En passant : C'est adorable, désolée de t'avoir inquiété ! L'irl m'a fait oublié mes devoirs le temps d'un week end ;u;
ET POUR EVITER CA, je pense publier plutôt le lundi dorénavant ! J'allume forcément l'ordi, j'ai un peu plus de chances de me souvenir qu'il faut poster ! Donc, rendez vous lundi avec un nouveau chapitre !
Drago fut légèrement soulagé en constatant qu'un deuxième bol attendait le Survivant sur la table. Il posa le sien à ses côtés.
Un problème, tout de même, ces bols jumeaux : Drago aurait aimé garder le sien, mais si Potter possédait exactement le même, les choses étaient différentes. Il lui faudrait soit voler celui-là aussi, soit abandonner le sien ici, dans un placard, et espérer que Potter les oublie et ne s'en serve jamais.
On entendait l'eau de la douche couler dans la salle de bain.
Drago s'assit sur une chaise et regarda autour de lui. Il y avait eu un effort de fait sur le rangement. Quelques affaires trainaient encore çà et là, mais rien qui ne vienne heurter son amour de l'organisation et de la propreté.
Au bout d'un moment, le bruit des canalisations cessa, et quelques minutes plus tard, un nuage de vapeur, une odeur vaguement végétale et Potter émergèrent de la salle de bain. Un Potter uniquement vêtu d'une serviette autour des hanches et qui se figea, bouche entrouverte, en apercevant son visiteur.
Finalement, un sourire illumina ses traits, et Drago prit conscience de ce qui lui avait échappé quand il avait vu une évolution dans les expressions du Survivant. Pendant des jours, il n'était pas parvenu à mettre le doigt sur ce qui avait changé : Potter souriait désormais réellement, jusqu'aux yeux, jusqu'à la dilatation légère des pupilles qui faisait toute la différence.
« T'es quand-même venu manger avec moi ?
– Non, Potter. Il est hors de question que je ne fasse que gouter à cette chose. Je suis venu voir comment toi, tu t'en sortirais.
– Putain, vu le prix de ce truc, crois-moi que tu vas faire plus qu'y gouter. Je te laisserai pas abandonner ça dans le frigo des Surveillants… » grommela-t-il en s'affalant sur une chaise, puis en saisissant son bol et en y enlevant doucement la fine protection de pellicule plastique qui empêchait le liquide de s'échapper.
Drago le regarda faire, amusé et affligé. Potter n'avait même pas pris le temps de passer un vêtement.
« Tu sais que l'économie est une qualité respectable qui prouve l'intelligence chez les Sorciers les moins fortunés, mais qu'elle devient pingrerie chez ceux qui ont ton compte en banque.
– Et bien ajoute ça à la liste de mes défauts ! »
Les bols étaient accompagnés de cuillères à soupes traditionnelles, assorties et délicates, et Potter s'empara de la sienne qu'il plongea dans la mixture avant de la ramener à son nez pour en humer le contenu. Une petite moue boudeuse déforma ses narines et sa lèvre supérieure, puis il avala le contenu de la cuillère. Il déglutit, fit quelques bruits de bouche comme s'il continuait de gouter les saveurs résiduelles sur sa langue et son palais, puis releva les yeux vers Drago.
« Franchement, ça a juste un goût de bouillon… décréta-t-il.
– Ce n'est pas le goût qui me déplait mais la consistance.
– Bwof, c'est pas comme si… Attends, comment ça, ça te déplait ? »
Il avait rempli une autre cuillère mais s'était stoppé dans son mouvement en posant sa question, et quelques gouttes tombaient lentement sur la table.
« Je n'aime pas ça, expliqua doucement Drago, et c'est pour ça que je n'en mangerai pas.
– Tu rigoles ?! Tu te rends pas compte du mal de Croup que j'ai eu pour te dégoter ça, je crois !
– Je t'avais prévenu, Potter… »
Sa main n'avait toujours pas bougé, et sa bouche articulait dans le vide tandis que ses yeux grands ouverts fixaient Drago sans ciller.
« T'avais dit que ça te ferait plaisir !
– Que tu en ramènes, oui. Pas d'en manger. Ça m'amusait de t'imaginer aller frapper à la porte de chaque restaurant que tu croiserais et échouer. »
Potter semblait partagé entre le choc, l'amusement et la déception. Il n'avait pas remis ses lunettes, et Drago réalisa que celles-ci ne lui allaient pas si mal, au final : Sans, son visage manquait un peu de caractère. Ses cheveux mal coiffés et ses sourcils trop épais cachaient trop ses yeux.
« Je suis tout de même curieux, admit Drago. Tu as vraiment trouvé ça à Londres ?!
– Non, putain, j'ai pas trouvé ça à Londres », explosa finalement Potter en riant. Il se renversa en arrière contre sa chaise et sa passa une main sur le visage jusque dans les cheveux qu'il tirailla sans pitié. « J'ai pris trois Portoloins – non ! Quatre ! – J'ai eu du pot que la Grand-mère de Cho connaissait un mec en Chine dont la nièce avait épousé un type qui… Putain, t'es sérieux ?! J'ai vraiment fait tout ça pour rien ? J'ai dû me racheter un balai à Londres, parce que c'était trop tard pour prendre le ferry ! J'ai tellement transplané que j'ai des crampes dans tout le dos ! Je peux plus tourner la tête ! Et tu vas me dire que t'aimes même pas ça ?! Ça a juste un gout de bouillon !
– C'est gluant, souligna doucement Drago. Ça ne m'étonne pas que tu puisses apprécier.
– Comment ça ?
– Je me souviens que tu étais du genre à aimer le sperme… »
Cette fois, Potter ferma les yeux et son sourire qui ne paraissait pas pouvoir s'élargir davantage y parvint pourtant. Quand il fixa de nouveau Drago, ses pupilles brillaient de larmes de rire.
« Parce que bien sûr, ça, tu t'en rappelles !
– Je suppose que je me souviens de tout ce qui me déplait chez toi, énonça tranquillement Drago.
– Putain… »
Potter secoua la tête, reprit son bol, sa cuillère, et s'affala de nouveau en arrière après avoir levé un genou jusqu'à son torse pour y laisser reposer son coude. Il se mit en engloutir sa soupe comme s'il mourrait de faim, et reprit, entre deux gorgées bruyantes :
« Soit dit en passant, c'est pas des hirondelles mais des martinets.
– Quelle différence ? » demanda Drago en haussant les épaules, nerveux.
Il ne savait pas trop comment réagir à cette nouvelle position. Sans la table entre eux, Nul doute qu'il aurait eu une vue plongeante sur chaque recoin de l'anatomie intime de son vis-à-vis. Soit le but était de le séduire, et c'était affreusement dérangeant en plus d'être incroyablement stupide soit le but était effectivement de le mettre mal à l'aise, et dans ce cas, il était hors de question de réagir.
Pendant ce temps, Potter déblatérait :
« Principalement la forme de la queue, apparemment. Elle est plus fourchue chez les hirondelles. Et le bec est un peu plus long aussi. Chez les martinets, ils sont vraiment mini, mini, mini, comme ça, même pas. Après, y-a des dizaines d'espèces chez l'un comme chez l'autre, alors forcément, tu vas aussi avoir des plumages différents, mais c'est piège. Et sinon, il y a le comportement en vol, mais alors là, il vaut mieux être un spécialiste de la question. Le type m'a dit que le vol des martinets était plus sec et moins acrobatique que celui des hirondelles. Plus proche du batteur que du poursuiveur, tu vois le genre ? »
La soupe, le monologue, le regard dirigé vers son bol… Potter était si inattentif à lui que Drago parvint à se détendre et à se calmer. Il enchaîna sur la grotte qu'il avait visité avec « le type » qui récoltait les nids, le bruit, l'odeur, les milliers de niches dans lesquelles les oiseaux s'activaient…
Quand il eut fini son bol, il désigna celui de Drago et demanda une nouvelle fois :
« T'aimes vraiment pas ça ? »
Drago secoua la tête.
« Putain, tout ça pour un bouillon à la con… »
Potter ôta le film plastique du second bol et recommença à manger en parlant sans discontinuer. Quand il eut fini toute la soupe, il récupéra les dernières traînées translucides sur la céramique et se mit à se sucer les doigts comme un enfant. Soit il adorait ça, soit il mourrait de faim.
« Donc je suis arrivé à Londres, et il n'y avait plus personne sur les docks, j'avais jamais vu ça ! J'ai re-transplané jusque Pré-au-Lard, j'ai cogné à la porte de chez Nimbus comme un débile, et heureusement que je suis Harry Potter, parce que Madame Dewey a fini par m'ouvrir et a accepté de me vendre un balai en urgence en pleine nuit, et enfin, j'ai pu voler jusqu'ici. Faudra que je lui envoie une lettre de remerciements, d'ailleurs. Et voilà tu sais tout. »
Enfin, il releva la tête pour sourire franchement à Drago.
Il était facile à contenter en termes d'interactions sociales :
« Eh bien quelle aventure, énonça sobrement Drago.
– Et tout ça, répéta encore une fois Potter en désignant les bols vides d'un coup de menton, pour un bouillon à la con.
– Je croyais que ma seule présence à ta table suffisait à rendre ton repas agréable ?
– Non, c'est le fait de partager un repas ensemble qui aurait été agréable. Que tu te foutes de ma gueule pendant que je me farcis un bouillon à la con qui m'a couté une fortune, aussi bien en or qu'en énergie, ça, ça n'a rien d'une récompense.
– Ce sera peut-être mieux la semaine prochaine.
– Super. Je n'ai même plus besoin de réclamer les peut-être, ils viennent tout seuls… » fit observer Potter avec un rictus insolent.
Drago se leva, empila les bols l'un sur l'autre et récupéra les cuillères.
« La semaine prochaine », promit-il.
Il se dirigea ensuite vers la cuisine pour y effectuer un peu de vaisselle. Il avait déjà commencé à faire couler l'eau quand il entendit le claquement brutal de la chaise qui se renversait et le cri de Potter :
« Attends ! Quoi ?! » Un bruit de cavalcade succéda à l'exclamation, puis celui d'une respiration à la porte, et enfin : « Tu manges avec moi lundi prochain ?! »
Drago le laisser mariner quelques secondes avant d'affirmer, toujours en lui tournant le dos :
« Bien sûr, Potter. Si tu es capable de m'obéir au doigt et à l'œil, de dépenser tout ton or et toute ton énergie pour moi, et qu'en échange je n'ai à subir qu'un repas par semaine en ta compagnie, je pense qu'on va pouvoir s'arranger. »
La respiration résonna dans son dos tandis qu'il laissait glisser ses doigts sur la porcelaine, savourant les minuscules irrégularités formées par la peinture. C'était un motif délicat et coloré de grues et de montagnes. Drago n'avait qu'une hâte, et c'était d'exposer ces œuvres sur un petit plateau de bambou sur son bureau.
« Je reviens sur ce que j'ai dit : C'était clairement la meilleure soupe de ma vie. »
Drago lui accorda un regard par-dessus son épaule.
Potter n'avait toujours pas passé le moindre vêtement, et il maintenait sa serviette en place d'une main, tandis que la seconde était accrochée au chambranle de la porte. Il se tenait au milieu de l'encadrement, ôtant toute possibilité de fuite à Drago, mais son expression de gamin surexcité laissait deviner que la position n'avait pas été choisie de manière délibérée.
Drago se détourna, s'empara d'un chiffon propre dans le tiroir et essuya délicatement ses trouvailles.
« Que ce soit clair, Potter. Je ne t'accorde rien de plus que ça : Des repas.
– Est-ce que j'ai le droit de profiter de ces repas pour te draguer ?
– Pas si tu espères que je passe un bon moment.
– Je vais me retenir, alors. De toute façon, j'ai pas encore réglé mes problèmes d'agressivité. Je vais… »
Drago lui coupa la parole en se retournant d'un mouvement brusque et en venant lui planter un index entre les côtes :
« Je t'offre une chance, Potter, grinça-t-il. Une seule. Si tu t'avises encore une fois de t'en prendre à moi, je te jure que tu n'auras même pas le temps de le regretter. »
Ils se fixèrent quelques secondes en silence. Drago serrait si fort les dents que sa mâchoire lui faisait mal. Quand il avait levé le bras, la manchette de cuir était apparue entre eux, et la baguette ainsi révélée crépitait et lançait de petites étincelles rouges.
L'éclat joyeux dans les prunelles vertes avait disparu et été remplacé par une expression peinée et sérieuse.
« Tu m'as déjà accordé beaucoup trop de chances, et je les avais pas spécialement méritées. J'ai bien conscience que celle-ci est la dernière. »
