Bonjour à tout le monde ! Comme toujours, un grand merci pour vos retours. Je vous souhaite une très bonne lecture !
« Tu rigoles, pas vrai ? » demanda Harry.
« Non. » dit Lunard.
« Absolument pas. » ajouta Patmol, l'air étrangement sérieux.
« Marcher à travers ? » répéta Harry.
Une moldue s'arrêta et se mit à détailler Hedwige, qui claqua impatiemment du bec dans sa cage posée au-dessus de la malle de Harry sur le chariot. Tonks se tourna et la fixa avec le même intérêt, jusqu'à ce que la femme réajuste son sac à main et s'empresse de s'en aller. Tonks se retourna alors, souriant si largement que son visage de petite fille de huit ans menaçait de se fendre en deux.
Depuis l'attaque de la fin juillet, c'était la première sortie de Lunard en dehors de Grimmaurd – sauf la fois où il s'était rendu chez lui à la pleine lune, ou chez les Tonks, ou chez Matt pour un déjeuner – et bien que Patmol – qui n'avait pas fait l'effort de se déguiser – gardait un œil sur les alentours, Tonks était là en guise de deuxième cercle de protection, juste au cas où.
« Ou courir, dit Patmol en haussant les épaules. Les deux fonctionnent. »
Harry lui lança un regard sceptique. Le jour où il était venu le chercher à Privet Drive, si Patmol lui avait dit de courir contre ce qui semblait être un mur bien solide, il l'aurait cru … Les sorciers étant des sorciers, Harry n'aurait pas vraiment été surpris que ce soit nécessaire de courir à travers le mur pour accéder au quai. Mais Harry n'aurait pas été surpris non plus que ce soit une blague de Patmol. Patmol ne ferait jamais rien pour blesser Harry, mais il trouverait sûrement drôle de le convaincre de courir dans un mur.
« -bondés de moldus bien sûr- »
Harry et les autres se retournèrent pour voir une grande famille, une famille sorcière très remarquable. Ils étaient tous flanqués de leur malle de Poudlard et le plus grand des garçons avait même un hibou. Ils avaient aussi l'air plutôt familier.
Ginny fut la première à repérer Harry et alors que Mme Weasley commençait à dire quelque chose à propos du numéro du quai, elle se libéra de l'étreinte de sa mère et donna un coup de coude à Ron. Ils se mirent tous les deux à sourire largement et à agiter la main. Les autres les suivaient un peu plus lentement – Harry reconnut les jumeaux dont ils avaient beaucoup entendu parler et un garçon plus âgé qui était soit Bill, soit Percy (Charlie était un ami de Tonks qui travaillait avec des dragons).
« Bonjour M. Black. » dit Ron en agitant timidement la main dans sa direction.
Tonks changea son nez (subtilement, parce qu'ils étaient toujours entourés de moldus) et Ginny laissa échapper un cri de surprise en la reconnaissant et se hâta de l'enlacer.
« Bonjour M. Lupin. »
« Professeur Lupin cette année. » dit Harry en souriant.
Un grand sourire apparut immédiatement sur le visage de Ron.
« Génial ! dit-il, ravi. Vous êtes le nouveau professeur de Défense ? Fred a dit que le dernier a démissionné à la fin de l'année- »
« Fred a raison. » confirma Lunard.
L'un des jumeaux – probablement Fred – leva les yeux. L'autre – de mémoire, il s'agissait de Greg ou George ou quelque chose de ce genre – se chamaillait avec leur frère aîné et Mme Weasley regardait Lunard et Patmol avec hésitation, comme si elle n'était pas sûr de les saluer ou non. Harry ne savait pas s'ils s'étaient déjà rencontrés. Elle sourit aimablement à Harry quand elle croisa son regard et il sourit en retour.
« Pressé de partir ? » demanda-t-elle.
Il sourit largement et acquiesça, mais ses yeux se posèrent sur Patmol et son sourire vacilla légèrement. C'était dur d'imaginer de ne pas le voir tous les jours, de ne pas entendre sa voix ou son aboiement …
Il va vraiment beaucoup me manquer, pensa Harry, une fois de plus. Patmol vérifia son Sidekick et lança un regard interrogateur à Harry. Celui-ci secoua la tête et Patmol l'observa un instant de plus, avant de s'adresser aux autres.
« On y va ? »
« Comment on fait pour passer ? » demanda Harry à Ginny, à voix basse.
Elle était la plus proche de lui, parce que Ron s'était placé derrière Tonks – bien qu'il la dépassait lorsqu'elle était dans cette forme particulière – pour s'éloigner du champ de vision de Mme Weasley et pouvoir faire un doigt d'honneur aux jumeaux. Leur frère le plus âgé avait l'air partagé entre la désapprobation et la satisfaction.
« A travers le mur. » dit-elle en le montrant du doigt.
« Je pensais que Patmol blaguait. » dit-il, et Ginny se mit à rire en voyant l'expression blessée sur le visage de Patmol.
Mme Weasley réussit à faire traverser sa famille – Harry resta près de Patmol, en partie pour éviter de se faire marcher sur les pieds et en partie pour s'assurer que Ginny ne lui racontait pas aussi des bêtises – puis ils suivirent. Patmol d'abord, ensuite Harry, et finalement Lunard et Tonks.
« Wow. » dit Harry avant de pouvoir s'en empêcher.
Même partiellement dissimulé par la vapeur, le Poudlard express rouge et brillant était un sacré spectacle. Et toutes ces personnes rassemblées … Harry ne pensait pas en avoir vu autant depuis le procès de Patmol l'année précédente. Le bruit était écrasant – des voix (certaines excitées, d'autres larmoyantes), les hululements des hiboux, les miaulements des chats. Hedwige secoua ses plumes et Harry se rapprocha de son parrain, qui plaça une main sur son épaule. Heureusement, personne ne semblait les avoir remarquer, ni comprit qui ils étaient.
« Grand-mère, j'ai encore perdu mon crapaud. » gémissait un garçon au visage rond, tandis que Harry suivait Patmol dans la foule.
Les Weasley prirent leur propre chemin, mais Harry était sûr qu'ils se retrouveraient plus tard, une fois que le train serait parti. Lunard et Tonks avaient aussi disparu dans la foule.
« Ils nous retrouveront, dit Patmol, rassurant. Viens. On va te trouver un endroit où t'asseoir. Je crois que le mieux, c'est au fond. Les préfets n'y vont pas beaucoup. »
Harry se mit à rire et poussa son chariot vers Patmol – qui se débrouilla plus facilement que Harry pour le pousser dans la foule. Harry garda cependant une main sur le chariot, de peur qu'ils soient séparés.
Harry repéra des visages familiers. Amélia Bones avec une fille aux cheveux roux – la fille se cacha derrière elle en les voyant, mais Bones les salua d'un signe de tête – et la famille Malefoy avec un groupe d'autres personnes. A cause de la distance, Harry ne pouvait pas distinguer Hydrus de Drago, bien qu'il soupçonnait que Drago était celui qui se tenait le plus près de Mme Malefoy. Il les perdit dans la foule un instant plus tard.
« Patmol ! »
Harry reconnut la voix de Lunard à travers tout ce vacarme et il repéra Tonks, qui était plus grande que Lunard à cet instant – mais avec toujours et étrangement le visage d'une petite fille – avec des cheveux roses comme du bacon.
« Tu te souviens que c'était à ce point-là ? » demanda-t-il, et Patmol secoua la tête.
« Je- »
Les yeux de Patmol s'écarquillèrent et il força Harry à baisser la tête avant de faire un croche-patte à Lunard pour le faire tomber. Lunard atterrit sur le sol et Tonks fut emportée avec lui. Harry leva les yeux juste à temps pour voir un sort indigo exploser sur le train, sans faire de dommages. La seconde suivante, Patmol avait disparu et Tonks avait retrouvé sa taille et sa silhouette normale. Elle poussa Harry vers Lunard. Ils avaient tous les deux sortis leur baguette et une fois que Tonks fut certaine que personne d'autre ne les visait, elle se dirigea vite vers Patmol.
Patmol avait coincé leur agresseur dans un coin. Celui-ci se tenait debout près de son fils – un garçon aux yeux grand ouverts que Harry suspectait d'avoir son âge. Le garçon avait l'air surpris et un peu gêné, mais l'homme ne semblait pas avoir de remords. Il avait les bras croisés et observait Lunard avec un dégoût très visible.
« Saleté de loup-garou ! entendit Harry avant de manquer l'essentiel de la conversation. -pas enseigner à mon fils- »
Lui et Patmol échangèrent quelques mots de plus – Patmol dit quelque chose à voix basse et l'homme se recroquevilla (il était déjà beaucoup plus petit que Patmol) et afficha un air mal à l'aise – puis Patmol se tourna et revint vers eux, s'arrêtant seulement au niveau de Tonks. Elle avait l'air prête à exploser, avec ses cheveux rouges, son visage rose et ses yeux oranges.
Patmol ne dit rien quand il arriva à leur hauteur, mais sa mâchoire était serrée et Harry pouvait dire qu'il n'était pas content. Lunard était très silencieux – si Harry avait pu entendre le commentaire sur le loup-garou, alors Patmol l'avait sûrement entendu aussi – et n'accorda pas beaucoup d'attention à Tonks lorsqu'elle passa la main sur sa joue et murmura quelque chose que Harry n'entendit pas.
« Et celui-là ? » demanda Harry en montrant un compartiment vide.
Patmol l'aida à s'installer et ils levèrent la malle jusqu'aux filets de rangement – Lunard restant derrière Harry au cas où celui-ci n'arrive pas à la soulever assez. Harry plaça la cage de Hedwige dans un coin, passa un moment à balayer la foule du regard à la recherche de la tête chevelue de Hermione, des cheveux roux de Ron ou blonds de Drago, avant de se retourner.
« Tu ne restes pas ? » demanda Harry, lorsqu'il remarqua que Lunard n'avait pas rangé sa propre malle.
Lunard eut l'air surpris, avant de sourire et d'échanger un regard avec Patmol. Tonks était sortie dans le couloir avec son visage normal – ou du moins, un visage qu'elle utilisait régulièrement – et était occupée à parler au préfet-en-Chef (c'était, en tout cas, ce qui était écrit sur son badge). Harry ne manqua pas l'œil qui était apparu dans sa nuque et qui fixait Lunard.
« Je passerais peut-être plus tard, dit Lunard. Pour l'instant, je pense que je vais aller voir les préfets, les préfets-en-Chef et le conducteur. »
Il jeta un œil à Patmol.
« Ça ira pour toi ? »
« C'est à moi de te demander ça ! soupira Patmol. Dora ! »
Elle acquiesça et suivit Lunard.
« Soyez prudent ! »
« Tu t'inquiètes trop ! » répliqua Lunard.
« Je- » commença Patmol, essayant sûrement de rappeler que Lunard venait juste de se faire attaquer.
Mais le son de Dora frappant Lunard et un « Aïe » étouffé leur parvint depuis la porte ouverte.
« Abruti, dit affectueusement Patmol. Alors, comment tu te sens ? »
« Ça va. » dit Harry.
« Tout ira bien pour toi. » lui assura Patmol, et Harry le crut.
Il avait passé deux ans dans le monde sorcier, avait entendu plus d'histoires sur Poudlard qu'il ne pouvait s'en souvenir et il possédait sa baguette depuis des années maintenant, ce qui voulait dire qu'il en savait autant que les autres – et définitivement plus que certains. Le reste, il l'apprendrait en même temps que les autres.
Il était nerveux à propos de la Répartition, mais pas inquiet. Il avait écarté la possibilité d'être envoyé à Serdaigle, car il ne pensait pas que ça lui correspondait, mais il pensait que les trois autres Maisons étaient possibles. Il voulait Gryffondor, comme ses parents et comme Patmol et Lunard, mais Tonks avait été à Poufsouffle et avait adoré, et Serpentard n'était pas si mal, même si Harry ne voulait pas particulièrement partager un dortoir avec Hydrus Malefoy.
« Tu euh- »
Patmol passa une main dans ses cheveux, l'air mal à l'aise.
« -tu sais que peu importe où tu finis, gamin, ça m'ira. Pas vrai ? »
« Je sais. » dit Harry, et c'était le cas.
Patmol n'avait pas caché le fait qu'il n'aimait pas particulièrement les Serpentards avec qui il était allé à l'école – à raison, la plupart d'entre eux étaient devenus des Mangemorts – mais il avait aussi déclaré clairement que certaines sorcières et sorciers très talentueux venaient de cette Maison. Andromeda, Regulus, Hemsley – le partenaire de Patmol chez les Aurors – et même Rogue. Et Harry n'avait qu'à regarder la façon dont Patmol traitait Dora pour savoir qu'il n'avait aucun problème non plus avec les Poufsouffles.
« Bien. » grogna Patmol.
Si rapidement que Harry n'eut pas le temps de le voir venir, Patmol l'attira dans ses bras, le serrant fortement contre lui.
« Tu vas me manquer. »
« Toi aussi, tu vas me manquer. » dit Harry, sa voix étouffée par le tee-shirt de Patmol.
Ses plaques d'identification cliquetèrent contre les lunettes de Harry.
« Tu as bien pris ton miroir ? »
« Dans mon sac à dos. » répondit Harry.
Pour seule réponse, Patmol le serra encore un peu plus fort.
« Tu vas bien t'amuser, dit Patmol, et Harry pouvait entendre le sourire dans sa voix. Ne mène pas la vie trop dure à Lunard pendant les cours … Mais cela étant dit, si tu as besoin d'aide pour organiser quelque chose, je suis seulement à un hibou ou à un appel par le miroir. »
Harry se mit à rire et Patmol le laissa s'éloigner, mais garda ses mains sur ses épaules.
« Profite, dit-il, avant de reprendre son sérieux. Juste- »
Il hésita.
« -juste, reste vigilant, d'accord ? »
« Ouais, bien sûr. » dit Harry.
« Avec tout ce qui se passe, à Gringotts, avec Lunard et- »
« Je serais prudent, assura Harry. Je le promets. »
Patmol sourit et l'enlaça à nouveau. Un sifflet retentit et Patmol le lâcha.
« C'est mon signal. » dit-il.
Tout à coup, Harry n'avait aucune envie qu'il s'en aille.
« On peut pas avoir un chien comme animal à Poudlard ? » demanda-t-il sans beaucoup d'espoir.
Patmol se mit à rire.
« Pas encore, mais si j'écris assez de hiboux à Dumbledore, je suis sûr qu'il finirait par accepter. »
Il jeta un œil vers la porte.
« Il faut que j'y aille, gamin, ou je devrais sauter d'un train en marche, et ce n'est jamais drôle- »
« Quand est-ce que tu- » commença Harry, mais Patmol était parti.
Harry se dirigea vers la fenêtre, s'attendant à ce qu'il réapparaisse.
Un autre sifflet retentit et la famille Weasley se rapprocha du train. Ginny serrait la main de Ron comme si sa vie en dépendait, mais fut forcée de le lâcher lorsque Mme Weasley commença à pousser ses fils dans le train. Ils sautèrent tous les trois à bord et près de Mme Weasley, Ginny commença à pleurer.
« Ne pleure pas, Ginny, on t'enverra un tas de hiboux. » promit Ron.
« On t'enverra des lunettes de toilette de Poudlard. » dit l'un des jumeaux.
« George ! »
Ginny, apparemment incapable de s'en empêcher, éclata de rire et Ron ricana. Un rire similaire à un aboiement résonna et Harry repéra Patmol, qui avait retrouvé Tonks et se faufilait pour se rapprocher du train.
« Je rigole, Maman. » répondit l'un des jumeaux.
Mme Weasley pinça les lèvres et le train commença à avancer.
« Amusez-vous bien ! » cria Tonks en agitant la main.
Ses cheveux passèrent par les différentes couleurs des quatre Maisons, faisant sourire Harry et d'autres personnes sur le quai se tournèrent pour la montrer du doigt.
« Mange tes légumes ! » cria Patmol en marchant le long du quai.
Ginny courrait devant lui, riant et pleurant, agitant la main vers ses frères.
« Ne provoque pas les Poufsouffles ou les Serpentards sans tes amis – ils chassent en meute ! »
Harry se mit de nouveau à rire.
« Dis bonjours à Peeves et à la vieille McGonagall et dis à Rogue qu'il faut qu'il me rende mon foutu livre ! »
Patmol courrait maintenant.
« Et sème la pagaille, mais ne te fais pas prendre ! »
Le train gagnait rapidement en vitesse et Patmol se transforma en chien pour pouvoir suivre la cadence. Harry pouvait l'entendre aboyer, jusqu'à ce que le train prenne son premier virage et que le quai disparaisse de leur vue.
Ron le retrouva presque tout de suite.
Il tira une malle abîmée jusqu'à la porte et frappa une fois contre celle-ci.
« Ça te dérange si je- ? » demanda-t-il lorsque Harry leva la tête.
« Au contraire. » dit Harry.
Ron sourit, visiblement soulagé. Il tira sa malle à l'intérieur.
« Tu veux un coup de main ? »
Lever une malle aussi lourde ne fut pas aussi simple avec Ron que ça l'avait été avec Patmol. Un des loquets se cassa et un pull tomba, faisant sursauter Ron qui lâcha la malle, qui atterrit sur le pied de Harry. Ses yeux s'embuèrent et il laissa échapper quelques mots colorés qu'il avait appris grâce à Patmol. Hedwige hulula avec désapprobation.
« On dirait que vous vous entendez déjà très bien. »
Les jumeaux avaient suivi Ron et étaient appuyés contre la porte, observant la scène avec amusement.
« Ils partagent tous les deux la même affection pour les gros mots. » ajouta l'autre jumeau.
« J'ai appris les miens à cause de vous ! » protesta Ron.
« Ah, et quel élève assidu tu étais. »
Les jumeaux échangèrent un regard affectueux, avant de se tourner vers Harry qui essayait de retirer son pied de sous la malle de Ron.
« On ne s'est pas encore vraiment présenté, dit l'un. George Weasley. »
« Fred. » ajouta Fred, une fois que Harry eut serré la main de George.
Ensuite, ils se tournèrent vers Ron.
« Lee a ramené une tarentule géante- »
« -peut-être même que c'est une petite Acromentule. » ajouta George, excité.
« -un peu plus loin là-bas. Alors on y va. »
« Tu pourrais venir. » offrit George avec un sourire narquois.
« Non merci. »
Ron avait l'air un peu malade.
« Harry ? »
Harry jeta un œil à Ron et secoua la tête. Ron eut l'air reconnaissant.
« Tant pis pour toi. »
« A tout à l'heure ! »
Les jumeaux s'en allèrent, fermant la porte du compartiment derrière eux, et Harry pouvait les entendre glousser tandis qu'ils descendaient le couloir en courant. Il sourit largement.
« Pas intéressé ? » demanda Harry avec curiosité.
« Je déteste les araignées. » murmura Ron.
Il ne sembla pas vouloir expliquer pourquoi, alors Harry n'insista pas. Au lieu de ça, Harry se positionna de façon à pouvoir voir quiconque passait devant leur compartiment – en l'occurrence Lunard, Hermione, Drago ou Blaise – et lança une discussion sur le Quidditch, qui les occupa tous les deux jusqu'à ce que le train se soit bien éloigné de Londres, filant à travers la campagne.
Autour de midi et demi, au moment où Harry s'apprêtait à demander à Ron s'il voulait aller se promener pour essayer de trouver quelqu'un d'autre, la porte de leur compartiment s'ouvrit pour laisser entrer une femme avec des joues à fossettes et un sourire énorme.
« Vous voulez quelque chose, mes chéris ? »
Harry avait prit un petit-déjeuner gargantuesque et Kreattur avait rangé de la nourriture dans son sac à dos, mais il avait toujours de la place pour les bonbons. Les oreilles de Ron rougirent et il murmura quelque chose à propos de déjeuner de la maison. Harry fut donc le seul à se lever et à suivre la femme dans le couloir.
Il acheta immédiatement des Dragées Surprises de Bertie Crochue (il devait remercier Dumbledore pour cette affection toute particulière), ainsi que des Chocogrenouilles et des Baguettes réglisse. Il acheta également des Patacitrouilles parce que, même s'il n'aimait pas trop ça, il savait que Lunard allait sûrement passer et qu'il l'attraperait à manger plein de bonbons pour le déjeuner et qu'il le dénoncerait à Patmol. Ron, pendant ce temps-là, avait sorti plusieurs sandwiches de son sac et les mâchouillait avec une expression résignée.
« Corned beef. » soupira-t-il.
Harry, qui avait déjà plusieurs fois déjeuné avec Ron, savait qu'il n'aimait pas le corned beef et que Mme Weasley oubliait souvent ce détail et qu'elle lui en préparait quand même.
« Prends plutôt ça. » dit Harry en lui lançant des confiseries.
Ron protesta, mais Harry ne le laissa pas refuser et finalement, Ron se laissa persuader. Harry ouvrit une boîte de dragées et fouilla dans son sac à la recherche de son vieux jeu de Bataille Explosive.
Lui et Ron passèrent un bon moment à jouer au jeu de la tour – où les joueurs ajoutaient une carte à la tour jusqu'à ce qu'elle explose et le perdant devait manger une dragée – tandis qu'ils dégustaient les autres bonbons. Peu après la visite d'un garçon qui avait perdu son crapaud et le recherchait, Ron tomba sur une dragée saveur fromage, qui fit sortir son rat de sa poche.
Harry se figea en le voyant. Il n'aimait pas vraiment les rats après tout ce qui s'était passé et il manquait même un doigt à celui-là, le même doigt qui manquait à Queudver. Bien qu'il sache parfaitement bien que Queudver se trouvait à Azkaban – et y resterait pour le reste de sa vie – cela rendit Harry suffisamment nerveux qu'il décida de vérifier.
Ostendere me omnia, pensa-t-il, et il cligna des yeux pour ajuster sa vision, lorsque la magie apparut devant lui. Le train, comme le Chemin de Traverse, Poudlard ou même Pré-au-Lard, était si coloré de magie que c'était douloureux de regarder trop longtemps. La magie de Ron était dorée avec des touches de vert et avait une texture fine et épineuse, un peu comme du fil barbelé. Et son rat – Croûtard – était une forme sombre totalement dépourvue de magie. Harry laissa sa vision s'éteindre et se détendit.
« Je crois que c'est la première fois que je le vois aussi actif. » dit Ron en faisant courir Croûtard après la dragée au fromage.
Harry remarqua que Hedwige regardait les progrès du rat avec un intérêt morbide.
« La plupart du temps, il se contente de dormir. »
Harry hocha la tête en riant lorsque Croûtard se jeta sur la dragée et réussit à se dégager de l'emprise de Ron. Il se retira ensuite sur le rebord de la fenêtre pour le manger.
« Hier, j'ai essayé de le faire devenir jaune, dit le monde a des trucs cools, comme des hiboux- »
Il montra Hedwige.
« -et des chats et moi, j'ai juste ce stupide Croûtard, alors je me suis dis que s'il était coloré, ce- »
« Tu as essayé de le rendre jaune ? » demanda Harry en riant. Avec une potion ou- »
« Nan, un sort. » dit Ron.
Il sortit sa baguette – comme le reste des affaires de Ron, elle était usée. Sa baguette était ébréchée et avait craqué au bout. Harry pouvait voir le crin de licorne briller. Ron le vit la regarder et ses oreilles devinrent roses.
Il y eut un cri à l'extérieur. Ron frémit et laissa tomber sa baguette, qui roula sous le siège de Harry. Harry sauta sur ses pieds, pas sûr de savoir quoi faire – mais la voix de Patmol se rappela à lui, lui disant qu'il devait être sur ses gardes – et quand il baissa les yeux, sa baguette était dans sa main. Le cri fut suivi par un rire et une fille qui s'écriait « Hydrus ! ».
Harry leva les yeux au ciel, rangea sa baguette dans sa poche, adressa un sourire penaud à Ron et se pencha pour chercher la baguette de Ron. Il y avait des choses intéressantes sous le siège, réalisa Harry. Un badge des Pies de Montrose, la moitié d'un article de la Gazette sur les meilleures façons de guérir ses verrues, un lacet de chaussure, un paquet de chewing-gum et finalement, derrière un exemplaire passé de Sorcière Hebdo, se trouvait la baguette de Ron. Alors qu'il l'attrapait, Harry entendit la porte du compartiment s'ouvrir.
« Quelqu'un aurait vu un crapaud ? » demanda une voix autoritaire et extrêmement familière.
« Hermione ?! »
Harry s'empressa de se retourner et se cogna la tête dans son siège.
« Aïe ! Bordel de- »
« Harry ? demanda la voix de Hermione, surprise et ravie. Je te cherchais tout à l'heure ! Qu'est-ce que tu fais là-dessous ? »
« Je récupère la baguette de Ron. » dit Harry en émergeant.
Il rendit la baguette à son propriétaire confus.
« Oh, désolé. Hermione, c'est Ron Weasley. Ron, voilà- »
« Hermione Granger. » dit rapidement Hermione.
Elle fit signe au garçon au crapaud d'entrer dans le compartiment.
« Voici Neville Londubat. »
Neville les salua de la main, mais ne croisa pas leur regard. En revanche, il regarda Harry avant de poser les yeux sur son front.
« Un plaisir. » dit Ron, l'air un peu dépassé, lorsque Hermione accompagna Neville à un siège avant de s'installer elle-même.
« Tu as donc trouvé le quai. » dit Harry.
Lui et Patmol avaient proposé de leur donner un rendez-vous et d'aider les Granger à passer, mais ils avaient préféré le faire par eux-même pour la première fois, pour prendre le temps de dire au-revoir à Hermione.
« Oui, c'était assez amusant de traverser le mur, mais on a réussi. » dit-elle.
« Je pensais que Patmol blaguait. » dit Harry.
« Le professeur McGonagall nous avait donné des instructions à suivre et je ne crois pas qu'elle soit du genre à blaguer, dit Hermione. J'aurais pu te le dire si tu avais demandé ou tu aurais juste pu lire le chapitre sur le quai 9 ¾ et le Poudlard Express dans L'histoire de Poudlard ou L'histoire exhaustive des transports sorciers- »
« Ça a l'air amusant. » murmura Ron, et Harry se mit à rire.
Hermione leur adressa à tous les deux un regard agacé, avant de poser les yeux sur Neville comme si elle s'attendait à le voir rire également. Neville, cependant, était assis calmement, les mains croisées sur ses genoux.
« -qui valent tous les deux vraiment le coup. » termina Hermione.
Elle les regarda tous les trois.
« Oh, vous ne trouvez pas ça excitant ? Poudlard est l'une des meilleures écoles de magie et on est en route pour y aller ! Je- »
« Une chocogrenouille ? » dit Harry en offrant des bonbons à elle et à Neville, avant qu'elle ne puisse passer en mode discours.
Neville en prit un avec un discret « Merci » et Hermione s'interrompit, intéressée.
« Une quoi ? »
« Une chocogrenouille, dit Harry en lui tendant la boîte. Ce sont des bonbons. »
Elle avait déjà goûté les Dragées de Bertie Crochue quand elle était venue à Grimmaurd, mais elle n'avait pas trop aimé, alors ce fut avec un soupçon d'appréhension qu'elle prit une chocogrenouille et la tourna entre ses doigts.
« Oh, s'écria-t-elle en regardant Neville. Une grenouille ! »
« Quoi ? » demanda-t-il.
Ron regarda Harry, interrogateur, et Harry haussa les épaules.
« On doit encore chercher dans les compartiments du fond. Viens Neville. On reviendra après ! » dit-elle en entraînant Neville avec elle.
Harry l'entendit frapper au compartiment d'après.
« Excusez-moi, est-ce que l'un d'entre vous aurait vu- »
La porte claqua et il n'entendit plus rien.
« C'est Hermione. » dit Harry.
« D'accord. » dit faiblement Ron.
Ils retournèrent à leur jeu de cartes, discutant vaguement en même temps.
« Hey, t'as entendu pour Gringotts ? » demanda Ron après un moment.
« Ouais, un peu, dit Harry. Patmol travaille dessus. »
Pour autant, il n'offrit rien de plus que ça. Il n'était pas censé en savoir autant et il n'allait certainement pas le raconter à d'autres personnes. Ron eut l'air impressionné.
« Tu sais ce qui a été volé ? »
« Rien, dit Harry. Et je ne sais pas non plus ce qu'ils cherchaient. »
Il ajouta cela en anticipant la question suivante de Ron.
« Le coffre a été vidé, mais les gobelins n'ont pas dit à qui il appartenait ou ce qu'il y avait dedans. »
« Et ils ne savent pas qui est derrière ça ? » demanda Ron.
Harry secoua la tête.
« Bizarre, dit Ron. Un peu effrayant aussi, non ? Je veux dire, Gringotts est censé être l'un des endroits les plus sécurisés du monde – ou du moins, c'est ce que Bill dit et il travaille pour eux, alors c'est sûrement vrai – et pourtant quelqu'un a réussi à y entrer sans se faire attraper ou quoi que ce soit ... »
« Effrayant, confirma Harry. Qu'est-ce que fait Bill ? »
« Oh, il est briseur de sorts. Il est en Égypte en ce moment, à travailler sur toutes sortes de pièges – magiques et moldus – pour trouver des trésors. »
Ron se lança dans une explication plus complète – Harry perdit la manche d'après et dut manger une dragée au goût d'herbe. Il avait tout juste commencé à expliquer le métier de Charlie lorsque la porte s'ouvrit. Harry leva les yeux, s'attendant à voir Hermione, et vit au lieu de ça que leur visiteur était plus grand, le visage rouge à force de traîner sa malle et il portait dans l'autre main la cage d'un hibou grand-duc.
« Alors, c'est vrai, dit-il. Tout le monde raconte que le célèbre Harry Potter est dans ce compartiment … Pas vraiment une célébrité, hein ? »
Ce commentaire était accompagné d'un sourire narquois, mais le ricanement n'était pas aussi dur qu'il aurait pu l'être. Drago souffla. Il n'était généralement pas malpoli envers Harry – pas volontairement du moins.
« Tu as de la cendre sur tout le visage et du chocolat autour de la bouche. »
« La Gazette va s'en donner à cœur joie. Harry Potter se comporte comme un gamin normal. » ironisa Harry.
Drago le dévisagea.
« Tu sais, Potter, je pense que c'est la première fois que je t'entends prononcer une phrase si longue. »
Harry soupira. Drago continuait de se tenir là, dans l'encadrement de la porte, l'air d'attendre qu'on l'invite, avant d'être celui qui se mit à soupirer.
« Ne reste pas assis là, Potter. Aide-moi. »
« Avec- »
« Ma malle, dit Drago. S'il te plaît. »
Harry se leva et l'aida à la tirer dans le compartiment. Drago plaça son hibou près de Hedwige et les deux oiseaux s'observèrent avec curiosité.
« Merci. »
Drago choisit le siège qui se trouvait le plus loin possible de Ron.
« Les elfes de maison devraient être obligatoires dans le train pour nous aider avec nos affaires. Vous ne croyez pas ? »
Ron leva les yeux au ciel, mais ne répondit rien.
« Les elfes de maison sont ces créatures que nous avons à la maison, dit Drago. Qui nous aident pour les tâches quotidiennes. »
« Je sais ce qu'est un elfe de maison. » dit Ron en le fusillant du regard.
« Mais tu es un Weasley, répondit Drago, surpris. Je ne pensais pas que vous en aviez déjà entendu parler. »
Les oreilles de Ron devinrent roses à nouveau et il ouvrit la bouche – Harry était presque sûr qu'une explosion était à venir, et il ne pouvait pas blâmer Ron – mais Drago reprit la parole. Il avait repéré Croûtard, qui était endormi sur le rebord de la fenêtre.
« C'est ton rat ? » demanda-t-il, son visage s'éclairant.
« Croûtard. » dit Ron avec méfiance.
« Croûtard … ? ricana Drago. Pas un nom terrible franchement ? »
« Mon frère Percy- »
« C'est bon, dit Drago. Tu es un Weasley. »
Harry grogna doucement depuis son coin du compartiment, certain que ça allait continuer à aller de mal en pis.
« Je peux ? »
Ron cligna des yeux.
« J'aime bien les rats. » dit Drago.
Harry le dévisagea.
« Euh, bien sûr. » dit Ron, stupéfait.
Il attrapa Croûtard et le lui passa. Drago le laissa immédiatement se poser dans le creux de son coude et commença à le caresser.
Et c'est ainsi qu'ils passèrent une partie du trajet. Drago jouait avec Croûtard, Harry et Ron jouaient aux cartes et Drago et Ron continuaient de se lancer des regards agacés l'un à l'autre. Ce n'était pas une ambiance détendue, mais il n'y avait pas eu de duel ou de coup de poing, alors Harry pensait que tout allait finalement plutôt bien.
Pour l'instant, du moins.
