Bonjour tout le monde ! Je vous adresse un énorme merci pour vos commentaires et je vous souhaite une excellente lecture ! On s'approche de l'entrée à Poudlard et ça, ça promet encore des aventures très sympas.


« Ginny. » l'avertit Ron, tandis que Ginny posait le pied dans sa chambre.

Elle posa son autre pied et entra quand même.

« Ginny ! »

« Tu pars demain, de toute façon. » contra-t-elle.

Ron remarqua le tremblement dans sa voix. Il se détourna d'elle pour lancer une paire de chaussettes dans sa malle cabossée. Ron ne comprenait pas vraiment comment il avait fait pour ne pas avoir une nouvelle malle, parce que Bill et Charlie avaient tous les deux pris leurs malles avec eux et Percy et les jumeaux utilisaient encore les leur, mais Maman avait sorti celle-ci de nulle part, et Ron avait donc récupéré une malle d'occasion pour y ranger ses affaires de seconde main.

« Ça ne change rien que je sois là ou pas ! »

« Je suis encore là, fit remarquer Ron. Et ça veut dire que les règles tiennent tou- »

« Je viendrais ici tout le temps pendant ton absence. » lui dit Ginny.

« Non, dit Ron. Tu ne feras pas ça. »

« Si. » répondit Ginny en se jetant sur le lit.

« Dégage ! » s'écria Ron en la poussant.

Ginny le poussa en retour.

« Je viendrais ici et je sauterais sur ton lit, et je fouillerais dans tes affaires, et- »

« Je n'écrirais pas si tu fais ça. » menaça-t-il.

La lèvre inférieure de Ginny trembla un peu et ses épaules s'affaissèrent. Ron se sentit instantanément mal de l'avoir attristé.

« Tu n'étais pas censé dire ça. » dit-elle.

Ron s'éloigna pour attraper un livre sur son bureau. Il s'agissait de L'histoire de Poudlard et il ne pensait pas l'avoir déjà vu avant. Ron ne l'avait jamais lu et ce n'était pas un livre qu'il possédait depuis des années … Alors, pensa-t-il, ça ne pouvait être qu'un livre de la bibliothèque de Poudlard. Il le jeta dans sa malle.

« Tu étais censé dire que tu allais rester à la maison pour t'assurer que je ne fasse pas ça. »

Elle renifla et Ron se tourna à temps pour la voir essuyer ses yeux avec sa manche.

« Pourquoi je ne peux pas y aller cette année ? demanda Ginny piteusement. Je pourrais me débrouiller. »

Ron ne répondit pas.

« Je pourrais ! Il n'y a pas tant que ça de différences entre dix et onze ans ! Et Percy pourrait m'aider si j'avais besoin ! »

« Perce va passer ses B.U.S.E. cette année, souligna Ron. Il n'aura le temps pour rien d'autre. »

Il y eu un moment de silence durant lequel Ginny y réfléchit, avant que sa lèvre ne se remette à trembler.

« Je serais toute seule. » dit-elle.

« J'écrirai, dit rapidement Ron. Je le promets. »

« C'est pas la même chose. » répondit-elle.

Ron ne pouvait qu'être d'accord. Ces deux dernières années, lui et Ginny avaient toujours été tous les deux – sans parler de leurs parents, mais ils ne comptaient pas vraiment. Elle était sans aucun doute sa meilleure amie et aussi excité qu'il était à l'idée d'aller à Poudlard, il aurait aimé qu'elle puisse venir avec lui. Harry serait là, mais Ron ne connaissait personne d'autre et ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter de n'avoir aucun autre ami. Autrement qu'avec ses frères, Ginny et occasionnellement Luna ou Harry, il n'avait jamais vraiment eu à faire à d'autres enfants. Et si personne ne l'aimait ? Il n'était pas intelligent comme Bill et Percy, n'était pas drôle comme les jumeaux ou populaire comme Charlie. Ron n'avait rien à offrir.

Pourquoi ne pouvions-nous pas être jumeaux, nous aussi ? se demanda-t-il en regardant Ginny … qui était toujours dans sa chambre, sur son lit … Mais Ron ne pouvait se résoudre à lui dire de sortir. Il partait demain, alors c'était une occasion spéciale, supposa-t-il. Il pouvait être laxiste pour cette fois.

« Petit Ronouchet ! »

L'expression triste de Ginny disparut en une seconde et les pensées de Ron s'interrompirent. Il se fit la réflexion qu'il n'avait que cinq secondes s'il voulait se cacher sous son lit avant que les jumeaux n'arrivent.

Mais Ginny me balancerait … Elle était sa meilleure amie, mais elle était aussi sa petite sœur et Ron ne comptait pas faire l'erreur d'oublier ça. Sa porte, qui était déjà ouverte, claqua contre le mur, ce qui surprit les joueurs des Canons et les fit disparaître brièvement du poster. Maman cria quelque chose depuis le rez-de-chaussée et la voix agacée de Percy ajouta quelque chose dans le silence qui suivit.

Ron grogna lorsque George s'invita dans sa chambre, demandant si sa paire de chaussettes préférée avait fini dans la pile de linge de Ron avant de farfouiller dans sa malle pour la retrouver, défaisant au passage le petit rangement que Ron avait réussi à achever. Celui-ci leva les yeux au ciel lorsque Fred – pas loin derrière George – apparut avec des bosses dans les poches qui ressemblaient fortement à des Bombabouses et les laissa tomber dans la malle de Ron quand il pensa que personne ne regardait. Fred commença à murmurer quelque chose à Ginny qui, en retour, se mit à ricaner.

Ron laissa tomber et prit la poudre d'escampette, laissant les envahisseurs de chambre qu'il appelait ses frères et sœur pour aller se chercher à manger. Il n'y avait aucune chance qu'il réussisse à terminer quelque chose en la présence des autres.

« Fred, j'ai dit- Oh, Ron, chéri. » dit Maman en passant hâtivement à côté de lui avec une dernière pile de linge.

Ron repéra les chaussettes que George cherchait et soupira.

« Ta malle est finie ? »

« Euh non, dit Ron. Je me suis dit que j'allais juste manger quelque chose et- »

A travers la porte ouverte de la buanderie, Maman lui dit – dans des termes incertains – qu'il n'aurait même pas une miette tant qu'il n'aurait pas fini sa malle et le renvoya à l'étage aussitôt qu'elle ressortit de la buanderie.

Ron piétina à travers la maison, jurant à voix basse, jusqu'à ce que Percy sorte la tête de sa chambre – avec son badge de préfet et un chiffon de polissage dans les mains – et lui dit qu'il lui retirerait des points de Maison s'il se comportait comme ça demain. Percy ne veut pas que son petit frère l'embarrasse, pensa Ron en levant les yeux au ciel.

« Désolé Percy. » marmonna Ron.

« Ce n'est rien. » dit Percy en levant le nez.

« Oui, Ron, ce n'est rien. » dit Fred sur un ton pompeux, en arrivant derrière eux.

Il s'arrêta, les yeux étincelants lorsqu'ils se posèrent sur Percy. Percy – comme Ron l'aurait fait si c'était lui que Fred regardait comme ça – recula d'un pas, repassant l'encadrement de la porte de sa chambre.

« T'es en train de polir ton badge du club de Sortilèges ? »

Percy pinça les lèvres.

« C'est mon badge de préfet. » répondit-il sèchement.

« Oh, c'est vrai. » répondit Fred, comme s'il venait juste de s'en souvenir.

Il se tourna vers Ron.

« Tu savais que Percy était préfet cette année ? »

« Il l'a mentionné. » dit lentement Ron.

Percy l'avait mentionné … A peu près à chaque fois qu'il avait ouvert la bouche. Percy lui lança un regard trahi. Ron haussa les épaules d'une manière plus ou moins désolée, mais il ne l'était pas vraiment.

« Le deuxième de la famille, poursuivit Fred sur le même ton pompeux, gonflant le torse comme Percy l'avait fait lorsque sa lettre était arrivée voilà quelques semaines. Bill avait déjà atteint un certain niveau, mais ils ont des styles différents, vois-tu, et Bill était probablement un peu trop désinvolte vis-à-vis de tout ça- »

Ron ricana.

« -tandis que Perce apportera une touche plus traditionnelle à son autorité et- »

Aussi drôle que ce fut de voir Fred sautiller sur le petit pallier devant la chambre de Percy, Ron en avait assez entendu sur les projets de Percy quant à sa nouvelle responsabilité de préfet pour rester et regarder. Il remonta les escaliers, croisant George en sens inverse qui venait sûrement investiguer sur la situation entre Fred et Percy.

« Tes chaussettes sont en bas. » lui dit Ron.

George acquiesça distraitement, ses yeux toujours fixés sur Percy.

« Et s'il fait ça bien, dit George avec grandiloquence. Alors devenir préfet-en-Chef sera une formali- »

« Et c'est reparti. » annonça Ginny, tandis que Ron rentrait à nouveau dans sa chambre.

En bas, Fred et George gloussaient et essayaient toujours d'imiter la voix pompeuse de Percy, tandis que Percy leur criait dessus.

« Je suis contente qu'ils partent avec toi. »

« Non, c'est pas vrai. » dit Ron.

Ginny lui tira la langue.

« Mais moi, oui. » dit-il doucement.


Blaise était assis, seul, sur une chaise trop grande à une table trop grande dans un salon trop grand dans une maison trop grande et trop chère. Il mangeait des spaghettis à la bolognaise qu'il avait cuisiné seul – ce qui avait horrifié Dolly, l'elfe de maison, mais Blaise s'en moquait – et il buvait de l'eau – parce que Giovanna n'aimait pas le jus de fruits ou le lait aromatisé. Il était aussi heureux qu'il pouvait l'être, étant donné les circonstances.

Demain, il partait. Pas à la maison chez son père, où il voulait être, mais au moins, il serait loin de Giovanna et Dolly. Et d'après Blaise, c'était la meilleure chose qui puisse arriver.

Blaise n'était pas sûr de savoir quoi attendre de Poudlard. Il avait toujours aimé l'école, apprendre, alors il s'attendait à apprécier cet aspect-là, mais d'après lui, les sorciers et les sorcières étaient les personnes les plus intolérantes, gâtées et égocentriques qu'il avait jamais rencontré. Blaise Zabini, bien sûr, serait l'un d'entre eux. Blaise avait toujours été doué pour manipuler les gens, doué pour les décrypter et pour savoir comment agir pour se faire accepter, et doué pour jouer les rôles nécessaires.

Le rôle que Giovanna lui avait demandé de jouer était celui d'un héritier arrogant, éduqué pour être réparti à Serpentard ou à minima à Serdaigle. Les deux autres Maisons n'étaient pas envisageables, alors Blaise n'y avait pas pensé davantage. Il ne savait pas laquelle de ces deux potentielles Maisons lui correspondrait le mieux. Il avait toujours aimé étudier et c'était l'une des seules caractéristiques dont les Serdaigles semblaient être dotés, mais Serpentard … Apparemment, Serpentard évoquait à tous la ruse et l'ambition – ou du moins, c'était ce que tout le monde disait – et Blaise pensait que ça lui correspondait très bien.

Blaise ne voulait pas particulièrement devenir Ministre de la Magie ou posséder le plus grand coffre de Gringotts, mais il avait un but. Il voulait se protéger et en faisant ça, il protégeait Papa. Il ne reculerait devant rien pour atteindre son but et tout ce qu'il avait fait depuis qu'il avait rencontré Giovanna était lié à cela.

Il ne pensait pas qu'aucun des autres enfants qu'il avait rencontré soit particulièrement intelligent – ils étaient trop égocentriques pour avoir d'autres perspectives – mais cela lui demandait de sacrées compétences en bluff pour leur faire croire qu'il était vraiment Blaise Zabini, et non Blaise Benson. Drago Malefoy se trouvait parmi eux depuis des années et même lui ne s'intégrait pas aussi facilement que Blaise. Cela, pensa Blaise, demandait des talents et il n'était pas assez modeste pour ne pas le remarquer.

Il aimait penser qu'il était meilleur que ces petits crétins des dîners auxquels Giovanna l'emmenait. Ils étaient ainsi parce qu'ils avaient été éduqué depuis leur naissance à se comporter de cette façon et qu'ils n'avaient jamais eu le courage ou la curiosité de remettre cela en question. Blaise jouait le jeu pour pouvoir écrire une lettre par mois à son père et parce que Giovanna lui avait indiqué que la moindre incartade de sa part aurait des conséquences pour son père. Il l'avait prise au sérieux. Pour l'amour du ciel, la première fois qu'il l'avait rencontré, elle avait placé sa baguette sur la gorge de Papa et les mois suivants, il avait appris des choses sur ses précédents maris et d'où venait l'argent qui finançait son énorme maison et ses goûts de luxe.

Voilà trois semaines, il lui avait demandé pourquoi elle n'avait pas tué Papa comme les autres. Elle lui avait répondu que les instituteurs moldus – ce que Papa était lorsqu'il avait rencontré Giovanna – ne gagnaient pas beaucoup d'argent et que le peu qu'ils gagnaient ne représentaient rien une fois converti en gallions … Cela avait apparemment suffi à la décider, puis une fois qu'elle avait découvert qu'elle était enceinte de Blaise, elle avait été forcé de le garder en vie par praticité. Maintenant que Blaise allait à Poudlard, cela allait sans dire que Papa n'était plus aussi utile que durant les onze années précédentes. Il fallait donc que Blaise soit très attentif à faire ce qu'on lui disait de faire.

Il s'intégrait, en mentant et en arborant la même expression hautaine et ennuyée que chaque personne du monde magique semblait porter. Et il faisait attention à ne jamais, jamais révéler quoi que ce soit sur sa vie qui se soit passé avant ces trois derniers mois.

Il fit tourner sa fourchette – qui valait probablement à elle seule plus que toute la vaisselle que lui et Papa possédaient à la maison – et la fourra dans sa bouche. Il sourit un peu tristement – la recette de bolognaise de Papa lui rappelait toujours la maison – et il se demanda ce qu'il faisait en ce moment.

Il se prépare sûrement pour la rentrée à venir, pensa Blaise en soupirant. Il se demanda comment Papa allait. Il avait tendance à se perdre dans son travail lors des débuts et des fins d'année scolaire et Blaise aidait toujours un peu plus à la maison lors de ces périodes. Il faisait un peu plus la vaisselle ou aidait à faire le dîner. Il aidait aussi Papa à se détendre, en regardant la télé ou en jouant au football dans le jardin.

La première chose que Blaise ferait une fois à l'école serait de trouver un moment pour lui pour écrire une lettre à Papa. Giovanna avait beaucoup de relations – il avait vu beaucoup de monde lors de son premier mois au Manoir. Lors des deuxièmes et troisièmes mois, une fois qu'elle fut retournée au travail, il avait entendu beaucoup de discussions entre Dolly et Giovanna à propos d'affaires, de collègues et de clients – mais même elle ne pouvait pas avoir assez d'influence pour bloquer le courrier de l'école.

Blaise prit une autre bouchée de son dîner et leva les yeux lorsque la porte de la cuisine s'ouvrit pour laisser passer Dolly, qui tenait entre ses mains squelettiques un plat de poulet et de potiron pour Giovanna. En passant, elle lança un regard désapprobateur à l'assiette de Blaise et ne lui offrit pas son habituel 'Maître Zabini'.

Ils se dévisagèrent jusqu'à ce que Dolly disparaisse par une autre porte, laissant Blaise seul à nouveau. Il écouta attentivement pour entendre le léger cliquetis de la fourchette sur le plat de Dolly, pour savoir dans quel endroit de la maison elle se rendait. Les sons quotidiens de la télévision, de la machine à laver, du téléphone, manquaient à Blaise, mais il ne pouvait nier que le silence de la maison de Giovanna avait ses avantages. Cela l'aidait à éviter ses autres occupants à moins, bien sûr, que Dolly ne transplane.

Blaise prit une autre bouchée de son dîner avant d'ajouter quelques pincées de parmesan. Il leva alors son verre d'eau en direction des chaises vides autour de lui dans une parfaite imitation d'un toast.

« A Blaise Benson, dit-il. Puisse-t-il reposer en paix jusqu'à Noël. »


« Tout est prêt, chérie ? » demanda Maman en se penchant contre le bois de la porte.

« Presque, répondit nerveusement Hermione. Je pensais prendre ces deux-là- »

Elle montra Le livre des sorts et enchantements et L'histoire de Poudlard, qui étaient posés sur le lit près d'elle.

« -avec moi pour pouvoir les lire dans le train. »

Elle parlerait d'abord aux gens – Harry, Blaise ou n'importe qui qu'elle rencontrerait dans le train – mais il n'y avait pas tant de sujets de conversation possibles et elle était sûre qu'à la moitié du trajet, ils auraient déjà tout dit. Harry voudrait sûrement jouer à la Bataille Explosive, un jeu auquel Hermione avait toujours été mauvaise, et pendant qu'il faisait ça, elle pourrait se retirer dans ses livres.

Maman l'observa quelques secondes avant d'entrer dans la chambre, regardant les étagères nues, l'armoire vide et la valise presque débordante sur le sol. Une photographie de Hermione et ses parents – prise lors de leur récent voyage en Amérique – était posée en plein milieu et Maman sourit tristement avant de se retourner vers sa fille.

« Tu es sûre de ce que tu fais, Hermione ? »

Hermione hocha la tête.

« Ce n'est pas trop tard pour aller dans l'école d'à côté- »

« Maman, j'ai déjà décidé. » dit Hermione.

Elle ne savait pas si l'inquiétude de sa mère venait du fait qu'elle déménageait à l'âge de onze ans – presque douze – ou si c'était parce qu'elle allait étudier la magie.

« C'est une opportunité fantastique et je ne peux pas la manquer. Je vais apprendre plein de nouvelles choses- »

Hermione ne manqua pas la façon dont les yeux de Maman se posèrent sur la baguette qui était posée près des livres sur le lit.

« -et me faire de nouveaux amis. »

« Tu pourrais te faire des amis ici. » dit doucement Maman.

« Personne ne veut jamais être mon ami. »

« Tu as rencontré Harry et Bla- »

« Et ce sont tous les deux des sorciers, fit remarquer Hermione. Ils sont aussi différents. »

Maman l'observa avec tristesse. Hermione se demanda si c'était parce qu'elle avait utilisé le mot 'différent' ou si c'était autre chose.

« Je vais à Poudlard, Maman, dit-elle avec assurance. Je suis une sorcière et ma place est là-bas. »

« Je sais, répondit Maman, un peu émue. Je sais, je sais … C'est juste … Si ça ne te plaît pas – si c'est trop ou si tu changes d'avis – promets-moi que tu reviendras à la maison. D'accord ? »

« D'accord. » dit Hermione en croisant les doigts derrière son dos.

Elle avait Harry et Blaise, mais à part ça, ce serait comme les autres fois quand elle changeait d'école. Elle commencerait au bas de l'échelle, ne connaîtrait presque personne et cette fois, elle ne pourrait même pas rentrer à la maison à la fin de la journée, parce que son école allait devenir sa maison … pour sept années complètes. Si elle ne l'aimait pas, elle serait coincée, car peu importait ce qu'elle avait dit à Maman, elle ne comptait pas abandonner et partir.

Elle allait trouver une place là-bas – elle se fichait de savoir où, juste quelque part – dans le monde magique, d'une façon qu'elle n'avait jamais réussi à accomplir dans le monde moldu. Elle était une sorcière et elle avait sa place à Poudlard … Et elle continuerait juste de se le répéter jusqu'à ce qu'elle y croit.


« -et à moins que tu ne veuilles le perdre, tu ne feras pas une telle chose. » dit Mère.

Drago s'était déjà réconcilié avec l'idée de laisser son balai derrière lui et bien qu'il n'aimait pas ça, il n'était certainement pas aussi dévasté que Hydrus.

« Père. » gémit Hydrus.

Drago leva les yeux au ciel.

« Narcissa, commença Père en regardant Mère. Sûrement- »

« Non. » dit Mère, beurrant une tranche de pain.

Elle n'avait même pas levé la tête. Elle était bizarre ces derniers jours. Elle évitait le reste de la famille, avait crié deux fois sur Dobby, se parlait à elle-même et pour son anniversaire, la veille, elle n'était pas allée voir Tante Bella, ce qu'elle faisait pourtant toujours … Drago n'avait pas pensé cela possible, mais il avait passé assez de temps à observer les gens pour savoir que Mère se sentait nerveuse ou coupable … ou peut-être les deux. Drago s'était dit qu'ils allaient lui manquer, quand ils partiraient pour Poudlard demain.

Il était sûr que Père avait remarqué, mais quand Mère était de mauvaise humeur, Père avait tendance à lui laisser de l'espace. Hydrus était si dévasté par l'injustice de devoir laisser son balai derrière lui qu'il n'avait probablement même pas remarqué et donc il ne restait plus que Drago pour faire quelque chose.

Il trouva l'occasion après le dîner. Père et Hydrus étaient partis voler et Mère s'était retirée dans la bibliothèque pour se cacher derrière Histoire des Maisons. Il frappa contre l'encadrement de la porte, ne voulant pas la surprendre – elle s'était aussi montrée distante ces derniers temps – et elle frémit en levant les yeux. Son front se contracta lorsqu'elle vit qu'il s'agissait de Drago.

« Mère, dit-il. Je peux entrer ? »

« Bien sûr. » dit-elle, avant de se cacher de nouveau derrière son livre.

Drago entra et s'assit sur le fauteuil le plus proche du sien. Il savait qu'elle n'était pas aussi indifférente qu'elle semblait l'être. Il remarqua que ses épaules s'étaient figées et que ses doigts se serraient sur la couverture du livre qu'elle tenait.

« Tout ira bien. » dit-il.

« Pardon ? » demanda Mère en se figeant davantage.

Drago regarda par la fenêtre de la bibliothèque, il pouvait toujours voir Père et Hydrus voler dans le parc, alors il se leva. Il hésita un instant – Mère ne lui avait pas fait de câlin depuis longtemps – avant de la serrer dans ses bras. Elle laissa échapper un petit bruit, avant de l'attirer sur ses genoux et de le serrer contre elle.

« Oh, Drago. » murmura-t-elle

Il la sentit trembler, avant de l'entendre renifler un peu.

« Mère ? » demanda-t-il, incertain.

Il l'avait déjà vu pleurer – une fois – mais pas depuis un long moment. C'était quelque chose que Mère ne faisait juste pas.

« Tu vas prendre soin de toi, pas vrai ? »

Drago adressa au dessus de sa tête – son visage était pressé contre son épaule – un regard étrange.

« Évidemment, répondit-il d'une voix traînante, avant de tapoter doucement l'épaule de Mère. Mère, tu n'as pas besoin de t'inquiéter pour moi ou pour Hydrus. Nous nous préparons pour Poudlard depuis toujours. »

C'était vrai. Ils étaient entourés des camarades de leur future Maison depuis leur naissance et Mère leur avait appris les sortilèges et les théories qu'ils auraient besoin de connaître pour comprendre les leçons. Mère, cependant, sanglota lorsque Drago parla de préparation.

« Je promets que nous écrirons. Ou je le ferais et je le rappellerais à Hydrus s'il ne le fait pas, mais nous aurons les mêmes classes, alors ce n'est pas grave s'il n'écrit pas parce que nous aurons les mêmes informations. »

Mère s'étouffa un peu et toussa.

« Ou nous nous assiérons ensemble dans la salle commune pour écrire ensemble, dit rapidement Drago, sans trop savoir pourquoi elle était toujours bouleversée. Tout ira bien, Mère, je le promets. »

Mère resta silencieuse pendant plusieurs secondes et Drago la sentit presque rassembler sa force.

« Oui. » dit Mère.

Sa voix était très basse, mais elle ne tremblait plus, et lorsqu'elle leva la tête, une seule larme restait.

« Oui, tu as raison. »

La larme roula le long de sa joue pâle et Mère la fit disparaître d'un revers de manche. Elle se déplaça et Drago se releva pour que Mère puisse faire de même. Elle croisa les mains devant elle, acquiesça et sourit.

« Tout ira bien. » dit-elle.

Alors elle prit son livre et s'en alla, laissant Drago debout au milieu de la bibliothèque.

Mensonge, lui souffla son esprit.


Harry se réveilla en sentant le museau glacé de Patmol dans son oreille, ainsi qu'une respiration chaude et animale sur son visage. Il se mit à rire, tira Patmol par son collier pour pouvoir s'asseoir, et lança son oreiller sur son parrain.

Patmol attrapa juste le coin de l'oreiller – doucement – entre ses crocs acérés et adressa un sourire idiot à Harry, la langue un peu pendante. Harry abandonna la lutte et le poussa – lui et l'oreiller – hors du lit.

Patmol remonta presque instantanément sur le lit et Harry savait qu'il allait perdre la bataille, alors il fit la seule chose qu'il pouvait faire.

« Est-ce que Lunard est déjà réveillé ? »

Patmol s'arrêta dans son geste et ses oreilles se redressèrent. Harry mit ses lunettes sur son nez, attrapa sa baguette et avec un sourire, sauta du lit.

Patmol lâcha un gémissement impatient et Harry se mit à rire, en lui courant après.

Après une matinée si mouvementée, il était difficile d'imaginer un petit-déjeuner autre que calme, mais ce ne fut pas le cas. Kreattur s'était surpassé et avait cuisiné toutes les choses que Harry aimait – même des choses comme la tarte à la mélasse qui n'était pas une recette de petit-déjeuner – et Lunard et Patmol étaient de bonne humeur, se rappelant leurs souvenirs de Poudlard et parlant à chaque fois plus fort en essayant de partager avec Harry les endroits ou les tableaux qu'il devait voir une fois qu'il serait là-bas.

« La Forêt Interdite est toujours sympa, dit Patmol. Mais je ne te la recommande pas tant que tu n'as pas réussi à te transformer ou tu risques de te perdre ou de te faire attaquer par quelque chose. »

Harry arqua un sourcil et les observa.

« Ou les deux. » dit Lunard.

Sa bouche frémit et il esquissa un sourire piteux.

« Tu te souviens de ce jeu- ? »

« Oui. Pauvre Hagrid. » répondit Lunard.

Il se tourna vers Harry qui attendait patiemment une explication.

« A l'école, on avait l'habitude de passer notre temps libre à rigoler dans la forêt. » expliqua Lunard.

« Cache-cache, dit Patmol. Cornedrue et moi, on se bagarrait aussi et Pe- »

Il toussa bruyamment.

« -Lunard pariait sur qui allait gagner. »

« La forêt était – et est toujours, j'imagine – en dehors des limites. Les centaures ne sont pas toujours amicaux et il y a toutes sortes d'autres créatures qui vivent là-bas. »

« Tu te souviens de l'araignée ? » demanda Patmol avec espoir.

Lunard acquiesça et Patmol se tourna vers Harry.

« Elle était aussi grosse qu'un chat et elle a essayé de manger Queudver un soir de pleine lune. »

« Mais Hagrid, dit Lunard en revenant au sujet. Une fois qu'il a compris où on allait dans notre temps libre, a essayé de nous arrêter quand il pouvait. »

« Il restait assis devant sa cabane et nous criait dessus quand on s'approchait trop des arbres, expliqua Patmol. Et si nous y allions, il devait venir et nous retrouver pour nous ramener à l'école – ça faisait parti de ses responsabilités de gardien des clés apparemment ... »

« Sirius et James- »

« Et toi. » ajouta Patmol.

Lunard hésita avant de soupirer et de sourire largement, apparemment incapable de s'en empêcher.

« Tous les trois, du coup, trouvions que c'était un jeu incroyable. Il y avait un grand et vieil arbre et on faisait la course – pour voir qui pourrait arriver là-bas avant que Hagrid nous attrape et nous mette sur son dos – littéralement – pour nous ramener à l'école. »

Harry – qui avait rencontré Hagrid plusieurs fois maintenant – fut parfaitement capable de l'imaginer avec un Maraudeur ou deux sur chaque épaule et se mit à rire.

« Tu devrais lui montrer l'arbre, dit Patmol, excité. Pour voir si la seconde génération peut jouer- »

« Je place déjà Dumbledore dans une position délicate rien qu'en étant qui je suis, dit Lunard en se mordant la lèvre. Je ne suis pas sûr que je devrais encourager- »

« Si Dumbledore voulait un professeur bien élevé, il n'aurait pas embauché un Maraudeur. » lança Patmol avec conviction.

Harry ricana et Lunard ouvrit la bouche, la referma, avant de secouer la tête.

« Non, confirma-t-il finalement. Probablement pas. »