Hello folks
Des mois que je n'arrivais plus à avancer et là en 15 jours voilà que je boucle ce nouveau chapitre... C'est d'autant plus frustrant que j'ai l'histoire complète dans la tête et que j'ai tellement envie de vous la partager parce qu'il y a des trucs vraiment cools qui arrivent mais le manque de temps est quelque chose e cruel !
Bref, voici la 14ème chapitre de cette histoire... je n'en dit pas plus, enjoy !
PS : une petite review à me ferait drolement plaisir si le coeur vous en dit :)
* Petit-déjeuner salé *
Kat commençait à prendre ses marques dans Tokyo et s'adaptait plutôt bien à son nouveau quotidien. La ville lui plaisait, la vie y était agréable, les rues étaient propres et les services publics bien huilés. Cependant, même si le métro était plus agréable que celui de New York, les trajets entre l'appartement de son frère et le gymnase restaient une épreuve. Aux heures de pointe, l'air devenait irrespirable dans les wagons bondés et la chaleur écrasante. Aussi, elle se débattait régulièrement contre les mains baladeuses, et avait déjà été contrainte de tordre quelques doigts pour repousser les agresseurs. Malheureusement, il y avait toujours un ou deux dérangés par trajet, prêts à tenter leur chance.
Et comme si cela ne suffisait pas, ses nuits étaient devenues un enfer. Kagami étant désormais de garde le jour, les soirées étaient tranquilles et agréables. Les jumeaux et Satsuki profitaient de moments de détente en famille, pour le plus grand plaisir de l'Américaine. Mais quand venait l'heure de se coucher, c'était une toute autre histoire… Jeunes et follement amoureux, Kagami et Satsuki s'en donnaient à cœur joie chaque nuit. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils ne connaissaient pas la discrétion. Kat avait d'abord tenté les bouchons d'oreilles, puis la musique pour étouffer les sons, mais rien n'y faisait. Elle avait fini par se résigner, comptant les rares moments de répit pour essayer de grappiller quelques minutes de sommeil.
Parfois, elle se demandait même si c'était humainement possible d'enchaîner jusqu'à quatre fois par nuit… et ce, toutes les nuits depuis une semaine. Satsuki semblait inexplicablement rayonnante et pleine d'énergie le jour, comme si tout cela n'avait aucun impact sur elle. Mais Kat, elle, accusait le coup. Chaque nouvelle nuit sans sommeil creusait un peu plus ses cernes, et elle supportait de moins en moins les ébats bruyants des jeunes mariés.
Ce n'était pas seulement le bruit ou leur énergie inépuisable qui la dérangeaient. Ce qui la rendait vraiment folle, c'était le fait que c'était son frère. L'idée seule de l'entendre dans ces moments intimes la mettait mal à l'aise. Chaque gémissement à travers les murs devenait insupportable.
Elle savait, bien sûr, que ce n'était pas intentionnel de leur part. Elle était même heureuse de voir son frère et Satsuki si amoureux, mais… le savoir lui aurait suffi. Elle n'avait jamais, ô grand jamais, ressenti le besoin d'être témoin – même auditif – de leur bonheur conjugal. Peu importe combien elle leur était reconnaissante de l'accueillir chez eux, cette gratitude ne suffisait plus à compenser les nuits sans sommeil qui pesaient de plus en plus sur son moral et sur son corps. Ses yeux rougis et ses cernes profondes trahissaient une irritation qu'elle avait de plus en plus de mal à dissimuler.
À l'entraînement, elle tentait de se concentrer. Il le fallait bien, car les joueurs comptaient sur elle. Cependant, sa patience s'érodait.
Aomine, fidèle à lui-même, restait revêche 90% du temps et grognait à chaque exercice. Sa ponctualité était loin d'être parfaite, mais Kat devait reconnaître ses efforts. Il se présentait tous les jours et suivait plutôt bien les exercices qu'elle lui donnait. L'un des avantages de ces plâtres modernes était qu'ils permettaient de voir le membre immobilisé. Elle était contente de constater que la cheville avait déjà bien désenflé. Pourtant, quand elle lui demandait si la douleur s'était atténuée, il ne donnait que des réponses évasives, évitant tout dialogue qu'il jugeait inutile.
Kat sentait que sa patience était sur le point de céder. Entre le manque de sommeil et les trajets en métro qui l'éprouvaient, elle savait ne pas pouvoir continuer ainsi indéfiniment. Il fallait qu'elle en parle à Kagami ou à Satsuki. Mais comment aborder un sujet aussi délicat ? En parler avec Satsuki lui paraissait compliqué. Elle ne voulait pas paraître ingrate, surtout après tout ce qu'ils faisaient pour elle. Parfois, elle se disait qu'il serait plus facile de se confier à son frère. Kagami comprendrait sans doute...
Ce matin-là, après une énième nuit mouvementée et un trajet de métro particulièrement désagréable, Kat se sentait à bout de forces. Elle était frustrée, inquiète de se voir déjà vaciller alors qu'elle n'avait commencé que depuis dix jours. Déterminée à faire du bon boulot, la fatigue commençait insidieusement à miner cette résolution. Pire encore, elle ressentait de la colère contre elle-même, incapable de trouver les mots pour en parler à son frère. Pourquoi est-ce que c'était si difficile ? Pourquoi n'arrivait-elle pas à simplement aborder le sujet ?
Soudain, une idée simple, mais salvatrice, lui traversa l'esprit : et si elle allait au travail en courant ? Le sport lui manquait, et elle savait que se défouler un peu ferait des merveilles. L'air frais du matin, la sensation de liberté, de contrôle... C'était peut-être exactement ce dont elle avait besoin pour retrouver un peu de sérénité.
Lorsqu'elle annonça à Satsuki que dorénavant, elle irait au travail à pied, celle-ci ne posa aucune question. Elle se contenta de sourire et d'approuver. Kagami, fidèle à lui-même, trouva l'idée géniale et envisagea de faire de même pour ses trajets jusqu'à la caserne. Cette légèreté familiale tranchait avec l'épuisement intérieur de Kat, mais elle n'avait pas envie de se plaindre davantage.
Le lendemain matin, elle enfila ses baskets, une tenue de rechange dans son sac à dos et se lança dans son footing. Dès les premiers pas, l'air froid de l'aube la saisit, mais la sensation revigorante de chaque respiration et chaque foulée la réconforta immédiatement. Les rues de Tokyo, encore endormies, baignaient dans une lumière douce et dorée.
Elle traversa des quartiers tranquilles où les commerçants commençaient à ouvrir leurs échoppes, balayant devant leurs portes ou installant leurs étals de fruits et légumes. Quelques voitures passaient déjà dans les rues, tandis que des travailleurs pressés ou des lycéens en uniforme ajoutaient un peu de vie à ce paysage matinal.
Chaque coin de rue offrait un nouveau tableau paisible, loin du chaos du métro et des murs de l'appartement du couple. Kat se sentait légère, presque libérée de ses tracas. Son esprit s'apaisa, et elle savoura pleinement ce moment de tranquillité. Le froid piquait encore ses joues, mais cette sensation, mêlée à l'effort physique, lui faisait un bien fou. Pourquoi n'avait-elle pas commencé plus tôt ?
Les jours suivants s'étaient écoulés rapidement, et mi-janvier pointait déjà le bout de son nez. Le bruit n'avait pas cessé la nuit mais courir fournissait à Kat le défouloir dont elle avait besoin pour passer de bonnes journées malgré la fatigue. Elle était de plus en plus à l'aise au travail, apprenant à mieux connaître l'équipe et ses dynamiques. Elle s'occupait des petits bobos, veillant à ce que rien ne se transforme en blessure sérieuse. Peu à peu, elle s'ancrait dans son rôle. Elle avait même déjà assisté à deux matchs, tous deux à Tokyo ou dans sa banlieue. Rien de dépaysant, mais elle avait apprécié observer l'équipe en action sur le terrain.
Elle était d'autant plus excitée à l'approche du prochain match : cette fois, direction le nord de l'archipel pour affronter les Lavenga Sapporo. La perspective de découvrir une nouvelle ville l'enthousiasmait beaucoup.
Le matin du match, toute l'équipe avait rendez-vous à l'aéroport Narita. Kat et Satsuki s'y rendirent ensemble, un peu avant tout le monde, pour effectuer les formalités d'usage et accueillir les joueurs. Riko et les membres de l'équipe arrivèrent au compte-gouttes. C'est Aomine qui arriva le dernier alors que l'équipe se dirigait tranquilement vers les bornes d'enregistrement. Sa présence surprit plusieurs joueurs, étant donné qu'il avait déserté les rencontres depuis des mois – et a fortiori lorsqu'il s'agissait de matchs à l'extérieur. Cependant, tout le monde semblait heureux de le retrouver parmi eux.
Le vol se déroula sans encombre et à leur arrivée, un bus les attendait pour les conduire au gymnase, situé à environ 45 minutes de route. Kat, qui s'était imaginée traverser des paysages pittoresques recouverts de neige, fut légèrement déçue. Pendant tout le trajet, elle n'aperçut que des autoroutes et des zones urbaines sans charme. Elle confia sa déception à Satsuki.
"T'inquiètes, la rassura Satsuki. J'ai réservé une petite surprise pour ce soir. Bon, il fera nuit donc tu ne verras rien, mais demain matin, je suis sûre que tu seras ravie !"
Ils arrivèrent au complexe sportif en début d'après-midi. Les joueurs eurent accès à une salle d'échauffement vide, en plus des vestiaires. Certains décidèrent de faire quelques paniers pour se dégourdir les jambes après le voyage tandis que d'autres préférèrent se poser tranquillement en écoutant de la musique.
Quatre heures avant le match, Riko leur annonça qu'il était temps de manger. Ils quittèrent donc le gymnase pour se rendre dans un restaurant à proximité, où Satsuki avait réservé une table ainsi qu'un menu spécialement conçu pour les matchs : pâtes complètes, légumes vapeur, poulet grillé et des fruits frais pour le dessert. Ce type de menu, riche en glucides et protéines, était idéal pour maintenir leur énergie pendant la rencontre, tout en restant léger pour la digestion.
Aomine, fidèle à lui-même, ne suivit absolument pas les recommandations et s'empiffra allègrement de tout ce qui lui passait sous la main, ignorant bon sens diététiques. Après tout, il ne jouait pas, alors pourquoi se priver ? Kat, qui n'avait pas de contraintes non plus, fit de même et profita pleinement de son repas. Riko et Satsuki lui avaient donné carte blanche, et elle ne se priva pas.
Les joueurs avaient déjà partagé plusieurs repas avec l'Américaine, et même s'ils étaient habitués à son appétit, Aomine, lui, ne s'y faisait toujours pas. Il fixait Kat, consterné. Malgré sa familiarité avec l'énorme appétit de Kagami, qu'il trouvait presque admirable, voir Kat engloutir la même quantité le perturbait. Il n'aurait pas su dire pourquoi, mais il trouvait ça dérangeant, incompatible avec l'image qu'il se faisait d'une femme. Ce contraste l'agaçait légèrement, même s'il se retenait de faire un commentaire à chaque repas.
Le reste de l'équipe, en revanche, s'amusait de la situation. Un des joueurs, rieur, lança en plaisantant :
"Un jour, on devrait organiser un vrai concours de bouffe avec Kat… quand on n'aura pas de match juste après." se précipita-t-il d'ajouter face à l'expression sévère que venaient de lui lancer simultanément Riko et Satsuki.
Les autres acquiescèrent, se lançant des regards complices, tandis que Kat, imperturbable, continua son repas avec un sourire en coin.
De retour au gymnase, Kat s'occupa de masser et de strapper les joueurs qui en avaient besoin, se concentrant sur les petites tensions ou douleurs qui pouvaient survenir. Une heure avant le match, l'échauffement commença sérieusement. Les joueurs suivirent des exercices d'ajustement et les consignes de Riko. Le stress monta progressivement, bien que l'équipe n'ait pas de pression particulière. Lavenga Sapporo était dans le ventre mou du classement et l'issue du match était normalement courue d'avance. Malgré tout, on avait déjà vu des pronostics déjoués par manque de concentration et d'implication des joueurs alors, chacun se concentra pour donner le meilleur de lui-même, dans une ambiance studieuse.
Sans surprise, l'équipe des Alvark Tokyo ll'emporta, consolidant ainsi leur position et ravissant les quelques supporters tokyoïtes ayant fait le déplacement.
Après avoir félicité ses joueurs, Riko annonça la surprise réservée par la manager : ils allaient passer la nuit dans un ryokan avec onsen pour permettre à tout le monde de se détendre et de récupérer.
À l'annonce de la surprise, l'enthousiasme monta encore d'un cran. Certains, encore en pleine effervescence de leur triomphe, se mirent à applaudir ou à pousser des cris de joie. Même Aomine, qui était resté sur le banc, affichait un sourire satisfait, visiblement ravi de l'idée de se détendre dans un onsen. Quelques joueurs se mirent à plaisanter sur qui tiendrait le plus longtemps dans les bains chauds, tandis que d'autres parlaient déjà avec envie des repas traditionnels qu'ils allaient savourer. L'atmosphère, joyeuse et détendue, marquait un contraste saisissant avec la concentration rigoureuse qui régnait avant le match, et chacun semblait impatient de profiter de cette récompense méritée.
Après environ 45 minutes de route, quittant progressivement l'effervescence de la ville pour s'enfoncer dans les montagnes, ils atteignirent enfin leur destination. L'hôtel, à l'architecture traditionnelle, dégageait un charme à la fois rustique et confortable. Riko leur annonça qu'ils avaient la chance de bénéficier de la privatisation des sources thermales jusqu'au lendemain midi, moment où ils devraient quitter les lieux. Cela laissait à chacun l'opportunité de profiter des bains chauds à son propre rythme.
Certains joueurs, épuisés par le match et la longue journée, préférèrent aller se coucher immédiatement. D'autres, en revanche, décidèrent de profiter des bains sans attendre. Kat, quant à elle, était surtout curieuse. C'était la première fois qu'elle allait dans un onsen, et elle ne voulait pas manquer l'expérience.
Satsuki, fatiguée, déclina l'invitation et alla se coucher. Riko, peu enthousiaste à l'idée de se baigner en pleine nuit, expliqua rapidement à Kat comment s'y rendre et les quelques règles à suivre avant de profiter des sources.
Kat enfila un simple kimono dans sa chambre et pressa le pas pour se rendre aux bains chauds. En arrivant au vestiaire, elle suspendit soigneusement son vêtement, récupéra une serviette, et s'assit sur un petit tabouret en bois pour se laver selon la tradition. Après s'être minutieusement nettoyée, elle se tourna vers la porte en bois qui séparait l'espace douche de l'extérieur. Elle savait que les sources chaudes se trouvaient juste derrière, mais rien ne l'avait préparée à ce qu'elle allait découvrir.
En ouvrant la porte, son souffle fut instantanément coupé. Non seulement par le froid glacial qui l'enveloppa brusquement — il devait bien faire -10C — mais aussi par la beauté époustouflante du lieu. La neige, en épaisse couche immaculée, recouvrait tout ce qui n'était pas touché par l'eau bouillonnante. De petits éclairages, subtilement disséminés autour des bassins, projetaient une douce lueur dorée sur les flocons, créant une atmosphère féerique.
Les résineux aux branches alourdies de neige gardaient toutes leurs aiguilles, ajoutant une touche de verdure naturelle et apaisante. Les feuillus, eux, dénudés par l'hiver, formaient un contraste élégant dans ce tableau hivernal. Le silence de la nuit, ponctué par le léger murmure de l'eau et le crissement feutré de la neige sous ses pieds, rendait l'instant presque irréel. Kat, émerveillée, se laissa glisser dans l'eau chaude, savourant la sensation immédiate de bien-être qui la saisit en dépit du froid ambiant.
Le silence régnait. Pas un souffle de vent, pas un bruit, hormis le doux clapotis de l'eau contre les pierres. L'air était immobile, comme si le temps s'était arrêté. Kat se laissa doucement glisser dans l'eau jusqu'à trouver un siège sous-marin où elle s'installa confortablement, la tête seule dépassant de la surface. Là, dans cet écrin de tranquillité, elle se sentit bien. Non, mieux que ça : elle se sentit parfaitement en harmonie avec son environnement. Le bonheur pur.
Tout autour d'elle, la beauté du lieu se révélait dans chaque détail. La neige immaculée, les éclairages doux et tamisés, la simplicité traditionnelle de l'endroit. Tout était propice à la sérénité. Elle ferma les yeux, inspirant profondément, laissant l'air froid emplir ses poumons. Chaque respiration lui apportait un calme profond, une paix qu'elle n'avait pas connue depuis longtemps. Retarder l'heure du coucher avait été le bon choix, et elle ne regrettait pas une seconde d'avoir privilégié ce moment suspendu.
Elle s'abandonna à la quiétude, consciente de la chance qu'elle avait. S'éloigner de son frère pour cette nuit était, au fond, une bonne chose aussi. Ici, elle allait pouvoir dormir sans crainte d'être réveillée par les bruits gênants de leurs ébats à travers les murs. Mieux encore, avec un départ prévu à midi, elle pourrait s'offrir une petite grasse matinée bien méritée.
La jeune femme sourit à cette pensée, savourant l'instant dans toute sa simplicité, bercée par l'eau chaude et la tranquillité environnante.
Kat était encore perdue dans ses pensées, le corps détendu dans l'eau chaude, quand elle entendit le grincement de la porte en bois qui s'ouvrait. "Riko ou Satsu ont dû changer d'avis", se dit-elle. Comme les bains n'étaient pas mixtes et que l'hôtel était réservé uniquement pour eux, il ne pouvait s'agir que de l'une des deux. Sans ouvrir les yeux, elle continua de rêvasser, ne cherchant même pas à vérifier qui venait la rejoindre.
Mais un son inhabituel capta soudain son attention : un bruit sec de plastique dur tapant contre le sol à intervalles réguliers et se rapprochant progressivement. Intriguée, Kat se tourna vers la porte et fut stupéfaite de voir Aomine, dans son plus simple appareil, marchant nonchalamment vers l'eau. Il avait laissé ses béquilles derrière lui et avançait, presque décontracté, sur son plâtre en résine.
Pendant une fraction de seconde, Kat se demanda si elle ne s'était pas trompée de bassin. Peut-être qu'elle avait mal suivi les indications de Riko et Satsuki ? Mais, elle se rappelait clairement avoir vu l'inscription "Women" en anglais sur la devanture…
"Tu sais que tu es du côté des femmes, là ?"
"Je sais."
"Alors va de ton côté."
"Nope. Pas envie."
Avant que Kat n'interprète cela comme une énième provocation, Aomine ajouta d'un ton posé, comme pour se justifier :
"Je voulais du calme. Les gars vont encore foutre le bordel et faire n'imp', alors je préfère être ici..."
Kat le fixa, partagée entre l'amusement et l'agacement, incapable de décider si elle devait le chasser ou simplement accepter l'étrangeté de la situation.
Finalement, elle décida de laisser couler. Elle n'avait ni l'énergie ni l'envie de gérer une confrontation tardive, surtout dans ce lieu, aussi paisible qu'inhabituel.
Kat n'était pas du genre à être gênée par la nudité, que ce soit la sienne ou celle des autres. Ses années passées dans les coulisses des défilés et des shootings l'avaient désensibilisée, alors ce genre de situation ne la perturbait pas. Aomine, visiblement, partageait son aisance. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois qu'il se présentait nu devant elle. Il était totalement à l'aise avec son corps, et pour être honnête, qui ne le serait pas avec un physique pareil ?
Elle se demanda brièvement si tous les Japonais étaient aussi à l'aise avec la nudité. Le contraste culturel la fascinait. Ici, les bains chauds étaient souvent publics, parfois même mixtes, et la question de porter un maillot semblait presque absurde. Pourtant, malgré cette aisance avec leur corps, les Japonais restaient si discrets et réservés sur d'autres aspects de leur vie, camouflant leurs émotions derrière une façade pudique. Le paradoxe était captivant.
Aomine, lui, n'avait clairement pas ces considérations. Son regard, bien que discret, cherchait manifestement à en voir plus. Mais, entre l'obscurité et l'eau, il ne distinguait pas grand-chose. De toute façon, il n'y avait rien à voir, pensa-t-il. Quoique... Il se demandait depuis un moment si la moquette du rez-de-chaussée était assortie à celle des combles. Il le savait pour Kagami, ayant eu plus d'une occasion de le constater, parfois même de très près. Mais il se demandait si cela s'appliquait aussi à sa sœur… C'était l'occasion de le vérifier.
Ils restèrent ainsi, dans un silence apaisant, profitant de la chaleur enveloppante du onsen. Ce moment de tranquillité n'avait rien de pesant, chacun étant perdu dans ses pensées. Jusqu'à ce que des cris et des éclaboussures rompent la quiétude. Le second bassin, celui pour les hommes, se trouvait de l'autre côté du bâtiment, mais les jeux bruyants des joueurs se faisaient entendre jusqu'ici. Kat compris alors pourquoi Aomine avait préféré ce bassin.
Le silence étant rompu, elle se surprit elle-même en engageant la conversation avec le basketteur. Peut-être, la magie du lieu lui avait fait baisser sa garde.
« Alors, t'as pensé quoi du match ? » demanda-t-elle, en jetant un regard vers Aomine.
Surpris par la question, il ouvrit un œil avant de se redresser légèrement. Après un bref silence, il se lança, partageant son avis sur la performance de ses coéquipiers, analysant leur jeu avec un regard affûté. Il finit par lui avouer que l'impatience le rongeait de plus en plus. Retrouver le terrain lui manquait cruellement.
Kat hocha la tête, compatissante. « Je comprends. Je vais faire tout ce que je peux pour que ça arrive le plus vite possible. »
Il la fixa sans répondre, ses yeux sombres cherchant dans les siens une trace de légèreté. Il n'en trouva aucune : ce n'étaient pas juste des mots lancés en l'air, elle était sincère. Aomine se surprit à envisager l'idée qu'elle pourrait réellement l'aider. Pourtant, son instinct de méfiance continuait de le freiner. Après tout, les promesses, aussi sincères soient-elles, ne guérissent pas les cicatrices laissées par la déception.
Alors que ses doutes prenaient le dessus, il s'enfonça contre la pierre et ferma les yeux, tentant de clarifier ses pensées. Malgré ses incertitudes, une petite partie de lui, à peine perceptible, voulait croire à cette aide qu'il n'avait jamais osé espérer. Cette sensation, fine mais persistante, commençait à s'installer en lui. Il était encore trop tôt pour qu'Aomine verbalise ses émotions, mais il réalisait, malgré lui, qu'en écho à la chaleur du bassin où il se trouvait, une autre chaleur inattendue se répandait en lui. Un mince sourire se dessina presque involontairement sur son visage, tandis que son conflit intérieur s'atténuait.
Kat l'observa un instant, songeuse. Appuyé contre cette roche, les traits détendus, sans son habituel froncement de sourcils, il était étrangement paisible. Son visage, encadré par des mèches sombres, laissait entrevoir une beauté presque déroutante. Il aurait fallu être d'une mauvaise foi totale pour ne pas admettre qu'Aomine Daiki était un homme magnifique. Vraiment magnifique. Dommage qu'il en fusse si conscient. Cette assurance, qui frôlait souvent l'arrogance, gâchait quelque peu son charme.
Elle se surprit à remarquer la douceur apparente de sa peau, sa mâchoire ciselée, et le fait qu'il semblait presque imberbe. Après tout, elle l'avait massé, elle connaissait la texture de son dos, la souplesse de ses muscles. Mais qu'en était-il de son visage ? Sans comprendre pourquoi, l'idée de passer la main sur sa joue effleura son esprit.
Kat secoua mentalement la tête, choquée par ses propres pensées. Mais qu'est-ce qui lui prenait ? Caresser les joues d'Aomine Daiki ? Elle accusa rapidement la chaleur du bain de troubler son esprit. Il était grand temps pour elle d'aller se coucher.
Se levant lentement du bassin, elle se tourna vers lui avant de partir. « J'y vais. Profite bien. Et ne t'endors pas ici, hein. »
Aomine, sans même ouvrir les yeux, répondit d'un ton désinvolte. « C'est un truc de touriste, ça. Pas moi. »
Alors qu'il prononçait nonchalamment ces mots, son cerveau, toujours en éveil pour certaines choses, le rappela à l'ordre instantanément : il avait quelque chose à vérifier et c'était l'occasion parfaite !
Mais, quand il ouvrit les yeux, tout ce qu'il vit, ne furent que les fesses de Kat qui s'éloignaient. Il hésita un moment à l'appeler... elle allait certainement le griller… Oh, et puis merde, depuis quand il se souciait de ce que les autres pensaient de lui ?
« Kat ! »
Elle se retourna visiblement surprise. « What ? »
Aomine la scruta de haut en bas, essayant de conserver un visage impassible. Mais au bout de quelques secondes, il sembla se raviser. « Non, rien. »
Puis, il se réinstalla contre son rocher, fermant de nouveau les yeux comme si de rien n'était. Kat leva les yeux au ciel, exaspérée. Décidément, chaque fois qu'elle pensait enfin commencer à le comprendre, il faisait quelque chose de totalement bizarre.
Elle repartit, le laissant là, seul, avec ses pensées.
Et le moins qu'on puisse dire est qu'Aomine était perplexe.
Il s'était attendu à tout, sauf à ça : Kat n'était pas rousse en bas, elle n'avait tout simplement AUCUN poil.
Nada.
Zéro.
Que tchi.
Des petits seins et aucun poil… Une vraie gamine !
Non pas qu'il ait déjà maté des gamines à poil… Ou alors si, quand il avait 14 ans, au collège… Avec Kise, ils essayaient très régulièrement d'aller mater les filles dans leur vestiaire après leurs cours de sport. Le blondinet n'était jamais très enthousiaste à l'idée (l'histoire révéla plus tard pourquoi…) mais le bon ami qu'il était déjà à l'époque se laissait souvent embarquer dans les conneries d'Aomine. Leurs nombreuses tentatives s'étaient généralement soldées par un échec, mais il se rappelait avec émoi la première et unique fois où ils avaient réussi. C'était à la piscine du collège, bah oui, quitte à espionner lâchement, autant que ça en vaille la peine et que ça soit pour voir le menu complet ! Ils s'étaient présenté à la piscine en avance et cachés dans le faux plafond. Après de 40 minutes d'attente dans la poussière et la moiteur ambiante, ils avaient profité, émerveillés, du spectacle rapide de leurs camarades de classe en train de se changer. Pour les deux adolescents, c'était la première fois qu'ils apercevaient de vraies filles complétement nues, et non les idoles siliconées des magazines qu'Aomine dérobait dans les kombini, étant trop jeune pour les acheter. Ils avaient finalement été pris sur le fait et leur seule échappatoire pour éviter l'exclusion avait été leurs performances sportives. La mère d'Aomine, officier de police et mère célibataire, était profondément honteuse des actions de son fils et avait décidé de frapper fort. Les mois suivant l'incident, il avait été contraint de passer tout son temps libre à travailler comme bénévole dans une association de lutte contre les violences sexuelles et sexistes. Ayant compris la leçon, il n'avait jamais renouvelé l'expérience, mais ce souvenir conservait une saveur douce-amère indéniable.
De retour à Tokyo, les joueurs et le staff rentrèrent chez eux. Satsuki et Kat regagnèrent leur appartement après avoir fait un crochet par le gymnase pour y déposer tout le matériel qu'elle avait apporté avec elles. Une fois arrivées au chaud en fin d'après-midi, elles se régalèrent du repas laissé par Kagami dans le frigo. Ce geste adorable témoignait encore une fois de sa gentillesse et de sa prévenance envers ses proches. De garde de nuit, il ne devait rentrer que le lendemain, lorsque les filles seraient déjà au petit-déjeuner.
Quand elles eurent terminé de manger, la nuit était déjà bien avancée et les filles ne tardèrent pas à aller se coucher. Kat rejoignit son lit, heureuse à l'idée de pouvoir passer une seconde nuit de calme, un moment de répit qu'elle appréhendait cependant avec culpabilité. Elle savait que les nuits de son frère étaient particulièrement éprouvantes et cette pensée lui pesait. Tokyo, et plus largement le Japon, avait une image très lisse, où rien ne devait dépasser et où personne ne devait rien montrer. Pourtant, la réalité était toute autre. Les nuits dans certains quartiers pouvaient être aussi chaotiques que dans n'importe quelle grande métropole. Les pompiers faisaient face à des accidents de la circulation, des incendies, des fuites de gaz, et devaient parfois rechercher des blessés dans des bâtiments effondrés. Le quotidien des pompiers tokyoïtes était loin d'être simple, et les récits de son frère, ponctués d'adrénaline et de tension, ne faisaient qu'ajouter à son inquiétude. Même en sachant qu'il aimait son métier de tout cœur, elle ne pouvait s'empêcher de culpabiliser et de s'inquiéter pour lui.
Elle finissait de se laver les dents lorsque Kagami rentra, fatigué mais heureux de retrouver sa femme et sa sœur. Un peu pressée, Kat l'accueillit avec un hug, ajusta son sac à dos sur ses épaules, enfila ses baskets et quitta l'appartement en courant en direction du gymnase. Dans le hall d'entrée de l'immeuble, elle chercha son téléphone pour activer le GPS, n'étant pas encore assez familière avec le trajet pour s'en passer complètement. Après avoir vidé son sac sans le retrouver, elle réalisa qu'elle l'avait probablement oublié dans l'appartement et décida de remonter le chercher. Profitant du court trajet dans l'ascenseur, elle réorganisa son sac et tenta de se calmer. Elle savait qu'elle risquait d'arriver en retard, mais c'était mieux que de se perdre en route. Arrivée au 17e étage, elle entra dans l'appartement sans frapper.
Erreur.
Partie depuis moins de cinq minutes, elle ne s'était pas doutée que les choses aient pu évoluer ainsi…. Son téléphone se trouvait bel et bien sur la table mais son attention fut immédiatement captée par une scène bien plus inattendue.
Son frère, visiblement affamé, était en train de prendre son "petit déjeuner". Satsuki, allongée sur le comptoir de la cuisine, les jambes écartées, était le centre de son attention. Taiga, toujours en tenue de travail, était plongé dans un monde à part, les yeux fermés, une expression de pure concentration sur le visage.
Le grincement de la porte d'entrée les tira brusquement de leur transe. Kat, immobile sur le seuil, était sous le choc. La scène qui s'offrait à elle était d'une intimité crue. Entendre était une chose… voir son frère, la tête penchée, ses lèvres luisant sous les néons, était une image qui allait la hanter un moment. Satsuki, le visage rougi, essayait vainement de se couvrir.
Un silence pesant régnait dans la pièce. Kat sentit ses joues brûler. Elle bafouilla d'une voix mal assurée : "J'ai oublié mon téléphone." Taiga la regardait, les yeux écarquillés, comme s'il avait bugué. Satsuki, les épaules voûtées, n'osait pas lever se redresser.
Les secondes suivantes semblèrent durer des heures. Personne n'osa faire un geste. Le cerveau de Taiga était toujours aux abonnés absents, Satsuki s'était muée en statue et Kat n'avait qu'une envie : disparaitre sous terre. Prenant soudain son courage à deux mains, elle fit les quatre pas qui la séparaient de la table de la cuisine, attrapa son portable et parti en courant, claquant la porte derrière elle. Elle appuya frénétiquement sur le bouton de l'ascenseur déjà reparti, mais comme ce dernier tardait trop, elle opta finalement pour les escaliers qu'elle dévala en courant.
Une fois dehors, elle déverrouilla son téléphone d'un geste automatique et sélectionna la dernière adresse enregistrée : le gymnase. Les rues étaient enveloppées d'un épais brouillard. C'était parfait. Elle allait devoir se concentrer pour éviter de heurter les passants et les voitures, ce qui l'aiderait à détourner son esprit de la scène troublante qu'elle venait de vivre. Elle s'élança, les yeux rivés au sol, ses pas s'accordant avec sa respiration saccadée. Chaque foulée était une tentative de chasser les images gravées dans sa mémoire, qui allaient sûrement la hanter un certain temps.
De leur côté, Taiga et Satsuki étaient encore sous le choc. Taiga tenta de rassurer sa femme en lui disant que sa sœur était tolérante et ne leur en voudrait pas. Bien que Satsuki le sache déjà, elle lui rappela les discussions qu'ils avaient eues il y a quelques jours. Elle était consciente que le sujet de leur vie sexuelle pesait sur Kat, qui, même si elle ne disait rien, semblait gênée par le bruit qu'ils pouvaient faire. Taiga, pour sa part, pensait que sa femme était trop préoccupée par la situation et que ses hormones la rendaient particulièrement sensible, frisant la paranoïa. Il ne comprenait absolument pas pourquoi Kat pourrait être dérangée par cela.
Satsuki savait pourtant que la situation était plus complexe. "On doit en parler à trois", proposa-t-elle. "Je ne veux pas vivre six mois dans le stress." Ils avaient accueilli Kat avec enthousiasme, désireux de lui offrir un chez-soi, et non de la mettre mal à l'aise. Le fait qu'elle puisse se sentir ainsi faisait douter la maîtresse de maison de leurs compétences en tant qu'hôtes. Elle avait le sentiment qu'ils n'étaient pas à la hauteur, même si Taiga était convaincu que Satsuki se laissait emporter par ses inquiétudes. Néanmoins, il acceptait de discuter de la situation dès que possible, bien que cela ne puisse pas se faire avant plusieurs jours à cause de son emploi du temps chargé.
L'idée de travailler avec Kat ce jour-là angoissait également Satsuki. Elle se demandait si elle devait agir comme si rien ne s'était passé ou s'il valait mieux crever l'abcès le plus tôt possible. Pour tenter d'y voir clair, elle décida de prendre une nouvelle douche. Taiga, regardant sa femme à moitié nue se diriger vers la salle de bain, oublia instantanément les événements précédents et lui fit remarquer qu'il serait extrêmement dommage de ne pas finir ce qu'ils avaient commencé... Satsuki, qui connaissait bien son mari, ne fut pas surprise par cette proposition et après une courte réflexion, se laissa finalement tenter. Après tout, quitte à avoir les désagréments, autant en profiter un petit peu…
Kat avait couru à toute allure... Bien plus vite que d'habitude, presque trop. Elle était arrivée bien plus tôt que prévu, ce qui n'était pas un mal en soi, surtout compte tenu du temps qu'elle avait perdu au départ. Ce laps de temps imprévu lui permit de prendre une douche et de remettre son bureau en ordre, une activité qui, chez elle, était un véritable exutoire. Ranger était plus qu'une simple habitude, c'était une manière de canaliser son anxiété. En contrôlant son espace, elle avait l'illusion de maîtriser la situation.
Peu de temps après, Riko fit son entrée, et les deux femmes ne tardèrent pas à plonger dans le travail. Elles passèrent en revue l'état physique des joueurs en fin de match et planifièrent la semaine à venir pour s'assurer que l'équipe soit en pleine forme pour l'affrontement du samedi suivant. Complètement immergée dans cette conversation technique, Kat sentit son esprit s'apaiser progressivement. Travailler lui faisait du bien.
Puis, Satsuki fit son entrée.
Le malaise fut instantané. Même si elles évitaient soigneusement de croiser leurs regards, la tension était palpable. Elles faisaient tout leur possible pour s'ignorer, jouant la comédie lorsque les autres étaient présents, mais il n'en fallait pas plus pour que tout le monde, des joueurs au reste du staff, se rende compte que quelque chose clochait. La journée promettait d'être longue.
Lors d'un atelier avec Allan, pivot américain originaire de Californie recruté cette année, celui-ci, remarquant l'atmosphère tendue, demanda à Kat avec un sourire complice :
"So, did you two have a fight?"
Kat, qui s'entendait bien avec lui, sourit faiblement avant de répondre, un brin gênée : "Short story or long story? I caught my brother and her… well, doing it."
The player raised an eyebrow, amused but also empathetic. "By 'it' you mean…"
"Yes! That 'it'," répondit-elle en soupirant, se sentant soudain plus légère de partager ce poids.
"It's so weird, I don't know what to do about it…" Elle continua à lui raconter les grandes lignes de ce qu'elle vivait depuis plusieurs semaines, tout en lui demandant de garder ça pour lui. Elle ne voulait surtout pas que la vie privée de son frère et de Satsuki s'ébruite, surtout pas dans l'équipe. Le joueur hocha la tête, compréhensif et rassurant.
"Don't worry, I've got your back. No one's gonna hear a word from me," promit-il avant de rajouter, avec un sourire qui trahissait son pragmatisme : "But seriously… why don't you just get yourself a flat? Seems like the easiest solution, right?"
Kat le regarda, presque déconcertée par la simplicité de la suggestion. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Quinze jours qu'elle se torturait l'esprit à essayer de trouver, en vain, comment aborder ce sujet délicat avec son frère sans passer pour une ingrate et elle n'avait jamais envisagé cette solution…
"You're a fucking genius! Why didn't I think about it earlier?"
Kat se sentait revigorée. Elle tenait enfin une solution qui conviendrait à tout le monde : son frère et Satsuki pourraient retrouver leur intimité, elle ne serait plus gênée en leur présence, et surtout, elle gagnerait en liberté... Et qui sait, peut-être même qu'elle pourrait, elle aussi, s'amuser un peu…
Elle se sentait plus légère, son esprit était soudain libéré. Retrouvant son dynamisme et son entrain habituels, c'était comme si un poids invisible s'était envolé. Tout le monde le remarqua instantanément : la Kat qui était là maintenant semblait presque différente de celle qui avait traversé ces derniers jours de tension et de fatigue. Il y avait un "avant" et un "après" cette conversation.
De son côté, Satsuki avait bien remarqué l'évitement mutuel tout au long de la journée. Mais lorsque qu'elle apperçu Kat prendre une grande inspiration et se diriger vers elle, elle ressentit un mélange d'appréhension et de soulagement. D'un côté, elle redoutait ce moment et avait peur de ce qui allait se dire… Mais d'un autre côté, elle savait qu'une discussion était nécessaire et s'était promis que si Kat ne venait pas la voir avant 17h, c'est elle qui ferait le premier pas. Et quelque part, elle était soulagée que ce soit Kat qui vienne la voir finalement.
Elle avala sa salive avec une certaine appréhension, puis invita Kat à la suivre dans son bureau d'un geste discret. Sans échanger un mot, Kat acquiesça d'un léger mouvement de tête, et lui emboita le pas. Arrivées à destination, Satsuki choisit de s'asseoir dans le petit canapé situé dans un coin de la pièce, plutôt que derrière son bureau. Kat, bien que légèrement plus détendue après sa discussion avec Allan, restait encore nerveuse. Elle s'assit prudemment à côté de Satsuki, croisant les mains sur ses genoux, consciente que cette conversation allait enfin briser la glace.
Satsuki, visiblement tendue, se jeta à l'eau la première :
"Écoute, je suis vraiment désolée pour ce matin... On aurait dû faire plus attention. À partir de maintenant, on fera tout pour que ça n'arrive plus."
Kat laissa échapper un petit rire, ses nerfs étaient en train de lâcher.
"Franchement, ouais... Ça m'a un peu choquée." Elle marqua une pause, hésitante, puis décida d'y aller franchement. "En fait, ça fait 15 jours que je vous entends... toutes les nuits."
Satsuki devint instantanément écarlate. "Oh mon Dieu... Toutes les nuits ?!"
"Yep. Mais c'est pas vraiment le bruit le problème, tu vois... C'est surtout le fait que c'est mon frère." Kat haussa les épaules, visiblement plus détendue maintenant qu'elle en parlait à voix haute.
Satsuki baissa les yeux, embarrassée. "Je suis tellement désolée... Vraiment, on ne voulait pas te mettre mal à l'aise."
Kat sourit gentiment. « Écoute, je ne vous demande pas non plus de devenir des moines pour moi ! Vous avez raison d'en profiter… Mais voilà... Je pense que je vais chercher un appart. That'll be better for everyone. »
Satsuki cligna des yeux, surprise par cette annonce soudaine. « Attends... un appartement ? Tu veux vraiment partir comme ça ? »
Kat hocha la tête, déterminée. « Oui. Je veux pouvoir vous regarder dans les yeux sans être gênée. Et j'ai vraiment pas besoin de tout entendre, ou même d'imaginer ce qui se passe entre vous deux. » Elle fit une grimace en prononçant ces mots.
Satsuki, un peu déconcertée, fronça les sourcils. « C'est... c'est un peu extrême, non ? Je comprends ton point de vue, mais on ne veut pas que tu te sentes mise à la porte. » Elle hésita un instant, pesant ses mots, consciente des défis que Kat avait affrontés par le passé. « Kagami risque de mal le prendre. Il adore t'avoir à la maison, et honnêtement... il est complètement à côté de la plaque sur ce sujet... »
Kat esquissa un sourire amusé. « Ouais, ça m'étonne pas. Pour lui, tout va bien dans le meilleur des mondes... Mais bon, je ne vais pas partir à l'autre bout du pays non plus. Je trouverai un p'tit truc à quelques rues d'ici ! » Pleine d'optimisme, Kat était surtout complètement inconsciente des prix pratiqués dans le quartier de son frère.
Satsuki la fixa, dubitative, mais elle savait au fond d'elle que Kat était déterminée. Elle savait d'expérience que les jumeaux étaient têtus et qu'il serait peu probable que Kat change d'avis. Plutôt que d'insister pour la garder à la maison coûte que coûte, Satsuki choisit de soutenir sa belle-sœur dans ce projet. Elle se dit que c'était finalement la meilleure décision, même si ce n'était pas ce qu'elle espérait.
« T'as besoin d'aide pour tes recherches ? » demanda-t-elle, un sourire indulgent aux lèvres.
Kat avait perçu la réticence de Satsuki à l'idée de la voir partir, mais en entendant son soutien, une agréable chaleur l'envahit.
« Yes, je vais en avoir besoin… surtout pour la partie administrative en fait ! », répondit Kat, heureuse de se sentir comprise.
Un refrain lui traversa alors l'esprit : « You can't always get what you want, but if you try sometime, you just might find you get what you need. » Elle se sentit revigorée, convaincue d'avoir pris la bonne décision.
Ou pas.
Ou pas du tout du tout même.
Une fois rentrée, Kat s'était mise à chercher des appartements sur Internet en attendant le retour de son frère pour lui faire part de sa décision. Et ce fut une douche froide. En faisant ses comptes, elle réalisa que, après avoir soustrait son budget alimentaire et ses quelques loisirs, il ne lui restait qu'un tout petit montant. En scrutant les offres dans le quartier de son Taiga et Satsuki, elle découvrit qu'il n'y avait tout simplement rien qu'elle pouvait se permettre. Elle tenta alors de s'éloigner un peu de leur quartier, mais ce fut pareil : toujours rien. Un doute commença à l'assaillir : s'était-elle précipitée ?
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À très bientôt pour la suite ! 👀
