Note d'auteur :
Cette fanfiction (tome 7) reprend la trame de JK Rowling et la détourne pour raconter l'histoire d'un OC (Megan) de son propre point de vue. La trame originale appartient donc à JK, seul ce qui relève de Megan m'appartient.
N'hésitez pas à laisser des reviews, la critique est constructive et ça fait toujours plaisir (et des encouragements) de savoir qu'il y a des lecteurs :)
1
JUSQU'À CE QUE LA MORT LES SÉPARE
Dans le quartier de Hampstead, banlieue cossue et affreusement calme de Londres, il n'y avait aucun signe de la guerre. Les pelouses étaient vertes et entretenues avec soin, les voitures brillaient sous le soleil de l'été, les zones boisées bruissaient dans le vent et au son des oiseaux, et les quelques passants qui déambulaient ce matin-là se réjouissaient de la paix qui régnait dans leur voisinage. Tous des Moldus. Un couple d'une cinquantaine d'années remplissait son coffre de lourdes valises avec un enthousiasme débordant, sous les yeux de deux jeunes femmes assises à même le sol dans le parc qui faisait face à leur petit pavillon. Sur le visage de l'une d'elles, de grosses larmes roulaient en silence et terminaient leur course dans ses cheveux bruns ébouriffés. L'autre n'osait pas la regarder, fixant d'un regard noir le déménagement tout en faisant tournoyer entre ses doigts sa baguette magique. Lorsque leurs montres affichèrent sept heures trente, le couple monta dans la voiture et fila, fenêtres ouvertes et l'air réjoui, en direction de l'aéroport de Heathrow. Ceux qui étaient désormais persuadés d'être Wendell et Monica Wilkins vivaient enfin ce qu'il pensait être leur plus grand rêve : s'installer en Australie.
- On y va, décréta Hermione d'une voix qui se voulait ferme. C'est terminé.
Son amie se contenta de se lever souplement. Elles se prirent la main et disparurent de Hampstead dans un craquement sonore, pour réapparaître à quelques kilomètres de là, dans le petit jardin d'un appartement du centre de Londres. Attiré par le son familier d'un transplanage, un jeune homme aux mèches brunes rebelles ouvrit la porte coulissante de la véranda.
- Vous voilà, se réjouit-il. Oh.
Hermione avait tenté de sécher ses larmes avec sa manche, mais ses yeux rouges n'avaient pas échappé à Kevan. Sa petite amie lui fit toutefois signe de se taire. Hermione ne voudrait pas en parler, d'autant moins avec son hôte qu'elle ne connaissait quasiment pas.
- Merci beaucoup de m'accueillir, dit-elle précipitamment en tendant la main vers lui pour la lui serrer avec reconnaissance. Megan…
- A eu raison de te le proposer, répondit chaleureusement Kevan. Entrez ! Il ne faut pas rester dehors.
Contrairement aux Moldus, les sorciers savaient ce qui se tramait. D'un coup de baguette, Kevan referma la baie vitrée derrière Hermione et Megan, puis tous trois jetèrent d'une même voix l'enchantement qui visait à empêcher quiconque d'entrer dans la propriété en transplanant. Même si l'appartement était surveillé par l'Ordre du Phénix et qu'aucun Mangemort n'avait cherché, jusqu'à présent, à y pénétrer, la prudence restait nécessaire. Kevan déposa un baiser sur les cheveux de Megan puis fit visiter son logement à Hermione. Il était plus grand que l'ancien appartement d'Anita, où Megan avait installé Cal à Stourbridge, et disposait notamment d'une deuxième chambre, où les affaires d'Hermione étaient déjà entreposées. Kevan les avait emportées avec lui après l'enterrement de Dumbledore. Soucieux de lui laisser un moment avec elle-même, Megan et Kevan se retirèrent de la chambre pour laisser Hermione s'installer.
- Est-ce qu'elle va bien ? s'enquit le jeune homme en ouvrant des bouteilles de Bièraubeurre dans la cuisine. C'est par rapport à Dumbledore ?
- Non, ses parents, répondit Megan en portant le goulot de l'une d'elles à sa bouche. Pour faire court, elle a dû prendre des mesures difficiles pour les protéger.
Modifier leur mémoire pour les convaincre qu'ils n'étaient pas Oscar et Margaret Granger, tandis que Megan effaçait la présence de leur fille de leur maison et falsifiait leurs documents. Les envoyer vivre en Australie, inconscients de l'existence même de leur enfant, là où Voldemort ne pourrait pas les retrouver pour leur faire du mal et leur extorquer des informations. Hermione avait fait part de cette décision à Megan juste avant l'enterrement, et du fait qu'elle n'aurait ensuite nulle part où aller vivre et qu'elle n'avait pas le courage de se rendre au Terrier dans l'immédiat. Megan ne pouvait que comprendre : elle s'était trouvée dans une situation très similaire l'été dernier. Kevan n'avait pas hésité une seule seconde lorsqu'elle lui avait demandé si elles pourraient s'installer toutes les deux quelques jours chez lui. Au contraire, même s'il le cachait derrière une attitude nonchalante, il était ravi de la présence de Megan chez lui.
- Je comprends…, soupira Kevan. Les miens refusent de quitter le pays. Ils disent qu'ils n'ont pas peur de Tu-Sais-Qui, mais honnêtement, qui peut dire ça sans mentir ? Ils sont surtout inquiets pour moi, à cause du ministère. Mais on a Scrimgeour ! On est dans une bien meilleure situation que quand c'était Fudge. C'est un ancien Auror.
- Les Aurors n'ont jamais fait peur à Voldemort, fit remarquer Megan en buvant une nouvelle gorgée.
- Et euh… Tes parents à toi ? Je veux dire…
Au cours des deux dernières années, Kevan n'avait pas une seule fois osé aborder le sujet des parents de Megan. À l'instar de ses amis, il avait découvert leur décès survenu dix ans plus tôt dans l'article qu'avait publié Rita Skeeter au sujet des disparitions récurrentes de Megan au cours de sa quatrième année à Poudlard, mais ne lui avait jamais posé de question de peur de déclencher un de ses légendaires accès de colère.
- Mes parents sont morts, répondit sèchement Megan. Et mes parents adoptifs ont quitté le pays depuis longtemps.
Cracmols, Emily et Roger Boyd étaient une proie facile pour Voldemort. Pourtant, Megan avait eu l'immense surprise de découvrir qu'ils étaient membres de l'Ordre du Phénix. Le réseau de résistance les avait envoyés en Royaume-Uni, pour qu'ils assurent un relai de la situation dans l'Hexagone tout en assurant leur propre sécurité, et depuis un an ils veillaient également sur Cal. Megan ne connaissait aucun autre détail sur leur cachette et n'avait pas pu échanger avec eux depuis leur départ précipité. Au moins, eux se souvenaient de son existence.
Hermione se dérida dans les jours qui suivirent, savourant l'humour et la légèreté maîtrisée de Kevan et le répit qui lui était offert avant de se lancer de nouveau activement dans la lutte contre les Mangemorts. Les nouvelles de l'extérieur n'étaient toutefois pas bonnes : les accidents, crashes, explosions et déraillements se poursuivaient dans un épais brouillard désolant répandu par les Détraqueurs, au grand dam des Moldus qui ne pouvaient que déplorer toutes ces catastrophes qui frappaient soudain le Royaume-Uni. Les sorciers se terraient chez eux, terrifiés. Ils ignoraient pourtant pour la plupart qu'une nouvelle évasion avait eu lieu à Azkaban. Parmi les fugitifs se trouvaient Lucius Malfoy et sa belle-sœur, Bellatrix Lestrange. Megan avait jeté au feu l'exemplaire de la Gazette du Sorcier qu'elle avait entre les mains lorsque Hermione lui avait appris la nouvelle – l'hebdomadaire n'en parlait pas, bien sûr, le ministère ne voulait pas reconnaître ouvertement son inutilité. C'était à prévoir, évidemment mais savoir Bellatrix en liberté après qu'elle ait tué Sirius était une torture, d'autant que Megan ne pouvait pas se lancer à sa recherche – pas encore. Elle avait promis à Bill qu'elle assisterait à son mariage, avec tous les Weasley et de nombreux membres de l'Ordre du Phénix. Au moins était-elle libérée de la promesse faite à Dumbledore de protéger Harry Potter, le vieux sorcier n'étant plus de ce monde. De toute manière, elle n'avait jamais compris pourquoi il était si important de garder le garçon en vie.
- Eh ! protesta Hermione en voyant son amie se débarrasser de la Gazette du Sorcier dans l'âtre de la cheminée. Je ne l'avais pas encore lu !
- Charity Burbage quitte son poste d'Étude des Moldus à Poudlard, et l'avis nécrologique de Dumbledore a été publié, résuma sombrement Megan. Tu ne rates rien.
- Oh…
La mort du vieux sorcier l'affectait toujours beaucoup. Après tout, ça ne faisait qu'à peine dix jours.
- Je suis désolée, ajouta gauchement Megan.
- Ce n'est pas ta faute…
Hermione s'essuya les yeux du coin de sa manche, assise en tailleur sur le canapé du salon. Bien sûr, elle ignorait que c'était la faute de Megan.
- En tout cas, McGonagall m'a confirmé qu'ils allaient garder Poudlard ouvert, l'année prochaine, reprit Hermione avec une voix plus assurée. C'est ce qu'il aurait voulu.
- Oui, c'est bien un truc que Dumbledore aurait voulu : qu'on passe nos A.S.P.I.C comme s'il n'y avait pas la guerre dehors, grinça Megan.
- Oh, je n'y retournerai pas.
Megan fixa sa meilleure amie avec inquiétude. Le monde d'Hermione tournait autour de ses études.
- Après l'enterrement, Harry nous a dit qu'il n'allait pas revenir à Poudlard, qu'il voulait aller sur la tombe de ses parents à Godric's Hollow et ensuite retrouver les Horcruxes pour les détruire, et puis tuer Voldemort.
- Rien que ça ? ricana Megan.
- Oh, tu peux rire, j'ai bien compris que tu le détestes, s'agaça Hermione, mais c'est mon meilleur ami et j'irai avec lui !
- Tu vas te faire tuer !
Encore une fois, Potter venait tout compliquer, tout gâcher. Megan était consciente qu'il était nécessaire de détruire les Horcruxes, mais elle n'imaginait pas que Hermione (et vraisemblablement Ron) se lancerait dans cette quête avec Potter pour seule compagnie. Megan ne pourrait pas se concentrer sur ses missions pour l'Ordre sans se soucier constamment de savoir si ses deux meilleurs amis étaient en vie. Elle allait devoir les accompagner, et cette perspective lui déplaisait au plus haut point.
- Ça fait des années qu'on risque nos vies pour se battre contre lui, rien de nouveau, répliqua Hermione sans se démonter. Et ne fais pas comme si tu comptais retourner à l'école, toi ! Je sais que tu ne voulais déjà pas y aller cette année !
- Évidemment. Mais c'était aussi pour passer enfin une année sans Potter. Maintenant, c'est foutu.
- Personne ne te force à venir avec nous.
Son ton était boudeur, mais son regard trahissait qu'elle espérait de tout cœur que Megan les accompagnerait. Ces six dernières années, ils avaient vécu toutes ces aventures ensemble, tous les quatre, quelle que soit l'aversion que se vouaient Megan et Potter. Hermione n'avait visiblement pas envie que les choses changent.
- Comme si je pouvais vous laisser dans la nature sans protection, grogna Megan. Mais ne dis rien à Kevan. Il pense que je vais finir mes études. Des fois, il est affreusement naïf.
- Il est très gentil, en tout cas…, précisa Hermione avec un sourire.
La voir aussi heureuse, parler d'un sujet qui ne traitait ni de la guerre ni des souffrances qui les attendaient, était une bouffée d'air frais. Voilà les conversations qu'elles étaient supposées avoir : les garçons, les histoires d'amour, les derniers potins du collège. Voldemort les avait privées de leur légèreté et de leur innocence.
- Oui oui, il est bien, répondit évasivement Megan.
Elle n'avait jamais discuté de sa relation avec Kevan avec Hermione. Cette dernière ignorait l'existence de Cal et sa relation avec Draco. Elle pensait que les choses étaient simples, que Megan s'était trouvé un petit ami gentil, courageux, fidèle. Tout ce que Megan n'était pas.
- Tu ne veux pas qu'il vienne avec nous ? hasarda Hermione. Je l'aime bien.
- Non, répondit fermement Megan. C'est trop dangereux. On le laisse en dehors de tout ça.
Elle lui faisait suffisamment de mal en n'étant pas à la hauteur de la relation. Hors de question qu'il se fasse tuer en voulant la suivre.
Au moins, le temps que les deux jeunes femmes passèrent à Londres chez lui furent à la hauteur de ses espérances. Kevan était heureux de les retrouver en dehors de ses heures de travail et de leur faire découvrir ses jeux de société magiques préférés, de cuisiner pour elles et de passer du temps seul avec Megan. Elle avait oublié à quel point sa compagnie pouvait être agréable, réconfortante, facile. Elle s'interdisait de penser à Draco.
La semaine qui suivit leur arrivée à Londres, elles apprirent par le biais d'Arthur que le ministère était probablement infiltré. L'étau se resserrait autour des résistants. L'Ordre du Phénix était d'autant plus inquiet que la sécurité de Potter ne serait bientôt plus assurée : le 31 juillet, il atteindrait sa majorité et la protection magique dont l'avait doté sa mère en mourant pour lui cesserait de faire effet. Il serait alors une cible facile, dans la banlieue moldue de son oncle. L'Ordre allait donc devoir les exfiltrer, lui et les Dursley. Les sorciers avaient un mois pour décider de ce qu'il conviendrait de faire. Hermione participait aux discussions en utilisant la cheminée du salon de Kevan en son absence pour assister aux réunions qui avaient lieu au Terrier. Chaque fois, Ron et Molly la suppliaient de les rejoindre, mais elle trouvait toujours une excuse pour retarder son retour au nouveau quartier général de l'Ordre.
Le groupe de résistants ne pouvait en effet plus se retrouver au 12, square Grimmaurd : après la mort de Dumbledore, leur Gardien du Secret, chacun de ceux à qui il avait révélé l'emplacement du square Grimmaurd était devenu à son tour Gardien du Secret, ce qui avait considérablement affaibli le pouvoir du sortilège de Fidelitas. Plus important encore, Snape le traître était lui aussi devenu Gardien du Secret. Bien que Fol Œil ait jeté plusieurs sortilèges contre lui là-bas, il aurait été déraisonnable de continuer à utiliser la maison de famille des Black. Megan détestait l'idée que les Mangemorts puissent avoir repris possession des lieux, alors que Sirius et les autres membres de l'Ordre avait conjugué tous leurs efforts pour rendre l'endroit habitable, voire un jour agréable.
- J'ai l'impression que Ron ne pense plus du tout à Lav-Lav, fit remarquer Megan au dîner, le samedi soir, en tendant le bras pour se servir en courgettes.
Aussitôt, Hermione s'empourpra. Kevan plissa les yeux mais n'osa pas poser de question.
- Oh je n'en sais rien, ils ont rompu depuis longtemps maintenant, et puis ça ne se passait pas très bien, répondit la jeune femme de son ton le plus léger.
- C'était une grosse gourde.
Hermione tenta, mais ne parvint pas à retenir son éclat de rire, qui finit par contaminer Megan. Kevan les observa en souriant tandis qu'elles s'essuyaient le coin des yeux. Plus le temps passait, plus il était amoureux de Megan.
- Ça s'est bien passé au travail, aujourd'hui ?
Résolument polie, Hermione essayait d'intégrer de nouveau Kevan à la conversation. Ces deux-là s'entendaient particulièrement bien, ce qui perturbait un peu Megan. Mais à quoi s'attendait-elle, en vivant tous les trois sous le même toit ?
- Ça va, c'est toujours la même ambiance pesante.
- Les contrôles de sécurité n'ont toujours pas été renforcés ? demanda Megan.
Elles n'avaient rien dit à Kevan au sujet des soupçons de l'Ordre quant à une infiltration du ministère. Il ne faisait pas partie de la résistance, et de toute manière il n'y avait aucune certitude. Mais il n'était pas normal que le gouvernement mette si peu de choses en place pour assurer sa propre intégrité. C'était bien le signe que quelque chose n'allait pas.
- Non, rien n'a changé. En même temps, c'est déjà pénible de devoir rendre des comptes aux sorciers de sécurité à chaque étage, donc je me ne plains pas. Mais je sais qu'ils devraient mettre en place des potions anti-Polynectar, vérifier les baguettes, etc. Scrimgeour est surtout concentré sur ses recherches à l'extérieur.
- Comme s'il allait réussir à trouver Voldemort tout seul, ricana Megan. Il n'a déjà pas réussi à garder les Mangemorts déjà attrapés à Azkaban… Alors qu'on le dit depuis longtemps que les Détraqueurs ont changé d'allégeance. Et est-ce qu'il a compris le message, et envoyé des Aurors pour sécuriser la prison à leur place ? Bien sûr que non !
Chaque fois que Megan était amenée à penser à la libération de Bellatrix, la colère gonflait en elle et elle devait déployer d'importants efforts pour empêcher la magie de l'inonder et d'assombrir ses yeux. Hermione et Kevan ne connaissaient pas la part de Voldemort en elle, et elle n'avait aucune envie de trahir ce secret ce soir.
- On s'y attendait de toute façon…, dit Hermione d'une voix douce. Mais moi aussi ça me met en colère.
- On va les retrouver, promit Kevan, qui avait appris l'évasion à son tour en rentrant chez lui ce soir-là, l'information ne circulant pas au sein du ministère. Je sais que vous ne faites pas confiance aux Aurors, et que vous vous fiez uniquement à l'Ordre, mais ils font quand même du bon boulot.
- Très corporate, Kevan, le nargua Megan.
Au moins, il n'était pas aveuglément dévoué au ministère comme l'était Percy Weasley. Même avec la reconnaissance publique du retour de Voldemort et la déchéance de Fudge, le troisième fils d'Arthur et Molly n'était pas redescendu de son piédestal et n'avait présenté aucune excuse à sa famille. Megan le détestait.
- Tu ne penses pas qu'il est en danger, au ministère ? s'enquit Hermione tandis qu'elle et Megan débarrassaient la table à la fin du repas, seules dans la cuisine.
- Personne n'est en sécurité nulle part, éluda Megan. Et je ne pense pas que Voldemort s'en prendrait en priorité à l'Organisation Internationale du Commerce Magique.
En réalité, elle était terrifiée. Voldemort connaissait le nom de Kevan, il était sur la liste qu'elle lui avait donnée deux ans plus tôt, quand elle pensait sauver la vie de ceux qu'elle aimait, alors qu'elle n'avait fait que leur mettre une cible dans le dos. Heureusement, l'Ordre du Phénix avait pris l'initiative de protéger tous ceux qui pourraient servir de point d'entrée contre Megan et Potter.
- Il paraît que l'oncle et la tante de Harry veulent absolument être protégés par Kingsley, raconta Hermione à Megan le lendemain, lorsqu'elle eut sorti la tête de la cheminée après une réunion avec l'Ordre. A priori, ils l'ont vu à la télévision, et ils le trouvent très bien.
- Comme si Kingsley n'avait que ça à faire de protéger trois Moldus dont tout le monde se cogne, commenta Megan, qui avait installé une station de préparation de potions dans la cuisine pour réalimenter son stock. Protéger leur Premier Ministre c'est déjà suffisamment pénible…
- C'est ce que Harry leur a expliqué. Du coup c'est Hestia et Dedalus qui vont s'en occuper. Et Maugrey ira chercher Harry le même jour, il l'emmènera au Terrier par transplanage d'escorte.
- Le 31 juillet ?
- Non, le 26. Il vaut mieux anticiper. À partir du 30, les Mangemorts seront plus à l'affût que jamais.
Megan laissa échapper un grognement. Elle venait de perdre cinq jours de répit avant le retour de l'insupportable Potter.
- Il y a eu d'autres nouvelles aussi… Lupin et Tonks se marient.
- Quoi ? sursauta Megan.
Son amie avait un très large sourire lorsqu'elle leva des yeux écarquillés vers elle.
- Oui, ils viennent de l'annoncer. Ce sera dans deux semaines. C'est précipité, je sais, mais avec la guerre… C'est un peu comme Bill et Fleur, ils préfèrent ne pas attendre. Ils vont faire quelque chose de simple, chez les parents de Tonks. On est invitées ! Et Lupin a dit que tu pouvais venir avec Kevan.
Deux mariages en deux mois, l'influence de la guerre était évidente.
- Pourquoi tu lui as parlé de Kevan ? s'agaça Megan.
- Ce n'est pas moi, c'est Mrs Weasley ! L'Ordre le connaît, comme il est sur la liste des personnes à protéger, du coup elle a posé la question, et puis ce serait chouette.
Après avoir passé plus de trois ans à garder sa relation aussi secrète et discrète que possible, Megan était mal à l'aise à l'idée de l'afficher en public. Le retour de Voldemort avait précipité Kevan dans les tumultes de la vraie vie de Megan, alors qu'elle s'était efforcée de le garder loin de la résistance et des combats, justement parce qu'elle aimait cette bulle de légèreté et d'insouciance dans laquelle elle était avec lui. Cette bulle avait éclaté.
- Je ne sais pas, il ne connaîtra personne.
- Tous ceux qui font partie des rondes le connaissent déjà, s'amusa Hermione, et puis il connaît Fred et George, et ce sera l'occasion de rencontrer les autres !
De toute évidence, Hermione était convaincue que Kevan allait faire partie intégrante de la famille élargie des Weasley qu'elle et Megan avaient rejoint, et peut-être même que le prochain mariage auquel elle assisterait serait celui de sa meilleure amie, et cette perspective la réjouissait. Elle ne comprenait pas que les sentiments de Megan étaient beaucoup plus complexes, et qu'elle n'envisageait pas de futur avec Kevan. Elle se contentait de chaque jour qui passait, se satisfaisant d'être tous les deux toujours en vie à chaque nouveau lever de soleil, et ne relevait jamais la tête pour regarder vers l'avenir, qui lui apparaissait comme une grande nappe de brouillard épais.
- Je vais y réfléchir, marmonna Megan, frustrée de réaliser que s'il ne venait pas avec lui, elle serait désormais contrainte de répondre à de nombreuses questions.
Il s'écoula toutefois plusieurs jours sans que la jeune femme abordât le sujet avec lui, convaincue que beaucoup de choses pouvaient changer en deux semaines. Pourtant, les jours passèrent et se ressemblèrent : elle préparait des potions et triait ses affaires en vue du voyage périlleux qui l'attendait, changeait d'avis sur la robe qu'elle porterait aux mariages, lisait la Gazette du Sorcier en fronçant les sourcils, discutait avec Hermione des missions de l'Ordre, puis Kevan rentrait du travail, ils partageaient un bon repas et passaient des soirées agréables à jouer ou discuter en buvant les bons whisky Pur Feu qu'il obtenait à moindre coût grâce à son travail. Le seul événement mémorable fut le jour où il proposa d'inviter Ally Collins pour le déjeuner et où Megan suggéra qu'ils pourraient peut-être même faire un super plan à quatre. Kevan ne mentionna plus le nom de sa collègue ensuite, et Hermione se réjouit de constater que son obscure meilleure amie avait elle aussi des problèmes bien ordinaires.
- Il faut que je te parle de quelque chose, lui dit-elle toutefois la veille du mariage. J'ai fait des recherches sur la façon de détruire les Horcruxes et j'ai trouvé des informations intéressantes.
Megan, qui s'apprêtait à verser de la glycérine végétale dans sa préparation de baume cicatrisant, suspendit son geste et leva les yeux vers sa meilleure amie en fronçant les sourcils.
- Des recherches ? répéta-t-elle. On a passé des heures à la bibliothèque l'année dernière à chercher des informations, on n'a trouvé aucun livre à ce sujet, pas même à la Réserve.
- Parce que Dumbledore les avait tous enlevés, acquiesça Hermione. Mais il ne les a pas détruits.
- Comment ça ?
Reportant toute son attention sur Hermione, Megan reposa et reboucha le flacon de glycérine.
- Ce n'était pas du vol ! s'exclama Hermione en se mettant à rougir. Ils appartenaient toujours à la bibliothèque, même si Dumbledore les avait enlevés des étagères. Et d'ailleurs, s'il avait vraiment voulu que personne ne puisse les consulter, je suis sûre qu'il aurait été beaucoup plus difficile de –
- Hermione, passe-moi les détails !
- Eh bien… J'ai simplement utilisé un sortilège d'Attraction. Et… ils sont aussitôt sortis par la fenêtre du bureau de Dumbledore en filant droit vers le dortoir des filles.
- Tu te fous de moi ?
Il était consternant de découvrir qu'il avait été si simple de se procurer ces ouvrages. Dumbledore avait consacré des soirées entières au sujet des Horcruxes avec Potter. Pourquoi ne lui avait-il pas parlé du contenu de ces livres ?
- Je suis désolée de ne pas t'en avoir parlé avant, dit Hermione d'une voix de plus en plus aigüe. J'ai fait ça juste après l'enterrement… Juste après avoir pris la décision de quitter l'école pour retrouver les Horcruxes. Quand je suis remontée chercher mes affaires pour les donner à Kevan, je… j'ai pensé que plus on en saurait à ce sujet, mieux ça vaudrait… J'étais seule là-haut… alors, j'ai essayé… et ça a marché. Les livres se sont engouffrés par la fenêtre ouverte et je… je les ai mis dans ma valise. Tu n'étais pas très… disponible pour en parler à ce moment-là, et après je me suis dit qu'il valait mieux que je les lise d'abord pour voir si j'allais vraiment trouver des informations utiles.
« Pas très disponible » était un euphémisme pour décrire l'état de Megan après l'enterrement de Dumbledore. Elle venait d'assassiner le directeur de Poudlard et de dire adieu à Draco.
- Je suis sûre que Dumbledore ne m'en aurait pas voulu, ce n'est pas comme si nous voulions nous en servir pour fabriquer des Horcruxes, non ? insista Hermione, effrayée de ne pas voir Megan répondre.
- Évidemment, balaya la jeune femme. Alors ? Qu'est-ce que tu as appris ?
Hermione plaça devant elles un gros volume à la reliure de cuir noir usée. L'air un peu dégoûté, elle le manipula avec précaution, comme s'il s'agissait d'une créature morte récemment.
- Voici celui qui donne des instructions explicites sur la façon de créer un Horcruxe. « Secrets les plus sombres des forces du Mal »… C'est un livre abominable, vraiment affreux, rempli de magie maléfique. Je me demande quand Dumbledore l'a retiré de la bibliothèque… S'il ne l'a pas fait avant d'être directeur, je suis prête à parier que Voldemort y a trouvé tous les renseignements dont il avait besoin. Je me souviens que Harry nous a dit que Dumbledore était certain que Riddle savait déjà comment faire un Horcruxe lorsqu'il a posé la question à Slughorn sur ce qu'il se passerait si on séparait son âme en sept.
Elle frémit.
- Plus j'avançais dans ma lecture, plus je trouvais cela horrible, et moins j'arrivais à croire qu'il en ait véritablement créé six. Le livre explique que lorsqu'on en arrache une partie, l'âme devient très instable, même quand on ne fabrique qu'un seul Horcruxe !
- Ok, dit Megan d'un ton pressé, mais comment on les détruit ?
Hermione se mit tourner les pages fragiles de l'ouvrage comme si elle examinait des entrailles en décomposition.
- Les sorciers sont avertis qu'ils doivent les entourer d'enchantements très puissants. D'après tout ce que j'ai lu, ce que Harry a fait au journal de Riddle est un des rares moyens efficaces d'anéantir un Horcruxe. Il faut quelque chose de tellement destructeur que l'Horcruxe ne puisse pas se réparer de lui-même. L'ennui, c'est qu'il existe très peu de substances aussi destructrices que le venin de Basilic et elles sont toutes très dangereuses à transporter. Mais il faudra bien que nous trouvions une solution car briser, frapper, écraser un Horcruxe n'a aucun effet. On doit l'endommager au point qu'aucune magie ne puisse le réparer.
- Je ne pensais pas détruire un Horcruxes en l'écrasant d'un coup de pied, fit remarquer Megan. On est des sorcières.
- Oui, bien sûr, mais les sortilèges ne suffiront pas non plus. Ce n'est pas suffisamment puissant.
- C'est ce qu'on verra.
Megan avait une grande confiance dans ses capacités à être suffisamment puissante. Elle n'avait pas réfléchi jusqu'alors aux moyens à employer lorsqu'ils auraient trouvé les Horcruxes, mais ce n'était pas un sujet qui l'inquiétait. Elle avait bien d'autres problèmes plus immédiats.
- Est-ce que tu veux que je vienne, oui ou non ?
- Je te l'ai dit, tu fais comme tu veux moi, j'y vais.
- Ça t'arracherait la bouche de me dire que tu as envie que je vienne, hein ? s'agaça Kevan, qui n'aida pas moins Megan à refermer la fermeture éclair de sa robe.
Il passa ses bras autour de sa taille en la serrant contre lui et leva les yeux vers le miroir devant lequel elle se tenait. Ils étaient beaux, même si Kevan ne portait encore qu'un pantalon de jogging.
- Je ne veux pas que tu te sentes obligé, c'est tout, mentit Megan, qui ne voulait pas laisser cette belle image fissurer son cœur de pierre. Tu ne connaitras personne, et c'est un mariage en petit comité. En plus, c'est ton ancien prof.
- C'est aussi le tien, fit remarquer Kevan en respirant l'odeur de ses cheveux.
- Ce sera plein de gens de l'Ordre du Phénix, une super occasion pour une attaque de Mangemorts, c'est dangereux.
- Dans ce cas, je viens. Tu crois que ça pourrait me convaincre de te laisser y aller toute seule, sans déconner ?
- Tu as cinq minutes pour mettre ton costume, alors, parce qu'on y va !
En quittant leur chambre, Megan passa devant celle de Hermione, où sa meilleure amie finissait de se préparer.
- Tu exagères, lui fit-elle remarquer en peignant avec peine ses cheveux bruns ébouriffés, on a rendez-vous à dix-sept heures, on est en avance.
- Jusqu'à ce qu'on soit en retard.
Le trio arriva bien sûr parfaitement à l'heure devant la gare de Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch. Par chance, Kevan avait déjà visité la célèbre petite ville du pays de Galles pendant des vacances en famille, et avait donc pu y emmener Megan et Hermione par transplanage d'escorte.
- On pourrait croire que Tonks nous l'aurait dit, qu'elle avait grandi dans la ville avec le plus long nom d'Europe, commenta Megan en lissant les plis de sa robe tandis qu'ils traversaient la rue principale en tâchant de se fondre au milieu des Moldus malgré leurs tenues de fête.
Il faisait beau et chaud aujourd'hui. Visiblement et par chance, l'influence sinistre des Détraqueurs ne s'étendait pas jusqu'à l'île d'Anglesey.
- Ça lui ressemble, en tout cas, sourit Hermione. On ne la connaît pas depuis si longtemps que ça, je suis sûre qu'on a encore beaucoup de choses à apprendre sur elle !
Elle était de toute évidence surexcitée, et Megan n'arrivait pas à déterminer si c'était la joie de se rendre à un mariage ou de revoir Ron. En tout les cas, Megan était pour sa part ravie que Potter ne soit pas de la partie : personne n'avait voulu prendre le risque de le voir quitter la sûreté que lui offrait le foyer de son oncle et de sa tante pour encore dix jours. McGonagall s'empressa d'ailleurs de les soumettre à des questions de sécurité pour s'assurer qu'ils étaient bien eux-mêmes avant de les laisser traverser le portail qui se dressait devant la maison des Tonks, décorée avec tellement d'enthousiasme que Megan suspecta Ginny de s'en être occupée.
- Mes enfants ! s'écria Molly lorsqu'ils franchirent tous les trois les protections magiques. Enfin !
Des sanglots dans la voix et des larmes dans les yeux, Molly étreignit Megan et Hermione comme si toutes deux revenaient d'entre les morts, puis elle se répandit en excuses devant Kevan en se tamponnant le coin de l'œil avant de manifester toute sa joie de le rencontrer enfin et de le prendre à son tour dans ses bras. En croisant le regard surpris de son petit ami, Megan lui fit un signe vague pour lui dire de ne pas faire attention aux débordements de la matriarche. Elle craignait que Molly ne mette les pieds dans le plat en lui souhaitant la bienvenue dans la famille.
- Maman, laisse-les respirer, suggéra une voix amusée.
Hermione se retourna avec un immense sourire pour voir la longue silhouette dégingandée de Ron approcher. Tous deux étaient toutefois trop mal à l'aise pour manifester ouvertement leur plaisir de se retrouver.
- Ronald, le salua Megan. Je vois que tu as trouvé une autre tenue de soirée que la robe de tante Muriel.
- Va te faire cuire une bouse de dragon, répliqua-t-il en rosissant légèrement sous ses taches de rousseur. Salut, Kevan.
Megan observa avec amusement son meilleur ami faire preuve de toute la contenance et la maturité qu'il pouvait en tendant une main à Kevan. De toute évidence, il essayait de ne pas laisser transparaître qu'il avait toujours été intimidé par l'ancien préfet-en-chef, plus âgé et parfaitement à l'aise et magnifique dans son costume anthracite dont il avait retiré la veste. La présence de Hermione était très certainement la cause de ce soudain besoin de bomber le torse.
- Mais qui voilà donc ! s'exclama une voix sur leur gauche.
- Qui a invité un Serdaigle à ce mariage ? renchérit une autre.
Avec un large sourire, Megan et Kevan se retournèrent pour voir arriver Fred et George, parfaitement identiques et très élégants dans leurs tenues en cuir de dragon. Les jumeaux saluèrent avec enthousiasme leur ami de longue date puis étreignirent chaleureusement Hermione et Megan. Cette dernière nota qu'aucun d'eux n'était accompagné. Alicia et Georges avaient rompu l'année passée, mais de ce que Megan en savait, Angelina et Fred se voyaient toujours régulièrement malgré la nouvelle carrière de joueuse de Quidditch professionnelle de la jeune femme.
Tonks et Lupin n'avaient pas invité beaucoup de monde : les Weasley (hormis Charlie qui était encore en Roumanie, et Percy pour d'évidentes raisons), Fleur, Megan et Hermione, Fol Œil et McGonagall, deux sorciers qui devaient être des collègues de Tonks, et les parents de la mariée. C'était la première fois que Megan les rencontrait, mais elle avait entendu parler d'eux bien souvent dans son enfance : Andromeda était la sœur cadette de Narcissa et Bellatrix, et avait été bannie de la famille lorsqu'elle avait épousé Ted, un né-Moldu. C'était aussi la cousine préférée de Sirius. Sa ressemblance frappante avec Bellatrix fit toutefois manquer un battement au cœur de Megan. Il lui fallut un instant pour remarquer ses cheveux d'un brun plus doux, bien mieux coiffés, et son regard chaleureux, loin de la démence qui brillait dans les yeux de sa sœur aînée.
- Ça va ? s'enquit Kevan, qui avait senti sa petite amie se raidir.
Sans répondre, Megan se présenta poliment à ses hôtes. Andromeda lui adressa un signe de tête appuyé, elle aussi savait parfaitement qui elle était. Son mari, Ted, ressemblait plus à Tonks avec ses cheveux en épis et son visage jovial. Tous deux étaient visiblement aux anges, comme s'ils n'avaient jamais espéré voir leur fille se marier. De toute évidence, ni la condition de loup-garou de leur gendre, ni ses treize ans d'écart avec leur fille ne leur posaient souci.
- Oh, Kevan Garrow, je suis content de vous voir ! s'exclama Remus, que Megan n'avait jamais vu aussi bien habillé.
Il dévalait les marches du perron de la maison avec un sourire radieux sur le visage, retrouvant avec une joie non-dissimulable les invités qui s'étaient réunis devant le portail.
- Professeur Lupin, répondit chaleureusement l'ancien préfet en lui serrant la main.
- Allons, Kevan, je ne suis plus votre professeur depuis bien longtemps, maintenant ! répondit Remus en lui donnant une grande tape sur l'épaule. Megan, ravi de te voir ! Et vous aussi, les garçons ! Oh, Hermione, magnifique comme toujours !
La jeune femme s'empourpra tandis que Ron se mettait à tousser nerveusement. Remus ne s'aperçut de rien, Maugrey Fol Œil venant d'arriver en claudiquant sur sa jambe de bois, avec une chemise sous son gros manteau de cuir et son œil magique bleu et brillant qui tourbillonnait dans son orbite.
- Il est d'une très très bonne humeur, commenta Fred en suivant des yeux le loup-garou.
- C'est un peu le moment ou jamais, fit remarquer Ron.
Lorsque tous les invités se furent salués, Ted les invita à contourner la maison par la gauche pour rejoindre le jardin situé de l'autre côté. Une arche avait été dressée là, tressée de fleurs de saison de toutes les couleurs, et surplombait une petite estrade blanche encombrée de bouquets. Megan ne savait pas que Tonks aimait autant les fleurs. Deux petites rangées de chaises blanches s'alignaient face à l'estrade, encadrant un long tapis rose pâle. Tout en discutant, les invités prirent leurs places, tandis que Remus remontait l'allée pour se tenir sur l'estrade.
- Je n'ai pas encore vu Tonks, fit remarquer George, qui se dévissait le cou pour regarder tous les invités.
- Bien sûr que non, tu la verras seulement au début de la cérémonie, répondit Ginny en levant les yeux au ciel. Tu ne sais pas que ça porte malheur de voir la mariée avant ? Lupin m'a dit qu'ils avaient eu beaucoup de mal à s'organiser depuis hier pour ne pas se croiser avant ce matin !
Ses longs cheveux roux avaient été tressés dans une longue natte qui reposait sur son épaule gauche, contrastant doucement avec le bleu de sa robe. Elle était vraiment belle, et Megan prit tout juste conscience qu'elle n'était plus une petite fille. Même au milieu de l'excitation que lui inspirait visiblement le mariage, il y avait quelque chose dans ses yeux que seuls ceux qui ont vécu la guerre pouvaient comprendre.
Le silence se fit petit à petit lorsqu'une mélodie s'éleva soudain, semblant provenir du sol. La porte de la maison s'ouvrit, et apparut Tonks au bras de son père. Ce jour-là, elle avait des cheveux d'un rose plus éclatant que jamais, identiques à la ceinture de soie qui lui enserrait la taille. Sa robe, blanche, était cintrée du bustier à la taille, puis s'évasait dans une succession de plis en tulle, s'arrêtant au-dessus de ses chevilles pour laisser apparaître ses bottines de cuir. Cramponnée au bras de Ted, elle adressait des signes et des sourires radieux à ses invités en remontant l'allée, agitant son bouquet de fleurs des champs. Au grand étonnement de toute l'assemblée, elle ne trébucha pas une seule fois. Ce ne fut qu'une fois qu'elle eut rejoint Remus sur l'estrade que Megan s'aperçut que Maugrey se tenait là avec eux, et qu'il allait présider la cérémonie.
- Qui a eu l'idée de choisir Fol Œil comme officiant ? chuchota Ron d'un air ahuri.
- Les meilleurs amis de Remus sont morts, lui rappela sombrement Megan, et Tonks et Fol Œil sont très proches depuis sa formation d'Auror. Tu voulais que ce soit qui, Dumbledore ?
Ron se retourna vers l'assemblée sans un mot et serra la main qu'Hermione avait posé sur la sienne. Kevan passa un bras autour des épaules de Megan, se méprenant sur l'origine de sa peine soudaine. Elle se fichait bien que Dumbledore soit mort, elle avait mal au cœur pour Remus. Il avait grandi entouré d'un groupe d'amis solide, avec qui il avait fait les quatre-cent coups à Poudlard, qui avait été présent pour le mariage de Lily et James, et qu'il imaginait retrouver à son propre mariage, même presque vingt ans plus tard. Pourtant, Pettigrew les avait trahis, James et Sirius avaient été tués, et nombre de ses autres amis aussi. Sirius aurait voulu être là. Il aurait présidé la cérémonie, fait beaucoup trop de blagues qui auraient offusqué Molly, et aurait tenu à faire la première danse avec Remus avec la bénédiction de Tonks. Les choses ne se passaient pas comme elles l'auraient dû, et Fol Œil n'avait pas tellement le sens de l'humour. Pourtant, son discours fut très réussi.
- Bonjour à tous, dit-il de sa voix grave, et content de vous voir tous, en vie.
- Ça commence bien, marmonna Kevan.
- Aujourd'hui, Remus et Nymphadora (il s'attira un coup d'œil furibond de la mariée) ont décidé de s'unir par les liens du mariage. Cette union, qui est le fruit d'un travail acharné de cette jeune fille, nous rappelle à tous que notre combat a du sens, et qu'il reste du bon dans ce monde. Bien sûr, ces festivités ne doivent pas nous amener à baisser notre garde ! Mais elles sont l'occasion de célébrer les belles personnes qui nous entourent aujourd'hui. (Il marqua une pause). La véritable aventure de la vie est de ne pas fuir l'engagement, mais de l'oser. Libre est celui qui choisit de faire face à l'Amour et de s'engager sur ce chemin, semé d'embûches, mais où les récompenses surpassent en tous points les obstacles.
- J'aimerais bien savoir où il est allé chercher tout ça, chuchota Megan en se penchant vers Kevan. Si Maugrey Fol Œil a déjà été amoureux d'autre chose que de son métier, je veux bien manger le chapeau de Fudge.
- Comme si tu étais la mieux placée pour donner des conseils sur l'amour, lui répondit le jeune homme sans quitter des yeux les mariés.
- Aujourd'hui, Remus et Nymphadora (nouveau regard noir) choisissent de faire route ensemble, de se battre côte à côte, et nous sommes tous témoins de leur engagement.
Il y eut quelques discours. Andromeda dit quelques mots pour se remémorer l'enfance de sa fille, ses premières métamorphoses, ses nombreuses bourdes, sa formation d'Auror, puis la rencontre inespérée de celui qui, d'après ses propres mots, avait changé sa vie, et leur souhaita le même bonheur que celui qu'elle avait trouvé auprès de Ted. Molly avait les yeux plein de larmes lorsque la sorcière se rassit pour laisser la place à l'un des collègues de Tonks, Hugh Jean, qui fit rire l'assemblée en racontant quelques anecdotes de leurs années passées en tant qu'Aurors.
Megan avait déjà assisté à des mariages de sorciers, aussi ne fut-elle pas surprise, lorsque les discours furent terminés, de voir les mariés se saisir chacun d'une longue bougie, qu'ils allumèrent l'un pour l'autre au grand cierge qui se dressait sur l'estrade, puis se tenir face à face en tenant leur bougie devant eux, le regard plongé dans celui de l'autre, tandis que Fol Œil sortait sa baguette. Il la leva et, dans le même mouvement, les flammes des bougies s'élevèrent.
- Remus John Lupin, acceptes-tu d'être le mari de Nymphadora pour les jours et les années à venir ? T'engages-tu à l'accompagner dans les bonheurs et à la soutenir dans les épreuves, à grandir à ses côtés et à veiller sur elle, jusqu'à ce que la mort vous sépare ?
- Jusqu'à ce que la mort nous sépare.
Les flammes de la bougie de Tonks s'enroulèrent alors autour du poignet de Remus.
- Nymphadora Tonks, acceptes-tu d'être la femme de Remus pour les jours et les années à venir ? T'engages-tu à l'accompagner dans les bonheurs et à le soutenir dans les épreuves, à grandir à ses côtés et à veiller sur lui, jusqu'à ce que la mort vous sépare ?
- Jusqu'à ce que la mort nous sépare, et même après, sourit la jeune femme.
Les flammes de la bougie de Remus s'enroulèrent à leur tour autour du poignet de Tonks, puis crépitèrent en enveloppant leurs deux mains tout entières. Lorsque la vive lumière se dissipa, tous deux portaient une alliance à l'annulaire gauche. Leurs mains se joignirent et ils se retournèrent fièrement vers l'assemblée.
- Nymphadora, Remus, vous êtes désormais unis par les liens du mariage, déclara Fol Œil.
L'assemblée éclata en applaudissements et se levèrent pour célébrer l'événement. La musique s'éleva de nouveau, et tout le monde se retrouva dans le jardin pour le buffet qui avait été préparé par un traiteur moldu local. Tonks irradiait de bonheur, et montrait à tout le monde son alliance.
- Quand tu penses que Remus voulait qu'on se marie en cachette au fin fond de l'Écosse, en prenant deux personnes au hasard dans un pub pour la célébration, riait-elle. Ça aurait été beaucoup moins amusant !
Ce n'était pas surprenant de la part du loup-garou. Ce dernier avait longtemps repoussé les avances de Tonks, comme l'avait si subtilement souligné Fol Œil, effrayé par sa propre condition et refusant de la faire peser sur cette femme qu'il aimait. Mais Tonks avait clairement exposé qu'elle se fichait bien de la maladie de son mari. Megan aurait aimé que les choses soient aussi simples pour elle. Elle chercha du regard Kevan, qui, très à l'aise, discutait avec Bill et Fleur des avantages et des inconvénients d'un mariage en petit comité. Pourvu qu'il ne se sente pas inspiré. Il semblait à peine sensible au charme de la Vélane et adressa un beau sourire à Megan lorsque son regard croisa le sien. La jeune femme inspira profondément pour endiguer le flot d'angoisse qui menaça alors de la submerger. Elle n'aurait jamais dû le laisser venir. Elle allait le rendre tellement malheureux.
