Auteur : Ninaa-san
Genre : Yaoi/Slash, OOC, UA, Drame, Romance et Humour
Couples : OliMar, ça faisait longtemps
Disclaimers :
1. Les personnages appartiennent à JKR. La chanson dont sont extrait des citations ainsi que le titre est Femme Like U de K. Maro (mouais, moi aussi je me sens vieille).
2. Image générée à l'aide de Canva.
Mot de l'auteur : Pas de prétentions, mais une furieuse envie d'écrire qui a donné ça. J'espère que vous êtes prêt pour une plongée dans les années 2000.
L'histoire est intégralement écrite et corrigée, chaque chapitre sera mis en ligne le Samedi aux alentours de 20h.
Kiss kiss.
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Donne-moi ton cœur, baby
Partie I
Le gay-dar
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2005
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Au fil des générations, la boîte de nuit de Pré-au-Lard avait vu passer toutes sortes de jeunes gens. Des hommes, des femmes, tout un panel d'identités. Tous avaient le même objectifs au final : profiter des pistes de danses et des enceintes bruyantes. Qu'importe leur âge, ou orientation, la marée humaine ne ratait jamais le rendez-vous du samedi soir.
- Rhaaaaa, se lamentait Oliver, le front posé sur la table collante que leur petit groupe s'était accaparé.
Habillé dans un costume blanc impeccable imposé pour l'occasion, Harry lui tapota la cuisse avec la patience d'un père qui réconforte son enfant à qui on avait refusé une glace. Il n'était que minuit, et Oliver avait déjà une quantité monstrueuse d'alcool dans le sang.
- Je pense que tu devrais arrêter de boire, fit remarquer son ami-conscience.
- Tu sais ce que moi je veux ? rétorqua Oliver, la voix à moitié étouffée.
- Certainement que tu veux te faire soulev…
- Je veux me faire soulever, putain, cria d'un coup le châtain en se redressant, frappant la table de son poing.
Harry rougit furieusement alors que des têtes se tournaient vers eux, la plupart avec des sourires amusés, d'autres des regards un peu plus prédateurs qui montraient que le message était plutôt bien passé. Un sifflement graveleux fit rire la tablée, mais le brun à lunette doutait que ce soit une bonne idée dans le contexte actuel.
Inarrêtable, Oliver continuait de débiter sa frustration, un nouveau verre dans la main, les joues roses sous les néons. Une goutte de sueur dû à l'ambiance générale perlait de son front, et il l'essuya d'un revers de main.
- Je t'avais dit que faire ton enterrement de vie de garçon ce soir n'était pas une bonne idée, lançait Fred depuis l'autre côté de la table.
- Il est comme ça depuis que Roger l'a largué, appuya son jumeau, George.
D'un geste adroit, Harry intercepta le verre qu'allait ingurgiter Oliver. L'autre se laissa faire en laissant tomber mollement son bras.
- De toute façon, Roger était nul. Trop gnangnan, trop dégoulinant.
- Va faire un tour au Carré Rouge, proposa Fred. Je suis sûr que ta petite annonce a déjà fait son effet.
Pour appuyer ses dires, il désigna la mezzanine qui les surplombait. Harry en frissonna, c'était un endroit où jamais il n'avait mit les pieds, contrairement à Oliver qui y avait ses petites habitudes avant de rencontrer Roger.
Depuis deux ans qu'ils fréquentaient la boîte, le groupe groupe d'amis avait prit ses quartiers toujours au même endroit ; au croisement avec la piste de danse générale, et l'accès menant au Carré Rouge. Il émanait toujours de l'endroit quelque chose de sauvage, et Harry savait ce qui le dérangeait : ça puait le sexe à plein nez.
La boîte savait profiter de son meilleur atout : c'était la seule de la région campagnarde, aussi la politique de la maison était connue de tout les habitués, et la plupart de la fréquentation homosexuelle partait faire ses rencontres au Carré Rouge.
- Mon gay-dar n'a rien détecté d'intéressant, boudait Oliver, le cou pourtant tordu vers la mezzanine.
- Ben je peux te dire que lui, il t'a détecté, réagit Fred en lui enfonçant son coude dans les côtes.
La tête peu convaincue d'Oliver suivit son regard avant de grimacer de dégoût.
- Il doit avoir l'âge de mon père, dégueu.
- Hein ? fit le rouquin en plissant les yeux. Mais non, pas lui ! Là, à gauche. La veste verte.
Les lèvres trempées dans son propre verre, Harry vit Oliver faire un réel effort avant de secouer la tête. Puis, comme un démon, Oliver se leva, et annonça qu'il allait chercher une nouvelle bouteille, débitant que c'était son tour, et après une tape amicale sur le Héros du Jour, Harry, il disparu dans la foule.
Il ne fallu pas plus longtemps pour que Fred sorte un billet de cinq livres sur la table. Tous savaient ce que ça voulait dire.
- Moi je dis qu'il finit au Carré Rouge mais il rentre seul. Il n'est pas d'humeur ce soir.
- Moi je dis qu'il revient avec Roger, contra son jumeau.
Murmure dégoûté autour de la table.
- Quoi ? se défendit George. Il nous a déjà fait le coup l'autre fois qu'ils ont rompu.
Joueur, Harry prit le temps de réfléchir en scrutant la foule des danseurs. Son porte-monnaie ouvert, il fouilla et sorti un billet de dix livres qu'il lissa pensivement.
- Alors Potter, taquina Fred. C'est ton futur mariage qui te rend si joueur ?
- Attendez, je réfléchis.
Avec son inséparable débardeur noir et sa chaîne en argent, Oliver était facilement identifiable d'ordinaire car il finissait toujours par danser quelque part sur une table, peu importe son degré d'alcoolémie. Les lunettes n'eurent pas à chercher longtemps, il était effectivement à l'opposé en train de retirer son débardeur, et Harry voyait déjà le videur foncer sur lui comme un vautour.
- Je parie qu'il se fait jeter dans moins d'une heure.
Le billet fut posé, et le sort décida.
oOo
- Fais chier, renifla Oliver en tentant tant bien que mal d'enfiler sa veste.
Comment Carrow avait-il fait pour l'attraper aussi vite cette fois ? D'ordinaire, Oliver voyait sa tête de rapace depuis son perchoir et arrivait à l'esquiver au moins une fois. Pourtant, il s'était fait attraper fissa par la peau du slip, et jeté devant la boite, dont les portes avaient claqué derrière lui.
L'air était mordant dehors et ses doigts tremblaient en remontant la fermeture éclair de sa veste en cuir. Carrow ne lui avait même pas laissé reprendre son débardeur. Un frisson grêla sa peau et il frotta ses mains pour les réchauffer.
Un rapide coup d'œil à sa montre lui indiqua qu'il était presque une heure. Harry avait dit ne pas vouloir rentrer tard, aussi Oliver se dit que l'attendre était encore tout à fait jouable. En s'étirant à la manière d'un félin, il enfonça ses mains dans les poches et se mit à marcher en direction de la voiture de son meilleur ami.
Ainsi loin de la musique et de l'ambiance générale, l'alcool ainsi que la fatigue le rendaient un peu pataud et il traînait des pieds en maugréant.
Foutu Roger qui avait décidé de mettre un terme à leur relation.
Foutue relation que Roger avait voulue totalement platonique, parce que bon « si ils s'entendaient bien ils verraient qu'ils n'avaient pas besoin de sexe ». Et Oliver qui avait été assez con pour y croire. Il avait serré les dents – et sa ceinture - pour au final découvrir que l'autre préférait être enfilé par le fils du boucher. Vaste blague. « Tu comprends, je préfère arrêter parce que je sens que je veux autre chose ». Oliver allait lui en donner, tiens, autre chose…
- Oliver ! le héla une voix derrière.
Il se tourna à peine pour voir Harry qui trottinait derrière lui, agitant ce qu'il reconnu comme étant son débardeur. Son meilleur ami, éclatant dans son costume immaculé semblait pourtant étriqué dedans, lui donnant une allure de pingouin avec un balais dans le fondement. Oliver ralentit la cadence pour le laisser le rattraper, et Harry passa un bras affectueux autour de ses épaules.
- Carrow est venu nous dire qu'il t'avait jeté, et j'ai trouvé ça près d'une table. Ça sent ta lessive.
Oliver ne put retenir une expression nauséeuse.
- Comment peux-tu sentir des fringues trouvées en boite ?
- Je n'allais pas laisser mon témoin attraper la mort à une semaine de mon mariage, répliqua Harry en examinant le bout de tissu. Quoique vu ce que ça couvre...
Le châtain lui arracha presque le vêtement avant de lui proposer une cigarette. L'ivresse le rendait maladroit et ils longèrent un trottoir si étroit qu'Harry du se reculer pour ne pas finir sur la chaussée. Après quelques jurons, Oliver avait enfin réussi à allumer sa cigarette. Il tira quelques bouffées bienvenues et tendit sa cigarette à Harry qui la refusa poliment. Les deux hommes profitèrent de leur marche avant qu'Oliver ne rompe le silence.
- Je n'arrive pas à croire que tu épouses Malfoy, lâcha-t-il.
Son ami lui offrit un sourire timide en dénouant sa cravate.
- Très honnêtement, moi non plus. Je dois même te dire que j'ai un peu peur.
Il lui fallut à Oliver un certain temps de réflexion avant qu'il ne percute toute l'ampleur de la phrase.
- Oh non, non, non, Potty, commença-t-il.
Il passa à son tour son bras autour des épaules de Harry et le serra aussi fort que sa capacité le lui permettait – pas grand-chose. Les mots avaient du mal à se bousculer dans sa bouche, mais ils vinrent du fond du cœur.
- J'ai toujours pensé que Malfoy était un petit connard prétentieux. Bon, il l'est encore pas mal, mais je le supporte quand il est avec toi. Non, attends...
Il s'arrêta un instant en passant une main fatiguée sur son visage. Punaise, il avait trop bu pour aligner ses idées, c'était malin ça.
- Je trouve que c'est jeune, vingt-cinq ans. Mais je trouve que vous vous complétez très bien. Et vous avez raison de faire cette cérémonie, envers et contre tout. Qui sait, un jour vous serez peut-être réellement mari…
Harry vit une intense réflexion se faire dans ses yeux.
- … et mari ? Tu ne devrais pas avoir peur. Je suis très sérieux quand je te dis que Malfoy pourrait t'offrir le monde.
Oliver était plus ou moins satisfait de sa tirade quand il s'aperçut que sa cigarette s'était transformée en mégot. Il décida de l'écraser sous ses pieds et de profiter de la prochaine une fois rentré chez Harry. De toute façon, la voiture n'était plus très loin dans son souvenir. Ce fut un coup enfoncé dans ses côtes qui le tira de sa rêverie d'un bon matelas chaud.
- Oliver, je crois que ce sont des flics.
Le châtain fit un effort surhumain pour suivre le regard de son ami. Comme un idiot, il n'avait pas pris ses lunettes aussi sa vision de loin n'était pas aussi précise qu'elle le devrait. Les réverbères crachaient leur lumière sur le trottoir mais effectivement, une voiture de patrouille était stationnée sur le bas-côté, apparemment en train de verbaliser un conducteur. Ils étaient deux immenses baraques, dont un à la peau noire, et plus ils s'approchaient, plus Oliver s'appliquait à essayer de les regarder. Pré-au-Lard n'était pas bien grande, aussi les gens se connaissaient vite, mais Oliver n'était pas sûr de reconnaître celui qui remplissait le procès verbal. Par contre, il devait avouer que son uniforme lui faisait un postérieur d'enfer, d'autant qu'il pouvait le deviner.
Le bras de Harry se resserra légèrement autour du sien en une invitation à se faire discret au vu de son état d'ébriété avancé, mais Oliver avait bloqué sur un détail.
Le détail.
Harry resserra sa main un peu plus alors qu'ils se rapprochaient sur le trottoir opposé. Il avait compris.
- N'y pense même pas, menaça son ami-conscience.
Mais déjà, Oliver avait un immense sourire jusqu'aux oreilles, et replaçait ses cheveux en arrière d'un geste automatique. Harry, qui le connaissait par cœur, émit un sifflement désapprobateur.
- Je ressemble à quoi ?
- A un idiot en état d'ivresse sur la voie publique, répliqua Harry en le faisant bifurquer de force. Très mauvaise idée. Très, très mauvaise idée.
oOo
C'était définitivement la pire idée qu'ait pu avoir Oliver.
- Je t'avais dit d'être discret, putain, chuchotait rageusement Harry en se rongeant distraitement un ongle.
- Mon gay-dar ne se trompe jamais, maugréa Oliver sur le même ton.
La mine boudeuse, il fixait l'avant de la voiture dans laquelle ils avaient été embarqués. De temps en temps, les policiers leur jetaient un coup d'œil depuis le rétroviseur comme s'ils étaient des spécimens à étudier. La tête appuyée contre la vitre, Harry maudissait son horoscope en rongeant son ongle. Oliver avait été relégué derrière le conducteur, et Harry avait prit sagement place derrière l'officier à la peau sombre dont il ne souvenait déjà plus du nom.
Ils avaient été à deux doigts de renter en paix. Harry avait compté, à deux voitures exactement, la sienne était garée sagement. Ils n'auraient eu que quoi, une dizaine de pas à faire ? Mais il avait fallu qu'Oliver fasse demi-tour d'un coup et traverse la chaussée, se dégageant de son emprise avec une force qu'Harry avait sous-estimé.
Harry avait voulu le rattraper discrètement, mais déjà le mal était fait car Oliver s'était approché de la voiture de patrouille, les mains dans les poches. Nonchalant, il s'était approché de l'agent chargé des verbalisations, et lorsque Harry avait entendu son fameux « Salut » (celui qui était un peu espiègle, un peu mielleux), il avait su que la soirée allait prendre un autre tournant.
Par dessus son calepin, l'agent l'avait regardé comme s'il était un vulgaire insecte avant de l'ignorer proprement. C'était ce moment qu'avait choisi Harry pour le rejoindre et le tirer par le bras en affichant un sourire gêné.
- Pardonnez-nous, messieurs, je crois qu'il vous a confondu avec quelqu'un autre. On y va, maintenant. On rentre.
Il avait dardé un regard équivoque à Oliver, qui n'avait pas compris pas la perche qu'il lui tendait pour s'échapper. Oliver lui tapotait l'épaule amicalement, et continuait de s'enfoncer. Malgré son sourire avenant, Harry était en train de décéder intérieurement.
- Attends une minute, Harry, je fais connaissance et on y va.
Même à travers ses lunettes pleine de traces, Harry avait vu l'officier poser sur eux un regard perçant qui l'avait fait frémir. Avec son visage aimable comme une porte de prison, c'était une immense armoire à glace et Harry avait frissonné en se disant qu'il pourrait probablement les maîtriser en les prenant chacun sous ses énormes bras comme des sacs de pomme de terre. Mais ça, Oliver ne devait pas l'avoir pris en compte. Le connaissant, il avait seulement du s'arrêter au discret détail de la boucle d'oreille que l'officier arborait sur son lobe droit.
- Circulez.
- Tout de suite, avait acquiescé Harry.
Et Oliver avait dit le mot de trop. En s'accoudant à la voiture de patrouille, il lui avait envoyé un ultime regard taquin suivit d'un :
- Je sais faire un truc super cool avec des menottes, tu veux voir ?
A cet instant précis, Harry avait senti son âme quitter son corps. Un sourcil interrogateur sombre relevé, le policier avait interpellé son collègue.
- Zab, fais-le souffler le temps que je finisse.
Oliver avait perdu son sourire tandis que l'autre gendarme à la peau sombre se présentait à eux avec un éthylotest. Moins de dix minutes plus tard, ils étaient embarqués tout les deux pour état d'ivresse manifeste sur la voie publique.
- Draco va me tuer, murmura Harry en s'attaquant à l'ongle de son autre pouce.
- Hm, il t'aime trop pour ça. En revanche, je sens que mon procès s'annonce terrifiant.
Les joues de son futur témoin étaient moins rouges, mais il baillait fortement. Pourtant, il ne semblait pas se démonter et semblait déterminé à aller au bout de l'objectif qu'il s'était fixé. Harry choisit proprement de l'ignorer, mais il ne put s'empêcher de rouler des yeux quand Oliver se redressa pour s'adresser aux policiers.
- Vous avez des enfants ? Non parce que, je voudrais travailler avec les enfants. J'adore les enfants, vous voyez. Surtout faire des câlins aux petits.
Scandalisé, Harry lui écrasa brutalement le pied dans l'espoir de le faire taire. Depuis le rétroviseur central, l'officier à la peau sombre lança un regard torve à son camarade qui secoua la tête comme s'ils avaient affaire à un débile mental.
- Je pense que tu devrais juste te faire, persifla Harry.
- Je suis célibataire, continuait Oliver.
La voiture s'arrêta si fort qu'Harry eut à peine le réflexe de se rattraper à l'appui-tête du siège devant lui. Le policier brun se tourna vers Oliver et le menaça d'un doigt prometteur de mille souffrance. Son ami se ratatina sur le siège arrière.
- Plus un mot, c'est compris ?
Le châtain hocha vivement la tête et la voiture redémarra, filant au poste. Pendant qu'Oliver maugréait entre ses dents que son gay-dar était probablement foutu, Harry fut presque sûr que le regard sombre du policier était braqué sur lui dans le rétroviseur. Il pariait même que le coin de sa bouche avait tressauté.
oOo
L'immense cuisine de la maison de Harry et Draco était très silencieuse. Seul le bruit des couverts était perceptible ce qui était une bulle plutôt réconfortante pour les deux hommes à la gueule de bois. Oliver engloutit une nouvelle cuillère à soupe de pâtes encore tièdes.
- Je trouve que tu t'en es plutôt bien sorti, commenta Harry après avoir raclé son bol.
- Je crois que je n'ai jamais eu aussi honte de ma vie, contra Oliver.
De l'autre côté de la table, Draco leur lança un regard aussi noir que le café fumant devant lui. Avec application, Oliver le vit tourner une page de son journal puis son index tapota sur la table de l'îlot central où ils étaient installés. Il fallait dire que le blond n'avait pas été très enchanté de devoir récupérer son futur mari ainsi que son témoin au poste de police de la ville une fois leur séjour en cellule de dégrisement terminé. Oliver se rappelait encore comment Harry, dépité, avait composé le numéro de son compagnon quand il avait fallu qu'ils rentrent chez eux. Le brun à lunette avait les épaules si basses qu'Oliver l'avait mentalement comparé à un chien qui savait qu'il avait fait une bêtise.
Quand le blond parla, son ton fit frissonner Oliver comme lorsque son père le réprimandait quand il était plus petit.
- Zabini est un collègue, mais ça ne veut pas dire qu'il y aura une deuxième fois, c'est clair ?
Oliver hocha vivement la tête.
- Oui.
Il avait compris que l'officier à la peau sombre qui les avait fait souffler était une connaissance de Draco. Pour ça au moins, ils avaient eu de la chance. L'autre officier par contre, Oliver ne l'avait pas revu. Il s'en serait souvenu, c'était certain. C'était encore un peu flou, mais l'impression qu'il avait gardé de l'agent qu'il avait abordé était on ne peut plus ancrée en lui. Et ses yeux sombres qui semblaient lire au plus profond de son être. Et bordel, l'uniforme…
Ses yeux pensifs rencontrèrent les prunelles mercure de Draco. Celui-ci le scruta encore un moment, le rendant mal à l'aise. Oliver le connaissait assez pour savoir qu'il cherchait la réponse à une interrogation, mais il se demandait bien laquelle.
- Je suis sérieux, appuya Draco. Que vous ayez été ivres, passe ce n'est pas la première fois. Mais être embarqué pour outrage à un agent de l'ordre…
- … alors ça ne s'est pas passé exactement comme ça, commença à se défendre Oliver, qui avait quand même sa fierté à défendre.
L'orage dans les yeux de Draco l'incita à ne pas en dire plus. Il leva sa cuillère à soupe dans un geste de capitulation et retourna à ses coquillettes au jambon en maugréant.
- … ça reste quelque chose de grave pour tout les deux. Mais toi, siffla Draco en se penchant comme un serpent prêt à mordre. Toi tu n'as tout simplement aucun instinct de préservation. Tes propos sur les enfants auraient pu se retourner contre toi. Une inscription sur ton casier judiciaire, une seule, et c'est finit pour ton avenir professionnel, tu en es conscient ?
- C'est pour ça que tu es le meilleur ? tenta Oliver.
Les yeux gris se plissèrent dans un avertissement silencieux, bien qu'Oliver n'ait jamais été réellement impressionné par cette facette de Draco.
- Bien essayé, mais la flatterie ne te mènera à rien. Tu as été irresponsable comme jamais.
- C'est bon, Draco, intervint Harry. On a compris.
Avec un regard appuyé, Draco lissa soigneusement son journal avant de le replier minutieusement. Durant toute l'opération, son regard était resté braqué sur Oliver, rendant ce dernier mal à l'aise. Harry du s'en rendre compte car à présent ses lunettes faisaient un aller-retour entre les deux hommes, cherchant ce qui était en train de se passer.
- Il y a un truc que tu meurs d'envie de savoir, comprit Oliver en premier.
L'œil du blond se plissa. Il avait vu juste. Oliver posa sa cuillère à soupe et repoussa le bol. Pendant quelques secondes, ils se fixèrent l'un-l'autre jusqu'à ce que Draco craque :
- Comment diable as-tu pu draguer un officier de police ?
- Mon gay-dar ne se trompe jamais, expliqua Oliver, comme si c'était une l'évidence même.
Et oui, ça l'était. Depuis longtemps, Oliver avait su détecter très facilement les personnes du même bord que lui et en avait fait un atout. Et sans se vanter, il n'avait pas souvent eu de mauvais retours… C'était même pour ça qu'il avait insisté, parce que ce n'était pas dans l'ordre des choses qu'il ne plaise pas. Il était le genre de tout de monde, d'habitude. Il savait être charmeur, alors pourquoi ça avait tourné comme ça ?
- C'était irresponsable, répéta Draco en articulant comme s'il parlait à un abruti.
Oliver mourrait d'envie de lui envoyer son poing en plein dans le minois.
- Ça semblait facile, c'est tout. A sa place, j'aurais été flatté.
- Mais tu l'entends ? s'exclama Draco en levant les yeux au ciel. C'est bien ce que je dis, tu n'as aucun instinct de préservation.
Tout ça le dépassait visiblement car il capitula en se levant, argumentant qu'il avait des choses plus importantes à faire. Harry lui caressa le bras et le laissa quitter la cuisine de sa démarches princière tandis qu'Oliver finissait de racler jusqu'à la dernière coquillette. Un silence confortable s'installa.
- Il y avait écrit quoi sur ta contravention ? demanda finalement Oliver après un instant.
Harry la déplia de sa poche et la fit glisser sur la table.
- « Ivresse publique et manifeste », pourquoi ?
Oliver la lui arracha presque des mains pour comparer avec la sienne. Ses yeux scrutèrent chaque détail jusqu'à ce qu'il trouve ce qu'il cherchait. Un sourire satisfait étira ses lèvres.
Oh c'était bon ça. Et trop parfait pour être un hasard.
- On n'a pas la même…
Le regard de Harry se fit pensif.
- Oui, il doit y avoir « outrage à un agent des forces de l'ordre » sur la tienne.
- Je ne te parle pas de ça, souriait Oliver en lui tendant la sienne pour qu'il les compare. Regarde qui a rédigé le procès verbal. Chez toi c'est Zabini, mais pas chez moi.
Le regard de son ami passa d'un papier à l'autre et Oliver su exactement quand la lumière se fit dans la tête du brun à lunettes.
- N'y pense même pas, menaça Harry. Draco va nous tuer.
- Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, chantonna Oliver en s'étirant à la manière d'un chat.
Comme s'il craignait que le plafond lui tombe sur la tête si Draco l'entendait, Harry se pencha gravement sur la table.
- Je pense que c'est un hasard, ils ont du en remplir un chacun.
- Voyez-vous ça. En tout cas le mien à son propre tampon.
Très probablement qu'ils ressemblaient à des gamins sortis de l'école qui faisaient un concours de punition, mais Oliver n'en avait rien à faire. Sa bonne humeur retrouvée, il plia soigneusement sa contravention avant de la glisser dans la poche arrière de son jeans.
- Eh bien, enchanté Monsieur Marcus Flint.
- Draco a raison, soupira Harry. Tu n'as aucun instinct de préservation.
oOo
- Je commence sérieusement à m'inquiéter pour ta santé mentale, commenta Harry.
Il connaissait Oliver depuis plus de dix ans. Ils avaient été ensemble en internat et avaient littéralement grandit ensemble. Aussi, ils en avaient fait des choses plus ou moins stupides. Des sorties nocturnes, des heures de colles, des travaux d'intérêt généraux, bref ils avaient fait toutes sortes de choses plus ou moins raisonnables.
Mais espionner des représentants des forces de l'ordre, ça le dépassait. Et qu'Harry se soit laissé entraîner encore une fois montrait juste que Draco avait raison quand à sa nature facilement manipulable.
- Je pense que Zabini est son coéquipier. Ils sont toujours ensemble.
- Grand bien leur fasse. Les surgelés vont commencer à fondre, fit Harry en faisant semblant de lire la notice du constat présent dans la boîte à gants.
Ils n'étaient réellement pas discrets. Déjà, rien que l'état de la voiture d'Oliver était un appel permanent à un contrôle minutieux. Il faisait jour, aussi ce n'était pas un problème que la Polo n'ait pas de feu nocturnes. C'en était un autre pour le pneu arrière gauche qui était presque lisse, la vitre conducteur qui ne fonctionnait plus, et encore plus le fait qu'il faille passer par le coffre pour la déverrouiller de l'intérieur, mais « Eh, elle démarre très bien », comme disait Oliver.
Quand à savoir ce que faisait Harry garé sur le parking de la supérette, c'était la nouvelle mission d'infiltration que s'était fixée Oliver. N'importe qui serait passé à autre chose, mais pour une raison particulière, la fierté d'Oliver avait été piétinée et il semblait résolu à avoir le dernier mot.
- Je crois que c'est son troisième café, commenta Oliver depuis le siège passager. Ça fait beaucoup, non ?
- Je crois que tu devrais réellement te faire ramoner, laissa échapper Harry en zieutant rapidement par dessus sa lecture du moment.
Pour réponse, Oliver lui flanqua une petite tape sur la cuisse. Ce qui était bien avec le châtain, c'était qu'il ne se vexait jamais réellement.
- J'y travaille, figures-toi. Regarde, ils vont bouger. Si je suis leur emploi du temps, ils vont aller patrouiller près de la piscine.
Dans les faits, Harry avait envie de rouler des yeux mais il devait reconnaître qu'il y avait définitivement quelque chose d'amusant à accompagner Oliver dans son nouvel objectif. Comme s'il ne l'avait pas vu aussi pétillant depuis quelques temps alors oui, il se rendait complice à cent pour cent. Là où Oliver avait été passif et presque éteint avec sa relation avec Roger-le-teubé, il y avait ce petit air joueur à nouveau dans ses yeux et hey, ils étaient jeunes, et n'avaient qu'une vie.
Si la situation avait différente, il aurait réussi à raisonner Oliver, il le savait. Cependant son esprit gardait en mémoire la manière dont les yeux perçants du policier avaient fixé Oliver depuis le rétroviseur. Alors ouais, il y avait peut-être une minuscule chance.
Mais si Draco demandait, Harry n'aurait aucun scrupule à dire qu'Oliver l'avait forcé.
