Destruction

Pour plus de sécurité, un feudeymon fut lancé dans les fourneaux qui avaient été renforcés avant leur remise en fonction. Quand tous furent certains qu'ils allaient tenir le choc, ils balancèrent les horcruxes dedans et savourèrent les hurlements des fragments d'âme quand ils se consumèrent.

-Il n'a rien senti, indiqua Severus lorsqu'ils se réunirent un peu plus tard. Comme promis, j'étais aux côtés de Riddle à l'heure où vous avez détruit ses horcruxes et il n'a même pas cillé.

-Les nécromanciens pensent que le nombre d'horcruxes créés n'a pas arrangé sa santé mentale, décréta Gemna. Cela nous arrange car il ne sait pas qu'il se trouve à ça de sa disparition.

-Est-ce que vous êtes sûr qu'il n'en a pas créé un dernier ? s'inquiéta Sirius. Je n'arrive pas à me débarrasser de cette idée.

-D'après les nécromanciens, pas d'horcruxe mais peut-être une ancre, fit Gemna. Eux aussi n'aimaient pas l'idée qu'il n'y ait plus qu'à tuer Riddle. Grâce aux informations de Severus, nous connaissons le rituel qu'il a utilisé pour récupérer un corps et ils pensent que c'est ce qui s'est passé.

-Quel est le plan ? demanda Sirius. Nous devons détruire Voldemort, c'est une certitude, mais nous devons également être certains que personne ne reprendra le flambeau ensuite.

-Ou utiliserait les événements à son avantage, commenta Severus.

-Un problème à la fois, tempéra Gemna. Voldemort d'abord et ensuite Dumbledore. D'ailleurs, ce qui me fait penser … tous les deux aiment se mettre en scène, ils aiment que leurs victoires soient célébrées en grande pompe. Pourquoi ne pas offrir ce qu'ils demandent ?

Les deux sorciers la regardèrent, confus. La gobeline s'expliqua.

-Ils aiment avoir un maximum de public à chaque action de leur part, déclara Gemna. Mais ils viennent de se rendre compte que ce n'est plus le cas depuis un moment. En les appâtant bien, on pourrait les anéantir.

-Le principe est bon, concéda Severus. Mais comme disent les moldus, le diable se cache dans les détails et Riddle comme Dumbledore sont passés maîtres dans cet art.

-Et rien de mieux que Poudlard pour ça, réfléchit Sirius. Je n'ai jamais eu souvenir que l'école ait été prise une seule fois.

-Mais qui dit Poudlard dit élèves, contra Severus. Ce serait le faire prendre un trop gros risque. Non, si on doit les vaincre l'un comme l'autre, ça devra être autre part.

-Messieurs, s'il vous plait, tempéra Gemna. Malheureusement, vous avez tous les deux raisons. Poudlard me semble incontournable mais ce n'est pas pour autant qu'il faut laisser les élèves être mis en danger.

-Il faudrait détourner leur attention assez longtemps pour les mettre à l'abri, grogna Sirius.

-Détourner leur attention … Mais nous pouvons ! s'exclama Severus

-Comment ça ? sursauta Gemna

-Harry ! répondit Severus. Riddle et Dumbledore sont tellement obnubilés par lui qu'ils ne verront rien d'autre pendant un moment.

-Vous l'avez dit, le diable se cache dans les détails, pointa Gemna. Il faut que nous soyons sûrs de ce que nous allons faire.

Harry choisit ce moment-là pour prendre la parole.

-Je pense que nous pouvons d'abord commencer par lister ce qu'ils savent faire et ce que nous, nous pouvons faire, déclara Harry. Par exemple, à toute fin utile, je ne me vois pas tuer qui que ce soit, même mon pire ennemi …

Sirius et Severus rougirent de honte. Concentrés sur le fait que Riddle devait être vaincu, ils avaient largement oublié que la charge avait été mise sur les épaules d'un jeune sorcier à peine adulte.

-Je trouve l'idée savoureuse que Riddle soit vaincu par quelque chose de non magique, comme une balle d'arme à feu, grommela Hermione.

-Hermione ! gronda Helen. Il ne me semble pas t'avoir élevé comme cela !

-Désolée, maman, souffla Hermione.

-J'apprécie l'ironie de la proposition de mon apprentie, sourit Severus. Mais le problème reste le même, il faut trouver un plan qui tienne la route.

-Je pense que vous devriez vous concentrer sur les choses sur lesquelles vous avez la main, contra Malcolm. En tant que directeur de Poudlard, vous êtes directement responsable de la sécurité des élèves. Or, vous venez de soulever le fait qu'un jour ou l'autre, Riddle allait s'en prendre à l'un des plus hauts symboles de la société sorcière, Poudlard. Avant de songer à attaquer, il faudrait penser à celles et ceux qui ne peuvent pas se défendre, encore plus quand personne n'y pense encore. Maintenant que les horcruxes ont été détruits, concentrons-nous sur ce qui est indispensable avant de s'intéresser au cœur du problème : la protection des élèves et la protection du château. Inutile de perdre du temps sur des plans qui n'ont peu de chance d'aboutir alors que nous ne connaissons même pas nos forces.

Conscient que c'était la meilleure chose à faire au lieu de se perdre en conjectures, Severus abdiqua.

§§§§§

Suivant le conseil de Malcolm, Severus et Sirius cherchèrent une solution pour évacuer les élèves en toute sécurité. Ils n'étaient pas assez naïfs pour imaginer qu'il n'y aurait aucun d'entre eux qui adhérait pleinement à l'idéologie de Riddle ou qui suivrait Dumbledore les yeux fermés et ils étaient conscients que si on leur avait laissé la possibilité, ils se laisseraient endoctriner par l'un ou l'autre camp. Severus décida de ne pas leur laisser le choix et de les écarter du combat, y compris Hermione et Harry si possible. Même si la prophétie était réalisée à ses yeux avec la destruction des horcruxes, il savait que la présence du brun allait revenir sur la table alors qu'elle n'aurait jamais dû être en question.

Mais c'était l'un des nombreux sujets à traiter par la suite.

Severus avait donc décidé de se passer de l'accord conscient des adolescents et avait ordonné aux elfes de maison d'ensorceler les écussons de tous les élèves pour qu'ils deviennent des portauloins qui les conduiraient en lieu sûr sur son ordre. Après plusieurs propositions, il avait opté pour restaurer dans le plus grand secret l'un des manoirs de retrait au cœur de la forêt interdite. L'avantage était que ces lieux de retraite n'avaient plus été utilisés depuis plus d'un siècle et qu'Albus Dumbledore n'en avait aucune connaissance.

Après s'être assuré de la sécurité des élèves, Severus s'était penché sur celle des adultes présents au château. Si, au fil de l'année scolaire, il avait appris à connaître les professeurs, anciens comme ceux qu'il avait engagé, il avait finalement des réserves pour l'un d'entre eux et de sérieux doutes pour une autre. Fenrir Greyback, en portant la marque des ténèbres, était objectivement une faille dans tout plan de sécurisation de Poudlard et de ses environs. Dans les faits, puisqu'il avait assimilé les élèves et les habitants du château à sa meute, il serait l'un de ses plus farouches défenseurs. Mais, en tournant le dos à Voldemort pour suivre sa nature, il pourrait mettre en danger sa véritable meute et ça, il en était hors de question pour le loup garou. Il fallait savoir pour le directeur si son professeur de soins aux créatures magiques serait prêt à trahir son maître.

Minerva McGonagall, à cause de son aveuglement sur Albus Dumbledore, était un autre problème. Même en faisant ses preuves, elle n'acceptait toujours pas que Severus soit devenu directeur de Poudlard alors qu'elle pensait que le poste lui revenait de droit. Elle n'était pas assez aveugle pour saboter son autorité mais s'il l'incluait dans ses plans, il ne serait pas fou de croire que Dumbledore en serait informé dans la foulée. L'écarter serait également dangereux car même si elle n'était pas duelliste, elle serait un atout dont il serait difficile de se passer dans la bataille à venir.

Severus se secoua. Malcolm Granger avait raison, il fallait qu'il s'intéresse d'abord à ce qui était entre ses mains et visiblement, protéger les habitants du château s'avérait tout aussi compliqué de trouver un plan valable pour se débarrasser de Riddle comme de Dumbledore ! De guerre lasse, il décida de s'entretenir avec chacun d'entre eux. S'il sentait qu'il n'y aurait aucune difficulté majeure avec Fenrir, il avait bien l'intention de révéler quelques vérités bien senties à Minerva pour qu'elle puisse enfin enlever ses œillères qui agaçaient tout le monde, même ses collègues les plus anciens.

Il commença par Fenrir qui, en entrant dans le bureau, comprit que des décisions importantes allaient être prises.

-Je compte faire de cette école une forteresse pour protéger les élèves et uniquement eux, décréta Severus.

Le loup garou l'observa quelques instants avant de comprendre les sous-entendus de cette décision.

-Tu ne comptes laisser ni le lord ni Dumbledore se servir d'eux comme moyen de pression, comprit Fenrir. Tu comptes les trahir l'un comme l'autre.

-On ne peut parler de trahison que lorsque chaque partie a toujours tenu ses engagements, contra Severus. Or, aucun d'entre eux n'a respecté sa parole, qu'importe le sujet. Je prends simplement l'exemple d'être reconnus comme égaux les uns des autres alors que nous sommes rejetés par tous les camps parce que nous ne sommes que des pions pour les leaders de cette guerre et que nos vies n'ont aucune valeur à leurs yeux si ce n'est pour infliger des dégâts à l'adversaire.

Fenrir ne pouvait que concéder ces paroles. Voldemort l'avait appâté avec la promesse d'obtenir des droits égaux à ceux des sorciers pour les loups garous mais les mangemorts présents au sein du Magenmagot n'avaient jamais œuvré dans ce sens, laissant Dumbledore imposer une politique xénophobe.

-Tous les élèves ne vont pas croire que tu vas les faire passer en premier, pointa Fenrir.

-Je ne vais pas leur laisser le choix, assura Severus mystérieusement.

-Qu'attends-tu de moi ? demanda Fenrir en comprenant qu'il ne s'étendra pas plus sur le sujet

-Ce que tu comptes faire, répondit Severus. Te battre à nos côtés, rejoindre ta meute ou attendre pour mieux me livrer au lord … Sache toutefois que si tu décides de rester fidèle, je n'hésiterai pas à t'abattre, même dans le dos, pour protéger les élèves.

-C'est une menace ? gronda Fenrir en montrant les dents

-Une promesse, corrigea Severus. Tu sais que je la tiendrais.

Fenrir garda le silence quelques instants.

-Tu me fais confiance ? demanda subitement Fenrir. Honnêtement ?

-J'ai appris à te connaître, souffla Severus. Tu ne peux rarement jouer un rôle vingt-quatre heures sur vingt-quatre quand tu vis littéralement avec tes collègues dans un internat. Ce que j'ai retenu de ta personnalité, c'est que tu as beau te montrer sauvage sur le champ de bataille, tu es d'abord protecteur avec les tiens et ici, avec ceux qui ne peuvent pas se défendre. J'ai appris qu'accepter le loup en toi ne voulait pas dire que tu étais une bête sauvage tous les jours et c'est ce qui m'a fait comprendre que le lord comme Dumbledore n'avaient aucune idée de qui tu étais et quel atout tu pouvais être si tu pouvais vivre librement. Je suis franc parce que je pense avoir une chance de te convaincre, si ce n'est de protéger les élèves à mes côtés, de ne pas te mettre sur mon chemin pour le faire.

Fenrir garda une nouvelle fois le silence avant d'éclater de rire.

-Tu parles bien, Severus Snape, ricana Fenrir. Et tu as de bons arguments. Tu es l'un des rares à te souvenir des raisons de mon entrée chez les mangemorts et du fait que je protège ma meute avant tout. Confidence pour confidence, ma meute est en sécurité depuis qu'il a disparu chez les Potter. Je lui ai fait croire que je suis un loup solitaire et ainsi, il n'a plus été tenté d'enrôler mes loups de force comme il est en train de le faire avec les enfants des autres mangemorts.

Severus hocha la tête. C'était d'ailleurs l'une des raisons de son placement à la tête de Poudlard : éduquer les nouvelles générations à le servir, qu'importe leur avis sur la question ou même celui de leurs parents.

On ne dit pas non à Voldemort.

-Je promets de ne pas trahir ce que tu viens de me dire, déclara Fenrir avec de la magie dans la voix, faisant comprendre à son interlocuteur qu'il venait de sceller un serment. Tu devras simplement me laisser partir quelques nuits pour que je m'assure que les miens soient en sécurité.

-Ne veux-tu pas les emmener dans la forêt interdite ? demanda Severus, malgré tout curieux

-Je t'expliquerai ce qu'est vraiment la forêt interdite un jour où tu auras envie d'une histoire pour te faire dresser les cheveux sur la tête, ricana Fenrir. En attendant, considère-moi comme un protecteur de Poudlard.

L'entretien que Severus eut quelques temps plus tard avec Minerva McGonagall ne fut pas aussi paisible. Quand elle se présenta dans le bureau de Severus – qui n'était toujours pas celui qu'utilisait Albus Dumbledore – elle était déjà drapée de sa dignité bafouée. L'actuel directeur sut qu'il était inutile de prendre des chemins détournés pour la brosser dans le sens du poil, il allait devoir y aller de manière frontale.

-Comment se portent vos Gryffondors, Minerva ? demanda Severus

-Nous savons tous les deux que ce n'est pas ce dont vous voulez parler, aboya Minerva.

-C'est vous le legilimens ou c'est moi ? railla Severus. Je ne suis pas Dumbledore, je n'ai pas besoin de faire semblant d'être omniscient et j'apprécie une bonne discussion et que chacun utilise ses mots pour s'exprimer.

Minerva tressaillit. De nombreuses fois, elle avait pesté sur les manières cavalières d'Albus qui savait toujours ce dont elle voulait parler avant même qu'elle n'ouvre la bouche. Et là, elle se rebiffait quand on lui proposait une discussion des plus classiques ? Elle avait trop fréquenté l'ancien directeur, c'était évident.

-Je … fit Minerva.

Et elle se tut, interdite. Car à cette simple question, elle se trouvait incapable de donner une réponse. Excédée de ne pas avoir obtenu la tête de Poudlard, elle en avait oublié ses responsabilités en tant que responsable de maison. Toute à sa fureur, elle ne s'était pas étonnée de ne pas voir les préfets venir à elle pour traiter des affaires courantes ni même de se plaindre d'avoir comme professeurs des mangemorts ou un ancien prisonnier.

En observant la stupéfaction dans le regard de la professeure de métamorphoses, Severus dut retenir un sourire de satisfaction. Quand Hermione et Harry étaient entrés en septième année, ils avaient remarqué que leur directrice de maison prenait encore moins à cœur la responsabilité des Gryffondors. Même en n'étant pas préfets de leur maison, les deux amis avaient décidé de se faire plus présents pour leurs camarades. Ainsi, puisqu'ils n'étaient pas tenus de respecter les désidératas de leur professeure – et par ricochet, de leur ancien directeur d'école – ils pouvaient directement régler les problèmes avant qu'ils ne dégénèrent. Très vite, les élèves avaient préféré venir les voir au lieu des préfets et au-delà de la légende du Survivant et de la première apprentie du plus jeune maître de potions de ce siècle, ils avaient pu voir qu'ils n'étaient que deux élèves qui ne supportaient pas l'injustice et qui s'attendaient à ce qu'ils commencent par apprendre les choses par eux-mêmes au lieu de gober les imbécilités de celles et ceux qui prétendaient « savoir ». En fait, le moment où tout avait réellement basculé fut quand Ronald Weasley, le préfet de septième année, avait interdit à Hermione et Harry de dénigrer le professeur Dumbledore. Les deux bruns avaient alors rétorqué qu'à aucun moment, ils n'avaient parlé de l'ancien directeur et que les seules choses qu'ils auraient à dire sur lui, c'était qu'il n'était plus là et que l'école fonctionnait différemment désormais. Le roux avait beuglé mais Hermione l'avait remis à sa place en lui rappelant que le monde ne tournait pas autour de l'ancien directeur et ce n'était pas en faisait référence à lui à tout bout de champ que les problèmes allaient se résoudre. Eux aussi agacés par cette habitude néfaste de rappeler tous les actes de l'ancien directeur qui étaient très souvent inexistants, surtout quand on en venait à celui qui était en train de l'ouvrir, la majorité de la maison s'était détournée de celles et ceux qui voyaient Albus Dumbledore comme leur seul dieu malgré ses manquements – y compris Minerva McGonagall, donc – et avait organisé la gestion de leur salle commune sans eux. Il y avait eu quelques couacs au début mais désormais, il y avait une meilleure prise en charge des élèves comme des effractions sans que la directrice de maison ou la majorité des préfets soient impliqués.

-Minerva ? fit Severus

-Ils vont bien, déclara Minerva avec une infime pointe d'hésitation.

-Vous êtes sûre ? demanda Severus, clairement sceptique. Il y a quelques jours, j'ai encore reçu l'une des vôtres qui était à l'origine de la punition de Ronald Weasley dont vous doutiez de la culpabilité. Elle m'a affirmé qu'elle continuait de se faire harceler et que vous l'avez renvoyé en arguant qu'il était toujours impossible qu'il se rende coupable d'un tel acte. Pourtant, ses bleus ne laissaient aucun doute.

-C'est un mensonge ! affirma Minerva

-Alors que la majorité de votre salle commune en a été témoin plusieurs fois ? demanda Severus. Je serais curieux de connaître votre raisonnement ainsi que de comprendre votre comportement.

-Je n'ai pas à me justifier devant vous ! s'hérissa Minerva

-Puisque je suis le directeur de Poudlard, si, contra Severus. Et je commence à en avoir plus qu'assez de laisser passer vos caprices pour votre ego froissé. Oui, j'ai pris la place d'Albus Dumbledore parce qu'il ne s'est pas présenté à Poudlard pour la rentrée et qu'on ne vous a pas proposé le poste. Oui, j'ai fait entrer un mangemort dans l'équipe enseignante mais outre le fait qu'il n'y a pas de propagande dans ses cours et qu'il n'a jamais touché à un seul élève, ils n'ont jamais autant appris ni eu des résultats aussi élevés dans sa matière. Oui, j'ai osé séparer les Gryffondors et les Serpentards et les tensions dans l'école n'ont jamais été aussi apaisées, alors même que le lord est en train de prendre le pouvoir dans le pays. Oui, j'ose ne pas agir comme Dumbledore et vous remarquerez vous-même que les élèves sont beaucoup plus sereins !

-Ne me parlez pas sur ce ton ! siffla Minerva

-Par Morgane ! cracha Severus. Est-ce que vous croyez que cela me fait plaisir de vous réprimander comme une élève alors que vous avez été ma professeure ? Vous êtes la seule à critiquer chacun de mes actes pour le bien-être des élèves alors que vous avez littéralement dit amen à chaque fois que Dumbledore mettait en danger de mort les élèves et plus particulièrement votre golden boy !

-Ce n'est pas vrai ! protesta Minerva

-Vraiment ? railla Severus. On parle de celui qui a accepté que des détraqueurs patrouillent tout autour de l'école sans jamais tenir compte de la dépression qui s'emparait des élèves. Pire, il a autorisé Lupin à apprendre à Potter le patronus sans vérifier s'il possédait la puissance magique nécessaire ou même une méthode moins violente pour qu'il soit protégé de leur influence néfaste. Et je ne parle même pas du loup garou qui se transformait dans une simple cabane de laquelle il en est sorti de nombreuses fois et ce, même pendant son adolescence.

-Vous voyez toujours le pire côté de la situation, rechigna Minerva.

-Si elle s'était déroulée, je ne sais pas, à Beauxbâtons, est-ce que vous l'auriez accepté ? pointa Severus

-Beauxbâtons n'a pas de loup garou dans son équipe enseignante, affirma Minerva.

-Faux, corrigea Severus. Leur professeur de duel depuis vingt ans est un loup garou et il a convenu avec Maxime de ne jamais se transformer dans l'école les nuits de pleine lune, en accord avec le conseil international magique, d'ailleurs.

Minerva se figea, stupéfaite.

-Vous … commença Minerva.

-Mentez ? termina Severus. Quand allez-vous cesser de considérer tout ce que pourrait dire Dumbledore pour parole de Merlin ?! Êtes-vous si stupide pour ne pas pouvoir faire vos propres recherches ?

L'air buté de la professeure lui fit comprendre qu'il devait prendre cette décision qu'il n'aurait pas voulu prendre.

-Le bureau des aurors a proposé un échange d'enseignants, annonça froidement Severus. Il a remarqué que le programme des aurors devrait être renforcé mais également que leurs professeurs devraient avoir plus de pédagogie. Je ne vous laisse pas le choix, vous irez enseigner au ministère tandis que leur propre professeur de métamorphoses reprendra vos cours. Les élèves ne verront pas vraiment la différence puisqu'il ne reste que quelques semaines avant la fin de l'année et ceux qui préparent les examens sont autonomes. Vous êtes attendue dès demain matin.

-Vous me renvoyez ?! hoqueta Minerva

-Non, je fais un échange de professeurs, déclara froidement Severus. En vertu du contrat que vous avez signé, votre accord n'est pas nécessaire. Faites vos bagages, vous disposerez d'un nouveau logement de fonction. Vos appartements seront verrouillés après votre départ et vous pourrez y revenir cet été. Bonne soirée, Minerva.

La sorcière le darda d'un regard furieux avant de finalement comprendre qu'il ne changerait pas d'avis. Si Albus usait et abusait de cette règle méconnue de son contrat, elle avait toujours espéré que Severus ne connaitrait pas cette spécificité et l'utilise à son tour.

-Vous entendrez parler de moi, certifia Minerva.

-Vous êtes sûre ? fit Severus. Depuis le début de l'année scolaire, au lieu de faire en sorte que les élèves aient une scolarité de qualité, vous avez fait comprendre à vos collègues que vous ne ferez rien qui ne soit contraire aux désidératas de Dumbledore. J'ai dû reprendre à mon compte toutes vos responsabilités en tant que directrice de Gryffondor comme de professeure à l'écoute de ses élèves, notamment quand vous avez refusé d'écouter celles et ceux qui étaient agressés en toute impunité depuis des mois par Ronald Weasley. Maintenant qu'il est clair que vous comptez rester sur vos positions, pour le bien-être de tous les habitants de ce château, je refuse que votre attitude bornée menace encore le calme de cette école. Et croyez-moi, les élèves ne vous regretteront pas tant que ça, surtout si cela veut dire qu'ils n'ont plus à supporter de vous voir fermer les yeux sur les transgressions de vos chers lions ou leurs besoins réels.

-Le conseil d'administration ne sera pas d'accord avec votre choix, prévint Minerva.

-Comme il n'était pas d'accord avec les choix de Dumbledore pour ses derniers professeurs de défense contre les forces du mal et le remplaçant de Gobe-Planche, rétorqua Severus. Pourtant, cela s'est fait, ce qui veut bien dire que leur avis est bien consultatif. J'annoncerai votre départ immédiat ce soir. Bonne journée, Minerva.

Comprenant une fin de non-recevoir quand elle en recevait un, la professeure tourna des talons, son ego horriblement froissé. Severus, pendant ce temps, soupira de soulagement.

Un écueil d'évité.