Vous avez une mission. »
Oh.
Peut-être une chose positive.
Mais ça voulait dire aussi partir loin de Moyashi. La dernière fois, Allen était parti. Ça faisait franchement chier Kanda de se dire qu'ils n'avaient même pas eu le temps de reparler vraiment, en profondeur, depuis le baiser, et qu'ils n'avaient pas pu on plus profiter l'un de l'autre.
Moyashi était en plus blessé, il ne serait même pas sûr qu'il soit complètement guéri et ne pouvait pas s'assurer qu'il allait mieux avant de le laisser. Allen était grand, il n'avait pas besoin de lui. C'était un instinct de lié. Mais aussi de l'inquiétude légitime. Il tenait à lui.
Alors bien sûr, Kanda avait envie de repartir d'ici. Il avait eu une mission aussi, pendant qu'Allen, Lavi et Lenalee étaient partis, avec Marie. Elle n'avait pas duré longtemps. Une fausse piste, une énième. Il était revenu deux jours avant eux. Ça ne faisait donc que peu de temps qu'il était là. Il aurait bien aimé se reposer. Et, bordel, il y revenait, mais passer du temps avec Moyashi.
Il devenait curieusement beaucoup trop attaché à lui. Kanda n'était pas totalement idiot. Il voyait bien que c'était réciproque, et qu'il n'avait aucune envie de mettre un terme à ça.
Les paroles de Link tournaient dans son crâne, parfois. Ils pouvaient accepter le lien et être forts, ou se laisser doubler par ce dernier et toujours subir.
Kanda avait la sensation qu'il ne subissait plus son lien avec Allen. Il ne savait pas ce que ça voulait dire, mais il avouait que cet état d'esprit était sans doute meilleur. Il... s'était vraiment pris d'affection pour l'oméga.
Il était clair pour eux deux que le lien ne partirait pas. Si Kanda était honnête, il était habitué à ça. Ça le faisait se sentir un peu moins seul, depuis Alma. Personne ne se doutait que le grand Kanda Yû avait aussi besoin du réconfort d'une présence humaine. Mais c'était finalement le cas.
Ça faisait du bien, d'avoir quelqu'un.
Chassant ses pensées avant de virer trop fleur bleue à son goût, le kendoka suivit le Golem dans le couloir. Il méditerait sur le trajet. S'il était seul, ce serait plus facile.
En rentrant dans la pièce, l'odeur d'Allen le frappa. Signe qu'il ne serait pas seul. Cela le réjouit à peine, bêtement, avant de voir le Baka Usagi, Link et Luberrier à côté de Komui. Putain, ça faisait déjà trop de connards dans la même pièce. Pas qu'il mettait Lavi et ces cons de Link et Luberrier dans le même panier, pas plus que Komui pour qui il avait un tant soit peu de respect, mais ça puait la merde.
J'ai dû dormir 5h à tout casser, le premier qui m'emmerde prend Mugen dans le cul.
Allen lui adressa un de ces sourires fugaces, tandis que Kanda se plaça à côté de lui, l'envie d'étrangler tout le monde à force de s'agacer dans sa tête. Ce genre d'état ne lui allait pas. Il était rarement anxieux, il soupçonnait le Moyashi de lui avoir filer une sorte de contagion émotionnelle, mais il savait que ça venait aussi de lui. Il ne comprenait pas comment Allen faisait pour sourire et être aimable à force de se prendre la tête tout le temps. Une nuit comme ça, et Kanda était déjà presque prêt à mettre l'Ordre à feux et à sangs.
L'anxiété ne lui allait pas.
« Bien, commença Komui, si je vous ai réunis aujourd'hui, c'est parce que vous allez partir en mission tous les trois. Lavi, Kanda et Allen. »
Kanda jeta un regard vers Link, Allen et Lavi l'imitant. Ils se demandaient tous les trois pourquoi le chien de Luberrier ne venait pas. Il avait appris par Allen qu'il n'était pas venu à la dernière mission non plus. C'était bizarre. Mais ça expliquait sans doute que Luberrier soit là aussi. Il voulait leur mettre la pression, pour qu'ils surveillent bien Allen et que ce dernier se comporte bien. Vieux salopard.
L'Asiatique les toisa, mauvais. Il écouta le discours de Komui, ayant déjà hâte de se poser dans le train.
Link reprit après l'Intendant :
« Je ne serai pas présent. Ce qui signifie, Kanda, en tant qu'alpha de Walker, je compte sur toi pour me transmettre un rapport.
—Allez, c'est encore pour ma pomme, » gronda le kendoka.
Allen lui adressa un regard d'excuse, que Kanda balaya en croisant les bras. Link appuya son regard dans le sien, Luberrier fixant Kanda avec sévérité.
« Les ordres sont les ordres, Kanda Yû, dit-il. Walker est votre oméga. Vous en êtes responsables lorsque mon subordonné ne peut pas le surveiller. Cela devrait vous arranger, en principe. »
Il appuyait vicieusement ses mots. Il savait qu'il les faisait chier. Ce qui emmerdait Kanda, c'était d'écrire ces rapports de merde. Le dernier qu'il avait transmis à Link ne comportait qu'un « rien à dire », et l'Allemand l'avait engueulé que c'était irrecevable, qu'il fallait mieux l'argumenter. En terme de présentation, de conclusion. Il fallait limite leur faire une dissertation. Lui qui peinait à s'exprimer, ça lui cassait les couilles plus que tout.
La scène avait été presque comique. Kanda s'échinait à lui dire qu'il ne s'était rien passé, et qu'il ne pouvait pas former d'arguments précis sur ça, « rien » en étant un à lui seul, tandis que Link tentait de lui faire une leçon de littérature.
Kanda préférait crever que de repasser par là. Il en serait sans doute forcé.
« Si tu veux, dit Link justement, je t'aiderai à faire le rapport. Tu verras, ce sera facile.
—Tch. »
Allez tous vous faire enculer. Bien profond. Crevez.
Par fierté, Kanda eut envie de gueuler qu'il n'était pas un demeuré et qu'il n'avait pas besoin de son aide. Le fait étant que si. Pour la partie aide, du moins. Le premier qui l'insultait s'en prendrait une belle et ne se relèverait pas de sitôt.
« Une brume est apparue dans un petit village d'Écosse. Elle cause des étranges infections à ceux qui la respirent, et certains individus qui se sont promenés trop longtemps dedans sont morts. Ce phénomène n'est pas naturel, les scientifiques de là-bas en sont sûrs. Il est donc paranormal et pourrait être causé par une Innocence.
—Il se peut aussi que les partisans du Comte Millénaire soient impliqués, » rajouta Luberrier, l'air grave. Il toisa Allen méchamment. « Nous ne sommes sûrs de rien. Il se peut que ce soit un piège. Soyez très prudents. »
À coup sûr, il ne leur disait pas cela par inquiétude ni gentillesse. Ça sonnait comme une menace.
Le visage de l'oméga s'était assombri.
« Comme le dit l'inspecteur Luberrier, » expliqua Komui, « on ne sait pas ce que c'est. Je vous recommande aussi la prudence et si l'un de vous est blessé, rentrez immédiatement. Nous ne pouvons pas nous permettre de vous perdre. »
Eh ben, ils étaient si optimistes, ça donnait envie. Ils étaient clairement de la chair à canon envoyés tester les plans foireux.
On leur indiqua de disposer, ce qu'ils firent dans le plus grand des calmes. Les Exorcistes descendirent au sous-terrain, Link encore sur leurs talons. Il expliquait à Allen qu'il ne venait pas pour de la paperasse importante, et un voyage avec Luberrier. Il ne donna pas plus d'information. Un des traqueurs les attendait pour les faire monter dans la barque.
Lorsqu'ils furent dedans, Link les salua et Lavi s'empressa de se relever, arguant qu'il avait oublié quelque chose. Il le suivit à la surface. Allen et Kanda, face à face dans la barque, échangèrent un regard circonspect. Soit Lavi avait le feu au cul, soit un truc étrange se tramait entre ces deux-là. Kanda avait remarqué les regards qu'ils se lançaient parfois. Les mêmes qu'Allen et lui. Ceux qu'il savait identifier mais ne pigeait pas entièrement.
Se reconcentrant sur l'oméga, Kanda soupira. Il faudrait que crever l'abcès vienne de lui. Il lui fit un signe du menton.
« Éloignons-nous un peu le temps que le lapin crétin ne revienne. J'ai quelque chose à te dire. »
Interloqué, Allen adressa un sourire d'excuse au traqueur - le pauvre homme patientait, rame en main, à cause d'eux.
Il suivit Kanda, ce dernier content finalement qu'ils perdent du temps à cause de Link et Lavi partis foutre putain de dieu ne savait quoi ensemble.
Le kendoka fixa le maudit. Allen paraissait calme, pas particulièrement stressé mais pas forcément enjoué non plus. Il émit un autre soupir.
« Écoute, Moyashi... Il y a un problème ? T'es à peine venu réclamer mon odeur depuis qu'on s'est embrassé, et tu fais tout pour que nos échanges ne durent pas plus de dix minutes. C'est quoi le truc ? »
Allen se mordit la lèvre. Évidemment, il semblait comprendre l'inquiétude de Kanda. Cela convainquit ce dernier qu'il y avait anguille sous roche.
« C'est pas vraiment ça, crois-moi, je ne t'évitais pas... Pas sciemment, en tout cas. Je... j'étais dans ma tête. Désolé.
—Je m'en suis aperçu, merci, concéda Kanda avec sarcasme. Je comprends. Mais si j'ai fait une connerie, j'aimerais le savoir. »
De nouveau, Allen secoua la tête.
« Du tout, du tout. Je t'assure. Ne t'en fais pas. On a dit qu'on se disait les choses, alors je le fais aussi. Je me posais juste des questions sur quelques trucs, et je voulais pas t'en parler avant d'être sûr de ce que j'allais dire.
—Alors vas-y, j'écoute. » Kanda croisa les bras, voulant aller au bout de sa pensée. « Pour être franc, j'avais peur de t'avoir brusqué et d'avoir été trop rentre dedans. Je voulais pas te faire peur, et je sais que c'est délicat pour toi, les échanges physiques.
—Ça n'a pas été le cas. Vraiment, c'était... parfait. Ça n'aurait pas pu être mieux. »
Allen rougit, il le regarda droit dans les yeux. Pour la première fois depuis quelques jours, Kanda vit un sourire sincère sur son visage et ça le soulagea. Il fronça tout de même les sourcils, et donna une petite pichenette à l'oméga.
Il n'avait pas envie de faire durer le suspens éternellement.
« Alors c'est quoi ? »
Prenant une inspiration, Allen le regarda dans les yeux. Il s'approcha de lui, et se blottit un instant contre son torse, sans dire quoique ce soit. Kanda posa la tête sur son front. Ça lui avait manqué. Bordel que ça lui avait manqué. Deux jours, et il souffrait de ne pas avoir eu les odeurs de son oméga. Comme quoi, ces saloperies d'histoire de marque affective entre liés touchaient aussi les alphas.
Allen s'éloigna, la langue sur les lèvres, mais ses odeurs étaient calmes. Constantes. Peut-être teintées d'une sous-couche d'inquiétude. Il parvenait toutefois à se maitriser. Kanda ne le sentait qu'à peine.
« Eh bien, en fait... J'ai une question vraiment, vraiment très idiote à te poser, et je ne savais pas par où commencer.
—C'est-à-dire ? »
Intrigué, Kanda ne voyait pas ce que ça pouvait être pour le perturber autant. Allen saisit sa main, la serrant doucement dans la sienne.
« Je... Je me demandais seulement si tu avais déjà pensé à... accepter notre lien d'alpha et d'oméga. » Devant le regard confus de Kanda, il se rectifia : « Je sais, on l'a, on le sait... Mais je veux dire... Toi et moi... Être vraiment liés et vivre en tant que tel. Est-ce que c'est quelque chose auquel tu serais opposé, ou pas ? Parce que j'y ai beaucoup réfléchi. Je ne veux pas te faire peur, moi non plus. Je me dis juste... je ne sais pas, on pourrait essayer ? »
Kanda était sur le cul, et il comprenait mieux l'inquiétude et l'attitude d'Allen.
Il lui demandait s'ils pouvaient se mettre ensemble. Il regarda leurs mains liés, et muet comme une carpe, il avala sa salive avec difficulté.
En soit, il y pensait déjà vite fait. Pas plus tard que tout à l'heure. Il était habitué au lien. Ils s'embrassaient. Ils allaient sûrement, tôt ou tard, baiser. Ils pouvaient faire tout ça sans être ensemble pour le lien, mais en soit, c'était tout comme. Le reste, c'était plutôt un moyen d'identifier leur relation, d'être clair l'un par rapport à l'autre. Ils en avaient déjà une, en soit. Ils passaient leur temps ensemble quand ils le pouvaient, à se câliner, à échanger diverses marques d'affection. Toutes ces activités étaient une forme d'intimité particulière.
Après, est-ce qu'ils devaient la concrétiser et la voir comme ça ?
Kanda ne savait pas. Il était perdu.
« Tu me prends de court, Moyashi. J'en sais rien. »
Il donna une caresse à la main du blandin avant de libérer la sienne. Allen hocha la tête, visiblement désolé.
« Je m'en doutais, c'est pour ça que j'évitais de me jeter les pieds dans le plat plus tôt. C'est juste que depuis le baiser, j'y pense. Je me demandais si tu voulais y réfléchir. Est-ce que tu veux bien y penser, Kanda ? On ne se promet rien, on n'est obligés de rien. C'est juste... si on fait tout ça, j'aimerais mieux que... Que ce ne soit pas que pour le lien. Qu'on construise quelque chose. Et moi, j'ai besoin de savoir où on va. Et où on ne va pas. »
Kanda pouvait le comprendre. Encore une fois, leur relation était plutôt ambiguë. Depuis les chaleurs d'Allen, puis après, depuis qu'ils étaient amis... Ils avaient un lien tangible en plus de celui qui les enchaînait l'un à l'autre et Kanda ne savait pas s'il avait envie de nommer les choses. Ils en avaient déjà parlé et avaient déjà discuté d'une possibilité de rester dans le flou. Sauf qu'à force, il fallait aussi décider si ce flou était une volonté définitive ou quelque chose d'inconscient.
Au fond, Kanda n'était, encore une fois, pas bête. Il s'était douté que ce moment viendrait. Qu'Allen ou lui s'interrogeraient sur que foutre de ce lien, d'eux, et sur quoi faire avec parce que ça n'en finissait pas, et il ignorait juste quand, qui. Il n'avait jamais voulu accepter ce lien, au début. Il avait été forcé de le faire, quand Allen était en chaleurs. Il s'était pris au jeu à force. Il s'était perdu dedans. Et maintenant, il se mettait à se dire que ce n'était pas si terrible.
Oui, il recherchait quelqu'un qu'il ne pouvait pas oublier. Le destin avait toutefois mis Allen sur son chemin.
Que pouvait-il en faire ? Que devait-il faire de ça ?
Peut-être que Moyashi était la seule chose positive de sa putain d'existence.
Il ne savait pas. Il y avait énormément d'enjeux.
Aucun d'eux ne mettait de sentiment sur ça. Kanda... ne savait pas non plus où il en était de ce côté-là. Et il ignorait où en était Allen. La conversation étant encore plus délicate, ils l'évitaient tous deux. Le kendoka n'avait pas forcément envie de poser la question, même si elle le démangeait un peu. Allen... demandait à être son oméga pour de vrai.
Kanda ne savait pas quoi répondre, là, comme ça.
« Je... Je vais avoir besoin de temps, Moyashi. Je te donnerai une réponse plus tard. »
Allen opina.
« Bien sûr. Tu... tu n'es pas fâché contre moi ? Je veux dire, je sais que je te demande quelque chose de compliqué. Je sais bien que tu n'as pas envie d'être coincé par le lien.
—Sans te vexer, on est coincés depuis le début. » Devant le visage blessé d'Allen, il attrapa sa main à son tour. « Ça ne veut pas dire que tu me coinces, ou que je ne comprends pas que tu te poses ces questions. Je sais juste pas où j'en suis. Et toi, la prochaine fois, prends pas cinquante ans pour me parler. J'suis pas un connard, je vais pas t'en vouloir pour ça. Je suis ton alpha, putain. Je me tue à te le dire. Fais-moi confiance. »
Allen sourit. Il vint à nouveau se blottir contre Kanda, ses odeurs se libérant, les endorphines les détendant tous deux.
« Tu as vraiment beaucoup changé, Kanda.
—J'sais. »
C'était grâce à lui. En très grande partie. Bon, d'accord, en totalité. Sans tout ça, Kanda ne serait jamais autant sorti de sa coquille. Il serait resté le gars agressif sans attache et sans lumière, qui lui faisait au fond pitié à lui-même.
Kanda referma ses bras autour d'Allen.
« Eh ben, y'a de l'ambiance ici ! C't'i pas mignon !»
Ils s'écartèrent, Lavi se tenait là avec un sac sur l'épaule, duquel dépassaient les couvertures de quelques livres.
« Tch. »
Ce fut toute la réponse de Kanda avant qu'il ne remonte dans la barque, les deux autres sur ses talons. Allen s'assit à côté de lui, posant sa tête sur son épaule très rapidement, avant de se lancer dans une conversation avec Lavi sur les plus beaux paysages écossais.
Une nouvelle mission commençait.
À suivre...
Alors d'abord j'avoue, j'avais le début du chapitre écrit depuis un sacré moment, et y a trois semaines je m'y suis remise, j'écrivais petit bout par petit bout entre Ponzona (pour ceux qui lisent aussi sur wattpad où je publie cette histoire, coucou o/) et d'autres trucs, puis là, aujourd'hui, j'ai tapé les 4 milles derniers mots sur toute la journée j'arrivais pas à m'arrêter. On s'en fout mais ça m'a fait tellement de bien d'être de nouveau en free-speed sur cette fiction jpp xD.
BON. Y'a une énorme avancée du côté de Kanda et Allen, là. Et c'est cette avancée, avec ce Allen qui passe de "jui angoissé omg" à "je trouve une solution pour que ça bouge" qui m'a fait hyper plaisir à l'écriture. Oui, y'a pas eu de "Je t'aime", et comme déclaration honnête et sentimentale, on aurait pu s'attendre à mieux XD. Allen l'a faite à l'envers. Seulement, j'ai cette interprétation de lui comme ayant du mal à être cash sur ses sentiments, du moins pas quand il n'est pas à 100% en confiance et à avoir du mal à l'être. Pour moi, avec son background c'est logique de fou, et les derniers chapitres de DGM, ou même les derniers épisodes de l'anime avec sa fuite me confortent dans cette idée. Le mec a besoin de gérer, et quand il ne gère pas, il évite de mêler les autres à ça. Ici, ses sentiments il ne les gère pas, il ne parle donc pas sentiment avec Kanda. C'est encore trop tôt pour les deux.
Par contre, ça en prend doucement le chemin. Ils commencent à se chercher. Je vais adorer écrire les prochains chapitres, ça je vous le dis, et j'espère pouvoir les sortir assez vite !
Du coup, encore une fois, j'espère que vous avez aimé 3 !
Un avis, un ressenti quelconque ? N'hésitez pas ! J'avoue avoir trop hâte de vos réactions xD
Merci d'avoir lu x3 !
