Bonjour,

Cette histoire était écrite depuis un moment mais elle est passée en beta-lecture, ce que je n'avais pas fait depuis une éternité, et elle a été améliorée et rallongée. Merci Morgane pour cette relecture.

C'est donc une histoire finie en 6 chapitres (en plus du prologue) que je vais publier au rythme d'un chapitre par semaine.

Ça me fait plaisir de vous retrouver ici pour ce texte.

Bonne lecture.

Prologue

– Harry ! Harry ! … Mon dieu, Harry !

Le souffle court, les yeux exorbités par la panique, Hermione mit en place tous les sortilèges de protection autour du corps ensanglanté de Harry. Ses mains tremblaient, mais ses gestes étaient sûrs et sa voix aussi ferme que possible. Il faisait froid et nuit. C'était un piège ! Ils étaient tombés dans un piège ! Ce passage à Godric's Hollow avait tourné au cauchemar. Elle y avait longtemps résisté, mais après le départ de Ron, sans aucune piste, elle avait cédé. Et maintenant… Maintenant, Harry était blessé et sa baguette cassée. Hermione réprima un frisson. S'il survivait à cette nuit d'horreur, il allait la tuer.

Sans se rendre compte qu'ils étaient surveillés, Hermione termina les incantations et se jeta aux côtés de Harry pour enchaîner sur les sorts de soin tout en cherchant du dictame dans son sac en perles. Harry avait été mordu par le serpent ! Dans un flash douloureux, elle revit Monsieur Weasley, deux ans plus tôt, dont la blessure n'avait pas cessé de saigner pendant plusieurs semaines. Elle n'avait pas assez de potion de régénération sanguine, elle ne savait pas comment arrêter le venin. Harry était fiévreux et elle n'arrivait pas à faire baisser sa température. Elle refoula les larmes d'impuissance qui menaçaient de s'échapper. Elle devait rester concentrée ! Entre deux formules, elle suppliait Harry de tenir le coup, de rester avec elle, de guérir.

Après une grosse demi-heure à s'acharner sur un Harry inconscient, Hermione se releva, épuisée, et monta la tente pour l'installer dans un lit. Il était loin d'être sauvé, son état n'était même pas stabilisé, mais elle ne pouvait rien faire de plus pour lui. Des larmes silencieuses coulaient sur ses joues quand elle le borda et passa un linge mouillé sur son front brûlant.

Plusieurs jours durant, elle veilla sur Harry. Elle fit tout ce qu'elle pouvait pour tenter de le ramener parmi les vivants. Il était encore brûlant de fièvre, mais les plaies, qui refusaient toujours de se refermer, ne saignaient plus. Peut-être la morsure n'était-elle pas empoisonnée ? Elle voulait y croire. De toute son âme, elle s'accrochait à cet espoir. Un soir, Harry ouvrit les yeux, mais il ne semblait pas voir clair. Son discours n'était pas cohérent quand il accepta de prendre une potion anti-douleur avant de se rendormir, plus serein.

Quelques heures plus tard, il divaguait encore, sa fièvre était remontée et il était secoué de spasmes de douleur. Après plusieurs heures à essayer de le calmer, de l'apaiser, elle s'effondra en pleurs, vaincue par la fatigue accumulée. Elle se sentait démunie et ne savait pas comment sauver Harry. Tous ses sorts de diagnostic, trouvés dans les livres de médicomagie qu'elle avait amenés avec elle, indiquaient que ses organes lâchaient. Il allait mourir et elle ne pourrait rien y faire.

Quand les alarmes lui indiquèrent qu'une présence avait passé ses barrières, elle perdit tout espoir. Elle n'était pas capable de faire face à un nouvel ennemi, elle n'en avait pas la force. Le souffle rauque de Harry l'aida à se reprendre et elle se leva pour aller affronter le danger, baguette au poing. Elle souleva le voile de la tente et se trouva en face d'un homme dont le regard écarlate la fit frissonner. Il n'avait pas l'air agressif. Il se tenait simplement là, sans baguette, et la fixait, immobile. Le corps d'Hermione se couvrit de chair de poule et son instinct l'exhorta à la fuite de manière irrationnelle. Elle mit quelques instants à réaliser que c'était cette immobilité qui la mettait mal à l'aise : il ne respirait même pas. Elle remarqua ensuite la pâleur de sa peau. Il n'était pas humain.

Vampire.

Le mot fusa dans son cerveau et elle était déjà en train de rassembler ses pensées pour trouver les sorts adéquats quand l'homme attrapa son poignet. Sa main était glacée. Elle n'eut pas le temps de réagir, il avait bougé trop vite. La voix profonde l'hypnotisa avant qu'elle n'ait eu le temps de se laisser submerger par la panique.

– Je ne vous veux pas de mal, Mademoiselle. Je souhaite voir le Héros du Monde Sorcier. J'ai une proposition à lui faire.
– Il… il n'est pas conscient, répondit-elle d'une toute petite voix.
– Je sens l'odeur de la mort. Ma proposition doit lui être faite avant qu'il ne soit trop tard.

Elle tremblait. Le vampire venait de confirmer ce qu'elle avait deviné : Harry allait mourir. Que pouvait-elle encore faire dans cette situation ? Vaincue, elle baissa la tête et il passa à côté d'elle. Il entra dans la tente en silence. Hermione s'accorda un instant pour calmer sa respiration. Le vampire n'avait pas donné l'impression de vouloir les tuer. Quand elle se sentit prête à affronter un nouveau coup du sort, elle le suivit. Qu'allait-il proposer à Harry dans l'état où il était ?

L'homme était penché sur Harry, du sang immortel coulait de son poignet pâle aux lèvres sèches de Harry. Elle hoqueta. Ils avaient l'air morts, autant l'un que l'autre. Harry ouvrit difficilement les yeux et son regard s'orienta droit dans celui de l'inconnu. Le vampire prit la parole de sa voix grave.

– Mon sang ne vous tiendra pas conscient bien longtemps. Concentrez-vous. Écoutez moi, Héros du Monde Sorcier.

Les lèvres de Harry s'ouvrirent juste assez pour laisser passer sa langue. Il lécha le sang sur ses lèvres mais fut incapable de prononcer un mot. Pour toute réponse, il se contenta de hocher la tête sans quitter l'inconnu des yeux. Celui-ci attendit un instant avant de parler. Il sondait son regard.

– Je vous propose la vie éternelle. Je ferai de vous mon enfant et je vous formerai.
– … Pour… quoi ? demanda-t-il, la voix rauque.
– Mon peuple ne veut pas intervenir dans cette guerre, mais nous souhaitons votre victoire. Vous seul pouvez le faire. Détruisez le Lord Noir et votre dette sera payée.
– À quoi… sert que vous… interveniez… déjà… mon intention…
– Vous allez mourir, Héros du Monde Sorcier, dans moins d'une semaine. Et tous les efforts de votre amie n'y pourront rien.

Harry ferma les yeux et Hermione cru qu'il s'était évanoui, mais le vampire ne bougea pas. Il lui laissa le temps de comprendre l'implication de ses paroles. Il allait mourir. C'était la fin. Harry fut surpris de ne pas ressentir de panique à cette idée. La mort ne lui faisait pas peur. Au contraire, il aurait pu l'accueillir comme une vieille amie, comme son ancêtre dans le conte. Près de lui, il sentait le vampire en attente et la détresse d'Hermione. Pouvait-il l'abandonner dans cette guerre ? Fuir le combat ? Le prix à payer était énorme. S'il voulait vivre, il devait perdre son humanité. Le sacrifice que lui demandait sa mission dépassait l'entendement et pourtant, il savait qu'il devait le faire. Il n'était pas envisageable de laisser Voldemort contrôler, torturer et détruire le Monde Magique. Il ne trahirait pas ses amis. Une larme coula le long de sa joue quand il plongea son regard vert dans celui si désespéré de Hermione.

– Mione… vif…

Hermione comprit aussitôt à quoi il faisait référence et se précipita vers le petit sac de Harry. Elle en sortit l'objet que Dumbledore lui avait légué. Avec faiblesse, Harry le porta à ses lèvres. Les mots lus et relus apparurent de nouveau.

– Je vais… mourir, murmura-t-il.

Le vif d'or s'ouvrit et une bague apparut. C'était un vieil objet et la pierre sombre était fendue en son milieu. Hermione était ébahie. Elle reconnut l'artefact que Harry lui avait décrit. C'était l'Horcruxe détruit par le Professeur Dumbledore. Ils en avaient longuement discuté et Harry pensait qu'il s'agissait de la Pierre de Résurrection. Comment de tels mots pouvaient être le mot de passe pour y accéder ? Et depuis combien de temps Harry avait-il résolu cette énigme ? La mort de Harry était-elle quelque chose que Dumbledore avait prévu depuis le début ? Était-il censé se sacrifier à ce point ? Hermione pleurait quand Harry commença à faire tourner la pierre entre ses doigts. Un sourire éclaira son regard, mais Hermione ne vit pas les fantômes qu'il avait fait apparaître près de lui. James et Lily Potter ainsi que Sirius Black parlaient à Harry, lui confirmaient leur amour, lui disaient qu'ils étaient fiers de lui.

Harry était ému et pleurait en silence. Il ne parlait pas, n'émettait aucun son. Il se contentait de les écouter en souriant malgré ses larmes. Son regard s'apaisa. Il avait rêvé de leur parler pendant tant d'années, mais aujourd'hui, il n'avait rien à leur dire. Il avait juste besoin de leur soutien et il le recevait sans restriction. Les doigts serrés sur la pierre, il reporta son attention vers le vampire et resta silencieux un long moment avant de lâcher son assentiment dans un souffle.

– D'accord.

Le vampire acquiesça et lui expliqua la transformation et son rituel. Il le prévint qu'il serait alors un non-mort et que l'artefact entre ses mains n'aurait plus d'effet. Le regard de Harry passa sur les ombres de son passé et, avec un sourire serein, il remit la pierre dans son écrin. Il avait fait son choix. Pour une fois, c'était lui qui avait décidé de son destin. Et pour cela, il était reconnaissant envers le vampire. Aux portes de la mort, il se sentait plus fort que jamais, sûr de lui et confiant.

Hermione fut invitée à quitter la tente et elle posa un dernier regard peiné vers Harry avant de sortir.

Une fois seul, le vampire vida Harry de son sang avant de le nourrir du sien. Il répéta l'opération plusieurs fois et quand Harry perdit conscience, son corps était presque exsangue et le vampire épuisé. Il sortit de la tente et croisa le regard perdu de Hermione.

– S'il survit à la nuit, je pourrais continuer le rituel. Ne lui donnez rien à manger ni à boire, aucune potion. Je reviendrai avant le lever du soleil. Priez que sa volonté soit assez forte.

Pendant les heures qui suivirent, Hermione resta près de Harry. Elle avait cessé de pleurer, mais ses mains tremblaient toujours alors qu'elle épongeait son front et caressait ses cheveux tandis que la nuit s'écoulait.

Harry survécut.

Les jours suivants furent éprouvants. Le vampire vint à plusieurs reprises pour échanger son sang avec Harry. Parfois, il ajoutait des chants ou des sorts. Parfois, il discutait avec Hermione. C'est ainsi qu'elle apprit son nom : Cléon. Le troisième matin, après avoir encore renouvelé le sang de Harry et récité d'autres formules, il l'attacha à son lit à l'aide de plusieurs sorts puissants.

– Je vous conseille de rester hors de la tente aujourd'hui, Mademoiselle. Je reviendrai ce soir et le rituel sera terminé. D'ici là, vous n'êtes qu'une proie à ses yeux, alors gardez vos distances.

De fait, quand elle entra chercher à manger ce midi là, il avait l'air enragé, il grognait comme un animal dangereux. D'immenses canines brillaient entre ses lèvres, il haletait et son regard fou la suivit dans chacun de ses gestes. Il était arqué, tendu vers elle et ses poignets tiraient sur les liens pour s'en libérer. Pour la première fois, Hermione eut peur. Peur de Harry et de sa décision. Elle ressortit aussitôt, avec un paquet de gâteaux et un thermos de thé, pour rester, tremblante, à l'entrée de la tente toute la journée. Ron n'était plus là, Harry n'était plus lui-même, ils étaient des fugitifs, les choses pourraient-elles aller mieux un jour ?

Quand Cléon revint ce soir-là, il traînait un prisonnier dans son sillage. Un homme sale au regard dangereux, attaché. Il déposa « son paquet » auprès du lit et Harry se mit à ruer en tous sens. Ses yeux étaient injectés de sang, ses canines dégoulinaient de salive et son corps se tendait vers l'homme à terre. Sous l'injonction de Cléon, Hermione resta loin, de l'autre côté de la tente. Mais elle resta. Elle devait voir, savoir… pour ne jamais se voiler la face sur ce qu'était devenu Harry.

Cléon vida une dernière fois Harry de tout son sang avant de le nourrir à nouveau du sien. Harry avait un peu repris ses esprits, mais la faim était forte et il était focalisé sur la proie au pied du lit. D'un geste ferme, Cléon l'agrippa par les cheveux avant de le détacher. Quand il voulut se jeter sur l'homme, Harry ne sembla pas sentir la douleur dans son cuir chevelu, il exprima par contre sa rage d'être bloqué dans son élan par des grognements bestiaux. Avec calme et fermeté, Cléon le contrôla.

– Reste conscient, fils, tu n'es pas un animal. Cet humain est pour toi. Ta première victime. Tu vas le tuer.

Les mots semblèrent agir sur le cerveau embrouillé de Harry, il musela la bête assoiffée de sang en lui. Tout son être tremblait de désir pour ce corps dont il allait se nourrir, mais la poigne dans ses cheveux l'aidait à garder les pieds sur terre. Les yeux encore un peu vagues de sa folie, il croassa :

– Qui ?
– Un rafleur, un homme qui chasse les sorciers au sang moldu, qui les torture et qui les tue. Un soldat du Mage Noir. Un criminel.

Harry acquiesça, cette proie convenait à ce qu'il lui restait de conscience. Hermione en fut soulagée, même si Harry devenait un tueur, pour l'instant, il avait encore la capacité de différencier le bien du mal. Il ne voyait pas les humains comme tous égaux face à ses crocs.

– Bien, fils. Puisque tu es assez présent pour te préoccuper de la nature de ta proie, écoute moi. Tu vas planter tes crocs en douceur. Si tu lui arraches la moitié de la gorge dans ta folie, il perdra trop de sang, et mourra trop vite. Tu ne seras pas rassasié. Tu ne veux pas ça, n'est-ce pas ?

Un grognement lui répondit et il continua.

– En douceur, avec tendresse, comme si c'était un amant. Et tu bois lentement, tu savoures. Compris?

Harry hocha de la tête et se tendit davantage vers sa proie. Sans totalement relâcher sa prise dans les ses cheveux, Cléon le laissa avancer vers sa victime effrayée et Hermione fut fascinée. Comme conseillé par son créateur, Harry fut doux. Il prit l'homme dans ses bras, dans une étreinte ferme mais délicate, il le serra contre lui et plongea dans son cou pour sentir son odeur, s'en enivrer avant que ses crocs ne s'y enfoncent. L'homme se tendit, un petit cri lui échappa. Harry raffermit sa prise, les yeux clos, alors que le sang envahissait sa bouche. Il prit son temps et but de longues gorgées qui lui arrachaient des gémissements de plaisir. Hermione était captivée par la sensualité du moment, par l'intimité entre les deux hommes, elle trouva ça beau alors qu'elle regardait une mise à mort.

Quand Harry releva la tête; il planta ses yeux verts rougeoyants dans les siens et elle eut un frisson. Mais il lui sourit. Rassasié, il était redevenu lui-même. Cléon lui donna la baguette de sa victime pour remplacer la baguette de Houx détruite.

– Je suis fier de toi, fils. Le plus dur est fait, il ne reste plus qu'à te former. Et pour commencer… Allons chasser !