Note : Hello les gens !

Suite à une pause dont j'avais bien besoin ce mois-ci, j'ai pu terminer ce chapitre en début de semaine. Vous avez encore droit à un chapitre fractionné, cette partie n'est pas très longue (13 pages) et elle continue d'introduire le reste. On passe le pallier des 70 chapitres au total pour toute la fiction après le fameux chiffre coquin ;). Depuis que j'ai repris SOS en avril dernier, j'ai écrit à peu près 72 milles mots rien que sur cette histoire. Ça paraît beaucoup tout en étant assez vague, sachant que je n'ai publié que 8 chapitres de plus en comptant celui-ci depuis ma reprise, mais ça me fait plaisir de faire avancer cette histoire même doucement. J'en profite encore pour remercier ceux qui continuent à me lire !

Petit avertissement, le début du chapitre comporte une petite scène érotique.

Je vous souhaite une bonne lecture, comme toujours !


Partie 1

« Lavi, rapproche-toi de moi. »

Lavi fut attiré par Tyki Mikk dans une étrange étreinte. Il y plongeait de son plein gré, avec une allégresse dans le ventre. Il se laissait aller sans savoir où ils étaient. Une pièce sombre... Une chambre ? Lavi l'ignorait, il ne sentait qu'un mur contre lequel il s'appuyait maladroitement avec son dos et une main, l'autre occupée à retenir la nuque de Tyki. Il l'embrassait autant qu'il se faisait embrasser. Rien d'unilatéral là-dedans. Il ne se souvenait plus de comment ils s'étaient retrouvés dans cet endroit. Les odeurs qui envahirent son nez lorsqu'il se retrouva contre le torse musclé de l'autre homme le mirent en émois. Lavi choisit de s'en ficher. Il sentit la chaleur monter en lui. Elle était plaisante, elle dansait dans son ventre, et elle faisait lentement cuire ses joues. Tyki mordit sa langue sans aucune forme de cérémonie. Lavi se retrouva à gémir contre ses lèvres, les jambes flageolantes.

Tyki le retenait trop pour qu'il s'écroule, sa main dans son dos descendit justement masser ses fesses.

Lavi n'avait que rarement été aussi dur. Sa bite pulsait dans son pantalon comme quand il était encore puceau, prêt à gicler dès qu'on posait les mains sur lui. Le bouclé siffla entre ses dents en massant ses deux fesses, insistant sur l'espace où se trouvait son anus, avec une possessivité qui n'avait rien d'innocente. Il le désirait. Lavi ressentait la même chose.

« Si je te touche ici, je vais te trouver tout trempé... »

Embrumé, Lavi pensa que ce n'était pas possible. Il échappa aux lèvres de Tyki pour protester, se faisant bien vite embrasser de nouveau. Tyki gardait l'ascendant. Lavi succombait aux caresses de ses lippes. Il n'y pensa plus, se disant que c'était la façon de l'alpha de chercher l'exciter. Il fallait le lubrifier, il n'était pas un oméga, il ne s'ouvrait pas comme ça. Il ne résista pourtant pas quand Tyki déboucla sa ceinture, faisant glisser son pantalon en bas de ses chevilles, le caleçon avec.

Sa main plongea entre ses fesses, Lavi gémissant lorsqu'il massa son anus avec une précaution contrastée avec sa manière de lier son visage au sien. Il le voulait. Sa faim était traduite par chacun de ses gestes, ses doigts le prenaient en coupe et retraçaient les contours de son corps avec une avidité marquée, passionnelle, compulsive, presque effrayante. Lavi n'avait aucun doute, il se ferait sauter dans pas longtemps, et il ne serait pas au-dessus. Il n'était pas contre, son corps y consentait, il s'abandonnait. Il avait envie de Tyki en lui. Il ne comprenait rien à ses sensations, Link le touchait ici et jamais ça n'avait été aussi sensible... Il sursautait à chaque fois que Tyki frôlait son entrée.

Il désirait ardemment qu'il glisse un doigt en lui, mais Tyki ne faisait que le taquiner. Lavi se sentait frustré.

« Tu vois, fit Tyki, t'es déjà prêt pour moi.

—De quoi tu parles ? »

Tyki remonta sa main au niveau de son visage. Ses doigts luisaient de mouille.

« Deviens mien, Lavi. Je te veux. »

Lavi resta interdit, les yeux écarquillés. Il passa sa langue sur ses lèvres, incapable de dire un mot, fixant la main du Portugais avec horreur. Tyki vint coller son front contre le sien, ses mains retournant caresser ses fesses sans initier un contact plus intime. Il massait la peau ronde sous sa paume avec une douceur presque romantique. Lavi frissonna.

« Donne-moi une réponse claire... Tu me veux aussi ? »

Lavi secoua la tête. Soudain, il ne savait plus. Il se mit à paniquer. Son corps réagissait comme un oméga, mais ce n'était pas possible... Il vit le visage de Tyki se peindre d'un sourire, alors qu'il caressa sa joue avec une douceur que Lavi n'aurait pas cru voir en lui.

« Si c'est comme ça, alors, au moins, embrasse-moi. »

Il pencha de nouveau son visage vers le sien. Le cœur du rouquin battait dans sa poitrine. Tout ses sens lui crièrent de direoui. Pas seulement pour avoir ses lèvres contre les siennes, non, pour demander à être baisé, pour laisser Tyki le marquer. Il n'osait pas, tiraillé entre son bon sens prêt à se faire la malle, ses doutes, la sensation que quelque chose clochait dans tout ça. Il voulait bien sûr le laisser l'embrasser, mais son geste resta en suspens, comme si le temps s'arrêtait entre eux.

La tension sexuelle forte, peut-être.

Sauf que ça ne pouvait pas être vrai, la conscience de Lavi s'en rendait compte. Il s'était couché dans sa chambre hier soir, et il n'avait pas bougé. Ça ne pouvait être qu'un rêve. Alors pourquoi il n'arrivait pas à se réveiller ? Pourquoi Tyki semblait si réel devant lui ?

Lavi respira plus fort. Il ouvrit —enfin — les yeux. Il était bien dans sa chambre. Sa gorge le lançait d'une sale sensation, le crâne tambourinant comme sous une fièvre subite. Son cœur battait bel et bien si fort que Lavi sifflait du nez, comme essoufflé. Il n'arrivait plus à respirer correctement. Dans le lit voisin, son grand-père dormait, ronflant. Lavi eut alors envie de vomir. Il porta la main à sa poitrine, se redressant lentement pour essayer de contrôler la nausée. Il voyait flou à cause des petites larmes au coin de ses yeux. Pire encore, son bas-ventre pulsait toujours d'une excitation singulière. Il avait le sexe dressé, bien que sa frayeur soit progressivement en train de le faire débander.

D'une main, l'autre appuyant toujours sur sa poitrine, Lavi essuya les larmes qui coulèrent sous ses paupières, reniflant malgré lui, ce qui sembla faire ronchonner son grand-père. Il dut se retenir de pleurer pour de bon en avisant son corps au supplice, comme s'il avait bel et bien été sur le point de s'envoyer en l'air. Son esprit vif fit rapidement le lien avec l'expérience d'Allen et Kanda de rêve partagé. Était-ce ce qui était en train de lui arriver ? Il pria que Tyki n'ait pas rêvé de lui dans cet état d'excitation abandonné, un état qu'il ne montrait qu'à Link. C'était si humiliant, l'idée le rendait malade de honte.

Veillant à être silencieux, Lavi fonça hors de son lit, les émotions en pagailles. Il s'entendait respirer fort. Ça ne pouvait pas se passer comme ça, ça allait réveiller le vieux s'il faisait une crise d'angoisse. Il se précipita dans la salle de bain, s'aspergeant le visage d'eau et tombant nez à nez avec son reflet aux pupilles encore dilatées. Il voulut en avoir le cœur net, aussi, il passa une main dans son propre pantalon, venant vite au contact de son intimité.

Avec les yeux grands d'une rage impuissante, Lavi se rendit compte qu'il était chaud et mouillé. De la putain de cyprine. Les larmes s'agglutinèrent sous ses yeux. Plus qu'une envie de pleurer, dans son ventre montait celle de crier de rage qu'il retint de justesse. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, il ne comprenait rien à tout ça ! Tyki avait raison. Il était autre chose qu'un bêta, si son corps s'était toujours comporté comme tel. Ce changement était-il à cause du Noah ? Bien sûr que cet enfoiré devait l'avoir initié, volontairement ou non. Lavi n'était pas bête, il savait additionner des faits pour trouver une conséquence. Lavant ses mains tremblantes, il réfléchit à toute allure.

Il fallait qu'il sache la vérité. Il ne pouvait plus subir sans comprendre.

Surtout s'il s'agissait d'une manière pour eux de faire un rêve partagé. Il ne comprenait pas comment ça se faisait que ça leur arrive sitôt. Ils n'avaient eu conscience du lien qu'à peine deux mois auparavant. Ce n'était rien du tout. Au contraire, Allen et Kanda s'étaient rapprochés, il y avait eu les chaleurs du blandin qu'ils avaient passé ensemble. Ça faisait à peu près neuf mois que leur lien les torturait, il avait pu évolué, mais en comparaison, celui de Tyki et Lavi était jeune ! De plus, Lavi n'avait parlé à Tyki que deux fois depuis qu'ils savaient, la première fois étant une expérience dont Lavi n'avait pas envie de se rappeler.

Pourquoi leur lien s'intensifiait ? Tyki devait le savoir aussi. Lavi ne pensait toujours pas qu'il pouvait se fier à Tyki, et il doutait d'à quel point il pouvait avoir confiance en ce qu'il lui dirait également. Allen le pensait fiable quant aux révélations qu'il détenait. Lavi se fiait à son jugement. Il irait le voir, le plus vite possible, il n'y avait aucun moyen de faire autrement.

Il ne savait même pas comment il oserait le regarder dans les yeux dans le doute que Tyki ait fait ce rêve aussi. Il frissonna à l'idée de leur prochaine rencontre, de la façon dont Tyki allait se foutre de sa gueule quoiqu'il advienne, encore plus s'ils avaient bien vécu ça à deux, sachant que Lavi n'oserait jamais en parler directement de son côté. Il imaginait déjà les commentaires que Tyki pourraient lui faire... Et en même temps, il se rappelait l'emprise de ses mains sur lui, ses caresses, son bas-ventre beaucoup trop réceptif à son goût.

Lavi ôta ses vêtements avec des gestes empressés, l'humiliation que lui faisait subir le lien le rendant fou. Se montrant plus malin qu'Allen face au besoin de purger ses émotions, il opta pour une douche chaude.


Allen se réveilla avec l'excitation singulière d'être un petit enfant au matin de Noël. Ce n'était pourtant pas son anniversaire à lui, mais il se sentait comme un imbécile heureux à l'idée qu'ils allaient tout faire pour que Kanda passe une bonne journée. Dans un coin de son esprit, Allen se disait qu'il n'aurait pas dû prendre la chose aussi à cœur, il aurait plutôt dû se détacher mentalement avec ses sentiments... En même temps, il aurait été content pour l'anniversaire de Lavi et celui de Lenalee. Son enthousiasme avait une saveur particulière puisqu'il concernait Kanda, cela dit, c'était naturel. Il ne s'en blâma pas, profitant de sa bonne humeur et sauta de son lit avec entrain. Pour la première fois depuis sa grippe, il se sentait complètement en forme et frais comme un gardon. Il allait pouvoir arrêter de porter son masque, il n'avait plus aucune trace des courbatures à la noix qui le dérangeaient jusqu'à présent. Allen fonça joyeusement sous la douche, fit sa toilette matinale et revint enfiler son uniforme.

Il ouvrit son placard où étaient soigneusement rangés les cadeaux de Kanda, espérant ne pas le croiser en se rendant avec à la salle de loisir tout à l'heure, ayant ressenti le besoin pourtant inutile de vérifier que tout était en place. Il le referma la constatation faite et fila prendre un petit déjeuner. Lenalee leur avait demandé, à Lavi et lui, de la rejoindre de bonne heure pour continuer les préparatifs. Allen en profiterait pour demander à Jerry des nouvelles du gâteau. Ils avaient opté pour un gâteau au matcha avec un peu de chocolat blanc, pour contraster avec l'amertume du premier ingrédient. Accompagné de thé vert, Kanda devrait adorer ça selon le cuisinier. Tout était réglé comme du papier millimétré, ça ne pouvait être qu'une réussite.

Arrivé aux cuisines, un plateau en main, Allen sentait une sorte de tension énergique dans ses jambes qui lui faisaient bouger le pied comme pour s'en dégager. Lenalee était déjà assise, en train de mordre dans un beignet à pleine dent. Elle lui fit signe de se dépêcher, des miettes aux coins des lèvres. Allen passa commande avec Jerry, se gratifiant d'une grosse portion de riz et de quelques viennoiseries. L'Indien lui confirma la préparation du gâteau sur un clin d'œil. Acquiesçant du chef, Allen fonça s'installer à côté de Lenalee.

La jeune fille trépignait d'impatience elle aussi avec ses jambes qui bougeaient sous la table. Des ongles, elle tapotait sur le bois en fixant l'entrée de la cafétéria. Elle arborait une moue contrariée.

« Je vais finir par lui envoyer un Golem, à Lavi... Qu'est-ce qu'il fout... »

Il était rare que Lenalee emploie un vocabulaire châtié. Allen comprit qu'elle était nerveuse comme lui. Ça le rassura. Il utilisa sa cuillère pour prendre une portion de riz généreuse et lui offrit un sourire rassurant.

« Il va arriver, ne t'inquiète pas. Tu es là depuis longtemps ? »

Vu son impatience, Allen n'espérait pas l'avoir trop fait attendre lui aussi en traînant un peu au lit. Il était encore tôt, un bon huit heures et demie tapantes, et il est vrai qu'habituellement, Lavi se levait avant. Son grand-père le traînait à la bibliothèque à 7 heures lorsqu'ils n'étaient pas en mission pour commencer à travailler. Avait-il échoué quant à convaincre Bookman... Ça aurait surpris Allen, le vieillard était sévère sans être un mauvais bougre, il aurait laissé Lavi s'amuser au moins une journée.

Tandis qu'Allen réfléchissait, Lenalee secoua la tête.

« Une quinzaine de minutes. C'est juste que je n'ai pas du tout croisé Kanda non plus ce matin. Ça m'a inquiété. J'espère qu'on aura fini de tout préparer d'ici à ce qu'il réapparaisse. J'avais pensé qu'on passerait du temps ensemble avant la fête de ce soir. »

Elle souffla en mordant dans son beignet, s'essuyant la bouche gracieusement.

« D'ici là, on va quand même avoir le temps, » souligna Allen. « Il réapparaîtra et Lavi aussi. Ne t'en fais pas, Lenalee. »

Ils étaient même très large.

Ça ne serait pas dramatique si Lavi ne les rejoignait pas tout de suite, ils pouvaient avancer à deux. Le tout serait que Kanda ne soit pas parti se cacher dieu seul savait où, et qu'il soit bel et bien là. Lenalee avait fait des plans sur la comète, ils l'avaient fait tous les trois, mais Kanda n'avait pas accepté de vive-voix quand Allen lui en avait parlé. Il n'avaitseulementpas rejeté l'idée ouvertement. Allen se mordit la lèvre, étudiant l'idée que Kanda ne vienne pas. Il lui faisait assez confiance pour ne pas leur faire faux bond. Kanda savait les efforts que Lenalee mettrait là-dedans. Lenalee avait un grand-cœur, la voir se démener pour que tout le monde passe un bon moment et que tout soit parfait était touchant. Allen se doutait que Kanda souhaiterait au moins récompenser son effort, comme il tenait à la brunette.

Les deux amis poursuivirent leur déjeuner, discutant des derniers préparatifs à effectuer, quand Bookman arriva. Allen eut les yeux grands. Il était seul. Lenalee suivit son regard étonné, le sien devenant un miroir une demi-seconde après.

« Où est Lavi ? » s'étonna tout haut Allen.

Lenalee fronçait les sourcils, elle aussi perplexe. Le vieil homme s'approcha de leur table d'un pas décidé, des cernes se mêlant à ses yeux sombres qui lui valaient le surnom de "Panda" par Lavi. Ça n'avait jamais été plus vrai qu'à l'instant. Loin de l'aspect idiotement joyeux de ces animaux, il avait les bras croisés et la mine austère. Il semblait aussi... inquiet.

« J'allais vous poser la même question. Je cherche partout ce garnement depuis une heure. Il n'était plus dans la chambre ce matin. Il m'avait promis de travailler avant votre petite fête. Je suis furieux. »

Ça, Lavi allait sûrement s'en prendre une belle par son grand-père quand il réapparaîtrait.

« Vous avez regardé partout ? Le QG est immense, il peut être n'importe où. »

Bookman haussa les épaules, frustré.

« J'ai assez déambulé pour le moment. Je vais retourner travailler. S'il vient vous voir, passez-lui le message de me retrouver quelques minutes. J'ai deux mots à lui dire. »

Lenalee et Allen eurent une grimace commune. Ça sentait le roussi pour Lavi. Ce comportement n'était pas normal. À regret, Allen saisit son plateau, donnant un coup de menton en direction de Lenalee. Il fallait trouver Lavi. Il fit un sourire poli au vieil homme.

« On va aller le chercher, peut-être qu'on aura plus de chance que vous. »

Si Bookman acquiesça, s'apprêtant à remercier Allen avant d'amorcer un demi-tour, Lavi choisit ce moment pour débouler... Accompagné de Kanda. Lenalee et Allen eurent la mâchoire tombante. En les voyant, Lavi leur adressa un grand sourire et donna un coup d'épaule à Kanda. Si le brun grogna entre ses dents, il garda un visage affable. Même en sachant que Lavi et Kanda s'entendaient théoriquement plutôt bien, à part peut-être en ce moment et plus généralement quand Lavi allait trop loin avec ses taquineries, les voir ensemble comme deux larrons, ça posait question.

Surtout si tôt. Pourquoi diable Lavi s'était-il sorti du lit à la première heure pour aller avec Kanda ? À cette heure-ci, si Allen se souvenait bien de sa routine pendant ses chaleurs, Kanda méditait. Lavi l'avait-il rejoint ? S'étaient-ils trouvés dans le couloir ? C'était difficile à imaginer. Kanda n'apprécierait sûrement pas s'ils devenaient trois à l'ennuyer. Ils finiraient peut-être bien par faire des séances groupées. Allen ne put s'empêcher d'avoir envie de rire. Il se doutait bien que ce serait l'équivalent d'un véritable cauchemar pour Kanda.

« Hé, les gars, j'ai décidé Yû à nous rejoindre ! Tous en chœur, je vous attends, on a tous un truc à lui dire... ! »

Bien évidemment, Allen et Lenalee s'apprêtèrent à lancer un tonitruant "bon anniversaire !". Bookman ne l'entendit pas de cette oreille, traversant la salle en une fraction de seconde pour saisir Lavi par la sienne — malgré sa petite taille, il l'agrippa avec violence par le bras pour le descendre à sa hauteur, Lavi beuglant tandis que le vieillard ne s'adoucissait pas.

« Toi et moi, on a à se parler. Tu vas passer un sale quart d'heure, mon petit, je te le dis. »

Lavi en passait déjà un, ratatiné sur lui-même à gémir de douleur. Son lobe devenait cramoisi.

« Papy, tu me fais mal ! Allez, c'est l'anniv de Yû, je te l'ai dit, on travaillera ce soir, s'il te plaît !

—On avait dit ce matin. Maintenant, tu viens. »

Il lui administra une tape derrière la tête, sans avoir lâcher son oreille. Elle résonna, preuve qu'il y avait mis assez de force pour faire mal. Lavi gémit encore.

« Les gars, Yû, aidez-moi ! Je vais mourir !

—Tu t'es fait ça tout seul, Baka Usagi. Je n'interviendrai pas. »

Fidèle à lui-même, Kanda lui tourna le dos, ignorant la scène qui se jouait à ses côtés sans aucune considération. C'était vache. Allen et Lenalee ne pouvaient pas faire grand-chose, ils lui offrirent au moins un sourire contrit.

On ne peut plus nonchalant, le kendoka avança pour se prendre un plateau, recevant les félicitations dues de Jerry, tandis que Lavi fut emmené par son grand-père, toujours tenu par le bout de l'oreille. Ça semblait douloureux, personne n'avait envie d'être à sa place. Lenalee et Allen se rassirent à ce moment-là, ayant compris qu'ils seraient sûrement tout seuls pour continuer l'organisation. Allen espéra que ça irait pour Lavi... aussi qu'ils le reverraient entier. Bookman se fâchait facilement sur son jeune apprenti, mais le traîner hors du réfectoire pour finir de l'engueuler en privé, c'était un assez rare. De mauvaise augure pour lui.

Kanda s'avança vers eux une fois son plateau rempli. Il ne se serait pas assis à leur table d'habitude, le fait qu'il le fasse signifiant qu'il acceptait donc bel et bien de participer à la fête. Allen sentit son cœur se gonfler.

« Si je vous entends gueuler, je me barre, je préviens. »

Faisant glisser son plateau, Kanda prit place à côté de Lenalee. Allen lui sourit, la jeune fille faisant de même.

« On peut te souhaiter ton anniversaire, Bakanda, quand même. »

Malgré sa moue, Allen était conscient de l'effort que faisait Kanda.

« J'apprécie, ça vous va ? »

Lenalee tapa dans ses mains, ravie. Elle débordait d'enthousiasme, les yeux pétillants de malice. Sa bienveillance dégueulante donna au visage de Kanda une expression gênée, ses lèvres mise en avant et son front plissé. Il n'aimait vraiment pas être au centre de l'attention.

« Tu vas voir, on t'a préparé une fête géniale ! Tu vas adorer ! »

Kanda haussa les sourcils, Allen toussant dans sa main en étouffant un rire montant.

« Tu sais, le but est de pas lui dire, Lenalee, comme c'est une surprise... »

Levant les yeux au ciel, la susnommée porta son thé à ses lèvres — elle le but d'une traite, depuis qu'elle s'était installée, il avait refroidi.

« Je dis juste que ça va lui plaire. Il faut bien que je lui donne envie de venir !

—C'est pas la peine de vous mettre en quatre pour moi. »

Kanda commença à manger avec nonchalance, un peu trop détaché pour que ça ne reflète pas malgré tout une forme d'embarras. Lenalee lui darda un œil meurtrier.

« Tu n'auras pas 20 ans tout les jours, Kanda ! Et si, c'est totalement la peine !

—Si tu le dis. »

Lenalee lui donna un coup de coude, pour lui intimer qu'elle se fâcherait si Kanda continuait à montrer si peu d'intérêt manifeste. Allen songea qu'elle avait de l'espoir, vu l'individu. Elle pouvait s'estimer heureuse qu'il verbalise le fait d'apprécier leur dévouement, venant de Kanda, c'était énorme. À la surprise du blandin, Kanda rendit son coup à Lenalee. Ils commencèrent à se chamailler gentiment, comme un frère et une sœur le feraient. Lenalee le traitait de brute pour la forme — elle n'avait rien à lui envier, Kanda l'attaquant sur sa délicatesse de princesse présumée.

Allen observa leur familiarité avec un contentement bienveillant. C'était rare que Kanda se mêle à eux, mais à chaque fois que ça arrivait, ils passaient un bon moment. Kanda avait beau ne pas souvent le montrer, il était beaucoup plus proche de Lavi et Lenalee qu'il n'aimait l'admettre. La faute aux nombres d'années qu'ils se connaissaient, puis aux liens qu'ils avaient forgés. Kanda était distant. Allen s'était parfois senti dérouté de son attitude avec les deux autres et l'avait jugé pour ça, avant de comprendre que ça ne voulait pas dire qu'ils ne comptaient pas les uns pour les autres. Ça le soulageait pour Kanda. Plus il apprenait à le connaître, plus Allen se persuadait que ces moments, certes à petite dose, lui faisaient du bien.

Kanda finit par redevenir sérieux.

« Votre fête, c'est où ? C'est ce soir ? »

Qu'il pose des questions montra son intérêt. Cela parut mettre Lenalee dans de bonnes grâces. Elle papillonna des cils, préparant l'annonce à laquelle elle avait dû réfléchir avec minutie.

« C'est dans une des salles de loisir ce soir, en effet. On t'y emmènera. On aimerait bien que tu passes l'après-midi avec nous, on veut se promener à Londres. On peut aussi aller en forêt, selon ce que tu préfères. »

Kanda marqua un temps d'arrêt, étudiant ses propositions. Il fut hésitant. C'était quitte ou double. Allen espéra qu'il allait répondre favorablement.

« Ouais, je veux bien. »

Lenalee et Allen ne s'étaient pas attendu à si peu de résistance de la part du kendoka.

« J'imagine qu'on sera que trois, souligna Kanda avec un rire cynique, le Baka Usagi aura de la veine s'il revoit la lumière du jour vu ce que son vioque va lui mettre. »

Lenalee grinça des dents, Allen saisissant cette opportunité pour assouvir sa curiosité.

« J'espère que non. D'ailleurs, Kanda, qu'est-ce que Lavi fichait avec toi ? Bookman a déboulé furieux parce qu'il le cherchait. »

Kanda haussa les épaules, rapprochant son bol de soupe fumant sur son plateau.

« Il voulait se détendre.

—Avec toi... ? »

C'était Lenalee qui avait parlé, le timbre de sa voix trahissant sa surprise. Ça aurait pu être insultant. Kanda se marra, pas vexé pour un sou.

« Faut croire. Il fait comme vous, il est venu me faire chier quand je médite. À croire que vous vous passez le mot. J'vais finir par faire payer l'entrée. »

Lenalee et Allen rirent en chœur. Kanda pourrait s'enrichir très vite s'il mettait sa menace à exécution rien qu'avec eux deux. Allen avait donc vu juste. Il s'interrogea tout de même.

« Ça m'étonne que Lavi ait séché le travail avec son grand-père pour te rejoindre dès le matin en salle de méditation... »

De nouveau, Kanda haussa les épaules. Il serait une tombe, ce qui en soit était tout à son honneur.

« Il arrivait pas à dormir, ça arrive. »

Lenalee n'était pas dupe non plus.

« Il t'a dit quelque chose ?

—Ce lapin crétin a prétendu qu'il voulait me souhaiter un bon anniversaire le premier. Vous le connaissez. »

Les deux amis pouffèrent. Ça ressemblait bien à Lavi.

« Parlant de ça, Marie nous a dit de te le souhaiter pour lui. »

Kanda planta son regard dans celui d'Allen, opinant.

« J'espère que ce crétin m'a pas encore acheté un truc. Qu'il garde son fric pour lui et sa femme. Et ça vaut aussi pour vous.

—Euh, ben... »

Autant dire qu'ils avaient tous faits ça.

Allen se sentit rougir, tandis que Lenalee lui donna un petit coup de pied sous la table, agitant silencieusement une main en hochant la tête pour lui dire de ne pas s'en faire, que ça passerait. Tout de même, si Kanda n'aimait pas les cadeaux à ce point, il aurait de quoi râler.

Allen changea de sujet, toussant dans son poing.

« Alors, tu médites toujours aussi tôt ?

—Comment ça ? »

Ignorant la sensation bizarre que ça lui apportait d'évoquer ça, Allen poursuivit :

« Si je me souviens bien, quand on partageait la même chambre, tu partais tous les matins à même pas six heures en salle de méditation. Je vois que ça a pas changé.

—Tu te souviens de ça depuis tes chaleurs, toi ? » Le visage de Kanda fut perplexe au possible. Un brin moqueur. « Ça me surprend. »

Allen fut vite rattrapé par la gêne, bégayant malgré lui. Ça étonna Lenalee aussi, qui lui répétait souvent qu'il oublierait sa tête s'il ne l'avait pas sur les épaules.

« B-Ben, c'est que... c'était bizarre, je pensais que c'était à cause de moi... T'es vachement matinal.

—L'avenir appartient pourtant à ceux qui se lèvent tôt, Moyashi. »

Allen rit de bon cœur, totalement en accord avec ce proverbe lui aussi. Un peu moins avec le surnom. Il s'était dit qu'il ne râlerait pas trop sur Kanda aujourd'hui.

« C'est vrai. J'attends quand même sept heures, pour faire des pompes, en général. T'es plus courageux que moi.

—Hors contexte, celui-là, je m'en rappellerais. »

Bougonnant, Allen croisa les bras. Il engloutit la fin de son bol de riz sur un "gloup" vexé, surtout en réalisant qu'il avait lui-même boosté l'égo de ce crétin. Il lui jeta un œil désapprobateur.

« Je parle en termes de vaillance au réveil, Bakanda. Pas d'un autre type de courage.

—Là aussi, ça dépend de quelle vaillance tu parles. Je crois que je te bats de toute manière. »

Loin d'être assez idiot pour ignorer un éventuel sous-entendu vaseux, Allen piqua un fard, ayant la décence de ne pas rebondir trop vite —une répartie asséchée, en vérité, tandis que Lenalee éclata de rire.

« C'est marrant, j'apprends des choses. »

Elle n'en perdait pas une miette. Kanda renifla, ne pouvant s'empêcher de lancer une pique.

« Il ne t'a pas déjà raconté ce qu'il y avait à savoir ? Il paraît que vous vous dîtes presque tout.

—C'est faux, s'insurgea le blandin, je ne t'ai jamais dit ça ! »

Suite à sa protestation qui l'avait fait se redresser, Allen s'affaissa sur sa chaise. Il sentit son visage s'assombrir, en même temps qu'une envie de s'enterrer six pieds sous terre avec cet échange. Lenalee eut un mouvement d'épaule, restant très discrète.

« Eh bien, figure-toi qu'il est très pudique. Mais c'est bien normal. C'est aussi très mignon, n'est-ce pas ? »

Ils échangèrent un regard, Kanda ne répondant pas, Allen ayant la désagréable impression d'être devenu un sujet de discussion. Il soupira, se concentrant sur son amie.

« Rentre pas dans son jeu, Lenalee, il a juste envie de m'énerver. Il profite que ce soit son anniversaire.

—Parce que ça me file une immunité ? Bien, je vais pas m'en priver. Merci, Moyashi.

—Bakanda ! J'ai pas dit ça non plus ! Et je suis Allen, tu pourrais peut-être dire mon prénom, pour une fois !

—En quelle honneur ? C'est mon anniversaire, pas le tien. »

Allen mangea l'un de ses gâteaux, mâchant rapidement.

« Tu le diras, à mon anniversaire ?

—Peut-être, » s'amusa Kanda en terminant ses petits légumes et retournant à sa soupe, donnant à Allen un sursaut d'espoir inopiné. « Si tu rêves bien fort.

—Kanda ! T'abuses avec moi, ce matin !

—Comme si je te disais pas ça tout le temps. »

Lenalee secoua la tête, en assentiment avec Allen.

« Vous êtes devenus bien proches et tu ne l'appelles toujours pas par son prénom ? » Elle lui coula une œillade. « C'est un peu fort. Tu lui avais donné une deadline d'un an, il me semble qu'il l'a dépassé. »

Kanda haussa encore les épaules, son visage se fendant d'un rictus taquin.

« On verra quand il fera un tour de plus. »

Allen ne l'entendait pas de cette oreille. Il était tout de fois confiant en sa capacité à faire céder Kanda un jour. Il s'était fait à son petit surnom, ce qu'il ne dirait jamais à haute-voix. Il avait tout de même envie d'être enfin reconnu en tant que "Allen" et pas "Moyashi" par cet abruti.

« Je te le ferais dire au moins une fois, tu verras. C'est une promesse. »

Sa voix fut sérieuse, bien que douce. Kanda eut un mouvement de recul, s'attendant bien plus à un éclat qu'à une réponse pareille. Lenalee eut la même réaction. Allen savait ce qu'il voulait, il ne baissa donc pas les yeux, pas plus qu'il ne revint sur ses paroles. L'ignorant, Kanda avala sa soupe d'une traite. Il se leva, ébouriffant les cheveux du blandin de manière si rapide qu'Allen crut l'avoir imaginé. Il croisa le regard du plus âgé en levant la tête, son sourire en coin plus tendre qu'à l'accoutumée lui montrant que ce n'était pas le cas. Allen sentit son cœur fondre avec ce geste.

C'est amical,se répétait-il,c'est amical.

« Je vous dis à tout à l'heure. »

Lenalee opina joyeusement.

« On se rejoint vers 14h à la grande porte, Kanda. On essaiera de ramener Lavi.

—Bien. »

Kanda partit ranger son plateau, ne demandant pas son reste et retournant vaquer à ses occupations. Allen et Lenalee décidèrent de poursuivre leur préparatifs, ils partiraient plus tard en quête du numéro manquant du quatuor. En se levant à son tour, Allen sentit une douleur dans son estomac qui lui fit fermer les yeux, se cramponnant à son plateau pour ne pas le lâcher. Sa tête tournait un petit peu. Il sentit une main sur son épaule.

« Allen, tout va bien ? »

Le maudit se mordit la lèvre. Il ne voulait pas donner un autre motif pour retarder les préparations, c'était la journée de Kanda, pas le moment que ses foutues crampes soient un problème. Il refusait que ça prenne de l'importance. Il mentit.

« Ça va, j'ai eu un vertige. Je me suis levé trop vite.

—On aurait pas vraiment dit ça... »

Elle le dévisageait avec inquiétude, n'osant pas enlever la main de son épaule, de peur qu'il ne s'écroule. Allen ne savait pas ce qui se passait, mais il le sentait bienpasser,c'est le moins qu'on puisse dire. Il balaya sa douleur d'une fausse assurance. Ses yeux s'humidifiaient pourtant.

« Tout va bien, Lenalee. Allons-y. »

Lenalee n'insista pas. Ils quittèrent la cafétéria, la sensation en Allen ne se dissipant pas.


« Junior, je vais finir par te déshériter. Ce n'est pas une menace en l'air. »

La porte de la chambre claqua. Bookman attrapa le dossier de la chaise de bureau, la tournant violemment face à lui et poussant Lavi à s'y installer sans ménagement. La conversation démarrait sur des chapeaux de roues, ça ne signifiait rien de bon. Le vieillard prit place sur le lit à côté, retournant à ses bras croisés et sa mine sévère. Il voulait en découdre, Lavi se rendait compte que ça allait barder. La tête rentrée dans les épaules, les mains serrées sur ses genoux, il n'était pas fier. Depuis la fenêtre ouverte pour aérer la pièce, le rouquin se prenait un méchant courant d'air qui faisait aussi froid dans le dos que le visage de son grand-père.

Le vieux le disait lui-même, il ne plaisantait pas avec cette menace. Bookman la lui faisait souvent. Mais s'il découvrait la vérité, ce qu'il était, que son corps était en train de changer, il le dégoûterait et il le renierait. Lavi avait intérêt à se mettre dans les bonnes grâces du vieil homme, aujourd'hui plus que jamais. Il avait accepté d'être son apprenti, il avait fait tous ces efforts, appris toutes ces choses, ce n'était pas pour baisser les bras et abandonner cette vie si vite.

Les plis ridés sur le visage du petit homme se détendirent, prenant des accents plus complaisants. Il s'inquiétait pour lui. Bookman ne versait pas dans l'affection, le voir inquiet ainsi était rare.

« Qu'est-ce qui t'arrive, bon sang ? Je ne t'ai jamais vu aussi dissipé. Ça ne me plaît pas. Tu batifoles avec les autres dès que tu en as l'occasion, tu ne dors dans cette chambre que quand il t'en prend l'envie, tu fabriques seul Dieu sait quoi les nuits et tu ne travailles plus autant. Lavi, tu es mon héritier. Ne fiche pas en l'air tout ce que j'ai commencé avec toi. »

Lavi s'embarrassa du fait que Bookman ait bien remarqué ses disparitions la nuit. Il les passait dernièrement avec Howard à s'envoyer en l'air dans les recoins les moins visités de l'Ordre, quand il était là. Son grand-père n'était pas dupe, il devait se douter que Lavi ne disparaissait pas pour des raisons innocentes. Il avait du bol qu'il ne creuse pas ce sujet.

Du reste, les reproches étaient légitimes. Une part de Lavi voulait s'insurger, réagir en bon adolescent qu'il n'avait pas réellement le droit d'être et dire que ce n'était pas sa faute, que ce n'était pas vrai. Qu'il avait, à la fin, bien le droit de profiter de sa jeunesse, que ça n'influençait pas son travail. Lavi disposait de davantage de clairvoyance. Il était sur une pente descendante en chute libre, sans aucun contrôle. Autant pour les aspects positifs, son affection pour ses amis qui ne désemplissait pas, Howard qui lui faisait du bien dans plus de sens qu'il ne l'aurait cru, que pour les aspects négatifs, son incapacité à se concentrer, ses angoisses qui mutaient dangereusement en anxiété. Comment expliquer tout ça au vieil homme, surtout en espérant son indulgence et son empathie ? Impossible. Bookman ne l'aiderait pas.

Lavi sentit des picotements dans sa joue, signe d'une montée de larmes qu'il refoula en prenant une inspiration.

À sa grande surprise, le vieillard fut sensible à son malaise apparent.

« Je suis dur avec toi, mais comprends bien qu'avec ton attitude, je ne peux pas me permettre d'être complaisant. Je ne peux pas t'encourager dans tes idioties. Maintenant parle. Réponds-moi. Tu ne te fais pas prier pour le faire, d'habitude. »

Lavi se mordit la lèvre. Il tripota son cache-œil distraitement, pour penser à autre chose.

« C'est que... Je suis désolé, papy. Je sais que j'ai négligé mes devoirs. Ça ne se reproduira plus. »

Bookman lui jeta un regard pénétrant.

« C'est tout ? Pas d'explications ? Tu n'as rien à dire ? »

Lavi secoua la tête, la baissant en sentant les picotements se dissiper petit à petit, ou au contraire se répandre, il n'en était plus sûr, et il espérait ne pas craquer devant son grand-père. Il le réprimanderait qu'il était faible, Lavi ne voulait pas entendre ce genre de choses aujourd'hui. Sans méchanceté aucune, car il s'agissait ici d'une réelle constatation, Bookman soulignait sa sensibilité qui lui posait obstacle. Lavi ne pouvait pas se détacher de ce qui gravitait autour de lui. Il aurait tant aimé.

L'homme soupira, redescendant sur ses jambes et venant fermer la fenêtre. Il dut se hisser sur la pointe de ses pieds pour atteindre la poignée qui était un peu haute. Si ça aurait fait rire Lavi d'habitude, lui donnant droit à une rebuffade, le jeune homme n'y prêta pas attention.

Bookman mit sa main sur son épaule, Lavi se redressant à ce moment-là.

« Je te laisse cette journée. Profites-en. Après ça, je te veux le plus appliqué possible. On a pris du retard sur ton apprentissage. Il est aussi possible que nous partions avec l'inspecteur Link et Luberrier pour une mission très importante. Ils ont fait des découvertes sans précédent, j'ai négocié pour que nous soyons là. »

Lavi fut pris d'un sursaut d'humeur. Howard travaillait sur un gros coup, les faits étaient déjà établis, ça ne le surprenait pas. Ça devait être quelque chose de colossal pour que Luberrier les laisse y participer. Un rapport avec les Noah ou les Akumas ? La découverte du cœur ? Après tout, Lavi ne voyait pas d'autre raison de faire voyager Link de branche en branche pour réunir des informations. Croiser les sources quand on flairait une piste, c'était le meilleur moyen de la confirmer. Ils étaient tombés sur quelque chose digne d'être encré dans l'Histoire, et d'utile aux Exorcistes pour que Luberrier s'obstine dans cette mission. Ce n'était pas la première fois que l'Ordre faisait des expériences plus ou moins éthiques afin de renverser le Comte Millénaire. S'il pensait aux blessures dont Link avait parlé... il ne faisait pas que trifouiller des vieux documents, il combattait quelque chose. C'était dangereux, mais un risque à prendre. S'il se fiait à ça, Lavi en déduisait qu'ils étaient sur les traces d'un élément déterminant qui pouvait renverser tout ce qu'ils savaient déjà. Il n'avait aucune idée de quoi il était question, il manquait d'éléments pour faire d'autres hypothèses.

Lavi sentit sa curiosité instinctive être dûment titillée. Il fronça les sourcils.

« Tu peux m'en dire plus ? »

Bookman secoua la tête, croisant les bras sur sa poitrine.

« On verra demain. File t'amuser, avant que je ne change d'avis. »

Lavi eut presque envie de sauter au cou du vieux s'il n'était pas sûr qu'il ne prendrait pas une gifle pour ses élans immatures. À la place, il resta sobrement assis et sourit.

« Je te remercie, papy. Je te promets de ne pas te décevoir. Je travaillerai plus dur.

—C'est ça, » répondit le vieillard, roulant des yeux face à la solennité de Lavi qui ne lui ressemblait pourtant pas, « tâche d'agir, au lieu de parler. »

Lavi acquiesça.

Reconnaissant de l'indulgence du vieux, il lui adressa un dernier sourire en fermant la porte, l'entendant vaguement maugréer qu'il était un sale gamin. Le rouquin était convaincu que c'était une façon pour Bookman de lui dire qu'il tenait à lui.

Passant une main dans ses cheveux, Lavi escomptait bien sûr suivre le conseil du vieillard et se détendre un peu tant qu'il en avait l'occasion. Il faudrait aussi qu'il remercie Yû pour ce matin. Il prit une inspiration pour évacuer la tension dans ses muscles. C'était la dernière fois qu'il pouvait se permettre un tel relâchement. Les semaines à venir ne seraient pas clémentes avec lui. Il aurait du pain sur la planche, alors que cette dernière serait brûlante.

À suivre...


Note : Lavi n'a décidément pas la vie facile dans cette fiction pour le moment XD. Son lien avec Tyki n'est pas prêt de se barrer, c'est la seule chose que je peux vous dire :p.

Si vous avez des hypothèses quant à la mission de Link, n'hésitez pas à tenter votre chance, je suis curieuse de savoir ce que vous imaginez !

Cette mise en place retarde les moments plus légers dont j'ai parlé au dernier chapitre, ce sera pour la partie suivante ;). Vous pouvez vous l'imaginer, ça va permettre de développer un peu les relations entre les différents personnages. J'espère que ça vous plaît !

N'hésitez pas à me donner votre avis sur le chapitre en commentaire, ça fait toujours plaisir ! x3

Merci d'avoir lu !