8 Octobre : Fascination 3
Boya avait laissé QingMing partir sans chercher à le retenir. Son petit sourire amusé était chargé d'une sagesse absolument fascinante autant que d'une envie réelle de bousculer le jeune cultivateur.
L'esprit était dangereux, un rien sadique, naturellement cruel, fascinant, séduisant, puissant et physiquement très intelligent.
Rien que d'y penser, le nordiste avait très chaud.
Il était donc retourné au Yin Yang pour faire son rapport: Un esprit avien sans intérêt qui avait fuit de terreur dès qu'il l'avait vu, a peine assez fort pour soutenir sa propre existence pour quelques saisons avant de disparaitre de lui-même.
Ce genre d'incidents arrivait fréquemment. Ils ne valaient même pas le déplacement. Les anciens étaient dubitatif. De ce qu'ils savaient, l'esprit était fort !
Mais cette force n'avait été que l'explosion de sa naissance. Depuis, il n'avait pas réussit à s'ancrer et se mourrait gentiment. Il était déjà trop faible pour en faire quoi que ce soit.
Finalement, on accepta son rapport et on le renvoya a ses devoirs qui se résumaient principalement à se faire oublier et à n'embêter personne.
QingMing était honnêtement satisfait de la fin de sa mission. On avait accepté son mensonge, il ne s'était pas fait taper dessus et si son maitre avait eut l'air déçut de son échec, on ne pouvait pas lui reprocher la faiblesse d'un esprit n'est ce pas ?
Mais QingMing mourrait d'envie de retourner auprès de Boya, Sa force l'attirait comme une phalène à la flamme. Et encore, il ne parlait pas de ses yeux brulants, de ses ailes puissantes, de son sourire un peu moqueur et de sa dignité tranquille de prédateur. Boya était le plus fort, le savait, et n'en faisait pas étalage. Ca changeait agréablement pour le nordiste. Pour lui qui était habitué aux rodomontades permanentes mais sans réelle morsure derrière dès qu'il y avait un risque, il était attirant pour un renard de rencontrer enfin quelqu'un capable de le piquer au vif.
Pourtant, si le renard aurait adoré courir après le bel oiseau qui avait piqué son intérêt, QingMing était plus raisonnable que sa moitié vulpine. Il connaissait assez son temple pour savoir qu'ils allaient le surveiller. Même s'ils avaient acceptés sa version des faits, ils ne lui feraient jamais réellement confiance. Ils avaient trop peur qu'il gagne en force et devienne dangereux pour eux. C'était aussi pour ca qu'il courbait l'échine et se faisait passer pour plus faible – et plus stupide - qu'il ne l'était. C'était pour ca qu'il répétait à qui voulait bien l'entendre, son maître y comprit, qu'il ne maitrisait pas le bouclier. Si son portail était parfait (et bien plus utile), il utilisait son incompétence simulée pour ne pas devenir davantage une cible qu'il ne l'était déjà. Il n'y avait que ses shishen personnels à savoir la vérité.
Sa première mission après celle qui lui avait fait rencontrer Boya avait été aussi compliquée, épuisante et absolument exécrable qu'il l'anticipait. On se vengeait de lui avec toute la mesquinerie ordinaire de la secte.
QingMing n'en prit pas ombrage. Il avait l'habitude.
Surtout, il ne chercha pas à rejoindre Boya ni même à tenter d'aller voir ce qu'il devenait. Il remplit sa tache, rentra au temple, fit son rapport et se fit oublier une fois de plus.
Dans les mois suivant, le petit manège se répéta plusieurs fois sans que jamais sa routine ne changea.
Il y avait longtemps que QingMing avait comprit comment s'assurer qu'on le surveillait.
Après plusieurs missions, les shishen qui le suivaient disparurent. Après quelques autres encore, les talismans. Il attendit encore que l'un et l'autre fassent leur retour puis disparaissent une fois de plus.
Une poignée de missions de plus et il profitait d'une nouvelle mission pour partir vers l'ouest trouver un bordel et y passer la nuit à jouer au dès avec des gens pendant qu'il se rinçait la glotte avec les alcool locaux les plus agressif qu'il pouvait trouver.
Personne ne lui reprocha sa petite balade mais il ne retourna pas tout de suite auprès de Boya quand même.
Encore quelques missions, quelques incartades et dix huit mois c'étaient écoulés.
Après une dernière mission particulièrement longue, QingMing ouvrit enfin un portail pour la foret de Boya.
L'esprit l'y attendait, plusieurs cranes humains à ses pieds. Des gardes impériaux si les restes d'armures étaient un indice.
"- Je t'attendais."
QingMing s'inclina.
"- Vous m'en voyez ravi."
Il ne frémit même pas quand les grandes ailes brulantes se refermèrent autour de lui.
