Disclaimer: 27 chapitres plus tard, je ne suis pas plus JK Rowling que je ne l'étais au début. Donc je ne possède pas les droits d'Harry Potter.

fortinpatric: Merci à toi surtout !

Guest: (Je n'ai pas ton pseudo, désolé !) Merci beaucoup pour les encouragements. Ca me motive encore plus à continuer l'écriture. Je suis content que ça te plaise ! Prend soin de toi, et bonne lecture.


26/06/1995, 08H57, Londres, Angleterre:

Stupéfaite. Répugnée. Horrifiée. Tels étaient les seuls mots qu'Astoria Greengrass pouvait employer pour qualifier les actes abominables dont elle avait été forcée d'être spectatrice.

Pendant des mois, elle avait lutté en vain contre ce sommeil imposé. Telle une prisonnière scellée derrière des barreaux indestructibles, elle ne pouvait que contempler l'horreur du monde extérieur à travers les yeux de celui qui l'avait plongée dans cet état : Voldemort lui-même.

Elle ignorait la cause exacte de ce lien qui les unissait, et éprouvait des sentiments mitigés quant à son existence. D'un côté, l'idée de la possibilité de passer tant de temps sans rien voir, ni entendre, ni ressentir la menaçait de folie. De l'autre, elle avait été contrainte d'assister méticuleusement à chaque meurtre, chaque torture et chaque crime commis par le Seigneur des Ténèbres depuis son retour. Et pour une fille de treize ans, voire onze lorsqu'elle est tombée dans le coma, cela laisserait des traces.

Astoria avait été témoin de l'embuscade tendue à Hadrian, ainsi que de sa préparation minutieuse. Jamais elle n'avait autant désiré se réveiller que ce jour-là, alors qu'elle était forcée d'assister à la mort d'Hadrian Potter.

Après ce tragique événement, elle avait perdu tout espoir. Elle se persuada qu'elle ne se réveillerait jamais, et que ce lien maléfique perdurerait encore longtemps. Cependant, tout changea lors d'une seule soirée.

Alors qu'elle observait avec consternation Harry Potter affronter Voldemort, elle sentait son cœur se briser progressivement lorsqu'elle comprit que le Gryffondor ne faisait pas le poids.

Mais soudain, la situation prit un tournant inattendu. Une attaque extérieure contraignit Voldemort à quitter sa cible, permettant à Harry de s'échapper grâce à la Coupe.

C'est alors qu'elle vit une scène qu'elle pensait impossible. Un groupe de cinq personnes, mené par... Hadrian Potter en personne. L'homme n'avait même pas pris la peine de dissimuler son visage.

Vêtu d'un long manteau noir qui flottait au gré du vent, il tenait ses mains calmement plongées dans ses poches, fixant son adversaire avec un sourire confiant.

L'espace d'un instant, elle crut rêver. Puis, elle remarqua certains détails qui la ramenèrent à la réalité. Tout d'abord, Hadrian portait plusieurs cicatrices sur le visage, dont une particulièrement visible sur sa joue, là où il avait été blessé.

En marchant, il boitait légèrement, ce qui permit aisément à la jeune fille de déduire qu'il devait porter une jambe de bois (sa jambe droite ayant été amputée au niveau du genou lors de l'embuscade). Il était vivant certes, mais avait payé un prix plutôt élevé.

Son bandeau, désormais culte, couvrait ses yeux alors qu'il s'avançait, déterminé, vers le Seigneur des Ténèbres. A une vitesse fulgurante, il dégaina sa baguette et déchaîna une tempête de feu noir qui dévasta tout sur son passage, contraignant Voldemort et ses partisans survivants à une retraite précipitée, stupéfaits de constater qu'Hadrian Potter était toujours en vie.

Au même instant, alors que Voldemort se réfugiait dans l'une de ses cachettes, Astoria perçut le lien qui les unissait se rompre. Peut-être le Seigneur des Ténèbres avait-il été contraint d'employer une magie trop puissante pour se retirer ? La nature même de ce lien demeurait un mystère pour Astoria, et comprendre sa rupture était hors de sa portée.

Mais soudain, alors que ce qui l'obsédait et la terrorisait à la fois disparaissait à jamais, elle sentit son âme se libérer des limbes où elle était captive. Elle voyait enfin la porte de sortie de cette prison épouvantable dans laquelle elle se trouvait depuis deux longues années.

Elle se retrouva à nouveau dans les ténèbres, ceux même qui l'effrayaient, puis... elle ouvrit les yeux. Enfin, elle était réveillée.

Elle cligna des paupières à plusieurs reprises, la lumière du plafond l'aveuglant comme une multitude de soleils.

Lorsque ses yeux s'habituèrent, elle laissa son regard explorer la chambre dans laquelle elle se trouvait. Les murs blancs, les grandes fenêtres et les bruits de pas pressés dans le couloir lui permirent de comprendre qu'elle se trouvait dans une chambre d'hôpital, à Sainte-Mangouste.

Au pied de son lit, elle aperçut sa mère, assise sur une chaise et endormie. Elle ignorait la date et l'heure, mais savoir que sa mère était restée à ses côtés, ne serait-ce qu'une partie du temps qu'elle avait passé dans ce coma infernal, lui réchauffa le cœur.

Elle était de retour parmi les vivants. Et bien que nombre d'informations qu'elle avait pu recueillir n'aient plus aucune utilité, étant des plans d'attaques déjà menées ou des projets jamais concrétisés, elle savait qu'elle devait parler à Daphné et à Harry au plus vite.

Son instinct la poussait dans cette direction. La dernière fois, en compagnie de Ginny, elle avait refusé d'écouter ce même instinct et en avait payé le prix. Cette fois, elle ne commettrait pas la même erreur.

"Astoria ?" murmura sa mère en se réveillant brusquement, faisant rapidement le tour du lit et lui prenant la main. "Maman... Je suis réveillée", parvint-elle à articuler, alors que sa mère s'effondrait en larmes sur le lit d'hôpital.

26/06/1995, 21H30, Poudlard, Ecosse:

Trois jours éprouvants s'étaient écoulés pour Harry depuis cette soirée teintée d'événements bouleversants. En effet, en une nuit il avait dû affronter le meurtrier de ses parents, qui était également un Seigneur des Ténèbres d'une puissance redoutable. En parallèle, il avait appris la vérité sur la disparition tragique de son oncle, pour finir par découvrir le réveil de la sœur cadette de sa bien-aimée à son retour. Un enchaînement d'épreuves qui l'avait plongé dans un état de profonde affliction.

Malgré ses blessures, sa magie, conjuguée à l'administration de nombreuses potions de soin, lui avait permis de guérir à un rythme accéléré. Bien qu'encore convalescent, il pouvait se mouvoir sans trop de difficulté, tant qu'il respectait certaines limites.

Durant son court séjour à l'infirmerie, il avait relaté les événements de la soirée à Albus Dumbledore. Malgré ses réserves persistantes envers le vieil homme, il lui reconnaissait une dette de gratitude pour son intervention auprès du Ministre et de sa sous-secrétaire.

Ce duo lui inspirait une haine viscérale, en particulier Dolores Ombrage. Non seulement cette femme avait osé tenir en public des propos méprisables envers les sorciers non-sang-purs, sans aucune répercussion, mais elle avait eu l'audace de le regarder droit dans les yeux et de le traiter de menteur. Elle avait franchi une ligne rouge, et de loin.

S'il la croisait de nouveau, contrairement à Drago Malefoy, il ne lui laisserait qu'un seul choix : la mort, et une très douloureuse.

Pour un jeune garçon, une telle pensée était profondément troublante. C'était là l'une des erreurs d'Hadrian Potter. Dès qu'il avait obtenu la garde d'Harry, il s'était appliqué à l'élever dans un climat de haine et de vengeance, insistant constamment sur l'importance de la force dans le monde sorcier.

Cela ne signifiait pas qu'il n'aimait pas Harry. Au contraire, quiconque les observait interagir pouvait aisément percevoir l'affection profonde que cet homme portait au Gryffondor, qu'il considérait comme son propre fils. Cependant, n'ayant connu que la guerre et la haine tout au long de sa vie, il avait modelé Harry à son image.

Cette idéologie s'avérerait certes précieuse à Harry en temps de guerre. Mais qu'en serait-il lorsque la paix reviendrait ?

Harry, quant à lui, était encore loin de saisir ces nuances. De son point de vue, tout était pour le mieux. Il savait se battre, possédait la force de protéger ses proches et avait même réussi à tenir tête à Voldemort pendant plusieurs minutes sans faiblir. Et tout cela n'aurait été possible sans l'intervention de son oncle.

Après avoir livré ses souvenirs à Dumbledore, il s'était attelé à la tâche de trier les informations qu'il avait accumulées, afin d'y voir plus clair.

En premier lieu, il fallait déterminer si Dolohov était un agent double ou s'il s'agissait d'un imposteur. L'homme avait beau clamer haut et fort qu'il avait tué son oncle, mais si ce qu'il avait vu avant d'être transporté par le Portoloin n'était pas une illusion, alors il mentait.

Ensuite, il y avait le retour de Voldemort dans un corps physique, grâce au sang de ses parents. Harry s'efforçait de ne pas s'attarder sur ce détail, car il ne faisait qu'attiser sa rage pour le sorcier sombre.

Parallèlement à ces préoccupations, il y avait aussi l'allégeance contrainte de Rogue. Qu'il le veuille ou non, le professeur de potions était désormais un Mangemort entièrement dévoué. Tout ce qu'Harry pouvait espérer, c'était que le vieil homme agisse réellement et ne compte pas sur la "bonté" du mage noir.

Enfin, il y avait sa baguette. Ils ne pouvaient s'entretuer tant qu'ils utilisaient leur propre baguette. Ainsi, Harry devait trouver une solution à ce problème, et vite. Il avait le sentiment que la prochaine fois qu'il ferait face au Seigneur des Ténèbres, il n'aurait pas la possibilité de se retirer.

Déterminant qu'il aurait le temps de chercher des solutions à ses problèmes après l'entrevue avec le directeur, il secoua la tête, chassant les pensées encombrantes, et frappa à la porte du bureau où il était attendu.

"Entre Harry !" appela Dumbledore de l'intérieur. Le jeune Gryffondor ouvrit alors la porte et pénétra dans le bureau du directeur.

"Installe-toi, nous avons beaucoup à nous dire, mon garçon", indiqua Dumbledore, le scintillement derrière ses lunettes en demi-lune inhabituellement absent."Avant tout, comment te sens-tu ?" demanda l'homme plus âgé. Harry, qui était resté silencieux jusqu'ici, fut contraint de briser son silence. "Je vais bien, merci professeur. Je n'ai aucune séquelle. Mais je dois reconnaître que je me serais passé de certaines potions au goût... douteux, je dirai."

Le directeur laissa échapper un léger gloussement à la remarque de son élève, avant d'hocher la tête, satisfait. Si le garçon avait la force de faire de l'humour, alors il devait être en bonne santé.

Un petit silence s'installa, alors que les deux se regardaient. Harry était curieux de la raison pour laquelle Dumbledore l'avait appelé, quand ce dernier semblait le jauger.

Finalement, le directeur reprit la parole. "Je suppose que tu as entendu parler du réveil de la jeune Astoria Greengrass", mentionna le vieil homme.

"Oui", répondit Harry, incapable de dissimuler son soulagement. "Daphné est déjà de retour au Manoir Greengrass pour passer du temps avec elle. Avec moi à l'infirmerie d'un côté, et sa sœur enfin réveillée de l'autre, elle ne savait plus où donner de la tête. J'ai presque dû la forcer à retourner chez elle."

Le directeur hocha la tête. "J'étais inquiet qu'après avoir été aussi longtemps sous la tutelle d'Hadrian, tu pourrais perdre certains aspects importants de la vie de vue. Visiblement, je me suis trompé. Et pour une fois, j'en suis très heureux", reconnut le directeur.

Harry comprit vaguement ce que le directeur voulait dire, mais ne préféra pas commenter dessus, se souvenant de ses pensées sombres quelques instants auparavant, ainsi que ce qu'il avait infligé à Malefoy et ses sbires.

Le Gryffondor prit la parole, sa voix tranchant à nouveau le silence de la pièce : "D'après ce que j'ai entendu, elle souhaitait me parler de quelque chose d'important." Face au regard interrogateur du directeur, il poursuivit, se renversant légèrement sur sa chaise : "Je fais allusion à Astoria Greengrass. Il semblerait qu'elle tienne absolument à me parler. J'espère qu'elle ne m'en voudra pas pour ma relation avec sa sœur."

Dumbledore acquiesça d'un signe de tête réfléchi. "L'amour, sous toutes ses formes, devrait être une source de joie et non de discorde. En ce sens, je vous souhaite, pour le bien de chacun, que tout se déroule de manière harmonieuse." Il se pencha ensuite en avant, marquant ainsi son intention d'aborder le sujet principal.

D'une voix légèrement assourdie par l'âge, Dumbledore expliqua : "Harry, si je t'ai convoqué ici, c'est pour plusieurs raisons. Tout d'abord, j'ai pris acte de la situation concernant le professeur Rogue. Après une discussion avec lui, et pour le bien de l'école, je lui ai demandé de quitter son poste. Il est actuellement... en voyage."

Harry comprit implicitement le sens des paroles du directeur. Il savait que le vieil homme n'avait pas la force d'éliminer Rogue lui-même. En revanche, l'envoyer en mission, que ce soit pour accomplir une tâche impossible ou suffisamment longue pour éloigner le maître de potions du conflit, était tout à fait dans ses cordes. Bien que cette décision l'agaçait, Harry s'abstint de toute protestation. Le directeur avait enfin pris une initiative en s'emparant du problème. Il ne fallait pas le décourager alors qu'il était sur la bonne voie.

Dumbledore reprit, sa voix empreinte d'une certaine gravité : "Malgré le vœu qui le liait, j'ai réussi, par le biais de diverses allusions, à obtenir les informations que je recherchais. Viktor Krum a été victime d'un maléfice par le biais du collier qu'il portait ce soir-là. Ce dernier lui avait été offert par Barty Croupton Junior lors de son passage à Poudlard, déguisé sous l'identité d'Alastor."

Le directeur se leva, son regard fixé sur Harry. "Quant à la coupe, elle a été ensorcelée par Severus. Fort heureusement, d'après ce qu'il m'a laissé entendre, l'ordre de Voldemort était de créer un portoloin pour te transporter vers lui. Cependant, il a ajouté à la coupe la possibilité d'effectuer le trajet en sens inverse, dans le cas où elle serait prise en main une seconde fois. Et d'après ce que j'ai pu observer, cette fonctionnalité t'a sauvé la vie."

Harry se trouvait une fois de plus tiraillé par des sentiments contradictoires envers l'ancien directeur de Serpentard. Une partie de lui le haïssait pour avoir failli le tuer avec ce portoloin. Mais en même temps, s'il avait pu survivre à ce combat, c'était en grande partie grâce à la fonction retour de la coupe.

Serrant les poings, il préféra garder le silence. Pour l'instant, son avis n'était pas demandé. S'il voulait retrouver le plus rapidement possible la chaleur de son lit, il lui fallait rester discret.

Le directeur s'adressa à Harry, sa voix emplie d'admiration : "Je tiens à te féliciter sincèrement, Harry. Je n'ai jamais été témoin d'une telle prouesse magique de la part d'un étudiant de ton âge. Même parmi les adultes, ce que tu as accompli ce soir-là est un exploit sans équivalent. Je suis véritablement fier de toi, mon garçon."

Harry sentit son esprit rationnel vaciller face à ce compliment. Bien que le directeur ne fût pas son confident le plus proche, entendre l'éloge et la fierté du sorcier considéré comme le plus puissant de l'époque moderne représentait une reconnaissance sans pareille.

Avec humilité, Harry répondit : "Merci, directeur. J'ai fourni de nombreux efforts pour atteindre ce niveau."

Dumbledore acquiesça d'un signe de tête, puis, après un dernier regard scrutateur posé sur Harry, dégaina lentement sa baguette.

D'une voix solennelle, il déclara : "Je souhaiterai t'offrir quelques présents. Mais avant toute chose, j'aurais besoin d'une faveur de ta part, Harry. Peux-tu me désarmer, s'il te plaît ?"

Harry, perplexe, inclina la tête sur le côté. Il répéta la requête du directeur, lui demandant confirmation, avant de s'exécuter.

La baguette du vieil homme s'envola alors de ses mains, planant délicatement avant de se poser sur ses genoux. Jetant un dernier regard intrigué vers le directeur, qui se contenta de lui sourire en guise de réponse, Harry saisit la baguette.

Dès qu'il l'eut en main, une sensation de puissance l'envahit. Une vague d'énergie pure sembla traverser son corps. Cependant, il y avait une différence notable avec le jour où il avait obtenu sa baguette chez Ollivander. Cette dernière dégageait une aura glaciale. C'était comme si un détraqueur avait été condensé dans un morceau de bois. Comme si... l'essence même de la mort avait été concentrée dans cette baguette.

Fermant les yeux, il se concentra. Il pouvait sentir la magie vibrer en son sein, comme si elle était vivante, ce qui était particulièrement étrange pour une baguette émanant d'une aura aussi froide.

En ouvrant les yeux, il remarqua que la baguette semblait briller d'une douce lumière. Il la serra plus fermement dans sa main et un flot de souvenirs l'inonda. Des images de ses anciens propriétaires se succédèrent, du dénommé Antioch Peverell, le premier sorcier ayant apparemment possédé la baguette, jusqu'à Albus Dumbledore, qui se tenait devant lui en souriant.

Il eut l'impression que la baguette lui narrait son histoire, lui transmettant son pouvoir et sa sagesse. Il se sentait plus fort, plus confiant. Mais en même temps, il ressentait un sentiment d'incomplétude. C'était étrange. Il était certain que la baguette n'avait aucun défaut, sinon le directeur n'aurait pas pu l'utiliser. Et pourtant...

Dumbledore s'adressa à Harry, sa voix empreinte d'une gravité solennelle : "Comme tu peux le comprendre, il ne s'agit pas d'une baguette ordinaire. Je l'ai moi-même acquise en affrontant Gellert Grindelwald. Depuis lors, j'ai préféré la garder auprès de moi, afin d'éviter qu'elle ne tombe entre de mauvaises mains. Mais après les événements d'hier soir, je suis convaincu que je peux te la confier sans le moindre regret." Un soulagement palpable transparaissait dans ses propos.

De son bureau, il sortit une autre baguette, qu'Harry supposa être celle qu'il utilisait par le passé.

Le vieil homme rangea sa baguette dans un étui dissimulé sous sa manche, tandis qu'Harry sortait la sienne. "Dobby !" appela Harry. L'elfe de maison apparut aussitôt, saluant respectueusement Harry et Dumbledore avant de pencher la tête, attendant un ordre.

"Peux-tu s'il te plaît emporter ma baguette et la ranger dans ma chambre au Manoir Potter ?" demanda Harry à l'elfe, qui acquiesça avec empressement. Dobby saisit la première baguette de Harry et disparut dans un claquement de doigts. Harry se tourna ensuite vers le directeur.

"Je suppose qu'elle est destinée à m'aider dans la lutte contre Voldemort, professeur. Mais je ne comprends pas... De quelle nature est exactement cette baguette ?"

Dumbledore se rassit dans son fauteuil, le scintillement familier derrière ses lunettes reprenant sa place. Il sortit de son bureau un petit livre sur la couverture duquel Harry put lire "Les Contes de Beedle Le Barde", ainsi qu'une bague en or ornée d'une étrange petite pierre noire.

"Je te conseille de lire ce livre lorsque tu auras du temps. Tu y trouveras, je pense, les réponses à tes questions", expliqua le vieil homme avant de lui tendre la bague.

"Pour conclure cette remise de présents, j'aimerais te donner ceci. Entre mes mains, cet objet n'a été qu'un instrument de torture, et je ne souhaite plus le garder auprès de moi", déclara-t-il.

Harry prit la bague et, sans réfléchir, la glissa à son doigt. Immédiatement, une étrange magie sembla le traverser. Sa cape, discrètement rangée sous sa robe, sa nouvelle baguette et la bague qu'il portait désormais à son doigt entrèrent en résonance, comme s'ils ne formaient qu'un. La froideur qu'il avait ressentie dans la baguette sembla s'infiltrer jusqu'au plus profond de son être, avant que soudain…

*BOOM*

Une vague de magie brute d'une puissance inouïe déferla, prenant Harry pour épicentre. Les vitres implosèrent et le bureau se retrouva soudainement sens dessus dessous. Seul Dumbledore, observant Harry avec un mélange de choc et de joie, était resté immobile.

Lorsque Harry revint à lui, il remarqua immédiatement la différence dans sa magie. Une aura désagréable et mystérieuse émanait de lui. Il fit de son mieux pour la contenir, y parvenant finalement après près d'une minute de concentration intense. Pendant ce temps, le directeur attendait patiemment, le regardant lutter contre cette force inconnue.

Épuisé, Harry acquiesça d'un signe de tête. Il sortit sa baguette et lança le sortilège de réparation sans prononcer un mot.

Ce qui se passa ensuite le prit par surprise. Le bureau devant lui ne s'était pas lentement remis en état, comme il l'aurait dû. Non, la pièce entière était revenue à l'état exact qui précédait sa perte de contrôle.

"Quelle puissance prodigieuse !" s'exclama Harry en contemplant l'arme dans ses mains. Car c'est bien ce qu'elle était, une arme. Si un simple sortilège de réparation pouvait produire un effet aussi puissant, alors en combat... Il ne voulait même pas imaginer les possibilités.

"Je pense que tu comprendras ce qui s'est passé avec ton noyau et ta magie lorsque tu auras lu le livre de contes que je t'ai offert. En attendant, je crois que notre discussion touche à sa fin", déclara le directeur, avant d'ajouter : "Oh, et merci pour la réparation de mon bureau, Harry."

Le jeune héros du monde sorcier, encore sonné par ce qu'il venait de vivre, hocha distraitement la tête.

Il sentait en lui quelque chose de différent. Ce n'était ni un sentiment, ni une émotion. C'était comme s'il avait acquis la compréhension d'un concept profond.

Et pas n'importe lequel : celui de la mort.

"Vous m'avez déjà répondu pour la baguette, mais pas pour la bague. Comment avez-vous trouvé cet objet ?" demanda Harry. Il savait qu'il aurait pu exiger des explications plus précises. Mais au fond de lui, il était persuadé que le vieil homme ne lui dirait rien, et lui répéterait simplement de lire le livre de contes. Alors il ferait ses propres recherches.

"Oh, ça ? Je l'ai reçu par chouette il n'y a pas si longtemps", admit le directeur. Il fit alors un rapide clin d'œil à Harry. "Si cela ne te dérange pas d'ailleurs, transmets mes salutations à Hécate. Elle et Fumseck s'entendent visiblement à merveille", ajouta-t-il. Ses propos furent suivis d'un trille du phénix, qui semblait confirmer les dires de son maître.

Harry comprit alors que le cadeau venait de son oncle. Même disparu, ce dernier veillait à ce qu'il obtienne les armes dont il avait besoin pour protéger ses proches.

"Merci oncle Hadrian. Nous nous reverrons très vite, j'en suis certain !"

"Allez, retourne au lit maintenant. Sinon, je risque d'avoir des problèmes avec l'infirmière de notre magnifique école", déclara Dumbledore en raccompagnant Harry à la porte.

"Bonne nuit, Harry."

"Bonne nuit, professeur... et merci. Je ne comprends pas encore tout, mais je sais que ce que vous m'avez donné renferme une puissance extraordinaire. Je ferai de mon mieux pour l'utiliser à bon escient, je vous le promets", dit Harry avec conviction.

Le directeur hocha la tête, comme s'il s'attendait déjà à cela, et les deux se séparèrent. Dumbledore avait un ordre à reformer, et Harry de la lecture à faire.

"La prochaine fois, Tom, ce sera la bonne", grogna Harry, ses yeux changeant légèrement de teinte, virant vers un vert plus maladif, semblable à celui du sortilège de mort.

02/07/1995, 11H02, Manoir Potter, Angleterre:

Dans le grand salon du Manoir Potter, une atmosphère solennelle régnait. Sirius Black franchit le seuil de la pièce, la pensine qui leur permettrait de voir les souvenirs récupérés par Harry à la main. Rassemblés, les visages étaient empreints d'une gravité palpable, unis par l'espoir et l'inquiétude de lever le voile sur les mystères des derniers mois.

Une affluence rare depuis le départ d'Hadrian Potter animait le manoir. Daphné, Astoria et Ophélia Greengrass, d'un côté, nourrissaient l'espoir ardent que les fioles renferment des indices sur le sort d'Alexander. De l'autre, Sirius, Fortuna et Harry retenaient leur souffle, priant pour des nouvelles d'Hadrian, qu'elles soient bonnes ou mauvaises.

Depuis sa rencontre présumée avec Hadrian et son équipe, Fortuna n'avait cessé de traquer la moindre information les concernant. Elle avait étudié avec avidité le souvenir d'Harry lors de la troisième tâche, louant à maintes reprises ses prouesses extraordinaires. Sirius, quant à lui, s'était entretenu en privé avec le jeune garçon, lui confiant que James, s'il avait été présent, aurait été immensément fier de lui. Les talents d'Harry en métamorphose lors du combat surpassaient de loin le niveau d'un simple étudiant.

Remus Lupin, en mission à l'étranger depuis quelques mois, avait également envoyé une lettre en apprenant les événements récents. Il poursuivait toujours la piste de Siena, la sorcière figurant sur la liste d'Hadrian. Cependant, d'après ses informations, cette petite enquête en avait ouvert une bien plus vaste, et son retour n'était pas prévu pour sitôt.

Pour Harry, les derniers jours avaient été relativement calmes, en comparaison de la tempête qui avait précédé sa rencontre avec Dumbledore. Il avait achevé la lecture du livre de contes et mené des recherches approfondies sur le trio d'artefacts en sa possession.

Une conclusion s'imposait à lui : ces objets magiques étaient liés à la mort. La nature exacte de ce lien lui échappait encore. Étaient-ils liés à la légende du conte, ou bien constituaient-ils des artefacts créés par des rituels obscurs ? Mais depuis que leur magie s'était liée à la sienne, Harry sentait une transformation en lui.

Il commençait à maîtriser un domaine de la magie dont il ignorait même l'existence auparavant.

"Tout le monde est prêt ?" demanda Ophélia d'une voix douce, tandis qu'elle versait délicatement le contenu des fioles dans la pensine, le liquide bleu se mêlant à celui de la visionneuse de souvenirs. Un hochement de tête unanime suivit, et chacun plaça un doigt sur l'étrange surface, se préparant à être transportés hors des murs du manoir, vers les secrets que le passé renfermait.

?/?/?, ?H?, ?, ?:

Ils se retrouvèrent tous plongés dans l'atmosphère lugubre d'une maison en ruine. Le temps semblait s'être figé dans cette pièce fantomatique, où la poussière recouvrait chaque meuble et chaque objet comme un linceul.

Une imposante table en chêne massif, autrefois dressée pour des banquets somptueux, occupait le centre de la pièce. Ses chaises, renversées et disjointes, gisaient autour d'elle comme des squelettes oubliés. Des toiles d'araignée scintillaient dans la pénombre, reliant les lustres en cristal brisés aux portraits jaunis qui ornaient les murs.

Des lambeaux de tapisserie pendaient çà et là, révélant la peinture écaillée et le plâtre fissuré. Une cheminée béante, autrefois source de chaleur et de lumière, n'était plus qu'un trou noir dans le mur.

Daphné, inquiète, se redressa et se plaça devant sa sœur, oubliant un instant qu'elle se trouvait dans un souvenir. Un instant plus tard, elle sentit la magie froide d'Harry la réconforter derrière elle, lui rappelant qu'elle était en sécurité… Depuis quand la magie d'Harry était-elle froide ?

Décidant de remettre cette discussion à plus tard avec son petit-ami, elle aida sa mère à se relever et posa les yeux sur la silhouette qui ne faisait pas partie du groupe.

Il s'agissait d'un homme, assis sur la seule chaise intacte. Ils s'approchèrent de lui, jusqu'à ce qu'Ophélia, la première à voir son visage, pousse un cri de stupeur. Elle se précipita vers lui, essaya de saisir son bras, mais sa main le traversa.

"Je suppose que tout le monde devrait être là, et m'entendre correctement", déclara l'homme. Tous ceux présents comprirent alors son identité, et Daphné ne put retenir les larmes qui coulaient sur ses joues. Harry, toujours à ses côtés, la serra dans ses bras.

"Ça va aller Daphné. Écoutons-le", la rassura-t-il. Essuyant rapidement ses larmes, elle embrassa Harry pour se donner du courage et se retourna vers son père qui fixait le vide.

Lentement, il se leva. Il portait un long manteau noir et était habillé comme un soldat. Bottes en peau de dragon, vêtements renforcés... Il était prêt à partir à la guerre avec un tel attirail.

Il fit un pas en avant, le bois craquant sous son poids, tandis que sa voix rauque résonnait. "Si tout s'est bien passé, alors vous devriez être tous là, en bonne santé. Que ce soit du côté des Potter ou des Greengrass. Nous avons tenté un pari risqué, mais si j'ai pu transmettre ce souvenir, c'est qu'il a réussi."

Alexander releva alors la tête, son regard vide se posant sur Harry, bien qu'il ne pouvait pas le voir. "Avant que vous ne visionniez les souvenirs qui vont suivre, sachez que je suis désolé. Ophélia, Daphné... Astoria aussi si tu es réveillée. Je n'ai jamais voulu vous faire souffrir. Mais j'ai fait ce que je pensais nécessaire pour assurer votre sécurité, ainsi que celle du monde sorcier en général. Si vous trouvez en vous la force de me pardonner, alors merci d'avance."

Seuls les sanglots d'Ophélia brisaient le silence pesant qui avait suivi les derniers mots d'Alexander, tandis que le décor fantomatique autour d'eux s'effondrait.

Le souvenir se déroula devant leurs yeux, dévoilant la vérité de cette fameuse soirée.

Fortuna et Sirius observaient la scène avec incrédulité. Ce qui se passait était impossible. Les protections auraient dû les alerter. Les elfes auraient dû intervenir. Hadrian lui-même, avec ses yeux de veilleur, aurait dû reconnaître Antonin Dolohov avant même qu'il ne pénètre sur le terrain. C'était inconcevable !

Astoria, quant à elle, découvrait pour la première fois les événements de cette nuit tragique. A son réveil, elle avait appris la mort de son père et s'était effondrée. Lorsqu'elle avait su que Daphné détenait les clés de ce mystère, elle l'avait suppliée d'être présente lors de la diffusion du souvenir.

Sa mère s'était d'abord fermement opposée, mais après une longue discussion avec Daphné et Fortuna, avait fini par céder. Elle n'aimait pas l'idée que sa fille puisse revivre le meurtre de son père, mais elle voulait lui offrir une dernière chance de le revoir.

Alors qu'elle analysait le souvenir, des détails troublants l'intriguaient. Contrairement au reste du groupe qui fixait Alexander, elle remarquait le regard d'Hadrian. L'oncle d'Harry avait observé son père une grande partie de la soirée, lui adressant même un signe de tête énigmatique à un moment donné.

Elle était convaincue qu'une conspiration était en jeu. Mais quoi exactement ?

Ophelia, de son côté, avait une intuition. Elle avait découvert une lettre à moitié brûlée dans le bureau de son mari et avait passé les derniers mois à espérer que son contenu était vrai. De plus, lorsque Alexander avait quitté la soirée pour s'isoler avec Dolohov, son pressentiment étrange ne faisait que s'accentuer. Tout comme sa fille cadette, elle était persuadée qu'un élément crucial leur échappait. Et elle était déterminée à le découvrir.

Pour Harry et Daphné, qui avaient enquêté sur l'affaire, le souvenir ne faisait que confirmer leurs déductions. Ils regardèrent avec tristesse Alexander perdre en duel face à l'un des mangemorts les plus redoutables de l'époque, jusqu'à ce que...

Cette soirée-là, 23H45:

Hadrian dirigea sa baguette vers Alexander et, d'un mouvement fluide, l'attira à lui. Le sorcier traversa la pièce en un éclair avant d'être doucement plaqué contre le mur, sain et sauf. Le voyageur temporel lança trois sortilèges de premiers secours consécutifs sur son ami, s'assurant que sa vie n'était plus en danger, avant de se tourner vers Antonin Dolohov.

Le mage noir était figé dans le temps, sa baguette toujours pointée vers le mur où se trouvait Alexander auparavant. Hadrian amorça un pas dans sa direction, mais celui-ci parvint soudainement à briser le sortilège et se retourna vers lui.

Il lança un puissant sortilège de magie noire qu'Hadrian ne reconnut pas, avant de conjurer un bouclier pour se protéger. Mais le surnom de "Soldat Invincible" du Lord n'était pas usurpé.

Sans effort, il dévia le sortilège offensif vers un mur qui se mit à fondre, et d'un violent sort explosif, il détruisit le bouclier d'Antonin. Le mage fut propulsé violemment en arrière et s'écrasa dans les débris d'une armoire, inerte. Hadrian s'approcha de lui et posa le bout de sa baguette sur son front.

"Si j'étais vous, je ne résisterais pas. Legilimens !" Il se mit alors à extraire le plus d'informations possible sur Antonin Dolohov, sur ses modus operandi et sur ses actes passés. Tout cela lui serait utile, et bien qu'il ne put réprimer une grimace de dégoût face aux agissements du Mangemort - ce qui n'était pas bon signe pour Hadrian qui avait vu tant d'horreurs pendant la guerre - il parvint à recueillir ce dont il avait besoin.

Il quitta ensuite l'esprit du sorcier, constatant qu'il l'avait effectivement transformé en un pantin balbutiant. C'était la conséquence d'une attaque mentale aussi violente. Mais avec ce qu'il venait de voir, Hadrian n'en ressentait pas le moindre regret.

Il sortit de sa poche une fiole et versa le liquide qu'elle contenait dans la gorge du fidèle soldat de Voldemort. Le corps de ce dernier commença alors à se déformer, tandis qu'Hadrian entendait le rire fatigué d'Alexander résonner derrière lui. Voir son double grâce à une potion de Polynectar n'était pas chose commune dans le monde sorcier.

"C'est moi, ça ? Putain ! Comment j'ai pu avoir des filles aussi belles, j'y comprends rien... Heureusement qu'il y avait la génétique d'Ophélia", rigola le patriarche de la famille Greengrass en se levant péniblement et en boitant aux côtés de son ami.

"Tu as vu sa tête ?" demanda le voyageur temporel en désignant Antonin Dolohov dont il transformait les vêtements en ceux d'Alexander. "Même Voldemort ne devait pas tant tenir à lui que ça pour l'envoyer dans une mission suicide pareille."

Alexander hocha la tête, tandis qu'Hadrian, la transformation d'Antonin Dolohov en Alexander achevée, leva à nouveau sa baguette. Il visa son cou, puis... le tua. Devant eux gisait le corps inanimé d'Alexander Greengrass, décédé.

Le père de Daphné acquiesça d'un signe de tête, puis détourna le regard, mal à l'aise à l'idée de contempler son propre cadavre. "Je vais te prodiguer les soins nécessaires, puis te transmettre l'ensemble des informations que j'ai extraites de son esprit. Concernant la Marque des Ténèbres, j'ai réussi à en créer une variante atténuée. N'étant pas Fourchelangue, je n'ai pu en reproduire une copie parfaite. Toutefois, grâce à cet ensemble de runes, tu devrais pouvoir passer inaperçu", expliqua Hadrian tout en dessinant sur l'avant-bras de son ami de nombreuses runes de taille minuscule.

"Une fois sur place, tu devras t'arranger pour trouver un Mangemort marqué et dessiner cette rune sur son avant-bras", poursuivit le soldat en envoyant dans l'esprit de l'homme les informations dont il aurait besoin.

"Cela connectera sa marque à la mienne, et je pourrai ainsi savoir quand Voldemort nous appelle, n'est-ce pas ?" demanda Alexander, afin de s'assurer de la véracité de ses informations. Hadrian, terminant sa reproduction de la marque, opina du chef.

Il fixa ensuite intensément Alexander, retirant le bandeau qui dissimulait ses propres yeux. D'un ton grave que le père de famille n'avait jamais entendu auparavant, Hadrian questionna : "Il n'y a plus de marche arrière possible. Dès à présent, si nous échouons, ce sera notre fin. Es-tu prêt ?"

Alexander n'eut pas besoin de réfléchir et acquiesça. Il savait que s'il s'autorisait à tergiverser, son esprit trouverait des excuses pour reculer, et il ne pouvait se permettre une telle défaillance. Non seulement il avait une dette immense envers Hadrian, mais la vie de sa famille et du monde sorcier tout entier était en jeu. Il ne pouvait se soustraire à son devoir en ce moment crucial.

Hadrian le fixa intensément encore quelques instants avant de remonter son bandeau. "Fort bien. Dans ce cas, rejoins-moi dans une autre pièce. Nous devons nous employer à soigner tes blessures et à te transformer en une réplique de Dolohov. De plus, il m'est nécessaire de te transmettre les informations que j'ai glanées dans son esprit, sans pour autant briser le tien. Nous avons fort à faire !" déclara-t-il en quittant la pièce, suivi par Alexander qui boitait, mais dont le visage exprimait une détermination inébranlable.

?/?/?, ?H?, ?, ?:

Le groupe, encore marqué par les images qu'ils venaient de contempler, resta silencieux alors qu'ils réapparaissaient dans la salle à manger en ruines.

"Lorsque Hadrian a appris le retour de Voldemort, nous nous sommes retrouvés coincés. Nous avions besoin d'informations provenant de l'intérieur, et rapidement. Des attaques commençaient à se produire dans de petites villes moldues, et le Ministère faisait de son mieux pour ignorer la situation. Il a donc été convenu que nous aurions besoin d'un espion de confiance. Une personne du cercle restreint du Seigneur des Ténèbres qui serait capable de nous transmettre tous les renseignements nécessaires", expliqua Alexander, comme s'il lisait dans les pensées de ceux qui avaient visionné les souvenirs.

"De plus, ils étaient tous soumis à des vœux très contraignants. Ainsi, Voldemort ne se douterait pas de la présence d'un traître parmi ses cadres supérieurs. Par conséquent, avec Hadrian, nous avons élaboré ce plan pour attirer, avec succès comme vous avez pu le constater, un Mangemort de haut rang. Et j'ai pris sa place."

Finalement, ayant terminé son explication, il se rassit. Harry s'avança alors, semblant avoir oublié qu'il se trouvait dans un souvenir. "C'est pour ça qu'Hécate, la chouette de mon oncle, n'était jamais dans son bureau. Vous vous serviez d'elle pour communiquer !" réalisa-t-il.

Cependant, un dernier point l'intriguait. "Mais au cimetière, vous m'avez dit qu'Antonin Dolohov avait tué mon oncle... Que s'est-il réellement passé ?"

Daphné, constatant l'impatience d'Harry, décida d'intervenir. Elle s'approcha de lui et lui lança un sort de picotement dans le dos. Le garçon sursauta et se retourna.

"Potter, ce n'est qu'un souvenir. Calme-toi !" s'exclama-t-elle, sa propre colère face à ce qu'elle venait de voir faisant également surface.

Elle prit alors la main d'Harry dans la sienne et la serra. Cependant, avant qu'il ne puisse répliquer, Alexander reprit la parole.

"Maintenant que vous savez ce qui m'est arrivé, je pense qu'il est temps que nous parlions d'Hadrian. Vous connaissez notre relation, notre alliance et la puissante amitié qui en a découlé", déclara-t-il, tandis que Fortuna s'avançait.

Aussi froide que soit sa manière de penser, elle ne se souciait pas tant que ça du sort d'Alexander. Elle ne connaissait pas l'homme personnellement et ne pouvait donc partager la souffrance des autres. Mais Hadrian était un tout autre sujet.

Elle avait vu l'état de Novosibirsk et avait pu faire une assez bonne estimation des blessures subies par le sorcier dont elle était tombée amoureuse. Par conséquent, savoir ce qui s'était réellement passé ce jour-là était d'une importance capitale pour elle.

"Le Seigneur des Ténèbres se doutait bien qu'un espion communiquait ses plans. À ce moment-là, il pensait que le traître était Severus Rogue. C'est pourquoi, en dépit de son rôle d'espion, il lui a imposé un vœu d'allégeance et d'obéissance", poursuivit l'espion infiltré.

"Il apprit par Bellatrix Lestrange qu'un Américain du nom d'Hadrian Potter était arrivé en Grande-Bretagne et s'y était illustré. Lorsqu'il comprit la menace que représentait cet individu, il commença à élaborer un plan pour le faire éliminer... sans en informer ses hommes."

Alexander tendit sa main droite devant lui, la contemplant comme s'il revoyait la baguette qui aurait dû mettre fin à la vie d'Hadrian.

"Il s'associa à Alexei, un puissant mage noir russe traqué par Hadrian à cette époque. Ensemble, ils orchestrèrent une attaque surprise et rassemblèrent les hommes et femmes en lesquels ils avaient le plus confiance. Cependant, Voldemort, décidant probablement qu'il sera capable de réaliser le plan sans aucune aide, se débarassa d'Alexei avant l'attaque. Le matin même, il nous réunit tous et nous envoya à Novosibirsk avec un seul ordre : éliminer Hadrian Potter."

Fortuna écouta le discours d'Alexander, les poings serrés. Elle savait qu'il avait frôlé la mort. Néanmoins, apprendre qu'un complot avait été élaboré uniquement pour le faire tomber dans un piège, c'était une toute autre histoire.

"Je pourrais vous raconter ce qui s'est passé, mais je pense qu'il serait plus simple pour vous de le voir. Les prouesses de cet homme avec une baguette... Ce ne sont pas des choses que je peux décrire avec des mots."

Il claqua des doigts, et la scène se transforma.

27/10/1994, 20H11, Novosibirsk, Russie:

Daphné, toujours collée à Harry, sentit une légère traction sur sa manche. Elle aperçut Astoria, qui la fixait avec une certaine inquiétude.

"Grande sœur, je dois vraiment vous parler après ça, à toi et à Harry. C'est très important. Je suis sûre de moi. J'ai déjà vu cela, je reconnais cette ville", affirma la jeune Serpentarde.

Daphné tendit son autre main à sa sœur et, comme avec Harry, la serra délicatement, comme pour lui apporter du réconfort.

Soudain, Fortuna saisit Sirius qui s'apprêtait à s'engager dans une ruelle et s'exclama : "Regardez de ce côté !"

En effet, une silhouette noire se dressait devant eux. Elle avançait dans les dédales obscurs de la ville russe. Pour tous, il était évident qu'il s'agissait d'un sorcier. Et pas n'importe lequel. "C'est oncle Hadrian !" s'écria Harry, les yeux écarquillés de joie. Cela faisait près d'un an qu'il n'avait plus revu l'homme qui l'avait recueilli.

Hadrian scrutait les ruelles plongées dans l'obscurité nocturne. Sa baguette, richement ornée, était sa seule source de lumière dans cet endroit enveloppé de mystère…

La voix d'Alexander retentit soudainement dans le vide qui les entourait. "Une fois que vous aurez terminé de regarder cela, faites moi une faveur et ne lui en voulez pas trop. Hadrian est un homme capable de tous les sacrifices pour protéger ceux qui lui sont chers. Pour l'instant, contentez-vous d'observer, je l'avoue sans honte, le mage le plus puissant de notre génération."

Et ainsi s'engagea le dernier combat d'Hadrian avant sa disparition, sous les regards du petit groupe pétrifié par la stupeur.