Histoire: Une touche de couleur dans le gris

Livre 3 : Nuancer le tout

Date: 05 octobre 2022

Beta: Arya39 (le retour !)

Fandom: D Gray Man

Avertissement: Non, je ne possède pas D Gray Man et je ne fais aucun profit avec cette histoire.

Résumé : le point de vue des Noahs sur l'histoire du chapitre 14 au 32 avec en prime, les lettres d'Allen ! (je déteste l'épistolaire, prk j'ai fais ça T^T)


*Balance à la gueule des lecteurs 15k de chapitre bonus d'une histoire finit depuis 2 ans et court dans l'autre sens en hurlant :*

Bonne lecture !


Nuancer le Tout, chapitre 2

Lundi 30 Mars 1885

Dear Robin, ou plutôt Eve

J'espère que tu vas bien. J'ai été surpris lorsque j'ai vu l'adresse que tu as écrite sur l'enveloppe. Tu m'avais dit que tu travaillais dans une bonne maison, mais je ne pensais pas que ce serait chez des Nobles ! Je suis rassuré que tu ai un si bon travail mais fais bien attention, n'hésites pas à aller voir Madame Carley ou même Miss Taringan, mon ancienne logeuse, si les choses deviennent compliquées là-bas.

Voilà deux semaines que je suis parti avec mon Maître en direction de l'Asie même si, à un rythme modéré. Nous voyageons beaucoup en train et traversons l'Europe. Nous avons passé la semaine dernière en Allemagne et celle-ci en Autriche. Mon maître a dit que nous nous arrêterons sans doute à l'adresse que je t'ai jointe d'ici un mois et y resteront deux semaines. Tu pourras répondre là si tu souhaite continuer cette correspondance. Si le délais est trop court ou que nous changeons nos plans, je t'enverrais une nouvelle adresse lorsque nous nous poserons plus longtemps.

Je ne sais pas vraiment quoi écrire comme c'est la première fois que j'envoie une lettre… As-tu revu Tyki depuis mon départ ? Je sais qu'il ava-...


Et pendant ce temps... Chapitre 14 : Discussion embarrassante

Samedi 11 Avril 1885

"Tykiii !" Road chantonna avant de s'écraser dans le fauteuil de son oncle. Avec un air souffreteux, Tyki plaça un doigt sur la ligne qu'il lisait et tourna la tête vers sa nièce.

"Oui Road ?" Dit-il à peu près poliment mais son ton était loin de suinter la bonne humeur.

"Tu as rencontré l'ami d'Eve, oui ?" Demanda la fillette avec un sourire faussement innocent.

"Oui…" Répondit Tyki en plissant les yeux, soudainement suspect. "Qu'en est-il ?"

"Il s'appelle Allen Walker, c'est ça ?" interrogea-t-elle avant de continuer lorsqu'il hocha la tête. "A quoi ressemble-t-il, je suis curieuse ?"

"Pourquoi est-ce que ça t'intéresse ?" Demanda confusément Tyki. "Ce n'est pas comme si tu allais pouvoir le rencontrer de sitôt, étant à l'etra-... Aïe aïe ! J'ai compris c'est bon !" Gémit-il en se frottant le lobe d'oreille là où Road avait enfoncé ses ongles trop pointus. "Si tu l'as déjà rencontré, c'est difficile de l'oublier. Il a les cheveux blanc et les yeux gris et une espèce de cicatrice qui lui barre tout le côté gauche du visage."

"Hu. Vraiment ? Pas de cheveux rouges ou bruns ?" Demanda la jeune fille surprise et Tyki secoua la tête. "Étrange, je pensais pourtant… Enfin, ce n'est pas grave, ce n'est vraiment pas le moment de toute façon." Murmura-t-elle sous son souffle avant de se tourner et sautiller vers la sortie.

"Qu'est-ce que…?" Marmonna Tyki avant de soupirer et de rouvrir son livre : il ne la connaissait que trop bien, l'ancienne Noah ne lui donnerait pas plus de réponses pour l'instant.


Mardi 14 Avril 1885

Dear Allen,

Je suis si heureuse d'avoir de tes nouvelles ! J'avais peur que tu n'aimerais pas l'idée d'une correspondance. Nous ne nous sommes pas côtoyé longtemps, après tout, mais justement, ce sera un moyen de mieux nous connaître !

C'est incroyable que tu puisses visiter tous ces pays, c'est une chance de découvrir ces différentes cultures de premières mains. Justement, qu'as-tu pensé de l'Allemagne ou de l'Autriche ? Tu es passé si vite dessus. As-tu eu le temps de visiter les lieux ? Qu'as- tu le plus apprécié ? J'ai déjà eu l'occasion de visiter un peu l'Allemagne mais jamais l'Autriche ! N'hésites pas à décrire tes aventures, j'adorerais voyager avec tes mots.

Merci de t'inquiéter de ma sécurité, je n'oublierais pas tes conseils s'ils s'avèrent nécessaires, sois en rassuré. Il ne se passe pas grand-chose au manoir mais il faut que je te dise une histoire amusante ! Figure-toi que Tyki nous avait caché des choses, il est en fait le petit frère de l'homme pour lequel je travaille ! Les retrouvailles étaient profondément étranges comme tu peux l'imaginer… Avant que je te raconte tout cela, sache que la seconde feuille est justement une lettre de Tyki si tu veux comparer nos deux côtés de l'histoire.

C'était juste le jour après que tu ais pris le bateau, je me réveillais à peine lorsque Tyki est ent-...


Et pendant ce temps... Chapitre 15 : Le Duc Campbell

Vendredi 24 Avril 1885

Le cliquetis des couverts sur les assiettes ne tarissait pas en intensité, le repas étant pleinement apprécié. Au milieu des multiples plats, les conversations allaient bon train, les ragots fusaient de part en part. Il faut dire que le Duc, habituellement si coutumier du Manoir Kamelott, n'avait pas montré un centimètre de son chapeau haut-de-forme ces quatres derniers mois.

Quoi que, même alors, pour être tout à fait honnête, il n'avait pas non plus été si présent ces dernières années. Il était si occupé mais il faisait tout de même l'effort de venir prendre le thé au moins une fois toutes les quelques semaines. Ceci dit, ça n'avait rien à voir avec son omniprésence lorsque Sheryl avait fait la cour à Tricia. Évidement, Sheryl n'ayant plus ses parents, paix à leurs âmes, le Comte s'était gentiment dévoué comme chaperon. Il était donc évident que tout le long de leur cour, il soit présent pour éviter quelques mésaventures malchanceuses… Mais Tricia avait été agréablement surprise de le voir rester dans leur vie même après son devoir accompli. Même ses propres parents ne s'étaient pas attardé après avoir donné sa main, s'en retournant aux colonies et donnant peu de nouvelles. Le Duc, pourtant, avait été présent tout les premiers mois de leur mariage, apprenant patiemment à Sheryl comment gérer un domaine, enseignant à un jeune Tyki les manières des nobles et tenant compagnie à Tricia, écoutant ses doutes et ses peurs sans jugement aucun et toujours un bon mot réconfortant.

Il était si souvent là au manoir qu'ils lui avaient offert une chambre dans l'aile de la famille. Et il faisait vraiment partie de la famille, c'était un véritable père pour son Mari et son frère et un Grand-père aimant auprès de Road. Il aurait pu si facilement répudier Tricia après ses multiples fausses-couches et refuser l'adoption de Road. Mais non, il avait rassuré Tricia comme il l'avait pu et avait de lui même proposé l'adoption, chose pourtant difficile à concevoir dans la haute société. C'est d'autant plus pour cela qu'elle s'était sentie si déçue lorsqu'il avait commencé à venir de moins en moins jusqu'à sa maladie. Il n'était donc pas difficile de dire que Tricia portait un véritable attachement au Duc, une sorte de reconnaissance aimante et elle espérait qu'il serait à nouveau plus présent dans leur vie dorénavant.

Et cela s'annonçait bien, son Mari et lui faisant déjà des plans à long termes pour quelques affaires. Elle l'avait également déjà invité pour le thé et il avait accepté avec une joie toute communicative. Maintenant, si seulement sa fille avait pu se joindre à eux également… Tricia avouait sans gêne qu'elle admirait Lucie Belle. C'était une femme redoutable, aussi belle qu'efficace, maniant les contrats et les affaires comme nulle autre et toujours impecablement apprêtée. C'était une des raisons pour laquelle elle souhaitait sa présence mais la principale… Lucie avait perdu son mari récemment. Bien sûr, Tricia savait que leur mariage n'avait pas été aussi heureux que le sien. Ils étaient la définition même d'un mariage arrangé, une simple relation d'affaires sans même la moindre nuance d'amitié. Dans un sens, cela ressemblait bien à la femme. Mais Tricia ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour elle. Tout de même, après avoir été mariée si longtemps, on ne pouvait pas sortir de ce drame indemne. Malheureusement Tricia n'était pas assez bien ces temps-ci pour aller en France et Lucie devait d'abord régler ses affaires avant de pouvoir rentrer. D'ailleurs…

"En parlant de Madame votre fille, auriez vous des nouvelles de son retour en Angleterre ?" Demanda Tricia au Duc.

"Pas davantage, hélas." Répondit tristement l'homme en coupant soigneusement son poisson. "Il semble qu'Étienne n'était pas très diligent avec ses registres et Lucie peine à trier tout cela."

"Quel malheur tout de même… adopter David et Jasper dans leur famille et décédé seulement quelques semaines ensuite…" Se désola Tricia.

"Oui, quel malheur." L'appuya Sheryl mais le ton était un peu plat. Il n'avait jamais été le plus grand admirateur d'Etienne Belle, sans doute un soutien mal placé pour sa presque sœur adoptive ? Au moins il faisait l'effort de ne pas insulter les morts.

"Sur ce sujet, Lucie et moi-même voulions vous remercier encore une fois de vous être si bien occupés des jumeaux. D'autant plus maintenant que je vois leurs progrès fulgurants ! Avec la succession et ma maladie… nous n'étions vraiment pas en état d'accueillir deux jeunes hommes aussi pleins d'énergie."

"Oh vous ne devez pas, c'est tout à fait normal, Sheryl est le parrain après tout, c'est notre rôle." Assura Tricia en lançant un regard aimant aux deux garçons en question. En face d'un Tyki a l'air ennuyé, ils se chamaillaient sans trop de bruit avec Road. Nulle doute qu'ils essayaient encore de se donner des coups de pieds sous la table mais temps qu'ils ne renversaient pas les assiettes, elle ferait mine de ne rien voir. Mais cela lui faisait penser… Fronçant les sourcils d'un air inquiet, Tricia demanda : "D'ailleurs, envisagez-vous de les reprendre avec vous maintenant que vous vous sentez mieux ?"

Le Duc desserra les lèvres pour répondre mais Sheryl fut plus rapide. "Pas pour l'instant, ma chérie, Adam est encore si fatigué, je pensais que nous pourrions garder les enfants cet été et voir en septembre ce qui serait le mieux."

Le Duc cligna des yeux et souris un peu confusément. "Oh, je vais beaucoup mieux maintenant, je pourrais les ramener au Manoir Campbell, si toutes les parties concernées sont d'accord bien entendu." Dit-il en se tournant vers les enfants. "Qu'en pensez vous les garçons ?"

David ouvrit la bouche avec un mince sourire alors que Jasper acquiesçait timidement lorsque la table trembla tout a coup violemment. David tomba aussitôt la tête la première sur la nappe, évitant de se tartiner la face de purée uniquement grâce aux réflexes rapides de Jasdero qui avait retiré son assiette en un éclair. Avec un regard désapprobateur, Tricia entendit David murmurer des insultes contre le bois, sa jambe gauche fermement tenue entre ses mains. Laissant glisser ses yeux vers sa fille, Tricia soupira au sourire innocent de la jeune fille qui ne perdit pas plus de temps pour parler, son frère-dieu se tordant de douleur. "Oh non, on s'entend si bien maintenant, ce serait triste qu'ils partent !"

"Oh, mais j'voulai-..." Balbutia Jasdero alors que David reprenait enfin son souffle.

"Et papa a raison, vous vous remettez à peine, c'est si fatiguant de s'occuper d'enfants à plein temps." Se précipita Road et Jasdero ferma la bouche, jetant un coup d'œil à Tyki qui secoua la tête. David serra les dents mais ils se turent.

"Dans ce cas, n'est-ce pas trop pour toi, Tricia ?" S'inquiéta le Duc et elle sourit avec bienveillance. Il était toujours aux petits soins avec elle alors que lui-même souffrait de problèmes de santé.

"Ne vous inquiétez pas, ils sont adorables et Eve m'aide beaucoup avec les enfants, elle a toujours des idées de jeux pour les occuper."

"Eve ? Ah, la jeune fille de tout à l'heure, c'est cela ?" Demanda Adam et elle acquiesça. Le Duc cligna des yeux de surprise et tourna à nouveau la tête vers les enfants. "Vous passez beaucoup de temps avec Miss Campbell ?"

"Tous les après-midi !" Souris joyeusement Jasdero. "Elle est gentille…" ajouta-t-il timidement en baissant la tête vers la nappe, ses mains jouant avec sa serviette. Tricia dû se retenir de le prendre dans ses bras temps il était mignon à cet instant.

"Toi aussi, Devit ?" Demanda curieusement le Duc et le garçon haussa les épaules, marmonnant qu'Eve était marrante. "Et Road m'avait déjà parlé d'elle également. Je suis étonné que vous ayez pu tous les trois vous entendre avec Miss Campbell."

"Ho pas seulement, dès qu'elle n'est pas avec nous elle est avec Oncle Tyki !" L'informa Road et le jeune homme, clairement perdu dans ses pensées, sursauta à son nom, manquant de faire tomber son verre.

"Tyki aussi ? Vous êtes pourtant tous si différents, comme c'est intéressant…" Murmura le Duc. "Voudriez-vous bien nous présenter à nouveau une prochaine fois, Tricia ?"

"Bien sûr !" Souri-t-elle joyeusement. Encore une fois, il n'hésitait pas à la soutenir : Sheryl ne pourrait plus se plaindre d'Eve si même Adam s'y intéresserait.


Jeudi 30 Avril 1885

Dear Eve,

J'ai du mal à croire que Tyki soit un noble ! Et que tu travailles pour sa famille en plus ? Es-tu sûr que tu ne me fais pas une mauvaise blague ? Quelle coïncidence tout de même ! Mais je suis heureux de vous savoir proche et dans une bonne situation, je n'ai plus à m'inquiéter pour vous.

Mais toi non plus ! Pour tout te dire, nous restons dans un château pour l'instant. Et oui, un des amis de mon maître est Châtelain en Roumanie et nous sommes venu lui déposer une plante carnivore. Pour être honnête, je suis content de la laisser là, j'étais chargé de m'en occuper ces derniers mois et c'était beaucoup de travail ! Je n'ai pas pu rencontrer le Châtelain pour l'instant, mon Maître allant seule le rencontrer, mais ce doit être un étrange personnage !

J'avais peur d'entrer trop en détails dans mes voyages, je ne voulais pas t'ennuyer mais je te raconterais mon périple avec plaisir ! Nous avons tout d'abord pris le bateau pour rejoindre le continent et avons fait escale en Belgique, ce n'est pas u-...


Et pendant ce temps... Chapitre 17 : Victor Hugo

Mercredi 13 Mai 1885

"Eve" Appela Tyki mais la jeune fille ne lui répondit pas. Le regard toujours dans le vague, elle ne fit même pas mine de tourner la tête vers lui. D'ordinaire, ça n'aurait pas été si inquiétant. Ennuyant, oui, mais Eve était très souvent perdu dans ses pensées et en l'appelant une ou deux fois, elle revenait toujours sur terre. Pas maintenant cependant. Elle était dans le même état quasi-catatonique depuis la veille. Depuis l'exposition.

Tyki… s'était peut-être un peu trop laissé aller.

Mais ça avait été si tentant. La voir s'offusquer comme ça, le regard d'horreur sur son visage comme si elle s'attendait à quoi que ce soit d'autre de mieux de la part de ses congénères…

Mais étonnement, elle ne semblait pas avoir vraiment peur de lui. Sur le moment, oui, mais depuis, ses réactions, que ce soit à lui ou au reste du monde, étaient un peu fades. C'était comme si elle ne voyait plus le monde extérieur, enfermé dans sa tête à réfléchir à un problème insoluble. Elle faisait tout en automatique, que ce soit s'habiller où manger ou se promener à ses côtés. Certes, son manque d'intérêt facilitait les choses pour Tyki : il avait déjà pu compléter les trois quarts des assassinats commandés par son frère. Mais… hé bien, l'état d'Eve lui rappelait un peu le Prince après ses crises et… il n'aimait pas ça.

Alors, lorsqu'il entendit au salon de l'hôtel qu'un feu d'artifice allait être donné le soir même pour accueillir quelques dignitaires étrangers, Tyki s'était aussitôt tourné vers Eve, une idée en tête. Les feux d'artifice, c'était impressionnant, n'est-ce pas ? Une création incroyable et magnifique, un miracle, vraiment, que les humains utilisent leurs explosions destructives au service de la beauté. La nouveauté, la surprise, l'émerveillement… Ça devrait bien la sortir de son mutisme, non ?

"Eve." Répéta-t-il et la jeune fille cligna enfin des yeux avant de laisser flotter son regard vers lui. "Est-ce que tu voudrais aller voir un Feu-d'artifice ?" Demanda-t-il doucement et la jeune fille le regarda quelques secondes sans rien dire avant d'hocher confusément la tête.

Avec un soupir déçu par ce manque d'excitation, Tyki se leva et emmena la jeune fille à sa suite, réagissant à peine lorsqu'Eliott leur emboîta aussitôt le pas.

Une heure plus tard, ils étaient assis sur un toit, les yeux rivés vers le ciel où des flash colorés résonnaient à grands bruits.

Tyki n'était même pas sûr qu'Eve avait remarqué qu'il avait marché un peu sur l'air pour descendre l'échelle menant au toit. Mais son plan semblait fonctionner ou, tout du moins, Eve avait le regard fixé sur le ciel, les yeux plus concentrés qu'ils ne l'étaient depuis des heures. Mais elle ne souriait pas, elle avait même l'air un peu ennuyée, quoique, pas tout à fait, il ne pouvait mettre le doigt sur l'expression exacte.

"Qu'as tu pensé du spectacle, impressionnant, n'est-ce pas ?" Demanda-t-il tout de même une fois la nuit de nouveau noir.

"Hum ? Oh, c'était chouette. J'en ai vu des meilleures et ça manquait de musique mais c'est toujours sympa un feu d'artifice." Répondit elle distraitement et Tyki la regarda incrédule. Ah, il comprenait son expression : elle avait la tête de quelqu'un ayant vu mille fois le même spectacle, mais comment aurait-elle pu ? Ce n'était pas si commun et celui-ci était particulièrement grandiose, le meilleure que Tiky n'avait jamais vu. Ce n'était pas peu dire, il en avait assisté à quelques-uns, déjà, étant une activité que les nobles affectionnaient particulièrement. Impressionnant et affreusement cher, c'était le meilleur moyen d'étaler leur statut.

Étonné, Tyki secoua la tête, laissant cette nouvelle bizarrerie de côté. Elle qui était toujours surprise et enthousiasmée par la moindre chose du quotidien… Elle devait être encore plus choquée qu'il ne le pensait…


Lundi 18 Mai 1885

Dear Allen,

Comme je suis déçue ! C'est seulement lorsque je suis rentrée de voyage que j'ai pu voir ta lettre et lire tes aventures ! Je suis donc désolée pour ma réponse tardive et j'espère que tu recevras bien cette lettre avant ton départ. Tout cela est dû à un voyage, comme je te le disais, j'ai eu l'occasion d'aller en France avec Tyki. Nous n'avons pu nous arrêter que quelque jours et seulement à Paris mais j'ai pu rencontrer Victor Hugo et converser avec lui. Connais-tu cet auteur ? Je t'ai joint une de mes Nouvelles préférées de lui, ce sera une occasion de pratiquer ta lecture !

Je suis heureuse d'apprendre que tu ai pu rester quelques jours en Roumanie, traverser trois pays en un mois, ça n'a pas dû être reposant ! Et je suis d'accord avec toi, quel dommage de ne pas pouvoir les visiter plus en détail mais je suppose que voir tous ces divers paysages par la fenêtre des trains est déjà très impressionnant. Je me demandais, as-tu finalement pu rencontrer le Châtelain ou es-tu resté dans l'annexe jusqu'au bout du voyage ? Était-il tout seul dans ce grand château, sans famille ou serviteur ? Cela m'étonne tout de même, c'est tant de trava-...


Et pendant ce temps... Chapitre 17 : Victor Hugo

Mardi 26 Mai 1885

"Eeeeeve !" Pleurnicha Road en courant dans les cuisines faisant sursauter les quelques employés qui y étaient encore. Notant à peine leur présence, Road fonça sur la dame de compagnie assise à table, et ne s'arrêta que lorsqu'elle percuta ses côtes, s'accrochant à sa robe comme une bernacle à son rocher. Évidemment, ça ne manqua pas : Eve sortit difficilement son bras coincé entre leur deux corps pour enrouler les épaules de Road avec. La petite Noah souris, la tête toujours plaquée contre sa robe. Eve adorait les calins au moins autant qu'elle, mais n'osait jamais en demander ou initier le mouvement. Elle avait beau se plaindre que Road était comme un koala, ne voulant pas la lâcher, il n'empêche qu'elle n'était jamais la première à arrêter l'embrassade.

"Oui Road ?" Demanda-t-elle alors que les bruits de cuisine reprenaient autour d'elles. Soulevant la tête, Road vit un des hommes à tout faire, John si elle se souvenait bien, décharger de gros sacs dans le cellier. Aux fourneaux, Berthe et ses deux commis s'affairaient et assis à la table en face de Road et Eve, la petite Louise épluchait des pommes de terre. La voyant regarder, la fille de cuisine lui sourit timidement mais baissa rapidement la tête vers son travail. Pas tellement intéressée, une chose attira son attention cependant, sur la table en face d'Eve, à côté d'un couteau et d'un petit monticule de patates car, évidemment, cette idiote continuait d'aider aux cuisines, une grosse boîte en carton estampillée de France prenait place.

Oubliant tout à coup ses fausses larmes, Road tendit curieusement la main vers le carton mais fut rapidement arrêtée par celle d'Eve qui se plaqua sans sommation sur le couvercle.

"Qu'est-ce que c'est ?"

"Oh, juste un colis d'un ami." Répondit rapidement Eve. Mais… Elle avait l'air étrangement, hmmm…, nerveuse ? Plissant les yeux, Road décida rapidement de faire comme si de rien n'était et prit rapidement un air ennuyé.

"Quoi qu'il en soit, il faut absolument que tu disputes les jumeaux ! Devit a renversé de la tarte sur ma robe. Sur MA robe, tu te rends compte ? Non seulement elle est détruite mais en plus je n'ai pas pu manger ma tarte."

Eve lui lança un regard incrédule, un de ceux qui criait 'comment veux-tu que j'y fasse quoi que ce soit ?'. Elle avait le même à chaque fois qu'elle devait réprimander quelqu'un et Road ne pouvait s'empêcher d'en rire. Malheureusement, il migra trop rapidement vers un soupir et elle tenta un sourire patient. "Pour ta robe, nous pouvons la confier aux blanchisseuses : Madame Dippet est capable de miracle ! Et si elle n'y arrive pas, je ne doute pas que ton père t'en offrira une bien plus belle sans tarder. Quand à la tarte… Berthe, est-ce que, pour un sourire, nous pourrions prendre une part des restes ?"

"Faites m'en un chacune et j'ajoute du thé pour que vous allez profiter de ce beau temps au jardin." Sourit la vieille cuisinière, des rides s'accentuant au coin de ses yeux.

Road rigola comme c'était attendu d'elle et fit son plus beau sourire aux côtés d'Eve avant de remercier joyeusement la cuisinière. La petite Louise porta le plateau de dessert dehors et Road la suivit pendant qu' Eve "rangeait des affaires." Lorsqu'elle revint, Ils passèrent une bonne après-midi et lorsqu'Eve se leva pour aller réveiller Tricia, Road fit mine de rester dehors. Il n'en fut rien cependant et Road se glissait rapidement à l'intérieur de la chambre d'Eve pour chercher la boîte qu'elle avait reçue plus tôt. Il ne lui fallut pas longtemps pour mettre la main dessus et elle l'ouvrit rapidement pour y découvrir…un manuscrit ? Et oh! n'était-ce pas des informations sur la guerre sainte ?

Oh…

"Oh, Eve, petite cachotière…" Murmura Road alors qu'un sourir bien trop grand pour un humain déformait ses traits. Refermant soigneusement la boîte, elle la glissa à nouveau en place et se hâta de revenir au jardin pour accueillir innocemment sa mère et Eve. Et si elle scruta un peu trop la jeune fille ce soir-là, la faisant suer à grosses gouttes ce n'était que l'imagination débordante d'Eve, n'est-ce pas ?

Fascinant…


Mardi 2 Juin 1885

Dear Eve,

De justesse, mais j'ai bien reçu vos lettres ! Heureusement mon maître a voulu rester quelques jours de plus en Bulgarie chez Miss Boryana.

Merci pour le roman, j'ai eu quelques difficultés à le lire, j'ai dû demander de l'aide pour certains mots mais je pense que je fais des progrès ! J'étais surpris que le livre soit du point de vue du condamné à mort mais j'ai trouvé la chose intéressante et très touchante. Tyki m'a posé beaucoup de questions sur le livre alors j'ai joint un feuillet supplémentaire avec mes pensées si tu souhaites le lire avec lui. J'ai vu dans le journal que l'auteur était mort aussi, tu as pu le voir juste à temps ! Je ne savais pas qu'il était si connu que même en Bulgarie, on apprenne la nouvelle. Mais ça m'a intrigué alors j'essaierais de lire ses livres, tant que nous sommes en Europe. J'espères pouvoir les trouver en Anglais et en Français, j'aimerais pratiquer avant d'oublier davantage la langue, surtout sachant que tu la parles également. Aurais-tu des titres à conseiller en priorité ?

Nous descendons vers la Grèce maintenant, mais je t'avoue que je ne suis pas très enthousiaste avec cette chaleur mais mon Maître a dit que je pour-...


Et pendant ce temps... Chapitre 18 : Premier Bal

Dimanche 21 Juin 1885

"Ils auraient pu faire plus d'efforts." Siffla Sheryl, ses lèvres cachées derrière un verre du champagne le plus cher qu'il était possible d'acheter. Pas qu'il avait dépensé un sou pour : le gérant du domaine était un akuma.

"Il faut bien que jeunesse se passe, Sheryl." Rit le Duc Campbell à ses côtés. "Ils ont respecté à la lettre ce qu'on leur avait demandé et, pour être honnête, connaissant leur répugnance, s'ils avaient fait une seule danse de plus, je me serais inquiété."

Les deux surhommes profitaient d'une accalmie entre deux conversations politiques pour observer le couple de jeunes adultes se faufiler vers le buffet. Autour d'eux, le Bal battait son plein, les conversations allant bon train et la piste de danse pleine à craquer. Un orchestre des meilleurs musiciens prenait place sur un des petits balcons, faisant tourner les danseurs à leur propre rythme en jouant des cordes de leur violon comme ceux d'un marionnettiste. Sur le balcon le plus éloigné, Sheryl pouvait voir Tricia ragoter avec quelques anciennes amies. S'il cherchait un peu, il pourrait sûrement trouver Road en train de faire croire des choses insensées aux jeunes nobles sur lesquels elle avait pu mettre la main.

C'était un bal particulièrement bien organisé, évidemment. Il n'avait pas choisi Tricia rien que pour son titre après tout. Maintenant, si seulement Tyki pouvait se montrer raisonnable et parler à quelques nobles en quête d'affaires, là, ce serait absolument parfait. Malheureusement, leur Prince avait raison, comme souvent.

"Hé bien…" Soupira-t-il "J'espères au moins qu'ils se tiendront à carreaux le reste de la soirée s'ils ne daignent pas se rendre utile."

"Ho je pense qu'ils feront leur possible pour disparaître à leur meilleure convenance si ce n'est la nôtre." Répondit le patriarche avec un sourire amusé. "As-tu remarqué comme Tyki souriait ce soir ? Lui qui a toujours l'air si ennuyé à ces soirées… Miss Campbell était, semble-t-il, un bon choix."

"Oh, s'il vous plaît, c'est à peine si elle a pu danser correctement ce soir. Après tous ces cours, s'en est désolant." Dédaigna Sheryl d'un geste vif de la main. "Elle est un minimum utile, je suppose, mais je ne comprends vraiment pas ce que vous lui trouvez tous à…" Commença-t-il à se plaindre avant de s'arrêter net, sa tête claquant à nouveau vers son frère et la dame de compagnie de sa femme.

"Ho, ho…" Murmura le Prince à ses côtés alors qu'ils observaient un groupe de jeunes filles se presser vers les deux jeunes. Tyki avait un sourire figé, les yeux grand ouverts et Miss Campbell semblait un peu pâle à ses côtés, s'appuyant lourdement sur le bras de Tyki. Mais les deux hommes n'avaient pas besoin de voir ça pour comprendre que quelque chose n'allait pas : ils pouvaient le sentir. C'était comme si une bulle invisible s'était mis à grossir autour de Tyki, l'envelopant comme un cocon protecteur et sirotant l'oxygène comme un trou noir. La jeune fille à ses côtés ne tiendrait sûrement plus longtemps mais Sheryl était plus préoccupée par le groupe de femmes se pressant vers eux. Un évanouissement, ils pouvaient l'expliquer, une dizaine, ce serait catastrophique.

"Nom de…!" Commença à jurer Sheryl avant de se précipiter à la suite du Prince vers le petit groupe. Mais ça ne manqua pas, à peine avaient-ils fait trois pas que les jeunes nobles entouraient le Noah du plaisir et que Miss Campbell s'évanouissait. Sans doute par pur réflexe, Tyki l'attrapa avant qu'elle ne touche sol et l'événement sembla tant le surprendre que ses pouvoirs arrêtèrent de se déchaîner une seconde. C'était juste assez pour que le Duc s'interpose, une main sur l'épaule de Tyki et un sourire paternel en direction des filles. Sheryl était beaucoup moins charmant et s'empressa de repousser le groupe alors que son Prince guidait Tyki vers un salon privé, son frère portant la jeune servante.

Au loin, il voyait déjà les parents hâter le pas vers lui, les mouvements de foules et l'attroupement attirant l'attention des autres insectes comme une flamme. Évidemment, les humains étaient toujours si heureux des malheurs des autres.

Sculptant son expression, Sheryl haussa la voix, prêt à retourner cette catastrophe en occasion politique. C'était ce qu'il faisait de mieux, après tout.


Mercredi 24 juin 1885

Dear Allen,

Tout d'abord, félicitation pour ton premier travail réussi ! Toi qui te plaignais de ne faire que des petits boulots n'ayant pas de rapport avec ton apprentissage, je suis contente que ton maître semble enfin te prendre au sérieux. Tu avais l'air si heureux dans ta dernière lettre, et je suis de tout cœur avec toi mais je ne peux m'empêcher de m'inquiéter. S'il te plaît fais bien attention à toi.

Je suis touchée que tu souhaites continuer à apprendre le Français, voudrais-tu échanger ces lettres dans cette langue plutôt qu'en Anglais ? Ou peut-être, tout du moins, une partie d'entre elles ? Cela me ferait pratiquer également, je n'ai pas beaucoup l'occasion de parler ici et je sens mon vocabulaire s'envoler à mesure des mois qui passent.

Tyki a pris plaisir à argumenter à l'encontre de ton commentaire sur la Nouvelle de la dernière fois mais tu trouveras tout ça dans sa lettre. Pour ma part, je préfères t'envoyer une autre Nouvelle et je t'ai également joint une liste de titres que tu peux lire si tu en as l'occasion. Petit coup de cœur pour Les Misérables, je te le conseille.

Pour une fois j'ai des choses à raconter ! La famille chez qui je suis à tenu un bal pour l'anniversaire de leur fille il y a deux jours. Et devine qui Tyki a mit dans le pétrin avec lui ? Oui en effet, comme tu l'imagines bien, j'ai réussi à me faire ambrig-...


Et pendant ce temps... Chapitre 19 : Le piano

Mercredi 8 Juillet 1885

"Aucune chance, j'te le dis !" Grogna Devit mais Jasdero semblait toujours aussi catégorique.

"Mais leseau a explosé !" Contrat son frère d'ordinaire plus timide.

"Je pense que tu t'inquiètes trop, Jasdero, elle était concentrée sur sa peinture à ce moment-là, je doute qu'elle y ait fait attention." Interrompit Tyki avec un haussement d'épaules.

"Jusqu'à ce que sa robe en soit couverte, en tout cas." Ricana Devit.

Les jumeaux, Tyki et Road étaient tranquillement assis dans la chambre de cette dernière à une heure si tard qu'on aurait pu dire qu'il était tôt. La veille, les quatre Noah ainsi qu'Eve étaient allé s'amuser au Lac et tout le monde n'avait pas été si soigneux qu'ils auraient dû avec leurs pouvoirs.

"Qu'est-ce que tu en penses, Road ?" Demanda Tyki en voyant la plus âgée rester étonnement si silencieuse.

"Hmmm… j'aurais tendance à dire qu'elle est au courant." Répondit-elle en s'appuyant contre la colonne de lit, dégageant un des pieds mal placé de Devit au passage.

"Mais non." S'agaça ce dernier en roulant des yeux. "Elle adore les pouvoirs et les trucs comme ça, regardez elle nous raconte toujours des histoires avec de la magie ou des dragons ! Si elle le savait elle n'aurait pas résister à nous demander."

"Hu, c'est un bon point." s'étonna Tyki en clignant des yeux.

"Oui mais… avec aujourd'hui et le bal d'il y a quelque jours…" Marmonna Jasdero.

"C'est vrai que faudrait être stupide pour pas le voir quand tu te fais à moitié étouffer à mort." Admis Devit et Tyki grimaça à côté de lui. "Mais bon, Eve est pas très lumineuse non plus."

"Vous savez, nous n'aurions pas toute cette discussion si vous faisiez un peu plus d'efforts pour maîtriser vos pouvoirs." Fit remarquer Road et les trois garçons évitèrent son regard sévère. "Je sais qu'ils sont compliqués à avoir constamment sous contrôle au début mais Tyki, tu les as depuis presque six ans, tu ne devrais plus passer à travers quelque chose à chaque fois qu'on te surprends." Le portugais marmonna un truc inintelligible sous son souffle pendant que les jumeaux se moquaient, rapidement rappelés à l'ordre lorsque Road continua. "Et vous Jasdevit, il serait temps que vous lai-..."

Un coup sur la porte l'arrêta net. "Road ?" Chuchota une voix féminine et les Noah's étaient déjà en pleine action avant même la fin de la syllabe. Les jumeaux sous le bras, Tyki passa à travers le mur vers sa chambre pendant que Road attrapait un doudou et tirait les couvertures jusqu'à son menton. La chambre avait tout a coup l'air incroyablement normale. Enfin, normal pour une petite fille noble sur-gâtée de la fin du XIXème siècle.

"Mère ?" Appela Road et Tricia Kamelott ouvrit doucement la porte avant de sourire à sa fille.

"J'ai entendu du bruit, tu as encore fait un cauchemar ma chérie ?" Demanda gentiment la duchesse en réajustant les draps autour de la fillette avant de s'asseoir à ses côtés sur le lit.

"Hu Hu." Acquiesça l'enfant. "Mais ça va maintenant, m'a protégé du mauvais rêve." Ajoute-t-elle en serrant le lapin bleu dans ses bras avant qu'elle ne lance à sa mère un regard d'inquiétude un peu trop adulte pour son âge. "Encore l'isamnie, Mère ?"

"Insomnie, chérie." Corrigea doucement Tricia en caressant les cheveux de sa fille. "Et j'en ai bien peur. Ça allait beaucoup mieux ces derniers temps mais…hé bien, c'est comme ça."

"Voudriez-vous dormir avec moi, Mère ? Peut-être pourrez vous tenir les mauvais rêves à distance et je pourrais vous protéger de l'in-so-mnie." Articula Road et Tricia rit doucement devant tant de mignonitude.

"D'accord, faisons cela." Acquiesça la mère avant de lever la couverture pour s'allonger à côté de sa fille. "Je dors toujours mieux lorsque je suis à tes côtés." Confia-t-elle et Road lui sourit à son tour.

"C'est tout ce dont je rêve pour vous."


Lundi 15 Juillet 1885

Dear Eve,

Est-ce que tout va bien ? Je n'ai pas reçu de réponses de votre part à ma dernière lettre, l'avez-vous bien reçu ? Nous étions en plein milieu d'une guerre civile alors peut-être n'est-elle jamais arrivée. Au cas où, j'ai recopié le brouillon que j'avais gardé ci-dessous et j'en ai profité pour essayer de le traduire en français. J'ai écrit les aventures de ces dernières semaines à la suite, comme ça tu l'auras dans l'ordre chronologique. Je vais confier cette enveloppe à un ami de mon maître, il se rend directement en Angleterre par l'Orient Express et m'a promis de te la déposer. Cela devrait prendre à peine plus d'une semaine, peux-tu le croire ? J'espère que cette fois, la lettre arrivera bien !

C'est une excellente idée ! J'ai pu pratiquer un peu lorsque nous rencontrions des francophones mais nos conversations étaient limitées. S'il y a bien une chose qu'on peut trouver impressionnante à propos de mon maître c'est qu'il met un point d'honneur à parler dans la langue locale. Je me demande bien comment il a pu en apprendre autant ! Concernant nos lettres, je ne me sens pas capable d'écrire toutes mes pages en Français mais je ferai de mon mieux.

J'ai beaucoup aimé les dessins que tu as fait du Bal lors de ta dernière lettre. J'ai tant ri que mon Maître est venu vérifier que j'allais bien, chose incroyable, tu t'en rends compte maintenant. Le récit était amusant également et ça me donne presque envie d'assister à un bal noble… ne serait-ce que pour le buffet. J'ai essayé de te faire honneur avec une esquisse de Chypre mais je n'ai pas ton talent et ne lui ai pas fait justice, peut être ma description plus tard sera plus parlante.

Concernant les romans, j'ai pu m'en procurer quelques-uns ! Je n'ai malheureusement pas vraiment apprécié Les Misérables, je crois que c'était un peu trop proche de moi. J'étais très énervé pour Jean Valjean et Fantine et la pauvre Cosette si bien que j'admets ne pas avoir terminé le livre. Peut-être après quelque temps je pourrais rée-...


Et pendant ce temps... Chapitre 21 : Joyeux harcèlement

Samedi 15 août 1885

"Quel pagaille." Gronda Sheryl.

Il ne restait plus que Tyki et lui dans le grand hall. La femme de chambre ou plutôt l'ancienne femme de chambre de Road avait été enmenée par le cocher et un des majordomes au village, voir le médecin. Les autres serviteurs venaient de s'éclipser pour trouver de quoi nettoyer en vitesse. Il faut dire, c'était bien nécessaire. Le sol du grand hall, tout proche de la dernière marche, était marqué d'une grande tâche rougeâtre, des traînées et traces de pas en partant dans tous les sens. Une série de pas particulièrement marqués remontait le grand escalier comme pour indiquer le chemin. C'était là qu'avaient disparu la dame de compagnie de Tricia ainsi que sa femme et sa fille quelques minutes plus tôt. Laissant vaquer son regard, ses yeux tombèrent sur son petit frère à ses côtés. Lui était dans un encore plus grand désordre si c'était possible.

"Tyki, regarde dans quel état tu es." Réprimande Sheryl en se rapprochant de l'autre Noah pour ajuster son col correctement. Ça n'aidait pas beaucoup à son apparence, vu comme il était couvert de sang des genoux au torse, mais enfin… "Étais-tu obligé de t'agenouiller dans cette immondice ?"

"Avec tous les serviteurs, Eve et Tricia, il aurait été étrange que je ne le fasse pas." Nota Tyki en laissant son frère le réordonner. Mieux valait souffrir de ses attentions maintenant que de l'éviter et subir encore pire, il l'avait appris à ses dépends. Mais il ne fallait pas exagérer non plus, et Tyki finit par reculer amenant Sheryl à laisser tomber ses mains avec une moue ennuyée.

"Miss Campbell, en effet." Répondit Sheryl, désapprobateur. "Tu passes beaucoup trop de temps avec elle ces derniers temps, je ne suis pas convaincu par les mérites de sa compagnie, surtout lorsqu'elle nous amène des problèmes comme ceux-ci." Commença-t-il alors qu'ils entendaient des bruits de pas dans l'escalier de service derrière eux. Une jeune fille à la peau matte et aux cheveux noir en sortit, un saut à la main et s'inclina devant les maître de maison avant de se mettre à lessiver le sol. Sheryl lui jeta à peine un coup d'œil avant de continuer où il en était. "Qui plus est, elle ne m'est pas vraiment utile, je n'ai toujours rien pu apprendre sur la nuit où le Prince est devenu fou et elle a semé la zizanie au manoir rien que par sa présence, je penses sérieusement à m'en débarrasser."

"Tu ne peux lui mettre la faute dessus lorsque Road à tout fait pour envenimer les choses." s'insurgea Tyki. "Le rôle ambiguë de dame de compagnie que tu lui as assigné n'a certainement pas aidé non plus. Rien ne se serait passé sans vous… ou même moi, j'admets n'avoir pas été très fin en congédiant cette employée le mois dernier. Et quant à son utilité, Tricia n'est-elle pas bien plus heureuse depuis son arrivée ? Je dirais même qu'elle est moins malade également."

"C'est bien la première fois que je te vois autant t'intéresser aux affaires du Manoir." Répondit Sheryl avec surprise. "Et oui, je suppose que tu as raison… Mais quoi qu'il en soit, même si ma Road chérie ne s'était pas amusée avec eux, les humains sont tous comme ça, tu le sais mon frère."

"Certes." Admit Tyki mais une lueur de doute semblait hanter ses yeux. "Mais, peut-être, nous pour-..." Commença à répondre Tyki lorsqu'un autre serviteur passa la porte avant de presser le pas vers eux. Cette fois, les deux Lord se turent d'un coup, regardant le nouveau venir à leur hauteur. C'était le majordome personnel de Tyki, Hershel Rambelt, et le jeune homme avait l'air un peu blanc.

"Excusez-moi de vous déranger, Lord Mikk, mais le bain est prêt si vous souhaitez vous ra-... rafraîchir." Expliqua Hershel, bégayant à peine lorsque ses yeux restèrent un peu trop longtemps sur les vêtements tâchés de sang du jeune Lord.

"Ah parfait, Merci Rambelt, je te laisse t'y hâter Tyki, nous continuerons cette conversation une autre fois." Appella distraitement Sheryl faisant mine de toucher l'épaule du Noah du plaisir avant de se raviser avec une moue dégoûtée. "Et pour l'amour du Prince, n'en laisse pas une trace."

"Oui mon frère." Répondit Tyki en roulant des yeux et Sheryl soupira avant de tourner les talons vers son bureau.

"Ha, Miss Barnes, c'est cela ?" Appela tout à coup le Marquis à la jeune servante épongeant le sol.

"Oui Sir, Clarisse Barnes."

"Ah oui, c'est cela, allez dire à Auguste de faire préparer la seconde chambre." Ordonna le Noah du Désir avec un air sombre. "Je sens qu'il n'y aura pas de place pour moi dans celle des maîtres ce soir."


Mercredi 19 Août 1885

Dear Allen

Je suis très désolée de ma réponse tardive, les choses ont été agitées ici tout ce mois

et les mots ne voulaient tout simplement pas sortir ces deux dernières semaines ou, tout du moins, aucun qui ne valait la peine d'être écrit. Mais ne t'inquiètes pas, mon mutisme passager à très vite disparu et je me sens d'humeur aussi loquace que d'ordinaire !

Je suis heureuse que mes peintures t'aient plu, ce sont mes premières et je n'étais pas sûr qu'elles représentent correctement l'ambiance du bal mais Tyki a insisté pour que je les joigne à notre dernière lettre. Mais oui, tu as raison, le buffet était bien le seul point d'intérêt pour lequel je braverais un nouveau bal ! Et tous ces gâteaux, autant ils étaient bien passés dans mon estomac, autant j'ai cru que je ne finirais jamais de les peindre !

Je ne vais pas mentir, ton esquisse était à peine compréhensible mais pour ta défense, cela n'a pas aidé que le graphite ait bavé dans le transport. Mais quoi qu'il en soit, ce n'est pas une question de talent mais de pratique, d'apprentissage et de motivation. Si tu souhaites apprendre le dessin, lance toi !

Je comprends tout à fait, c'est un livre difficile. Au moins tu as essayé de le lire, les jumeaux n'ont pas fait cet effort. Pour être honnête, je suis quelque peu inquiète pour eux. Ils partent au collège la semaine prochaine et même si je ne doute pas que ça va être une expérience enrichissante, j'ai peur pour eux… et ceux qui vont les côtoyer. Ils vont me manquer, sans aucun doute, mais ils sont loin d'être facile à vivre et je plains les pau-...


Et pendant ce temps... Chapitre 23 : Babysitting

Dimanche 6 septembre 1885

Jasdero regardait pas la fenêtre le manoir s'éloigner, Devit à ses côtés. Enfin, plutôt, c'était lui qui s'éloignait, assis dans un fiacre avec son frère, Adam et deux homme bedonnant du collège. Tricia agitait encore la main, Sheryl prêt d'elle. A leur côté, Tyki se tenait, nonchalant et Road se balançait sur place. Derrière eux, les employés formaient deux lignes parfaitement droite, attendant patiemment que leur maître rentre. Tous n'étaient pas là, cependant. Eve était encore dans le hall, caché à la vue par un lourd rideau. Jasdero croisa son regard mais ils étaient loin maintenant et il se doutait qu'avec ses sens humains, elle n'en avait pas eu conscience. Un des hommes blablatait pour l'instant et Adam faisait mine de l'écouter avec un sourire. Enfin quoi que, le Prince était bizarre, peut-être l'écoutait-il réellement. En tout cas, Jasdero ne faisait pas cet effort. Devit non plus. Même lorsque le Manoir disparut à travers les arbres, son regard resta fixé sur la fenêtre.

"Le jeune Monsieur Jasper semble être très attaché à son foyer !" déclara tout à coup un des hommes du collège. Mais son ton n'était pas très gentil, dé-dai-gneu, c'était le mot, pensa Jasdero. Eve lui avait appris celui-là, mais il n'était pas sûr de l'avoir bien utilisé. Il devrait lui demander. Ho mais… hé bien, par lettre alors. "Mais quelques jours avec vos camarades et vous aurez oublié le mal du pays ! De braves gaillard comme vous, ça n'agit pas comme des fillettes, n'est-ce pas ?" Rigola l'homme et l'autre étranger le rejoint.

Jasdero continua à regarder par la fenêtre. Devit lui prit la main. Ils resserrèrent leurs doigts. Adam ne souriait plus mais il n'agit pas non plus, les regardant avec curiosité. Un test ?

"On nous a dit que si quelqu'un nous traitait de fille et le sous-entendait comme une insulte, c'est que cette personne devait être soit mal-éduquée, soit stupide." Commença tout à coup Jasdero.

"Et que si c'était le second, alors cette personne ne méritait pas notre respect." Continua Devit avec un air innocent.

"Quoi ? Qui a dit ça ?" S'insurgea l'homme. Il avait le visage étrangement rouge. Comme une cerise, pensa Devit. Jasdero aurait plutôt dit une tomate, lui.

"Miss Campbell." Souris Devit avec un peu trop de dents. Il lança un regard à Adam et les deux hommes se tournèrent vers le Duc.

Le Duc Campbell.

Le grand bedonnant devint tout a coup très pâle. Cette fois, les jumeaux étaient d'accord, il était aussi blanc que le vase en porcelaine dans la chambre de Tricia.

"Oh, euh oui, c'est très… une vision très… euh, inter-... Oui, très intéressante." Balbutia-t-il.

Jasdero desserra les dents. Adam les regardait avec surprise. Il ne devrait pas, les jumeaux n'étaient pas stupides. Ils n'étaient pas les plus grands et forts dans la rue, après tout. Les combats des mots étaient tout aussi importants que ceux des poings. Et ils étaient mieux armés que jamais après ces six mois au manoir. Le Prince ne corrigea pas l'assomption des humains et mieux encore, il sourit aux jumeaux. Jasdero sentit une boule de joie exploser dans son ventre. Devit aussi.


Jeudi 17 septembre 1885

Dear Eve,

Tyki m'a dit ce qu'il s'était passé au manoir ! Et toi tu m'as juste écrit que tu ne te sentais pas d'humeur bavarde… Je comprends mieux pourquoi la réponse a si tardé ! Je suis triste que tu n'ait pas souhaité te confier à moi là dessus. Et à Tyki non plus il semblerait. Je comprends tout à fait que tu ne voulais pas que tes employeurs soient au courant mais tu n'aurais pas dû laisser les choses empirer comme cela. Au moins toute cette affaire à pu te montrer qu'ils étaient de ton côté alors cette fois, si ça arrive à nouveau, n'hésites pas à le dire. Et, s'il te plait, même si je ne peux pas faire grand chose d'aussi loin, confie moi tes problèmes aussi, ça ne me semble pas très équitable que je sois le seul à le faire. Je pourrais au moins être une oreille attentive. Même si, avec mon départ en Chine, j'ai peur que les lettres mettent dorénavant encore plus longtemps pour t'atteindre.

Sur un autre sujet, je ne sais plus comment on en est arrivé là mais tu sais comme Tyki aime les surnoms, il a commencé à m'appeler Gray Boy ces derniers temps et ça m'a fait pensé, on parle depuis des mois mais je ne sais toujours pas grand chose à propos de toi. Je sais que je ne partage pas beaucoup non plus, ça a toujours été difficile à faire pour moi mais si tu es d'accord, j'aimerais essayer. Ma couleur préférée, c'est le noir et blanc, ça me calme, je ne sais pas trop pourquoi. Quel est la tienne ? Mon plat préféré, c'est les flans, j'en ai essayé un une fois et je…


Et pendant ce temps... Chapitre 24 : Déprime en perspective

Samedi 3 octobre 1885

"...et alors que Anna sautait de plus en plus haut, Elsa glissa en essayant de suivre sa sœur et manqua, son pouvoir percutant Anna en plein cœur. Terrifiée, Elsa cou-..."

"Anna est morte ?!" Cria presque Jasdero amenant Road à le bâillonner en sifflant 'chuuut!'.

"C'est pas sympa pour Elsa mais Anna était stupide aussi, àà sauter dans le vide comme ça." Grommela Devit en roulant des yeux.

"Comme si tu ne ferais pas exactement la même chose avec Jasdero." Se moqua aussitôt Road et le garçon rougit.

"Ouais mais moi je suis pas un faible hum-...!" Cria-t-il aussitôt et cette fois c'est Eve qui le baillonna, se jetant pratiquement sur lui pour l'empêcher de finir sa phrase.

"Baissez un peu le ton, on pourrait nous entendre." Murmura-t-elle et les enfants se calmèrent un peu. "Et non, Jasdero, Anna va bien, d'accord ?"

Aussitôt, le garçon sourit et s'assit un peu plus droit sur le tas de coussins, toute son attention à nouveau sur Eve. Mais juste au moment où elle allait continuer l'histoire, un ccoup de tonnerre retentit au dehors, faisant trembler les fenêtres. Ne s'y attendant pas, Eve sursauta violemment et regarda automatiquement vers les fenêtres mais le drap rose de Road qu'ils avaient utilisé comme tente de fortune cachait la vue.

"Vivi, et ensuite ?" Appella Road en secouant la main d'Eve. Clignant des yeux, la jeune adulte se tourna à nouveau vers les trois enfants avant de réorganiser ses pensées.

"Euh oui alors… donc Anna tombe au sol et le roi et la reine arri-..."

Road renifla dédaigneusement. "Classique."

"...leurs parents arrivent et Elsa leur explique ce qu'il s'est passé en pleurant. Anna respire toujours mais elle ne se réveille pas et… je crois que ses cheveux deviennent blanc ? Je ne suis plus sûre, mais enfin ce n'est pas important… je crois. Euuuh, oui pardon, donc, la famille chevauche toute brides abattu vers la forêt dans la montagne à la recherche des trolls. Lors-..."

"C'est quoi des trolls ?" demanda confusément Jasdero.

"C'est des êtres mythologiques, de grands monstres laid." Répondit Road.

"Oui, ça peut l'être mais dans cette version ce sont plutôt des espèces de petit être pas plus grand que mes genoux qui ont l'air d'être en pierre et en fait, maintenant que j'y pense, je crois bien qu'ils peuvent se transformer en caillou."

"Ça a l'air bizarre ton truc." Marmonna Devit et devant leur air un peu vitreu, Eve leur dit qu'elle leur ferait un dessin le lendemain.

"Donc ! Ils vont voir les trolls et leur chef leur dit que… pour être honnête je ne me souviens plus trop mais c'était un truc comme quoi ils avaient eu de la chance qu'elle touche la… merde." Jura tout a coup Eve en français mais les trois enfants l'avaient déjà tellement entendu dire qu'ils n'avaient aucun problème à comprendre le mot. "Bon, donc en fait plus tôt Elsa avait touché la tête d'Anna avec son pouvoir, pas son cœur, sa tête, d'accord ?"

"En quoi c'est important ?" Se moqua Devit et Eve leva les yeux au ciel comme pour demander du courage à une quelconque manifestation divine. Elle faisait souvent ça, nota Road.

"C'est pour la suite. Alors le troll leur dit qu'ils ont de la chance car les blessures de l'esprit sont difficiles mais peuvent être guéries alors que pour les blessures du cœur, seule une preuve d'amour sincère a une chance d'y parvenir."

"Une preuve d'amour sincère ?" Répéta Débit avec dégoût.

"Je parie que ça reviendra à la fin de l'histoire." Lui répondit Road.

Eve fit une grimace douloureuse. "Le chef réussit à modifier les souvenirs d'Anna pour qu'elle oublie qu'Elsa a des pouvoirs et ils…"

"Mais pourquoi ils font ça ?" Demanda tristement Jadero et Eve leva les mains au ciel, excédé.

"Je ne sais plus ! Bref, rapidement, Anna est sauvée, Elsa et complètement traumatisée par ses pouvoirs et ils retournent tous au château. Les deux filles sont séparées, Elsa passe la plupart de son temps enfermée dans sa chambre et, encore pire, leurs parents décèdent dans un voyage en bateau quelques années plus tard. Encore quelques temps après, alors qu'Elsa allait avoir vingt et un ans… attendez, non, j'ai oublié un truc, le petit garçon du début avec le reine, vous vous en souvenez ?" Les trois enfants acquiescèrent. "Bon hé bien quand la famille royale courait dans la forêt, il les a croisés et les a suivi et s'est fait adopter par les trolls. Euh, maintenant que j'y pense ce n'était peut être pas si important… Enfin, donc, Elsa devint Reine…"

"Elle est Reine maintenant ?" Demanda Road.

"Oui, enfin non, enfin…" Eve prit une grande respiration et continua plus calmement. "Le jour de son vingt-et-unième anniversaire, la Princesse Elsa est couronnée reine lors d'une grande fête. Les hauts dignitaires de tous les royaumes alentours sont invités pour l'occasion, il y a même la princesse Raiponce et... Ha non vous ne connaissez pas… zut, pourquoi je ne vous ai pas raconté cette histoire ? Je la connais bien mieux ! Je l'ai v-... Euh… lu, des dizaines de fois !" Gémit Eve en se prenant la tête dans les mains.

"C'est pas grave, tu n'auras qu'à nous la raconter ensuite." L'encouragea Jasdero en lui tapotant l'épaule.

"Ho non ! Je la connais celle-là, je l'ai même dans ma bibliothèque." Se plaignit Road en pointant vers le meuble prêt du bureau ou, en effet, de gros livres de contes prenaient place.

"C'est basé sur le même conte mais ce n'est pas la même version, j'en suis sûr." L'assura Eve et Road acquiesça douteusement. "J'en étais ou ?"

"Les digni-machin, là." Répondit Devit, affalé sur les coussins. Eve lui sourit, amusée. Le garçon faisait semblant de n'en avoir rien à faire, n'empêche qu'il était le premier à répondre.

"Ha oui, merci ! Donc les nobles des royaumes voisins viennent assister au couronnement et Anna est très excitée parce qu'elle rêve de rencontrer le grand amour."

"Tu avais dit que ce n'était pas une romance !" Cria presque Devit en se redressant d'un coup alors que Road applaudissait.

"Oui, non, promis, c'est n'est pas l'objet principal." Le rassura Eve. "Elsa de son côté est terrifiée de laisser ses pouvoirs s'échapper devant tout le monde et de créer un nouvel accident. Mais heureusement tout va bien lors du sacrement…"

"Awwww." Soupira Road, clairement déçue.

"...et pendant la fête, Anna rencontre un charmant Prince d'un pays étranger. En fait ils se sont rencontrés plus tôt quand Anna est allé en ville mais, bref ! Ce n'est pas important. Ils s'entendent étonnement bien, ils ont les mêmes intérêts, les mêmes rêves, finissent les phrases l'un de l'autre… temps et si bien qu'à la fin de la journée, ils se présentent devant Elsa pour demander la permission de se marier."

"Déjà ?" S'étonna Jasdero.

"Tu devrais prendre exemple sur eux, Vivi." Taquina Road et Eve lui tira la langue.

"Mouais, c'est une idée pourris." Décida Devit et Jasdero acquiesça vigoureusement.

"Je ne dis pas qu'elle épouse le premier venu, juste qu'elle devrait y penser un peu plus." Répondit Road en claquant la langue.

"Mais je croyais que tu ne voulais pas qu'elle parte du manoir non plus ?" Demanda Jasdero, confus.

"Pas de problème si elle épouse John ou Tyki ou même Eliott." Répondit-elle en haussant les épaules mais Jasdero fit la grimace. Il s'apprêtait à répliquer lorsqu'Eve profita du bref temps mort pour appeler les enfants, mentalement épuisée.

"Pouvez-vous, s'il vous plaît, me laisser terminer l'histoire ?" Supplia Eve.

Les trois démons sourirent.

Eve soupira et continua le conte.


Mardi 13 octobre 1885

Dear Gray Boy,

C'est étonnant, tu sais, de se faire houspiller deux mois après les faits. Mais tu as tout à fait raison, j'ai, il faut l'admettre, mal géré toute cette affaire.

Mais pour être honnête, je ne suis toujours pas très sûre de ce que j'aurais dû faire d'autre. Je suis désolée de ne pas t'en avoir parlé, je ne voulais pas t'inquiéter à propos de quelque chose pour lequel tu ne pouvais rien faire et, sans doute, aurait disparu avant même notre prochaine lettre. Je ne pensais pas que cela prendrait des proportions telles qu'une autre employée serait blessée. Mais en y réfléchissant maintenant, ce n'était pas juste de ma part car j'en serais tout aussi attristée si tu ne te confiais pas à moi à propos de tes propres problèmes. Alors, s'il te plaît, laisse moi te remercier d'être toujours là pour moi si j'en ai besoin. Avoir quelqu'un en dehors du manoir est indispensable pour moi et je suis heureuse de te compter comme ami.

Désolée pour tout ce trop plein d'émotions mais ça ne va pas s'arrêter là j'en ai peur. Avant que l'on parle de ton flagrant manque de détails sur ton arrivée en Chine, laisse-moi répondre à tes questions. Même si tu as raison que l'on en sait étonnamment peu l'un sur l'autre, je te connais assez pour deviner que l'initiative t'as été soufflée par quelqu'un d'autre. Je me demande qui as pu t'encourager à parler de toi comme cela mais je lui en suis infiniment reconnaissante car il me démangeait de te poser les même questions.

Ma couleur préférée est le violet ! Où pour être exacte, le mauve, une teinte particulière entre le violet et le rose. Comme tu peux le voir, j'ai essayé de faire la teinte à l'aquarelle avec une fleur dans la marge mais elle est en réalité un peu plus foncée que cela. Je ne pense pas avoir de nourriture préférée mais j'aime beaucoup le parfum des épices du curry ou certains chocolats s'ils ne sont pas trop amers. Je voue cependant une haine féroce au fromage mais récemment, Berthe m'a fait goûter une tourte aux champignons qui av-…


Et pendant ce temps... Chapitre 25 : Chasse aux marrons

Dimanche 25 octobre 1885

"Comme ça ?" Demanda Jasdero en tendant son marron à Eve où une belle croix y était tranchée.

"Exactement !" Sourit-elle et Jasdero lui en rendit un des siens, incroyablement heureux de la validation. D'encore meilleure humeur, il se remit au travail diligemment, coupant soigneusement les marrons devant lui alors que son frère embrochait avec un peu trop de force des champignons. La cuisinière, Berthe, avait bien essayé de les dissuader lorsqu'Eve avait déboulé dans la cuisine, les trois enfants de la maison sur les talons et leurs bras remplis de panier mais elle n'avait rien voulu entendre. 'Nous ne te dérangeront pas !' avait promis la jeune fille mais Berthe avait aussitôt grommelé que ce n'était pas le problème, que bien sûr qu'ils pouvaient venir mais que faire la cuisine, ce n'était pas vraiment une activité pour trois petits maîtres. Devit avait été prêt à acquiescer, certes, il avait finalement bien aimé la balade mais la cuisine, franchement ? Mais Jasdero l'avait fait taire d'un seul coup d'œil et Devit s'était mit à bouder derrière eux, ne pipant plus mot. Tout du moins jusqu'à ce qu'Eve ait fini de convaincre la matrone que si, bien sûr, la cuisine était une merveilleuse activité pour développer les enfants ! A ce moment-là, ils s'étaient assis sur les longs bancs de bois à la grande table et Eve leur avait montré comment préparer les marrons et champignons.

Et maintenant, ils en étaient là, un monticule absurde de marrons et champignons entre eux, discutant de choses et d'autres tout en les préparant. Il y en avait tant qu'Eve avait joyeusement invité la fille de cuisine, Louise, à se joindre à eux. Ce n'était pas la première fois qu'elle essayait de faire passer du temps ensemble à Louise et aux jumeaux. Au début, Devit avait été très méfiant et Jasdero pas tellement heureux qu'Eve se débarrasse d'eux en les jetant sur la fille de cuisine. Mais ça allait mieux maintenant, ils en avaient parlé ensemble et elle leur avait assuré qu'il n'en était rien, qu'elle espérait juste qu'ils puissent devenir amis, n'ayant pas d'autres gens de leur âge au manoir. Alors ils avaient tous fait un effort mais Louise était timide et pas très à l'aise avec leur statut de nobles et les trois n'avaient pas grand choses en commun. Donc non, pas de grands amis, mais ils se toléraient très bien et Louise n'était pas si mal pour une humaine, ça ne dérangeait plus les jumeaux de faire quelque chose avec elle au moins.

"Tu es sûr que ça se mange ?" Demanda douteusement Road lorsque la première fournée de châtaignes au four fut placée sur la table.

"Certaine ! Mais attention, c'est très chaud." ajouta-t-elle en en craquant un ouvert, laissant la coquille de côté.

Douteusement, Road essaya, rapidement suivi pas Jasdero. Il en prit une toute petite bouchée et… "C'est sucré !" S'étonna-t-il avant de gober joyeusement le reste.

"Mouais, c'est farineux. C'est pas mauvais mais je vois pas pourquoi on a fait tout ça pour ce truc." Marmonna Devit mais il finit tout de même sa châtaignes sans se plaindre davantage.

"Oui, ça a un peu cette consistance. Mais on… on peut en faire un gâteau si vous voulez !" Proposa timidement Louise.

"C'est possible ?" Demanda Road, clairement intriguée et la jeune fille hocha frénétiquement la tête.

"J'en faisais souvent avec ma maman, je peux vous montrer si vous voulez ?"

"Mais oui, c'est une super idée ! Je n'ai jamais fais de gâteaux au marrons avant bien que maintenant que j'y pense, j'ai déjà utilisé de la farine de châtaigne." Marmonna Eve. "Qu'en pensez-vous, est-ce que cela vous dit ou vous en avez assez de la cuisine ?"

"Pourquoi pas." Sourit nonchalamment Road et Jasdero acquiesça frénétiquement à côté d'elle. Devit ne dit rien mais il ne refusa pas non plus alors Eve demanda à Louise de leur montrer comment faire. Clairement impressionnée par la responsabilité, la servante n'en démorda pas cependant, et bientôt elle expliquait quoi faire aux autres enfants avec à peine un petit tremblement dans la voix.

"Eve." Appela timidement Jasdero lorsque Devit poussa le gâteau dans le four. "Tu crois que Tricia aimerait goûter le gâteau pour le thé ?"

"Bien sûr ! Même si ce n'est pas à son goût, elle sera tout de même très heureuse que vous lui offriez quelque chose que vous avez fait vous même." Sourit-elle et Jasdero s'illumina : il avait hâte de pouvoir goûter et partager le fruit de leur labeur.


Mercredi 11 novembre 1885

Dear Violet Lady,

L'adresse m'a fait sourire et je n'ai pu m'empêcher de te nommer à mon tour !

Je suis gêné que tu aies si bien deviné la chose. En effet, c'est une nouvelle amie qui m'a encouragé à mieux te connaître. C'est chez cette personne que tu as envoyé la dernière lettre, Mademoiselle Anita. J'ai du mal à comprendre comment une femme aussi douce et gentille et intelligente puisse apprécier mon maître mais enfin… Cela fait déjà un mois que nous sommes chez elle et nous allons sans doute rester quelques semaines de plus ! J'aime voyager mais après un an à vaquer d'un endroit à l'autre je m'avère soulagé de me poser quelque temps. Surtout à cette période de l'année. Il faut cependant que je rectifie une chose, Il y a eu un festival la semaine dernière et j'y ai goûté une spécialité japonaise, des Mitarashi Dango. Ce sont de sortes de boulettes de riz sucré, je suis déçu de ne pouvoir t'en envoyer car ils ont, sans équivoque, pris la place de plat préférés. Ce festival était déjà incroyable mais il parait que celui du nouvel an chinois est particulièrement fabuleux ! Malheureusement, je ne pense pas que nous resterons jusque là, mais je vais essayer de convaincre mon maître. Je doutes avoir une occasion pareille un jour.

Autrement, pourrais-tu trouver une recette de tarte aux pommes ? Je n'en ai jamais fait mais j'aimerais remercier Anita et je pensais qu'une sucrerie qu'elle n'a pas l'habitude de manger pourrait être une bonne idée, qu'en penses-tu ?

J'espères que nous resterons au moins jusque fin décembre, je m'entends bien cette fois avec mes collègues du chantier navale, ils sont terri-...


Et pendant ce temps... Chapitre 26 : Idées Cadeaux

Mercredi 25 Novembre 1885

Tyki n'aurait peut-être pas dû rentrer couvert de sang au manoir.

Après, il avait un manteau noir et les tâches se voyaient a peine… et puis il abusait sans modération de ses pouvoirs également. Les chiens de garde le connaissant, Tyki avait pu tranquillement traverser le parc et, arrivé au pied du manoir, grimper sur l'air sans un bruit. Dans la chambre vide à côté de celle d'Eve, il avait pu entrer dans le couloir de l'aile familiale, prêt à se jeter dans son lit et mettre un terme à cette journée épuisante. Et il était si proche du but ! Il était presque à la porte de sa chambre lorsqu'un petit bruit lui fit tourner la tête. Retenant à peine une grimace, il vit Sheryl sortir de sa seconde chambre au bout du couloir. Trop tard. Même si Tyki osait sauter à travers le mur, se cacher sous son lit ne retiendrait pas Sheryl de le suivre à l'intérieur et lui taper son meilleur savon.

Résigné, Tyki resta sur place mais il n'eut pas à attendre longtemps. Sheryl qui était pourtant contre l'utilisation de leurs pouvoirs au manoir, la moitié de leurs serviteurs étant humains, ne se fit pas prier cette fois et parcourut la distance en un clin d'œil, attrapant le visage de son petit frère pour le regarder sous toutes les coutures.

"Sang ?" Demanda-t-il sans même un 'oh bonsoir mon frère chéri, je suis heureux de ton retour, comment vas-tu après ces quelques semaines ?'

"Pas le mien." Confirma Tyki et il eut tôt fait de laisser échapper ces mots que Sheryl lâcha son manteau avec une moue dégoûtée.

"J'en déduis que tu as finalement pris soin de Monsieur Starkoff ?" Répondit le Marquis, les lèvres pincées.

"Ils devraient le trouver dans quelques jours." Répondit Tyki en mettant ses mains dans ses poches et Sheryl claqua sa langue. Tyki détestait lorsqu'il faisait cela… ce tic couplé à son air sévère et son ton énervé, ça lui rappelait leur géniteur. Et ce n'était jamais un bon souvenir.

"Tu as pris ton temps ! Tu devais rentrer la semaine dernière et tu ne répondais même pas au téléphone, que s'est-il passé ?" Siffla Sheryl.

"J'avais juste d'autres choses à faire d'abord." Marmonna-t-il.

"Plus importante que la famille ?" S'énerva Sheryl et Tyki sursauta.

"Quoi ? Non, bien sûr mais que-...?"

"Alors, nom d'un chien Tyki, lorsque je te dis de rentrer, tu rentres !" Sheryl le coupa, haussant le ton.

"Qu'est-il arrivé ?" Demanda le Noah du plaisir. Certes, Sheryl n'était jamais heureux lorsqu'il partait mais il n'était généralement pas si en colère. "Le Prince ne m'a pas appelé alors je ne pensais pas que c'était urg-..."

"Evidemment, tu ne penses pas !" Gronda Sheryl. "Et pourquoi ne m'écoutes-tu pas comme tu obéis au Prince ? Si tu m'avais seulement répondu tu aurais su qu'il avait fait une nouvelle crise !"

"Oh, je… il va bien ?" Balbutia Tyki.

"Il est stable pour l'instant, elle n'a pas duré longtemps. Mais il n'est pas en état de continuer la création des Akumas et Maitora était trop occupé pour l'assister cette semaine. Et avec l'élection et la gérance du domaine Campbell en plus de celui des Kamelott je ne pouvais clairement pas m'en soucier non plus. As-tu seulement pensé une secon…-!"

Un léger craquement parvint aux oreilles des Noahs et Sheryl se tu net avant que les deux ne se tournent vers la porte derrière eux

"Tyki ?" Appela Eve, la porte à peine entrouverte. Tyki jeta rapidement un coup d'œil à Sheryl, ce n'était vraiment pas le moment pour qu'Eve intervienne mais… il était un peu soulagé tout de même.

"Ah, désolé Eve, nous avons été un peu trop bruyants semble-t-il." Dit-il rapidement avant que Sheryl ne puisse s'énerver sur la plus jeune. Eve regarda nerveusement entre eux deux et semblait déjà regretter être sortie du lit. Il comprenait le sentiment…

"Oui, excusez-nous pour le dérangement, nous aurions dû faire nos retrouvailles dans un lieux plus adéquat. Retournez-vous coucher." Claqua Sheryl et la jeune fille grimaça avant de lancer un regard de pitié à Tyki, s'excuser et détaler dans sa chambre. Il avait infiniment envie de faire pareil mais Tyki secoua la tête et se tourna vers Sheryl, prêt à continuer à subir ses reproches.

Pourtant, son frère le surprit. Prenant une grande inspiration, il souffla lentement avant de croiser à nouveau son regard. "Ce n'est évidemment ni le temps ni l'endroit. Allons nous coucher et nous en parlerons plus demain à… tête reposée."

"Oui, mon frère." Murmura Tyki, incrédule de cette bonne chance. Sheryl sembla le sentir car il fut prompt à ajouter :

"Ne penses pas à t'en sortir sans rétribution. Tu remplacera Maitora auprès du Prince et t'occuperas d'une partie des affaires des Campbell en plus de tes devoirs habituels et ce, au moins, jusqu'à ce que le Prince s'en remette." Tyki acquiesça rapidement et attendit patiemment que Sheryl s'en aille. Mais son frère hésita une seconde puis prit Tyki dans ses bras.

"Je suis heureux de te voir." Dit-il plus doucement et Tyki leva ses mains pour le serrer à son tour.


Jeudi 10 décembre 1885

Dear Gray Boy,

Joyeux Anniversaire ! Et Bonne année !

J'espère que cette lettre arrivera à temps ! Les gants sont un cadeau de Tyki et moi. Nous voulions quelque chose que tu puisse utiliser tous les jours. Comme tu es toujours en voyage, nous nous doutions que tu ne pourrais pas transporter grand chose. Nous ne savions pas à quel point tu as pu grandir ces derniers mois, j'espère qu'ils seront à la bonne taille même s'ils sont normalement quelque peu réglables grâce aux lanières. Ils sont censés être très robustes et confortables, dis moi ce que tu en penses.

Bien sûr, c'est une très bonne idée ! Je t'ai joint plusieurs recettes sur une feuille à part, ne sachant pas quels ingrédients tu aurais sous la main. La recette de tarte aux pommes vient directement de Berthe, la cuisinière en chef du manoir où je travaille. J'ai dû batailler pour obtenir ses secrets mais la qualité est garantie ! Les autres, je les ai réécrit de mémoire et tu sais comme celle-ci n'est pas des plus efficace, je ne peux donc pas t'assurer du goût. N'hésites pas à les annoter et me les renvoyer si tu les essaye !

Tyki est revenue i peine deux semaines. Il est très occupé cependant et je ne le vois pas beaucoup ces derniers temps. Alors je suis contente d'entendre parler de Chine car, pour être honnête, je n'ai pas grand chose à te raconter en retour. Mais j'ai du mal à te croire, tout de même, tu t'es réellement fait attaquer par des pirates ? Je ne sais pas si c'est terrifiant ou aussi excitant que tu l'as décrit. Est-ce que tu as ét-...


Et pendant ce temps… Chapitre 27 :Vacance bien méritées

Dimanche 20 décembre 1885

"Tu lui as donné des vacances ?!" S'exclama Tricia et Sheryl la regarda avec des yeux ronds, Road, les jumeaux et Tyki soigneusement silencieux derrière elle. Les Noahs pouvaient compter sur les doigts d'une main le nombre de fois que la Marquise Tricia Kamelott avait haussé la voix de colère et cela n'avait jamais été à l'encontre de son mari.

"Mais… Tricia Chérie, c'est toujours toi la première qui argumente pour donner des congés aux employés, d'autant plus à Noël." Répondit faiblement Sheryl complètement décontenancé par cette situation peu commune. Il semblait comme tassé, debout devant son bureau, étonnement petit face à sa femme qui elle paraissait si grande en cet instant. Les jeunes Noahs regardaient ce changement avec une curiosité morbide, impressionnés par la présence de la maîtresse de maison habituellement si frêle.

"Bien sûr mais pas pour Eve !" Répondit-elle en reprenant légèrement contenance, s'empêchant à peine de crier à nouveau.

"Mais mère, ne pouvez-vous pas vous passer d'Eve deux semaines ? N'a-t-elle pas, elle aussi, droit à des vacances ?" Demanda confusément Road et sa mère se tourna vers elle avec un regard incrédule.

Mais lorsqu'elle vit le même regard perdu étalé sur le visage du reste de sa famille, elle dû bien se rendre à l'évidence. "Mon dieu, suis-je la seule qui se soit un tant soit peu intéressée à cette fillette en un an ?!" S'exclama-t-elle effarée. "Eve a perdu toute sa famille, sa maison, son village il y a exactement un an. Comment est-ce une bonne idée de la laisser vagabonder par elle-même à un moment si tragique ? Seule, en dehors de tout ce qui a pu lui devenir familier dans cette dernière année lorsque c'est justement à cet instant que nous devrions la soutenir d'autant plus. Nous sommes les seules personnes qu'il lui reste !"

"Mais… elle ne se souvient toujours pas de tout ça, non ?" Marmonna Devit.

"Et qui plus est, ma chérie, c'est peut-être devenue une amie pour toi mais il ne faut pas oublier que c'est une employée avant tout, nous n'avons pas à nous occuper de ses pro-..." Commença Sheryl, un peu plus détendu maintenant qu'il comprenait l'assumption étrange de sa femme. Mais il s'arrêta net dans ses mots lorsqu'il vit sa fille secouer frénétiquement sa tête derrière sa femme. Laissant ses yeux glisser sur ceux de Tricia, il vit le tonnerre gronder dans ses orbes brunes et Sheryl décida sagement de changer de fusil d'épaule. "Je veux dire… Miss Campbell semblait désirer un peu de temps seule justement et il m'a semblé pertinent de lui en offrir l'opportunité. Qu'elle a saisie. Volontairement. Toute seule."

"Vous n'êtes pas croyable !" Souffla Tricia avant de se retourner et de repartir d'un pas bien trop en forme en dehors du bureau. Les cinq Noahs la regardèrent partir les bras ballants, avant que Tyki ne se tourne vers son frère avec une nonchalance bien trop forcée pour être vraie.

"Que dis-tu toujours mon frère ? Que la clef du bonheur est un travail avec un sens, une belle maison et… une femme docile ?"

"Oui ça doit être ça, parce qu'il n'a pas l'air très heureux maintenant." Répondit sagement Jasdero amenant tous les regards sur lui. Dans un élan de bravoure qu'on lui connaissait rarement, il soutient leur regard avec défiance et même son jumeau paraissait impressionné.

"Que… je… oui, non, si bien sûr, c'est cela mais vous savez comme les humains sont toujours si difficiles. Mais je suis sûr que Tricia est déjà revenue à la normale c'était juste… un excès déraisonnable." Se rassura Sheryl mais les enfants lui sourirent avec pitié, même Road !

Il n'empêche, pensa Sheryl, il dormirait dans la seconde chambre ce soir.

Juste pour être sûr.


Lundi 4 janvier 1886

Dear Violet Lady,

Bonne année ! Je suis désolée de ma réponse tardive mais il s'est passé tant de choses ces deux derniers mois, je ne suis pas sûr d'avoir assez de papier pour tout te raconter !

Un grand merci pour vos souhaits. Vous avez très bien calculé le temps de transport, ta lettre est arrivée le lendemain de mon anniversaire, juste avant qu'on reparte ! Je ne me souvenais pas vous en avoir parlé, d'autant plus que je ne le fête généralement pas. Ce n'est pas une occasion très joyeuse pour moi mais vos lettres et vœux m'ont réconforté. Quand sont vos anniversaires ? Je suis impatient de pouvoir rendre la pareille !

Malgré vos inquiétudes, les gants sont à la bonne taille. Peut être un peu grand mais c'est tout aussi bien, ils me dureront plus longtemps. Tu avais raison, ils sont vraiment très solides, je les ai déjà utilisés hier pour travailler au Zoo et ils étaient impeccables !

Nous sommes arrivés en Inde l'avant-veille. Nous restons chez, tu l'auras deviné, une riche compagne de mon Maître. Je travaille principalement avec ses animaux pour l'instant, j'ai l'habitude avec le cirque même s'il y a des animaux très exotiques. As-tu déjà vu un éléphant ? Je t'ai joint un dessin à la lettre. Pas un des miens, évidemment, je pratique mais tu sais que je suis loin d'être à ce niveau. C'est un garçon qui l'a dessiné pour moi, c'est le frère d'une des courtisane ici et il ve-...


Et pendant ce temps… Chapitre 29 : La lettre de la décision

Mardi 26 janvier 1886

"Ça me parait toujours si étrange de pouvoir mettre du vernis." Marmonna Eve avec de grands yeux, regardant fixement Road appliquer soigneusement le pinceau sur ses ongles. Il n'y avait que Tricia, Eve et Road dans le petit salon ce soir-là. Les jumeaux étaient au collège, Tyki en vadrouille et Sheryl avait bien trop de travail pour les gracier de sa présence. Qu'importe, Road n'avait pas besoin de lui pour s'amuser et avait sorti sa franchement impressionnante collection de vernis pour en orner les doigts d'Eve. Pas qu'elle lui avait demandé la permission, bien sûr, mais Eve ne se défendait pas si le point ne lui importait pas vraiment et c'était de toute façon une solution plus optimale niveau survie d'aller avec ce que voulait Road.

"Pourquoi ça ? C'est si joli pourtant, ce serait dommage de s'en passer." Demanda Road sans regarder la jeune adulte, entièrement consacrée à sa tâche. Derrière elles sur le fauteuil le plus à côté de la cheminée, Tricia arrêta son aiguille et regarda sa fille, mal à l'aise. Si Tricia avait été un peu moins à cheval sur le decorum, elle aurait grimacé à ce manque de tact flagrant. Heureusement qu'Eve en faisait peu cas alors elle prit simplement sa douce voix et essaya d'expliquer la raison à sa fille.

"Road chérie, peut-être était-ce un peu cher pour elle auparavant ?" Road leva son pinceau en clignant des yeux mais avant qu'elle puisse répondre à sa mère, Eve secoua la tête.

"Non, non, c'est juste que j'ai toujours eu l'habitude de me ronger les ongles. Et comme en plus j'ai des petites mains, ils étaient toujours trop courts pour en mettre."Expliqua la jeune fille et Road acquiesça avant de se remettre à l'ouvrage.

"Ho, comment as-tu arrêté cette mauvaise habitude ?" Demanda Tricia et, encore une fois, elle était trop polie pour montrer son air dégoûté. Ronger ses ongles… quel horreur.

"Heu…" Marmonna Eve, ses yeux s'ouvrant grand et ses pupilles sautant d'objet en objet. Elle avait toujours cette réaction lorsqu'elle réalisait qu'elle avait parlé d'un souvenir d'avant le manoir Kamelott. Tricia plissa les lèvres, se préparant à une nouvelle histoire étrange mais Eve la surprit. Au lieu de déblatérer une justification sans queue ni tête, elle leva la main non tenue par Road devant son visage et se mordit la lèvre avec l'air le plus perdu que Tricia lui connaissait. "Je n'en ai aucune idée. Je n'ai jamais réussi à arrêter avant."

"C'est vrai ?" Demanda Road surprise. "Pourtant je ne t'ai jamais vu te ronger les ongles. Par contre, ça, oui !" S'exclama-t-elle en enfonçant son doigt dans la joue d'Eve. La jeune fille eut un mouvement de recul avec un bruit guttural avant de se frotter la joue malmenée.

"Road" Gémit-elle. "Qu'est-ce que tu fais ?"

"Tu te mordais la lèvre." Expliqua Road et Eve se toucha la bouche, surprise. "Tu fais tout le temps ça."

"Quoi ? Mais non." Répondit Eve en roulant des yeux et Tricia se dû d'intervenir.

"Si chérie, beaucoup trop souvent d'ailleurs. Regarde, tu saignes encore, tu devrais arrêter."

Eve regarda ses doigts et frotta le mince filet de sang qui s'y était collé avec un regard surpris. "Zut… c'est incroyable, je ne l'ai jamais remarqué. Je me demande bien d'où est-ce que j'ai pu attraper ce tic. Et quand."

Road haussa les épaules et Tricia soupira. Une autre mauvaise habitude à briser. "Je ne sais pas mais je peux t'aider à t'en défaire si tu veux." Répondit la plus jeune avec un sourire sournois avant de planter une nouvelle fois un de ses petits doigts osseux dans la joue de la plus grande.

"...Tu ne vas pas arrêter, hein ?" Dit-elle d'un air désespéré en se frottant le visage et Road ne lui fit qu'un nouveau sourire en réponse.


Vendredi 12 février 1886

Dear Gray Boy,

Merci pour tes vœux ! Tyki n'osait pas l'écrire dans sa lettre mais il est né le même jour que toi, le vingt-cinq décembre. Quant à moi je suis du 1er Avril et ce n'est pas une blague.

Avant que j'oublie, j'ai passé une semaine chez Madame Carley fin décembre. Je ne sais pas si tu te souviens, c'est la gérante du Bar et la sœur de Miss Taringan. J'ai eu l'occasion de voir cette dernière et elle m'a dit de te dire que tu manquais à Iris (une amie à toi ?) Et m'a chargée de te transmettre le pli ci-joint pour ton maître mais a dit que ce n'était pas urgent. Toute cette histoire avait l'air un peu louche alors j'ai préféré ne pas regarder et ne pas en parler à Tyki non plus. J'irais même poster les lettres moi-même pour une fois alors s'il te plaît, n'en parles pas dans ta réponse, je ne sais pas qui pourrait la lire.

Concernant des choses moins mystérieuses, j'ai moi-aussi rencontré un garçon pendant cette semaine de vacance. Il était cheminot et pas en très bonne santée. Tyki a pu lui dégoter un apprentissage dans une boulangerie à mon grand soulagement. J'essaierais d'aller le voir de temps en temps mais je ne suis pas sûr que je puisse dire qu'on est ami. En tout cas pas pour l'instant. Toi par contre, je crois bien que tu t'en ai fait un ! N'est-ce pas le premier adolescent de ton âge dont tu me parles ? Je sais que tu t'entends généralement bien avec les dames chez qui vous restez mais je suis heureuse que tu t'intéresses enfin à quelqu'un de ton âge. J'aimerais te donner des conseils que j'aurais aimé connaître plus tôt mais libre à toi d'en tenir compte ou non. Tout d'abord, il est bi-...


Et pendant ce temps… Chapitre 30 : Le chat du Duc

Mardi 9 Mars 1886

Il y avait des bruits dans le petit salon.

Même du bout du couloir, Adam pouvait entendre le souffle doux d'une respiration profonde. Un peu inquiet si Tricia avait été trop fatiguée pour remonter dans sa chambre, le patriarche vaqua jusqu'à la porte avant de l'ouvrir curieusement.

Là, allongée sur le canapé dos à la porte, près d'un feu chaleureux, la jeune compagne de Tricia était à moitié roulée en boule, semblant profiter d'une sieste bien nécessaire. Ce qui était particulièrement surprenant, c'est qu'un chat bien connu du Comte était lové lâchement entre ses bras.

L'entendant entrer, la chatte leva la tête curieusement vers lui. Le voyant, elle se leva pour le saluer, le bras d'Eve glissant sur son dos.

"Non, non, ne te déranges pas !" L'arrêta le Duc en agitant la main mais le chat ne se remit pas en place, restant assis et le suivant du regard alors qu'il faisait le tour du canapé pour les regarder en face.

"Bonjour Lulubell." Sourit le Comte. "Que fais-tu donc là ?" La chatte leva la truffe, un air de dédain étonnement reconnaissable pour un chat.

"Encore une dispute avec Sheryl ?" Devina Adam avant de soupirer. Si seulement ces deux là pouvaient s'entendre ! Ils seraient une force redoutable. Malheureusement, ils étaient… hé bien, comme chien et chat s'il pouvait se permettre de le dire. Il n'était pas rare que Lulubelle en prenne la forme après coup et refuse de parler dans l'avenir prévisible. Bien trop habitué malgré lui, Adam secoua la tête et alla dans l'armoire récupérer la couverture qu'il savait s'y cacher. Sheryl en avait fait mettre une dans pratiquement chaque pièce, prêt à se jeter dessus si Tricia frissonnait ne serait-ce qu'un peu. Elle était bien là et il la déplia sans sommation avant de couvrir la jeune Miss Campbell. On était toujours en Mars après tout et la glace s'accrochait aux murs rendant le temps bien désagréable pour un humain, ou tout du moins il le supposait. La jeune fille ne réagit pas outre mesure autrement qu'en se serrant davantage sous la couverture et le Duc ne savait pas s'il était inquiet ou impressionné qu'elle ne se réveille même pas.

Gentlemanie accomplie, Adam se demanda une seconde ce qu'il allait faire maintenant que sa curiosité était assouvie avant de décider de s'asseoir dans le fauteuil en face. Il était venu parler à Sheryl mais s'il venait juste de se disputer avec Lulubell, le Noah du Désir ne serait pas de très bonne compagnie pour l'instant. Heureusement, le Duc avait toujours de quoi s'occuper avec lui et sortit une pelote de laine piquée d'aiguilles d'une de ses grandes poches d'imper. Continuant son précédent ouvrage sans trop y faire attention, ses aiguilles filant l'une autour de l'autre avec la facilité de l'expérience, Adam leva le regard lorsqu'un miaulement l'interrompit.

Lulubell essayait vainement de se frotter l'oreille avec sa patte. Semblant frustrée, elle se pencha à nouveau sur ses pattes avant et frotta sa tête contre la main de Miss Campbell jusqu'à ce que la jeune fille marmonne dans son sommeille et la caresse sans même se réveiller. Amusé, il vit la Noah de la luxure s'étendre à nouveau, choyé, alors qu'un ronronnement guttural commença à s'élever dans la pièce.

Secouant la tête avec un sourire, Adam baissa à nouveau les yeux sur ses aiguilles, heureux de simplement profiter de l'ambiance paisible.


Jeudi 11 Mars 1886,

Dear Violet Lady,

Merci de m'avoir dit vos anniversaire, je me sens bête de n'avoir jamais demandé ! Et dire que ma première lettre datait de la veille du tiens. Cela fait presque un an que nous nous écrivons, te rends-tu compte ? Je suis heureux que cette correspondance ait tenu. J'ai joint à ma lettre un petit paquet, à l'interieur, celui emballé de jaune est pour Tyki, le violet est pour toi. Malheureusement, je crois bien qu'ils arriveront après ton anniversaire et quatre mois après celui de Tyki mais l'intention y est ! Et je le saurais pour l'année prochaine. Le tiens est une boite que j'ai achetée en chine. C'est un casse-tête, il faut deviner ou connaître des étapes précises pour l'ouvrir. Libre à toi d'essayer de l'ouvrir seule mais autrement je t'ai écrit les instructions dans le paquet. A l'intérieur, il y a des épices que j'ai acheté en Inde dont du curry comme tu disais la dernière fois que tu voulais essayer. Avant que tu me dises que c'est trop, dis-toi que c'est pour tes deux anniversaires. Et de toute façon, je préfère largement dépenser l'argent que j'ai gagné pour toi et Tyki plutôt que mon Maître le prenne.

C'était peut-être un peu tôt de l'appeler un ami lorsque je t'ai envoyé la lettre, mais je pense que s'en est un maintenant ! Et merci pour les conseils, je les prends en considération. C'est étonnant, notre relation est si différente qu'avec Tyki ou toi. Passer du temps avec lui n'a rien à voir avec ce que nous faisions à Londres mais j'aime beaucoup aussi. Malheureusement, nous allons à nouveau partir bientôt. Nous serons restés trois mois ici, ce qui est beaucoup par rapport à d'autres endroits mais je ne peux m'empêcher d'être déçu… Mais mon Maître a dit que nous reviendrons régulièrement ici ! Il semblerait que, dorénavant, nous allons parcourir les pays adjacents et y refaire escale entre chaque trajet. Tu pourras donc m'envoyer les lettres à la même adresse si nous perdons contact.

Alors tu as enfin rencontré cette mystérieuse Lady Belle ? Depuis le temps que tu l'évoques, j'étais aussi impatient que toi d'en apprendre plus ! Est-ce que Lady Kamelott a continué à vous comparer comme tu le redoutais ? Mais je suppose, ce n'est pas étonnant co-...


Et pendant ce temps… Chapitre 31 : Joyeux Portugal

Dimanche 25 Avril 1886

"Tiens toi droite, chérie." Murmura Tricia en ajustant le ruban de sa fille. Road ne répondit pas mais c'est seulement parce qu'elle se retenait de dire quelque chose de méchant. Ce n'était pas la faute de sa mère, vraiment, mais il était difficile de se rappeler ce fait lorsqu'elle suffoquait à moitié dans une robe bien trop étouffante pour le Portugal. Ce n'était même pas l'été pourtant mais tout le monde disait que ce mois d'Avril était particulièrement chaud pour la saison. Ayant fini d'arranger sa fille, Tricia s'écarta pour se remettre devant elle, regardant Sheryl organiser les derniers détails de son discours non loin d'eux. Satisfaite que tout semblait en route, elle laissa à nouveau vaquer son regard vers sa fille et son beau-frère. Voyant ce dernier déboutonner le premier bouton de sa chemise, Tricia leva un sourcil et il le remit en place sagement. "C'est bientôt fini." Les rassura-t-elle. "C'est le dernier et nous pouvons rentrer à la villa."

Tyki grogna et sa fille ne semblaient pas très convaincus non plus. Il faut dire que c'était loin d'être leur premier discours ou galas. Ils les avaient enchaînés ces derniers jours et leur retour à la villa demain ne serait qu'un brève repos avant de continuer. Mais Tricia ne pouvait que compatir avec eux, elle ne pouvait pas se plaindre. C'était son rôle d'épouse d'accompagner son Mari dans ses réussites comme dans ses échecs. Et il y avait peu de ces derniers, mais même ses succès n'étaient parfois pas des plus agréables. Elle avait mal à la mâchoire, tant elle avait souri ces derniers jours. Ce devait être bien pire pour Sheryl, lui qui n'aimait pas tellement interagir en dehors de sa famille. Ironique, pour un politicien mais il avait tant d'ambition qu'elle l'aurait difficilement vu faire autre chose. Dans tous les cas, elle était très heureuse pour lui, vraiment, qu'il ait réussi à devenir ministre. Il avait tant travaillé pour et elle était sûre qu'il ferait des merveilles à ce poste. Mais cela n'empêchait pas qu'elle aimerait beaucoup retourner à la villa également.

"Je veux rentrer à la maison, j'en ai marre !" Commença à se plaindre Road et Tricia posa ses mains sur les épaules de sa fille, essayant de la calmer. C'était rare que la fillette fasse un caprice devant eux, elle était d'ordinaire si à l'écoute… Elle était si peu habituée qu'elle ne savait pas comment la rassurer. Elle fit déjà de son mieux pour l'empêcher de crier, inquiète d'attirer l'attention des collègues de son mari sur eux. Ils ne pouvaient pas leur faire honte, ce n'était pas le moment. Comment faire, comment faire…

"On ne peut pas rentrer tout de suite ma chérie, juste quelques heures de plus." Supplia-t-elle mais Road secoua la tête, clairement énervée. Peut-être un cadeau…? Cela marchait toujours lorsqu'elle ne voulait pas aller à l'école. "Et puis demain, lorsque nous serons au manoir, que dirais-tu d'aller aux bains de mer ? Tu as aimé te baigner au lac cet été, n'est-ce pas ?" Cela sembla attirer son attention et Road hocha la tête précautionneusement. Encouragée, Tricia lui sourit. "C'est encore mieux la mer. Et nous pourrions y aller avec Eve, qu'en penses-tu ?"

"Ce n'est pas une mauvaise idée, surtout qu'elle doit terriblement s'ennuyer toute seule à la villa." Encouragea Tyki et Road croisa les bras, une moue sur ses lèvres.

"Au moins, elle n'a pas besoin de parader toute la journée." Grommela-t-elle avant que Tricia puisse gentiment lui rappeler ses manières, Sheryl s'approcha d'eux. Se redressant rapidement, Tricia serra l'épaule de sa fille d'une manière rassurante.

"Tout va bien ?" Demanda Sheryl en fronçant les sourcils. Il avait l'air fatigué.

"Juste un peu de mal du pays, rien qui ne doive t'inquiéter, mon amour." Le rassura Tricia, l'illuminant de son plus beau sourire. Son mari lui sourit en retour et elle sentit son coeur se serrer. C'était ce sourire qui l'avait fait tomber amoureuse malgré les réprimandes de sa propre mère. Mais à nouveau quelqu'un l'appela loin d'elle et elle le regarda s'éloigner, son cœur partant avec lui. Mais au moins, lui serait là pour le soutenir.


Jeudi 29 Avril 1886

Dear Gray Boy

Merci pour le cadeau ! J'ai bien essayé d'ouvrir la boîte mais j'admets que j'ai dû m'aider des instructions. Je ne suis pas bonne en casse tête. Par contre, Tyki a réussi plus d'étapes et Road l'a même ouverte ! J'étais un peu jalouse, il faut l'avouer. Je n'ai malheureusement pas encore eu l'occasion d'essayer le curry car sitôt après avoir reçu ta lettre, nous sommes partis au Portugal, c'est donc pour cela que tu reçois une lettre de là-bas et qu'elle a un peu tardé à arriver.

J'étais curieuse d'aller dans un nouveau pays mais malheureusement nous sommes là pour le travail de Lord Kamelott. Ce qui signifie qu'il est souvent parti avec sa famille et ne fait que des escales dans sa résidence de vacances où je suis. Ne me demande pas pourquoi ils ont décidé de m'emmener avec eux au Portugal alors que je reste dans la maison quand ils parcourent le pays, je n'ai toujours pas trouvé la raison.

En tout cas, visiter un autre pays n'est pas très excitant lorsque, hé bien, on ne visite pas. Personne ne parle anglais ici et pas vraiment français non plus. Avec mes notions d'espagnol j'arrive quelque peu à comprendre les sujets de conversation s'ils ne vont pas trop vite mais je ne peux pas parler en retour. Et comme en plus Tyki n'est pas là, j'hésites à aller explorer toute seule. Je suis un peu peureuse, c'est vrai. Mais nous sommes allés à la mer il y a quelques jours ! Road était adorable dans sa robe de plage mais tu aurais dû voir Tyki dans son maillot, c'était hilarant ! J'ai fais de mon mieux pour te dessiner la scène mais rien ne remplace de le voir de ses propres yeux. J'espère qu'on pourra aller se baigner tous les trois la prochaine fois, comme ça tu pou-...


Et pendant ce temps… Chapitre 32 : Portugal, plage et université

Lundi 3 Mai 1886

Tyki s'agitait sur le banc de bois. Il y avait bien un maigre coussin mais c'était loin d'être suffisant pour amortir les tremblements violents du train. Il s'était, semblerait-il, un peu trop habitué aux trains d'Angleterre. Même ceux partant vers les mines semblaient moins chaotique que celui-ci. Tyki n'avait pas envie de faire son Sheryl mais il aurait tout de même bien voulu être en première classe à cet instant. Quoi qu'il aurait pu, ce n'était pas l'argent qui manquait et avec son frère dorénavant Ministre du Portugal ça aurait même été encore plus simple. Mais il s'était dit qu'avec leurs vêtements d'étudiants, ils se feraient ennuyer plus qu'autre chose s'il réservait un compartiment. D'autant plus qu'Eve n'était pas la plus impliquée avec ses manières de Noble lorsque Tricia n'était pas la. Comme à cet instant où elle reposait, avachis sur la banquette, tête contre la vitre. Elle paraissait totalement plongée dans ses pensées, voilà pourquoi Tyki sursauta lorsqu'elle lui parla tout a coup.

"Je suis heureuse de t'avoir rencontré Tyki."

"Ivy… tu...hum…?" Balbutia-t-il terriblement confus, se demandant bien ce qu'il lui prenait encore. Il n'arrivait jamais à suivre son fil de pensées lorsqu'elle partait dans ses tangentes émotives.

Eve lui jeta un coup d'œil perplexe à son manque d'éloquence comme si c'était elle qui ne comprenait pas Tyki avant de rouler les yeux "Mais non, crétin." Elle lui donna un coup de coude et Tyki se souvient à peine de réagir à temps. Il en fit peut-être un peu trop, d'ailleurs, mais ça faisait toujours sourire Eve alors ce n'était pas trop grave. "Mais je suis réellement contente de t'avoir rencontré. J'adore Tricia et Road et les jumeaux mais… La vie au manoir aurait quand même été beaucoup moins drôle sans toi." Continua-t-elle et Tyki se figea. Son sourire était timide mais sincère et elle le fixait du regard.

Elle n'avait aucune idée de ce qu'il avait fait.

Avec une sorte de curiosité morbide, il se demanda comment elle réagirait si elle se souvenait un jour qu'il avait tué sa sœur. Qu'il avait arraché son enfant à naître de son ventre. Et qu'il avait été à deux doigts de prendre le propre cœur d'Eve à pleine main et de l'éventrer avec ses ongles.

Tyki lui sourit doucement. "Je suis content de t'avoir rencontré également." Dit-il calmement. Et d'une manière ou d'une autre, avec tout ce qui s'était passé cette dernière année, il le pensait réellement.


Euh… salut ? Je sais pas trop si y'en a qui liront ce chapitre (donc qui verront ce mot maintenant que j'y penses) mais je l'avais promis donc le voilà ! Donc ouiiii, ça fait deux ans que l'histoire est finie mais ça me faisait plaisir de les retrouver un peu. Et j'ai planifié le troisième et dernier chapitre (oui non parce que clairement on arrivera pas aux 400 review et même pas sur aux 300 mais j'ai des choses à dire donc nik) donc si vous avez envie de savoir ce qu'il s'est passé pendant la maladie d'Eve, pourquoi elle s'est vraiment fait adopté ou juste voir du fluff (et du drama psycho, parce que bon, vous me connaissez maintenant) à bientôt pour la suite !

Pour être honnête, écrire deux histoires par mois à date fixe qu'il vente, qu'il pleuve ou qu'il neige, ça m'a épuisé mentalement. J'ai pratiquement rien écrit pendant un an et demi (par contre qu'est-ce que j'ai dessiné et lu de manwha pourri. J'ai rattrapé tous les isekai que j'avais jamais lus avant cette fic et damn, y'en a que genre 6/200 que j'ai objectivement trouvé bien. Franchement, pour la plupart je préfère NlN, c'est triste :') ) mais ça fait quelque mois que je m'y remet et j'ai sortit 30,000 mots ces deux derniers mois (ce qui était globalement mon rythme avant) donc, je me sens d'attaque à reprendre une nouvelle histoire longue :)

Donc ce chapitre c'est surtout aussi pour voir si y'a des gens qui seraient toujours intéressé par NlB, la suite du côté des exorcistes ? Parce que, j'ai un peu envie de l'écrire mais comme je ne trouves pas de bonne fin et que je déteste laisser un projet inachevée, j'ai du mal à me lancer (et aussi, je voulais pas repartir pour 4 ans mais n'empêche que si j'avais commencé à la fin de NlN, il m'en resterait que 2 à tirer donc bon…) mais si ya des gens qui l'attende, ça me ferait me bouger j'en suis sûr.

Bref. Voilà. Pensez au reviews et… à l'année prochaine ?