Salut tout le monde et bonne lecture ! Merci pour le retour !


La deuxième journée de Harry à Poudlard fut aussi dramatique que la première. Ils eurent la matinée de libre pour dormir après le cours d'Astronomie. Il passa le déjeuner à répondre à un interrogatoire rigoureux des jumeaux (qui finirent par être chassés et interdits de parler à Harry par le professeur McGonagall), avant de se rendre à son premier cours de Métamorphose après le déjeuner. Hermione fut la seule de la classe à réussir à transformer son épingle en allumette et Harry n'était pas du tout ravi de son manque de succès. Au nom de Merlin, comment allait-il réussir à se transformer entièrement en loup s'il ne pouvait même pas métamorphoser une allumette? Il écouta attentivement lorsque McGonagall essaya d'expliquer la théorie derrière la transformation et ce en quoi leurs devoirs allaient consister, et il glissa même son allumette dans sa poche pour pouvoir s'entraîner plus tard.

L'après-midi se poursuivit en cours de Défense contre les forces du mal. C'était le cours qu'il attendait avec le plus d'impatience. Lunard répondit parfaitement à leurs attentes. Il passa dix minutes à répondre à des questions – la plupart de la part de Seamus et de Hydrus – à propos de sa condition, avant de leur dire de sortir leur baguette et qu'ils allaient passer l'après-midi à leur apprendre quelques sortilèges utiles. Harry en connaissait déjà beaucoup – le maléfice des doigts collés et le maléfice du Saucisson par exemple. Ils n'étaient pas prêts à apprendre à stupéfixer ou à désarmer, mais les sortilèges précédents marchaient déjà très bien pour ça.

Harry essaya plusieurs fois d'entamer la conversation avec Blaise et Drago, mais fut à chaque fois empêché par le reste des Serpentards. La troisième fois, Hydrus pensa que ce serait drôle d'utiliser le maléfice des doigts collés sur lui et une fois que Harry eut retrouvé sa baguette, il utilisa en retour un maléfice du saucisson et fut plutôt satisfait de voir Hydrus tomber au sol. Celui-ci cligna furieusement des yeux en direction de Lunard.

«C'est ça que l'on doit obtenir, dit Lunard, avec un sourire joyeux. Vous voyez comme Hydrus est incapable de bouger? Bien joué, Harry – cinq points pour Gryffondor.»

Harry rayonnait et Lunard lui lança un clin d'œil avant de se tourner pour aider Lavande. Harry savait que c'était pour se racheter après l'histoire avec Hydrus la veille dans le train. Malheureusement, Drago perdit les points que Harry venait de gagner après seulement quelques minutes, en traitant Neville de traître à son sang. Cela sembla ravir les Serpentards comme jamais, ce qui donna à Harry l'impression qu'ils avaient demandé à Drago de le faire. Ron ne sembla faire aucune distinction, cependant.

«Ce petit crétin.» grogna-t-il.

Harry et Hermione attrapèrent chacun un de ses bras avant que Ron ne s'approche et ne leur fasse perdre encore plus de points.

«Ignore-le, Neville.» dit fermement Ron, après s'être suffisamment calmé pour ne pas se jeter sur Drago.

«C'était sûr que tu allais dire ça, Weasley, murmura une fille blonde, avec un œil sur Lunard qui aidait un trio de Serpentards qui était resté en dehors de la dispute. Toi et ta famille êtes aussi-»

Flanquée de Parvati, Lavande s'avança vers l'autre fille, probablement prête à défendre Ron, lorsque Lunard les interrompit.

« Je pense que ça suffit.» dit-il doucement, mais fermement.

Il n'avait pas l'air étonné. Personne ne perdit de points – Lunard avait été distrait par d'autres élèves et ne pouvait donc pas dire qui avait dit quoi et quand – mais il les laissa tous partir plus tôt. Il laissa les Serpentards (et Drago) partir cinq minutes avant les Gryffondors – de façon à éviter d'autres querelles dans les couloirs. Harry resta derrière.

«Et bien, ça s'est bien passé.» soupira Lunard en s'asseyant derrière son bureau.

«J'ai trouvé que c'était un bon cours, dit Harry en s'asseyant sur une table du premier rang. Je préférerais juste qu'on ne soit pas avec les Serpentards.»

Lunard avait l'air plutôt d'accord, mais ne confirma pas à haute voix.

«Mmmm, fut tout ce qu'il dit, avant de soupirer. Pour le train-»

«C'est rien, dit Harry. J'en ai parlé à Patmol hier soir.»

«Et qu'est-ce que Sirius en a dit?» demanda Lunard, sans trop savoir s'il voulait entendre la réponse de Harry.

«Que tout a des conséquences – ou du moins, c'était l'idée générale. Il a dit de ne rien faire si je ne suis pas prêt à vivre avec les conséquences.»

«Bon conseil, dit Lunard. Vu que je suis ton professeur, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de dire ça – je devrais dire 'ne lance jamais de sort à personne', mais en tant que personne … Et bien, il y a pire code moral à suivre.»

Il hésita.

«Joli maléfice du Saucisson, d'ailleurs.»

«Merci.» dit Harry, tout sourire.

«Même si tu n'étais pas censé le faire.» ajouta Lunard.

«Tu n'aurais pas du me donner des points alors.» répliqua Harry.

Lunard sourit avec réticence.

«La prochaine fois, je ne le ferais pas.» l'avertit-il.

Harry acquiesça, pas vraiment surpris.

«Drago a besoin de temps pour trouver sa place, apparemment.»

«Apparemment.» soupira Harry.

«Ce n'est pas facile, dit Lunard. Sirius voulait être réparti à Gryffondor et même pour lui, c'était difficile.»

«Je comprends que ça le place dans une position difficile, mais il n'a pas besoin d'être un crétin à propos de tout ça, murmura Harry. Il peut rester avec les Serpentards sans se retourner contre les Gryffondors, non? Je veux dire, c'est un Gryffondor. S'il appartenait à Serpentard, le Choixpeau l'aurait envoyé là-bas.»

«Tu as raison, dit Lunard. Mais Drago ne voit sans doute pas les choses aussi simplement.»


«C'est un soulagement.» dit Lucius, en lisant la seconde lettre de Hydrus.

Ils n'avaient toujours reçu aucune nouvelle de Drago lui-même – Narcissa supposait qu'il était sûrement trop confus pour être capable d'écrire une lettre – mais Hydrus avait dit que Drago était partant pour rester avec les autres enfants Sang-Pur.

«Nous ne pouvons rien faire quant à sa Maison, mais nous pouvons toujours influer sur ses opinions et son comportement. Un serpent dans les habits d'un lion, ou quelque chose comme ça … oui.»

Il hocha la tête.

«Une bonne idée, Narcissa.»

Elle acquiesça distraitement derrière son livre sur l'Occlumancie. Merlin savait qu'elle gardait des secrets ces temps-ci. Lucius s'éloigna pour répondre à Hydrus et Narcissa soupira.

Elle s'était jurée à elle-même le matin précédent que ses manigances étaient terminées, mais ce n'était pas le cas. Comme l'attestait la dernière lettre de Hydrus, Drago était très volontaire pour rester avec les Serpentards et n'était apparemment pas satisfait de sa nouvelle Maison.

Narcissa ne pensait pas que c'était entièrement vrai, mais elle savait que Drago ne le savait probablement pas. Pas encore. Raison pour laquelle elle avait suggéré que Hydrus implique Drago dans tout. Si Drago avait refusé la proposition, alors elle aurait su que Drago était à l'aise à Gryffondor et qu'il était en route pour trouver une place auprès de Potter. Mais Drago avait accepté la proposition ce qui, sur le long terme, marcherait tout aussi bien.

Dans toute cette histoire de Répartition, Drago avait sans nul doute oublié – ou du moins, mis de côté – ses problèmes avec Hydrus et le reste des enfants Sang-Pur. Mais Narcissa savait que ce n'était qu'une question de temps avant que les valeurs ou les opinions de Drago ne rentrent en opposition avec celles des autres et qu'il ne puisse les ignorer. Drago appartenait à Gryffondor – elle et Severus s'en étaient assurés – et que cela prenne un jour ou un an, il finirait par le réaliser et s'éloignerait de son ancien groupe pour se rapprocher de Potter et de ses semblables.

Sirius l'avait fait et même si Sirius avait souhaité être envoyé à Gryffondor et pas Drago, le principe était le même. Elle et Bella avaient essayé – à la demande de leur tante – d'inclure Sirius. Au final, leurs tentatives l'avaient éloigné encore plus rapidement. Elle était sûre que cela se répéterait dans le cas de Drago.

Et il se débrouillerait bien, car avec son entraînement et sa Maison, il aurait un choix, si ou quand le temps viendrait. Et il finirait aussi par être heureux.

Narcissa tourna la page de son livre.


Le vendredi, ils réussirent finalement à tomber sur Blaise. Ou du moins, Hermione. Elle s'était empressée de se rendre au cours de Potions et était partie sans les autres. Blaise – qui n'était jamais en retard en classe – était là aussi et Rogue n'avait pas encore ouvert les portes.

Au moment où Harry et Ron étaient arrivés, avec les autres Gryffondors sur les talons (à l'exception de Drago), Hermione était en larmes, à la merci des Serpentards, et Blaise semblait particulièrement déterminé à la blesser le plus possible. Seuls Drago, Nott et Davis semblaient mal à l'aise. Avant que Harry ou Ron ne puissent intervenir pour l'aider, Rogue débarqua.

Il jeta un œil à Hermione, puis un autre aux sourires narquois sur le visage de ses élèves.

«Expliquez, M. Malefoy.» aboya-t-il.

Harry attira Hermione jusqu'à eux, à l'abri dans le groupe des Gryffondors, et lui frotta le dos. Ron lui posa une question à voix basse et elle renifla en secouant la tête.

«La sang-de-»

«L'autre M. Malefoy.» répliqua sèchement Rogue.

Hydrus retroussa la lèvre et se tut. Drago se crispa et regarda autour de lui à la recherche d'aide. Aucune aide ne vint.

«Alors?» demanda impatiemment Rogue.

Pour la première fois, il apparut à Harry que l'espèce d'affection que Rogue avait pour Drago semblait avoir disparu après la Répartition. Il était de notoriété publique que Rogue détestait les Gryffondors.

«Granger les a provoqué.» dit finalement Drago.

Il regarda Hydrus et se redressa.

«Alors on l'a remise à sa place.»

Hermione, qui avait arrêté de pleurer, laissa échapper un cri outré.

«Tout ce que j'ai dit, s'écria-t-elle. C'est-»

«Personne ne t'a rien demandé, sang-de-bourbe.» dit froidement Blaise.

Hermione s'interrompit et lâcha un sanglot. Harry fronça les sourcils en regardant Blaise qui, très résolument, évitait de croiser son regard.

«M. Zabini, ce n'est pas un mot acceptable dans une école et si je l'entends encore sortir de votre bouche, je serais obligé de vous retirer des points.»

Rogue se retourna alors vers Drago.

«Donc elle vous a provoqué et vous avez géré ça en groupe?» demanda Rogue, fixant Drago avec un regard qui le fit se recroqueviller.

Il acquiesça, cependant. Pendant un moment, Harry eut l'impression que Rogue était déçu, mais son habituel regard noir réapparut l'instant d'après.

«Très bien. Miss-»

«Granger, monsieur.» dit Hermione, tremblante.

«Granger.»

La lèvre de Rogue se retroussa.

«Cinq points en moins pour Gryffondor pour avoir provoqué d'autres élèves-»

Ron et Seamus lâchèrent des grognements furieux et Harry fusilla Rogue du regard, qui lui rendit son regard assassin. Pourtant, Harry n'avait pas l'impression qu'il y mettait tout son cœur, ce qui était étrange.

«-et j'en retirerais encore si ça se reproduit.»

Il agita sa baguette en direction des portes des cachots, qui s'ouvrirent.

«Entrez!» aboya-t-il.

Rogue, comme tous les professeurs à l'exception de Lunard, commença en faisant l'appel. Il hésita en arrivant à Harry et pendant un moment, Harry pensa qu'il était prêt à dire quelque chose.

«Harry Potter.» lança-t-il finalement, sans rien ajouter.

Harry ne pouvait s'empêcher de penser qu'il venait d'échapper à quelque chose de très désagréable.

«Vous êtes ici pour apprendre la science subtile et l'art rigoureux de la préparation des potions, dit Rogue, quand tout le monde fut appelé. Ici, on ne s'amuse pas à agiter des baguettes magiques, je m'attends donc à ce que vous ne compreniez pas grand-chose à la beauté d'un chaudron qui bouillonne doucement en laissant échapper des volutes scintillantes, ni à la délicatesse d'un liquide qui s'insinue dans les veines d'un homme pour ensorceler peu à peu son esprit et lui emprisonner les sens ... Je pourrais vous apprendre à mettre la gloire en bouteille, à distiller la grandeur et même à enfermer la mort dans un flacon si vous étiez autre chose qu'une de ces bandes de cornichons à qui je dispense habituellement mes cours.»

Harry se mit à sourire, avant de pouvoir s'en empêcher.

«Ai-je dit quelque chose d'amusant, Potter?» demanda doucement Rogue.

Harry effaça rapidement le sourire de son visage.

«Non.» s'empressa de répondre Harry.

«Dites-moi, quel-»

A nouveau, Rogue hésita.

«-est la différence entre le napel-»

Le cœur de Harry se serra.

«-et le tue-loup?»

La main de Hermione surgit et la majorité des Serpentards se mit à ricaner. Seuls quelques-uns avaient l'air confus.

Harry ouvrit la bouche pour dire qu'il ne savait pas, quand il réalisa qu'il avait la réponse.

«Il n'y en a pas.» dit-il.

Merlin savait qu'il avait entendu Lunard, Tonks et Patmol parler de cette potion et de ses ingrédients assez souvent pour s'en souvenir.

«Et bien, il semblerait que vous n'êtes pas complètement inutile.» dit Rogue, faisant rire les Serpentards.

Harry s'en fichait pas mal. Comparé à la façon dont Rogue l'avait traité quand ils s'étaient rencontrés pour la première fois, trois ans plus tôt, Rogue se montrait aujourd'hui plutôt amical. Hermione, près de Harry, descendit la main, l'air un peu déçu de ne pas avoir pu répondre.

Au vu du début désastreux du cours, dans le couloir des cachots, Harry ne fut pas vraiment surpris que le reste se passe aussi mal. Rogue les répartit par deux et leur demanda de préparer une potion destinée à soigner les furoncles. Sa longue cape noire flottant derrière lui, il passait et repassait parmi les élèves, critiquant les potions de tout le monde. Hermione et Harry semblaient être les deux seuls Gryffondors qui n'étaient pas terrifiés. Hermione voulait faire ses preuves, sans aucun doute, et Harry avait déjà fait des potions bien plus complexes – pour commencer, celle qui avait révélé sa forme d'Animagus – et avait de l'expérience pour ce qui était de Rogue – en dehors d'un contexte de cours cependant. Leurs partenaires, en revanche, Dean et Ron, furent critiqués pour ne pas participer assez et Rogue leur demanda d'être attentifs car ils seraient mis ensemble au prochain cours.

Neville réussit à faire fondre le chaudron de Seamus et à se retrouver plein de furoncles apparemment douloureux. Seamus l'emmena à l'infirmerie et Rogue réprimanda Harry et Ron pour ne pas l'avoir assez surveillé.

«C'est lui le professeur, se plaignit Ron à Harry, lorsqu'ils éloignèrent leur tabouret du chaudron fondu que Neville avait laissé derrière lui. C'est pas lui qui devrait surveiller ses élèves?»

«Sûrement.» soupira Harry, en mélangeant le contenu de leur chaudron.

Ron lui tendit l'ingrédient suivant, avant de baisser la tête. Rogue se dirigeait vers eux.


«M. Malefoy, vous restez.» dit Severus, lorsque tout le monde commença à s'en aller.

Ou plutôt que les Serpentards s'en allaient et que les Gryffondors fuyaient.

«On se voit au déjeuner, murmura Drago à Hydrus, qui adressa un regard appréciateur à Severus avant de s'en aller avec Vincent et Gregory. Monsieur?»

«Pas ici.» dit Severus.

Il mena Drago en dehors de la classe, dans une partie du château que Drago connaissait davantage. Son bureau.

«Assieds-toi.»

Drago laissa tomber son sac sur le sol du bureau et prit place à l'endroit que Severus lui indiquait. Severus, en revanche, resta debout.

«Comment vas-tu?» demanda Severus, surprenant Drago.

«Je n'ai pas eu les débuts que j'espérais à Poudlard, mais je me débrouille.»

«C'est ce que j'ai vu, dit froidement Severus. J'étais soulagé de voir que, malgré tes problèmes actuels, tu te débrouilles toujours pour remettre les nés-moldus à leur place.»

Il y avait tant de sarcasme et de condamnation dans sa voix que Drago se recroquevilla sur sa chaise.

«Je m'attendais à ce genre d'idioties suprémacistes de la part de Hydrus ou des autres, mais de toi, Drago … Je dois avouer que c'est décevant.»

Drago frotta la cicatrice sur la paume de sa main, honteux – il était aussi déçu de lui-même et de l'entendre de la bouche de Severus était encore pire – mais il y avait aussi de la frustration en lui et au final, il ne put la retenir.

«Vous savez ce qui est aussi décevant? dit-il. Ça!»

Il montra sa cravate.

«Ce n'est pas comme ça que ça devait être! J'étais censé être à Serpentard avec tous les autres, mais je suis coincé chez ce fichu Gryffondor!»

Drago frotta ses yeux, furieux.

«Ce n'est pas juste!»

«La vie n'est pas juste.» dit doucement Severus.

Drago se contenta de renifler.

«J'ai toujours su que j'étais différent, dit Drago, laissant sortir les mots qui résonnaient dans sa tête depuis la Répartition. Mais je ne savais pas que c'était- que c'était une mauvaise chose! Je pensais juste que je réfléchissais différemment, que j'étais plus mature ou quelque chose comme ça. Je pense comme vous et vous étiez à Serpentard, tout comme Mère! J'ai été élevé pour être un Serpentard et d'une façon ou d'une autre, j'ai réussi à- à- à défaire tout ça.»

«Tu ne dois pas t'en vouloir, dit Severus. Ces choses-»

«Je ne m'en veux pas, dit Drago. C'est juste … Je ne comprends pas. Je veux écrire à Mère et à Père pour leur dire que je suis désolé, mais je ne sais pas quoi dire, parce que- je- il-»

«Drago, calme-toi.» dit fermement Severus.

Drago prit plusieurs longues inspirations et s'essuya de nouveau le visage.

«Tes parents comprendront – je leur ai parlé à tous les deux hier soir.»

Les yeux de Drago s'écarquillèrent et il voulut poser des milliers de questions, mais retint sa langue.

«Ta mère, en particulier, est impatiente de te voir ou du moins, de te parler.»

Un certain soulagement traversa l'esprit de Drago, même s'il restait méfiant – qui savait ce que Mère dirait lorsqu'elle aurait dépassé l'étape de l'inquiétude et du choc?

«Je vais lui écrire, dit-il avec hésitation. Ce soir.»

«Veille à le faire, dit Severus en acquiesçant sèchement. Et malgré le fait que tu ne sois pas dans ma Maison-»

Drago se crispa, mais le ton de Severus était léger, sans trace d'amertume.

«-mon bureau reste toujours ouvert pour toi.»

Severus plaça une main sur l'épaule de Drago, avant de reculer.

«Je te suggère d'aller déjeuner, dit-il. Avant que ces idiots que tu appelles tes camarades ne mangent tout.»

«Je ne m'assieds pas avec les Gryffondors.» dit Drago.

Severus ne répondit rien. Confus, Drago se leva et se dirigea vers la porte, mal à l'aise.

«Merci, marmonna Drago. Désolé pour-»

«Il n'y a pas de raison de s'excuser.»

Drago s'en alla, montant jusqu'au hall d'entrée. Avant de pénétrer dans la Grande Salle pour aller déjeuner, il retira sa cravate et la plaça dans sa poche.


Même s'il appréciait l'école, Harry fut heureux de voir le week-end arriver. Il passa une grande partie de l'après-midi de vendredi à faire ses devoirs avec Hermione et Ron, et alla voir Lunard après le dîner. Par le biais du miroir, ils appelèrent ensemble Patmol et Kreattur, qui étaient tous deux impatients d'entendre parler de leur première semaine. Harry leur raconta ses cours et ses professeurs, ainsi que ses amis et Lunard avait plein d'histoires amusantes à raconter, la plupart sur Peeves (qui ne voulait pas le laisser tranquille) et les jumeaux Weasley (qui étaient tout aussi déterminés).

«Pourtant, ils ne font rien de spécial, dit Lunard. Ils ne me font pas de farces et ils ne parlent pas … Ils m'observent et semblent parfaitement heureux comme ça … C'est- Je leur ai offert un thé hier, ils ont paniqué et ils se sont enfui. Je ne sais vraiment pas quoi faire de ça.»

Samedi, Harry laissa ses amis et alla à la bibliothèque pour travailler la Métamorphose. Il avait lu et relu le chapitre sur lequel ils travaillaient, ainsi que ses notes, avant de sortir son allumette pour s'entraîner. Il réussit à lui faire prendre une couleur argentée au bout de cinq minutes, mais cela prit encore quinze minutes pour qu'elle s'affine et devienne pointue.

J'essayerais encore, décida-t-il.

«Finite.» dit-il, mais l'aiguille ne bougea pas.

Harry fronça les sourcils et feuilleta son livre jusqu'à trouver 'Reparifarge', mais cela concernait seulement les mauvaises métamorphoses.

Il ferma son livre et alla fouiller dans la bibliothèque pour trouver quelque chose qui pourrait l'aider. Essayer d'annuler une métamorphose lui prit le reste de la journée. A l'heure du dîner, Harry était fatigué et affamé et sa main lui faisait mal après tous les mouvements de baguette qu'il avait essayé avant de trouver le bon – l'exact opposé de celui qu'il avait initialement fait. Mais il était aussi l'heureux propriétaire d'une allumette normale et alors qu'il remplissait son assiette de purée, il ne put effacer le sourire ravi de son visage.

«Vous avez fait quoi aujourd'hui?» demanda-t-il à table, mais il posait surtout la question à Ron et Hermione.

«On a joué aux échecs.» répondit Hermione.

Ron avait levé la tête, avec la bouche pleine.

«Ron a gagné, ajouta-t-elle, l'air un peu vexé. Sept fois.»

«Je crois que même toi, tu aurais gagné.» dit Ron à Harry, qui se mit à rire.

Hermione souffla et leva sa fourchette, mais elle n'était pas blessée. La connaissant, elle était déçue parce qu'elle avait finalement trouvé un domaine dans lequel elle n'était pas la meilleure. Harry ne pensait pas que ce soit une mauvaise chose.

«Et Drago?» demanda Harry en jetant un coup d'œil par-dessus son épaule à la table des Serpentards, où était assis le garçon en question, silencieux, jouant avec son repas.

«Est-ce qu'il s'est montré aujourd'hui?»

«Pas jusqu'à maintenant.» dit Ron, son visage s'assombrissant un peu.

Le cœur de Harry se serra. Il n'était pas sûr de savoir ce qu'il pensait vraiment de Drago à cet instant, mais il savait qu'il se montrerait bien plus compatissant que Ron, qui n'avait pas trop aimé le commentaire sur les traîtres à leur sang en cours de Défense. Et au vu des sourcils de Hermione, elle ne le portait pas non plus dans son cœur.

Harry soupira et piqua dans un morceau de carotte rôtie.


La semaine qui suivit fut aussi calme qu'une semaine puisse l'être à Poudlard. L'après-midi du lundi à la sortie du cours de Sortilèges, Seamus avait frappé Morton – le garçon dont le père avait attaqué Lunard – parce qu'il avait insulté son père qui était un moldu. Le mardi matin, Lunard avait donné une retenue à Blaise pour avoir provoqué Hermione. Cette fois, elle n'avait pas pleuré et l'avait juste ignoré et Harry était fier d'elle pour ça. Harry, de son côté, avait lancé un sortilège du Repoustout à Blaise, n'offrant aucune autre alternative à Lunard que de lui donner une retenue à lui aussi.

Lunard semblait déçu, mais Harry s'était dit que c'était sa chance de frapper deux Cognards avec une seule batte. Il avait défendu Hermione et il allait passer plusieurs heures avec Blaise. Ses espoirs d'une discussion cordiale avec lui diminuèrent (mais ne disparurent pas) lorsque Blaise le bouscula contre l'encadrement de la porte en sortant de la classe.

Le cours de Potions eut de nouveau lieu mardi après-midi, mais par chance, il ne s'agissait que d'une leçon théorique. Rogue leur enseigna les propriétés de plusieurs ingrédients et la façon dont ils interagissaient entre eux et si Harry ne comptait pas toutes les réflexions mesquines sur les Gryffondors, il s'avéra que le cours fut plutôt intéressant.

Le mercredi se passa sans anicroche. Le professeur Chourave leur dispensa leur premier cours de Botanique et Neville, à la surprise de tout le monde, se montra brillant. Une fois, il répondit même à une question avant Hermione. L'expérience de Harry avec les plantes était limitée au désherbage et à l'arrosage – les choses qu'il faisait chez les Dursley – alors il fit équipe avec Ron, se disant qu'au moins, ils pourraient être ignorant ensemble.

Drago continua d'ignorer les Gryffondors et quand ils n'étaient pas en Défense ou en Potions (les cours où les deux Maisons étaient ensemble), il s'asseyait avec Zacharias Smith de Poufsouffle ou Sophie Flint de Serdaigle. Ni l'un ni l'autre ne semblait beaucoup l'apprécier et il ne semblait pas les apprécier non plus, mais il s'asseyait là quand même.

Le jeudi, pensait Harry, allait devenir sa journée préférée. Ils pouvaient faire la grasse matinée – s'ils voulaient – avant d'aller en Métamorphose avec McGonagall, puis c'était le déjeuner, suivi par le cours de Défense avec Lunard et jusqu'à Noël, ils avaient maintenant des leçons de vol en fin d'après-midi (malheureusement, en présence des Serpentards).

Hermione et Neville parlèrent de vol pendant tout le petit-déjeuner et Harry, après avoir essayé de convaincre Hermione que c'était impossible d'apprendre à voler à l'aide d'un livre, abandonna et se rapprocha de Ron, qui se trouvait avec les jumeaux, discutant d'une farce qu'ils allaient faire à Rogue au dîner. Harry parvint à comprendre qu'ils avaient prévu d'ensorceler ses petits pois pour faire changer sa peau de couleur à chaque fois qu'il en mangeait un.

«Il va vous tuer s'il découvre que c'est vous.» dit Ron, impressionné.

«Il le saura, dit Fred en haussant les épaules. Mais qu'est-ce qui pourrait arriver de grave? McGonagall est notre Directrice de Maison, alors c'est elle qui nous punira et Rogue nous déteste déjà, alors on n'a rien à perdre.»

Harry se demanda, pendant un instant, si Rogue avait déjà vu son père et Patmol dans les jumeaux.

«Imbécile graisseux.» ajouta George.

Harry grimaça, en pensant que c'était une vraie possibilité.

«Alors, jeune Harry, demanda George en se tournant vers lui. On pense qu'on sait à peu près tout ce qu'on devrait savoir sur Lunard-»

«-et qu'il est temps d'avancer et de parler de-»

«Queudver.» dit George avec espoir.

Harry – qui ne s'était pas attendu à entendre ce nom – toussa avec sa bouche pleine de yaourt et Ron lui tapa dans le dos. Comme toujours, il y avait en lui cette colère que Harry associait avec le traître, mais plus encore, il y avait la culpabilité et la pitié. Harry se souvenait encore de l'aveu tremblant et bafouillant lors du procès de Patmol et il ne savait que trop bien que Queudver était condamné à passer le reste de sa vie en compagnie de ses peurs les plus atroces.

«C'est un con, dit Harry, après avoir pris une gorgée de jus pour s'éclaircir la gorge. Il est à Azkaban et il va y rester.»

Il était évident que Fred et George voulaient en savoir plus, mais Harry vit Ron secouer la tête et ils retournèrent à leur petit-déjeuner.

Harry oublia tout ce qui concernait Queudver lorsqu'il arriva en Métamorphose. Ils travaillaient de nouveau sur leur allumette et Harry réussit à transformer la sienne aussi vite que Hermione. Hermione s'en alla chercher d'autres allumettes sur le bureau du professeur McGonagall pour continuer à s'entraîner, mais Harry garda son unique aiguille et s'efforça de lui rendre son apparence de base. Cela lui prit seulement vingt minutes, et la fois d'après dix minutes de moins.

A la fin de la leçon, Harry pouvait annuler sa métamorphose aussi vite qu'il pouvait la faire. Tout le monde avait une aiguille sur son bureau, sauf Harry (qui avait retransformé la sienne en allumette), Neville (qui avait un cure-dent) et Wayne Hopkins de Poufsouffle. Hermione en avait onze et remporta un point pour Gryffondor pour chacune d'entre elles.

«Le cours de lundi sera aussi consacré à ça, dit McGonagall, tandis qu'ils replaçaient leur livre dans leur sac. Je m'attends à ce que tout le monde ait réussi à la fin du cours, donc si vous avez encore une allumette aujourd'hui, je vous suggère de vous entraîner.»

Son regard perçant se posa sur Harry, Neville et Wayne.

« N'oubliez pas.»

«Je vais me souvenir de m'entraîner, dit Neville, alors qu'ils se rendaient au déjeuner. Regardez ce que ma Grand-Mère m'a envoyé.»

Il sortit une sphère de verre de sa poche et la leva pour la montrer à Harry.

«C'est un Rapeltout. Ça se remplit de fumée quand j'ai oublié quelque chose.»

«Comment tu sauras ce que tu as oublié?» demanda Ron, curieux.

«Je ne pourrais pas, dit Neville. Grand-Mère dit qu'elle m'en offrira un vrai-»

«Un vrai?» demanda Harry, en regardant le Rapeltout.

Celui-là lui semblait déjà vrai.

«Tu peux y mettre des souvenirs, dit Neville. Et ça te montre celui qui est important, au lieu de juste fumer. Mais ils sont très chers. Grand-Mère m'a dit que je devrais d'abord prouver que je ne perds pas celui-là avant qu'elle m'en offre un vrai.»

Harry croisa le regard de Ron, en essayant de ne pas sourire. Cela faisait seulement une semaine et il avait déjà été le témoin de la capacité de Neville à perdre des choses. Les affaires de Neville avaient tendance à se retrouver à des endroits étranges dans le dortoir ou dans la salle commune et il était normal de voir Neville fouiller dans sa malle tôt le matin ou de le voir, assis sur son lit, perdu dans ses pensées, à essayer de se souvenir de l'endroit où il avait vu telle ou telle chose pour la dernière fois. Trévor n'aidait pas du tout, car le crapaud avait tendance à se perdre tout seul. Lavande l'avait rendu à Neville après l'avoir retrouvé dans les toilettes des filles pendant le week-end.

«Où est-ce qu'on s'assoit?» demanda Ron en regardant la table.

«Là.» dit Harry.

Il avait repéré un ajout inhabituel au bout du banc. Ron fronça les sourcils, mais le suivit quand même avec Hermione. Neville les salua et alla s'asseoir avec ses amis de Poufsouffle.

«Est-ce que je lui ai fait peur?» demanda Drago, en les voyant s'approcher.

«Au moins autant qu'on te fait peur quand tu t'assois là-bas.» dit Ron en désignant la table des Serpentards.

Il s'assit face à Harry, qui s'était assis près de Drago.

«Vous ne me faites pas peur, souffla Drago. C'est juste-»

Il hésita.

«-que je ne vous aime pas beaucoup.»

«Voilà ta réponse.» dit Hermione, en s'asseyant près de Ron.

Elle leur servit à boire à tous les quatre et ne fut pas la seule surprise lorsque Drago la remercia. Harry vit l'expression de Hermione s'adoucir un peu.

«Si tu ne nous aimes pas, pourquoi est-ce que tu t'assois ici?» demanda-t-elle, plutôt brusquement.

«Ils ne sont pas encore sortis de cours.» dit Drago.

Il leva son sandwich et croqua dedans.

«Il faut bien que j'attende quelque part, non?»

Ron grogna.

«Hâte au cours de vol, Potter?»

«J'imagine, dit Harry en servant largement en pâtes au fromage. Et toi?»

Drago haussa les épaules.

«Fred et George disent que les balais de l'école sont nuls.» dit Ron.

«Comment ils pourraient le savoir? demanda Drago, confus. Votre famille ne peut pas s'offrir de balais de qualité, alors comment ils pourraient voir la différence?»

«Ils ont apparemment vu une différence ou ils n'auraient rien dit.» dit Ron, les oreilles rouges.

«Je suppose, répondit Drago de sa voix traînante. Si même les Weasley pensent qu'ils sont mauvais, alors ils doivent vraiment l'être. Je-»

Harry lui donna un coup de pied – probablement plus fort que nécessaire – et Drago s'interrompit et gémit.

«Quoi, Potter?» demanda-t-il sèchement.

«J'avais des fourmis dans la jambe, dit Harry, pas désolé pour un sou. Désolé.»

Ron ricana et Hermione avait l'air amusé.

«Mensonge.» murmura Drago.

«Mensonge?» demanda Hermione.

Étrangement, Drago rougit à ça.

«C'est rien.» dit-il.

Hermione, qui n'aimait pas ne pas comprendre, croisa les bras et fronça les sourcils en direction de Drago, qui semblait n'en avoir cure.

«Qu'est-ce que tu penses des cours jusque-là? demanda Harry, sans savoir s'il voulait protéger Drago de Hermione ou l'inverse. Je n'ai pas encore eu l'occasion de te demander.»

«Non.» répondit Drago, doucement.

Il fronça les sourcils et prit une autre bouchée de sandwich.

«Non, j'imagine que non. Ils sont … biens, je suppose. J'aime l'Histoire de la magie-»

Ron lâcha un cri révolté et Harry se sentit absolument sur la même longueur d'ondes que lui.

«-et les Sortilèges, c'est ennuyeux pour l'instant, mais la Défense contre les forces du mal, les Potions et la Métamorphose sont intéressants. J'ai réussi à transformer mon aiguille aujourd'hui.»

Il avait l'air plutôt fier de lui, alors Harry sourit et fut surpris de constater que Drago lui rendait son sourire.

«J'aime bien McGonagall. Elle est sévère et terrifiante, mais au moins, elle est juste.»

«Terrifiante, c'est vrai, dit Fred – ou du moins, le jumeau que Harry prenait pour Fred – en s'asseyant près d'eux. Un de nos amis-»

«-et des tiens, Harry-» dit George en clignant de l'œil.

«-nous parlait l'autre jour de la fois où elle leur avait fait nettoyer la salle de bain des préfets-»

«-sans magie.»

«Comment vous savez pour le calmar géant?» demanda Harry.

Aux dernières nouvelles, les jumeaux se contentaient de fixer Lunard en silence, au lieu de lui poser des questions.

«Et des amis? Est-ce que- je veux dire- Des amis? Plus d'un? Qui-»

«Des amis, c'est le pluriel d'un ami, Potter, dit Drago. Alors oui, je pense qu'on peut dire qu'il y en a plus que un.»

Hermione se mit à rire avant de pouvoir s'en empêcher.

«Pourquoi, au nom de Merlin, ces amis ont du laver la salle de bain? Je suis perdu.»

«Ils m'ont perdu à calmar géant.» dit Ron à Hermione, qui acquiesça.

Au même moment, les jumeaux semblèrent réaliser que Drago était avec eux.

«Oh, Malefoy, dit Fred. Pas vu que t'étais là.»

« Enfin, dit George. On t'avait vu-»

«-mais on ne t'avait pas reconnu-»

«-avec ta cravate.»

Drago baissa les yeux sur l'objet en question et rougit.

«Désolé, dit Ron, les interrompant. Mais le calmar géant?»

Drago lui lança un regard reconnaissant que Ron manqua.

«Qu'est-ce-»

«Le calmar géant, confirma George, rayonnant. C'est un héritage. Dès leur première année.»

Il soupira, ravi, et lui et George adressèrent un regard admiratif à la table des professeurs – où Lunard était assis, près de Rogue.

«Ça va être difficile d'être à la hauteur.» leur dit Fred.

Harry arqua un sourcil, Ron continua d'avoir l'air perdu, Drago semblait juste perplexe et Hermione avait l'air intéressé par le fait de devoir se montrer à la hauteur de quelque chose, mais Harry pensait que son intérêt disparaîtrait rapidement si elle savait qu'elle devrait enfreindre des règles.

«Comment avez-vous fait pour parler à plus d'un d'entre eux?» insista Harry, en reposant son attention sur les jumeaux.

C'était impossible parce que même si Lunard était là, Patmol était à la maison à Londres, Peter était à Azkaban et James était mort.

«Ah, ah, dit Fred en agitant un doigt. C'est une information sensible, j'en ai peur.»

«On ne peut pas se promener en balançant tous nos secrets.» ajouta George.

«Vous avez parlé à qui?»

«A tous.» dit Fred.

Harry secoua la tête et laissa tomber l'affaire. Si les jumeaux ne blaguaient pas, il mourrait d'envie de savoir comment c'était possible de parler à tous les Maraudeurs. S'il y avait un moyen de le faire, Harry était sûr que Patmol ou Lunard l'auraient mentionné.

Ça ne peut pas faire de mal de leur demander, pensa Harry. Il leva les yeux, réalisant qu'il venait de manquer une blague que George avait dit aux trois autres. Hermione avait l'air scandalisé, mais contente en même temps, et Ron et Drago riaient.

«Quoi?» demanda Harry.

«Le calmar géant, dit Ron en riant. Vous avez dit que c'était qui?»

«Je ne l'ai pas dit, dit George en faisant un clin d'œil à Harry. Les noms ne comptent pas-»

«Ils comptent pour vous.» dit Harry, amusé.

Fred le fit taire et adressa à Drago un regard sévère.

«Mais nos héros sans nom ne sont pas les seuls qui ne toléreraient pas ces bêtises de 'traîtres à leur sang' ou de mot en m-.»

Drago se crispa sur son siège, l'air bien plus coupable que Harry s'était attendu. Les yeux de Drago se posèrent sur la table des Serpentards et il frissonna. Harry ne lui en voulait pas. La totalité des premières années de Serpentard et quelques élèves plus âgés le fixaient.

«Depuis combien de temps ils sont là?» demanda-t-il, horrifié.

«Ils sont arrivés en même temps que nous.» dit George.

«Bien pratique, d'ailleurs. Il y a eu des embouteillages à la porte et on a eu l'occasion de placer une poignée de têtards dans le sac de ton frère.»


Drago retirait sa cravate et la plaçait dans son sac, alors que Weasley Un avouait encore cette histoire de têtards. Les autres riaient – même Granger, qui ne riait habituellement pas avec les farces – et Drago fut tenté de rire aussi. Si c'était arrivé un mois plus tôt, il aurait sûrement ri. Mais Hydrus avait été … et bien, pas sympa, mais compréhensif … avec Drago du moins … la plupart du temps.

Il essaye, pensa Drago en soupirant. Le soutien de Hydrus signifiait que Drago devait sacrifier ses propres valeurs, mais il n'avait pas reçu le moindre soutien fraternel depuis des années, alors Drago était prêt à ça. Hydrus lui offrait un endroit où rester, autre qu'avec les Gryffondors.

«Salut.» dit-il rapidement.

Il balança son sac sur son épaule et se hâta vers la table des Serpentards.

«Salut.» dit-il en s'asseyant à la place vide près de Morton.

«Qu'est-ce que tu faisais?» demanda Hydrus, horrifié.

«J'attendais, dit Drago à voix basse. Vous n'étiez pas encore sortis de cours, alors-»

«Tu t'es assis avec les Gryffondors.» siffla Pansy.

Drago hocha la tête.

«On est là depuis longtemps maintenant. Qu'est-ce qui t'a pris si longtemps?»

Drago savait que c'était vrai. Vincent et Gregory avaient déjà deux assiettes vides devant eux et tout le monde avait déjà bien entamé son repas. Et les Serpentards avaient tendance à manger lentement, parce qu'ils avaient été élevé avec des manières.

«J'ai été distrait.»

Et c'était le cas. Il ne les avait pas vu arriver.

«Par quoi? demanda Hydrus, déconcerté. Par des Gryffondors? Ils sont aussi ennuyeux qu'ils en ont l'air.»

«Ils ne sont pas si mal, murmura Drago, avant de réaliser ce qu'il venait de dire. Ils racontaient une histoire drôle à propos du calmar géant dans la salle de bain des préfets-»

«Beurk.» dit Daphné.

«C'était une farce, dit Drago en levant les yeux au ciel. Quelqu'un a traité une fille de-»

«De quoi?» demanda Morton.

Sang-de-bourbe.

«Rien.» dit Drago en réalisant presque trop tard que cette assemblée ne verrait pas le côté humoristique de la chose et serait même offensée par la farce en elle-même.

«Peu importe. Ce n'était pas si drôle.»

Il ne parla ou ne rit plus du tout du déjeuner, il se contenta de hocher la tête et de sourire au bon moment, jouant avec son repas et restant silencieux lorsque quelqu'un insultait sa Maison ou ses camarades. Il essaya de ne pas passer trop de temps à regarder en direction de Potter, Granger ou des Weasley, qui parlaient et riaient toujours autour de la table des Gryffondors.