En passant : Merci beaucoup pour cette review et désolée pour les larmes ;u;
J'étais pas sure du tout d'avoir pu transmettre les émotions que je voulais : Moi je trouvais ça triste, mais je sais ce que mes persos ressentent, et retranscrire ça à l'écrit n'est pas évident...

Oznela : Pareil, merci de m'avoir partagé tes émotions, ça me rassure sur mes capacités d'écriture (j'angoissais)
J'aime cette idée des maîtres des animaux et des humains X,D
Ce n'est pas la fin, mais Harry s'est engagé à respecter la décision de Drago, alors tout repose sur cette petite tête de mule...

Guest : Ahaha pour une fois que Drago prend une décision, personne ne le soutient, le paaauuuvre X)


Le lendemain de cette rupture, Drago se félicita d'avoir eu l'idée de passer la nuit dans sa cellule. Nul doute que s'il avait rejoint la fête à la patinoire ou dormi sur place, Granger et Weasley le lui aurait fait payer : Il venait de récupérer Carrow à l'infirmerie et se dirigeait tout de même là-bas pour vérifier la table du petit déjeuner quand Granger le coinça dans un couloir :

« Ça t'amuse de le torturer comme ça ?! Il était méconnaissable hier soir, après t'avoir vu !

– Il faudrait savoir ce que tu veux, Granger, marmonna-t-il en tentant – sans succès – de contourner la Sorcière. Nous avons discuté, comme tu l'avais suggéré, et je lui ai donné une réponse définitive, là aussi comme tu me l'avais demandé. Je pense même que c'était la décision que tu espérais ?

– Pas comme ça ! répondit-elle en croisant les bras et en le toisant. Bon sang, Malfoy, à quel point es-tu sans cœur pour le quitter comme ça ?! Après tout ce qu'il a fait pour toi ?! »

Drago haussa les épaules. Il n'avait pas l'habitude de répondre à ce genre de question rhétorique, et certainement pas l'énergie de s'y forcer un jour comme celui-là.

« Vas-tu me laisser passer, Granger ? Ou comptes-tu me barrer la route encore longtemps ?

– Je pense te barrer la route assez longtemps pour pouvoir te dire le fond de ma pensé, en tout cas ! »

Drago soupira, puis fit demi-tour. Tant pis, il commencerait par vérifier le courrier. Il y avait toujours du travail à faire.

Quand il croisa Wihelma Welbert dans un couloir, elle lui adressa un clin d'œil complice et lui annonça, l'air de rien : « Tu sais, j'ai un peu l'impression que plus rien n'a de sens depuis que j'ai perdu l'amour de ma vie… Je dis pas que t'es en train de faire de faire une bêtise en rompant. Au contraire, même : j'adore le drama. Mais essaye de faire en sorte que ce soit pas trop long. Nos augmentations de salaire dépendent de sa bonne humeur, tu sais. »

Plus tard, ce fut Fleur Delacour qui vint l'interroger, alors qu'il nettoyait le foyer de la cheminée du hall : Puisque le Détraqueur avait été mis hors d'état de nuire, elle ne servirait probablement plus à la livraison de denrées alimentaires par le Ministère, alors il était judicieux de s'en occuper rapidement, pour éviter que les cendres et morceaux de charbon inutiles ne finissent par s'envoler et salir les lieux.

Elle s'assit à ses côtés en faisant voltiger sa robe qui s'étala en corole élégante autour d'elle et lui demanda :

« Est-ce que c'est vrai que tu as quitté Harry ?

– Effectivement », marmonna Drago en admirant sa posture élégante avec une pointe de jalousie. Il ne portait plus son costume de Peau-d'Âne mais avait revêtu la posture de Cendrillon, et il avait du mal à y voir une amélioration.

« Tu sais, dans un couple, c'est normal de se disputer, parfois. Quand on s'aime vraiment, il faut savoir mettre sa fierté de côté, et… »

Drago ne put s'empêcher de sourire en écoutant ses gentilles remontrances. La pauvre n'aurait pas pu être plus éloignée de la réalité. Puisqu'il n'était, selon elle, pas suffisamment attentif, elle termina sa tâche d'un coup de baguette, puis le regarda d'un air sévère.

« Ça t'arrive de te disputer avec Bill ? la taquina Drago en se redressant en en s'essuyant les mains sur les cuisses.

– Ça nous arrive, oui. J'ai mon caractère. Promets-moi que tu vas y réfléchir de nouveau, quand on sera tous partis. Tu sais, en France, on a un proverbe qui dit : Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.

– Et il y a un proverbe anglais qui dit qu'il existe deux choses que même le meilleur artisan au monde ne peut réparer : Les œufs éclos, et les relations brisées. »

A midi, une nouvelle fois, la Patinoire était un peu trop bondée pour que Drago s'y sente suffisamment à l'aise pour manger. Il se faufila discrètement dans la salle de repos des gardiens, et il dénicha le stock aberrant de moutarde et de pastrami que Potter avait utilisé pour le substanter, il y a une éternité de cela. Il prépara deux sandwiches : Un pour lui, et un pour Carrow, et emmena l'homme sur la plage pour manger.

Il perdit d'un coup l'appétit en apercevant de nouveau le Détraqueur emprisonné dans son cercueil de magie, abandonné là comme s'il ne valait plus rien, sans personne pour le surveiller. Il s'approcha et fixa ses mains immobiles et immondes, crispées dans une position de douleur. Ses mains qu'il avait eu tellement envie de toucher, la première fois…

A nouveau, l'envie de le libérer, de lui venir en aide, lui tirailla le ventre.

Aussi, quand Carrow eut terminé son repas et que les albatros se furent chargés du sien, il prit son courage à deux mains pour aller affronter Potter.

·

Quand il pénétra la patinoire, ils étaient tous installés autour de la table, et mangeaient en discutant bruyamment. Le volume sonore baissa pourtant d'un cran quand il apparut, et Drago avala nerveusement sa salive en voyant les visages, parfois souriants, mais le plus souvent accusateurs, qui se levèrent vers lui.

Harry Potter avait bien sur été installé au milieu de la table, et comme toujours, ses amis l'entouraient. Quand Drago croisa son regard, une nouvelle boule de culpabilité et d'angoisse lui obstrua immédiatement la gorge : Le regard du Survivant était si éteint, ses paupières si gonflées…

Ce fut Ginny Weasley qui osa mettre fin au silence pesant qui s'était installé :

« Tu as besoin de quelque chose, Malfoy ?

– Ah… Oui… » hésita-t-il en accordant un instant son attention à la rouquine. Puis ses yeux retournèrent sur Potter, comme aimantés : « Ce n'est rien d'urgent. Quand tu auras fini de manger, je… »

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que Potter avait déjà repoussé sa chaise et s'était levé. Il y eut des réprimandes de la part de Granger et Weasley pour l'enjoindre à prendre son temps ou à laisser Drago « se démerder », mais le Sorcier les ignora en souriant bravement, et rejoignit immédiatement le prisonnier avant de quitter les lieux avec lui.

Drago choisit une salle qui avait été une antichambre et dont le seul meuble était une horloge colossale qui égrenait le temps à l'envers.

« Désolé, marmonna-t-il. J'aurais dû attendre un moment plus propice, pour que ton départ soit moins remarqué.

– T'en fais pas. Je cherchais une excuse pour m'échapper un moment. Tu tombes à pic. »

Même la voix semblait différente de toutes celles qu'il lui connaissait : rauque, basse, désabusée… Drago ne fit aucune réflexion pour enfoncer le clou :

« C'est à propos du Détraqueur. »

D'habitude, la mention d'un ennemi transformait le visage du combattant, mais cette fois-ci, il se contenta d'un hochement de tête lui indiquant de poursuivre.

« Ça fait plusieurs fois que je passe devant, et il n'y a jamais personne pour le garder à l'œil. Ça m'inquiète. Surtout maintenant que vous l'avez ramené à l'intérieur du bouclier.

– Rassure-toi. Le sortilège est puissant : on l'a tissé couche sur couche. Il est incapable de le détruire.

– Lui, peut-être, mais n'importe qui d'humain pourrait… Je ne sais pas. L'un des enfants pourrait être curieux et vouloir y toucher… »

Il observa les aiguilles de l'horloge pour ne pas avoir à affronter plus longtemps l'expression éteinte et fatiguée.

« Ils ne sont pas stupides à ce point, je pense, ricana faiblement Potter. Ne t'inquiète pas. »

Drago prit une grande inspiration avant d'avouer :

« Moi, je pourrais vouloir y toucher. »

Le silence dura un moment avant que :

« Pourquoi tu ferais ça ? »

Drago se mordilla les lèvres sans répondre.

« Est-ce que tu recommences à… »

Drago attendit la fin de la question, mais celle-ci ne vint pas, alors il répondit tout de même :

« Je n'en sais rien. C'est difficile pour moi de juger ce qu'il est normal de penser et… le reste. Mais je sais que… Je sais que je n'ai pas envie de… faire une bêtise… ou de…

– Okay, reprit Potter au bout d'un moment. Je vais en parler à Vissarion. Enfin, pas de ça, mais du fait de mettre quelqu'un pour monter la garde. De toute façon, ça ne devrait plus être très long avant que tout le monde ne s'en aille enfin.

– Quand ? » souffla Drago en soupirant de soulagement, rassuré par l'idée que l'interrogatoire ne durerait pas.

Il abandonna son étude de l'horloge.

Potter s'était adossé au mur, à côté de la porte, et Drago se fit la réflexion qu'il avait peut-être choisi consciemment cet emplacement pour ne pas donner au prisonnier l'impression que la fuite était interdite. Les mains dans les poches indiquaient une attitude désinvolte, mais la tension dans les jambes suggérait que l'appui sur le mur avait davantage pour but de le soulager d'un poids que de se détendre.

« Probablement lundi pour la plupart. On va accompagner l'arrivée et le départ du ferry une nouvelle fois, par acquis de conscience. Ce sera plus agréable pour tout le monde que de repartir en balai. »

Et Potter profiterait du bateau pour aller à Londres. Consulter sa psychologue. Trop tard.

« Et tu penses rentrer seul ?

– Ceux à l'extérieur ne me poseront pas de problème », répondit-il, et Drago crut entendre un vieil écho de son sourire amusé dans sa voix. « Maintenant que celui-là est coincé, quelques Patronus ordinaires devraient suffire à les disperser. Enfin, C'est ce que pensent Vissarion et ses petits savants. Ceci dit, il voudrait faire quelques expériences avant, et à peu près tout le monde est curieux de connaître ses conclusions… D'où le fait que les gens s'attardent un peu. Mais t'inquiètes pas, les choses vont rapidement pouvoir revenir à la normale. Tu n'auras plus à supporter tout ça très longtemps. Peut-être que Ron et Hermione vont rester quelques jours de plus, parce qu'ils veulent pas admettre que je vais bien, mais on va enfin pouvoir lancer ces foutus travaux. »

La remarque amusa Drago. Ces travaux, ils en parlaient pour ainsi dire depuis l'arrivée de Potter à la tête de l'établissement, voici presque trois mois. Il avait toujours entendu dire que les chantiers ne commençaient jamais à l'heure, mais n'aurait pas cru possible que les évènements puissent confirmer l'adage à ce point.

Il vit alors des choses bizarres, beiges, répugnantes, ramper sur le sol. Elles se faufilaient sous la porte pour venir attaquer le Survivant, et il glapit. Potter baissa immédiatement les yeux, écrasa ces immondices d'un coup de talon, puis ouvrit la porte d'un coup et hurla dans le couloir :

« Mais vous me faites chier, sérieux ! Je vous ai DIT que j'étais assez grand pour régler mes problèmes de couple tout seul ! »

Il sortit alors de la pièce en refermant la porte derrière lui, et Drago eut le temps de voir plusieurs têtes rousses reculer nerveusement.

Drago avait supporté pire, dans sa vie, que quelques remarques acerbes, moqueuses ou condescendantes. Il espérait toutefois que les amis de Potter ne s'attarderaient pas trop longtemps : Leur sollicitude excessive ressemblait à une persécution.

·

Il y eut tout de même une intervention qui angoissa Drago comme nulle autre pareille : Le soir venu, alors qu'il venait de raccompagner Carrow à l'infirmerie et qu'il était en route vers sa cellule, il croisa le Surveillant Shesh au détour d'un couloir. La surprise, déjà, le fit sursauter comme une fillette impressionnable, mais il parvint à se reprendre rapidement en constatant l'identité de l'homme.

Shesh était un homme effrayant à cause du piercing répugnant qui lui déformait la bouche et laissait voir les dents inférieures, mais il était loin d'être brutal ou mal-aimable. La première fois où Drago avait été contraint de coucher avec lui, il avait tremblé de tous ses membres, inquiet à l'idée de ce que cet étranger bizarre pourrait exiger de lui, mais l'Inuit s'était contenté de lui apprendre trois ou quatre mots de sa langue maternelle qu'il lui avait demandé de prononcer pendant l'acte. A la fin, il lui avait même servi un verre d'eau et l'avait laissé utiliser sa cabine de douche personnelle. Drago s'était autorisé à lui demander la signification de ces mots la seconde fois qu'il était venu le voir, et avait considéré que ces quelques leçons de vocabulaire valaient paiement pour ses « services » La troisième fois, il n'y avait même pas eut de rapport : Il lui avait demandé de se déshabiller, avait posé sa tête sur ses cuisses, et lui avait fait lire un livre dans la même langue.

Il salua poliment l'homme et lui souhaita une bonne nuit, mais Shesh se permit de l'interroger :

« Est-ce que c'est vrai que c'est fini, entre toi et Monsieur Potter ? »

Drago répondit d'un hochement de tête affirmatif.

« Est-ce que tu vas reprendre tes anciennes activités, dans ce cas ? »

Drago sentit alors ses poils se dresser sur ses bras, un filet de transpiration froide lui couler dans le dos, et les battements de son cœur s'accélérer.

La question n'avait pas été posée sur un ton menaçant, Shesh souriait même aimablement, mais ils étaient seuls, dans un couloir désert, et Drago se rappela d'un coup que sa position ne tenait que grâce au bon vouloir de Harry Potter.

Il se força à répondre, en espérant que sa voix ne tremblerait pas trop :

« Non. Non, c'est fini tout ça.

– Dommage. Si tu changes d'avis, tiens-moi au courant. Je m'inscris en haut de la liste. »

Et puis Shesh lui adressa un clin d'œil et s'éloigna pour regagner son poste.

Drago se précipita dans sa cellule où il eut à peine le temps d'atteindre les toilettes avant d'y vomir le contenu de son estomac. Il se redressa ensuite, s'enveloppa dans sa peau de morse, brulante et à l'odeur de mort, et se coucha en suppliant Merlin de lui laisser au moins quelques jours de répit.