Écrit par HateWeasel

417. En nage.

Le département de recherche de H.E.L.L.S.I.N.G était presque de l'autre côté de la base, alors Alois et Audrey firent un peu de marche. Le blond ne s'en importunait pas. Ce n'était pas comme s'il pouvait se fatiguer, de toute façon. Il était juste agacé de voir les autres agents les fixer. C'était comme ça à chaque fois. Apparemment, c'était inévitable lorsque l'on était un être surnaturel connu à H.E.L.L.S.I.N.G. "Monstre" était l'insulte par laquelle les soldats aimaient les appeler. Cela donnait un tout autre sens à l'expression "technologie anti-monstre".

Alois passa son badge et ouvrit la porte, trouvant le laboratoire dans son état habituel ; en désordre. C'était toujours un désordre organisé, soi-disant, avec des papiers et des morceaux un peu partout de ce sur quoi l'équipe travaillait. Le Docteur Lovejoy était sur le côté en train de regarder à travers un microscope tout en notant quelque chose tandis que Dafydd et Miranda faisaient ce qu'ils faisaient. Les jeunes chercheurs avaient l'air d'être en pleine dispute, et lorsque la menace et son ami Dieu de la Mort approchèrent, ils découvrirent pourquoi.

- Mais peins-le en noir ! dit le sorcier. Pas besoin d'en faire des caisses !

- Tu ne peux pas prendre la peine de concevoir une version enchantée de gantelets antiparasite et dire "oh, on va juste tout recouvrir en noir" ! répliqua l'Ackerman. En plus, si tu recouvres le plaquage en argent, l'effet sera annulé !

- Non, pas du tout ! C'est le métal en lui-même qui est dangereux ! répondit Dafydd.

- Tu veux réduire la conductivité de la surface du métal contre la peau de parasite ?! demanda Miranda.

- Non !

- Alors n'y touche pas !

- Qu'est-ce que vous faites ? demanda enfin le blond, détournant l'attention des deux chercheurs.

- Dafydd veut foutre en l'air tes gantelets avec une vieille couche de peinture, dit Miranda.

- Ça ne va rien foutre en l'air ! protesta le sorcier.

- Bien sûr que si ! Je croyais que tu étais censé être une sorte de "génie" ? dit brusquement la fille.

- Eh ! Qui a conçu ce truc à la base ?

- Moi, dit Miranda. Les gantelets sont mon idée. Tu as aidé à les renforcer avec ta magie, mais n'essaye pas de me voler mon travail.

- Euh... Je... dit le sorcier en se grattant l'arrière de la nuque.

Les autres garçons rirent.

- Merde, Daffs, tu t'es fait allumé, dit Audrey, attirant l'attention de l'Ackerman.

La fille le regarda d'un air confus un instant, avant de réaliser quelque chose.

- Tu es... Audrey, c'est ça ? demanda-t-elle. De l'anniversaire d'Alois ?

- Ouais ; tu es Miranda, non ? demanda le Dieu de la Mort.

- Oh mon Dieu, je ne t'avais pas reconnu ! dit Miranda.

Le garçon avait coupé ses cheveux, comme devaient le faire tous les soldats, dévoilant le reste de son visage. Dès que la fille le vit, elle fut inarrêtable.

- Des yeux de Dieu de la Mort ! s'écria-t-elle en mettant ses mains de chaque côtés de la tête du garçon, l'envoyant presque dans un état de panique. Des iris jaunes et verts ! Aha ! Tu es vraiment un Dieu de la Mort, alors ? Je n'ai jamais vu des yeux pareils en personne ! Merci, Jésus !

- Qu-Quo... ?fut tout ce que le pauvre Baines réussit à prononcer.

Cela sembla suffire à ramener Miranda à la réalité, cependant, alors qu'elle devint rouge comme une tomate.

- Je suis vraiment désolée ! dit-elle en relâchant le garçon. Je me suis emportée ! Ça m'arrive, parfois, quand on parle de surnaturel... C'est une bonne chose pour la recherche, mais je suis désolée si je t'ai mis mal à l'aise. Ça ne recommencera plus. C'est juste qu'ils sont tellement cool...

- Mes yeux sont... "cool" ? demanda Audrey tandis qu'un rougissement se formait sur son visage.

Il avait toujours recouvert ses yeux avec ses cheveux parce qu'on s'en moquait constamment à l'école, lorsqu'il était plus jeune. Il n'avait jamais rencontré qui que ce soit qui les mette sur un tel piédestal, auparavant ; et encore moins une fille. En parlant d'yeux, les deux autres garçons levèrent les leurs au ciel.

- Mais putain, prenez une chambre, tous les deux... lança Dafydd en faisant signe au Macken de le suivre.

Alois le fit et il fut mené jusqu'à une table. Une fois que Dafydd eut retiré quelques objets, il trouva une paire de gantelets qui y était posée.

Ils étaient en argent, avec d'autres types de métaux plus flexibles utilisés durant leur élaboration. Ils étaient presque "jolis" avec leur décoration extérieure en nœud Celtique. Il y en avait deux, cette fois, un pour chaque main, rien à voir avec le gantelet seul que le démon avait eu la première fois. Alois passa son doigt sur la finition brillante, prenant un instant pour l'admirer. Pourquoi est-ce que Dafydd tenait tant à tout recouvrir, le blond ne le comprendrait jamais.

- Jarnglofar MK II, dit le sorcier. L'argent est toxique pour la plupart des créatures surnaturelles, et ils peuvent supporter jusqu'à huit tonnes ; le double de ce que tu peux porter.

- Tu penses qu'ils peuvent tenir contre des démones complètement tarées ? demanda Alois.

- J'en suis sûr et certain, répondit Dafydd. Tu devrais aussi quand même pouvoir te servir de ton pistolet avec.

Alois prit le gantelet de droite pour le mettre sur sa main. Il ferma et rouvrit son poing à plusieurs reprises, s'habituant à la sensation. Cela avait l'air un peu plus étroit que le premier, mais au moins c'était confortable. Il se mit à chercher dans sa veste et sortit Kaspar de son étui. Effectivement, il était toujours en mesure de bien le tenir et facilement avoir accès à la gâchette.

- Sympa, dit la menace.

Il mourrait presque d'envie de frapper quelque chose avec.

Il avait un nouveau jouet et sa cible en vue. Maintenant, tout ce qu'il avait à faire était d'attendre que les préparations soient terminées. C'était un processus agonisant mais nécessaire. Bien qu'Alois n'avait qu'une envie : débarquer là-bas, prendre le bleuté et repartir, ce n'était pas ainsi que les choses fonctionnaient. Ce n'était jamais ainsi que les missions fonctionnaient. Il y avait beaucoup de discrétion et de préparation impliquées. Il n'était pas judicieux de foncer la tête la première sans aucune préparation, mais cela ne faisait rien pour calmer Alois. Il devait attendre qu'on lui donne des ordres, et trouver d'une manière ou d'une autre de quoi l'occuper.

- Ah, c'est vrai ! J'étais censé vous demander si vous aviez d'autres projets d'armes en cours, dit-il, étonnamment sincèrement curieux de ce qu'il se passait dans le laboratoire.

Dafydd soupira.

- Toujours les armes... répondit le sorcier. Honnêtement, nous n'avons pas grand-chose, juste ces barrières transportables, et ces bombes de Romarin. On a aussi réussit à recréer des épées similaires à celle de Ciel qui sont conçues spécifiquement pour les démons, mais elles sont loin de l'originale, vraiment.

- C'est tout ? demanda Alois. Pas de pistolet ? Rien du tout ?

- Oh, bah, on a fait quelques avancées les fusils 13,7mm standards antiparasite de H.E.L.L.S.I.N.G, et on essaye aussi de faire une réplique du canon Harkonnen de Seras Victoria pour l'usage des agents surnaturels. Un humain ordinaire ne peut pas les manier, j'en ai bien peur, répondit Dafydd. Ils sont trop lourds.

- Ah bon, combien ils pèsent ?

- Environ soixante kilos, quand ils sont déchargés.

- Pff, c'est rien.

- Ouais, pour toi, dit le sorcier. Tout le monde n'est pas capable de porter ces trucs ici et là comme si de rien n'était. Est-ce que tu sais à quel point ces gantelets sont lourds ?

Alois contracta le bras un instant.

- Un kilo et demi ? demanda-t-il.

- Quatre, répondit l'autre garçon. Quatre kilos, chacun.

- Pff...

- Arrête de faire "pff" ! Je suis aussi un être surnaturel, mais tu es une sorte de monstre de la nature !

- Bah, techniquement parlant, je le suis, répondit Alois. Et on n'utilise pas ce genre de jurons, jeune homme. C'est irrespectueux.

- Arrête tes conneries...

- Paaardon ? Ce n'est pas toi qui m'aimait bien au point où tu as concocté un plan où Ciel et moi avons finis enfermés dans un cabanon pendant toute une nuit ? demanda le blond et le sorcier n'eut plus l'air si sûr de lui.

- Ouais, mais, c'est du passé tout ça, non ? demanda l'autre garçon. Vois le bon côté des choses, j'ai rencontré mon copain avec tout ça et maintenant je te laisse tranquille.

- Ouais, c'est vrai... dit le Macken en ricanant. Et j'ai pu passer un bon moment.

- Non... répondit Dafydd.

- Si...

- Dans le cabanon ?

- Ouaip.

- Et Phantomhive a accepté ?

- Oh, ouais, dit Alois. Il avait du mal à résister à mon irrésistible charme.

- Super. Content d'avoir pu aider. Génial, dit le Blake avec sarcasme. En parlant de ça, je crois que Lovejoy faisait des expériences sur ce petit "échantillon" que vous nous avez donné.

- Elle n'essaye pas de faire des démons hybrides, si ?

- Non, on aurait besoin de votre consentement pour ça. Je crois qu'elle essaye juste de comprendre de quoi vous êtes fait.

- Chouette.

- La dernière fois que je lui ai demandé, ils étaient encore en train de nager...

Il marqua une pause, regardant le visage du blond.

- Tu veux voir, pas vrai ?

- Un peu, ouais, dit nonchalamment la menace.

Ainsi, le sorcier emmena le blond jusqu'à la table où le Docteur Lovejoy travaillait. La femme se retourna et regarda les deux garçons, ayant entendu la conversation.

- Pas besoin d'explications, dit-elle en s'éloignant de la table tout en montrant l'outil qu'elle utilisait. Allez-y, regardez.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Alois.

- Tu ne sais pas ce qu'est un microscope ? répondit Lovejoy avec une autre question. On s'en sert pour voir les choses qui sont vraiment, vraiment petites ; comme les cellules, par exemple.

- On peut faire ça ?

- Oui, regarde juste ici, dit la femme en pointant la lentille en haut de l'instrument.

Hésitant, il regarda à l'intérieur, se rappelant de la petite "expérience" que Sir Integra avait fait sur lui un peu plus tôt. A sa grande surprise, ils étaient bien là ; de petites cellules de spermes. Ils nageaient, exactement comme Dafydd l'avait dit.

- Ils sont toujours en vie après plusieurs mois, dit le Docteur Lovejoy. Je ne comprends vraiment pas les démons...

- Qu'est-ce que tu en penses, Alois ? demanda Dafydd. Est-ce qu'ils ont de toutes petites cornes ?

- Nan, ils existent juste... dit le blond.

- Ce n'est pas ton échantillon, d'ailleurs, dit la femme. C'est celui de Phantomhive.

Immédiatement, le visage du blond devint rouge en apprenant cette information et il se tendit. Il retournait au travail mais maintenant il n'arrivait plus à détourner les yeux. Alors ça, c'était la chose la plus ridicule qui était arrivé à Alois ce jour-là. Il était coincé, incapable de trouver quelque chose à répondre, embarrassé d'avoir été piégé et d'avoir vu l'éjaculation de son amant à travers un microscope. Seules des pensées inappropriées lui venaient à l'esprit, et le pire était qu'il n'avait pas eu le temps d'avoir ce genre de pensées ces dernières semaines. Dafydd vit l'embarras du garçon et sourit narquoisement.

- "Oh là là, c'est les petits bébés de Ciel" ! se moqua-t-il en prenant une voix aiguë qui était censée ressembler à celle de la menace blonde.

Alois détourna enfin les yeux.

- Ta gueule !