La communauté se tenait devant un large lac noir et silencieux qui s'étalait devant le pan de montagne. L'eau semblait glaciale, et aucune onde ne troublait sa surface, rendant l'atmosphère oppressante. Les parois rocheuses, sombres et massives, se dressaient devant eux, et Gandalf, en tête, s'approcha du mur lisse et austère.

Il passa sa main le long de la roche, ses yeux scrutant la surface avec intensité. Calion, en retrait, observait la scène avec un sourire discret. Il connaissait bien les portes de la Moria et savait exactement comment les révéler, mais il se contenta de rester en arrière, laissant Gandalf s'interroger.

« Les murs de la Moria, » déclara Gimli avec fierté, sa voix résonnant dans l'air glacial. « Les portes des Nains sont invisibles lorsqu'elles sont closes. »

Gandalf hocha la tête, confirmant les paroles de Gimli. « Oui, et leurs propres maîtres ne peuvent les trouver ni les ouvrir lorsque leur secret est oublié. »

Calion dissimula un sourire amusé, regardant le magicien s'efforcer de percer le mystère. Legolas, lui, observait avec scepticisme, les bras croisés. « Pourquoi cela ne me surprend-il pas ? » murmura-t-il.

Gandalf, restant imperturbable, continua d'examiner le mur. « De l'Ithildin, » déclara-t-il, pointant les lignes argentées qui commençaient à se dessiner sous la lumière de la lune. « Cela ne reflète que la lumière des étoiles et de la lune. »

Les inscriptions se révélèrent lentement, étincelant dans l'obscurité. Gandalf lut à voix haute, sa voix résonnant comme un écho lointain. « Les Portes de Durin, Seigneur de la Moria. Parlez ami et entrez. »

Merry, intrigué, s'avança légèrement. « Et vous comprenez ce que cela veut dire ? » demanda-t-il, l'air perplexe.

« Si vous êtes un ami, vous donnez le mot de passe, et les Portes s'ouvriront, » expliqua Gandalf calmement.

Pippin, scrutant le mur, fronça les sourcils. « Rien ne se passe ! » s'exclama-t-il avec frustration.

Gandalf, légèrement agacé, répliqua d'un ton sec. « Autrefois, je connaissais les incantations dans toutes les langues des Elfes, des Hommes et des Orques. »

Pippin, insistant, demanda : « Alors, qu'allez-vous faire ? »

Gandalf le toisa d'un regard perçant. « Cogner sur les portes avec ta tête, Peregrin Touque. Et si cela ne les fracasse pas, je me concentrerai pour trouver la formule d'ouverture sans que tu me bombardes de questions idiotes ! »

Les autres membres de la communauté échangèrent des sourires amusés, tandis que Calion, toujours en retrait, ne put s'empêcher de laisser échapper un rire discret.

La surface du lac ondula doucement sous l'impact des cailloux lancés par Merry, mais Calion remarqua que, même après que le caillou ait disparu, les ondulations persistaient. Ses yeux se plissèrent, et une impression inquiétante se forma en lui. Boromir et Aragorn, qui observaient également, échangèrent un regard prudent avant que Boromir ne s'avance et interpelle Merry, sa voix ferme : « Cesse de jeter des pierres, il y a peut-être quelque chose de plus dangereux là-dedans. »

Calion, décidant de couper court aux réflexions de Gandalf, se rapprocha discrètement de Frodo et murmura : « Demande à Gandalf comment on dit 'ami' en elfique. »

Frodon hésita, mais son regard croisa celui de Calion, et il se tourna finalement vers Gandalf, sa voix timide brisant le silence : « Gandalf, comment dit-on 'ami' en elfique ? »

Gandalf, surpris par la question, haussa un sourcil mais sourit légèrement en comprenant l'intuition de Frodon. « 'Mellon', » répondit-il simplement.

Aussitôt, les lignes gravées dans la pierre s'illuminèrent d'un éclat argenté, et les portes s'ouvrirent lentement dans un grincement lourd, révélant l'entrée obscure de la Moria. Calion, observant la scène, fit un signe discret de tête, satisfait que sa suggestion ait fonctionné.

Mais alors qu'ils se préparaient à entrer, un bruit sourd se fit entendre derrière eux, provenant du lac. L'eau s'agitait de plus en plus, et les ondulations se transformèrent en vagues menaçantes. Calion se mit en alerte, tirant légèrement sur son épée tandis qu'Aragorn et Boromir se préparaient également.

« Quelque chose s'agite là-dedans, » murmura Boromir, son regard fixé sur le lac.

Soudain, un tentacule surgit du lac, s'enroulant autour de la cheville de Frodon avec une force brutale. Il poussa un cri de panique en sentant la traction irrésistible le tirer vers les eaux sombres. Calion et les autres se précipitèrent, leurs armes dégainées, tentant de trancher les tentacules.

L'atmosphère devint oppressante, et l'air se refroidit brutalement. L'eau du lac se changea en eau glaciale, presque trop intense pour la créature, qui se recroquevilla légèrement, hésitant. Mais elle n'hésita pas longtemps, ne souhaitant pas attendre qu'un autre repas se présente et d'autres tentacules surgirent, cherchant à agripper les compagnons.

« Protégez Frodon ! » cria Aragorn, tranchant un tentacule d'un coup vif.

Gimli, sa hache en main, se précipita également, coupant l'un des membres de la créature. Legolas enchaîna en décochant une flèche qui se planta directement dans l'un des appendices.

Calion se concentra, et l'air devint encore plus glacial autour de lui. Le monstre se rétracta, hésitant sous la sensation de l'eau gelée. Mais ses tentacules, bien qu'entravés par le froid, s'agitaient toujours, tentant de saisir quiconque s'approchait et trainant Frodon dans les airs, toujours suspendu par la cheville.

« Allez, vite ! À l'intérieur ! » cria Gandalf depuis l'entrée de la Moria, sa voix résonnant comme un appel d'urgence. Les hobbits se ruèrent vers la porte, Boromir et Legolas les protégeant, tandis qu'Aragorn et Calion repoussaient les assauts de la créature.

D'un dernier coup d'épée, Calion libéra Frodon avant de se retirer à son tour, laissant le monstre glisser en arrière, encore perturbé par le froid intense. Les hobbits se précipitèrent à l'intérieur, suivis par Boromir et Legolas, tandis que Calion et Aragorn protégeaient leurs arrières, repoussant les derniers assauts de la créature.

« Dépêche-toi, Calion ! » appela Aragorn en tranchant une nouvelle tentacule. Calion lança un dernier regard vers le lac, ses yeux brillants d'une lueur intense, puis se replia rapidement à l'intérieur de la Moria.

La créature, dans un ultime sursaut de rage, se hissa hors du lac. Ses tentacules claquèrent sur le sol, et elle se jeta violemment contre la porte de la Moria. Le bruit assourdissant de l'impact résonna dans la caverne, et les pierres qui formaient l'entrée s'effondrèrent avec fracas, bloquant définitivement le passage derrière la compagnie. La poussière s'éleva, obscurcissant un instant leur vision.

Gandalf se tourna, le visage sombre. « Nous n'avons plus de retour possible, » déclara-t-il, sa voix résonnant dans le silence des mines.

Dans l'obscurité oppressante des mines de la Moria, la lumière du bâton de Gandalf se répandit, révélant peu à peu l'étendue du carnage.

La lumière vacillante du bâton de Gandalf révélait peu à peu l'étendue sombre et lugubre de la Moria, plongeant la compagnie dans une atmosphère de ténèbres oppressantes. Les murs, suintants d'humidité, semblaient respirer une lourdeur séculaire, et l'air était saturé de l'odeur de terre moite, de poussière ancienne, et de quelque chose de plus sombre encore, comme une mort stagnante, enracinée dans chaque pierre.

Partout, des ossements brisés et des armures rouillées émergeaient du sol jonché de débris. Les cadavres des nains et des orcs, figés dans un dernier combat sans fin, rappelaient les tragédies qui s'étaient jouées dans ces galeries, ajoutant à l'oppression ambiante une tristesse lourde et tangible. La mine semblait murmurer les souvenirs des batailles passées, son silence profond et pesant enveloppant la compagnie comme une étreinte glacée.

Gimli, en voyant les dépouilles de ses frères d'armes, s'immobilisa brusquement. Son visage, d'ordinaire marqué par la rudesse et la fierté, était maintenant déformé par le chagrin. Ses yeux brillaient de larmes qu'il retenait avec difficulté, et il baissa la tête en murmurant des mots graves et doux en khuzdul, son poing crispé sur sa hache. Le poids du deuil écrasait sa stature, et même le son des autres voix semblait s'éloigner, respectant ce moment de recueillement.

Aragorn, observant la scène, perçut néanmoins une autre inquiétude et tourna son attention vers Calion. À la lueur vacillante, il remarqua la pâleur inhabituelle de son ami, son regard fuyant et ses traits tirés, comme si quelque chose d'invisible le tourmentait. Aragorn s'approcha, l'inquiétude marquant ses traits. « Calion, tu n'as pas l'air bien... »

Calion inspira lentement, luttant visiblement pour calmer la tension qui s'insinuait en lui. « Ces lieux fermés... » Sa voix, d'ordinaire posée, s'était faite rauque et presque tremblante. « Ils m'étouffent. » Il passa une main nerveuse sur son visage, son regard glissant autour de lui comme pour trouver un échappatoire là où il n'y en avait aucun.

Legolas, qui se tenait à proximité, vint également à ses côtés, son propre visage affichant une réserve empreinte de compassion. « Les mines ne sont pas faites pour ceux qui aiment la forêt et le ciel libre, » dit-il doucement, son ton apaisant contrastant avec l'atmosphère pesante. « Comme toi, je ressens l'oppression de ces murs de pierre. Mais nous sommes ensemble, et la lumière du jour finira par nous retrouver. »

Les paroles de Legolas apportèrent un souffle d'air frais au sein de la mine, une promesse ténue d'espoir. Calion hocha la tête, reconnaissant, mais un éclat de malaise restait dans ses yeux, comme si quelque souvenir ancien s'éveillait en lui, une mémoire lointaine qu'il préférait ne pas affronter ici, dans les ténèbres de la Moria.

Les jours passaient lentement dans l'obscurité de la Moria. Chaque pas résonnait dans l'immensité des salles caverneuses, et l'air lourd portait une odeur de mort et de décomposition qui semblait s'accrocher à la peau. La fatigue et le désespoir imprégnaient la compagnie, mais Calion, en particulier, paraissait accablé.

Il marchait en silence, les traits tirés, restant à l'arrière du groupe. Ses yeux, habituellement vifs, étaient ternes, et il évitait tout contact visuel, perdu dans ses pensées. Il ne mangeait presque plus et repoussait les rations qu'on lui tendait, ses lèvres serrées en une ligne pâle. Lorsqu'ils s'arrêtaient pour de courts moments de repos, il restait à l'écart, les bras croisés, les yeux fixés sur le vide comme s'il cherchait à ignorer les murs de pierre qui l'enfermaient.

Aragorn, attentif à l'état de son compagnon, échangea un regard avec Gandalf lorsque Calion s'éloigna à nouveau du groupe. Ils reculèrent de quelques pas pour parler à voix basse.

« Gandalf, je suis inquiet pour Calion, » commença Aragorn, le regard sombre. « Depuis que nous sommes dans ces mines, il ne parle presque plus, il refuse de manger, et ses forces semblent le quitter. »

Gandalf hocha lentement la tête, observant Calion du coin de l'œil. « L'enfermement pèse sur son esprit, c'est évident. Certains ne supportent pas un tel confinement… mais chez lui, cela semble plus profond. Peut-être y a-t-il des souvenirs enfouis, des choses que nous ignorons encore. »

Aragorn serra les dents, le souci gravé dans ses traits. « Je crains que cela ne le consume avant même que nous ne trouvions une sortie. »

Déterminé à comprendre ce qui tourmentait Calion, Aragorn s'approcha de lui à la prochaine pause, son regard empli de sollicitude. « Tu sembles épuisé, » murmura-t-il d'une voix douce. « Depuis que nous sommes entrés ici, tu n'as presque rien mangé, et je doute que tu aies dormi. Y a-t-il quelque chose… un souvenir, peut-être ? »

Calion se raidit immédiatement, son visage prenant une teinte livide, presque fantomatique. Son regard se perdit dans le vide, et ses doigts tremblèrent légèrement alors qu'il portait une main à sa poitrine comme pour contenir un malaise intérieur.

Aragorn, voyant cette réaction, hésita un instant avant de murmurer, changeant de ton pour éviter de brusquer son ami : « Nous avons tous nos fardeaux. Si ce n'est pas le moment d'en parler, je comprends. »

Il posa brièvement une main réconfortante sur l'épaule de Calion avant de se redresser, impuissant mais compréhensif. En se retournant, il croisa le regard de Gandalf, qui avait observé la scène en silence. Les yeux du magicien exprimaient une inquiétude profonde, mais il se contenta d'un hochement de tête solennel, comme s'il partageait le poids de cette attente.

La compagnie arriva à une bifurcation, un croisement de tunnels plongés dans l'obscurité. Gandalf s'arrêta, observant attentivement les passages devant lui.

« Je ne me souviens pas de cet endroit, » murmura-t-il en scrutant les ombres, sa voix résonnant dans le silence des mines.

Pippin, jetant un regard inquiet autour de lui, chuchota : « Sommes-nous perdus ? »

Merry lui répondit d'un ton rassurant : « Non. »

« J'penses que si, » insista Pippin, mais Merry lui intima de se taire, respectant le moment de réflexion de Gandalf.

Alors que le magicien cherchait à se rappeler le chemin, les membres de la compagnie s'installèrent. Calion, les traits marqués, s'effondra presque sur lui-même, épuisé. Il s'adossa à une paroi froide, ses yeux fixés dans le vide, luttant pour garder sa contenance. Ses mains tremblaient légèrement, et sa respiration était irrégulière.

Frodon, assis à côté de Gandalf, fixait l'obscurité avec inquiétude. Il plissa les yeux, tentant de distinguer une forme mouvante dans les ombres des mines.

« Là en bas, » chuchota-t-il en pointant du doigt, « il y a quelque chose. »

Gandalf hocha la tête, l'air grave. « C'est Gollum. Cela fait maintenant trois jours qu'il nous suit. »

Frodon se redressa légèrement, surpris. « Gollum ? Il s'est échappé des donjons de Barad-Dûr ! »

Gandalf regarda dans la même direction que Frodon, ses traits marqués par l'inquiétude. « Échappé ? Ou relâché ? C'est l'Anneau qui l'a mené jusqu'ici. Il ne se débarrassera jamais de sa dépendance à l'Anneau. Il l'aime et le hait, autant qu'il s'aime et se hait lui-même. La vie de Sméagol est une triste histoire. Avant que l'Anneau ne le trouve, on l'appelait Sméagol, et il a fini par le conduire à la folie. »

Frodon serra les poings, le regard fixé sur la silhouette lointaine. « Quelle pitié que Bilbon ne l'ait pas tué quand il en a eu l'occasion ! »

Gandalf posa une main apaisante sur l'épaule de Frodon. « De la pitié ? Mais c'est cette pitié qui a retenu la main de votre oncle. Nombreux sont les vivants qui mériteraient la mort, et les morts qui mériteraient la vie. Pouvez-vous leur rendre, Frodon ? Alors ne soyez pas trop prompt à dispenser mort et jugement. Même les plus grands sages ne peuvent connaître toutes les fins. Mon cœur me dit que Gollum a encore un rôle à jouer. En bien ou en mal, avant que cette histoire ne se termine. De la pitié de Bilbon peut dépendre le sort de beaucoup. »

Le silence retomba, lourd et pesant. Frodon, les épaules affaissées, soupira profondément. « Je voudrais que l'Anneau ne soit jamais venu à moi. Que rien de tout ceci ne se soit passé. »

Le regard de Gandalf se fit plus doux. « Comme tous ceux qui vivent des heures si sombres, mais ce n'est pas à eux de décider. Tout ce que nous devons décider, c'est que faire du temps qui nous est imparti. Il y a d'autres forces à l'œuvre dans ce monde, à part la volonté du mal. Bilbon a été désigné pour trouver l'Anneau. Et dans ce cas, vous aussi avez été désigné pour le détenir. Et ça, c'est plutôt encourageant. »

Calion, d'habitude si attentif à son environnement, restait perdu dans ses pensées, le regard vide et fixe alors que Gandalf racontait l'histoire de Gollum.

Legolas jetait des coups d'œil discrets vers lui, son inquiétude visible dans son regard perçant. Il se tourna vers Aragorn, cherchant une explication. Aragorn secoua légèrement la tête, l'air désemparé. Il ignorait la nature précise des tourments qui assaillaient son ami, mais il savait que cette obscurité intérieure pesait de plus en plus lourd sur Calion.

Gandalf leva soudainement la tête, humant l'air comme un chien de chasse en quête d'une piste. Il plissa les yeux, concentré, avant de tourner lentement la tête vers le bas des escaliers. « Oh, c'est par ici, » annonça-t-il avec assurance, bien que le doute persistait sur son visage.

Merry, derrière lui, haussa un sourcil. « Ah, ça lui revient ! » lança-t-il, un sourire en coin.

Gandalf, secouant la tête, répondit sans se retourner. « Pas du tout ! Mais l'air est moins nauséabond en bas. Dans le doute, Meriadoc, il faut toujours suivre son flair. »

La compagnie suivit Gandalf, descendant un escalier qui semblait plonger dans les profondeurs de la terre. L'air, devenu un peu plus respirable, leur redonna un léger espoir. Les torches projetèrent des ombres grandioses alors que Gandalf levait son bâton, diffusant une lumière qui révéla un vaste hall.

Les piliers massifs s'élevaient vers le plafond, formant une voûte impressionnante. Des arcs sculptés, couverts de runes naines, témoignaient de la splendeur passée des lieux. Le marbre poli scintillait encore sous la poussière accumulée des siècles, et l'écho de leurs pas résonnait comme un murmure lointain.

« Regardez, » annonça Gandalf en désignant la salle immense. « Le grand royaume de la cité des Nains de Cavenain. »

Les autres membres de la compagnie s'arrêtèrent, ébahis par la grandeur des lieux. Legolas, bien qu'ayant vu de nombreuses merveilles elfiques, observa avec un air d'admiration, ses yeux suivant les lignes de la pierre. Boromir, mains sur les hanches, secoua lentement la tête en signe d'émerveillement.

Sam, quant à lui, regarda autour, les yeux ronds. « Sûr que c'est artistique. Y'a pas d'erreurs ! » lança-t-il, son ton à la fois impressionné et léger, rompant un peu l'atmosphère solennelle.

Calion, malgré l'éclat majestueux du lieu, semblait distant, ses traits marqués par une fatigue qui dépassait celle du voyage. Il se tenait légèrement en retrait, comme si ce spectacle, malgré sa splendeur, ne parvenait pas à le toucher.

Voici une version révisée pour renforcer la tension et l'aura de mystère autour de la peur de Calion :


Alors qu'ils avançaient dans l'immensité du hall, leurs pas résonnaient sur le sol de pierre, s'éteignant dans l'obscurité infinie qui les entourait. Calion se glissa discrètement aux côtés de Gandalf, son visage habituellement impassible marqué par une frayeur presque démente. Ses yeux verts, hantés et fiévreux, scrutaient les ombres des colonnes massives comme s'il s'attendait à voir surgir une présence menaçante.

« Gandalf, il y a quelque chose ici, » murmura-t-il d'une voix tremblante. « Un ancien mal, quelque chose qui ne dort jamais vraiment… »

La tension dans ses mots fit lever un sourcil à Gandalf, qui observa les traits tendus de Calion avec gravité. « Calion, garde ton calme, » dit-il, sa voix douce mais empreinte d'une fermeté rassurante. « Les ruines de la Moria sont pleines de mystères et de vieilles ombres, mais il ne faut pas te laisser envahir par la peur. »

Calion secoua la tête, comme fiévreux, refusant cette simple explication. « Non… ce n'est pas un mystère ordinaire, c'est quelque chose de bien plus sombre… » Il jeta un coup d'œil autour de lui, sondant les ténèbres comme s'il redoutait que l'ombre elle-même prenne forme. « Un fléau de feu… un démon du passé. Je le sens, Gandalf… il est là, quelque part… »

Gandalf resserra sa main sur son bâton et, d'un geste presque imperceptible, abaissa légèrement la voix. Un éclat de vérité, sombre et ancien, passa dans son regard. « Je sais ce que tu crains, Calion, » murmura-t-il. Il marqua une pause, cherchant à capter le regard de son compagnon pour l'apaiser. « Mais nous devons rester calmes. Ces tunnels sont vastes, et il est possible que nous passions sans éveiller ce mal. »

Calion serra les poings, ses phalanges blanchies par l'effort, sa terreur presque palpable. « Ce n'est pas un simple danger, Gandalf, » murmura-t-il d'une voix rauque. « C'est la terreur incarnée… Ce feu… je l'ai déjà vu dévorer des vies, » ajouta-t-il, sa voix se brisant légèrement, son souffle court comme s'il était pourchassé par des souvenirs douloureux.

Gandalf hocha la tête, le visage empreint de compréhension mais également de résolution. « Et pourtant, nous devons continuer, » dit-il d'une voix posée. « Garde la foi, Calion. Tant que nous restons unis, nous avons une chance d'éviter ces ombres. »

Calion prit une profonde inspiration, son regard perdu dans le vide alors qu'il luttait pour apaiser les tourments enfouis qui l'assaillaient.

Ils arrivèrent dans une petite salle reliée au grand hall. Elle était sombre et oppressante, remplie d'une multitude de squelettes éparpillés. Des toiles d'araignée drapaient les recoins, ajoutant une touche macabre à l'atmosphère. La poussière, épaisse, recouvrait les ossements et le sol de pierre froide. Un unique rayon de lumière, perçant l'obscurité depuis une ouverture en hauteur, illuminait la tombe de Balin. Le faisceau de lumière, bien que faible, accentuait la solennité du lieu, plongeant la compagnie dans un silence grave.

Gimli s'avança, ses yeux s'agrandissant en reconnaissant la tombe. « Non ! » cria-t-il, sa voix écho dansant dans les recoins de la salle vide. Il tomba à genoux, la douleur marquant chaque trait de son visage.

Gandalf, le visage sombre, s'approcha de l'autel. Il tira lentement un livre poussiéreux des mains squelettiques d'un nain défunt, adossé à la tombe de Balin. Il tourna les pages jaunies, les lèvres serrées, avant de prononcer d'une voix grave : « Ici gît Balin, fils de Fundin, Seigneur de la Moria. » Le silence qui suivit sembla alourdir l'air déjà chargé de tristesse. « Il est mort. C'est ce que je craignais. »

L'ombre de la mort planait au-dessus de la compagnie, chacun se recueillant dans un respect silencieux. Legolas, les yeux scrutant les recoins obscurs, se pencha vers Aragorn et murmura avec gravité : « Il faut avancer, ne pas s'attarder ici. »

Gandalf, bien que d'accord, continuait de feuilleter le journal, sa voix résonnant dans la salle déserte. « 'Ils ont pris le pont et la deuxième salle. Nous avons barricadé les portes. Les tambours viennent des profondeurs. Nous ne pouvons plus sortir. Une ombre s'avance dans le noir. Nous ne pouvons plus sortir. Ils arrivent…' »

Le poids des mots résonna dans les esprits de tous. Pippin, cependant, s'aventura près d'un puits, fasciné par sa profondeur insondable. Ses doigts glissèrent sur le rebord, effleurant un vieux seau qui bascula, tombant dans les abîmes. Le fracas de la chaîne qui l'accompagnait résonna comme un coup de tonnerre, amplifié par l'écho des murs de la Moria. Le bruit semblait ne jamais s'arrêter, plongeant la compagnie dans une attente tendue.

Gandalf se retourna brusquement, la colère se lisant sur ses traits. « Crétin de Touque ! » s'écria-t-il, ses mots claquant dans l'air comme un fouet. « Jetez-vous dedans la prochaine fois, cela nous débarrassera de votre stupidité ! »

Les visages des hobbits pâlirent sous la réprimande. L'écho du fracas continuait de vibrer, chaque seconde alourdissant la menace pesant sur eux, tandis qu'une tension palpable s'installait, comme si la Moria elle-même retenait son souffle.

Le silence lourd de la salle fut soudain brisé par un bruit sourd, lointain mais terrifiant : des tambours funèbres résonnaient, faisant vibrer les murs de la Moria. La compagnie se tendit, tous les regards se tournèrent vers l'entrée.

Legolas, se penchant prudemment pour regarder par l'ouverture de la porte, murmura d'une voix tendue : « Des orcs… en grand nombre. Et… un troll des cavernes. »

Gandalf réagit immédiatement. « Bloquez l'entrée ! » cria-t-il. Gimli et Boromir se précipitèrent pour barricader la porte avec des débris de bois et des pierres, chacun s'activant pour renforcer la protection. Aragorn se tenait prêt, l'épée en main, surveillant chaque mouvement.

Calion, quant à lui, semblait se ressaisir. L'adrénaline chassait sa pâleur, et il retrouva son calme légendaire. Il serra le pommeau de Calimmacil, ses yeux verts brillaient à nouveau d'une détermination vive. « Préparez-vous à défendre cette place ! » lança-t-il aux autres, sa voix claire résonnant dans la salle.

La compagnie se positionna en cercle autour de Frodon, Gandalf en tête. Aragorn échangea un regard rapide avec Calion, ressentant le retour de l'assurance de son compagnon. Les orcs approchaient, leurs cris gutturaux se mêlant aux battements des tambours. Chacun se tenait prêt, le souffle court, attendant l'assaut inévitable.

Le fracas d'une masse défonçant la porte résonna dans toute la salle, et le troll des cavernes s'avança, écrasant les débris sous ses pas lourds. Derrière lui, une horde d'orcs se rua à l'assaut, leurs cris emplissant l'air. Immédiatement, les membres de la compagnie se mirent en mouvement.

Legolas décocha ses flèches avec précision, abattant orc après orc avant même qu'ils n'atteignent la pièce. Gimli, de son côté, se battait avec sa hache, rugissant de fureur à chaque coup. Gandalf, au centre de la mêlée, utilisait son bâton et son épée pour repousser les ennemis, des ondes d'énergie projetant les orcs en arrière.

Boromir, Aragorn, et Calion, armés de leurs épées, se placèrent en première ligne.

C'était la première fois que Calion déployait Calimmacil au combat, et l'effet fut saisissant. L'épée, noire comme une nuit sans lune, semblait absorber toute la lumière environnante, créant un halo d'obscurité autour de lui. À chaque coup, elle fendait la chair et les os des orcs avec une précision glaciale, laissant derrière elle une traînée de mort. Calion paraissait être la personnification même de la faucheuse.

Ses mouvements étaient fluides, comme une danse macabre. Il tournoyait, esquivant et frappant avec une agilité surnaturelle, son visage figé dans une expression de froide concentration. Ses yeux, habituellement vifs, brillaient maintenant d'une lueur intense, presque inhumaine, comme s'ils captaient la lumière des flammes environnantes pour la transformer en une force sombre. On aurait dit qu'il se laissait guider par une énergie ancienne, quelque chose de plus profond que la simple technique d'épéiste.

À chaque orc qu'il abattait, son visage restait impassible, comme détaché de la violence qui l'entourait. Ses traits, figés dans une concentration implacable, trahissaient à peine la tension de ses muscles. L'air autour de lui semblait vibrer, comme si l'épée elle-même réclamait des vies, et Calion, en parfait accord avec elle, lui offrait tout ce qu'elle demandait.

Il se déplaçait parmi les ennemis comme un spectre, insensible à leurs cris et à leurs assauts désespérés, ses pas légers ne faisant presque aucun bruit sur le sol de pierre. Chaque geste était précis, millimétré, et ses yeux ne quittaient jamais sa cible.

Pour ses compagnons, Calion était une vision à la fois fascinante et effrayante : un guerrier qui semblait avoir transcendé l'humanité, devenu l'incarnation même de la mort.

Les orcs, d'abord audacieux face à la compagnie, commencèrent à ressentir une terreur nouvelle face à Calion. Son épée noire, dansant avec une grâce mortelle, semait un carnage si froid et implacable que même les créatures les plus féroces reculaient instinctivement, évitant son chemin. Les orcs, qui se jetaient auparavant sur lui sans hésitation, commençaient à le contourner, préférant attaquer Aragorn, Boromir ou Legolas, espérant ainsi échapper à sa fureur.

Mais Calion ne laissait aucun répit. Voyant leur recul, il poursuivit sa danse macabre, glissant avec une agilité spectrale parmi les créatures qui tentaient de s'éloigner de lui. Il abattait ceux qui fuyaient, frappant avec une précision chirurgicale, empêchant quiconque de se replier. Son visage restait implacable, son regard fixé, comme s'il traquait inlassablement chaque vie qui osait croiser son chemin.

Pendant ce temps, les hobbits se faufilaient dans les recoins de la salle, cherchant désespérément des endroits pour se protéger des assauts. Merry et Pippin, malgré leur bravoure, tentaient d'éviter les lames des orcs. Sam protégeait Frodon, l'aidant à esquiver les attaques incessantes.

Le combat faisait rage, chaque membre de la communauté luttant pour repousser les vagues d'ennemis. L'air était lourd du fracas des armes et des cris des orcs, et la tension montait alors que le troll, armé de sa masse, avançait encore plus près d'eux.

Frodon cria à l'aide alors que le troll le repérait, brandissant sa massue pour l'écraser. Aragorn s'élança mais fut violemment projeté au sol par le coup puissant du troll, perdant brièvement conscience. Calion, le regard soudain glacial, fixa la créature. Ses yeux verts semblaient presque luire dans la pénombre, une fureur intense y brûlait.

L'air devint soudain étouffant, comme si toute l'atmosphère se resserrait autour de lui. Dans un mouvement spectaculaire, il bondit sur la tombe de Balin avec une agilité surnaturelle, son corps se mouvant avec une grâce redoutable. L'épée noire, brillante d'une aura funèbre, fusa dans un éclair. D'un seul coup précis, il trancha la tête du troll, un jaillissement de sang obscur éclaboussant les pierres environnantes.

Le corps massif de la bête s'effondra lourdement sur le sol dans un bruit sourd. Les orcs, témoins de cette démonstration de puissance, se figèrent d'horreur. Les yeux de Calion, toujours emplis d'une rage implacable, semblaient les transpercer. Pris de panique, les orcs restants se dispersèrent dans toutes les directions, hurlant de terreur devant la fureur qui les poursuivait.

La salle retrouva son calme, le silence pesant n'étant rompu que par l'écho des pas précipités des orcs en fuite, leur clameur disparaissant peu à peu dans les profondeurs des mines. Calion, haletant, se tenait debout au milieu de la pièce, son épée dégoulinant de sang noir, ses yeux toujours fixés sur l'endroit où se tenait le troll quelques instants plus tôt.

La compagnie resta immobile, figée par la démonstration de combat de Calion. Le silence se fit pesant, les visages marqués par la surprise et la crainte. Même Gandalf, Boromir, Gimli et Legolas, habitués aux batailles, semblaient impressionnés.

Dans ce calme soudain, Calion rangea son épée sans un mot et se dirigea immédiatement vers Aragorn, allongé sur le sol. Il s'agenouilla à ses côtés, son visage redevenu plus calme mais inquiet. « Est-ce que ça va ? » murmura-t-il en posant une main sur l'épaule de son ami, le regard scrutateur.

Aragorn cligna des yeux, reprenant lentement ses esprits. « J'ai connu des réveils plus doux, » plaisanta-t-il, grimaçant en se relevant avec l'aide de Calion. « Merci... pour l'aide. »

Calion hocha simplement la tête, le regard fixé sur lui avec une intensité protectrice. Autour d'eux, les membres de la compagnie se remettaient doucement du choc, regardant encore Calion d'un œil empreint de respect et d'interrogation.

La compagnie se précipita hors de la salle en un flot désespéré, leurs pas martelant le sol et résonnant à travers le hall immense. Partout, les orcs émergeaient des ténèbres, descendant du plafond comme des ombres insidieuses et glissant le long des murs. Leur nombre semblait infini, une vague noire déferlant vers eux. Les créatures hurlaient, des armes scintillantes brandies, leurs yeux rougeoyants de rage.

Calion, à l'avant du groupe, tira une nouvelle fois Calimmacil. L'épée, avec son éclat obscur et sa présence oppressante, força quelques orcs à reculer, hésitant à s'approcher de cette lame qui dégageait une aura de mort. Mais malgré la crainte visible sur leurs visages, l'armée ennemie continuait d'affluer, submergeant peu à peu l'espace autour de la compagnie.

Les membres de la communauté, le souffle court et les muscles tendus, se resserrèrent instinctivement en un cercle défensif. Aragorn se posta aux côtés de Calion, son épée prête, tandis que Legolas bandait son arc, les flèches prêtes à fuser. Gimli brandissait sa hache, les yeux flamboyant de défi, et Boromir se tenait prêt, bouclier en avant.

Les hobbits, bien que leur peur soit palpable, serrèrent les dents, essayant de se rendre aussi utiles que possible avec leurs petites lames. Gandalf, au centre, s'appuyait sur son bâton, prêt à invoquer sa magie. Malgré tout, l'espoir d'échapper vivant à cet assaut se faisait mince. L'atmosphère était chargée d'une tension palpable, l'air étouffant et saturé de l'odeur de la sueur et du métal.

Calion, le regard fixe et concentré, fit un pas en avant, prêt à frapper le premier assaillant. L'épée semblait presque vibrer entre ses mains, émanant une puissance froide. Les orcs grognèrent, hésitant à franchir la distance, mais leur nombre écrasant resserrait l'étau autour de la communauté. Le temps sembla s'étirer, chaque membre de la compagnie attendant l'inévitable assaut, luttant intérieurement pour ne pas céder à la terreur.

Le rugissement d'un monstre se fit entendre, déchirant le silence oppressant de la Moria comme un coup de tonnerre. Un cri venu des profondeurs, empli d'une puissance sauvage, résonna dans l'immense hall. Les murs tremblèrent, les échos se répercutant à travers les voûtes comme un grondement sans fin. L'air devint lourd, presque palpable, chargé d'une énergie terrifiante. Ce cri n'était pas seulement un avertissement, c'était une promesse de destruction.

Les membres de la compagnie sentirent un frisson glacé courir sur leur peau, leurs regards trahissant une terreur brute et viscérale. Autour d'eux, les orcs cessèrent soudain tout mouvement, leurs yeux noirs écarquillés de peur. En silence, comme mus par un instinct de survie ancestral, ils se dispersèrent, fuyant à l'aveuglette. Ils escaladèrent les parois, se glissèrent dans les failles, se précipitèrent loin de l'origine du rugissement qui vibrait à travers la pierre.

Calion resta figé, comme paralysé. Ses yeux, habituellement vifs et perçants, étaient désormais voilés d'une terreur qui semblait jaillir du plus profond de son être. Sa main se crispa sur le bras d'Aragorn, la poigne si forte qu'elle lui causait presque de la douleur. Le rugissement, ce son monstrueux et résonnant, n'était pas qu'un simple bruit pour Calion ; il éveillait en lui une peur ancienne, une réminiscence d'horreurs oubliées, d'un monde de flammes et de ténèbres.

« Ce… c'est impossible, » murmura-t-il, sa voix à peine audible, soufflée comme une prière désespérée prise dans le tourbillon de sa panique.

Aragorn, sentant l'urgence, tenta de tirer son compagnon en avant, mais Calion s'agrippait à lui avec une force presque surnaturelle, refusant de bouger, les yeux toujours fixés vers l'ombre menaçante.

Gandalf, plus loin, se retourna brusquement vers eux, ses traits marqués par une inquiétude profonde mais maîtrisée. « Un Balrog, » annonça-t-il d'une voix rauque et ferme, ses mots tranchant le silence comme le coup d'un glas. « Un démon de l'Ancien Monde. »

Boromir, les yeux écarquillés de peur, lança d'une voix tremblante : « Quel est ce maléfice ? »

Gandalf répondit d'un ton grave, le visage tendu. « Un adversaire que vous ne pouvez affronter. Il faut fuir, jusqu'au pont de Khazad-Dûm ! »

Calion, toujours figé, semblait lutter contre des visions qui le retenaient prisonnier, un souvenir terrifiant gravé dans sa mémoire. « Pas encore… » murmura-t-il d'une voix brisée par une panique palpable, ses yeux, perdus dans le passé, révélant des horreurs impossibles à effacer.

Conscient de l'urgence, Aragorn posa une main ferme sur celle de Calion. « Il faut partir, maintenant ! » dit-il, tentant de le ramener à la réalité en le tirant en avant avec force. Calion vacilla, le regard toujours hanté, mais la pression d'Aragorn finit par le ramener assez pour qu'il puisse avancer, les ombres de ses souvenirs toujours lourdes dans son esprit alors qu'ils se précipitaient vers le pont et vers l'inconnu.

Calion, prenant une inspiration difficile, hocha finalement la tête, retrouvant un semblant de lucidité. Tandis que la compagnie se précipitait vers le pont, il s'élança à leur suite, ses yeux toujours hantés mais son corps prêt à survivre.

Alors que la compagnie s'élançait à travers le hall, le rugissement terrifiant du Balrog résonnait dans les entrailles de la montagne, une onde sonore qui fit trembler le sol sous leurs pieds. Devant eux, le monstre apparaissait, gigantesque, une forme de flammes et d'ombre dont les ailes de feu semblaient dévorer l'obscurité. Son corps brûlant éclairait le hall de lueurs rougeoyantes, ses yeux brillants comme deux braises infernales. La chaleur suffocante émanait de lui, rendant l'air presque irrespirable.

Gandalf menait la course, appelant à fuir, ses yeux étincelants de détermination. La panique régnait, les orcs déferlaient des hauteurs, décochant des flèches qui sifflaient à travers l'air. Ils bifurquèrent précipitamment vers un couloir étroit, cherchant désespérément un chemin hors des ténèbres embrasées.

Gimli grogna alors qu'ils couraient : « Ces maudites flèches ! Par la barbe de Durin, on va finir en brochettes ! »

Aragorn hurlait des instructions : « Restez groupés ! Vite, par ici ! »

Calion se tourna brièvement vers Gandalf, le visage crispé. « On ne peut pas les semer ! Le feu est partout ! »

Gandalf, d'une voix forte, répliqua : « Au pont de Khazad-Dûm ! C'est notre seule chance ! Courez, tous ! »

Lorsqu'ils atteignirent l'escalier, Boromir saisit Merry et le lança à l'autre bout avant d'attraper Pippin. « Restez ensemble, mes amis ! »

Gimli sauta de lui-même, mais son pied glissa et il bascula vers le vide. « Par Durin, non ! »

Calion, rapide comme l'éclair, l'attrapa par la barbe. « Pas encore, Gimli ! Accroche-toi ! »

Le nain grogna en se hissant de l'autre côté. « Tu me dois une chope pour cet affront, rôdeur ! »

La terre tremblait de plus en plus, et le feu se rapprochait. Legolas se tourna vers Gandalf. « Il est trop proche, nous n'aurons jamais le temps ! »

Gandalf leva son bâton, une étincelle de détermination dans les yeux. « Nous devons atteindre le pont, c'est notre seul espoir ! Tous en avant ! »

Le pont de Khazad-Dûm s'étirait, étroit et fragile, au-dessus d'un gouffre sans fond, des flammes léchant les parois dans une danse effrayante. La compagnie traversa le pont à toute vitesse, le souffle chaud du Balrog les suivant de près. Mais Gandalf se retourna brusquement, se dressant face à la créature de flammes et de fumée. Il planta fermement son bâton, l'expression résolue.

« Vous ne passerez pas ! » Sa voix résonna, forte et impérieuse, emplie d'un pouvoir ancien. La lueur de son bâton brilla intensément, se dressant comme une barrière face au Balrog.

Frodon cria, désespéré : « Gandalf ! »

D'un ton grave, Gandalf proclama : « Je suis un Serviteur du Feu Secret, détenteur de la flamme d'Anor. Le feu sombre ne vous servira à rien, flamme d'Udûn. Repartez dans l'ombre ! » Ses mots semblaient vibrer dans l'air, la magie crépitant autour de lui.

Le Balrog rugit, déployant ses ailes de fumée. Mais Gandalf frappa le pont de son bâton, et une fissure immense se créa sous les pieds de la créature. Dans un fracas assourdissant, le pont s'effondra, entraînant le Balrog dans l'abîme.

Calion observait la scène, ses yeux verts hantés par un souvenir ancien, comme si la silhouette enflammée du démon l'avait ramené en un lieu qu'il aurait préféré oublier. Une lueur de terreur pure passa sur son visage, et ses doigts se crispèrent autour de son épée, la paume moite et tremblante. Le Balrog éveillait en lui des visions d'horreur, des échos d'un passé qu'il pensait enfoui.

Au bord du gouffre, Gandalf se retourna, pensant avoir vaincu la bête, mais le fouet enflammé jaillit des profondeurs, s'enroulant autour de sa cheville et l'attirant brutalement vers le vide. Luttant de toutes ses forces, il s'agrippa au bord du gouffre, les muscles tendus, chaque fibre de son être cherchant à résister à l'abîme béant.

Le temps sembla se figer alors que Gandalf restait suspendu, ses doigts crispés sur la pierre rugueuse. Une tension écrasante envahit la salle, et la lumière vacillante de son bâton projetait des ombres mouvantes sur les visages figés de la compagnie. Personne n'osait respirer.

Calion, les yeux écarquillés, paraissait figé, comme cloué au sol. Son visage, d'ordinaire impassible, se tordait sous l'effet d'une douleur et d'une terreur intense. C'était comme s'il revivait un cauchemar ancien, chaque souffle lourd d'angoisse. Une sueur froide perlait sur son front, et ses mains tremblaient légèrement. Il désirait ardemment se jeter en avant pour aider Gandalf, mais les tourments de son passé le paralysaient, brouillant sa perception.

« Fuyez, pauvres fous ! » cria Gandalf d'une voix emplie d'une urgence désespérée, et dans un dernier regard résigné, il bascula dans l'abîme.

Frodon hurla dans le silence déchiré : « Noooooon ! »

Aragorn, les traits tirés par la tension, tenta de saisir Calion, qui restait figé, son visage pâle et les yeux rivés sur le vide, perdus dans un autre temps, un autre combat. « Calion, il faut fuir ! »

Les flèches des orcs pleuvaient autour d'eux, ricochant sur la pierre, et Boromir, agrippant fermement Frodon, l'éloigna du bord. « Allons, on doit partir ! » cria-t-il, sa voix couverte par le fracas de la bataille.

Mais Calion restait prisonnier de sa terreur, chaque son, chaque cri semblant lointain, étouffé par le bourdonnement de ses propres pensées. Ce n'est qu'au dernier moment, sous les encouragements insistants d'Aragorn, qu'il parvint à s'arracher à l'emprise de sa peur, se détournant de l'abîme. Alors qu'ils fuyaient, les échos du rugissement du Balrog résonnaient encore dans les profondeurs, et bien que Frodon hurlait toujours de désespoir, pour Calion, tout semblait irréel, comme un souvenir lointain éveillant une douleur qu'il aurait voulu laisser derrière lui.