À une vitesse folle, Chouta gravit plusieurs étages et alla se cacher en-dessous de la tour d'astronomie, s'installant à mi-chemin sur les marches de fer forgé. Là, elle fit jaillir une flamme chaleureuse pour ne pas tomber en hypothermie et lança un sortilège d'accio pour faire venir à elle ses chaussures et son manteau. Dans son esprit, c'était un lieu sûr où personne ne penserait à aller, surtout par cette météo enneigée. C'est dû moins ce qu'elle pensait, jusqu'à ce que la silhouette spectrale du Baron Sanglant n'émerge de nulle part, flottant sur la première marche des escaliers.

- Je veux parler à personne, annonça-t-elle d'une voix ferme. Disparaissez, ce n'est vraiment pas le moment.

Le fantôme s'approcha malgré tout...

- Oh, mon enfant... murmura-t-il. Je l'avais bien dit à Mimi que ce n'était pas une bonne idée de te donner cette clé. Je suis extrêmement fâché, moi qui pensais qu'elle allait m'obéir... Les jeunes fantômes ne comprennent pas toujours l'impact qu'ils peuvent avoir sur les vivants. Rends-la moi, je vais me charger de la remettre à sa place avant que le professeur Rogue remarque sa disparition.

- Allez-vous-en! Insista-t-elle. J'irai en personne lui rendre cette clé. Une petite réunion de famille s'impose.

- Il y a parfois des vérités qu'il vaut mieux ignorer. Laisse-moi effacer ce souvenir de ta mémoire et va plutôt te faire belle pour le Bal de ce soir, dit-il d'une voix enchantée malgré la gravité de la situation, alors que du sang coulait de sa barbe.

- Ne gaspillez par votre énergie, même un lavage de cerveau ne pourrait pas me faire oublier ça. Vous étiez parfaitement au fait, n'est-ce pas? Lança-t-elle.

- C'est exact, admit le fantôme sans la moindre hésitation.

- Depuis quand?

- Je l'ai compris quand il m'a donné l'ordre de venir vérifier votre état tous les jours quand vous aviez été victime de votre sang moldu. Il m'a d'ailleurs beaucoup contrarié en désapprouvant les histoires que je vous racontais. Soit-disant, cela risquait de vous donner encore plus de cauchemars...En même temps, pour qui me prenait-il ? Un baby-sitter ? Non, je suis le grand et terrible Baron Sanglant, moi. Je tranchais des gorges, pas des morceaux de saucissons.

Chouta serra son poing pour essayer de rester calme...

- Sans indiscrétion, vous ne vous êtes pas dit à un moment donné que ce n'était pas juste, que j'aurais peut-être le droit de savoir? Demanda-t-elle d'une voix glaciale.

- Le professeur Rogue est un maître des potions, le directeur des Serpentards, un homme d'affaire et un sacré surdoué, énuméra le Baron Sanglant avec fatalisme. Il a vécu la guerre, sauvé des gens tout en devant en tuer certain.

Je suis navré pour toi, mais quand on est tout cela à fois, on ne peut pas être un père.

- Rassurez-vous, je n'ai aucune envie de lui comme père. Il a bien failli me tuer, il n'y a pas si longtemps que ça...

Ses paroles étaient crispées, elle n'avait toujours pas digéré. Aucun sorciers de sont âge n'est sensé avoir déjà vu son âme sortir de sa bouche puis en revenir.

- Mais il n'empêche qu'il a gâché mon enfance, et il va me le payer! Termina Chouta en se levant. Où est-il?

- Ne va pas le voir, tu ne vas rien en tirer...Hormis encore plus de haine et de colère inutile. Continuez vos aventures chacun de votre côté et faites en sorte que vos chemins ne se croisent plus.

- DITES-MOI OÙ IL EST! CRIA-T-ELLE. SINON, JE LUI DIRAIS QUE C'EST VOUS QUI M'AVEZ DONNÉ CETTE CLÉ.

Qu'on soit mort ou vivant, il ne valait pas mieux être suspecté de vol par Rogue. Poliakoff en était un bel exemple.

- Dans sa chambre. Première étage, aile sud-est, troisième porte dans le coin, répond-t-il froidement, c'est toi qui l'aura voulu, mon enfant...

- Vous voyez, ce n'était pas si compliqué...

La porte de l'appartement de Rogue ne céda pas à un simple Alohomora, ni même aux assauts répétés de ses pieds et de ses mains. Alors qu'elle envisageait de la faire exploser avec un sortilège plus puissant, il ouvrit brutalement la porte. Réveillé en sursaut, ses cheveux en désordre, il se tenait là, torse nu, vêtu d'un pantalon qu'il semblait avoir enfilé à la hâte.

- Qu'est-ce qui vous prend?! Hurla-t-il.

- Rogue, je crois que ceci vous appartient, dit-elle dans le plus grand des calmes en lui tendant la clé.

Elle n'avait plus la patience pour les politesses, et désormais, le titre de "Professeur" ne lui inspirait plus aucun respect. Il resta planté au seuil de sa porte, probablement pour dissimuler son corps à moitié vêtu.

- Comment avez-vous eut ça? vociféra-t-il en vérifiant qu'il s'agissait bien de la clé à laquelle il pensait.

- Laissez-moi rentrer et je vous le dirais.

- Ce sont mes appartements privés, vous n'avez rien à faire ici, dit-il d'une voix menaçante. Les conséquences pourraient être particulièrement graves, surtout pour moi!

Dans la pénombre de l'embrasure de la porte, Chouta ne put s'empêcher de remarquer le chaos qui régnait dans la chambre de Rogue. Des bouteilles vides jonchaient le sol, un matelas dépourvu de toute literie, des cendriers débordant de cigares...Un véritable paradoxe, quand on voit l'ordre et la méticuleusité de sa salle de classe ou de son bureau.

Il était évident que le respect des règles de l'école n'était pas la seule raison pour laquelle il lui interdisait l'entrée.

- C'est qui, le Prince de sang-mêlé? Demanda-t-elle juste pour voir ce qu'il allait lui répondre.

- Vous savez parfaitement de qui il s'agit! S'emporta Rogue. Je présume que vous venez de le découvrir à vos dépens...

Elle vit une fraction de seconde sa marque des ténèbres sur son avant-bras,

avant qu'il ne la cache...L'encre était visible, laissant apparaître nettement la tête de mort et le serpent.

- Et ça ne vous fait rien, de vous dire que vous êtes une parfaite enflure?

Il lui attrapa le bras, aussi fort que se sang ne circulait plus :

- Sincèrement, Byrne, que voulez-vous que cela me fasse? Questionna-t-il de son regard noir.

Pendant quelques secondes, ils se fixèrent dans les yeux, un silence glacial s'installant entre eux.

Certes, Chouta ne s'était pas attendue à être accueillie à bras ouverts. Néanmoins, l'indifférence dont il faisait preuve était presque inhumaine. Ce sorcier semblait dépourvu de toute empathie, de tout sentiment humain. Elle ne voyait qu'une explication à cela : ses origines moldues.

- Vous savez quoi ? Vous avez beau être un grand maître des potions et tout le baratin qui va avec, mais sachez que vous ressemblez plus à un Moldu qu'à un sorcier, déclara Chouta après réflexion. Seuls eux sont capables d'abandonner leurs enfants, c'est un trait de caractère qui leur est propre. Je suppose que c'est encore quelque chose de plus que vous avez hérité de votre père.

- Il suffit, ne parlez pas de mon père! menaça-t-il en serrant davantage son bras, son visage tout près du sien. Comment osez-vous?

- Pourquoi ne m'avoir jamais rien dit?

- Ces raisons m'appartiennent!

- Vous comptiez me le dire quand, si je n'avais pas fait le rapprochement entre vous et le manuel?

- Jamais! Ne faites pas la malheureuse avec quelqu'un comme moi, Byrne. Je puis vous assurer que vous avez eût l'enfance et l'adolescence que je n'ai jamais vécu. Je n'ai aucun compte à vous rendre!

Ils criaient tellement fort que les personnages des tableaux partaient se réfugier dans d'autres cadres...

- Ça je ne crois pas! Je me suis débrouillée seule, par mes propres moyens! Vous ne pouvez même pas vous imaginer dans quels genre de taudis j'ai déjà dormi. Je n'avais même pas un gallion d'or, c'est une chance que Durmstrang finance mes études!

- La chance, dites-vous? Répéta Rogue d'une voix voluptueuse. Pour votre gouverne, je verse la quasi-totalité de mon salaire dans votre chambre forte depuis vos onze ans!

- Vous mentez! Le professeur Karkaroff est riche à foison, c'est lui qui me paye tout.

- Igor est fauché comme un rat, bordel! Toute sa fortune est dans coffre du ministère de la magie, ça la bien aidé à sortir d'Azka...

Rogue se tut brusquement, lâchant rapidement le bras de Chouta, son visage passant de l'indignation à l'agacement. Chouta comprit rapidement la raison de ce changement lorsque, se retournant, elle vit Albus Dumbledore apparaître, vêtu de sa robe de sorcier rouge et or avec un bonnet assortit.