Résumé :

Alors que Harry apparaît comme un rempart contre les Ténèbres (notamment après l'attaque des Marcheurs en Ecosse), ce-dernier est rattrapé par ses démons intérieurs...


Chapitre 28: Funambule

Aidé dans son Transplanage par Dumbledore, Harry se dégagea de la poigne du vieil homme dès leur arrivée devant la porte du Quartier Général. Suivant Sirius et les autres, il pénétra dans la maison où ils furent tous assaillis par une Molly et des collégiens affolés.

« Que s'est-il passé ?

– Il y a des blessés ?

– C'était des vampires ?

…»

Tous parlaient en même temps, s'échangeant embrassades et effusions dans une cacophonie ambiante qui traduisaient bien l'angoissante attente de la nuit de la part des habitants de la maison. Epuisé et gagné peu à peu par une formidable migraine, le père de Sasha, s'échappa rapidement de cette foule trop tactile pour gagner l'apaisant silence de la salle de bain du premier étage.

S'appuyant un moment contre la porte, Harry ferma les yeux, son crâne traversé par de violents élancements. Plissant les paupières à cause de la lumière crue, il fouilla dans l'armoire à pharmacie, afin d'y trouver une fiole de potion anti-douleurs qu'il avala d'un trait.

Appréciant le soulagement quasi immédiat qui se répandait en lui, le père de Sasha se vit alors dans le miroir. Il était couvert de terre, de sang plus ou moins séché, d'estafilades sans oublier les immenses cernes qui lui dévoraient le visage. Grommelant, il se déshabilla avec précaution puis passa sous la douche, poussant l'eau chaude à son maximum afin de détendre ses muscles endoloris. Tout en se lavant il songeait 'combien de monstres ai-je tués cette nuit ?' Avec nostalgie, il repensa à chez lui. Notamment à Ron et Drago qui se livraient un défi à qui tuerait le plus de créatures des Ténèbres. Harry laissa échapper un léger rire à se souvenir avant que ses pensées ne dérivent peu à peu. 'Où se trouve Ron à présent ? Est-il seulement toujours en vie ?', il sentit son coeur se serrer réalisant une nouvelle fois qu'il avait bel et bien abandonné son ami… 'Tout cela pourquoi ?Améliorer les choses ?' et pourtant tout ce qu'ils avaient gagné c'étaient des massacres!Du sang, encore et toujours du sang !

Sans s'en rendre compte, deux larmes d'amertume se mêlèrent à l'eau de la douche tandis que le Survivant laissait échapper un sanglot du fond de sa gorge. Longtemps il resta ainsi la tête contre la paroi de la douche à évacuer son chagrin, espérant qu'il partirait lui aussi dans le conduit d'évacuation…

Ce fut une voix douce qui le sortit de ses idées noires. Une voix qu'il connaissait bien et qui lui serra d'autant plus la gorge : celle de la jeune Hermione.

« Harry ? disait-elle, est-ce que.. est-ce que ça va ? Tu es blessé ?Tu as besoin d'aide ?

En reniflant, Harry fit une grimace alors que la douleur dans son coeur s'intensifiait encore, ses pensées se tournant à présent vers sa femme. Pourtant la jeune préfète insistait, il entendait son inquiétude dans le martèlement incessant de cette-dernière sur la pauvre porte. Il grogna alors en essuyant ses larmes, avant de répondre d'une voix qu'il ne se connaissait pas

– Ça va. Ne t'inquiète pas…»

Apparemment se fut suffisant à rassurer la jeune fille puisque le silence Survivant en profita pour couper l'eau et se rhabiller rapidement. Alors qu'il sortait enfin de la salle de bain, il vit avec étonnement Hermione mais aussi Teddy assis à même le sol, se relever vivement soulagés de le voir entier semblait-il.

Hermione qui lui faisait face s'apprêta à dire quelque chose mais son visage à hauteur du T-shirt humide de l'adulte, devint soudain écarlate de gê elle baragouina quelques mots (apparemment Molly distribuait des potions de force dans la cuisine) avant de s'enfuir sans demander son reste!

Harry échangea un regard mi-triste mi-amusé avec Teddy avant d'entraîner ce-dernier dans sa chambre où les attendait déjà Sasha jouant avec Mystère. Se blottissant tous les trois sur le lit de la petite fille, Harry rêvait de pouvoir se reposer. Il était épuisé et savait qu'il lui faudrait subir un autre type affrontement avant la fin du jour… une explication avec le Chef de l'Ordre du Phénix !

OoOOooOOoo

Ça y est, il y était. Harry se retenait de lever les yeux au ciel. Il était dans sa chambre, en train de se faire vertement réprimander par le Directeur de Poudlard, comme si il n'était qu'un gamin ayant troublé un cours…

«… Tu ne peux pas utiliser ce genre de magie, nous avons des responsabilités en tant que membres de l'Ordre,lui disait l'honorable sorcier.

– C'est bien beau ce que vous dîtes professeur mais vous savez très bien que cette politique ne vous mènera nulle part, argua-t-il agacé.

Intérieurement il trouvait que Dumbledore était sacrément gonflé de lui faire ainsi la leçon alors que le chef de l'Ordre savait parfaitement qu'à cause de la Prophétie (entre autre) il n'avait pas eu d'autre choix que de s'endurcir. Et puis, c'était tout de même lui, le Survivant (et son maléfice certes) qui avait grandement limité la casse cette nuit !

– Ma «politique» nous empêchera de devenir comme ceux que l'on poursuit,insista le vieil homme.

– Je croyais que votre but était de gagner la guerre ?

– Pas de n'importe quelle manière Harry ! Pas à n'importe quel prix !

– La victoire nécessite des sacrifices vous le savez aussi bien que moi !s'emporta alors le père de Sasha qui continua l'expression mauvaise, vous avez d'ailleurs vous-même veillé à cela !

Dumbledore voulut répliquer, ses sourcils se fronçant mais la dernière tirade du Survivant semblait avoir fait mouche…

Soupirant, le Directeur de l'Ecole de magie, expliqua plus calmement :

– Je comprend que tu en aies marre Harry. Tu as dû t'investir, plus que n'importe qui, je m'en rend compte. Tu t'es beaucoup battu toutes ces années mais tes méthodes plus «expéditives» comme tu dis, t'emporte sur un chemin dangereux…

– Je ne veux que la paix professeur. Un monde en paix pour Sasha, Teddy, pour Sirius, Remus, Dora… et tous les autres, répondit Harry sentant sa colère retomber en comprenant que Dumbledore ne faisait que s'inquiéter pour lui.

– Pour toi aussi Harry.

Le jeune homme sourit amèrement à son ancien Directeur mais ne répliqua rien. Ce-dernier le regarda avec une infini tristesse, il savait que Harry cachait quelque chose de grave, il devinait même que cela était une des causes de son usage presque immodéré de la magie noire.

– Promets-moi que tu n'useras plus de tels maléfices Harry, s'il-te-plaît. Je ne voudrais pas que cela dérape comme la dernière fois.

A ces mots, l'ancien Auror le regarda troublé. Parlait-il du Feudeymon ou bien…

– Remus m'a raconté ce qu'il s'est passé dans l'allée des Embrumes, admit Dumbledore.

Harry grogna avant de se lever mécontent. Il avait comprit que Sirius avait tout raconté au Lycanthrope qui lui-même avait cafté au chef de l'Ordre.

– C'était nécessaire. On a sauvé des vies grâce aux infos que j'ai recueillies ce-soir là, crut-il bon d'expliquer pour se justifier.

– Tu penses vraiment avoir bien agit ? Pourquoi te sentais-tu si coupable dans ce cas ? interrogea le vieux Sorcier cherchant le regard du plus jeune qui détourna la tête gêné.

– Si tu utilises la magie noire Harry, quelles différences restera-t-il entre eux et toi ?

Le Survivant ne répondit pas tout de suite. Comme pour chercher ses mots, il se tourna vers le mur où s'affichait sa 'toile d'araignée' réunissant tous les indices autour des Disciples et des vampires qu'il avait pu récolter.

Les regardant sans les voir, il dit doucement :

– Je crois… je crois que la magie n'a pas de couleur. En fin de compte il n'y a que le but que l'on se donne qui importe vraiment…

– Ce pourrait être les paroles de Voldemort… observa un Albus Dumbledore plus qu'affligé.

Harry lui jeta un regard horrifié. Subitement il se demandait intérieurement'suis-je tombé donc devenu comme lui ?' avant de baisser les yeux honteux devant son ancien mentor.

– Je suis désolé monsieur, chuchota-t-il se tournant de nouveau vers le mur.

Dumbledore ne répondant rien, le Survivant sut qu'il devait non pas se chercher des excuses mais s'expliquer, vraiment, sincèrement.

– Je sais que c'est mal mais je n'y arrive pas autrement. Hermione… C'était elle qui me guidait mais maintenant qu'elle n'est plus là...Je ne sais plus où j'en suis,avoua-t-il dans un souffle en caressant doucement une photo de la couverture d'un vieil ouvrage, le Grimoire de Merlin, celui-la même trouvé par Hermione et à l'origine de son voyage dans le temps.

Il continua, regardant les pages punaisées sans les voir :

– Ils sont horribles professeur, les Disciples ! Avez-vous jamais vu un de leur charnier ? Avez-vous jamais eu à secourir une fillette trempée par le sang de sa mère qui s'est sacrifiée comme la mienne l'a fait ? Ou encore vu des centaines de corps de moldus incendiés dans une église alors qu'ils priaient pour être sauvés ?

Il termina levant des yeux hantés vers le Chef de l'Ordre :

– Je ne veux plus voir ça. Jamais !

– Je comprends mais n'oublie pas que la vengeance ne mène à rien. En utilisant les forces des Ténèbres c'est ta propre chute que tu prépares.

– Peut-être… concéda le jeune homme.

Clairement perdu, dans ses pensées comme dans ses actes, Harry reconnut :

– Je ne sais plus ce qu'il faut faire. Si je n'agis pas ce sera un carnage.

Les Disciples comme les vampires étaient clairement plus terribles que l'Ordre de cette époque ne le croyait… mais d'un autre côté, il se demandait pourquoi était-ce toujours à lui d'agir ? à lui de tuer ? Encore…

– Il n'y a pas de solution ! s'écria-t-il effondré, tant par l'injustice que par ce destin qu'on lui avait collé ! Et je suis tellement fatigué… avoua-t-il en s'adossant au mur et passant ses mains sur son visage.

Il se sentait si perdu ! Il était venu pour changer les choses, et pour changer elles avaient changé ! Mais maintenant tout lui échappait, il n'était plus qu'un pion dans la nouvelle trame du Temps, balloté comme les autres par des événements bien trop énormes pour être maîtrisés.

De son côté, Dumbledore jeta un regard empli de pitié au Survivant. Ce-dernier ne le vit pas et c'était tant mieux car il avait horreur de la pitié. Hermione, si elle avait été là, lui aurait dit que la pitié était un sentiment honorable qui prouvait notre humanité, permettant souvent d'atteindre l'empathie et parfois même de se dépasser (quel adulte n'interviendrait pas pour sauver un enfant, guidé par sa pitié ?) mais Harry était trop orgueilleux pour admettre un tel raisonnement.

En ce qui le concernait, le Directeur de Poudlard doutait ne sachant que faire. Dumbledore savait que l'ancien Capitaine des Aurors était de bonne foi, qu'il était droit et courageux : après tout il avait protégé les membres de l'Ordre et combattu des dizaines d'ennemis quasiment seul hier soir. Pourtant… il utilisait la torture, il usait des sorts sombres ; le Feudeymon était l'un des pires maléfices qui soit, certes Harry avait pu le maîtriser et les conséquences du feu démoniaques avaient été heureuses mais si le sort lui avait échappé ? Ils auraient pu tous mourir… quand bien même, l'influence néfaste de la magie noire sur le jeune homme était indéniable. Pouvait-il le laisser à la tête de l'Ordre ? Inconsciemment le vieux Sorcier ne pouvait s'empêcher d'associer la figure du Survivant à celle d'un autre jeune homme qu'il avait eu dans sa classe. Tout aussi doué et puissant, lui aussi s'était perdu dans sa quête de réussite et de pouvoir… jusqu'à devenir le plus redoutable des mages noirs !

Secouant la tête, Dumbledore, prit sa baguette et fit apparaître sa Pensine. Il proposa à Harry d'y mettre tous ses cauchemars, tous ses mauvais souvenirs, pour ne plus les ressasser. Car ce passé était révolu, le père de Sasha se devait d'aller de l'avant, tourner la page pour ne pas se laisser envahir. Au contraire, il devait se raccrocher à l'espoir en l'avenir.

« Je t'aiderai à accepter ces souvenirs quand tout ceci sera fini, lui assura-t-il.

Harry ricana plein d'amertume, s'approchant néanmoins de l'artefact magique :

– Vous savez bien que ce sera inutile Albus.

Ce-dernier comprit le coeur serré que le Survivant parlait de sa maladie, un secret qu'il avait découvert depuis un bon moment.

– Combien de temps te reste-t-il? s'enquit-il doucement.

Tout en prélevant ses souvenirs de sa baguette, le jeune homme répondit d'une voix qu'il tentait de rendre neutre :

– Je ne verrais sans doute pas le prochain anniversaire de Sasha. Finalement mon pire ennemi c'est le temps. Pour un voyageur temporel c'est ironique non?

– Harry n'oublie surtout pas pourquoi, ou pour qui, tu te bats, lui conseilla son ancien mentor en posant une main sur son épaule en guise de soutien.

– J'essaierais, promit le Survivant, merci pour la Pensine.

Ils se sourirent doucement, toute rivalité oubliée à présent.

– Pouvez-vous prévenir Molly que je ne descendrai pas ce soir ? fit-il dans un souffle, avant de se laisser tomber sur son lit.

Dumbledore acquiesça gravement, c'était la fin de sa visite et Harry avait besoin de se reposer. Le Directeur de Poudlard quitta alors la chambre en lançant un regard pénétrant à la silhouette de l'ex-futur chef de l'Ordre déjà à moitié endormi. Partagé entre compassion et appréhension, il descendit lentement les escaliers, priant pour qu'Harry se raccrochât à sa force principale : l' celui qui est teinté de désespoir et d'amertume pour les personnes qui nous ont quittées mais celui qu'il fallait cultiver pour les personnes qui nous entourent et nous aiment en retour. Il avait perdu un élève autrefois, les conséquences en avaient été dramatiques : il ne ferait pas la même erreur cette fois.

C'était décidé, Dumbledore ferait tout pour aider Harry à retrouver le «bon chemin» !

ooOOooOOoo

Au même moment quelque part en Angleterre...

Severus Rogue était confortablement assis dans un élégant fauteuil de style victorien près de l'imposant feu de cheminée du salon du Manoir de Lord Voldemort. Venu pour prendre ses ordres, il lisait un article de la revue Enchanteurs enchantés, tout en écoutant distraitement (et discrètement) les conversations que s'échangeaient les différents Mangemorts convoqués eux aussi ce jour-là.

« Il est gonflé ce Writ Parker ! s'exclamait un Mangemort du nom de Orville Brut qui tenait un exemplaire de La Gazette du Sorcier. Ce journaleux prétend que le Ministère a sauvé les moldus !

– Non mais ce qu'il faut pas entendre, s'écoeura son interlocuteur, un mage noir sans envergure dont le potionniste ne se rappelait pas même le nom.

La Gazette pense qu'entre le fiasco d'hier et l'attaque manquée contre le Parlement, le Ministre est je cite «en passe de gagner la guerre !»

– Gagner la guerre ! s'agaça un troisième sorcier en s'emparant dudit journal pour lire à son tour les «élucubrations» de Parker…

– Je leur en foutrais moi des façons de «gagner la guerre» éructa Brut en donnant un violent coup pied dans un elfe de maison qui avait le malheur de passer devant lui.

La petite créature couina avant de s'enfuir sans demander son reste.

Rogue se retint de dire quoi que ce fût, bien qu'intérieurement, il était dans un sens d'accord avec ses trois « collègues », dire que Scrimgeour était proche de la victoire n'était pas même prématuré mais tout simplement utopiste !

– Il ferait mieux de se méfier celui-là, gronda menaçant l'un des Mangemorts en montrant l'auteur de l'article qui apparaissait en photo, il paraît que les Disciples sont furax d'avoir étaient déjoués !

– Il y en a un qui va avoir droit à une petite visite privée de cette chère Héléna… déduisit Brut sur un ton qui se voulait salace.

Les trois hommes se regardèrent avant d'échanger des rires gras. Nul doute que ce ne serait certainement pas ce genre de visite là ! Rogue songea alors que le journaliste ne verrait sûrement pas la prochaine aube se lever…

Alors que les conversations reprenaient sur des sujets aussi divers que futiles, la douzaine de mages noirs présents au salon entendirent brusquement des hurlements. Si cela pouvait paraître ordinaire au QG du Lord noir, ces cris tenaient plus de la rage que de la douleur…

Comme tous les autres, le professeur de potions, tendit l'oreille. Si un Sortilège de Discrétion empêchait de comprendre ce qui se disait dans la salle du Trône, le doute n'était pas permis : Héléna, cheffe des Disciples de Morgane, était en train d'essuyer un savon monumental de la part de Lord Voldemort, et ne semblait pas apprécier cet état de fait !

Rogue réfléchit tout en continuant de jouer au désintéressé: si il était vrai que l'attaque des monstres créés par les Disciples avait été un fiasco, Héléna n'y était pas pour grand-chose. Après tout, sa magie avait bien eu les effets escomptés : les Marcheurs, que Severus et les autres Mangemorts Intimes avaient pu admirer avant qu'ils ne fussent lâchés sur les Moldus, avaient envahi tout un quartier et tués tout les Non-mages qu'ils avaient rencontrés comme cela était prévu initialement.

Non si fiasco il y avait eu, n'en déplaise à La Gazette, il tenait en deux noms : Catacombes et Potter ! Ces-derniers en prévenant les autorités sorcière et moldue avaient pu permettre l'évacuation de la population de Dumfries et donc limiter considérablement le nombre des victimes ! L'espion grommela en songeant 'Comment diable ce gamin avait-il pu associer sa magie avec celle de la vampire pour former ce champ de protection ?'.

Severus faisait bien sûr exprès de ne pas s'attarder sur les nombreux combats que le Survivant avait menés (et remportés!) ou même sur le Feudeymon que ce gamin avait réussi à maîtriser ! 'Pour qui se prenait-il ? Pour le Seigneur des Ténèbres ?! Foutu Potter !' conclut-il en rageant intérieurement.

Rogue en était là de ses réflexions lorsque des bruits d'explosion retentirent soudainement depuis la salle du Trône. Immédiatement tous les Mangemorts présents s'entre-regardèrent puis quand le bruit se répéta, ils se précipitèrent baguettes aux poings !

Quand les grandes portes s'ouvrirent, les adeptes des deux plus grands mages noirs de l'époque découvrirent leurs chefs en plein duel !

Voldemort jetait à ce moment là un sortilège qui luisait d'un vert malsain vers Héléna. Celle-ci l'ayant facilement esquivé, le rayon alla frapper le mur derrière elle qui pourrit sur toute sa longueur !

Ne restant pas en restes, la Sorcière noire enchaîna elle-aussi les maléfices à une vitesse impressionnante et bien sûr tous informulés. Si elle utilisait une baguette, Severus Rogue dut admettre qu'il ignorait la moitié des sorts utilisées là ! Voldemort, se retrancha derrière un bouclier imposant continuant d'user de Charmes de métamorphoses, de magie noire ou encore de magie élémentaire, mais toujours Héléna parvenait à les esquiver avec une grâce et une vivacité inhumaine ('et pour cause sans doute empruntée aux Vampires' devina Rogue).

Exaspérée, cette-dernière riposta violemment en lançant un sort inconnu des sorciers : tout sembla se figer, pendant quelques secondes, Rogue vit tout à coup sa vision changer ('à moins que ce ne fut le monde qui était transformé ?'). Voyant tout en négatif jusqu'à ce qu'un crissement désagréable résonna au moment où tout redevint ordinaire ! Ebahi, le maître des potions découvrit devant lui et ses collègues un immense bouclier créé par le Lord pour se protéger lui-même ainsi que ses adeptes ! Toujours hautain celui-ci toisait la sorcière avec cependant, un éclat mi-impressionné mi-furieux dans le regard.

Héléna, essoufflée, ricana en observant les Mangemorts retranchés derrière la protection de leur Maître :

« Je ne vous pensais pas aussi altruiste Voldemort !

Puis son expression goguenarde s'effaça pour s'exprimer avec fureur :

– Je ne suis pas une de vos sous-fifres ! Je n'ai pas à vous obéir, notre alliance (le mot fut comme craché) ne tient que parce que nous poursuivons le même but : changer le monde sorcier ! Tenez-le vous pour dit que si je suis là à vos côtés, et non à vos pieds, c'est uniquement pour détruire Potter !

– Pourtant, il me semble que vous avez manqué une bonne occasion hier soir ! siffla dangereusement le Lord.

Les deux Sorciers lèvent de nouveau leurs baguettes prêts à un nouvel échange tandis que de leurs côtés les Mangemorts tirèrent les leurs également, défiés par les Disciples qui venaient d'arriver. Ces-derniers restant d'un stoïcisme impressionnant et plutôt inquiétant de l'avis de Rogue…

La tension entre les Sorciers était à son comble lorsqu'un rire rauque, invisible se fit alors entendre dans la vaste salle du Trône. Héléna cria quelque chose et fit un geste de la main. Dans un flash une silhouette sombre tomba depuis une des poutres du plafond !

Anton (car c'était lui) n'eut que le temps de se rétablir avant d'être dans la ligne de mire de la Mage noire. Son beau visage était déformée par la rage et presque aussi pâle que celui-ci du chef vampire.

« Cesse donc de rire !lui ordonna-t-elle, il n'y a vraiment pas de quoi pavoiser !

– En effet ! s'accorda à dire Voldemort en reprenant en direction du chef des créatures de la nuit, pourquoi ne pas avoir parler de cette princesse vampire ?

– J'ignorais qu'elle avait de l'importance… susurra Anton en plissant les yeux, semblant nullement impressionné d'être la cible des ires des deux Mages noirs.

– Elle est juste alliée à ce cher Harry ! A part ça en effet elle n'a aucun intérêt en effet ! cracha Héléna le ton plein de sacarsmes.

– Retrouve la et je veux tout savoir d'elle !» ordonna le Lord noir d'une voix glaciale.

S'inclinant devant Voldemort d'une façon trop obséquieuse pour que ce ne fut pas une provocation, Anton lança un regard plein de menaces à Héléna qui le lui rendit bien avant de disparaître dans une nuée de chauves-souris ! Rogue se demanda une fois de plus, lequel de ces deux là était le plus à craindre.

Dans le même temps, Voldemort n'en avait pas fini avec Héléna. Il exigea dans un discours péremptoire des résultats et bannis les Disciples de son Manoir. Retrouvant son aplomb comme un calme froid, la cheffe de l'Organisation de Morgane se redressa avec fierté. Elle jeta un regard condescendant sur tous les Mangemorts ainsi que leur Chef. Sans un mot,Héléna attendit que ses Disciples se placent derrière elle puis soudain l'air de la pièce sembla onduler… les Morganiens disparurent alors en moins d'une seconde dans un grondement de tonnerre, faisant totalement fi des protections mises en place par le Lord!

Ce-dernier cria de rage devant cette forme de magie que, de toute évidence, il ne connaissait pas !

Comme pour se venger, Voldemort ordonna sur le champ à ses Mangemorts de préparer une nouvelle attaque surprise contre les Moldus dans la soirée(faisant intérieurement grimacer l'espion de l'Ordre qui comprit qu'il n'aurait pas le temps de prévenir Dumbledore). Un peu plus tard, une rumeur courut même sur une seconde attaque suite à une convocation secrète de Lucius et Bellatrix…

ooOOooOOoo

Quelques temps plus tard, Harry Potter, ancien capitaine des Aurors lisait tranquillement un ouvrage des plus intéressants sur La magie vampirique : sorcellerie ou nécromancie ? déniché dans la bibliothèque des Black. La famille noire possédait beaucoup de livres sur le sujet si bien que le Survivant s'en était ouvert à Sirius. Ce-dernier se souvint vaguement avoir entendu dire qu'un de ses ancêtres était une créature de la Nuit, «ça explique sans doute les têtes d'elfes coupées !» en avait simplement déduit l'ancien Maraudeur laissant son filleul abasourdi.

Plongé en pleine lecture malgré l'heure tardive, Harry s'agita légèrement pour dégourdir ses membres en proie à des fourmillements désagréables. Pourtant la sensation ne disparut pas au contraire les fourmillements s'intensifièrent même. Bientôt, le père de Sasha ressentit des picotements familiers autour de ses articulations, principalement aux poignets et aux genoux… Avec un soupir de lassitude mêlé d'un grognement, Harry délaissa sa lecture. Il regarda ses mains et fit apparaître son aura. Sans surprise celle-ci était agitée, changeant de forme et de couleur… Le Survivant soupira derechef alors qu'une immense fatigue semblait s'abattre sur ses épaules. Il sentait la douleur de la Magiolis gagner ses elle était encore tolérable, il savait que dansquelques instantsles douleurs de la maladie s'attaqueraient à ses terminaisons nerveuses l'envoyant dans un enfer de souffrance… D'un geste de la main il fit apparaître une petite boîte en métal devant lui. Il l'ouvrit et poussa un gémissement désespéré : il n'avait plus de nectar de fée !

Il bascula sa tête en arrière, fermant les yeux de dépit. 'Comment ai-je pu oublier de m'en procurer de nouveau ?' se morigéna-t-il. D'un geste las, il se frotta le visage, retenant une grimace à la brûlure intérieure lancinante qui rongeait déjà ses phalanges et son poignet. Il n'aurait jamais la force d'aller jusqu'à l'Allée des Embrumes chercher ce don il avait besoin…

Acculé, il souffla doucement avant d'appeler :

« Kreattur !

Dans un pop sonore, l'Elfe de Sirius apparut devant lui. Apparemment il ne dormait pas encore car il regarda le jeune homme avec une vive curiosité mais aussi quelque chose d'étrange :

– Maître Harry est souffrant ?

Le-dit maître haussa un sourcil, 'depuis quand Kreattur se souciait-il de lui ?' semblait-il penser.

– Euh, oui… écoute Kreattur j'ai besoin de nectar de fée, tu pourrais aller m'en chercher ? Je ne te le demanderais pas si ce n'était pas urgent.

– Le Nectar de fée n'est pas bon pour la santé du maître… tenta l'Elfe clairement dubitatif sur le produit demandé.

–Oui, oui… je sais ça. Mais c'est ce dont j'ai besoin là maintenant !insista le père de Sasha qui serra les dents alors que la douleur se faisait de plus en plus lancinante. S'il-te-plaît Kreattur ! Tiens ça devrait suffir » ajouta-t-il en donnant à l'elfe une bourse pleine de Gallions qu'il sortit de sa poche.

L'Elfe reçut l'argent puis regarda le Sorcier avec une inquiétude grandissante. Cependant il ne tergiversa pas plus et disparut dans un claquement sonore.

Soupirant de soulagement, un Harry fébrile dodelina de la tête. Il aurait aimé ne pas impliquer l'Elfe dans ses problèmes de santé («Croisons les doigts pour qu'il ne dise rien à Sirius!» pensa-t-il) tout en se demandant si il était prudent pour lui de rester dans la petite bibliothèque. Quand, quelques minutes plus tard il sentit sa magie s'agiter et son aura se matérialiser malgré lui, faisant trembler les livres mais aussi les fioles de potions que l'Ordre entreposait derrière les étagères, il se décida à regagner sa chambre afin d'éviter qu'une catastrophe ne se produise !

Se levant avec difficulté de l'imposant fauteuil il gagna le palier de l'escalier. Là il se figea brusquement se mordant les lèvres pour ne pas crier ! Une douleur fulgurante l'avait saisi parcourant sa colonne vertébrale tel un éclair. Se retenant au mur, il regretta de ne pas avoir d'abord demandé à Kreattur de l'aider à regagner sa chambre. Accablé, il regarda déjà épuisé l'escalier qu'il lui fallait gravir… prenant son courage à deux mains, il respira profondément. En s'aidant du mur comme de la balustrade pour conserver un fragile équilibre, il monta doucement l'obstacle, marche après marche, tel un Sorcier centenaire… En plein milieu de l'escalier son corps s'arc-bouta soudainement, Harry laissa échapper un cri de douleur avant de s'effondrer où il était! Les muscles tétanisés, le père de Sasha voyait des points lumineux clignoter devant ses yeux alors que des élancements se répercutaient dans tous ses os, la douleur parcourant chaque nerf par vagues fulgurantes. Ne pouvant s'empêcher de gémir, Harry resta ainsi prostré, attendant que son mal s'atténua. Il lui sembla entendre vaguement un appel :

« Harry ! s'écria une Hermione affolée éveillée par le bruit du corps qui avait chuté.

Vêtue d'une simple robe de chambre, elle se précipita vers lui :

– Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu es malade ? demanda-t-elle angoissée par la lividité du double de son meilleur ami tout en l'aidant à se redresser.

–Ma chambre… Emmène-moi dans ma chambre…» souffla ce-dernier d'une voix suppliante en fermant les yeux sous le coups des élancements comme de la honte d'être découvert dans un tel état.

Sans chercher à comprendre, bien consciente de l'urgence, Hermione passa un bras autour des épaules du malade pour l'aider à atteindre le palier jusqu'à ladite pièce. Elle sentait le corps de l'ancien Auror contre elle qui s'agitait, comme pris de spasme. Surtout sa magie qui, semblant se réveiller, se répandait en ondes désagréables qui la faisaient frissonner.

Alors qu'ils entraient dans la chambre, cahin-caha, Harry se figea une fois de plus, se cambrant sous la douleur. La mâchoire crispée, un cri muet s'échappant de sa gorge, ses jambes ne pouvant plus le porter, il s'effondra dans les bras de la jeune préfète. Cette-dernière, ne pouvant supporter son poids, le laissa doucement reposer au sol.

« Ne t'inquiète pas Harry. Je vais chercher de l'aide ! lui indiqua-t-elle avant de se relever pour sortir.

Le jeune homme la retint cependant juste à temps. Dans un effort, il leva la tête pour lui lancer un regard vitreux. La respiration sifflante, une angoisse sans nom se voyant au fond de ses prunelles vertes il tenta d'expliquer :

– Rien dire… il ne faut pas… la porte… ferme la porte…»

L'esprit en pleine confusion du fait de la douleur, le Sorcier aurait appréciéqu'Hermione quitte la pièce mais il se doutait qu'elle n'en n'aurait rien fait.

Harry laregarda, elle semblaitindécise, se mordit les lèvres avant de finalement obéir. Il tenta de la rassurer par un sourire qui ne fut qu'une nouvelle grimace de douleur. Il avait l'impression d'avoir les articulations en feu ! Dans un cri, tous ses muscles se contractèrent alors que son corps expulsait brutalement une vague de magie pure. La puissance et la brusquerie de l'attaque firent tomber Hermione et chamboulèrent tout ce qui se trouvait dans la pièce !

Une fois la crise passée après quelques secondes, la préfète de Gryffondor se releva vivement. Elle vit le corps du père de Sasha en proie à de violents spasmes et se précipita auprès de lui.

Ce fut à ce moment là que Kreattur réapparut dans un POP sonore. Rouvrant les yeux malgré sa souffrance, Harry fit signe à l'elfe qui lui tendit une des fioles qu'il avait apportées. Emplit d'un liquide transparent mais étonnamment irisé, Hermione n'eut visiblement aucun mal à reconnaître ce que c'était et n'ignorait certainement pas que le produit fût illégal.

En tremblant l'ancien Auror prit la fiole et sortit de sa poche la petite boîte en fer qu'il tenta d'ouvrir. Agenouillée à ses côtés, la jeune fille l'aida à se soulever suffisamment pour qu'il puisse mieux agir. Elle sentait la fièvre gagner le Sorcier comme son aura qui faisait picoter sa peau par ses sursauts de magie… Presque fascinée, Hermione vit alors Harry ouvrir la boîte pour s'emparer d'une toute petite seringue. Les gestes malhabiles, du fait de ses tremblements, il réussit néanmoins à emplir la piqûre avec le produit puis sans même relever sa manche il se l'injecta dans le bras gauche.

Poussant un gémissement, 'de douleur ou de soulagement ?' sembla se demander la préfète pétrifiée, le Survivant s'effondra une fois de plus en se mordant la langue pour étouffer son cri. Un long frisson le parcouru alors, cependant que son corps se relâchait enfin, la douleur s'atténuant. Harry sombra totalement dans l'inconscience l'instant suivant…

Hermione en proie à l'angoisse avait dès lors le double de son meilleur ami totalement sonné et malade entre les bras. Elle hésitait à appeler mais Harry semblait ne pas vouloir que cela se sache. Avec un regard pour la fiole presque vide de nectar de fée, elle n'eut pas de mal à comprendre pourquoi… Soudain elle sentit le poids du corps entre ses bras s'alléger tandis qu'il s'élevait dans les airs. Elle vit Kreattur, à l'origine du Sort de Lévitation, transporter doucement son maître jusqu'à son lit. Il l'installa au milieu des couvertures puis lança un coup d'oeil calculateur à la jeune préfète en déclarant:

« Kreattur va surveiller son maître cette nuit. »

Si la Gryffondor s'étonna que l'elfe appela ce Harry « maîtr e» elle n'en dit rien et bien qu'inquiète acquiesça à la proposition du domestique, lui faisant promettre malgré tout de la prévenir si son état venait à empirer.

Elle regagna alors son propre lit, l'esprit préoccupé par la peur comme par l'incompréhension. Prit dans l'angoisse elle ne s'endormit que fort tard, dormant d'un sommeil perturbé.

...

Le lendemain, au petit-déjeuner l'ambiance était plutôt sage. Chacun se réveillant lentement, bercé par la radio sorcière comme par les délicieuses effluves des pancakes et autres saucisses grillées préparés par Mme Weasley. Hermione ne cessait de jeter des regards en coin en direction de son meilleur ami. Harry allait bien, ce qui semblait l'étonner. Elle se mordait les lèvres, réfléchissant intérieurement, tout en fixant l'attrapeur des Gryffondor si bien que celui-ci haussa les sourcils avec un air interrogateur. Avec un sourire un peu gêné, Hermione secoua la tête pour rassurer son condisciple.

Peu après, alors que les garçons partaient finir leurs bagages (ils devaient partir tôt le lendemain matin), Hermione faisait exprès de faire traîner le plus possible son petit-déjeuner. Pas qu'elle avait faim, au contraire une sourde angoisse lui pesait sur l'estomac, mais elle espérait voir le père de Sasha. Hélas celui-ci ne parut pas ce matin-là. Après avoir aidé la mère de Ron à débarrasser et fait un peu de ménage, Hermione se décida à suivre discrètement Sasha et Teddy qu'elle avait entendu dire «vouloir souhaiter bonjour à papa !». Elle monta l'étage juste derrière eux et les entendit frapper à la porte de l'ancien Auror. Ils eurent beau insister, elle resta cependant close. Teddy en déduisit :

« Il doit être déjà parti quelque part.

– Il nous a même pas embrassé…» lui répondit la petite Sasha d'une voix boudeuse.

Les deux gamins s'éloignèrent, sans doute pour gagner le salon. Hermione se précipita à la porte de la chambre. Elle savait que Harry était là, jamais il n'aurait pu quitter la maison dans l'état où elle l'avait laissé la veille… Elle frappa à son tour à la porte. Sans réponse, elle recommença en précisant cette fois «C'est Hermione !». Le battant s'ouvrit alors de lui-même et la jeune Gryffondor put voir Kreattur occupé à passer un linge humide sur le front trempé de sueur d'un Survivant livide.

« Il ne va pas mieux, constata-t-elle atterrée.

– Il a beaucoup dormi cette nuit, répondit le (il fallait le reconnaître) dévoué serviteur. Mais la fièvre l'a reprit il y a quelques heures. Kreattur ne sait pas ce qu'il faut faire.

Hermione s'approcha doucement pour se placer aux côtés de l'elfe. Harry semblait en proie à un cauchemar car il s'agitait dans son lit en gémissant. Elle passa sa main sur son front et put constater qu'il était effectivement brûlant.

– Y a-t-il une potion ou quelque chose que nous pourrions lui donner contre la fièvre ?demanda la jeune préfète, de plus en plus inquiète.

– Kreattur croit qu'il reste un peu de Pimentine dans le cellier…

– Je ne sais pas, avoua Hermione, il ne faudrait pas qu'il y ait des interactions avec ce qu'il a prit hier… Avec un soupire elle décida, si il n'y a pas d'amélioration d'ici ce midi on prévient les autres.»

Kreattur acquiesça manifestement soulagé de laisser la responsabilité de la santé de son maître à la jeune Sorcière. Cette-dernière libéra d'ailleurs l'Elfe afin qu'il vaque à ses occupations ordinaires pour ne pas attirer l'attention des autres habitants de la maison.

Veillant sur le double de son meilleur ami pendant de longues heures, Hermione lui épongea le visage, tentant de conserver l'esprit clair malgré la peur qui lui tenaillait le ventre. Bientôt prit dans un délire fiévreux, le pauvre Harry se mit à marmonner des mots indistincts jusqu'à sangloter presque. La jeune préfète se rapprocha de lui, murmurant des paroles de réconfort tout en caressant doucement ses mèches trempées. Soudain, le jeune homme ouvrit brutalement les yeux. Les pupilles dilatées, le regard vitreux, il sembla cependant reconnaître Hermione. Il s'empara de sa main qu'il plaça contre son coeur en disant d'une voix faible et suppliante :

« Minie ! Minie reste avec moi !

Hermione ne répondit rien, tétanisée par la surprise: Minie était le surnom que lui donnait ses parents, personne d'autre ne l'appelait ainsi !

Inconscient, noyé dans les brumes de son esprit, le Survivant continuait de parler subjugué par la jeune femme :

– Je n'y arriverais pas… J'essaie tu sais...avoua-t-il la voix tremblante.

– Je sais Harry, se crut-elle obligée de répondre.

– Sasha ! Je ne pourrais plus la protéger. Pardon, pardon!l'implora-t-il tandis que des larmes perlaient à ses yeux.

Plus bouleversée qu'elle ne saurait le dire, Hermione se pencha doucement vers le pauvre père :

– Chuut, tout va bien Harry. Sasha va bien, je te le promets.»

Longtemps elle lui murmura des mots d'apaisement touten serrant ses doigts autour de ceux du malade tandis qu'elle continuait de lui caresser le front de son autre main. Peu à peu le Sorcier finit par se rendormir. Hermione s'essuya les yeux. Touchée par la peur et la solitude de cet autre Harry, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une intense compassion et même ce qui pouvait ressembler à 'des sentiments ?' s'interroge-t-elle.

Alors qu'Harry recommençait à gémir en l'appelant dans son sommeil, la jeune femme, obéissant à son instinct se pencha au-dessus du Survivant et déposa un léger baiser sur ses lèvres. Cela sembla le calmer alors qu'Hermione sentait comme des papillons dans son ventre ainsi que des picotements sur sa bouche. Rougissante, s'efforçant de ne pas penser qu'elle venait 'd'embrasser son futur mari', elle continua de veiller Harry toute la matinée du moins jusqu'à ce que Ginny ne l'appelât après l'avoir cherchée dans toute la demeure.

...

Les habitants du QG de l'Ordre déjeunaient tous dans un calme relatif, en effet, les jumeaux venaient de révéler qu'ils ne rentreraient pas à Poudlard après avoir, semblait-il, bataillé ferme contre l'avis de leurs parents. Ron et Ginny faisaient part de leur stupeur lorsque la porte de la cuisine grinça.

Tout le monde se tût à l'entrée du père de Sasha. Ce-dernier avait un teint grisâtre, des cernes plus grandes que celles de Remus le lendemain de ses pires nuits de pleines et semblait avoir du mal à tenir sur ses jambes.

« Salut ! lança-t-il d'une voix qu'il tentait cependant de rendre enjouée.

– Papa !» s'écria Sasha en se précipitant vers lui, de toute évidence apeurée face à son état.

Harry la réceptionna en souriant doucement et lui offrit un câlin pour la rassurer. Sans la porter (comme si il craignait de ne pouvoir le faire), il la raccompagna à la table et s'assit à ses côtés.

Alors que chacun se demandait ce qui lui arrivait, Harry les ignora superbement et se servit en purée et petits pois, commençant à manger en discutant comme si de rien n'était avec ses deux enfants. Finalement les conversations reprirent, bien que nombre de regards en coin étaient lancés à l'encontre de l'ancien Auror.

A la fin du repas, les jumeaux emmenèrent pratiquement de force les autres Gryffondors au salon ayant «des instructions à leur donner concernant la vente de leurs inventions à leurs condisciples de Poudlard». Si Ron semblait s'insurger sur le fait de devenir «représentant de commerce», Ginny y vit le moyen de se faire de l'argent en réclamant une part sur chaque vente qu'elle était capable de réaliser… la conversation continua sur le même ton jusqu'à ce qu'ils aient quitté la pièce;le jeune Harry et Hermione suivant le mouvement bien que cette-dernière échangea un long regard avec le double de son meilleur ami.

Un peu plus tard, la préfète s'était réfugiée dans sa chambre, soi-disant pour rajouter un élément à son devoir de métamorphose mais en réalité pour pouvoir réfléchir au calme. Plongée dans son parchemin elle se disait que ce serait sans doute une bonne chose de retourner à Poudlard. En effet, l'ambiance lourde du Quartier Général de l'Ordre lui pesait, de plus, elle espérait que reprendre les cours lui ferait oublier l'angoisse ('et autres sentiments'susurra sa conscience) qu'elle ressentait pour l'ancien capitaine des Aurors. Quand on parle du centaure justement on en voit la queue… le père de Sasha se tenait devant la chambre qu'elle partageait avec Ginny. Il toqua bien que la porte fût déjà ouverte. Hermione leva les yeux de son devoir et vit l'adulte lui faire un sourire d'excuse.

« Je peux entrer ? fit-il incertain.

Elle opina évidemment, curieuse d'entendre sa version des faits.

– Tout d'abord je voudrais te remercier. Pour tout. Maintenant, je suppose que tu as des questions sur… eh bien sur ce qu'il s'est passé.

La jeune femme le fixa avant de s'exclamer péremptoire :

– Plutôt oui. Tu me dois des explications !

Harry s'avança jusqu'à se laisser tomber sur le sofa défoncé qui traînait contre le mur. Il eut une expression étrange tout en lançant un regard indécis sur son interlocutrice :

– Je ne me drogue pas, finit-il par dire, enfin si mais c'est parce que je n'ai pas vraiment le choix.

Devant la moue dubitative d'Hermione, il soupira avant d'expliquer, usant sans le savoir, du ton professoral que la préfète aimait tant :

– Le Nectar de fée est un ingrédient assez rare qui a deux propriétés bien distinctes. Il est euphorisant ce pour quoi il est interdit à la vente mais c'est aussi un inhibiteur de magie. C'est ce qui m'intéresse.

– C'est pour ça qu'il a calmé ta crise, comprit-elle.

Harry acquiesça.

– Ecoute, il faut que tu gardes ça pour toi d'accord ?

–Mais si tu es malade tu devrais peut-être…

–Rien du tout. C'est ma vie Hermione c'est moi que ça regarde d'accord ! Moi et personne d'autre! exigea-t-il avec véhémence.

La jeune femme regimba mais ne répondit que par une expression outrée.

– De toute façon Dumbledore est déjà au courant et il n'y trouve rien à redire » conclut le Survivant d'une voix plus normale, s'en voulant déjà de s'être emporté.

Hermione opina pour montrer qu'elle avait saisi, puis serrant les dents, elle se replongea dans son devoir signifiant par la même qu'il n'y avait plus rien à ajouter.

Avec un soupir, le père de Sasha quitta alors la pièce non sans jeter un regard empli de regret sur la jeune préfète.