Bien le bonjour ! Très bon week-end à tous et très bonne lecture ! A bientôt !
« J'ai volontairement tenté d'attaquer Monsieur Remus Lupin parce que c'est un loup-garou et que je ne veux pas qu'il enseigne à mon fils. » lut Sirius.
« Je n'ai pas dit 'Monsieur', précisa Paul Morton – le crétin qui avait attaqué Remus sur le quai plus tôt dans la journée. Mais à part ça, oui, c'est ma déclaration. »
Sirius posa le parchemin sur le bureau de la salle d'interrogatoire et prit une longue inspiration.
« Et le sort que vous avez utilisé ? »
« J'ai oublié, je le crains. » répondit Morton en croisant les bras.
Il sourit froidement au mur derrière Sirius. Morton n'avait pas d'antécédent criminel, alors Sirius n'était pas sûr de savoir comment il était au courant pour le sortilège de Désillusionnement appliqué sur un côté du mur, mais Sirius était certain que le sourire était adressé à Brown et Hemsley de l'autre côté.
« Je ne vous crois pas. » dit Sirius.
« Prouvez que je mens. » dit Morton, haussant un sourcil.
Sirius sortit sa Sphère Sensitive de sa poche – un cadeau d'anniversaire de la part de Robards l'année passée.
« Tenez ça et redites-le moi. » dit-il.
Morton adressa juste à Sirius un regard qui voulait dire tu-me-crois-stupide-ou-quoi.
« Ils ne sont pas à la hauteur au Magenmagot, dit-il platement. Autre chose ? »
Sirius serra les dents et écarta sa Sphère. Il n'avait pas reconnu le sort de Morton, n'avait pas entendu la formule – tout comme les autres témoins interrogés par Brown – et le sortilège n'avait pas atteint sa cible, alors il n'y avait aucun effet connu.
Ils avaient arrêté Morton pour agression verbale (il avait dit pas mal de choses dégoûtantes sur Remus quand Sirius s'était approché de lui sur le quai – assez près pour que Remus entende, les charges tenaient donc, même si Sirius soutenait ces charges à la place de Remus et que ce dernier ne le savait même pas) et tentative d'agression magique. Ils l'avaient ramené pour interrogation sous prétexte d'un lien potentiel avec l'affaire Gringotts et la première attaque sur Remus, mais ils n'avaient aucune preuve et Morton le savait. En tirant quelques ficelles, Sirius aurait pu faire en sorte que Morton soit interrogé sous Véritaserum, mais cela ne valait pas le coup. Il y avait quelque chose d'étrange chez cet homme, c'était un abruti plein de préjugés, mais rien de cela n'était vraiment condamnable.
« Vous recevrez votre amende par hibou d'ici deux jours. » annonça sèchement Sirius.
Le sourire froid de Morton s'agrandit encore.
« Et les Aurors pourraient vous recontacter pour un nouvel interrogatoire, donc vous avez l'interdiction de quitter le pays ou la région pour la semaine à venir. »
« Très bien. » dit Morton en se levant.
Il s'approcha de la porte, mais ne sortit pas. Au lieu de ça, il attendit que Sirius se lève pour la lui ouvrir. Ce n'était pas à cause de son hésitation. Sirius pensait plutôt qu'il voulait juste qu'on lui tienne la porte.
Connard, pensa-t-il sombrement. Il prit le témoignage de Morton sur la table et quitta la salle d'interrogatoire pour retrouver Hemsley et Brown.
« Quel con. » dit Brown sans préambule.
Sirius lui adressa un sourire rare, avant de tourner les yeux vers Hemsley.
« Qu'en penses-tu ? »
« Il y a quelque chose de mauvais chez lui. » fut tout ce que Hemsley répondit.
Il n'offrit pas d'opinion, ce qui fit penser à Sirius qu'il n'était pas d'accord avec Brown. Si Hemsley pensait que son opinion n'était pas appréciée, il avait tendance à la garder secrète et se rapprocher des faits. Hemsley montra la table d'instruments, alignée contre le mur désillusionné et plus précisément le détecteur de magie noire.
« Celui-ci s'est allumé plusieurs fois. »
« Très utile. » grommela Sirius.
Il avait été victime d'un détecteur de magie noire quand il avait l'Horcruxe avec lui sur le Chemin de Traverse, mais il avait aussi connu des détecteurs de magie noire qui se mettaient en route pour des choses aussi 'noires' que des cœurs de baguette. Morton avait peut-être juste dans sa baguette, le ventricule d'un dragon particulièrement vicieux. Ou peut-être que le détecteur pensait aussi que c'était un abruti.
« Et les autres ? »
« Rien, dit Brown. Je pense qu'il mentait sur le fait de ne pas se souvenir du sort, par contre. »
Hemsley ne dit rien.
« Alors, on fait quoi ? »
« Rien, dit Hemsley en haussant les épaules. On ne peut pas enfermer les gens pour préjugés et personne n'a été blessé. L'affaire est close. »
Hemsley était très discret sur ses propres opinions politiques, mais Sirius avait découvert que Hemsley n'était pas vraiment à l'aise quand il était en contact avec des créatures magiques humanoïdes, à l'exception des gobelins. Il ne voulait pas les voir mort ou quoi que ce soit, mais il ne s'embêterait pas pour les aider non plus.
Sirius acquiesça brusquement et s'en alla. Il ne pensait pas vraiment que Morton ait créé un Inferius gobelin ou qu'il soit entré avec succès dans Gringotts, mais il pensait aussi qu'il y avait quelque chose chez Morton qu'ils n'avaient pas couverts aujourd'hui. Ses instincts lui disaient de garder un œil sur lui pendant encore un petit moment.
Si j'ai tort et que c'est juste un con, pensa Sirius. Alors j'arrête. Mais s'il est plus dangereux …
Sirius jeta un œil sur son Sidekick. Harry était probablement à Poudlard maintenant, ou très près d'arriver. Il se sourit à lui-même et s'arrêta à son box pour collecter plusieurs dossiers à regarder ce soir là.
« Sirius ! »
Marlène, comme Sirius, avait l'air prête à partir pour la nuit. Elle avait un gros cahier sous le bras et une fiole de quelque chose dans l'autre main.
« Analyse de poison. » dit-elle quand elle vit qu'il regardait la fiole.
« Génial. » dit Sirius.
Elle grogna.
« J'ai été deux fois à Sainte-Mangouste cette semaine. »
Sirius lui adressa un regard compatissant.
« Tu partais ? »
« Ouais- »
« T'as prévu quelque chose pour le dîner ? »
« C'est juste Kreattur et moi, ce soir. » dit Sirius en haussant les épaules.
« Alors ça te dit d'aller manger quelque part ? demanda-t-elle. Je prendrais bien une pause. »
Elle leva la fiole à nouveau. Sirius se mordit la lèvre, franchement tenté d'accepter, mais il secoua la tête.
« Un autre soir, dit-il sur un ton d'excuse. Bien sûr. »
« Et voilà le non. » dit faiblement Marlène.
Sirius grimaça.
« T'as un rendez-vous ? »
Sirius se demanda s'il imaginait la jalousie qu'il percevait dans sa voix.
Elle a été très claire à plusieurs reprises, tu ne l'intéresses plus, se dit-il à lui-même. Mais il était curieux maintenant.
« C'est un peu trop formel comme appellation. » répondit calmement Sirius.
« Oh, alors c'est une de ces nuits ? dit Marlène en ricanant, mais la peau autour de ses yeux s'était crispée. Harry n'est pas là, alors- »
« -Harry et moi, on doit se parler avec le miroir, ouais. » dit innocemment Sirius, comme si c'était ce que Marlène suggérait.
Il regarda l'expression de Marlène passer de choquée à embarrassée.
« J'imagine qu'il voudra me parler du train et je meurs d'envie de savoir dans quelle Maison il a été envoyé. »
Marlène semblait toujours réfléchir au mot 'miroir'.
« Je ne fais rien demain soir par contre, poursuivit Sirius avec un large sourire. Si tu veux toujours faire une pause, je suis sûr que je peux aider. »
« Parfait. » réussit-elle à répondre.
« On se retrouve dans l'Atrium à dix-huit heures. » dit Sirius.
Il cligna de l'œil et se força à s'éloigner avant de faire quelque chose de stupide comme essayer de l'embrasser.
Après presque deux minutes, le chapeau ouvrit enfin la bouche.
« GRYFFONDOR ! » cria-t-il.
Si Harry avait été surpris par la Répartition de Hermione, il était absolument stupéfait de celle de Drago. Près de lui, la bouche de Ron était grande ouverte.
La salle entière était silencieuse. Harry pouvait voir les yeux écarquillés de Hydrus et pouvait sentir le choc autour des tables de Gryffondor et de Serpentard. Drago retira le chapeau de sa tête, l'air horrifié.
« Je pense qu'il y a erreur. » dit-il à McGonagall.
Ses mots résonnèrent dans la salle. Il avait l'air effrayé, paniqué et prêt à pleurer – tout en même temps. McGonagall – si son visage était une indication – pensait aussi qu'il y avait eu une erreur, mais elle secoua juste la tête.
« Allez vous asseoir avec votre Maison, M. Malefoy. » dit-elle faiblement, en montrant la table de la main.
Harry se demanda, malgré son état de choc, si c'était comme ça que la Répartition de Patmol s'était passée. Drago resta debout devant elle pendant encore plusieurs secondes, puis marcha avec raideur jusqu'à la table des Gryffondors. Il choisit un siège au bout, l'air franchement mal à l'aise, et ignora complètement les félicitations murmurées de Hermione et la main tendue du frère préfet de Ron. Harry essaya de croiser son regard, mais Drago ne regardait rien, ni personne.
Plus haut, à la table des professeurs, Lunard avait l'air surpris et Rogue était impossible à lire. En revanche, Dumbledore commença à applaudir et plusieurs élèves à travers la salle se joignirent à lui, mais la majorité resta silencieuse.
« Malefoy, Hydrus. » dit McGonagall avec une once d'appréhension.
Cependant, sa Répartition fut bien plus rapide. Le chapeau avait à peine touché sa tête qu'il avait déjà fait son choix.
« SERPENTARD ! »
L'air satisfait de lui, il se dirigea vers la table bruyante et s'assit entre Crabbe et Goyle – les deux garçons costauds qui l'avaient accompagné dans le compartiment de Harry dans le train. Harry le vit jeter un regard méprisant à Drago.
Harry prit une grande inspiration. Il ne restait plus grand monde dans la file des nouveaux. Lily Moon fut envoyée à Poufsouffle, Christopher Morton – le fils de l'homme qui avait essayé de lancer un sort à Lunard sur le quai – s'en alla à Serpentard, tout comme Théodore Nott et Pansy Parkinson. Padma Patil fut envoyée à Serdaigle et sa sœur jumelle Parvati alla rejoindre les rangs de Gryffondor. Sally-Anne Perks fut répartie à Serdaigle.
« Potter, Harry ! » lança finalement McGonagall.
Harry essuya ses paumes moites sur sa robe – il s'était calmé jusqu'à la Répartition de Drago et à présent, il était raisonnablement sûr qu'il pouvait finir n'importe où – et s'avança.
« Bonne chance ! » murmura Ron, et Harry hocha la tête pour lui montrer qu'il l'avait entendu.
D'autres murmures s'élevaient des différentes tables, et même de celle des professeurs.
« Elle a bien dit Potter ? »
« Le Harry Potter ? »
Il lui fallut ce qui semblait être une éternité pour atteindre le tabouret et il prit le chapeau des mains d'une professeur McGonagall au regard sévère. Avant que le chapeau lui tombe devant les yeux, Harry eut le temps de voir les têtes qui se tendaient pour mieux le regarder. Deux filles de Poufsouffle étaient debout sur le banc et il supposa qu'un garçon de Gryffondor allait tomber par terre s'il continuait à se pencher comme ça.
Harry attendit avec nervosité, se demandant si le chapeau était déjà en train de lire ses pensées ou s'il devait dire quelque chose pour commencer.
« Hmm. » dit une voix douce dans son oreille.
Harry sursauta.
« Difficile. Très difficile … Beaucoup de loyauté, mais tu n'es pas un Poufsouffle … Tu n'as pas leur éthique de travail. Sans vouloir te blesser. » ajouta le chapeau.
Pas de problème, pensa rapidement Harry. Il le savait déjà.
« Et tu as un esprit vif, mais tu n'es pas non plus un Serdaigle, même si tu essayes de suivre les traces de ta famille avec ton petit projet de loup ... »
Harry se crispa et espéra que le chapeau allait garder cette information pour lui.
« Il reste donc Serpentard et Gryffondor. Tu es très courageux et je pense que tu te débrouillerais très bien à Gryffondor, mais tu n'es pas non plus étranger au concept de secret … c'est intéressant ... »
Harry mourrait d'envie de penser Pas Serpentard, mais il ne le fit pas. Drago avait parlé au chapeau et cela ne semblait pas avoir fait de différence. Le chapeau laissa échapper un rire.
« Courageux de ta part, dit-il. De ne pas essayer d'éviter une Maison qui ne t'attire pas vraiment. Ou stupide. »
Harry ne répondit pas.
« Courageux et stupide, dit le chapeau. Et pas de réelles ambitions d'utiliser ta célébrité. Disons donc … GRYFFONDOR ! »
Harry retira le chapeau et un peu étourdi, s'approcha de la table des Gryffondors. Les acclamations étaient assourdissantes. Les jumeaux Weasley avaient commencé à chanter (« Potter avec nous ! Potter avec nous ! »). Percy le préfet se leva et lui serra vigoureusement la main, tout comme plusieurs autres membres de sa Maison. Même les professeurs applaudissaient. Hagrid rayonnait et leva les pouces lorsque Harry se retourna, Lunard applaudissait et souriait largement, Dumbledore faisait de même et Rogue inclina légèrement la tête.
Harry s'assit en face de Drago, qui avait l'air mal à l'aise.
« Félicitations. » murmura-t-il.
« Merci. » répondit Harry, gêné.
Il aurait voulu le féliciter également, mais il doutait que ce soit bien reçu. Lorsque Price, Leanne fut appelée, Drago avait repris la contemplation de ses mains. Hermione souriait à Harry depuis l'autre côté de la table et Neville lui offrit aussi un sourire timide. Un fantôme qui portait une fraise lui tapota l'épaule, le faisant sursauter – comme si quelqu'un venait juste d'appuyer un bloc de glace sur son bras – mais il parvint à sourire et secoua la tête. Le fantôme avait déjà commencé à s'excuser.
Harry retourna son attention sur le Choixpeau Magique au moment où il plaçait « Thomas, Dean », un garçon grand aux cheveux noirs, à Gryffondor.
Ron était vert à présent. Harry pensa que c'était tant la nervosité que le fait qu'il ne reste plus à répartir que lui et un garçon à la peau noire et à l'air revêche. Harry retourna brusquement la tête vers lui. Avec l'agitation de la Répartition de Drago, puis la sienne, Harry avait complètement oublié Blaise.
« Hermione. » siffla-t-il.
Elle détourna le regard de Ron, qui s'approchait de McGonagall, pour regarder Harry.
« Regarde. »
Elle ouvrit la bouche. Harry fixa le côté de la tête de Blaise, espérant qu'il se tourne, mais il regardait devant, résolument, vers Ron.
Ron plaça le chapeau sur ses cheveux éclatants.
« Un autre Weasley ? » murmura une fille blonde, à la table des Serdaigles.
Harry vit Fred et George sourire et les oreilles de Percy devinrent légèrement roses.
« GRYFFONDOR ! » s'écria le chapeau.
Ron s'affaissa, un air de parfait soulagement sur son visage plein de tâches de rousseurs. Fred et George se mirent à siffler et Percy applaudit bruyamment lorsque Ron rendit le chapeau et rejoignit Harry. Drago grogna et cacha son visage dans ses mains.
Blaise Zabini – il avait pris le nom de la sorcière qui était venue le voir à l'école le jour où il avait disparu – prit aussi un moment pour être réparti. Pas aussi longtemps que Drago ou Harry, ou même Hermione, mais plus longtemps que la plupart des autres. Il avait l'air calme cependant, comme s'il n'argumentait pas.
« SERPENTARD ! » annonça le Choixpeau.
Harry échangea un regard surpris avec Hermione lorsque Blaise sourit d'un air narquois, retira le chapeau et alla s'asseoir entre Pansy Parkinson et Théodore Nott.
McGonagall fit disparaître le parchemin d'un coup de baguette et emmena le Choixpeau et le tabouret, tandis que Dumbledore se levait. Il rayonnait, ses bras ouverts pour les accueillir tous.
« Bienvenue, dit-il. Bienvenue à tous pour cette nouvelle année à Poudlard. Avant que le banquet ne commence, je voudrais vous dire quelques mots. Les voici: Nigaud ! Grasdouble ! Bizarre ! Pinçon ! Je vous remercie ! »
Il se rassit, tout sourire. Harry se mit à rire et à applaudir avec les autres. Il n'avait même pas remarqué la nourriture qui était apparue dans les plateaux dorés posés sur la table, jusqu'à ce que Hermione et Dean Thomas ne laissent échapper un 'oh !' de surprise à l'unisson.
Harry prit un peu de tout, se demandant comment était la nourriture ici par rapport à celle de Kreattur et il fut impressionné. Elle était différente, mais tout aussi bonne. Ron, près de lui, mangeait avec appétit, mais l'assiette de Drago était toujours vide.
« Du pain ? » demanda Harry en proposant la corbeille.
Il secoua la tête et continua de fixer la table.
« Des pommes de terre ? Du steak ? »
« Je n'ai pas faim. »
« Tout ça me paraît bien appétissant, soupira le fantôme à fraise. Il y a presque quatre cents ans maintenant que je n'ai plus rien mangé. Je n'en ai pas besoin bien sûr, mais ça me manque ... Au fait, je ne me suis pas présenté : Sir Nicholas de Mimsy Porpington, pour vous servir. Fantôme résident à la tour de Gryffondor. »
« Je vous connais, s'exclama Ron tout à coup, la bouche pleine de carottes rôties.
Hermione et Drago eurent l'air vaguement révoltés.
« Fred et George m'ont parlé de vous. C'est bien vous, Nick Quasi-Sans-Tête ? »
Sir Nicholas se tourna pour adresser à Fred et George un regard irrité et en faisant cela, sa tête tomba de son cou, contre son épaule.
Seamus Finnigan, qui s'apprêtait à demander comment quelqu'un pouvait être quasi sans tête, sursauta et renversa son jus de citrouille. Les autres – Harry inclus – arboraient tous la même expression stupéfaite. Percy soupira et tendit une serviette à Seamus.
« Alors, les nouveaux Gryffondor, dit Nick en redressant sa tête. J'espère que vous allez nous aider à gagner la coupe des Quatre Maisons, cette année ? Il y a tellement longtemps que Gryffondor ne l'a pas obtenu ! »
Il balaya les alentours du regard, avec espoir, et sembla – malgré son apparente aversion pour son surnom – satisfait qu'ils le regardent tous avec étonnement.
« Le Baron Sanglant en est devenu insupportable de prétention. »
« C'est le fantôme des Serpentard, dit Hermione avec hésitation. N'est-ce pas ? »
Harry, Ron, Seamus et Dean regardèrent tous en direction de la table des Serpentards, où un horrible fantôme, les yeux vides, le visage émacié, les vêtements maculés de taches de sang aux reflets d'argent était assis à côté de Hydrus. A la grande satisfaction de Harry, celui-ci n'avait pas l'air enchanté d'occuper cette place.
« Comment a-t-il fait pour être couvert de sang ? » demanda avec grand intérêt Seamus Finnigan.
« Je ne le lui ai jamais demandé. » répondit Quasi-Sans-Tête avec délicatesse.
Seamus eut l'air déçu.
« Tu sais pourquoi ? demanda-t-il à Hermione, qui n'avait pas la réponse. Je donne un gallion à celui qui lui demande. »
« Non merci. » répondit rapidement Dean.
Harry et Ron secouèrent la tête.
« Fred et George pourraient le faire. » dit Ron, pensif.
« Tu pourrais demander à ton frère de le faire. » dit Seamus en donnant un léger coup de coude à Drago, qui tressaillit.
Il leva lentement les yeux, son visage passant de mal à l'aise à impassible en moins d'une seconde.
« Et qu'est-ce qui te fait penser que nous avons besoin de ton argent ? » le railla Drago.
Seamus fronça les sourcils.
« C'est juste une motivation. » dit Seamus.
« Je ne suis pas un Weasley. » dit Drago, avant de reprendre sa contemplation de la table.
Fred, George et Percy regardèrent dans sa direction en entendant leur nom, mais par chance, ils n'avaient pas entendu le commentaire. Le dessert apparut à cet instant, remplaçant les plats, attirant leur attention. Ron, en revanche, avait entendu le commentaire, mais il n'avait pas répondu de la façon dont Harry s'était attendu. Il n'était pas devenu tout rouge, n'avait pas soupiré et ne l'avait pas insulté en réponse.
« Hé Malefoy, dit-il en fourrant la main dans sa poche. Si tu ne manges pas, ça ne t'embête pas de tenir Croûtard ? Il a tendance à devenir un peu fou quand il y a des desserts autour. »
Drago leva les yeux et resta silencieux, mais il y avait quelque chose dans son expression qui ressemblait à une sorte de gratitude confuse et il accepta prudemment Croûtard. Harry vit sa lèvre trembler avant que Drago ne retrouve le contrôle de lui-même. Ron ne dit rien. Il dévorait un bol de glace, comme s'il ne se passait rien de spécial.
Harry se servit sa deuxième part de tarte à la mélasse de la journée – il avait mangé celle que Kreattur lui avait préparé pour le train – et retourna son attention sur la conversation des autres premières années. Ils parlaient de leur famille.
Seamus dit quelque chose de drôle que Harry n'entendit pas, puis Ron questionna Neville sur sa famille.
« C'est ma grand-mère qui m'a élevé. » répondit Neville en adressant un regard craintif en direction de Harry.
Harry lui lança un regard confus en retour et Neville détourna vite le regard.
« C'est une sorcière, mais pendant des années, la famille a cru que j'étais un Moldu. Algie, mon grand-oncle, essayait toujours de me prendre par surprise pour voir s'il y avait un peu de magie en moi. Jusqu'à l'âge de huit ans, je n'ai montré aucun don pour la magie. Et puis un jour, mon grand-oncle qui était venu prendre le thé à la maison m'a pris par les chevilles et s'est amusé à me pendre par une fenêtre du premier étage. Ma grand-tante Enid est venue lui apporter une meringue et il m'a lâché sans le faire exprès. Mais au lieu de tomber normalement, j'ai rebondi dans le jardin jusque sur la route. »
Seamus et Lavande se mirent à rire. Les autres échangèrent des regards perplexes.
« Ils avaient aussi peur que je ne sois pas assez doué pour qu'on m'accepte à l'école, alors l'année dernière, mon grand-oncle Algie m'a poussé dans l'eau, au bout de la jetée de Blackpool. J'ai du aller à Sainte-Mangouste. »
« Ça a l'air d'être un chic type. » dit Ron avec sarcasme.
« Grand-mère était très en colère, dit Neville. Mais mon grand-oncle Algie était tellement content qu'il m'a acheté un crapaud. »
« Je viens d'une famille sorcière, mais ma grand-mère est une moldue, dit Lavande Brown, près de Hermione. Maman travaille pour Sorcière Hebdo et Papa pour la Gazette du Sorcier … »
Elle tourna les yeux vers Harry.
« Et je pense que mon frère connaît ton parrain. C'est un apprenti Auror. »
Du coin de l'œil, Harry vit Neville tressaillir en entendant le mot 'Auror'.
« Ooh, dit Parvati Patil, qui était assise en face de Lavande. Il doit être très courageux. »
Les doigts de Neville blanchissaient autour de sa cuillère.
« Je pense qu'il est nul. » répondit Lavande en repoussant ses cheveux.
« Patmol pense pareil. » murmura Harry à Ron, qui se mit à tousser.
Lavande lui sourit largement et Ron répondit en souriant, incertain. Harry, cependant, regardait de nouveau Neville. Il avait recommencé à manger, mais il y avait une certaine raideur au niveau de ses épaules, une raideur qui n'était pas là avant.
Les desserts finirent aussi par disparaître et Dumbledore se leva. Tout le monde se tut, et il se mit à sourire.
« Avant de vous laisser vous rendre dans vos dortoirs, je voudrais encore dire quelques mots en ce qui concerne le règlement intérieur de l'école. Les premières années doivent savoir qu'il est interdit à tous les élèves sans exception de pénétrer dans la forêt qui entoure le collège. Certains de nos élèves les plus anciens feraient bien de s'en souvenir. »
Dumbledore tourna ses yeux étincelants vers les jumeaux Weasley.
« Je vous conseille aussi de vous tenir à distance du Saule Cogneur. »
Harry aurait pu jurer que Dumbledore avait de nouveau regardé les jumeaux Weasley, ainsi que la table entière des Gryffondors.
« Ceux qui avaient le professeur Goujon l'année passée savent que c'est une interdiction sérieuse. »
Des murmures passèrent dans les rangs des étudiants les plus âgés et parmi d'autres comme Ron – qui avait probablement entendu des histoires avec ses frères – et Harry – qui savait pourquoi Lunard s'était vu proposer le travail et avait aussi entendu des histoires à propos de Goujon (qui était dans l'année supérieure à Patmol et ses parents).
« Ensuite, M. Rusard, notre concierge- »
Fred et George se mirent tous les deux à ricaner.
« -m'a également demandé de vous rappeler qu'il est interdit de faire des tours de magie dans les couloirs entre les cours. »
Beaucoup d'élèves levèrent les yeux au ciel en entendant ça.
« La sélection des joueurs de Quidditch se fera au cours de la deuxième semaine. Ceux qui souhaitent faire partie de l'équipe de leur maison devront prendre contact avec leur Directeur de Maison, leur capitaine ou Madame Bibine. »
Madame Bibine, une sorcière avec des cheveux gris en pics, leva la main et l'agita depuis la table des professeurs.
« J'aimerais aussi vous présenter le professeur Lupin, qui prendra la suite du professeur Goujon pour ce qui est de la Défense contre les forces du mal. »
Lunard se leva et agita la main, et la plupart des élèves applaudirent poliment – Harry, Hermione et Ron applaudirent le plus fort – tandis que certains restaient immobiles. Lunard se rassit.
« Enfin, dit Dumbledore, son ton soudainement sérieux. Je dois vous avertir que cette année, l'accès au couloir du deuxième étage de l'aile droite est formellement interdit, à moins que vous ne teniez absolument à mourir dans d'atroces souffrances. »
Seuls quelques personnes se mirent à rire et Harry n'était pas de ceux-là. Il attendit que Dumbledore leur donne une raison, mais rien ne vint. Percy semblait attendre la même chose. Hermione lui demanda quelque chose, l'air horrifié.
« Je pense qu'il est sérieux, mais je suis étonné de n'en avoir jamais entendu parler … Nous, les préfets, devrions vraiment savoir ce genre de choses. » lui répondit Percy.
« Et maintenant, s'écria Dumbledore. Avant d'aller nous coucher, chantons tous ensemble l'hymne du collège ! »
Harry vit McGonagall se pencher pour dire quelque chose à Lunard. Lunard luttait visiblement pour ne pas se mettre à rire.
Dumbledore donna un petit coup de baguette magique, comme s'il avait voulu faire partir une mouche posée à son extrémité, et il s'en échappa un long ruban d'or qui s'éleva au-dessus des tables en se tortillant pour former les paroles de la chanson.
« Chacun chantera sur son air préféré. Allons-y ! »
« Poudlard, Poudlard, Pou du Lard du Poudlard,
Apprends-nous ce qu'il faut savoir,
Que l'on soit jeune ou vieux ou chauve
Ou qu'on ait les jambes en guimauve,
On veut avoir la tête bien pleine
Jusqu'à en avoir la migraine
Car pour l'instant c'est du jus d'âne,
Qui mijote dans nos crânes,
Oblige-nous à tout étudier,
Répète-nous c'qu'on a oublié,
Fais de ton mieux, qu'on se surpasse
Jusqu'à c'que nos cerveaux crient grâce. »
Certaines personnes, qui avaient choisi des airs très dynamiques, terminèrent plus tôt. Les autres – Harry inclus – finirent au milieu, peu de temps avant Drago, qui s'était mis à chanter à voix très basse, d'un air plutôt déprimé. Les jumeaux Weasley, debout sur le banc, le bras sur l'épaule de l'autre, furent les derniers à chanter, au rythme de la marche funèbre qu'ils avaient choisie. Dumbledore marqua la cadence avec sa baguette magique et lorsqu'ils eurent terminé, il fut l'un de ceux qui applaudirent le plus fort.
« Ah, la musique, dit-il. Elle est plus magique que tout ce que nous pourrons jamais faire dans cette école. Et maintenant, au lit. Allez, tout le monde dehors. »
Percy et Annette Gamp, les préfets de cinquième année, rassemblèrent les premières années autour d'eux. Les autres préfets – deux de sixième année et deux de septième année – se rapprochèrent des élèves plus âgés, murmurant entre eux.
« Par ici. » s'exclama Annette.
Harry et les autres les suivirent dans le hall puis dans le grand escalier de marbre. Les personnes dans les portraits sur les murs murmuraient en les voyant passer, mais Harry ne s'en souciait pas vraiment. Il essayait de se concentrer sur le chemin par lequel Percy les menait pour pouvoir retrouver son chemin le lendemain matin et sur l'appel à Patmol grâce au miroir dès qu'il serait dans son dortoir.
Ils montèrent encore et encore – rencontrant quelques fantômes amicaux et un Peeves qui était tout l'inverse. Peeves les attaqua tous avec des cannes et fondit sur eux.
« Ooooooooh ! lança-t-il en accompagnant son cri d'une sorte de caquètement. Voilà les petits nouveaux ! On va bien s'amuser ! »
Annette se baissa en même temps que les premières années et attira vers elle ceux qui étaient le plus près – Hermione, Lavande, Dean, Neville et Parvati. Drago laissa échapper un soupir agacé – évidemment, il n'était pas d'humeur – et rapprocha Croûtard de son torse pour le protéger, avant de suivre rapidement Annette.
« Peeves ! » s'écria Percy en évitant une canne.
Harry poussa Seamus hors du chemin de la canne.
« Va-t'en Peeves, sinon le Baron sera prévenu ! »
Peeves lui tira la langue.
« Je ne plaisante pas ! »
« Peeves. » commença Harry.
« Oh, voilà un minuscule première année courageux, dit Peeves en venant flotter en face de Harry, qui recula d'un pas. Qu'est-ce que le minuscule première année voudrait dire ? »
« Peeves ! » hurla Percy.
« Patmol te passe le bonjour. » dit Harry.
Peeves fronça les sourcils pendant un instant, avant que ses yeux ne se mettent à briller.
« Et Lunard est professeur cette année. »
« Lupin le turlupin zinzin ! caqueta Peeves en s'élançant vers le plafond. Oh-oh ! Peeves va s'amuser cette année ! »
Il disparut et les cannes tombèrent au sol. L'une d'elle frappa l'épaule de Percy, l'autre le pied de Seamus, mais Harry et Ron ne furent pas atteints. Harry entendit un rire fantomatique plus bas dans l'escalier et espéra qu'il n'avait pas piégé Lunard … Il secoua la tête. Lunard, de tout le monde, serait celui qui réussirait à gérer Peeves.
« Il faut faire attention à Peeves, dit Percy en poursuivant son chemin. Le Baron Sanglant est le seul à qui il obéisse. Même Dumbledore ou nous, les préfets, il ne nous écoute pas. »
Son ton blessé donna à Harry une idée plutôt nette de l'opinion de Percy sur la question.
« Par ici. »
Il tournèrent à un coin de couloir, où Annette et les autres attendaient devant le portrait d'une grosse dame en robe rose.
« Mot de passe ? » demanda-t-elle, tandis que Percy approchait.
« Caput Draconis. » lui dit-il, adressant un regard éloquent aux premières années.
Harry se répéta le mot de passe, espérant s'en souvenir le lendemain. Le portrait pivota et ils s'engouffrèrent à l'intérieur – Harry et Hermione en premier, puisque Ron avait attendu avec Seamus pour aider le pauvre Neville à entrer. Dean, Parvati et Lavande posaient tous des questions à Annette sur Peeves. Drago fut le dernier à entrer et il le fit avec une réticence impressionnante.
Harry se retrouva dans une salle ronde, confortable et accueillante, remplie de gros fauteuils moelleux et rouges. Certains étaient déjà occupés par des élèves qui se turent pour les regarder entrer. Harry regretta soudainement de ne pas être resté derrière pour aider Neville pour ne pas se retrouver en tête du groupe des premières années.
« C'est Potter. » murmura l'un des élèves.
Harry leva les yeux et croisa le regard du garçon, résigné.
« Et le fils Malefoy. »
Drago se raidit et serra la mâchoire.
« Percy, dit Harry. Où est notre dortoir ? »
« Par ces escaliers, la quatrième porte, dit Percy. Les filles, c'est pareil, mais les autres escaliers. »
« On se voit demain matin ? » murmura Hermione.
Harry acquiesça. Elle agita la main et suivit Annette et les deux autres jusqu'aux escaliers.
« Allez. » murmura Harry en tournant un dernier regard vers les élèves qui chuchotaient toujours.
Ils trouvèrent leur dortoir. Il s'agissait d'une grande pièce circulaire, remplie de lits à baldaquins aux rideaux rouges, et il y avait une porte à l'autre bout, qui menait sans doute à la salle de bain. Drago regarda autour de lui en plissant les yeux et se laissa tomber sur le lit le plus proche de la porte qu'ils venaient de franchir.
« Je prends le lit le plus près de la salle de bain ! » cria Seamus en sautant dessus.
Neville s'assit doucement sur le lit près de lui.
Harry choisit le lit proche de Drago, tandis que Ron et Dean se disputèrent doucement sur qui allait prendre le lit près de Harry, mais finalement Ron gagna et s'y installa.
Harry fouilla dans sa malle – qui, tout comme la cage vide de Hedwige (il supposa qu'elle se trouvait à la volière ou quelque chose comme ça) et son sac à dos, avait été monté jusque-là – essayant de se souvenir où il avait rangé son pyjama. Il finit par le sortir, replaça sa robe sur sa malle et retrouva également son miroir dans son sac. Les autres garçons se changeaient et se disputaient pour du dentifrice, alors Harry en profita pour se faufiler jusqu'au pallier. Il s'assit par terre, le dos contre le mur, les yeux sur la salle commune, et il posa son miroir sur ses genoux.
« Sirius Black. » murmura-t-il.
Patmol apparut rapidement sur le miroir.
« Salut gamin ! » lança-t-il avec un grand sourire.
« Salut Patmol, dit Harry. Le travail s'est bien passé ? »
Patmol haussa les épaules.
« J'ai traîné Morton – le type qui a lancé un sort à Lunard – au Ministère pour l'interroger, mais ça n'a mené nulle part … Brown a été supportable aujourd'hui, par contre. Il était plus de mon côté que de celui de Hemsley, pour une fois. »
« La sœur de Brown est ici. Lavande, l'informa Harry. Elle pense qu'il est nul. »
« Je pense qu'elle a raison. » dit Patmol en riant.
Il redevint silencieux, avec l'air de quelqu'un qui allait exploser d'une seconde à l'autre.
« Alors ? Comment c'est ? Comment s'est passé le voyage ? Dans quelle Maison tu es ? Qui- »
« Tu veux continuer de parler ou tu vas me laisser répondre ? » demanda Harry en riant.
Patmol ferma sa bouche d'un coup.
« J'aime bien, dit Harry en répondant à sa première question. Le voyage s'est bien passé. J'étais avec Ron la plupart du temps, mais Drago et Hermione nous ont rejoint à un moment et un garçon qui s'appelle Neville. »
« Pas Neville Londubat ? » demanda Patmol.
« Si, comment tu- Oh. » dit Harry en se souvenant enfin.
Les parents de Neville avaient aussi fait partie de l'Ordre, ils avaient été Aurors, ce qui expliquait pourquoi il avait été élevé par sa grand-mère et pourquoi il avait tressaillit quand Lavande avait commencé à parler de son frère et de Patmol. Les Londubat avaient été torturé jusqu'à devenir fous par la cousine dingue de Patmol, si Harry se rappelait bien.
Ce qui explique sans doute pourquoi il est nerveux quand je suis là, pensa Harry en grimaçant.
« Une mornille pour tes pensées ? » demanda doucement Patmol.
Harry se contenta de secouer la tête et changea de sujet.
« Dans le train, Lunard et moi, on a eu- je ne sais pas vraiment comment appeler ça. »
« Oh ? » demanda Patmol en fronçant les sourcils.
« Hydrus a commencé à appeler Hermione par le mot en S- et j'étais tout près de lui lancer un sort, mais Lunard m'a arrêté. Il a dit que c'était une mauvaise idée, parce que je suis célèbre et que ça donnerait une mauvaise image de toi et- »
Patmol soupira et leva la main. Harry se tut.
« Écoute-moi, dit-il sérieusement. D'accord ? »
Harry acquiesça et patienta.
« Il y a toujours une autre option. Parfois, c'est mieux d'aller chercher un professeur ou un préfet. D'autres fois, c'est mieux de te taire ou de les laisser te lancer un sort et d'autres fois, il vaut mieux donner un coup de poing que de lancer un sort. »
Un petit sourire passa sur son visage.
« Ceci étant dit, ce n'est pas parce qu'il y a une autre option que ce sera la meilleure. J'ai jeté des sorts à des tas de gens quand j'étais à l'école, tout comme James et Lunard, et je n'en regrette sans doute pas autant que je devrais, parce que je pensais, et je crois toujours, qu'ils le méritaient … J'ai aussi passé la moitié de mon temps en retenue ou à me faire crier dessus par des professeurs. »
Harry éclata de rire, mais continua à l'écouter attentivement. Patmol soupira.
« Ce que je veux dire, gamin, c'est que le sort, ce n'est que le début, pas la fin. Si tu penses que ça vaut une retenue, la lettre qu'ils vont m'envoyer- »
Patmol leva et baissa rapidement les sourcils, amusé.
« -et – dans le pire des scénarios – un article dans la Gazette du Sorcier, alors fais-le – et je suis sérieux là. Ça s'applique à tout. Nous avons tous enfreint des lois pour devenir des animaux pour aider Lunard, mais je ne le regrette pas une seconde. Et c'est la même chose pour le fait de m'être échappé d'Azkaban et de t'avoir pris avec moi. »
« Alors … quoi … faire un choix et l'assumer ? »
« Ne fais rien que tu ne puisses pas justifier. Si tu lances un sort à quelqu'un, sois prêt à ce qu'il te le rende, et sois prêt à passer le reste de la semaine à nettoyer des chaudrons rouillés avec cette personne. Si tu jettes un sort à quelqu'un parce qu'il t'a bousculé accidentellement, alors tu es un crétin et en plus, ça ne vaut pas le coup. Si tu t'attaques à quelqu'un qui a déjà essayé de t'avoir avec un Impardonnable, alors on s'en fiche des retenues. »
Patmol se mit à rire.
« Des réflexions bien sérieuses pour une première nuit loin de la maison, non ? »
« Un peu, ouais, confirma Harry en riant, mais il réfléchissait déjà aux paroles de Patmol. J'aurais vraiment lancé un sort à Malefoy aujourd'hui, si Lunard n'était pas intervenu. »
« Lunard devait le faire, dit Patmol, sur un ton qui n'était pas vraiment une réprimande. Ce n'est plus juste Lunard. C'est le professeur Lunard et il doit aussi veiller sur les autres enfants. L'école a son propre système. Moi par contre … Si tu lances un sort à un petit crétin et que t'as une bonne raison pour ça … Et bien, je ne te punirais pas en plus de la punition de l'école. »
« Et si ce n'est pas une bonne raison ? » demanda Harry.
Il savait où Patmol voulait en venir et pourquoi. Il voulait que Harry réfléchisse avant d'agir. Patmol avait souvent dit qu'il avait été impulsif quand il était jeune et que cela lui avait attiré beaucoup d'ennuis … Et il avait fait beaucoup d'erreurs qu'il ne voulait pas que Harry répète. Patmol avait aussi passé beaucoup de temps à se battre pour ses principes – pour l'Ordre et plus tard, pour sa liberté – et il voulait donc que Harry développe ses propres valeurs et se batte pour elles.
Mais si Harry faisait une erreur ? Et s'il blessait quelqu'un ou qu'il suivait un mauvais chemin ? Est-ce que Patmol lui dirait qu'il a tort ou laisserait-il Harry le découvrir par lui-même ?
« Tu n'es pas tout seul, dit Patmol. Je suis là et il y a Lunard, bien sûr. Mais tu as un bon sens moral. Il pointe sûrement plus au nord que le mien. »
« Mais si je- »
« Gamin, tu as onze ans et tu ne sais pas tout – et personne ne s'attend à ce que tu saches tout. Bien sûr que tu feras des erreurs. C'est comme ça qu'on grandit. Je veux juste que tu réfléchisses à ce que tu fais. Comme ça, quand tu feras une erreur, tu éviteras de presque tuer quelqu'un, comme moi. »
Une ombre passa sur le visage de Patmol, mais elle était superficielle. Il avait toujours des regrets évidemment, mais il avait avancé depuis.
« Tu peux être rassuré par ça, d'ailleurs. Peu importe à quel point tu te plantes, tu peux toujours te dire que j'ai sûrement fait pire. »
Penaud, Patmol sourit et Harry se mit à rire, se sentant mieux, mais toujours pensif. Patmol lui avait donné de quoi réfléchir pendant un moment.
« Merci. » dit Harry, regrettant que Patmol ne soit pas avec lui pour pouvoir l'enlacer.
Patmol secoua juste la tête et sourit.
« Débrouille toi pour trouver Lunard à un moment, conseilla-t-il. Il est sûrement en train de s'arracher les cheveux et de se torturer à propos de tout ça. »
« Je le ferais. »
« Bien. »
Patmol se mit à jouer avec ses doigts de l'autre côté du miroir.
« Et la Répartition ? »
« Je ne m'attendais pas à un chapeau. » dit Harry.
« Personne ne s'attend à ça. » dit Patmol, amusé.
« Je lui ai presque demandé de ne pas me mettre à Serpentard, dit Harry avec ironie. Et après, j'ai changé d'avis et je n'ai rien dit- »
« Et bien, félicitations. » dit Patmol en souriant largement.
Ensuite, il eut l'air inquiet.
« Et ça va bien ? Je sais que tu espérais Gryffondor, mais tu as Drago avec toi au moins, et- »
« Laisse-moi finir ! s'exclama Harry en riant. Je n'ai rien dit et le chapeau m'a dit que c'était soit courageux, soit stupide ... »
Patmol éclata de rire.
« Forcément, gamin, dit-il en secouant la tête. Alors, Gryffondor ? »
« Gryffondor. » confirma Harry en souriant largement.
« Excellent, dit Patmol avec le même sourire. Dans quel dortoir es-tu ? »
« Le quatrième. » dit Harry.
« C'est notre ancien dortoir ! Tu as quel lit ? »
« Euh ... »
« Oh oh- »
« Je n'ai été là-dedans qu'une seule fois, dit Harry sur la défensive. J'ai … le deuxième en partant de la porte, je crois. »
Patmol rayonna.
« Vérifie la tête de lit – j'ai gravé une petite empreinte de pas dessus quand j'étais en sixième année. »
« On est six, dit Harry. Ce n'est peut-être pas le tien. »
« Oui, mais mon lit était toujours le deuxième en partant de la porte, dit Patmol. En parlant de porte, est-ce qu'il y a un grand trou dedans ? »
« Je n'ai pas regardé. Pourquoi ? »
« Lunard. » répondit seulement Patmol.
« J'sais pas. Je regarderais plus tard. »
« Tu me diras. »
Patmol jeta un œil à son Sidekick.
« Je vais aider pour le cours de quatre heures, soupira-t-il. Et tu as cours demain, j'imagine. »
Harry acquiesça.
« L'heure d'aller au lit ? »
« L'heure d'aller au lit, confirma Harry. Bonne nuit, Patmol. Et merci. »
« Pas de problème, gamin. Je t'aime. »
« Je t'aime aussi. » dit Harry.
Le reflet de Patmol vacilla et disparut. Harry fixa le miroir pendant un moment, avant de se lever et de retourner dans le dortoir.
Les autres garçons étaient tous dans leur lit – Ron ronflait déjà et Seamus et Dean discutaient doucement, leur voix étouffée par les rideaux de leur lit. Drago était roulé en boule, fixant vaguement le mur. Harry attrapa son dentifrice, alla se brosser les dents dans la salle de bain, puis se glissa dans son lit.
« Super nourriture ici, non ? » dit-il à Neville, qui fouillait sa malle.
« Ouais. » dit Neville.
Il semblait plus calme maintenant que lors du dîner, ce qui était étrange, parce qu'il n'était plus qu'avec Harry désormais.
« Tu aurais vu un livre de potions quelque part ? »
« Euh non, je ne crois pas, dit Harry. Désolé. »
« Oh. » dit Neville, déçu.
Il continua à fouiller dans sa malle. Harry écarta ses oreillers de la tête de lit et se mit à observer le bois sombre. Finalement, il trouva quelque chose, mais ce n'était pas la marque à laquelle il s'était attendu. Ce n'est pas du tout une empreinte de patte de chien. C'était un minuscule dessin de sabot avec la lettre P à l'intérieur. Il passa le pouce dessus, souriant, tout en réalisant que James Potter, son père, s'était assis sur ce même lit, avait vécu et avait respiré dans cette même pièce … Harry essuya ses yeux humides sur sa manche avant que quelqu'un ne le voit.
« Je sais que tu sais. » dit Neville après un moment de silence pendant lequel les autres garçons ronflèrent encore.
Il n'avait pas levé les yeux.
« Que je sais quoi ? » demanda Harry en essayant de garder une voix neutre.
Il replaça ses oreillers et s'allongea dans son lit.
« Ton lit ? Je n'ai pas vu- »
« Non- pas- »
Neville semblait ne pas trouver les mots.
« Je veux dire- mes parents. »
Les deux derniers mots furent prononcés dans un murmure.
« Je sais que tu sais ce qui s'est passé. »
« J'ai entendu les histoires. » dit doucement Harry, roulant sur le côté pour faire face à Neville.
Il n'était pas sûr de savoir si c'était approprié de s'excuser ou s'il valait mieux attendre que Neville reprenne la parole. Par chance, Neville le prit de vitesse.
« Est-ce que tu pourrais- Je ne veux pas que les gens- Je ne veux pas être comme toi. » dit Neville.
Harry leva les yeux, tout comme Neville. Il y avait de la pitié dans son regard.
« Je ne veux pas que tout le monde sache et parle de moi partout où je vais, ou qu'ils se sentent désolés pour moi ou pour ma famille. Mes parents étaient courageux et on devrait penser à eux de cette façon, pas comme- comme- »
Neville se tut, ne trouvant pas ses mots. L'estime de Harry pour Neville monta d'un cran à cet instant.
« Je ne dirais rien, promit-il. Ce n'est pas à moi de le faire, mais même si c'était le cas, je ne le ferais pas, parce que je sais comment sont les gens ou du moins, je sais comment ils peuvent être quand ils parlent ou qu'ils te montrent du doigt. »
« Merci, dit Neville, l'air soulagé. Je suis désolé d'être … Et bien, je ne suis pas vraiment une personne bavarde, mais c'était encore pire aujourd'hui parce que je pensais que tu pourrais me reconnaître et dire quelque chose. Désolé. »
Harry haussa les épaules. Neville soupira et se glissa dans son lit. Le dortoir fut silencieux pendant presque dix minutes et Harry commençait à s'endormir quand Neville reprit la parole.
« Je voudrais qu'ils soient là. Pour ma Répartition et ma première nuit ici … Je pense qu'ils seraient heureux pour moi s'ils savaient. »
« Mmm. » confirma Harry.
Il tendit la main vers sa malle, fouilla pendant un moment avant que ses doigts se posent sur la chose qu'il cherchait. Il plaça la photo du mariage de ses parents sur sa table de chevet, sourit en la regardant – à sa mère et son père, à Patmol et à Lunard – avant de se blottir dans ses couvertures.
Toutes les personnes sur la photo lui sourirent en retour et ce fut la dernière chose que Harry vit avant de s'endormir.
