Bonjour !
On se retrouve aujourd'hui pour un nouveau chapitre de la série. On va aussi apprendre des trucs assez intéressant. Sur Thatch notamment qui seront important pour le tome suivant de l'histoire.
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Être un vampire avait ses avantages.
Et la cellule lui laissait une sale impression à l'esprit qui s'intensifiait chaque instant passer derrière ces barreaux. Quelque chose qui lui disait qu'il devait sortir, qu'il ne devait laisser personne lui remettre des chaînes. C'est pour ça qu'il avait hypnotisé le garde pour qu'il le laisse voir Lugos immédiatement.
C'est donc comme cela qu'il fut mené devant le jarl qui écoutait ce Leif rugir comme quoi sa longue et grande lignée était morte et que pour ce crime d'y avoir mit fin, Thatch devait mourir. Qu'en tant que vagabond et étranger, il ne méritait pas de jugement. Il fallait croire que ce gars était parmi la vaste majorité à ne pas savoir qu'il était un vampire. Pas grave.
Cependant, il s'interrompit quand le pirate monta à son niveau.
- Je t'en prie, je suis un étranger, un vagabond, fais comme si j'étais pas là, lui dit plaisamment le vampire.
- Bah tiens, Thatch, je m'attendais pas à te revoir si vite, nota Lugos.
- J'me faisais chier derrière les barreaux et on a besoin de moi dehors, alors, je me suis dit que j'allais être poli, te demander ce que tu me voulais, avant de me casser, dit le vampire avec un ton froid et sérieux qui n'était certainement pas coutumier avec lui.
- Puisque tu es là, autant en finir avec cette affaire, annonça le jarl. Leif dit que tu as tué ses deux fils, Kori et Kraki. Qu'as-tu à répondre à ça ?
Donc, il voulait vraiment maintenir les apparences au lieu d'avouer qu'il le faisait poiroter pour que dalle ?
- Que j'en avais rien à foutre de ses mioches. Ils m'ont cherché, ils m'ont trouvé, répondit le vampire. J'avais rencontré un type sympa qui venait de me verser une prime pour le problème du phare. Il m'avait offert un verre et j'étais sur le départ. Là, ces deux cons décident de m'agresser. Ce brave Jorund, paix à son âme, a voulu leur donner une leçon avec ses poings… et ils ont tiré leur lame.
- Personne ne s'est avancé pour soutenir vos mots ! accusa Leif.
- Parce qu'ils ont la trouille ou aucune envie de mettre en tort l'un des leurs quand en face, c'est un gars qui n'est pas natif des îles et encore moins du clan.
- On dit que c'est ton frère qui a la pire langue du lot, mais la tienne est pas mauvaise ! Tout autant que ta lame ! nota le jarl.
- Mais il m'a insulté, mon jarl ! Il a insulté tout notre clan ! Le codex des anciens dit…
- Les écrits sacrés de Freya demande d'offrir à l'hospitalité à toute personne de passage qui respecte ses coutumes et sa religion. J'ai suffisamment navigué sur vos drakkars pour prétendre connaître assez de Skellige afin d'entrer dans ceux à qui l'hospitalité de Freya est due, rétorqua le Shirohige. Chose que tes mioches m'ont refusé !
- Assez ! J'ai pris ma décision ! Thatch, mercenaire et pirate, je te juge coupable de deux meurtres. La punition sera la mort par suffocation ! annonça Lugos en se levant.
Leif eut un sourire satisfait à cette annonce.
- Suffocation ? Sérieusement ? C'est long et chiant… gémit le vampire. T'as pas plus rapide ? Décapitation ?
- Tu peux aussi acheter ta liberté en payant le poids de ces hommes en argent.
- Si tu me laisses payer en plusieurs fois, il me faudra quoi… deux mois pour en venir à bout. T'imagine même pas le pognon que je me fais avec les paris sur le dos de Yn Toredig ou du Chat Noir. Une vraie fortune, tu n'en croirais pas tes yeux.
- J'ai une meilleure idée. Je vais payer pour toi le prix du sang.
Le pirate fronça les sourcils.
- Quoi ?! Mais c'est contre toute les lois ! rugit Leif.
- Je fais les lois, ici ! Maintenant rentre chez toi, parce que si tu m'énerves, je vais l'attacher autour de ton cou ce sac d'argent et te jeter avec à la mer !
Alors, avec un regard noir pour le pirate, le vieil homme s'en alla, laissant Lugos face à face avec Thatch.
- Je comprends pas la démarche. Si tu voulais juste un mercenaire, fallait le dire et on aurait pu se mettre d'accord sur un prix, ce qui aurait fait une économie de temps et d'argent, finit par dire le vampire. Tu cherches quoi à la fin ?
- Dis-moi, la bête, as-tu de l'honneur ?
- Plus que toi. Je veux l'histoire derrière la cicatrice sur ta joue ?
Le sujet fut évité.
- Alors voici ce que tu vas faire : j'ai payé Leif pour toi, ce qui fait que tu m'es redevable et que ton honneur en dépend. Je te recommande donc de faire ce que je dis si tu ne veux pas que ton vilain secret se répande un peu plus et que tu perdes toute la réputation que tu as gagné auprès des autres clans.
- Vas-y… qu'est-ce que tu veux ? soupira le roux.
Lugos se rassit et se pencha vers l'avant.
- Tu connais mon rejeton, pas vrai ? Eh bien il est parti à l'aventure !
Le cuistot fut tenté de faire un commentaire mais s'abstint.
- Mais il est pas parti se battre contre les Escadrons Noir, ni même piller un couvent ! Il s'est mis en tête d'explorer la Caverne des Rêves, au sud de l'île et personne n'en est jamais revenu ! T'as deux sous de jugeote et tu sais te battre, et ce sont des qualités qu'on trouve rarement ensemble. Moi, j'ai besoin d'un héritier, peu importe qu'il soit con ou suicidaire. Donc, tu vas l'aider. Tu vas ramasser ton fatras et aller le rejoindre. Ou perd ton honneur, ta dignité et ta réputation au travers les îles à jamais.
- T'aurais pu demander ça autrement, tu sais. De façon moins prise de tête. J'y vais.
Et il tourna les talons.
- Ah et sache que si tu fais le moindre pas de travers, une prime attendra le sorceleur qui reviendra avec ta tête. Geralt de Riv et Portgas D. Anabela ne sont pas les seuls vagabonds sur ces îles.
Ah bon ? Un troisième sorceleur sur l'archipel ?
- Et je doute que ce Kiyan soit un de tes amis…
Kiyan ?
Ok, il allait se dépêcher de se barrer avant de s'étouffer de rire. Bordel ! Lugos le menaçait avec un sorceleur fantôme qui avait peur de sa propre ombre ! Comment est-ce qu'il avait eu vent de ce nom ?
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- TU T'ES MARIÉ !
- Baisse d'un ton, Luffy, on a pas besoin de savoir ce genre de détail en Zerrikania, soupira Ace.
Ils arpentaient d'un bon pas le chemin forestier au travers Ard Skellig. Ils ralliaient actuellement l'est et l'ouest de l'île, parce que c'était plus court de rejoindre Undvik en coupant par la terre. Les deux D. avaient jeté l'ancre à Redgill, un village désormais désert à cause du cataclysme qui avait frappé la forêt de l'île d'à côté. Leur destination, c'était Arinbjorn, le port du clan Drummond à l'autre bout de l'île.
L'avantage avec Luffy, c'est qu'au moins, il le faisait pas chier sur sa santé. Si Ace avait envie de marcher sans dormir, son frère pouvait aisément suivre le rythme sans battre des paupières. Pour le coup, c'étaient King et Iro qui avaient du mal à suivre.
Dans un sens, ça les arrangeait, parce qu'ils avaient des choses à se dire et leurs retrouvailles à Alabasta avaient été bien trop courtes pour ça.
Ce n'avait pas été le bon moment, non plus, pour dire à son jeune frère qu'il avait pris une flèche dans le genou, comme disait les locaux.
Pour le coup, Luffy était à la fois choqué, outré et heureux de la nouvelle.
- C'est pas toi qui disait que tu ne te marierais jamais ?
- Ta gueule, Luffy.
- Pourquoi tu m'as rien dit avant ?! Et surtout, pourquoi tu m'as pas invité !
- Parce que ça s'est fait à l'arrache ! On était en pleine escarmouche contre Kaidou, on était en difficulté, et là, monsieur m'embarque par le poignet pour aller voir le paternel, soi-disant qu'il ne voulait pas qu'on crève sans avoir échangé les alliances !
De toutes les cérémonies qu'il avait osé imaginer en secret (parce qu'il était trop fier pour l'avouer), échanger leurs vœux pendant un combat en pleine mer, cela ne lui avait même pas traversé l'esprit comme pouvant arriver. Et pourtant… c'était ce qui leur correspondait le plus au final. Leur vie était ainsi. Leur relation, tout autant. Brute, sans fioriture, sans préparation, sans projet. Au jour le jour.
- Tu regrettes ? se renseigna Luffy en penchant la tête sur le côté.
Il balaya d'un vague geste de la main un nekker qui se jetait sur lui, l'envoyant voler plus loin.
- Mon seul regret, c'est d'avoir passé si peu de temps avec lui, à cause de tout ça…
- Ace ?
- Hmm ?
- Ça ne rattrapera pas le temps perdu, mais dis-toi qu'au moins, t'es vivant, il est vivant, donc, vous pouvez continuer à avancer. C'est déjà très bien.
L'aîné s'arrêta, ignorant royalement le nekker qui se jeta sur son dos et essaya de lui mâchouiller le crâne. Iro eu un regard blasé alors que King baillait aux corneilles.
- Depuis quand t'es aussi sage ? demanda le Chat Noir.
- C'est Jimbe qui m'a permis de réaliser ça. J'avais perdu mon équipage à Shabaody, et toi, tu venais de disparaître. On te disait mort, alors, autant dire que j'étais pas beau à voir. Alors, Jimbe m'a simplement demandé ce qu'il me restait et j'ai réalisé que malgré tout, mes nakamas et moi, nous étions en vie. Qu'on pouvait toujours avancer.
Ace planta une dague en argent dans la nuque de son assaillant, le tuant sur le coup, avant de reprendre la route.
- Béni soit Jimbe. Sinon, c'est quoi cette histoire de bottage de cul de Tenryuubito sans moi pour le pop-corn ?
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Thatch marchait à pas rapide sur le sable en direction d'un trio de jeunes hommes du clan Drummond. Son objectif : Lugos la Beigne. L'un des gars voulut lui couper la route, mais le pirate le poussa aisément hors de son passage. Il se hissa à bord et se planta devant le fils du jarl.
- Je pourrais être partout ailleurs, mais ton daron m'a cassé les couilles pour que je vienne te filer un coup de main.
Le jeune cligna des yeux mais ne dit rien.
- Tu pourras effacer mon nom de toute découverte et autre exploit, j'en ai rien à foutre de la gloire. Je suis ici pour te garder en vie, rien de plus, rien de moins. On y va quand tu veux.
- Jorulf ! Uve ! On y va ! appela Lugos en dépassant le vampire pour quitter son navire.
Les deux hommes en question se levèrent et emboitèrent le pas de leur chef d'expédition.
- Ce sont mes meilleurs hommes, se contenta de dire la Beigne au vampire.
Thatch avait entendu parler de Uve. L'homme avait insulté le défunt roi Bran alors qu'il était rond comme une queue de pelle. Par contre, il ne savait plus si c'était le roi qui lui avait fait arracher la langue ou si l'offenseur l'avait fait de lui-même.
Le petit groupe marcha sur la berge un instant, avant de s'arrêter à l'entrée d'une grotte.
- Les Anciens disent que la Caverne des Rêves met face aux hommes leur plus grande peur. Ce qui te réveille la nuit en hurlant. Quelque chose qui a déjà eu lieu, qui sera ou… qui est déjà, expliqua Jorulf qui était clairement le plus vieux du groupe de Skelligien.
- Je me demande bien ce qu'un gars comme toi peut bien craindre… mais assez parler, les gars, grommela Lugos. Gardez vos armes en main.
Ils s'enfoncèrent dans la caverne dont les murs étaient parcourus de dessins à la peinture blanche dans le style purement local. Certainement des trucs sacrés giga important. Il demanderait à Mandos ou Kali leur avis.
Ou peut-être pas.
Ils s'arrêtèrent devant un totem dans un os de baleine, profondément ancré dans le sol. Un squelette y était adossé. Mais derrière le totem, il n'y avait que quelques pas avant de finir dans un mur.
- Maintenant, on doit prendre les herbes pour aller jusqu'aux cauchemars, comme le dit la légende, annonça Lugos.
- Quelles herbes ? demanda le vampire.
- De la cigüe tacheté, du pavot, de la belladone… et… c'est quoi la dernière ?
- Jusquiame noire, répondit Jorulf.
- Vous êtes certains que ceux qui ne sont jamais revenus ne sont pas morts d'empoisonnement ? J'y connais pas grand chose en plante en dehors des légumes, fruits, herbes aromatiques et autres utilisés en cuisine, mais votre cocktail me fait dire qu'il y a moyen d'être défoncé… à mort, commenta le pirate. M'enfin.
C'est pas comme s'il pouvait mourir d'empoisonnement. Et aucune de ces plantes n'entraient dans la composition du Sang Noir qu'il avait apprit par coeur pour ne pas s'empoisonner par accident. Lugos sortit une bourse de sa fourrure qui le gardait au chaud et distribua à chacun de morceaux de galettes faits avec les plantes nommées. Le vampire manqua de rendre la sienne tellement c'était écoeurant, mais il se força à l'avaler.
Maintenant, attendre l'effet.
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Ils avaient rapatrié leurs affaires sur Ard Skellig assez vite, grâce au don de Fumseck. Cette capacité de pouvoir se téléporter par embrasement aurait pu rendre jaloux Marco, mais ça l'aurait coupé du temps qu'il passait avec cet élément qui faisait partie intégrante de sa vie : la mer.
Assis sur son rocher, il continua sa lente et tranquille respiration, se laissant apaiser par le son des vagues.
Geralt avait ramené Cerys à Kaer Trolde. Marco ne voulait pas repenser à tout ça. Ca lui donnait envie de se pendre.
Les yeux fermés, il esquissa un bref sourire en sentant Anaïs arrangeait sa position méditative à côté de lui.
Kali étant parti voir les druides pour il ne savait trop quoi, il était responsable des demoiselles. Il avait cherché à refuser, mais le Loup Blanc avait insisté. Il ne savait pas trop si ça l'aiderait à se calmer, mais il avait moins peur de faire du mal à un enfant, à présent. Surtout avec Déa assise sur ses genoux qui était étrangement calme.
- Il faut rester concentrer sur sa respiration et rien d'autre, dit la douce voix d'Anaïs.
- Merci pour le rappel à l'ordre.
Inspiration.
Expiration.
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Outre de la brume au sol, pour l'instant, le trip hallucinatoire, Thatch l'avait pas encore vue. Déception immense pour le vampire.
- Je sens pas de différence, commenta Jorulf. Et toi, Uve ?
Le vieux se tourna vers le muet du groupe qui mima l'action de jouer du luth.
- Ah ! Tu demandes à un muet son avis ! C'est bon, t'es dans le délire ! commenta Lugos.
- La brume se lève, nota Thatch. Du moins, si vous aussi, vous la voyez.
Ils n'étaient plus dans une petite caverne. Le passage qu'ils avaient pris en venant n'était plus là. C'était tout un monde de pénombre qui se dévoilait à eux sous un éclairage éthéré sans source distincte. Eux, ils étaient sur un petit îlot en pierre, mais autour, c'était de l'eau.
- C'est parti ! Allons affronter nos peurs ! lança le fils du jarl.
Et ils se mirent en marche, pataugeant dans l'eau froide et laiteuse qu'il leur arrivait aux chevilles.
Finalement, oui, il marchait plutôt bien le mélange. Parce qu'il y avait une putain de baleine qui volait plus loin comme si c'était tout à fait normal. Bon, une baleine fantomatique, certes, mais une baleine quand même. Sans trop savoir où aller, ils la suivirent. Derrière, Jorulf et Lugos débattaient sur le type de baleine que c'était. Thatch roula des yeux. Y'avait un meilleur moment pour ça.
Surtout quand ils commencèrent à découvrir les cauchemars.
D'abord Uve. Innocent au premier abord, la caverne leur avait montré deux tables de festins et le défunt roi sur son trône, telle qu'il l'avait été de son vivant. Mais tout avait basculé quand la magie des lieux avait forcé le muet à parler et insulter le roi.
Ensuite, après avoir marché parmi des poissons qui pensaient que nager dans les airs, c'était cool, ils avaient trouvé une épave d'un long voilier, avec des sirènes nichant dessus. Des sirènes volantes, rien à voir avec la description que lui avait faite Marco de celles sous leur protection sur l'île Gyojin. Si on en croyait les apparitions, Jorulf s'était laissé hypnotiser par le chant des sirènes et avait foncé avec le voilier de son père sur des rochers en pleine mer. Si lui avait survécu, on ne pouvait pas en dire autant du père. Un accident qui resta gravé dans la mémoire du skelligien.
Ensuite, ils s'approchèrent du cauchemar du jeune Lugos. De loin, ils ne voyaient qu'un grand arbre sous une lueur rouge pâle. C'était silencieux et calme. Trop immobile.
- Ce doit être mon tour mais j'ai peur de rien ! dit bravement le chef d'expédition.
Il avait parlé trop vite, parce qu'à peine furent-ils en vue des racines de l'arbre, un trait de foudre tomba sur le tronc, l'enflammant comme du bois sec.
La voix de Lugos le Dingue les interpela et l'homme jaillit de nulle part, racontant que son fils était une honte et un couard car il s'était pissé dessus quand il était gosse, un jour où la foudre avait frappé l'arbre à côté de leur maison. Chose normal pour un gamin de trois ans, mais en tout cas, le patriarche ne l'entendait pas de cette oreille, si on en croyait la vision que le jeune avait de lui et qui était dévoilé par ce cauchemar. Lugos le Dingue n'était pas un bon nom pour le jarl. Lugos le Démon lui allait mieux dans le cas présent. Et pour s'en être pris à son propre fils, Thatch se jurait qu'il tuerait cet homme, quitte à se mettre tout Skellige à dos. En attendant, défaire le spectre avait des vertus cathartiques. Cela permettait d'avoir assez de patience pour avoir l'opportunité de tuer le vrai.
S'il avait su comment faire demi-tour, Thatch aurait bien voulu. Parce qu'à présent, c'était son tour. Et même s'il avait assez de pièces pour se comporter comme si de rien n'était avec tout le monde… il restait un souci majeur : il n'avait aucune putain d'idée de qui il était. On avait beau lui parler de ce qu'il avait fait, de ses conneries et de ses actes, mais il ne savait pas le pourquoi du comment et certains de ses propres gestes avaient l'air d'avoir été accomplis par un étranger. Il ne savait pas ce qu'était son pire cauchemar. Mais en posant le pied dans une rue d'un village assez banal, si ce n'est plutôt moderne s'il en jugeait les trucs de métal munis d'ampoule au-dessus (note à soi-même, demander à Marco ce que c'était, dans l'espoir qu'il ne se moque pas de lui) ou la façon de s'habiller des habitants à genoux, il avait un sentiment de familiarité.
- Attendez… pourquoi ils sont à genoux ? demanda Jorulf.
- J'crois que c'est pour lui, devina Lugos en montrant un homme bedonnant avec une tête déformais, vêtu de blanc et dont le crâne était enveloppé dans une bulle de savon géante.
L'homme était en effet en train de marcher dans leur direction, assis sur le dos d'un homme massif avec un collier d'esclave. Un homme, dans ce que Thatch se rappelait être un costard cravate, portait avec précaution une longue mallette en cuir qui devait être vachement chaude pour qu'il doive la tenir avec des gants épais.
Ce simple individu, qui ne semblait pourtant pas capable de se battre, donnait des envies de meurtre et de rage au vampire. Mais il lui faisait peur. Peur au point de vouloir se cacher dans un coin. Mais la curiosité était plus forte. Un pas après l'autre, il s'avança, laissant les trois autres perplexes derrière lui. Le vampire trouva un bon point de vue derrière un couple à genoux… couple devant lequel l'étrange individu s'arrêta.
- /Toi. Debout./ ordonna-t-il en pointant du doigt la femme.
Avec peur, hésitation et inquiétude, la femme se releva, gardant la tête basse. Plutôt grande et Thatch aurait juré qu'elle avait des cheveux roux.
- /Mmmh… oui, tu feras l'affaire. Je te prends comme ma vingt-huitième épouse./
- /Eh ? Mais… mais… /bégaya la femme en relevant le nez, dévoilant des yeux ambrés que le pirate voyait tout les jours dans le miroir.
L'homme à côté d'elle, un très grand individu aux cheveux noirs et aux yeux clairs avec de bonnes épaules et à la peau plutôt pâle, se releva d'un bond et se mit devant la femme.
- /C'est ma femme ! Je ne vous laisserais pas lui faire du mal !/
- /Tu m'ennuies,/ répondit l'homme en blanc avec une voix pompeuse.
Il brandit une arme en or que Thatch se rappelait être un pistolet.
-/THATCH…!/
Avant que le pirate ne sache ce que cet homme voulait lui dire, l'individu en blanc tira. Le sang du brun éclaboussa le visage du vampire quand la balle perça la tête de sa victime. La femme hurla de désespoir en se jetant sur son époux mort, avant de lancer un regard au monstre qui avait tué l'homme qu'elle aimait.
- /Thatch.../ dit-elle en levant une main dans un geste qui mettait les ongles en ligne direct avec l'assassin de son époux.
Une balle eut raison d'elle avant qu'elle ne puisse agir et les yeux de l'homme en blanc se portèrent sur le vampire catatonique. Il fit signe à l'homme à la mallette d'approcher et celui-ci ouvrit son fardeau, dévoilant un long fer flamboyant gardé à la parfaite température pour marquer du bétail. Ou un esclave. A la vue de l'objet, Thatch sentit son dos se mettre à brûler.
- /Attraper-le, il compensera pour l'insolence de ses parents./
Et l'homme le pointa du doigt.
Qu'il perdit.
Shlack.
Le sabre du vampire revint à son fourreau. Immédiatement, le sang jaillit de partout alors que le spectre du cauchemar mourrait. La scène disparut.
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- Debout mon gars !
Thatch se réveilla en sursaut et se redressa, un mal de crâne faramineux lui labourant les tempes.
Ils étaient de retour dans la vraie caverne, dans la réalité.
- J'ai été inconscient longtemps ?
- Assez oui. J'ai déjà envoyé un message à mon père pour lui dire que tu as accompli sa demande. Tu es libre de partir.
- Ouais, hourra.
- Si ça te dérange tant que ça, on peut te ramener avec nous pour te remettre en prison.
- Nan c'est bon. Je passe mon tour.
Le pirate se releva et s'épousseta.
- J'ai passé assez de temps dans une cage pour ne pas avoir envie de revoir les geôles de ton vieux.
Il marcha hors de la caverne, s'arrêtant sur le seuil pour adresser un dernier mot à Lugos :
- Et petit conseil, si tu ne veux pas trouver une mort atroce, je te recommande d'arrêter de faire du trafic d'esclaves.
- Ah ! C'est une menace ?!
- Exactement. Je peux t'assurer qu'un ancien esclave est une bête bien plus terrifiante que tout ce que ton père peut pondre.
Et pour appuyer sa menace, il se retourna partiellement avec les traits déformés et les crocs sortis, avant de reprendre sa route. Il tira la Vivre Card de Marco de sa ceinture et se mit à marcher en la suivant, priant pour qu'il soit revenu sur Ard Skellig.
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Luffy regarda le corps de la créature qui s'était écrasé dans leur barque après un carreau dans la tête de la part d'Ace. Sans s'occuper qu'ils soient au milieu de leur traversée pour rejoindre les terres d'Undvik, l'aîné des deux avait décidé de faire sa collecte d'ingrédients.
- Tout le monde les appelle sirènes, mais ce sont des nixas. C'est de la même famille mais comme tu peux le voir…
Le sorceleur souleva l'une des deux immenses membranes rattachées au bassin de la créature morte.
- Contrairement aux sirènes classiques que tu connais, celles-ci ont des ailes membraneuses. Ce qui fait qu'elles sont plus rapides sous l'eau et capable de voler. On en a dans les profondeurs au niveau de l'île Gyojin, mais le cannibalisme les met en paria.
- Ooooh…
- Dans un sens, on a eu de la chance, elles sont toujours en groupe, surtout pour chasser et attaquer. Et c'est pas sur une barque avec toi qui ne peut pas nager que j'ai envie de tomber sur un troupeau de poiscailles volantes de merde.
- Je peux me défendre !
- Je ne dis pas le contraire, je dis juste qu'elles aiment attirer leurs proies sous l'eau.
- So ka.
Ace boucha le dernier bocal d'ingrédients et le rangea dans son sac, avant de passer par-dessus bord le corps. Luffy reprit les rames et se remit en route, avançant vite vers leur destination.
- Dis, Ace… tu vas revenir ? Dans notre monde, je parle.
- Oui. Mais définitivement, je sais pas.
- Comment ça ?
Le plus vieux soupira et resserra sa prise sur le gouvernail, conservant un œil sur les massifs lointains d'Undvik pour ne pas avoir à regarder son petit-frère.
- Si ma carrière dans la piraterie est morte, alors, je reviendrai ici.
- Pourquoi elle serait morte ?
- Je suis un commandant et pourtant, alors que je devrais être le premier à faire preuve d'obéissance à mon capitaine, je lui ai désobéi. J'ai refusé de me soumettre à un ordre direct qui avait été donné pour mon bien, pour me protéger. Il pourrait juger que je n'ai plus rien à faire dans l'équipage. Ensuite, il doit aussi se plier à l'opinion de l'équipage. Si les autres ne veulent pas que je revienne, alors, il doit s'aligner sur leur choix. Squardo est la preuve que beaucoup ne voient pas d'un bon œil que le fils de Roger soit toujours dans le coin. Qui voudrait prendre le risque ?
- Moi.
Ace jeta un regard dubitatif à son jeune frère.
- Mes hommes en auront rien à faire si tu te joins à nous.
- Je tenterais d'usurper ton autorité, Lu', je me connais trop pour savoir que je suis tout bonnement incapable de t'accepter en tant que capitaine.
- Dommage, ça me fait une raison de moins pour te botter le cul !
- On verra ça à terre, ahou gomu !
Luffy tira la langue à son aîné qui le lui rendit.
Revoir son petit-frère était une bouffée d'oxygène.
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Marco ne réagit pas quand Thatch se laissa tomber à côté de lui lourdement. Cela faisait un long moment qu'il s'était plongé dans sa méditation, au point qu'il n'ait même pas remarqué que Kali était passée récupérer Anaïs et Déa.
Le vampire se laissa aller sur le sable, les jambes croisées, les bras sous la tête, fixant le grand large et le soleil qui se couchait sur une nouvelle journée dans ce monde. Il attendit que son aîné le remarque et se décide d'émerger. Si le Phénix était dans une intense séance de méditation (ce qui était probable si on prenait en compte qu'il y avait une coccinelle qui se baladait sur la tresse au sommet de son crâne) c'est qu'il en avait besoin.
- Où étais-tu ? demanda finalement Marco sans ouvrir les yeux.
- Lugos m'a fait un petit dans le dos.
- Ah.
- Et toi ? demanda le vampire sans ouvrir les yeux. Comment ça s'est passé avec Cerys ? Udalryk est vraiment l'élu des dieux ou il est bon pour un internement à St Lebioda ?
- Ni l'un ni l'autre, il avait besoin d'un sorceleur, yoi.
- Ah ?
Thatch ouvrit un œil quand son frère ne répondit pas à l'invitation claire de poursuivre. Le blond n'avait pas bougé ni ouvert les yeux. Le plus jeune décala sa tête pour mieux voir son aîné.
- Si je te propose de raconter, tu vas m'envoyer chier à quelle violence, sur une échelle de un à dix ?
- Vingt.
- Bien chef. Je me la boucle. Je veux juste savoir si tu me caches pas quelque chose qui mériterait que je t'engueule. Tu sais, comme la fois où tu as cru que, oui, on peut apprendre à voler en sautant d'un arbre de Shabaody. T'as passé combien de temps au sol, le temps que tu te régénères totalement, déjà ? Dix heures ?
- Six, n'exagère pas.
- Mais oui, c'est ça, me prend pas pour un idiot, j'étais là. Dix foutus heures, pour finir manchot et cul de jatte tellement je me rongeais les ongles. Allez, on rejoint les autres pour que tu m'empêches de raconter cette si sublime humiliation de ton enfance à notre adorable petit corbeau !
- Deux choses, Thatch. Qu'est-ce qu'y t'a déverrouillé ta mémoire ?
- Caverne des Rêves. Lugos le Dingue m'a forcé plus ou moins à surveiller son marmot qui explorait la Caverne des Rêves avec deux de ses gars. Je me suis permis de le mettre en garde sur son trafic d'esclaves, histoire de lui laisser une chance de se racheter. Mais à la moindre occasion, je le descends…
- Hmhm. Et la caverne t'a montré quelque chose d'intéressant, yoi ? Outre qu'on devrait songer à mettre un terme à une autre vie de trafiquant sur Skellige ?
- Le jour où je suis devenu un esclave. Sinon, c'est quoi ton second point ?
- Je te laisse de l'avance de dix secondes. Après, je te botte le cul. Un…
Thatch était déjà debout et battait les records de vitesses de plusieurs mondes différents en fuyant en riant pendant que Marco faisait le décompte, avant que bientôt, le Phénix ne soit à sa poursuite.
Geralt manqua de sortir un de ses glaives en réflexe quand le vampire débarqua comme un ouragan dans la tente de Mandos, fuyant un oiseau de feu fou de rage.
- Bon sang ! T'es un sorceleur ! Fais ton boulot !
Le mutant était tout sauf amusé alors qu'il se retrouvait à servir de bouclier entre les deux pirates.
- Geralt, livre-le, il l'a cherché, dit simplement Kali en tournant une page de son livre.
Elle le déplaça pour laisser Mandos déposer un curry sur la table. Et à en juger l'odeur, même si ce n'était pas parfait, il avait pas mal appris du cuisinier pirate. Geralt prit le conseil au pied de la lettre parce qu'il se saisit du pirate devant lui et le fit basculer au sol, dans son dos, juste sous le bec et les serres d'un zoan enragé qui se chargea de se venger.
- Finalement, la méthode pour m'enseigner le Haki d'Ace est plutôt efficace. Qu'est-ce qu'on mange, Mandos ?
Et il se joignit à la tablée avec Anaïs comme si tout était normal, même si la petite princesse avait l'air inquiète de la scène.
- Poêlé de légumes sautés, poulet au curry, et riz. Dessert, tarte à la mélasse et cake au chocolat, informa l'elfe.
- Il était une fois un Phénix…commença Thatch.
- /Ta gueule !/
- ...Qui aouch ! pensait que pour apprendre à voler non pas les yeux ! Pas le bec ! Putain salaud !
- /Tais-toi ou je t'arrache la langue !/
- … il pouvait se jeter d'un arbre haut de bien un kilomètre de haut !
Et saisissant la tête de son frère dans une de ses serres, Marco frappa plusieurs fois le crâne du roux sur le sol, avant de reprendre forme humaine, toujours avec les deux pieds sur la tête du pirate à terre.
- /Faux frère./
- /J't'aime aussi frangin ! Mais depuis le temps, tu le sais !/
- T'as une vieille brosse à dent qui traîne, Mandos, yoi ? demanda Marco en s'asseyant à table avec un calme très différent de son coup de sang précédent.
- Non. Patmol l'a rongé.
- Il reste des poils ou c'est peine perdu ? Merci pour l'assiette.
- Le manche a été mordu au trois-quart mais les poils sont encore attachés dessus.
- Salaud, bougonna le vampire en se relevant, le nez en sang.
- Tu vas salir la table, pointa Anaïs.
- Ouais, je vais me laver le visage.
Et il alla rejoindre la salle de bain.
- Il en fera bon usage, donc, sors-la après manger, yoi. Bon appétit à tous.
- Merci, je vais finir par rafler une somme colossale au commandant Izou, dit Kali. Donne-lui encore une dizaine de fois la punition de la brosse à dent, et je serais ta meilleure amie pour trois mois.
- J'ai plusieurs chaudrons à récurer au besoin. On ne peut pas les nettoyer par magie car sinon, la potion réagit, informa Mandos.
- LUI DONNE PAS PLUS D'IDÉE ! cria Thatch de la salle de bain.
Mauvais idée, Déa se mit immédiatement à pleurer depuis la chambre où elle se reposait.
- Il ne va pas se limiter à la pièce à vivre et aux chaudrons, yoi. Il va te faire toute la tente. Jusqu'à ce que ça brille… et il recommencera jusqu'à ce que ce soit totalement aseptisé, dit sombrement Marco en se levant de table pour aller voir la petite.
- Oups, j'ai fait du henné, j'ai laissé tomber une grosse tâche dans la salle de bain, dit l'elfe noir.
- Tu n'as pas de henné, nota Geralt.
- Pas encore.
Le sourire sombre de la brune voulait tout dire.
Marco revint avec Dea dans les bras, et il se rassit.
- Soit contente, Dea, au moins, tu auras quelqu'un pour t'apprendre à voler, contrairement à moi à l'époque, yoi. Pour ma défense, j'avais dix ans. Une histoire à raconter, Mandos, pour me rejoindre dans mon malheur ? Kali ne dira jamais rien, de toute façon.
L'avatar du Serpent à Plumes adressa un regard sombre au blond qui l'ignora.
- Alors… j'ai appris à voler, j'avais dix-huit ans, conta Mandos. J'avais réussi à me transformer en mon second animal. J'ai essayé de réfléchir comme un humain qui tente de voler. Et non comme un oiseau qui prend son premier envol… J'ai percuté un arbre qu'on appelle un Saule-Cogneur car Merlin, le maître qui m'a appris la transformation en mon second animagus, n'a pas trouvé mieux que de passer devant moi sous sa forme hiboux. J'ai fait, aller quoi, dix mètres pour mon premier vol pour finir dans un arbre qui décide que boxer, même les oiseaux, est une bonne idée.
La grimace au souvenir était compréhensible. Finalement, finir sa chute sur le sol de Shabaody, c'était pas si mal comme fin pour son premier vol, si on y réfléchissait bien.
- Je n'ai pu voler que bien après mon septième essai. J'avais toujours le souvenir ancré dans la tête de la branche qui m'a assommée.
- Compréhensible. Finalement j'ai eu de la chance, yoi. Au moins, le sol de la mangrove de Shabaody n'était pas une si mauvaise rencontre pour moi.
Thatch sortit de la salle de bain et adressa un regard boudeur à son aîné.
- Dix heures. J'avais huit ans. Dix heures immobiles à me faire du mouron à attendre que tu te soignes.
- J'ai déjà veillé pendant une journée Bussy quand il était malade, répliqua Anaïs. Alors, on ne râle plus, et on se comporte comme un adulte responsable !
- Dure de se dire que ce sont les plus jeunes les plus responsables, marmonna Geralt avec le nez dans son assiette.
- Ton âge, Gwynbleidd, déjà ? demanda tranquillement Kali.
Pas de réponse de l'intéressé qui préférait manger son repas chaud.
