Voilà le chapitre 5. Ce sont toujours les mêmes disclaimers que d'habitude.

Le chapitre est un peu plus long que d'habitude. J'espère qu'il vous plaira. Bonne lecture.


Chapitre 5

- Dray !

Je jeune Malfoy ne se retourna pas. Mio, car c'était elle qui avait crié, arriva à rattraper le jeune homme et s'arrêta à sa hauteur. Elle voulut lui parler mais se stoppa net : il pleurait.

- Ne pleure pas Dray, ça va bien se passer. Ne t'inquiète pas !
- Je ne pleure pas ! rétorqua –t-il !
- Tu veux un mouchoir ?
- Je ne pleure pas ! UN MALFOY NE MONTRE PAS SES ÉMOTIONS ! hurla-t-il. Je n'ai pas le droit … pas le droit de pleurer ! termina-t-il dans un murmure.

Le coeur de Mio se serra. Son cousin n'aimait pas le contact mais qu'importe, elle le prit dans ses bras. Il se remit à pleurer de plus belle.
Quelques secondes ou quelques minutes passèrent, Mio ne savait plus. Draco sanglotait maintenant.

- Bon, écoute Draco, l'interpella doucement la jeune femme, il va falloir être fort ! Snape va avoir besoin de nous ! Et … Elle hésita un peu avant de continuer, Harry, lui il aura vraiment besoin de toi !

Au prénom du jeune homme à la cicatrice, Draco se figea !

- Qu'il aille au diable Saint Potter !
- Arrête Draco, je sais qu'il compte pour toi, comme je sais qu'il m'a demandé de veiller sur toi sans que tu le saches. Maintenant tu sais ! Tu sais à quel point, même en temps de … enfin, pendant les … arg, je veux dire que même pendant qu'il se battait, il ne cessait de penser à toi. Donc, tu vas me relever cette tête, avoir la prestance d'un Malfoy et aller faire face au Seigneur et aux Mangemorts qui fêteront la mort du professeur Dumbledore…

Sa voix s'était presque éteinte à ce dernier nom.

- Pff, on dirait Père qui parle !
- Ah, et bien, il faut dire que Oncle Lucius a su m'enseigner ses « principes », dit-elle en mimant avec ses doigts les guillemets. Allez, on rentre !
- Au château ?
- Tu rigoles ? Tu veux avoir tout l'Ordre qui te court après ? Réfléchi Dray ! On va là où le maître sera : au manoir !
Le jeune Malfoy grommela et suivit la jeune blonde en transplanant.

• - - - - - - - - - - - - - - - - - - •

Deux hommes surgirent de nulle part, à quelques mètres l'un de l'autre, sur le chemin étroit éclairé par la lune. Pendant un instant, ils restèrent parfaitement immobiles, chacun pointant sa baguette magique sur la poitrine de l'autre. Puis, après s'être reconnus, ils rangèrent leur baguette sous leur cape et se mirent à marcher d'un pas vif dans la même direction.

— Des nouvelles ? demanda le plus grand des deux.
— Excellentes, répondit Severus Snape.

Les deux hommes se mirent en route. Ils avancèrent puis tournèrent à droite, dans une large allée qui s'éloignait du chemin. La haute haie suivit la même courbe, s'étendant au loin, par-delà l'impressionnant portail de fer forgé qui barrait la route des deux hommes. Ni l'un ni l'autre ne ralentit l'allure : sans un mot, ils levèrent le bras gauche dans une sorte de salut et traversèrent la grille comme si le métal sombre n'était qu'un rideau de fumée.

Les rangées d'ifs étouffaient le son de leurs pas. Il y eut un bruissement quelque part sur leur droite : Yaxley, le deuxième homme, tira sa baguette qu'il pointa par-dessus la tête de son compagnon mais le bruit était dû à un paon, au plumage d'un blanc immaculé, qui s'avançait d'un air majestueux au sommet de la haie.

— Il ne se refuse jamais rien, Lucius. Des paons…

Avec un petit ricanement, Yaxley remit la baguette sous sa cape.

Tout au bout de l'allée, un élégant manoir se dessina dans l'obscurité, des éclats de lumière se reflétant au rez-de-chaussée dans les carreaux des fenêtres à croisillons. Quelque part dans le parc obscur, au-delà de la haie, on entendait le chant d'une fontaine. Des graviers crissèrent sous leurs semelles lorsque Snape et Yaxley se hâtèrent en direction de la porte qui pivota vers l'intérieur à leur approche, bien qu'apparemment personne ne l'eût ouverte.

Le hall d'entrée, faiblement éclairé, était vaste et sa décoration somptueuse, avec un magnifique tapis qui recouvrait en grande partie le sol de pierre. Les portraits au teint pâle accrochés aux murs suivirent des yeux les deux hommes qui marchaient à grands pas. Snape et Yaxley s'arrêtèrent devant une lourde porte de bois qui menait dans la pièce voisine. Ils hésitèrent un bref instant puis Snape tourna la poignée de bronze.

Le salon était rempli de visiteurs silencieux, assis autour d'une longue table ouvragée. Les meubles qui décoraient habituellement les lieux avaient été repoussés en désordre contre les murs. La pièce était éclairée par un feu qui brulait dans la cheminée, sous un splendide manteau de marbre surmonté d'un miroir au cadre doré. Snape et Yaxley s'attardèrent un moment sur le seuil de la porte. Tandis qu'ils s'habituaient à la faible lumière, un étrange spectacle attira leur regard : une silhouette humaine, apparemment inconsciente, était suspendue au-dessus de la table, la tête en bas, et tournait lentement sur elle-même, comme si elle avait été accrochée par les pieds à une corde invisible, son image se reflétant dans le miroir et à la surface nue de la table vernie. Aucune des personnes assises autour de cette vision singulière n'y prêtait attention, à part un jeune homme pâle qui se trouvait placé presque au-dessous et ne pouvait s'empêcher de lever régulièrement les yeux. A côté de lui, une jeune femme, elle aussi très pâle, était immobile. Son regard, fixé sur la longue table, semblait posé sur une poussière imaginaire devant elle.

— Ah, Yaxley et Snape, dit une voix claire au timbre aigu qui provenait de l'extrémité de la table. Vous avez failli être très en retard.

L'homme qui avait parlé était assis juste devant la cheminée et il fut tout d'abord difficile pour les deux nouveaux venus de distinguer autre chose que les contours de sa silhouette. Mais à mesure qu'ils approchèrent, ils virent briller dans la pénombre un visage au crâne chauve, semblable à une tête de serpent, avec ses deux fentes en guise de narines et ses yeux rouges, luisants, aux pupilles verticales. Son teint était si pâle qu'il semblait scintiller d'une lueur nacrée.

— Severus, ici, dit Voldemort en indiquant un siège juste à sa droite. Yaxley… à côté de Dolohov.

Les deux hommes s'installèrent aux places qui leur étaient désignées. La plupart des regards suivirent Snape et ce fut à lui que Voldemort s'adressa le premier :

— Alors ?
— Maître, l'Ordre du Phénix a l'intention d'emmener Harry Potter hors de la cachette où il est actuellement en sûreté samedi prochain, à la tombée du jour.

Cette déclaration suscita un intérêt manifeste autour de la table : certains se raidirent, d'autres s'agitèrent, tous observant Snape et Voldemort.

— Samedi… à la tombée du jour, répéta Voldemort.

Ses iris d'un rouge flamboyant fixèrent les yeux noirs de Snape avec une telle intensité que plusieurs personnes détournèrent la tête, craignant apparemment la brûlure de ce regard féroce. Snape, en revanche, dévisagea Voldemort avec le plus grand calme. Au bout d'un certain temps, la bouche sans lèvres du Seigneur des Ténèbres s'étira en une sorte de sourire.

— Bien, très bien. Et cette information vient…
— De la source dont nous avons parlé, dit Snape.

La conversation se poursuivit. Mio, la tête toujours baissé et le regard fixé sur la table, avait du mal à suivre la conversation. Elle était fatiguée. Fatigué physiquement mais surtout mentalement. Ce double jeu quelle jouait n'était plus pareil sans Dumbledore. L'Ordre lui semblait plus difficile à joindre maintenant qu'il n'était plus là. Elle aurait bien essayé de parler de ces craintes à Snape, le seul au courant. Mais, elle imaginait déjà sa réaction : l'envoyer sur les roses avec sarcasme.

Elle reporta son attention vers la conversation.

Il était question du transport d'Harry, quand et vers où irait-il. Elle le savait bien évidemment. Et dans ces moments, elle était bien contente de maîtriser à la quasi-perfection l'occumentie. Yaxley était fier d'avoir réussi sa mission : mettre sous impérium un fonctionnaire du Ministère. Le maître était content mais cela ne suffirait pas. Il fallait que le Ministère soit complètement aux ordres des Mangemorts. Et il restait encore des résistants parmi les fonctionnaires.

— Nous disposons d'un avantage, Maître, déclara Yaxley qui semblait décidé à recevoir sa part d'approbation. Nous avons à présent plusieurs personnes implantées au Département des transports magiques. Si Potter transplane ou utilise le réseau des cheminées, nous en serons immédiatement avertis.

— Il ne fera ni l'un ni l'autre, répliqua Snape. L'Ordre évite tout moyen de transport contrôlé ou organisé par le ministère. Ils se méfient de tout ce qui est lié à cet endroit.

— Tant mieux, reprit Voldemort. Il sera donc obligé de se déplacer à l'air libre. Beaucoup plus facile pour nous, de très loin.

Voldemort regarda une nouvelle fois le corps qui tournait lentement sur lui-même tout en poursuivant :

— Je m'occuperai du garçon moi-même. Trop d'erreurs ont été commises au sujet de Harry Potter. Je suis responsable de certaines d'entre elles. Le fait que Potter soit toujours en vie est dû beaucoup plus à mes erreurs qu'à ses triomphes.

Autour de la table, tout le monde observait Voldemort avec appréhension, l'expression de chacun – et de chacune – trahissant la crainte de se voir reprocher l'existence trop longue de Harry Potter.

Voldemort, cependant, semblait parler plus à lui-même qu'à aucun d'entre eux, le visage toujours levé vers le corps inconscient qui tournait au-dessus de lui.

— J'ai fait preuve de négligence et c'est pourquoi le hasard et la mauvaise fortune, qui s'acharnent à détruire tout projet insuffisamment préparé, ont fini par me mettre en échec. Mais j'ai beaucoup appris, à présent. Je comprends aujourd'hui des choses qui m'échappaient auparavant. Je dois être celui qui tuera Harry Potter et je le serai.

Comme pour répondre aux paroles qu'il venait de prononcer, une plainte soudaine retentit, un cri terrible, prolongé, de douleur et de désespoir. Nombre de ceux qui étaient assis autour de la table baissèrent les yeux, surpris, car le son semblait provenir de sous leurs pieds. Draco et Mio eurent un frisson.

— Queudver, dit Voldemort, de la même voix calme et pensive, sans détacher les yeux du corps suspendu, ne t'ai-je pas recommandé de faire taire notre prisonnier ?
— Si, M… Maître, balbutia, vers le milieu de la table, un petit homme assis tellement bas que sa chaise, à première vue, paraissait vide. Il se leva précipitamment et fila hors de la pièce, ne laissant dans son sillage qu'un étrange éclat argenté.
— Comme je le disais, poursuivit Voldemort, qui posa à nouveau son regard sur ses fidèles visiblement crispés, je comprends mieux les choses, maintenant. Par exemple, il me faudra emprunter la baguette de l'un d'entre vous pour tuer Potter.

Une expression d'effarement apparut sur les visages qui l'entouraient. Il aurait pu tout aussi bien leur annoncer qu'il voulait leur emprunter un bras.

— Pas de volontaires ? demanda Voldemort. Voyons… Lucius, je ne vois pas pourquoi tu aurais encore besoin d'une baguette magique.
Lucius Malfoy leva les yeux. À la lueur des flammes, son teint semblait jaunâtre, cireux, ses yeux enfoncés dans leurs orbites plongés dans l'ombre. Lorsqu'il parla, sa voix était rauque.
— Maître ?
— Ta baguette, Lucius. J'exige que tu me donnes ta baguette.
— Je…

Malfoy jeta un regard de côté à sa femme. Les yeux fixés devant elle, elle était aussi pâle que lui, ses longs cheveux blonds tombant le long de son dos mais, sous la table, ses doigts minces se refermèrent brièvement sur le poignet de son mari. En sentant sa pression, Malfoy glissa la main dans sa robe de sorcier, en retira sa baguette et la fit passer à Voldemort qui l'examina attentivement en la tenant devant ses yeux rouges.

— Qu'est-ce que c'est ?
— De l'orme, Maître, murmura Malfoy.
— Et à l'intérieur ?
— Du dragon… du ventricule de dragon.
— Très bien, dit Voldemort.

Il sortit sa propre baguette et compara leurs tailles respectives.
Lucius Malefoy fit un imperceptible mouvement. Pendant une fraction de seconde, il sembla s'attendre à recevoir la baguette magique de Voldemort en échange de la sienne. Le geste n'échappa pas à Voldemort dont les yeux s'agrandirent avec une expression mauvaise

— Te donner ma baguette, Lucius ? Ma baguette ?

Quelques ricanements s'élevèrent dans l'assemblée.

— Je t'ai accordé ta liberté, Lucius. N'est-ce pas suffisant ? Mais j'ai cru remarquer que toi et ta famille ne paraissez pas très heureux, ces temps-ci… Y a-t-il quelque chose qui te déplaît dans ma présence chez toi ?
— Non, rien… Rien du tout, Maître !
— Quel mensonge, Lucius…

On aurait dit que la voix douceâtre continuait de siffler après que la bouche cruelle eut cessé tout mouvement. Un ou deux sorciers eurent peine à réprimer un frisson lorsque le sifflement s'accentua.

Quelque chose de lourd glissait par terre, sous la table.

L'énorme serpent apparut et se hissa lentement sur le fauteuil de Voldemort. Il s'éleva, apparemment interminable, et s'installa sur les épaules de son maître. Son cou avait l'épaisseur d'une cuisse humaine, ses yeux, avec leur fente verticale en guise de pupille, ne cillaient pas. D'un air absent, Voldemort caressa la créature de ses longs doigts fins, sans cesser de fixer Lucius Malfoy.

— Pourquoi les Malfoy paraissent-ils si malheureux de leur sort ? Mon retour, mon ascension au pouvoir ne sont-ils pas ce qu'ils prétendaient désirer depuis de si longues années ?

Entendant le nom des Malfoy, Mio se raidit. Pitié, par Merlin qu'il ne s'attarde pas sur elle ou sur Draco. Son oncle saurait faire face au Seigneur, qu'il se débrouille.

— Bien sûr, Maître, répondit Lucius Malfoy.

D'une main tremblante, il essuya la sueur qui perlait au-dessus de sa lèvre.

— Nous le désirions… Nous le désirons.

À la gauche de Malfoy, sa femme hocha la tête avec une étrange raideur, sans regarder Voldemort et son serpent. À sa droite, son fils Draco, qui observait le corps inerte suspendu au-dessus de lui, jeta un bref coup d'oeil en direction de Voldemort puis détourna à nouveau la tête, terrifié à l'idée que leurs regards se croisent. Il sentit la main de sa cousine, assise à sa droite, serrer la sienne comme pour le réconforter ou se donner du courage elle-même.

— Maître, dit une femme brune assise vers le milieu de la table, la voix serrée par l'émotion, c'est un honneur de vous avoir ici, dans notre maison de famille. Pour nous, il ne pourrait y avoir de plus grand plaisir.

Elle avait pris place à côté de sa soeur, aussi différente qu'elle dans son apparence, avec ses cheveux bruns et ses paupières lourdes, que dans son maintien et son comportement. Alors que Narcissa restait rigide et impassible, Bellatrix se penchait vers Voldemort, car les mots seuls ne suffisaient pas à exprimer son désir de proximité.

— Pas de plus grand plaisir, répéta Voldemort, la tête légèrement inclinée de côté tandis qu'il la regardait. Venant de ta part, cela signifie beaucoup, Bellatrix.

Le visage de cette dernière s'empourpra, des larmes de ravissement lui montèrent aux yeux.

— Mon Maître sait que je ne dis rien d'autre que la vérité !
— Pas de plus grand plaisir… même comparé à l'heureux événement qui, ai-je appris, s'est produit cette semaine dans la famille ?

Elle le fixa, les lèvres entrouvertes, visiblement déconcertée.

— J'ignore de quoi vous voulez parler, Maître.
— Je parle de ta nièce, Bellatrix. Et de la vôtre aussi, Lucius et Narcissa. Elle vient de se marier avec Remus Lupin, le loup-garou. Vous devez être très fiers.

Il y eut dans toute l'assemblée une explosion de rires sarcastiques. Certains, les plus nombreux, se penchèrent en avant pour échanger des regards réjouis, d'autres martelèrent la table de leurs poings.

L'énorme serpent, dérangé par le tumulte, ouvrit grand sa gueule et siffla avec colère, mais les Mangemorts ne l'entendirent pas, tout à leur joie de voir humiliés Bellatrix et les Malfoy. Le visage de Bellatrix, qui avait exprimé tant de bonheur quelques instants auparavant, s'était couvert de vilaines plaques rouges.

— Ce n'est pas notre nièce, Maître, s'écria-t-elle au milieu du déferlement d'hilarité. Narcissa et moi n'avons plus jamais accordé un regard à notre soeur depuis qu'elle s'est mariée avec le Sang-de- Bourbe. Cette sale gamine n'a rien à voir avec nous, pas plus que la bête qu'elle a épousée.

— Qu'en dis-tu, Draco ? demanda Voldemort dont les paroles, bien qu'il parlât à voix basse, résonnèrent clairement parmi les sifflets et les railleries. Accepterais-tu de garder leurs louveteaux ?

Les éclats de rire redoublèrent. Draco Malfoy lança un coup d'oeil terrifié à son père qui contemplait ses genoux, puis croisa le regard de sa mère. Elle eut un hochement de tête presque imperceptible, avant de fixer à nouveau d'un air impassible le mur qui lui faisait face. Même Mio à ses côté semblait pétrifiée.

— Tu as peut-être un avis Mio ? Tu peux te mettre à la place d'une nièce rejetée ? Siffla Voldemort.

Narcissa eut un léger mouvement vers Mio. Son Oncle Lucius, regardait toujours ses mains. Mio, avait tourné son regard vers Voldemort et ne savait plus quoi faire. Les rires et ricanements des autres Mangemorts résonnaient dans la pièce.

— Ça suffit, dit Voldemort en caressant le serpent. Ça suffit.

Et les rires s'évanouirent aussitôt.

— De nombreux arbres généalogiques, parmi ceux de nos plus anciennes familles, sont atteints de maladie avec le temps, dit-il en fixant toujours Mio, tandis que Bellatrix, haletante, posait sur lui un regard implorant. Il faudrait élaguer le vôtre pour le maintenir en bonne forme, ne croyez-vous pas ? Couper les branches qui menacent la santé des autres, ajouta-t-il en se tournant vers Bellatrix.

— Oui, Maître, murmura Bellatrix, les yeux à nouveau baignés par des larmes de gratitude. À la première occasion !

— Cette occasion vous sera donnée, assura Voldemort. Dans votre famille, comme partout dans le monde… nous arracherons le chancre qui nous infecte jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le sang authentique… Lucius, je laisse ta nièce tranquille. Tu le sais, j'estime qu'elle sait se rendre utile malgré les traîtres à leur sang qui lui sert de moitié de famille, termina-t-il avec un pointe de dégout dans la voix.

Voldemort leva la baguette magique de Lucius Malfoy, la pointa droit sur la silhouette suspendue qui tournait lentement au-dessus de la table et lui imprima un minuscule mouvement. La silhouette s'anima en poussant un gémissement et commença à se débattre contre ses liens invisibles.
— Reconnais-tu notre invitée, Severus ? demanda Voldemort.

Snape leva les yeux vers le visage qui lui apparaissait en sens inverse. Tous les Mangemorts regardaient à présent la prisonnière, comme si la permission leur avait été donnée de manifester leur curiosité. Tournant sur elle-même vers la lumière que projetait le feu de la cheminée, la femme dit d'une voix brisée, terrorisée :

— Severus ! Mio ! Aidez-moi !

— Oui, je la reconnais, répondit Snape, et la prisonnière continua de pivoter lentement.

— Et toi, Draco ? interrogea Voldemort, qui caressait de sa main libre la tête du serpent.

Draco fit non d'un hochement de tête saccadé. Maintenant que la femme avait repris conscience, il semblait incapable de la regarder à nouveau.

— Tu n'aurais pas choisi sa classe, dit Voldemort. Car pour ceux d'entre vous qui ne le sauraient pas, nous recevons ce soir Charity Burbage qui, jusqu'à une date récente, était professeur à l'école de sorcellerie de Poudlard. Mio, tu as surement du l'assister ?

Mio fournissait des efforts considérables pour ne pas trembler de peur, de rage, de dégout face à tous ces propos, face à cette scène et ce qu'elle pressentait qui allait suivre.

Des murmures d'assentiment s'élevèrent autour de la table. Mio prit alors la parole :

— Oui… Le professeur Burbage enseignait aux enfants de sorciers et de sorcières tout ce qu'il faut savoir des Moldus… en leur expliquant qu'ils ne sont pas très différents de nous…

L'un des Mangemorts cracha par terre. Charity Burbage pivota une nouvelle fois vers Snape puis vers Mio.

— Severus… Mio… s'il vous plaît… s'il vous plaît.

— Silence, coupa Voldemort.

Il remua à nouveau d'un petit coup sec la baguette de Malfoy et Charity se tut comme si on l'avait bâillonnée :

— Non contente de polluer et de corrompre l'esprit des jeunes sorciers, le professeur Burbage a publié la semaine dernière dans La Gazette du sorcier une défense passionnée des Sang-de-Bourbe.

Les sorciers, affirme-t-elle, doivent accepter ces voleurs de leur savoir et de leurs pouvoirs magiques. La diminution du nombre des Sang-Pur est une tendance qu'elle estime souhaitable… Elle voudrait nous marier tous à des Moldus… ou, sans doute, à des loups-garous.

Cette fois, personne ne rit : il n'y avait aucune équivoque dans la colère et le mépris qu'exprimait la voix de Voldemort. Pour la troisième fois, Charity Burbage pivota vers Snape et Mio. Des larmes ruisselaient de ses yeux et coulaient dans ses cheveux. Snape l'observa, imperturbable, tandis qu'elle continuait de tourner sur elle-même. Il jeta ensuite un regard à la jeune Mio Weasley. Elle n'aurait pu être plus pâle. Son regard semblait figé sur Charity.

— Avada Kedavra !

L'éclair de lumière verte illumina les moindres recoins de la pièce. Dans un fracas retentissant, Charity s'effondra sur la table qui trembla et craqua sous le choc. Assis sur leurs chaises, plusieurs Mangemorts eurent un mouvement de recul. Draco glissa de la sienne et tomba par terre. Mio, elle n'avait pas bougé mais les efforts fournit étaient brisés : elle tremblait et une larme glissa sur sa joue.

— Le dîner est servi, Nagini, dit Voldemort d'une voix douce.

Le grand serpent se dressa alors en oscillant puis glissa des épaules de son maître vers la table de bois verni.


Voilà pour ce chapitre un peu plus long que d'habitude. N'hésitez pas à me dire si vous aimez ou non ce début de fanfiction. J'adorerais avoir vos avis !