- Nous les Serpentard ne savons vraiment que très peu de choses sur le professeur Rogue, admit Pansy après avoir longuement écouté Chouta. Il y aura au moins un secret, une chose, que je connaisse de sa vie... et sur la tienne.
- Tout le monde a ses secrets, fit remarquer Chouta d'un ton pensif.
- Certains en ont plus que d'autres. Moi, le seul que j'ai, ce sont mes pensées interdites pour toi. Et peut-être aussi ma passion pour les grenouilles toxiques domestiques...
- Les grenouilles sont des êtres vraiment remarquables...Surtout dans une assiette, bien rôties à l'ail, dit Chouta d'une voix amusée. Les elfes de Durmstrang en cuisinent pour Noël...
- Chute, laissez ces pauvre grenouilles en paix. Vous êtes vraiment tous des barbares dans cette école!
Elles se glissèrent enfin sous l'épaisse couverture de velours vert et se tournèrent chacune de leur côté, leurs jeunes visages plongés dans de confortables oreillers.
Le silence enveloppait la salle commune des Serpentard. Les lits autour d'elles étaient vides et, quelques araignées en avaient déjà profitées pour tisser de belles toiles à l'intérieur des moustiquaires de princesse ou entre les barreaux des lits. Une grande Tégénaire avait fait une magnifique toile en forme de flocon de neige...
Devant les fenêtres aux vitraux anciens,
des épais rideaux étaient tirés pour occulter le jour qui brillait dehors. Quelques rayons de soleil hivernal traversaient la couche de tissu pour venir se poser exactement où elles se trouvaient. Le feu crépitait doucement, et les personnages dans les tableaux dormaient. Leurs longues barbes grises ou argentées étaient souillée par la salive qui coulait de leurs bouches...
- Qu'est-ce que tu comptes en faire, de ces pensées que tu as pour moi? Demanda soudainement Chouta après un long moment.
Cette question trottait dans sa tête, elle se demandait s'il existait la moindre chance entre elles. Toutes deux savaient évidemment que cette histoire devra rester secrètes, mais comment gérer tout ce qu'il y avait autour d'elles?
Pansy se tourna lentement pour regarder Chouta dans les yeux avec un air coupable sur le visage :
- T'aimer ça veux aussi dire aimer une partie du professeur Rogue. Maintenant,
quand je te regarde c'est lui que je vois, et je ne peux m'empêcher de me dire qu'il désapprouverait. Il n'aime pas l'amour, quand il vois des couples s'embrasser en publique il leurs lances des maléfices cuisant à tours de bras...
Chouta sourit légèrement et s'approcha pour déposer un baiser tendre sur les lèvres de Pansy.
- Au pire, tu sais quoi? En ce moment même, Rogue n'est pas dans ce dortoir, et il est encore moins dans ce lit avec nous, lui murmura Chouta dans l'oreille d'une voix malicieuse.
Sa remarque ne rassura absolument pas Pansy, cela ne la fit pas rire non plus...Ce fut même l'effet inverse.
- Par Salazar, le professeur Rogue est mon directeur de maison, je te ferais remarquer, vociféra-t-elle. Je n'ai pas le moins du monde l'envie de lui cacher quelque chose d'aussi gros qu'une chaumière.
Les Serpentard avaient tous ce mélange de crainte et d'admiration pour Rogue. Chouta ne voulait pas qu'elle se sente piégée, elle n'avait pas d'autre choix que d'accepter ce que Rogue représentait en tant que directeur de maison.
- Tu voudrais que je lui dise la vérité? Demanda Chouta d'une voix hésitante. Pour toi, je suis prête à le faire. Rogue gardera ça pour lui, ça sera un secret parmis une centaine d'autres qu'il garde en lui. Au pire, il trouvera quelques remarques idiotes à nous faire...
Chouta était simplement prête à tout pour ne pas laisser cette occasion lui échapper...La fille qu'elle convoitait était toutefois tirée de tous les côtés entre ses valeurs, sa famille et l'éducation qu'elle avait reçue.
- Oh, euh... Je sais qu'au moins de contacts tu as avec lui, au mieux tu te portes. Après ce qu'il t'a fait traverser, je ne peux que comprendre. Tu n'as pas à te sacrifier pour moi. Je... j'aimerais être assez courageuse pour lui dire en personne ce que je ressens, mais je ne le suis pas.
- Tu as peur de quoi ? Qu'il te pourrisse tes prochaines années scolaires ? Qu'il t'offre des heures de retenue pour Noël ? demanda Chouta d'une voix sarcastique. Qu'il retire des points à ta maison alors que c'est aussi la sienne ?
Pansy détourna le regard, mordillant sa lèvre inférieure...
- Il sait que je suis déjà promise, dit Pansy d'une voix fataliste. Ce que je fais avec toi, c'est considéré comme un déshonneur...Que pensera-t-il de moi après ça?
- J'irai lui dire, un point c'est tout, trancha Chouta d'une voix non-négociable. Il en pensera ce qu'il en voudra.
Alors qu'elle s'endormait aux côtés de Pansy, des nuages noires la soulevèrent des draps...Son corps était à la fois dans le lit et la fois dans ces nuages flottant...Ceux-ci la menèrent dans un rêve qu'elle ne souhaitait à personne, dans un autre monde...
Dans un tourbillon de vent frais, elle
se retrouva dehors, pieds nus en pleine nuit, devant une vieille maison délabrée.
La toiture était trouée, les fenêtres barricadées de planches en bois. Des plantes et des arbres morts encadraient le jardin...
Dans la neige, un long serpent rempa entre ses deux jambes et se dirigea vers la porte grande ouverte, elle le suivit sans vraiment comprendre pourquoi. Tout contrôle de ses gestes lui échappaient, une force la poussait à avancer alors qu'elle voulait reculer.
Le rez-de-chaussée était plongé dans le noir...Le sol était tapissé de papiers journaux et de vêtements sales...Tout semblait à l'abandon...La peau de ses pieds fut noire de saletés après quelques pas, mais encore une fois, elle ne recula pas pour autant. Un disque était posé sur un lecteur de vinyle, laissant les notes d'une musique classique se diffuser...
Après être passée devant une armoire sur laquelle des tasses de porcelaines étaient posées, elle et le serpent montèrent un escalier en bois aux marches cassées par endroits. Il la mena à une petite pièce froide. Là, le reptile se faufilait jusqu'à un vieux fauteuil tourné vers une cheminée éteinte.
La musique s'arrêta.
Assise sur ce fauteuil, elle aperçut une créature aussi petite qu'un bébé, mais avec un visage mêlant traits humains et serpents. Chouta s'approcha, horrifiée par ce qu'elle voyait. Le serpent s'enroula autour de la créature et, contre toute logique, commença à lui offrir du lait que l'être monstrueux buvait avidement. Une baguette magique blanche comme un os était posée sur un des accoudoirs.
Chouta ne comprenait pas comment un reptile pouvait produire du lait, par Merlin, et puis de toute façon, qu'avait-il de logique dans cette maison?
Soudain, la porte derrière elle claqua. Un homme aux cheveux décoiffés, vêtu d'une veste en cuir, entra précipitamment dans la pièce et se mit à genoux devant la chose.
- Maître, dit-il d'une voix craintive. Poliakoff ne sera plus en mesure de vous fournir du sang de Licorne.
Voldemort resta neutre, bien que Chouta pouvait ressentir un élan de colère monter en lui.
- Il ne le pourra plus...répéta-t-il lentement. POURQUOI?
- Il est mort. Queudver cherche une autre solution...Laissez-moi du temps supplémentaire. Je suis votre dévoué.
Il protégea son visage avec ses mains, comme s'il s'attendait à être attaqué.
- Barty, siffla la créature d'une voix aiguë. Tu es un fidèle disciple, tu n'as rien à craindre de ton maître. Relève-toi.
L'homme obéit rapidement. Chouta était invisible à leurs yeux.
- Le garçon a-t-il des pistes pour sa prochaine épreuve? demanda la créature d'une voix douce mais qui filait quand même la chair de poule. C'est notre seule chance...
Sa voix ressemblait à un murmure de serpent...
- Évidemment, maître. Plus que quelques mois. Je me réjouis déjà de notre succès, répondit-il avec un sourire sinistre.
- Dans ce cas tu as la reconnaissance du Seigneur des Ténèbres. Va maintenant me chercher Queudver pour que je le punisse... Il n'a pas su guider Poliakoff dans sa tâche comme je lui en avais donné l'ordre.
- Vos désirs sont des ordres, dit Barty en se courbant de politesse.
Il passa à travers le corps de Chouta et partit à toute hâte en ayant l'air heureux pour le mauvais sort qui attendait Quedevert...Le serpent avait suivit toute la conversation, Chouta aurait juré qu'il était capable de comprendre les humains...
Chouta descendit jusqu'à la cuisine à toute jambes et se coupa volontairement la main avec un couteau de cuisine rouillé en espérant que ça l'a sorte de ce cauchemars infernale, mais rien n'y fit et la musique classique venait de recommencer de plus belle. La porte du frigo datant des années 50 s'ouvrit et des milliers de mouches-fantôme s'en libérerent...Alors elle courra jusqu'à la porte de sortie, traversa le jardin, mais dès qu'elle arriva aux grilles de la propriété, elle réapparu dans la cave de cette même maison.
Elle refit l'expérience plusieurs fois avant de comprendre que cette maison la retenait prisonnière...
