Dorea s'est enfuie de la tour d'Astronomie avec Drago. Tous deux emmenés par Severus Rogue et Bellatrix Lestrange. Atterrissant au Manoir Malefoy, elle va devoir faire preuve de détermination à toute épreuve afin de convaincre le Seigneur des ténèbres de sa volonté d'intégrer son armée de Mangemort. Mais la raison de ce retournement est-il réellement dénué de tout intêret ? La soeur de Harry Potter a-t-elle réellement viré de bord pour la simple survie de Drago, le garçon dont elle éperduement éprise.
Venez découvrir la troisième partie de cette suite. Pour ceux qui découvrent tout juste cette histoire, cliquez sur mon profil pour lire la première et deuxième partie.
Salut à tous ! Et oui, comme promis, nous somme le 29 juillet, et je lance la publication de cette troisième partie.
Quelques chiffres pour vous rassurer :
- 37 chapitres d'écrits, le 38ème en cours d'écriture
- Sur cette partie il y aura plus de 40 chapitres (environ 43-45 si je fais bien mon job)
- Publications tous les mercredis et samedis
- Et une quatrième partie en cours de réfléxion
... Bon, après la quatrième partie, j'annonce que je prendrais une GRANDE GRANDE pause, et reviendrais l'été prochain avec une dramione (en cours de réflexion aussi). Mais d'ici là... on se concentre sur l'amour d'un frère ;)
Cette fanfiction est interdite aux moins de 18 ans. Je tiens à prévenir que le scénario se passe durant la deuxième guerre des sorciers et principalement au Manoir Malefoy : ce qui veut dire, si vous avez bien tout lu avant, que ce n'est pas les papillons voletants joyeusement dans les près. Ça peut paraître drôle dit comme ça, mais même si je suis ouverte à toutes remarques constructives, je ne veux surtout pas entendre que c'est trop dur à lire ou bien que j'y vais un peu fort avec mon personnage principal. Les warnings sont là pour ça. Donc même si je censure au maximum, âmes sensibles s'abstenir.
Enjoy à tous !
2 janvier 1997
Severus Rogue était paisiblement installé dans son salon, dans sa maison de Carbone-Les-Mines. Une modeste maison mitoyenne en brique rouge. Typique de ces petites villes minières de cette profonde Angleterre, reléguées systématiquement au second plan depuis le passage de cette Première Ministre conservatrice à Downing Street.
La rue, par-delà la fenêtre du salon, était recouverte d'une épaisse neige blanche et brillante à travers le soleil qui se cachait derrière les nuages gris de ce début d'après-midi. Pas même des traces de pas parsemaient la rue. Mais cela n'étonnait guère l'habitant de l'Impasse du Tisseur. La ville était aussi morte qu'Hiroshima au lendemain de la catastrophe. Mais là, c'était quotidien et habituel.
Severus Rogue inspira puis expira, la plénitude ambiante prenant le pas sur son esprit continuellement torturé depuis des mois maintenant. Plongeant son regard dans les flammes de la cheminée, il profita de ce calme et de ces rares absences de Pettigrow – qui avait élu domicile depuis le début de l'été dernier sous ordre du maître – pour enfin lâcher prise et réfléchir sans être dérangé.
Il saisit son verre de whisky pur feu sur la table d'appoint qui se trouvait à côté de son fauteuil, et but une gorgée. Mais avant qu'il ne repose le verre, quelques coups furent frappés contre la porte d'entrée.
Il ferma les yeux de dépit, se doutant de l'identité du visiteur : Narcissa Malefoy. Probablement avait-elle eu vent de sa dernière confrontation avec le jeune Malefoy…
D'un mouvement las, il reposa le verre en cristal sur la table et se leva, revêtant un visage tout à fait impassible et nonchalant, espérant que cette bourrique de Lestrange ne serait pas présente cette fois-ci.
Il sortit de la pièce, tournant sur sa droite et longea un exiguë couloir qui menait à une porte en bois sombre, seuls des petits carreaux floutés laissaient entrer la lumière du jour dans le corridor.
Puis saisissant la poignée qu'il tourna pour ouvrir la porte, qu'elle ne fut pas sa surprise, lorsque se tenait devant lui : Dorea Artwood.
Trop étonné, trop… stupéfait, il ouvrit la bouche d'étonnement. Un millier de questions se bouscula dans sa tête sans qu'il ne parvienne à déceler l'une d'elles. Tel un automate, il demanda :
- Miss Artwood ? Mais que faites-vous ici ?!
- Bonjour Professeur Rogue, salua poliment la jeune femme. Je dois vous parler de Drago Malefoy et… de sa mission.
Severus Rogue referma la bouche et leva le menton, détaillant son élève avec cette mésestime qui le caractérisait parfaitement. La première pensée fut de se demander par quel moyen avait-elle découvert cette mission ? Car si elle avait eu le « culot » de venir jusque chez lui, ce n'était pas de savoir quel était cette mission. Voyant qu'elle ne bougeait pas d'un iota, et même qu'elle l'observait avec une certaine dureté, affrontant son regard sans la moindre crainte qui pourtant caractérisait la plupart de ses élèves, il ne put s'empêcher de penser qu'elle était la digne fille de Lily Potter.
Réalisant, au vu de l'expression de la rousse, qu'elle souhaitait ardemment obtenir des réponses, il obtempéra enfin et se décala pour la faire entrer. La laisser dehors, lui ferait courir plus de risques qu'autre chose. Lorsqu'elle pénétra la maison, il jeta un coup d'œil aux alentours et espérant que personne ne soit présent pour l'avoir vu entrer, il referma la porte.
Il se retourna vers elle, alors qu'elle s'était avancée dans le couloir, près de l'entrée du salon. Il put alors, à travers même la pénombre du passage, qu'elle avait l'air épuisée, des cernes bleutés creusant son visage déjà bien mince.
- Que voulez-vous, Miss Artwood ? questionna-t-il sur la retenue.
C'est alors qu'elle sortit sa baguette et le mit brusquement en joue. Mais le professeur, guère étonné de ce retournement de situation, resta stoïque et surtout immobile.
- Êtes-vous véritablement un mangemort, ou bien un agent double comme le croit le professeur Dumbledore ? fit-elle calmement.
L'ancien maître des potions, ne put se retenir de ressentir une pointe d'admiration pour la jeune femme. Elle ne tremblait pas, elle ne paniquait pas, elle restait maître de ses émotions. Il prit alors une ample inspiration, jaugeant son élève, réfléchissant à ce qu'il devait faire. La neutraliser ? Ou bien tout simplement lui dire enfin la vérité ? Une vérité qui apparemment, elle était venue chercher.
Il détailla la jeune Lady et constata, une nouvelle fois, la ressemblance de plus en plus criante avec Lily. Et comme à chaque fois, il ne put résister au fait, que bien que cette jeune femme ne fût ni plus ni moins qu'une bonne à rien, autant que l'avait été son père ou même son frère, elle n'était autre que la fille de Lily. Cette femme, la femme dont il serait éternellement amoureux. Pour elle, il ferait tout son possible pour protéger ses enfants. Il se l'était promis. Et ce n'était pas maintenant qu'il ne ferait défaut à cette promesse.
- Tournez votre tête à gauche Miss Artwood, dit-il d'un ton mesuré.
D'abord, elle fronça les sourcils, méfiante et clairement sur la défensive, puis voyant le sérieux de son professeur, elle s'exécuta, ne lâchant pas pour autant sa baguette toujours pointée sur lui.
Elle entrouvrit la bouche d'étonnement.
Là, accroché sur le mur, un portrait de sa mère. Elle ne devait pas avoir plus de onze ou douze ans. Elle avait les cheveux longs, bien plus roux que Dorea, mais pour le reste, cette dernière se voyait dans un reflet. Elle reconnut le cloître entourant la cour de métamorphose à Poudlard. À ses côtés, un garçon du même âge, se tenait, l'expression morne, le teint livide et surtout les cheveux aussi sombres que l'adulte qui était face à elle. Lily, contrairement au Severus Rogue enfant, souriait et surtout, d'un geste aussi tendre que Dorea elle-même avait envers Théo ou même Blaise, elle posait sa tête sur son épaule.
La serpentard détourna son regard du cliché pour le reposer sur son directeur de maison.
- Vous étiez ami avec… avec ma mère ?
- En quelque sorte.
- En quelque sorte ?
Rogue se redressa, et croisa les mains devant lui, et contracta la mâchoire. C'est alors que Dorea comprit aussitôt ce que ce « en quelque sorte » signifiait. Connaissant son professeur, et ayant soudainement la crainte de ne pas obtenir plus de réponses que cela, elle eut conscience qu'elle n'avait à poser aucune autre question au risque de le braquer et de se faire jeter comme une malpropre. Sans compter la soudaine gêne qui s'installa entre eux.
- Que savez-vous sur la mission de Drago ? interrogea Rogue.
- Je ne vous dirai rien tant que je n'ai pas la certitude que vous êtes du bon côté.
La rousse fut étonnée de voir son professeur expirer une certaine émulation, et même lever les yeux au ciel. Elle aurait été moins surprise d'une remarque acerbe ou même qu'il la jette dehors tout en lui donnant une retenue pour le restant de sa scolarité. Mais elle fut encore plus déconcertée lorsqu'il sortit sa baguette. Se mettant de nouveau sur sa garde, qu'elle avait légèrement baissée, elle le vit lever sa propre baguette et tout en continuant à l'observer, il lança :
- Expecto Patronum !
Dorea se retourna subitement, une biche apparaissant au bout du couloir, tout juste devant l'escalier et éclairant la pièce d'une douce lueur bleutée. Elle eut l'étrange sensation d'avoir connu cette biche, comme si… elle faisait partie d'elle.
« Professeur, elle est là. Venez sur-le-champs ».
Puis la biche s'enroula en boule et la sphère de lumière fusa vers l'extérieur, dont elle traversa le mur.
- Vous… Vous venez d'appeler le professeur Dumbledore ? questionna-t-elle alors qu'elle baissait enfin sa baguette.
- Vous devriez vous installer dans le salon, nous avons à discuter.
Le professeur Rogue bougea enfin et s'avança vers elle avant de la contourner et de tourner sur sa gauche pour pénétrer une petite pièce aussi sombre que le couloir, avec seulement une fenêtre qui formait un puit de lumière et la cheminée qui éclairait les deux fauteuils Chesterfield vieillis, en cuir marron.
Dorea, d'un pas quelque peu hésitant, suivit le professeur, mais à peine fut-elle entrée dans la pièce, qu'elle s'arrêta à l'orée, n'osant aller plus loin.
Elle vit son professeur se servir un verre de whisky pur feu sur sa droite et lorsqu'il se tourna, il haussa un sourcil hautain.
- Vous avez eu l'audace de venir jusqu'ici, ne me faites pas croire que vous vous sentez soudainement gênée de vous trouver dans ce salon.
Puis d'un geste, il désigna l'un des deux fauteuils face à la cheminée où le feu crépitant produisait une douce chaleur dans la pièce. Dorea se débarrassa alors de son manteau et de son écharpe et alla s'installer dans le fauteuil à l'instar du professeur Rogue à ses côtés.
- Alors que savez-vous de cette mission ?
- À peu près tout ce qu'il faut savoir…
- Étonnant que Drago vous l'ait révélé, quand on sait que…
- Il ne m'a rien révélé du tout, interrompit Dorea en s'accoudant sur ses cuisses. J'ai deviné ce qu'il se tramait. J'étais dans les toilettes des Trois Balais, j'ai entendu Mrs Rosmerta qui était sous imperium, donner le collier d'opale à Katie Bell, puis il y a eu l'attaque. Harry avait déjà des soupçons concernant Drago. Ensuite, je l'ai un peu plus observé, mais… je ne pensais pas… je ne voulais pas croire que cela soit possible. Enfin, il y a eu cette conversation entre vous et lui, le soir de la fête de Slughorn…
- Vous nous avez suivies ?
- Harry vous a suivi. J'ai suivi Harry.
- Potter… Toujours à mettre son nez là où ça ne le regarde pas, marmonna Rogue.
Il prit une gorgée de whisky, plongeant son regard dans les flammes du feu de cheminée.
- Il avait déjà des doutes depuis cet été. Et en matière de discrétion, Drago n'est pas des plus compétent, rétorqua Dorea.
Un mi-sourire fleurit au coin de la bouche du professeur Rogue.
- Enfin, bref… Drago m'a confirmé tout ceci durant son séjour à Highclere. Néanmoins, je viens vous voir, parce que… j'ai confiance en vous.
Rogue tourna son regard vers Dorea, mais n'eut le temps de répondre que les flammes de la cheminée jaillirent et virèrent au vert émeraude. Lorsqu'elles s'abaissèrent, le professeur Dumbledore sortit la cheminée, s'époussetant la suie qui s'était apposé sur sa robe bleu pervenche.
- Dorea, tu es là ? dit-il de sa voix posée, mais rauque.
- Elle sait, annonça Rogue.
Le directeur de Poudlard tourna le regard vers le professeur, et tandis que ce dernier se relevait pour se diriger vers le meuble d'appoint où était posées de multiples bouteilles et de verres, Dumbledore reporta son attention sur Dorea, qui elle ne l'avait pas quitté des yeux.
- Que sais-tu exactement ?
- La mission de Drago, l'ensorcellement de Mrs Rosmerta, dit Rogue sans laisser la peine à la jeune femme de répondre elle-même. Bref, à peu près tout – il retourna vers eux, tendant un verre au professeur Dumbledore qui s'en saisit.
- Sauf, bien évidemment, la donnée principale, dit Dumbledore d'un ton léger à l'adresse de son collègue.
- La donnée principale ? répéta Dorea fronçant un peu plus les sourcils.
Les deux professeurs échangèrent à nouveau un coup d'oeil. Rogue se détourna d'eux, déambulant jusqu'à la fenêtre pour observer l'extérieur et Dumbledore prit place dans le fauteuil.
- Dorea, quels sont tes motivations pour que tu te retrouves ici, aujourd'hui ?
- Sauver Drago. Trouver une solution, répondit-elle aussitôt. Je savais que le professeur Rogue était au courant, et je doutais réellement qu'il ait pris le parti de Voldemort. Même si je craignais que ce soit le cas.
Dumbledore hocha la tête et Rogue lança un rapide coup d'œil vers eux. Dorea craignit sa réaction durant une fraction de seconde. Puis finalement, il retourna à sa contemplation et Dorea poursuivit :
- Alors j'ai voulu tenter le tout pour le tout. Mais… je ne savais pas que vous étiez au courant de…
- Que le jeune Malefoy cherche à me tuer ? acheva le mentor.
Dorea resta silencieuse.
- Severus m'en a fait état, aussitôt que Lord Voldemort a donné cette mission à Drago.
- Alors… qu'est-ce que l'on peut faire ? Le mettre en sécurité ? fit Dorea légèrement essoufflée.
L'espoir grandissait en elle. Mais l'expression de Dumbledore, ainsi que sa réponse fit fondre ce sentiment aussi vite qu'il était apparu. Un silence de plomb tomba alors dans la pièce.
- Il… il n'y a aucune solution, n'est-ce pas ? devina la jeune femme.
- Il y en a une, mais Severus ne peut se résoudre à le faire, répondit calmement Dumbledore.
Soudainement, le professeur Rogue posa abruptement son verre sur le rebord de la fenêtre ce qui fit presque sursauter Dorea. Il se retourna alors vers eux, le visage crispé tout comme la mâchoire.
- Ce que vous me demandez, Dumbledore, est tout bonnement impossible. Cela ne changera peut-être rien.
Dorea grigna le front, ne comprenant pas où les deux hommes souhaitaient en venir.
- Vous oubliez le serment inviolable, Severus, répondit Dumbledore.
- Le serment… Inviolable ? fit Dorea.
Les deux sorciers virèrent leur attention sur l'élève.
« Écoutez-moi bien, dit Rogue, J'ai juré à votre mère que je vous protégerais. J'ai fait le Serment Inviolable, Drago… »
Dorea leva les yeux, sortant de sa torpeur. Elle observa d'abord le professeur Dumbledore, puis le professeur Rogue, qui se tenait toujours devant la fenêtre. Et enfin elle comprit.
Elle cessa soudainement de respirer puis puis haleta sous le coup de l'affliction qu'elle éprouvait.
- Oh, mon Dieu, murmura-t-elle, se prenant la tête entre les mains, toujours accoudée sur ses cuisses.
- C'est vital pour gagner la confiance de Voldemort, dit Dumbledore posément.
- Mais enfin – elle se redressa si vivement – qui vous dit que ça marchera ? Si Drago échoue, que Rogue l'ait fait à sa place ou non, ne changera rien au fait qui payera durement son échec.
- Peut-être que oui, peut-être que non, répondit calmement Dumbledore.
- Vous êtes prêt à mourir pour un peut-être ? siffla Dorea, qui sentait la colère monter en elle.
Rogue, lui, se tourna à nouveau vers la fenêtre, ne souhaitant pas plus participer à la discussion que cela. Il l'avait tant ruminé ces dernières semaines, qu'il était las de devoir convaincre Dumbledore que c'était une mauvaise idée.
- À toi de me le dire, Dorea, enchaîna le directeur de Poudlard en haussant les épaules.
- On a besoin de vous, professeur ! Harry et moi, on a besoin de vous pour vaincre Voldemort ! s'exclama Dorea fortement.
- Et pourtant, vous allez devoir vous passer de mon aide.
- Non ! fit la rousse. Pas si vous mourrez inutilement ! Il y a une autre solution. C'est un plan à la con !
Dumbledore observa la jeune femme à travers ses lunettes en demi-lune, restant de marbre face à sa vulgarité soudaine. Rogue, lui, donnait l'impression qu'il n'avait même pas relevé.
- Navré professeur, mais vous ne pouvez pas demander une telle chose au professeur Rogue. C'est… Vous êtes encore en possession de toutes vos facultés professeur. On…
Dorea retint soudainement ses larmes. Elle se redressa, puis frotta nerveusement ses cuisses.
- J'ai besoin de vous. Sans vous, je ne saurais pas si je parviendrai à tenir, dit-elle d'un ton chevrotant.
La rousse entendit Rogue expirer.
- Je suis malade Dorea. Je n'ai plus que quelques mois à vivre, tout au plus un an, annonça Dumbledore.
La jeune Lady s'immobilisa alors et fixa intensément Dumbledore, espérant qu'elle avait mal entendu. Rogue pivota et hocha la tête, lui confirmant les dires du directeur. Ce dernier continua :
- Ma main gauche – il leva sa main noircie – a été ensorcelée par la bague de Gaunt. Un puissant maléfice qui se répand jusqu'à mon cœur. Aucun remède ne peut l'arrêter. Je suis condamné.
Dorea resta silencieuse. Elle détourna son regard vers la cheminée. Un instant se passa, sans qu'elle ne bouge, puis brusquement, elle se leva, contourna le fauteuil et s'avança vers la table d'appoint derrière elle. Elle saisit la bouteille de Whisky Pur Feu, ainsi qu'un verre. Levant simplement le pouce, le bouchon sauta et elle se servit jusqu'à ce que le verre soit à demi plein. Reposant la bouteille, elle porta le verre à sa bouche et lampa le liquide jusqu'à la dernière goutte.
Lorsqu'elle reposa le verre, claquant sèchement le cristal contre le rebord de la table, elle sentit Dumbledore se levait de son fauteuil et s'avancer vers elle. Seulement, il lui était inconcevable de croiser son regard bleu profond où chaque fois qu'elle y était confrontée, elle avait l'impression de passer sous rayon X.
Les mains aux longs doigts fins de son mentor, alors qu'il fut assez proche d'elle, saisirent ses épaules et elle n'eut d'autre choix que de redresser le chef pour lui faire enfin face.
- Dorea, tu es l'une des plus grandes sorcières de ta génération. Je sais, qu'avec ton frère, vous arriverez à vaincre Voldemort.
La jeune femme secoua légèrement la tête de droite à gauche, baissant les yeux vers ses chaussures.
- Je ne sais pas… Vous êtes le seul qui peut encore terrifier Lord Voldemort. Nous ne sommes que des enfants Harry et moi.
- Mais vous avez chacun un pouvoir que lui, n'a pas.
Dorea releva de nouveau la tête, jaugea Dumbledore et expira d'un soupir de lassitude tout en s'écartant de lui. Elle le contourna alors et s'avança jusqu'au milieu de la pièce, croisant les bras sur sa poitrine.
- L'amour ne résout pas tout.
- Parfois, mais l'amour apportera toujours des réponses à tes problèmes.
La serpentard échangea un regard avec le professeur Rogue, puis fit volte-face vers Dumbledore.
- Ça veut dire quoi, ça ?
- Je vais répondre à ta question par une autre, si tu veux bien, fit Dumbledore en s'approchant d'un pas vers elle. Jusqu'où es-tu prête à aller pour tes amis ?
- Mes amis ?
- Miss Greengrass, Messieurs Nott et Zabini…
Dorea nota, malgré elle, qu'il n'avait pas prononcé celui de Malefoy.
- Je ne sais pas. Je dirais que je ferais tout pour qu'ils soient protégés de cette guerre.
- Et ton frère ?
- Bien évidemment que je l'aiderai. Avec Ron et Hermione…
Elle laissa sa phrase en suspens et se mordit la lèvre, prenant conscience qu'eux trois formaient déjà une équipe.
La jeune Lady réalisa qu'Harry s'était auparavant extirpés de situation périlleuse avec la seule aide de ses amis. Une question, qui elle le savait, était encré profondément en elle, remonta à la surface : avait-il réellement besoin de son aide ?
Dumbledore y répondit comme s'il l'avait lu en elle dans un livre ouvert.
- Dorea, Harry aura sans cesse besoin de toi. Tu es sa sœur, sa famille, et sans toi, il ne parviendra sans doute jamais à vaincre Lord Voldemort. Tu dois demeurer présente à ses côtés.
- Oui, mais… c'est incompatible avec…
Elle avala sa salive avec une certaine difficulté, ne pouvant terminer, une fois de plus sa phrase.
- Avec tes sentiments pour Mr Malefoy ? acheva Dumbledore d'une voix douce.
Dorea se figea, observant le directeur avec une certaine appréhension. Allait-elle avoir droit à sermon sur le fait que cette relation, ces sentiments qu'elle entretenait pour le blond étaient anormaux ? Que ce n'était « pas bien » ?
- Quel plus beau cadeau de trouver, une fois dans sa vie, l'amour, le vrai, n'est-ce pas Dorea ?
La jeune femme resta silencieuse, attendant la suite.
- Je vais alors aller jusqu'au bout de ma réflexion Dorea et te poser cette ultime question. Et j'espère que tu répondras avec toute l'honnêteté qui te caractérise : jusqu'où es-tu prête à aller pour que Monsieur Malefoy survive à cette mission ?
La rousse demeura muette un instant, interdite face à cette interrogation qui jusque-là, elle ne s'était jamais posée. Et pourtant, la réponse faisait partie d'elle depuis déjà un bon moment. Elle l'aimait plus que tout, jusqu'au tréfonds de ses tripes. Elle était prête à tout pour lui jusqu'à mourir même. Ce qu'elle répondit au vieil homme.
- À tout, murmura-t-elle. S'il venait à mourir, je crois que… que je… que je n'arriverai pas à continuer.
Un sourire s'afficha sur les lèvres de Dumbledore. Il se redressa alors légèrement et dévia son regard derrière elle. Dorea se retourna et vit Rogue fixer le professeur Dumbledore, grignant le front, l'air… mécontent.
- Je ne vois pas en quoi ça nous avance, dit Dorea à l'adresse de Dumbledore. Je l'aime, il m'aime, et alors ? Ce n'est pas ça qui le sauvera s'il échoue cette mission.
- Pas si tu restes inerte, à contempler sa déchéance.
- Justement, je veux agir ! Mais comment ?
- Albus, vous n'y pensez pas, tout de même ?! intervint Rogue d'une voix forte.
- Je vous ai déjà dit, Severus, que cela pouvait être une possibilité.
- Justement, il les traquera jusqu'à ce qu'il les attrape. Ce ne sont que des gamins ! s'énerva l'ancien maître des potions.
- Vous croyez que nous devrions pendre la fuite ? Drago et moi ? fit Dorea en fronçant les sourcils.
- C'est une option parmi tant d'autres.
La jeune femme soupira une nouvelle fois, fatiguée de voir son mentor rétorquer avec des énigmes qu'elle devait déchiffrer. Ne pouvait-il pas être franc pour une fois et lui dire tout simplement à quel plan il pensait pour sortir Drago de cette mission suicide.
- C'est impossible, je ne prendrai pas la fuite avec Drago, Harry a besoin de moi.
- Bien, alors à quoi tu penses Dorea ? Quel est pour toi, la meilleure des façons d'extirper Drago de cette situation, tout en préservant Harry ainsi que la vie de Narcissa Malefoy ?
La jeune femme se dirigea vers le fauteuil où elle était assise et s'affala dedans, comme si tout le poids de monde la harassait.
Elle se mit à penser à la discussion qu'elle avait eue l'avant-veille avec le jeune homme, dans le bureau de feu son père à Highclere Castle, ainsi qu'à cette phrase qu'il avait sortie simplement pour faire de l'humour :
« À part te vendre au maître comme monnaie d'échange, je ne vois pas ce que l'on peut faire de plus ».
- Vous avez élevé ces enfants comme de la chair à canon, Dumbledore. Ni plus ni moins que des porcs d'élevage destinés à l'abattoir !
La jeune Artwood se rendit compte que la discussion avait été poursuivi jusque-là.
- Il la veut dans ses rangs, répondit Dumbledore. Vous aurez sa confiance. Elle la gagnera. Et vous pourrez, de l'intérieur, détruire Lord Voldemort, du moins aider Harry à le faire.
- Je serais sa monnaie d'échange, dit alors Dorea.
Les deux hommes s'interrompirent, tandis que le ton commençait à monter.
- Quoi ? souffla Rogue.
- Je serais la monnaie d'échange de Drago. Pour qu'il survive s'il échoue cette mission. En contrepartie, il m'emmènera auprès de Lord Voldemort. Il sera aussitôt relaxé, et pardonné. Et moi, je pourrai, à ce moment-là, tout faire pour aider Harry à détruire Voldemort. Comme ça, personne n'aura besoin de commettre un meurtre ou un geste aussi ignoble pour gagner sa confiance. Drago vivra, et vous aussi, professeur, fit-elle avec un regain d'espoir en se tournant vers Dumbledore.
Mais celui-ci resta de marbre.
- Non, Dorea, ceci est impossible, dit-il calmement. Je vais mourir, et pour gagner sa confiance, il est indispensable que Voldemort croie en son pouvoir absolu.
- Drago n'acceptera jamais de vous emmener auprès du maître, dit Rogue.
- Alors vous le ferez ! Ça change quoi ? Si vous m'emmenez auprès de Voldemort et que je prête allégeance…
- Vous vivez totalement dans un monde utopique Artwood. Malefoy n'acceptera pas de vous emmener, et moi non plus.
La réponse de Rogue était tel un couperet qui trancha l'air.
- Mais enfin ! s'énerva-t-elle. Il doit y avoir une solution, non ? Je n'ose pas croire que vous êtes prêt à laisser mourir le plus grand sorcier de notre temps et laisser, par la même occasion, un gamin courir à sa perte ! C'est impossible !
- J'ai fait le serment inviolable Artwood ! Croyez-vous que l'on m'ait réellement donné le choix ?
- C'est sûr, vous préféreriez rester terré ici, dans votre petite vie tranquille à observer votre filleul mourir de la plus ignoble des manières puisque vous n'en avez rien foutre de ce qu'il pourrait bien arriver à mon frère et moi, à cause d'une vieille rancune d'adolescents.
- Dorea, ça suffit !
C'était Dumbledore et la jeune femme sursauta par le ton ferme et sec qu'il avait exprimé. Elle réalisa alors qu'elle était allée trop loin. Elle ferma les yeux, sentant les larmes poindre de nouveau.
- Je… je suis désolé, professeur, dit-elle soudainement tremblante. Je ne le pensais pas. Je… je n'avais pas le droit.
Des larmes commencèrent à couler sur ses joues et elle les essuya prestement. Rogue, lui tourna le dos, retournant vers la fenêtre.
- Je sais que vous ne le pensiez pas, murmura-t-il.
La rousse n'eut le temps d'être surprise par la réaction de son professeur que Dumbledore reprit :
- Écoute Dorea, je préfère mourir de la main d'un ami ou bien d'une personne de mon entourage, plutôt que de celle de Voldemort, ou du moins d'un de ses sbires. Je n'ai pas envie de lui donner cette satisfaction.
La sepentard ouvrit la bouche, mais il l'interrompit.
- Néanmoins, quitte à mourir pour une chose, je préfère que cette mort serve nos intérêts, au lieu d'être tout simplement inutile. C'est pour cela que j'ai demandé à mon collègue et ami, de mettre fin à mes souffrances quand le moment sera venu. Seulement, à présent que tu sais tout ce qu'i savoir, peut-être qu'une autre solution se présente à nous. Une solution qui mettrait fin à tous nos problèmes.
Soudainement, Rogue se retourna, les yeux écarquillés d'horreur.
- Vous n'y pensez pas Albus, murmura Rogue.
- Quoi ? Je… je ne comprends pas ce que pourrait être cette solution…
- Dorea a déjà commis un meurtre, son âme sera abîmée à tout jamais. Contrairement à celle de Monsieur Malefoy. Néanmoins, elle est entourée d'assez d'amour pour pallier ce manque terrible d'humanité. Drago restera à ses côtés à tout instant. Je n'en doute pas un seul instant de sa loyauté envers elle. Ce sera primordial pour qu'elle ne sombre pas dans les ténèbres. Voldemort croira que ce mythe qu'est le phénix noir, se réalisera. Il voudra alors l'utiliser comme une arme et en particulier pour détruire Harry et gagner cette guerre. Ce qu'elle donnera l'impression de faire. Si tu le fais, Dorea, dit Dumbledore en se tournant vers elle, alors nous remporterons la guerre. Cette victoire dépend avant tout du choix que tu feras au moment le plus propice pour le faire.
Comprenant aussitôt où Dumbledore souhaitait en venir, la bile monta en elle. Dorea courut alors aussi vite qu'elle le put vers le couloir et la porte d'entrée, qu'elle ouvrit à la volée. Elle eut à peine le temps de se baisser qu'elle vomit l'entièreté de son déjeuner. Et tandis qu'elle dégobillait l'entièreté de son estomac, elle entendait les hurlements d'un Rogue fou de rage, à la limite de l'insulte à l'encontre du directeur de Poudlard.
