Bonjour tout le monde ! Je vous souhaite une très bonne lecture et je vous dis à bientôt !
Lors de leur partie de cartes, Harry réussit à enchaîner une série de victoires et après sa septième dragée d'affilée, Ron abandonna – pour couronner le tout, la dernière dragée avait (apparemment) une saveur peluche de nombril – et il commença à trier la pile de cartes de Chocogrenouilles qu'ils avaient réuni.
« Ah, dit-il. Encore la fée Morgane. Je crois que j'en ai six d'elle. »
« Tu rigoles, dit Harry. J'ai récupéré le vieil album de cartes de mon père et il n'a jamais réussi à en avoir aucune d'elle. »
Ron lui tendit la carte et Harry la rangea dans son sac. Il n'en faisait pas vraiment la collection – certainement pas au niveau de James – mais s'il trouvait une carte qu'il savait manquante à son album, il l'ajoutait quand même.
« Par hasard, tu n'aurais pas une carte d'Agrippa ? demanda Ron avec espoir. J'ai environ cinq cent cartes, mais aucune de lui ou de Ptolémée. »
« Je crois que j'en ai quatre de lui, dit Harry, laissant Ron bouche bée. Je t'en donnerais une si tu veux. »
« J'ai eu Ptolémée tout à l'heure. » dit Drago, dans le coin.
Il sortit la carte en question de sa poche et Ron eut l'air partagé entre dégoût à cause du propriétaire de la carte et ravi de sa chance.
« Tu la voudrais ? »
Ron eut l'air surpris et un peu méfiant – Harry ne pouvait pas l'en blâmer. Drago montra la carte impatiemment.
« Ne t'inquiètes pas, Weasley, c'est gratuit, lança-t-il avec sa voix traînante. Je n'ai pas besoin d'argent et tu n'en as pas, alors je ne vais pas te faire payer. »
Ron eu l'air plus ou moins insulté, mais accepta la carte.
« Merci. » dit-il.
Drago se contenta d'acquiescer et retourna à ses caresses de Croûtard. Harry passa un moment à l'observer. Bien que Drago et Hydrus n'étaient pas proches, Harry avait toujours pensé qu'ils auraient présenté un front uni à Poudlard, pour leur bien et l'honneur de leur nom de famille. Harry ne savait pas s'ils s'étaient disputés ce matin, s'ils avaient été séparé, si Drago avait été mis de côté par les autres ou si Drago s'était juste levé pour aller se promener tout seul … C'était difficile à dire. Drago ne semblait ni furieux, ni bouleversé, juste discret (et cela pouvait être à cause de la présence de Ron), mais Harry n'était pas très doué pour comprendre Drago.
Il y eut un coup frappé sur la porte. Hermione était de retour. Ses yeux passèrent sur Ron, Harry et s'arrêtèrent sur Drago.
« Hermione, voilà Drago. Drago, c'est Hermione. » dit Harry.
Curieux, Drago leva les yeux. Il ouvrit la bouche, fronça les sourcils, avant de refermer la bouche, l'air un peu coupable. Harry se demanda ce qu'il avait failli dire.
« Bouge. » dit quelqu'un, et Hermione fut poussée à l'intérieur – pas violemment, mais inutilement fort.
Elle trébucha sur les jambes tendues de Drago et serait probablement tombée au sol si Ron ne l'avait pas rattrapé. Harry sauta sur ses pieds dans la seconde.
« Alors c'est ici que tu es arrivé. » constata Hydrus en entrant nonchalamment dans leur compartiment.
Il regarda Drago – qui ne répondit pas et se montra soudainement très intéressé par le rat de Ron – puis la malle de Drago dans le coin.
« Un compartiment avec un traître à son sang- »
Le visage de Ron se colora rapidement, mais il ne dit rien. Lui, comme Harry, avait remarqué les deux garçons costauds qui avaient suivi Hydrus, similaires à des gardes du corps.
« -et le précieux Potter. »
Hydrus regarda Hermione et retroussa la lèvre.
« Et bien, montre-nous ce que tu sais faire, Drago. »
Drago continua de l'ignorer.
« Tu peux donner l'origine du sang de quelqu'un rien qu'en le regardant. Aucun parent sorcier n'accepterait d'avoir un enfant avec des dents comme celles-là. »
Hermione laissa échapper un gémissement insulté et Harry vit le poing de Drago se serrer, mais il resta encore silencieux.
« Sang-de- »
« Tais-toi. » dit Harry à Hydrus.
Ron se leva également, l'air furieux. Il était le plus grand dans le compartiment, mais il était loin d'être aussi large que les gardes du corps de Hydrus. Le sourire narquois de Hydrus s'agrandit.
« Et si je ne me tais pas ? » demanda Hydrus.
« Tu n'es pas très gentil, dit Hermione, derrière Harry. Tu m'as poussé et tu es très impoli. Je vais le dire à un professeur- »
« Dans le train ? ricana Hydrus. Tu ne sais vraiment rien de ce monde, pas vrai, Sang-de- »
Harry ne saurait jamais si Lunard avait une espèce de sixième sens pour détecter les problèmes (ce qui était tout à fait possible, étant donné son cercle d'amis) ou s'il avait débarqué près de leur compartiment par hasard. Mais alors qu'il avait levé sa baguette pour lancer un sort à Hydrus pour lui faire regretter d'appeler Hermione de la sorte, il sentit une crampe dans sa main.
« Il y a un problème ici ? » demanda Lunard avec douceur, en regardant Hydrus et ses gorilles.
L'expression de Hydrus était comique. Il avait l'air terrifié, embarrassé, mais il réussit à retrouver une expression hautaine.
« Non, professeur, railla-t-il. Pas du tout. »
Hydrus adressa aux occupants du compartiment – tous sans exception – un regard condescendant avant de faire un signe de tête aux deux autres, qui le suivirent dehors. Comme Harry s'y était un peu attendu, Lunard ne les suivit pas et ne dit rien de plus sur le sujet. En revanche, il agita sa propre baguette et la crampe dans la main de Harry disparut.
« C'était pour quoi ça ? » demanda Harry.
Lunard jeta un œil aux occupants du compartiment, à Hermione qui avait l'air soulagé qu'il soit intervenu, à Ron qui était toujours debout et avait l'air furieux et à Drago qui détaillait toujours Croûtard. Il pencha la tête et Harry fronça les sourcils, regarda les autres – espérant que Ron, Drago et Hermione ne s'entretuent pas pendant son absence – et il suivit Lunard dans le couloir, avant de fermer la porte derrière lui.
Les quelques personnes qui étaient dans le couloir et qui ne s'étaient pas encore installées dans des compartiments disparurent rapidement quand ils virent Remus réapparaître. Ils se retrouvèrent donc seuls dans le couloir. Harry se massait la main et Remus sentit un pincement de culpabilité, avant de se rappeler que c'était un mal pour un bien. Même s'il était sûr que Harry avait une bonne raison pour lever sa baguette, il y avait plusieurs autres raisons qui justifiaient son intervention.
« Alors ? » demanda Harry, agacé.
Remus soupira. Lui et Harry passaient beaucoup de temps ensemble, mais Remus n'avait jamais vraiment eu l'occasion d'explorer le côté parental de leur relation. Il était heureux de donner des conseils ou d'offrir un commentaire du genre de 'est-ce vraiment une bonne idée ?', d'aider Harry avec ses devoirs ou de lui raconter une histoire, mais il laissait toujours Sirius gérer les … Et bien, les choses sérieuses. Ce n'était pas à Remus que Harry s'adressait quand il voulait parler de ses cauchemars ou s'il avait besoin de quelqu'un à qui se confier. C'était bel et bien le rôle de Sirius.
« Réfléchis, soupira Remus. Tu n'es pas une célébrité à la maison, Harry, mais tu n'es plus à la maison. Les gens t'observent- »
Les gens les observaient tous, ces temps-ci. Pour Sirius et Remus, cela faisait depuis des années, mais Harry avait été protégé jusque-là.
« -et si tu te promènes en lançant des sorts aux gens – et au fils de Lucius Malefoy par-dessus le marché – tout le monde le saura. »
Harry ne répondit pas.
« Si tu te mets à lancer des sorts à la moindre opportunité, ça ne va pas donner une très bonne image de toi ou de Sirius, qui est Auror. Tu n'es même pas encore descendu du train, par- »
« Je n'étais pas en train de me promener en lançant des sorts. » répliqua Harry.
Harry fusilla Remus du regard et ce dernier regretta que Sirius ne soit pas avec eux, pour qu'il puisse gérer ça à sa place. Remus arqua un sourcil.
« Tu sais comment il a essayé d'appeler Hermione ? Le mot qui commence par S. »
« C'est bien fait pour ce petit con. Tu n'as pas entendu ce qu'il a dit, Lunard ! Il a appelé Lily par le mot qui commence par S, comme si ce n'était rien. »
Pendant un instant, ce n'était plus Harry qui se tenait devant Remus. C'était James. James, avec la même mâchoire serrée, le même regard noir et le même ton furieux que Harry utilisait maintenant, essayant d'expliquer au Remus-nouvellement-nommé-préfet de l'époque qu'il avait changé la couleur de la peau de Regulus parce qu'il avait appelé Lily Sang-de-bourbe. Harry fixait durement le sol et Remus n'avait aucune envie de parler et de rompre le moment, perdant au passage la réincarnation de James, mais il retrouva finalement sa voix.
« Ça ne justifie pas ta réaction. Il y a toujours une meilleure façon de gérer ces choses. »
« En dehors du fait qu'il aurait pu nous lancer un sort à moi ou à elle, comment tu pourrais trouver une meilleure raison ? »
La réponse de Harry, en revanche, fut différente de celle de son père. Il ne répondit rien du tout, mais Remus sentit son odeur, et il se sentait trahi. De la culpabilité s'immisça dans la poitrine de Remus et Remus faillit s'excuser, avant de secouer la tête. Il était 'la marraine' de Harry, mais il était aussi son professeur. Cela devait être sa priorité, du moins pour les prochains jours durant lesquels ils seraient particulièrement observés, étant Harry Potter et Remus le professeur-loup-garou. Hydrus Malefoy était une plaie, Remus n'en avait pas le moindre doute, mais il ne pouvait pas fermer les yeux devant des enfants qui se lançaient des sorts, encore moins quand Harry en connaissait assez pour causer de réels dommages … Il avait fait cette erreur lors de ses années d'école.
Remus prit une grande inspiration et désigna de la tête le compartiment de Harry où se trouvait peut-être le regroupement d'enfants les plus différents qu'il avait jamais vu ensemble.
« Je serais devant avec le conducteur. » dit-il, quand Harry resta silencieux.
Il regardait le ciel sombre par la fenêtre, réfléchissant peut-être ou essayant d'éviter de croiser son regard.
« Et tu devrais penser à mettre ta robe. On arrive dans une heure. »
Harry hocha la tête et retourna dans son compartiment. Remus fourra ses mains dans ses poches, se sentant vraiment incertain vis-à-vis de cet échange, et regretta à nouveau que Sirius ne soit pas là pour faire le médiateur. Et Dora également – pas tant pour la médiation que pour la compagnie. Il soupira et se dirigea vers l'avant du train.
Le reste du voyage se passa sans encombre. Drago – après avoir été horrifié par le fait que Croûtard n'avait pas de cage et voyageait dans la poche de Ron, même pour les longs voyages – avait envoyé un hibou chez lui pour demander à ses parents de lui envoyer la cage de son ancien rat, avant de rendre son rat à Ron. Ron avait été étonné du geste sympathique et avait ensuite passé un bon moment à dévisager Drago avec perplexité, comme s'il remettait en question son opinion sur lui.
Drago, contrairement à Hydrus, s'était montré plus intéressé qu'offensé par le statut de sang de Hermione – quelque chose que Harry trouvait rafraîchissant – et avait commencé à l'interroger sur tout un tas d'aspects de la vie moldue. Des questions étranges comme 'Est-ce que les familles moldues dînent ensemble ?' et 'Qu'est-ce que font les moldus exactement ?' sortaient de temps en temps de sa bouche et Hermione semblait confuse, mais heureuse de répondre. Et encouragé par les questions de Drago – réalisant peut-être que rien de ce qu'il pourrait dire ne pourrait être plus ridicule – Ron commença aussi à lui demander des choses, bien que ses questions étaient plus précises. Ron voulait savoir comment les moldus cuisinaient ou faisaient le ménage et comment ils jouaient au Quidditch s'ils n'avaient pas de balais.
Harry restait assis en silence, riant de temps à autre aux questions les plus amusantes, mais réfléchissant surtout à ce que Lunard lui avait dit. Harry n'avait pas tant réfléchi à cette histoire de célébrité, à part sur le fait qu'il aurait préféré ne pas être célèbre. Il n'avait pas imaginé qu'il serait épié comme un Vif d'Or. Bien que Lunard avait raison en disant qu'il y avait de meilleures façons de gérer Hydrus qu'en lui jetant un sort, Harry pensait quand même que Hydrus le méritait pour les horreurs qu'il disait et que dans le futur, il devrait surtout appliquer le conseil de Patmol : Ne te fais pas prendre.
Finalement, Hermione échappa à l'interrogatoire en annonçant qu'elle devait se changer. Une fois partie, les garçons firent de même et enfilèrent leur uniforme, ainsi que leur robe. Harry vit Drago observer la robe d'occasion de Ron, légèrement trop petite, mais il ne fit pas de commentaire, même si Harry était sûr qu'il en mourrait d'envie.
Au lieu de ça, Drago se mordit la lèvre et se tourna vers la fenêtre, où les montagnes et les arbres épais passaient devant leurs yeux, flous à cause de la vitesse. Harry eut l'impression qu'ils devenaient de plus en plus nets. Le train commençait à ralentir.
« Nous arrivons à Poudlard dans cinq minutes. Veuillez laisser vos bagages dans le train, ils seront amenés à Poudlard séparément. »
A l'extérieur, les gens sortaient dans les couloirs et des discussions animées leur parvenaient à travers la porte.
« Est-ce qu'on devrait- » demanda Harry en montrant le couloir d'un signe de tête.
Ron, qui était très pâle, haussa les épaules.
« J'suppose. »
Drago ne répondit rien, mais il les suivit dans la foule et resta proche de Harry. Le train s'arrêta quelques minutes plus tard et Harry se sentit emporté dans la nuit froide par des élèves plus grands et plus âgés.
Il frissonna et regarda autour à la recherche des autres. Hermione n'était pas là, mais Ron et Drago – les cheveux roux et blancs dans la lumière tamisée – avaient réussi à rester ensemble et Harry se rapprocha d'eux, tout en commençant à chercher Lunard.
« Qu'est- » commença Ron.
Il s'interrompit lorsqu'une lumière – une lanterne flottante – apparut sur le quai.
« Les premières années ! Les premières années, par ici ! »
En réalité, la lanterne ne flottait pas – Harry se fit la remarque qu'il était bien trop habitué à la magie – mais était tenue par Hagrid. Il leur sourit à tous et salua Harry quand il le repéra.
« Allez, suivez-moi – D'autres premières années ? »
Harry commença à regarder autour de lui à la recherche de Blaise, mais il faisait sombre et ils étaient très nombreux.
« Faites attention où vous marchez ! Les premières années, vous me suivez ! »
Hagrid les mena sur un chemin étroit – et plutôt raide en plus de ça – et ils se hâtèrent tous derrière lui. Personne n'avait rien à dire, à l'exception de Hydrus qui, quelque part derrière eux, demandait bruyamment si Hagrid voulait les kidnapper pour les manger. Drago ricana à ça, avant de voir le froncement de sourcil de Harry et de se taire.
« Vous allez apercevoir Poudlard dans une seconde, annonça Hagrid, devant eux. Juste après ce virage là. »
Après le virage se trouvait le bord du lac et de l'autre côté du lac se tenait Poudlard, grandiose et large, les lumières de ses fenêtres brillantes comme des étoiles dorées dans le ciel noir.
Harry ne fut pas le seul à lâcher une expression impressionnée. Plusieurs personnes firent des 'Ooooh' et une fille dans le fond couina avant d'être réprimandé par ses amis.
« Pas plus de quatre par bateau ! » annonça Hagrid.
Pour la première fois, Harry remarqua la flotte de bateaux qui se trouvait près de la jetée. Lui, Ron et Drago montèrent à bord d'un bateau et furent rejoints par une fille que Harry ne connaissait pas. Hermione et Neville grimpèrent dans le bateau suivant avec la fille Bones et un autre garçon.
« Tout le monde est monté ? s'écria Hagrid. En avant ! »
Les bateaux s'élancèrent doucement sur le lac. Harry s'appuya contre le bord et leva les yeux vers le château, profitant de la vue sur sa nouvelle maison – il l'avait déjà visité, mais il ne l'avait vu qu'une fois de l'extérieur, pas de nuit et pas d'aussi loin.
La voix de Hagrid le sortit de sa rêverie, mais Harry ne saisit pas les mots. Il se tourna pour essayer de comprendre et Drago lui appuya vivement sur la tête. Ils passèrent à travers un rideau de lierres et entrèrent dans une grande caverne éclairée par des torches et dans laquelle se trouvait une sorte de ponton.
« Tu veux perdre la tête ? » siffla Drago, tandis que leur bateau s'arrêtait dans un frottement de bois.
Ron et la fille descendirent du bateau.
« Pas vraiment, non, murmura Harry. Merci. »
Hermione et Neville les suivaient de près – Hermione demanda à Neville s'il avait toujours son crapaud avec lui et Neville acquiesça timidement – et le groupe de cinq rejoignit les autres premières années. Hagrid les mena dans un passage jusqu'à la pelouse humide et des marches en pierre.
« Tout le monde est là ? »
Alors, il leva son énorme poing et frappa trois fois sur les lourdes portes d'entrée. Elles s'ouvrirent immédiatement. Une grande sorcière avec des cheveux noirs et une expression sévère se tenait là, jaugeant les premières années. Son regard acéré se posa plusieurs fois sur Harry, mais son expression ne changea jamais. Il lui fit un signe de tête. Il l'avait rencontré une fois, brièvement, lors du procès de Patmol.
« Les premières années, Professeur McGonagall. » dit Hagrid.
« Merci Hagrid. Je vais les prendre en charge à présent. »
Elle ouvrit davantage la porte et tout le monde s'engouffra à l'intérieur. Le blabla de Hermione sur ce qu'elle avait lu dans L'histoire de Poudlard cessa lorsqu'elle aperçut l'énorme hall d'entrée, ainsi que les gigantesques escaliers de marbre.
« Si je me souviens bien, dit Hermione. La Grande Salle – où les élèves mangent – se trouve juste derrière cette porte. »
Harry tourna la tête vers la droite, où elle avait attiré l'attention de Neville et d'où on pouvait entendre le bourdonnement de centaines de voix. Le professeur McGonagall les mena dans cette direction, dans une sorte d'anti-chambre. Pour la première fois depuis le quai, Harry ressentit une certaine nervosité … Pour aucune véritable raison. Il supposa juste qu'il se prenait au jeu comme tous les autres. Il échangea un regard avec un Ron sinistre et Drago n'avait toujours rien dit, mais il n'en était pas loin.
« Tu peux voir Blaise ? » murmura-t-il à Hermione.
Elle étira le cou et observa autour d'elle, avant de secouer la tête.
« Bienvenue à Poudlard, dit le professeur McGonagall. Le banquet de début d'année va bientôt commencer, mais avant que vous preniez place dans la Grande Salle, vous allez être répartis dans les différentes Maisons. La Répartition est une cérémonie très importante. Vous devez savoir, en effet, que tout au long de votre séjour à l'école, votre Maison sera pour vous comme une seconde famille. Vous y suivrez les mêmes cours, vous dormirez dans le même dortoir et vous passerez votre temps libre dans la même salle commune. Les Maisons sont au nombre de quatre. Elles ont pour nom Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle et Serpentard. Chaque Maison a sa propre histoire, sa propre noblesse et chacune d'elles a formé au cours des années des sorciers et des sorcières de premier plan. Pendant votre année à Poudlard, chaque fois que vous obtiendrez de bons résultats, vous rapporterez des points à votre Maison, mais chaque fois que vous enfreindrez les règles communes, votre Maison en perdra. A la fin de l'année scolaire, la Maison qui aura obtenu le plus de points gagnera la coupe des Quatre Maisons, ce qui constitue un très grand honneur. J'espère que chacun et chacune d'entre vous aura à cœur de bien servir sa Maison, qu'elle qu'elle soit. La Cérémonie de la Répartition aura lieu dans quelques minutes en présence de tous les élèves de l'école. Je vous conseille de profiter du temps qui vous reste avant le début de cette cérémonie pour soigner votre tenue. »
Le regard du professeur s'attarda sur Neville dont la cape était attachée de travers, sur Harry et sur Ron. Harry se souvint trop tard qu'ils avaient probablement de la cendre sur le visage. Il se frotta les joues avec sa manche et les lèvres fines de McGonagall frémirent.
« Je reviendrai vous chercher lorsque tout sera prêt. Attendez-moi en silence. »
Elle disparut dans un éclat de robe émeraude.
« Une cérémonie en présence de toute l'école ? demanda Harry en regardant les autres, horrifié. Vous savez comment ils nous sélectionnent ? »
Il avait demandé plusieurs fois à Patmol et Lunard, mais aucun d'eux ne lui avait jamais répondu. Cela ne l'avait pas ennuyé car il avait supposé que c'était privé.
Ron haussa les épaules, pâle derrière ses tâches de rousseur.
« Une sorte de test, j'imagine. Fred m'a dit que ça faisait très mal, mais je crois que c'était pour rire. »
Harry acquiesça, faisant une liste mentale de tous les sorts qu'il connaissait et qui pourrait servir. Il ne pouvait pas la voir, mais il pouvait entendre Hermione faire la même chose. Il était en train d'essayer de se souvenir de la formule du Charme du Bouclier lorsque plusieurs élèves se mirent à crier.
Un groupe de fantômes venaient de traverser le mur, se disputant les uns avec les autres.
« -oublions et pardonnons, dit un petit et gros moine. Nous devrions lui donner une deuxième chance. »
« Mon cher Frère, n'avons-nous pas donné à Peeves toutes les chances qu'il méritait ? Il nous fait une horrible réputation alors que lui-même n'est pas véritablement un fantôme. Tiens, qu'est-ce qu'ils font ici, ceux-là ? »
Un autre spectre, vêtu de collants et le cou entouré d'une fraise, venait de remarquer les premières années. Personne ne répondit.
« Ce sont les nouveaux élèves, dit le gros moine en leur souriant. Vous attendez la Répartition, j'imagine ? »
Quelques élèves, dont Harry, hochèrent la tête.
« J'espère vous voir à Poufsouffle, dit le moine. C'était ma Maison dans le temps. »
« Allons-y maintenant, dit le professeur McGonagall d'une voix brusque, faisant sursauter et crier une fillette ronde à tresses. La cérémonie va commencer. »
Un par un, les fantômes quittèrent la salle en traversant le mur opposé. De nouveau, plusieurs élèves se mirent à bavarder nerveusement.
« Mettez-vous en rang par deux et suivez-moi. »
Harry se plaça derrière Ron. Drago se trouvait près de lui, l'air calme, mais résigné.
« Bonne chance. » murmura Harry.
Drago se tourna pour le dévisager, confus.
« Merci ? dit-il après un moment. Bonne chance à toi aussi. »
Menée par McGonagall, la file des élèves quitta la salle, traversa à nouveau le hall, puis franchit une double porte qui s'ouvrait sur la Grande Salle, la salle que Hermione lui avait indiqué quand ils étaient arrivés. Elle était presque aussi grande que le hall, présentait quatre longues tables autour desquelles les autres étudiants étaient déjà assis. Au bout de la salle, les professeurs avaient pris place autour d'une autre table.
Dumbledore se trouvait au centre, leur souriant à tous avec chaleur. Rogue était assis à sa gauche – le siège de droite était vide, il appartenait sans doute à McGonagall – et Lunard était près de Rogue. Il sourit à Harry quand il le repéra et Harry, malgré sa frustration résistante, agita la main et répondit à son sourire. Harry ne reconnaissait aucun autre professeur, mais il y avait un homme minuscule près du siège vide de McGonagall et une sorcière avec des lunettes énormes et des cheveux rebelles qui était assise tout à gauche et qui fixait intensément le fond de son verre.
Des milliers de chandelles suspendues dans les airs éclairaient les cinq tables d'une douce lumière dorée et au-dessus, se trouvait un plafond d'un noir de velours, parsemé d'étoiles. Hermione disait à Ron – qui semblait trop effrayé pour être capable d'y prêter la moindre attention – qu'il était ensorcelé pour ressembler au ciel. Harry dissimula un sourire. Lorsqu'ils atteignirent le bout de la salle, McGonagall réapparut, portant un tabouret à quatre pieds et un chapeau élimé.
Tout le monde, à présent, avait les yeux fixés sur le chapeau pointu. Harry échangea un regard perplexe avec Ron – Drago et Hermione regardaient droit devant et ne croisèrent pas leur regard – et leva les yeux juste à temps pour voir le chapeau remuer, ouvrant grand une déchirure comme si c'était une bouche. Le chapeau commença à chanter :
« Je n'suis pas d'une beauté suprême
Mais faut pas s'fier à ce qu'on voit
Je veux bien me manger moi-même
Si vous trouvez plus malin qu'moi
Les hauts-d'forme, les chapeaux splendides
Font pâl'figure auprès de moi
Car à Poudlard, quand je décide,
Chacun se soumet à mon choix.
Rien ne m'échapp'rien ne m'arrête
Le Choixpeau a toujours raison
Mettez-moi donc sur votre tête
Pour connaître votre maison.
Si vous allez à Gryffondor
Vous rejoindrez les courageux,
Les plus hardis et les plus forts
Sont rassemblés en ce haut lieu.
Si à Poufsouffle vous allez,
Comme eux vous s'rez juste et loyal
Ceux de Poufsouffle aiment travailler
Et leur patience est proverbiale.
Si vous êtes sage et réfléchi
Serdaigle vous accueillera peut-être
Là-bas, ce sont des érudits
Qui ont envie de tout connaître.
Vous finirez à Serpentard
Si vous êtes plutôt malin,
Car ceux-là sont de vrais roublards
Qui parviennent toujours à leurs fins.
Sur ta tête pose-moi un instant
Et n'aie pas peur, reste serein
Tu seras en de bonnes mains
Car je suis un chapeau pensant ! »
Lorsqu'il eut terminé sa chanson, des applaudissements éclatèrent dans toute la salle. Le chapeau s'inclina pour saluer les quatre tables, puis il s'immobilisa à nouveau.
« Alors il suffit de porter le chapeau ! murmura Ron à l'oreille de Harry, soulagé. Fred m'avait parlé d'un combat avec un troll … J'ai bien envie d'aller lui casser la figure ! »
Harry hocha la tête, mais se demanda si cette histoire de chapeau était une bonne idée. Il était un Gardien du Secret après tout – même s'ils n'étaient plus en fuite – et il connaissait beaucoup de choses sur les Horcruxes, les affaires de Patmol et tout un tas de choses qu'il ne pensait pas trop avisé de confier à un chapeau. Les interrogations de Harry furent interrompues par le professeur McGonagall qui tenait un long rouleau de parchemin.
« Quand j'appellerais votre nom, vous mettrez le chapeau sur votre tête et vous vous assiérez sur le tabouret, dit-elle. Abbott, Hannah ! »
Une fille au teint rose avec des nattes blondes – celle qui avait crié quand McGonagall était revenue – sortit du rang d'un pas mal assuré et alla coiffer le chapeau.
« POUFSOUFFLE ! » cria le chapeau après un instant de silence.
Des acclamations et des applaudissements s'élevèrent de la table située à droite – où ils étaient tous vêtus de cravates jaunes et noires – et Hannah alla s'y asseoir.
« Bones, Susan ! »
La fille, qui était avec Bones ce matin, s'approcha rapidement, mais Harry n'y accorda pas beaucoup d'attention. Il se demandait où se trouvait 'Benson, Blaise'. Il regarda partout, mais fut incapable de le trouver parmi les premières années. Il laissa tomber à temps pour voir Susan retirer le chapeau et rejoindre Hannah à la table des Poufsouffles.
« Boot, Terry ! »
« SERDAIGLE ! »
Cette fois, les applaudissements s'élevèrent de la deuxième table à gauche – il y eu moins d'acclamations parmi ces élèves – mais plusieurs étudiants plus âgés serrèrent la main de Terry, tandis qu'il prenait place près d'une jolie fille asiatique. Mandy Brocklehurst, une grande fille avec une queue de cheval courte et brune, rejoignit Terry à Serdaigle et un moment plus tard, une fille avec des cheveux bruns bouclés qui s'appelait Lavande Brown alla rejoindre la table des Gryffondors, qui explosa sous les applaudissements. Millicent Bulstrode, une fille grande et bien bâtie à la mâchoire carrée, fut la première Serpentard de la soirée.
Justin Finch-Fletchley – le garçon qui se trouvait dans le bateau avec Hermione et Neville – fut envoyé à Poufsouffle.
« C'est ce qu'il voulait ! » murmura Hermione, avant de sursauter lorsque son nom fut appelé.
Elle garda le chapeau sur la tête plus longtemps que les autres.
« GRYFFONDOR ! » cria-t-il finalement, surprenant Harry qui s'était attendu à ce qu'elle termine à Serdaigle.
Il croisa son regard et lui sourit, espérant qu'il irait aussi à Gryffondor.
Lorsque Neville Londubat fut appelé, celui-ci trébucha et tomba en s'approchant du tabouret.
Le chapeau mit longtemps à se décider.
« GRYFFONDOR ! » cria-t-il enfin.
Harry était un peu surpris – il pensait que Neville aurait rejoint Poufsouffle – mais il applaudit quand même avec les autres. Neville lui-même avait l'air choqué, mais satisfait, et il se précipita aussitôt vers ses camarades sans enlever le chapeau de sa tête.
Il dut revenir le donner à MacDougal, Morag, sous les éclats de rire.
Drago fut appelé peu de temps après. La table des Serpentards avait levé la tête à la mention de son nom de famille. Il s'avança, quittant Harry, et marcha jusqu'au tabouret. Le chapeau – qui recouvrait la quasi-totalité de sa tête – resta silencieux pendant un long moment, mais Harry pensait qu'il pouvait entendre Drago lui parler.
Le cœur de Severus était dans sa gorge lorsque Drago s'était approché du tabouret et s'y était assis. Près de lui, Lupin l'avait probablement senti, car il semblait compatissant. Severus tourna le dos au loup-garou et se concentra sur son filleul, qui n'avait pas l'air nerveux pour un sou.
Severus se demanda si Drago aurait eu l'air nerveux s'il avait eu une once de soupçon sur ce que Severus et Narcissa lui avaient fait ces dernières années. Le garçon, désormais assis sous le chapeau, ressemblait à celui qui était venu trier des étagères dans le bureau de Severus à la demande de sa mère, mais il était pourtant complètement différent. Ils lui avaient mis des idées dans la tête, l'avaient changé doucement, avaient changé la façon dont il pensait et dont il agissait … Sans ça, Drago, éduqué comme Hydrus, serait devenu comme son frère, bien qu'il aurait été un peu plus gentil. Severus en était persuadé, Drago avait toujours eu cette tendance.
Tout était silencieux, mais les élèves et ses collègues autour commençaient à s'adresser des regards confus.
Apprends-lui à survivre, lui avait dit Narcissa. Alors Severus avait appris au garçon à mentir, à voir les mensonges et à organiser ses pensées, pour qu'il puisse apprendre l'Occlumancie avec facilité dès qu'il aurait treize ans. Il partagerait les mêmes compétences uniques que Severus. Et si Severus et Narcissa avaient fait leur travail correctement, il aurait ces compétences, une cravate de Gryffondor et l'amitié de Harry Potter.
Et grâce à ces trois choses, il aurait le choix et une liberté dont peu de gens disposent. Quand le temps viendrait, il pourrait servir le Seigneur des Ténèbres depuis Gryffondor, de la même façon que Pettigrow l'avait fait. Ou peut-être comme Severus, il pourrait changer de côté et jouer l'agent double. Si Potter était comme sa mère – et Severus, avec une réticence extrême, devait admettre qu'il y avait quelques similarités – alors ce ne serait pas simple de tourner le dos à son amitié … Ou du moins, ça ne le serait pas si Drago ne faisait pas les mêmes erreurs que Severus.
Mais peu importe le côté qu'il choisirait – et Severus espérait avec force que ce serait celui de Potter, de Dumbledore et le sien, de façon à ne pas avoir à tuer son filleul – il pourrait garder son choix secret s'il le désirait. La sécurité allait de pair avec l'ambiguïté …
Mais tout cela dépendait du prochain mot du Choixpeau Magique. Ils entretenaient déjà une espèce d'amitié, mais si Drago n'entrait pas à Gryffondor, il n'entrerait jamais – vraiment – dans le cercle d'amis de Potter, n'aurait jamais l'occasion de devenir un espion ou de se retourner contre le Seigneur des Ténèbres. Il n'aurait d'autre choix que de suivre les traces de son père et de s'agenouiller aux pieds du Seigneur des Ténèbres. Qu'il le veuille ou non, ce serait une vie de servitude.
C'était cela que Narcissa craignait, ce qu'elle voulait éviter, peu importe le prix.
Severus, bien sûr, souhaitait que Drago dispose d'une meilleure qualité de vie que celle des Mangemorts, mais par-dessus tout – il ne l'avouerait jamais à personne et encore moins à Dumbledore – il voulait que Drago soit heureux, qu'il fasse ce qu'il aimait et qu'il passe son temps avec des gens qu'il appréciait.
Et Severus le savait, en raison de ses manipulations et de celles de Narcissa, il n'y avait qu'un endroit où il pourrait trouver ça.
Pour tout le bien que ça te fasse, pensa-t-il. Je suis désolé, Drago.
Severus soupira et croisa les doigts sur ses genoux. Gryffondor. S'il vous plaît, s'il vous plaît, faites que ce soit Gryffondor.
