Voilà un chapitre bien plus long que les autres, qui j'espère, vous plaira. Merci encore pour les reviews, vous n'imaginez pas à quel point ça me fait plaisir. L'une des reviews m'a d'ailleurs particulièrement touchée et lire ces petits encouragements ça ne me motive que davantage à écrire la suite ! De même que de voir les gens suivre ma fanfiction. Je ne dis pas cela pour que vous vous sentiez obligés de mettre un commentaire ou autre, je tenais juste à vous remercier et à vous exprimer ma reconnaissance. ^^ Je n'ai pas tellement confiance en moi et j'ai toujours du mal à partager mes écrits de peur de déplaire. J'ai d'ailleurs un sentiment d'excitation et d'appréhension à chaque fois que je publie un nouveau chapitre ! J'imagine que c'est du bon stress. Merci en tout cas de votre soutien. :) Mais assez parlé : bonne lecture ! Voici la danse tant attendue ! :D
Partie 2 : Danser avec un gentleman
Darcy était jaloux. Il voyait cet homme près d'elle… que lui racontait-il ? L'appréciait-elle ? Cela faisait bien cinq longues minutes qu'il la voyait lui sourire, lui parler et c'était plus qu'il ne pouvait le tolérer. Tout aussi peu attentif que précédemment, Darcy avait son regard fixé la demoiselle Bennet, une ride entre les deux yeux. Contrairement à ce qu'il avait dit à son ami, il ne prêtait pas un seul regard à Madame Bingley. Toute son attention était fixée sur Elizabeth Bennet et il se retenait de s'interposer entre elle et cet homme.
– Darcy, que vous arrive-t-il ?
À regret, il détourna brièvement le regard pour le porter sur son ami.
– Que voulez-vous dire ?
– Vous semblez bien distrait, ce soir. Et quoi que vous en disiez, je doute que ce ne soit à cause de ma femme, bien que votre regard soit tourné dans sa direction. J'en déduis donc que l'objet de votre préoccupation est Miss Bennet ou M. Madden.
Darcy ne tenta même pas de nier.
– J'imagine qu'ils ont été présentés.
– Oui, par moi-même. J'ai tenté de présenter Jane et sa sœur à la plupart de mes connaissances.
Et voilà le résultat.
– Je pensais M. Madden en Amérique.
– Il est revenu la semaine dernière pour ses affaires. Il m'a dit être satisfait de pouvoir profiter de la Saison.
– Vraiment ?
– Les rumeurs disent qu'il cherche une femme anglaise, confia Bingley. Il souhaiterait construire une famille.
Darcy ne se tendit que davantage.
– Je vois.
– Je suis sûr que vous vous entendriez bien avec lui. Je veux dire, en dehors du contexte des affaires. Le pauvre est poursuivi par les femmes pour sa fortune.
Darcy eut un sourire ironique. Il doutait sincèrement de s'entendre avec cet homme. Il l'avait certes fréquenté plusieurs fois, et fait affaire avec lui, comme l'avait souligné son ami. M. Madden était réputé comme quelqu'un de sûr et sur qui on pouvait compter. Sur le plan personnel, cependant, ils n'avaient jamais eu l'occasion de nouer une amitié. À présent, peu importe les qualités dont disposait l'américain, il estimait que cela n'arriverait jamais.
– Je vous propose dans ce cas d'aller vérifier votre théorie.
M. Bingley eut un sourire. Il n'était pas dupe de l'attitude de son ami et se réjouissait à l'idée d'un mariage entre son ami et la sœur de sa femme. Cela ne ferait que renforcer leur amitié. Il était de plus ravi de voir que son ami n'était pas aussi froid qu'il semblait le paraître, et pouvait éprouvé de la jalousie. Cela le rendait plus humain à ses yeux. Quant à porter son attirance sur une Bennet… ce n'était certainement pas lui qui allait le lui reprocher. Elles étaient toutes ravissantes, bien que Jane les dépassât toutes, selon lui. Après avoir vu son ami être apparemment insensible à toutes femmes, Bingley était en tout cas heureux de cette découverte. Miss Bennet n'en avait pas encore conscience, mais elle avait réussi, sans rien faire pour, là où toutes les femmes de Londres avaient échoué. Il emboîta donc le pas de son ami vers le trio qui discutait avec enthousiasme.
– M. Madden ! Nous avons à peine eu le temps de discuter, tout à l'heure.
– M. Bingley, M. Darcy. Je suis ravi de vous voir vous joindre à notre discussion.
Elizabeth expliqua alors, un sourire aux lèvres :
– M. Madden nous racontait des aventures très amusantes, qui lui sont arrivées en Amérique.
– Il fait bien ! Il aurait tort de ne pas les partager. Je suis moi-même friand de vos histoires, M. Madden ! Vous avez un tel art pour raconter, tout en ménageant le suspens avec brillant. Je vous envie.
– Merci, M. Bingley. Le plaisir le plus grand est cependant le mien.
– Laissez-moi en douter. J'ai vu à quel point vous avez fait rire ma femme et Miss Bennet. Il faudra que vous m'appreniez.
M. Madden rit doucement.
– Je ne pense pas avoir quoi que ce soit à vous apprendre, M. Bingley. Vous êtes un homme chanceux pour avoir marié une jeune femme pareille.
Bingley sourit, heureux qu'on lui rappelle qu'il était enfin uni avec elle.
– Il est vrai que la chance m'a souri.
Les mariés échangèrent un regard tendre et amoureux, un sourire leur mangeant le visage. Elizabeth, quant à elle, porta un instant son regard sur Darcy, qui se tenait un peu en retrait de son ami. Elle fut surprise de voir qu'il la regardait également. Leurs regards se croisèrent et la jeune femme fut soulagée de ne pas rougir. Elle remarqua qu'il semblait contrarié. Il avait une ride entre les yeux et son visage était plus fermé que jamais. Seul son regard, devenu sombre, parlait pour lui. Elle fut parcourue d'un frisson et même si elle aurait voulu le soutenir par défi, elle ne put supporter l'intensité de son regard plus longtemps. Elle le reporta donc sur M. Madden, dont le visage souriant lui était bien plus agréable à observer.
– Pensez-vous rester longtemps à Londres, M. Madden ? demanda-t-elle.
– Plusieurs mois, au moins. J'ai quelques affaires à régler. Je souhaite par ailleurs profiter des plaisirs de la Saison.
– Nous aurons dans ce cas sans doute le plaisir de vous revoir.
– Il n'y a pas de doutes là-dessus, répondit-il tout sourire. Restez-vous toute la Saison ?
– Au moins une grande partie, M. Madden.
– Je suis ravi de l'entendre, Miss Bennet.
Si les Bingley ne prêtèrent que peu d'attention à la conversation, trop occupés à se couvrir d'un regard amoureux, M. Darcy ne perdit rien de l'échange. Il voulut intervenir, mais ne savait quoi dire. Il avait clairement l'impression d'être de trop.
– Et vous, M. Darcy ? Aurai-je le plaisir de faire davantage votre connaissance lors de mon séjour à Londres ?
Darcy fut surpris qu'il se rappelle sa présence. Son sourire était aimable et il prit sur lui pour répondre aussi poliment qu'il lui était possible de l'être, à ce moment-ci, envers cet homme qu'il jalousait :
– Il est en effet possible que nous nous recroisons.
Même s'il ne l'espérait pas.
– Vous m'en voyez ravi ! répondit M. Madden, sans sembler être perturbé par la froideur de son interlocuteur. C'est alors que la musique retentit dans la salle. Tandis que les invités les plus rapides rejoignaient déjà la piste, M. Bingley se tourna vers Jane :
– Ma chère, souhaitez-vous danser ?
– Rien ne me ferait plus plaisir, répondit-elle.
– Miss Bennet, M. Madden, M. Darcy, veuillez nous excuser, dit alors M. Bingley, semblant se rappeler la présence des trois autres.
Jane inclina légèrement la tête en avant comme excuses, et posa sa main dans le creux du coude de M. Bingley. Ils s'éloignèrent et Elizabeth les suivit du regard.
– Miss Bennet, me feriez-vous l'honneur de danser avec moi ?
C'était M. Madden. Le regard d'Elizabeth s'éclaira un instant à la demande, avant de se souvenir qu'elle avait promis à M. Darcy, ses deux premières danses. La gêne s'empara d'elle.
– Je crains que Miss Elizabeth ne m'ait accordé ses premières danses, expliqua alors Darcy, comme quelqu'un qui réclamait son dû.
M. Madden le prit cependant bien.
– Oh, toutes mes excuses M. Darcy, je n'en savais rien. Mes excuses aussi, Miss Bennet.
Celle-ci lui adressa un sourire rassurant.
– Ne vous excusez pas, M. Madden. Je vous promets de vous réserver une danse ce soir, si vous le souhaitez.
Le sourire de l'homme s'agrandit.
– Je compte sur cette promesse, Miss Bennet, et ne manquerai pas de venir la réclamer.
Darcy fulminait, même s'il n'en montrait rien. Ne voulait-il pas non plus la demander en mariage devant lui ? Le voir courtiser la jeune femme ainsi, l'outrageait profondément. Il proposa son bras à Elizabeth. Le contact de sa main le brûla presque, mais il resta stoïque. Il l'entraîna donc vers la piste de danse, ravi de laisser derrière eux un M. Madden étonné. Il se plaça ensuite face à elle, et ils commencèrent à danser. Ses pensées étaient cependant restées avec l'importun, et il n'arrivait pas à profiter de ce moment en tête à tête avec elle, autant qu'il l'aurait souhaité.
– Vous semblez préoccupé, M. Darcy. Souffrez-vous d'un quelconque mal ?
La question de la jeune femme le ramena à lui, et apporta de la surprise dans son regard.
– Non, pas du tout.
– Aurais-je dans cas fait ou dit quelque chose qui vous déplait ?
Son incompréhension grandit face au regard mutin de la jeune femme.
– Non plus.
– Oh. Serait-ce donc là votre manière d'être habituelle ?
Il ne sut comment prendre cette pique.
– Ma manière d'être ?
Il fronça les sourcils, la ride s'intensifiant entre ses deux yeux.
– M. Darcy, si vous avez changez d'avis et que danser vous déplait, nous pouvons cesser. Je ne vous en voudrai pas. Je n'ai pas la prétention d'être assez bonne cavalière pour vous faire aimer la danser.
– Non, répliqua-t-il. Je suis ravi de danser avec vous.
Le regard absent et préoccupé qu'il avait depuis le début de la danse, disparut alors. Il raffermit sa prise autour d'elle, réprima les frissons de plaisir qui en découlèrent, et s'appliqua à mieux danser.
Elizabeth restait perplexe face au comportement de Darcy. Serait-il sujet à des sautes d'humeur ? Elle regrettait en tout cas de l'avoir ainsi provoqué. Elle était presque sûre qu'il l'avait invitée dans le but de l'humilier. Il gagnait ainsi ce petit jeu, en se montrait d'un esprit plus fin que le sien. Elle devait avouer qu'il avait alors été irréprochable, à ce moment-là. Par la suite, il s'était de nouveau montré très inconvenable, face à M. Madden. Le masque froid qui le caractérisait était revenu. Était-ce pour elle, ou pour le jeune homme ?
Elle ne voyait cependant pas ce que pouvait bien reprocher M. Darcy à M. Madden. Ce dernier était des plus charmants. Elle était heureuse que M. Bingley les ait présentés, et que l'américain soit venu la voir. Ils avaient discuté un moment tous les trois, avec Jane. Ça avait été agréable, et il l'avait fait beaucoup rire avec ses histoires. Contrairement à Darcy, il s'était montré avenant et souriant. Un vrai gentleman. Sans compter qu'il avait un physique aimable. De taille moyenne, il avait des cheveux châtain foncés et des yeux clairs rieurs. Ses traits étaient doux et son sourire généreux. Il respirait la joie de vivre, au contraire d'un autre homme. Aussi cela lui avait-il paru étrange de voir Darcy et Madden face l'un à l'autre. Les deux hommes semblaient complètement opposés dans leur caractère. L'un était froid et réservé, l'autre chaleureux et avenant. Elle regrettait qu'il ne l'ait pas invitée avant Darcy. Elle aurait alors eu une excuse pour refuser l'invitation du maître de Pemberley, et serait en ce moment-même, en train de danser avec M. Madden.
Souhaitant faire contre mauvaise fortune, bon cœur, elle se concentra sur la danse quand celle-ci commença. M. Darcy semblait cependant ailleurs, et elle ne put s'empêcher de lui faire remarquer son absence – non sans taquinerie. Bien qu'il affirma finalement être « ravi de danser » avec elle, elle n'en crut pas un mot. Sans doute décida-t-il de s'en convaincre lui-même. Le contact raffermi de ses mains sur elles, et le regard qu'il lui lança, la fit cependant douter. Cette soudaine proximité, mêlée à l'intensité de son regard, provoqua un malaise en elle. Aussi décida-t-elle de le rendre lui aussi mal à l'aise, en juste retour. Elle décida pour cela de faire la conversation, persuadée qu'il détesterait avoir à parler.
– Vous comptez donc rester quelques temps à Londres, M. Darcy ?
– Oui.
Il n'aurait pu faire réponse plus courte. Soutenir son regard la troublait beaucoup mais il aurait paru impoli de détourner le sien. Ne pouvant compter sur Darcy pour relancer la conversation, elle reprit :
– Maintenant, M. Darcy, c'est à votre tour. J'ai eu une question aimable, à vous d'en poser une ou bien de faire une remarque.
À son grand étonnement, ses traits se détendirent et il sourit. Ce n'était certes pas un sourire aussi éclatant que celui de M. Bingley, mais M. Darcy était lui aussi capable de sourire ! Un vrai miracle.
– Préférez-vous la vie à Londres ou celle à la campagne ?
Elle sourit à sa question.
– Chacun a ses avantages et ses inconvénients. J'ai hâte de me rendre au théâtre et à l'opéra.
– Londres, donc ?
– Londres offre de nombreux divertissements, oui. La campagne a cependant un charme qui lui est propre. J'aime être proche de la nature et profiter des promenades qu'elle a à offrir. À choisir, je préfère donc la campagne.
– Cela nous fait donc un point commun. Si vous avez un jour l'occasion d'aller dans le Derbyshire, n'hésitez pas à visiter Pemberley. Je pense que le domaine vous plairait.
Était-il vraiment en train de l'inviter ? Elle cacha son étonnement.
– Je n'en doute pas.
Elle avait préféré ne pas y voir une invitation, de peur d'avoir à y répondre. Elle avait entendu beaucoup de bien de Pemberley et aurait en effet été ravi de visiter le domaine, à la condition que son maître n'y soit pas.
Étonnée d'avoir affaire à un Darcy presque aimable, elle reprit :
– Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que l'on me vante les beautés de votre domaine. Il y a quelques mois, j'ai rencontré un gentleman qui n'en tarissait pas d'éloges.
– Vraiment ?
– Oui, mais je crois que vous le connaissez. Il se nomme George Wickham.
L'effet fut immédiat et n'échappa pas à Elizabeth. Un air de hauteur plus accentué se répandit sur le visage de Darcy, mais il resta un instant sans répondre. Quand il parla enfin, ce fut d'un air contraint :
– J'ai en effet eu le déplaisir de le connaître.
– Le déplaisir ? Il m'a pourtant paru très agréable.
Elle le sentit se tendre davantage. Il ne semblait pas ravi de la tournure qu'avait pris la conversation. À nouveau, il mit un moment à répondre, comme si cela lui coûtait.
– M. Wickham est doué de manières agréables qui lui permettent de se faire facilement des amis. Qu'il soit également capable de les conserver est une chose moins sûre.
Elle ne put s'en empêcher :
– Je sais qu'il a eu le malheur de perdre « votre » amitié, répliqua Elizabeth, et cela d'une façon telle qu'il en souffrira probablement toute son existence.
Darcy ne répondit pas, ne comprenant pas comment elle pouvait le défendre. Sans doute Wickham avait-il omis d'émettre les raisons qui l'avaient mené à perdre « son » amitié. Désireux de changer de sujet de conversation, ce fut lui qui reprit la parole :
– En parlant d'amitiés, bien que la soirée commence tout juste, vous semblez vous être déjà faite de nombreux amis.
Elizabeth sourit à cette remarque. Elle n'insista pas sur Wickham, et consentit à répondre :
– On peut parler à un homme et même danser avec lui, sans être son ami, M. Darcy.
Le sous-entendu lui semblait clair. Elle se demanda si M. Darcy le comprendrait. Elle ajouta cependant, après une brève pause :
– Mais M. Bingley a en effet eu la générosité de me présenter à ses amis.
Et notamment à M. Darcy lui-même. En toute réponse, celui-ci fit une remarque sur la nature aimable et généreuse de M. Bingley, qui le rendait apprécié de tous et expliquait son grand nombre d'amis. Il ne commenta pas le début de ses paroles et bien qu'il ne sembla pas les prendre pour lui, Elizabeth se demanda si sa fierté et son orgueil était si grandes qu'il ne put pas considérer faire partie des hommes dont parlait la jeune femme.
Oui, elle se serait assurément bien passée de cette présentation. Bingley et Darcy semblaient cependant trop amis pour qu'elle ait pu espérer un jour échapper à la compagnie de ce dernier. Au moins la première danse se terminait-elle. Plus qu'une, et elle serait libre. Non pas que ce soit si désagréable qu'elle l'aurait cru… Mais c'était un peu gênant, du fait des conditions qui les avaient amené à danser, et de son mépris pour cet homme. Elizabeth avait du mal à se laisser aller au plaisir que pouvait pourtant procurer la danse avec un aussi bon cavalier que M. Darcy. Le contact de ses mains la mettait mal à l'aise, la brûlant presque. Elle en avait même parfois des frissons, qu'elle associait à son dégoût pour cet homme.
– Votre maîtrise de la danse est impressionnante, fit-il soudain remarquer, comme s'il pouvait lire dans ses pensées. Vous avez assurément dû avoir un bon maître.
– Pas le moins du monde. J'ai appris dans le salon, avec mes sœurs. Nous sommes de ferventes danseuses et prenons beaucoup de plaisir à cette activité.
– Je vois.
Elle ne douta pas qu'il « voyait ». Elle avait bien vu son regarde de mépris sur ses sœurs, et notamment Kitty et Lydia, qui avaient passé la soirée du mariage à danser et à se faire remarquer un peu trop. Elles avaient beaucoup embarrassé Elizabeth, tout autant que le comportement exubérant de sa mère. Elle avait parfois – souvent même – honte de sa famille. Elle ne les aimait pour autant pas moins et ne permettait pas qu'on les juge ainsi. Espérant lui détourner les pensées de sa famille si tel était le cas, elle reprit d'un ton enjoué :
– Quand on vous voit si peu disposé à danser, on ne vous croirait pas si doué à cette activité, M. Darcy.
À présent que le sujet Wickham était éloigné, Darcy semblait plus détendu.
– Je n'aime danser que lorsque j'apprécie la partenaire, et même, la connaît bien.
Il ne devait pas y avoir beaucoup de personnes éligibles, dans ce cas. Sans doute sa sœur ? En tout cas, nul doute qu'il ne dansait avec elle que pour réparer l'affront qu'il lui avait fait. Son orgueil devait l'y obligeait. Pourquoi se serait-il imposé cela, autrement ?
– Votre supplice est bientôt terminé, ne vous inquiétez pas.
Le regard d'Elizabeth était amusé, comme toujours, mais son sourire était un peu crispé. Comprenant qu'il s'était mal fait comprendre, malgré son compliment sur les talents de Miss Bennet à danser, Darcy crut bon de rectifier :
– Cette danse m'est agréable.
Cela surprit Elizabeth. Puis elle comprit qu'il avait simplement voulu être poli, pour ne pas la vexer à nouveau. Elle lui adressa donc un sourire tout aussi poli, sans répondre. Mieux valait-il que Darcy ne s'imagine pas devoir réparer un nouvel affront pour satisfaire son orgueil et son estime de lui-même. Elle l'avait assez vu pour la soirée.
Ce fut avec soulagement que la dernière note de la danse résonna dans la salle. Ils s'écartèrent l'un de l'autre.
– Merci pour ces danses, Miss Elizabeth.
– Merci à vous, M. Darcy.
Ils se quittèrent ainsi. À nouveau, Elizabeth partit prendre un rafraichissement. Et s'éloigner le plus possible du maître de Pemberley. Après s'être rafraichi un instant, elle chercha sa sœur du regard. Celle-ci dansait avec son mari. Tous les deux semblaient aux anges et rayonnaient de bonheur. Elle sourit en les observant, et les envia. Un jeune homme vint alors l'inviter à danser. Elle accepta, ravie à l'idée d'effacer ces deux premières danses, par de nouvelles plus agréables. Darcy avait beau être un excellent partenaire, elle ne pouvait le supporter et avait détesté danser avec lui. Elle dansa donc avec divers partenaires bien plus agréables. Elle prit ensuite à nouveau un rafraichissement et fut abordé par une femme, Mme Green. M. Bingley l'avait présentée au couple, au début de la soirée. Elles firent connaissance et s'apprécièrent beaucoup. Son mari se joignit alors à eux, et ils discutèrent tous les trois. Puis le couple alla profiter de la danse. Une voix interpella alors Elizabeth.
– Miss Bennet, pardonnez-moi l'audace de vous rappeler votre promesse. Si vous le désirez, je suis prêt à vous en libérer, mais sachez que j'en éprouverais alors un grand regret.
Elle se tourna vers son interlocuteur qui lui tendait la main, et lui adressa un sourire franc et enjoué. Son regard pétillait de malice.
– M. Madden, je m'en voudrais de vous causer une telle affliction. De plus, je n'ai qu'une parole.
Elle glissa sa main dans la sienne. Elle était chaude et douce. M. Madden n'avait ni la rigueur, ni la technique de M. Darcy dans sa manière de danser, mais il comblait ce manque par son caractère agréable. Plein d'humour, il la fit beaucoup rire et l'amusa de ses anecdotes. Elle apprécia beaucoup cette danse et ne put en refuser une deuxième. La compagnie de l'américain était chaleureuse et après le comportement froid de Darcy qui ne cessait d'occuper ses pensées, elle lui fit du bien.
– Deux danses accordées, je suis un homme comblé ! Tous doivent me jalouser, ce soir, Miss Bennet.
– Permettez-moi de m'estimer la plus chanceuse, M. Madden. S'il y a des jaloux ce soir, ce seront plutôt des jalouses.
Il rit doucement et elle trouva ce son charmant.
– Jalouses de votre beauté, oui. Je dois vous faire une confession : tous n'ont d'yeux que pour vous, ce soir. Hommes mariés compris. Quand on vous voit, on ne peut leur en vouloir.
Elle rougit à cette révélation, bien qu'elle ait du mal à le croire.
– Assurément, ces gentlemen parlent de ma sœur. Elle était encore Miss Bennet, il y a peu.
– Je peux vous assurer que non.
Serait-ce donc vrai ? Et qu'en était-il, de lui ? M. Madden était-il compris dans ce « tout » ?
– Ne serait-ce pas plutôt un moyen détourné de me complimenter ? Seriez vous homme à vous cacher derrière un « tout » et des « on », Monsieur ?
– Oh non ! s'exclama-t'il en souriant. J'admire certes votre beauté, mais votre esprit m'a encore davantage charmé. Quant à me cacher, ne sommes-nous pas en train de danser ?
Elle rougit devant autant de compliments.
– Vous êtes un beau parleur, Monsieur.
– C'est que, à trop fuir les femmes, je ne sais plus comment leur parler.
– Vous, fuir les femmes ? Voilà qui m'étonne. Vous devez vous confondre avec M. Darcy.
Elle s'en voulut d'avoir amené le sujet sur cet homme. Qu'avait-elle, à gâcher une si agréable conversation par le nom d'un homme qu'elle méprisait ? Elle ajouta rapidement :
– Quant à bien parler, n'ayez aucune crainte sur ce sujet, vous semblez au contraire très bien maîtriser cet art.
M. Madden sembla cependant s'amuser de cette comparaison avec le maître de Pemberley, et revint sur le sujet :
– Merci. Mais détrompez-vous, M. Darcy et moi-même avons de nombreux points communs. Celui des femmes en est un.
– Vraiment ? Dîtes m'en plus, vous m'intriguez, Monsieur.
– Eh bien, nous fuyons tous deux les femmes avides, et encore davantage leurs mères, prêtes à tout pour marier leurs filles.
Elle rit doucement mais la pensée de sa mère, qui répondait parfaitement à cette description, lui serra un peu le cœur.
– Cependant, M. Darcy ne se contente pas aux femmes avides. Il fuit tout forme de société, et encore davantage quand celle-ci lui est inférieure.
M. Madden haussa un sourcil.
– Vraiment ? J'ai pourtant eu une fois l'occasion de passer par Pemberley, et j'ai vu M. Darcy traiter son personnel avec une bienveillance rare, de la part d'un maître.
Elle regretta d'en avoir trop dit, mais fut troublée par cette révélation qui contrastait avec tout ce qu'elle connaissait de l'homme en question.
– Dans ce cas, Pemberley doit être capable de miracles, conclut-elle.
M. Madden semblait cependant vouloir continuer sur le sujet.
– Vous semblez avoir bien peu d'estime pour M. Darcy, dit-il dans un sourire. Le connaissez-vous depuis longtemps ?
– Non, mais j'ai entendu de nombreuses histoires sur lui, et son comportement ne fait que les confirmer.
Elle se confiait beaucoup à lire et lui en disait sans doute trop. Elle avait cependant l'intuition qu'elle pouvait lui faire confiance.
– Il vous a pourtant invité à danser.
– Uniquement pour se pardonner lui-même un affront qu'il m'avait fait.
M. Madden sourit.
– Et dont vous lui tenez toujours rigueur, à ce que je vois. Rappelez-moi de ne jamais vous offenser, Miss Bennet.
Elle rougit un peu mais ne perdit pas de son assurance. Le regard pétillant de malice, elle répondit :
– Votre comportement est trop aimable pour cela.
Cela le fit rire et c'est dans la bonne humeur qu'ils terminèrent cette danse. N'osant en entamer une troisième ensemble, de peur d'alimenter les rumeurs, ils allèrent prendre un rafraichissement. Ils pouvaient ainsi continuer à discuter. Ils furent tous les deux surpris de partager autant de points communs. Ils étaient d'accord sur la plupart des sujets et partageaient les mêmes avis. La discussion tourna alors bientôt autour de leurs lectures respectives. Elizabeth fut ravi de voir qu'ils avaient également cet intérêt en commun. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ils étaient là aussi, presque toujours d'accord sur le fait que tel auteur était merveilleux, et que tel autre ne méritait pas autant les éloges qu'on lui portait. Elle craint un instant qu'il joue le jeu d'aimer tout ce qu'elle aimait pour mieux lui plaire, mais c'était bien souvent lui qui nommait le premier l'un de ses auteurs favoris, pour en faire son éloge. Il était donc sincère, et elle en fut enchantée. Ils parlèrent longtemps, heureux de se découvrir et d'apprécier chacun un peu plus l'autre. Ils furent cependant interrompus par M. Bingley qui demanda à danser avec Elizabeth et s'excusa de « l'enlever » ainsi à leur discussion. Bien qu'elle aurait préféré continuer à discuter en tête à tête avec M. Madden, elle accepta avec un grand sourire et glissa sa main dans le creux de son coude.
– Ma sœur vous aurait-elle délaissé, mon cher M. Bingley ?
Celui souriait.
– Enlevée, pour être exacte. Par M. Darcy lui-même.
Elle en fut étonnée. Pour un homme qui n'aimait pas danser… Alors que son cavalier et elle-même se mettaient à danser, elle regarda autour d'eux et les aperçut en effet, plus loin. Cela lui fit étrange de les voir danser ensemble et elle en ressentit un certain malaise. Jane semblait toute intimidée mais affichait un doux sourire. M. Darcy s'appliquait à bien danser, et elle remarqua qu'ils discutaient un peu. Elle se demanda quel pouvait bien être le sujet de leur conversation, et lequel des deux l'avait initié.
– Pensez-vous qu'il s'entendront ? ajouta M. Bingley.
Elizabeth sourit devant cette soudaine inquiétude. Était-ce pour cela qu'il l'avait invité à danser ? Pour éteindre ses doutes et calmer ses craintes ?
– Mon cher frère, Jane aime tout le monde et ne voit que les qualités de chacun. Assurément, M. Darcy ne sera pas une exception. D'autant plus que du fait de votre amitié, elle voudra bien s'entendre avec lui pour vous faire plaisir.
M. Bingley en fut rassuré et son visage retrouva son sourire habituel.
– J'espère que Jane l'appréciera sans avoir à se forcer.
Elizabeth le rassura à nouveau, puis il y eut un léger silence. M. Bingley le brisa quelques instants après :
– M. Darcy est le meilleur homme que je connaisse, vous savez. Il peut paraître peu avenant, mais ce n'est là qu'un masque qu'il se donne. Il est en réalité tout à fait différent. Être son ami est une grande chance, et une grande fierté.
À nouveau, elle ressentit un léger malaise. Pourquoi M. Bingley lui faisait-il l'éloge de M. Darcy ? Ils étaient certes amis, mais elle n'aimait pas entendre les gens chanter l'éloge de cet homme. Il ne les méritait pas. Elle était sûre qu'il se comportait bien avec Bingley, mais il en était tout autre du reste et de ceux qu'il jugeait comme lui étant « inférieur ».
– L'amitié que vous entretenez est en effet admirable.
Surtout avec un tel homme.
– Oui. Mais parlons de vous ! Vous êtes-vous fait de nouveaux amis ce soir ?
Elle sourit et acquiesça.
– Je le crois. J'ai en particulier beaucoup apprécié M. et Mme Green.
– Ce sont des gens charmants ! commenta-t-il avec enthousiasme.
– C'est le cas, oui. M. Madden, également, m'a semblé être un parfait gentleman.
M. Bingley acquiesça
– En effet. Il est toujours agréable de discuter avec lui.
Elle sourit, contente de voir qu'elle n'était pas la seule à le penser. Même si M. Bingley aimait tout le monde.
– Le connaissez-vous depuis longtemps ? demanda-t-elle.
– Quelques années. Nous avons déjà eu l'occasion de traiter ensemble. M. Darcy et moi-même cherchions un troisième actionnaire à l'époque. M. Darcy connaissait M. Madden et lui a proposé de se joindre à nous. C'est ainsi que je l'ai rencontré.
En définitive, elle devait donc la rencontre de M. Madden à… M. Darcy ? Cette idée ne lui plut pas. C'était M. Bingley qui les avait présentés, et elle préférait en rester là. Elle eut une réponse aimable puis détourna la conversation sur un sujet moins dangereux pour elle : le voyage de noces des Bingley. Son cavalier, trop heureux de pouvoir parler de Jane et de leur voyage, ne se fit pas prier.
Tous les hommes se seraient sans doute accordés à dire que Jane était la plus belle de toutes les Bennet. Il ne pouvait lui-même le nier. Pourtant, sa sœur Elizabeth avait selon lui beaucoup plus de charme que son aînée. Il aimait particulièrement ses yeux qui brillaient d'intelligence et de malice. Il adorait son sourire bien que celui-ci lui était rarement adressé. Il pensait beaucoup à elle, et c'était une fois de plus le cas, alors qu'il dansait avec la femme de son ami. L'initiative d'inviter Jane n'était pas réellement venue de lui. Il faisait grise mine quand M. Bingley, à qui l'humeur de son ami n'avait pas échappé, s'était exclamé :
– Je m'étais promis une danse avec Miss Bennet. Je ne voudrais cependant pas que ma femme se sente délaissée. Cela vous gênerait-il de l'inviter à danser, M. Darcy ?
Celui-ci avait d'abord pensé refuser avant de comprendre le sens de tout ceci. Cela faisait un bon moment qu'il observait discrètement Elizabeth parler avec cet homme. Il les avait d'abord vu danser et son cœur s'était serrée de la voir si en confiance avec un autre que lui. Ils semblaient partager une réelle intimité. Une intimité qu'il avait lui-même recherché avec elle, mais qu'elle ne lui avait pas offert. Le cœur serré de voir M. Madden danser avec la seule femme de la salle qui éveillait son intérêt, il restait dans son coin et refusait tout approche. Il ne voulait pas danser et n'était pas vraiment d'humeur à discuter. Ne faisant cas de cela, M. Bingley s'était approché pour lui faire la conversation alors que Jane discutait avec une de leurs connaissances. En voyant son ami de si méchante humeur, il avait alors émis cette idée.
Et M. Darcy avait accepté, hautement reconnaissant à son ami de faire ce que lui-même ne pouvait faire : éloigner Elizabeth de M. Madden. Danser était bien peu en comparaison. Il se sentit étrangement soulagé et sa jalousie s'amoindrit. Aussi put-il discuter tranquillement avec l'aînée Bennet et même l'apprécier. Il s'était déjà fait la remarque, mais se la fit à nouveau : Mme Bingley avait un caractère très semblable à celui de son mari. Il aurait fallu être difficile pour ne pas l'apprécier. Il se montra donc aussi aimable que possible et lui adressa même des sourires. Il la sentait un peu tendue, mais au fil de la danse, elle perdit de sa timidité. Il s'ouvrit un peu à elle, comme elle le lui permettait – au contraire de sa sœur. Et de temps en temps, du coin de l'œil, il observait Bingley et Elizabeth danser ensemble. Il jalousait son ami car il n'aurait pas été contre une troisième danse. Les deux premières ne s'étaient pourtant pas très bien passées. Il avait beau essayé de lui faire comprendre qu'il appréciait sa compagnie, elle semblait entendre tout le contraire. Sans compter qu'elle avait ardemment défendu Wickham. Cela l'avait profondément énervé. Il en avait d'abord voulu à Elizabeth avant de lui pardonner rapidement : elle ne connaissait pas la nature profonde de cet homme. Celui-ci était tout à fait aimable en apparence et même charmant en tout point. Sa propre sœur s'était fait piéger. Aussi ne pouvait-il en tenir rigueur à Elizabeth. Il regrettait simplement qu'elle ait elle-aussi croisé le chemin de Wickham, et il se demanda quel lien les unissait. Cette question l'avait grandement préoccupé… Jusqu'à la voir danser et rire avec M. Madden. Elle était si belle, si intelligente, si charmante… Il aurait voulu l'arracher à son bras pour la garder rien que pour lui.
Le cœur étrangement serré, il reporta son attention sur sa partenaire et lui adressa un mince sourire. Quitte à danser avec Jane, il décida alors d'en tirer profit :
– Vous semblez très proche de vos sœurs.
La jeune femme acquiesça, le regard brillant. Ses joues rosirent un peu.
– Oui, en effet. En particulier d'Elizabeth. Nous nous entendons très bien et avons toujours été très proches. Je suis ravie qu'elle soit avec nous pour la Saison car son absence m'est difficile.
– Je vous comprends. Il m'est moi-même difficile de rester longtemps loin de ma sœur.
Jane sourit, compréhensive.
– M. Bingley m'en a dit beaucoup de bien. Elle s'appelle Georgiana, c'est cela ?
– Oui. Elle a 16 ans. C'est pourquoi elle n'est pas présente ce soir.
Jane pensa à ses sœurs. Malgré leur jeune âge, elles allaient déjà à des bals.
– A t'elle hâte de sortir en société ?
Darcy eut une mine un peu inquiète.
– Je n'en suis pas sûre car elle est très timide. D'un autre côté, j'ai peur qu'elle se sente un peu seule. La compagnie d'un frère ne peut remplacer celle d'une mère ou d'une sœur.
Son regard se porta alors sur Jane alors qu'une idée lui venait. Celle-ci dut lire dans ses pensées car elle proposa :
– Si vous le souhaitez, M. Bingley et moi-même serions ravis de vous recevoir avec votre sœur un jour.
Darcy esquissa un sourire sincère.
– Ce serait avec plaisir. Je suis sûre qu'elle serait ravie de faire votre connaissance, ainsi que celle de votre sœur.
Ils se sourirent et échangèrent encore quelques mots avant que la danse ne se termine. Ayant beaucoup apprécié la première, M. Darcy lui en proposa une seconde. Ravie de cet honneur, Jane accepta. Il était un très bon cavalier, et très aimable en plus de cela. Décidément, elle ne comprenait pas l'attitude de sa sœur envers le gentleman. Elle se promit de l'interroger pour en découvrir les dessous.
Le reste de la soirée se déroula bien. Après avoir dansé deux fois avec M. Bingley, Elizabeth discuta un moment avec lui, Jane et Darcy. Elizabeth se montra polie envers le maître de Pemberley mais lui parla aussi peu que possible. D'autres personnes se joignirent alors eux, venant échanger quelques mots avant d'aller voir d'autres personnes. Quant les Green s'approchèrent, Elizabeth en profita pour présenter Mme Green à Jane, et toutes les trois discutèrent longuement, alors que son mari se joignait à Darcy et Bingley. Quand ce dernier voulut à nouveau danser avec sa femme, Elizabeth resta avec Mme Green, qu'elle appréciait beaucoup. Elle jetait parfois des regards discrets aux deux hommes et remarqua que Darcy, sans pour autant être bavard, semblait apprécier M. Green. Elle crut même le voir sourire une ou deux fois, mais n'en fut pas certaine.
Bientôt, il se fit tard et il fut temps de rentrer. Elizabeth regretta de n'avoir pas pu discuter à nouveau avec M. Madden, en tête à tête. Elle avait beaucoup apprécié leurs danses et la discussion animée qui avait suivi. À un moment, elle l'avait vu danser avec d'autres femmes, et en avait éprouvé une certaine jalousie. Puis elle l'avait de nouveau perdu du regard, jusqu'à l'apercevoir près des rafraichissements, en pleine discussion avec un couple. Comme s'il avait senti son attention sur lui, il avait tourné légèrement la tête et leurs regards s'étaient croisés. Elle avait rougi un peu mais avait répondu au sourire plein de charme qu'il lui avait alors adressé. Leurs regards s'étaient à nouveau croisés plusieurs fois et au moment où elle quittait Mme Green en échangeant avec elle des espoirs de se revoir, il était apparu devant elle.
– Vous ne comptiez tout de même partir sans me dire au revoir, Miss Bennet N'est-ce pas ?
Son regard s'alluma et elle lui adressa un doux sourire.
– Loin de moi cette idée, M. Madden.
– J'ai été ravie de vous rencontrer, Miss Bennet. Puis-je espérer de vous revoir bientôt ?
– Assurément. Comme je vous l'ai dit plus tôt, je compte bien profiter des plaisirs de la Société.
– Dans ce cas, j'attendrai notre prochaine rencontre avec grande impatience.
Elle hésita… puis répondit :
– Mon impatience sera égale à la vôtre, M. Madden.
Il lui adressa un sourire éblouissant qui la fit doucement frissonner. Prenant sa main, il y déposa un baiser.
– À bientôt dans ce cas, Miss Bennet.
Elle sourit, aux anges.
– À bientôt, M. Madden.
Elle le regarda s'éloigner et rejoignit les Bingley, qui étaient avec Darcy. Elle salua ce dernier poliment.
Le retour à leur résidence se passa bien. Sur le chemin, ils discutèrent allègrement de la soirée. M. Bingley souligna qu'elles avaient fait forte impression et se réjouit avec elles du déroulement du bal. Ils avaient passé une excellente soirée. Quant ils arrivèrent, ils se couchèrent aussitôt, épuisés. Elizabeth se refit toute la soirée dans sa tête. Sa présentation à la Cour s'était bien passée, et elle avait hâte de revoir les Green. Elle s'était rapidement liée d'amitié avec Mme Green et était soulagée de trouver quelqu'un avec qui elle puisse autant s'entendre, en dehors de Charlotte et Jane. Ses pensées dérivèrent alors vers Darcy. Elle ne savait plus quoi penser de lui. Son comportement était tour à tour insultant et aimable. À Londres, tout le monde ne cessait de tarir d'éloges à son sujet. Tous semblaient le tenir en haute estime. Se pouvait-il qu'ils ignorent à ce point la vraie nature de Darcy ? Et notamment, ses agissements avec Wickham ? Elle avait dû mal à croire que ce comportement puisse avoir été bien vu par la haute société. Pourtant, plus elle passait de temps avec Darcy, et plus son opinion sur lui se confortait : il était un homme trop fier et rempli d'arrogance. Au moins pouvait-on lui reconnaître qu'il ne cherchait pas à plaire.
Ayant gardé le meilleur pour la fin, elle laissa ses pensées dériver vers cet homme qui l'avait particulièrement charmée, ce soir. Elle se sentait chanceuse d'avoir pu danser deux fois avec lui, et d'avoir ainsi converser avec l'américain. Les yeux fermés, elle laissait ses pensées dériver. Rompue de fatigue, elle s'endormit, un sourire aux lèvres, sur le visage de M. Madden.
J'espère que vous avez apprécié. J'espère en tout cas pouvoir vous partager la suite assez rapidement. J'avais un peu d'avance mais je l'ai perdue du fait de ce chapitre qui m'a pris un peu de temps, donc il faudra m'excuser de vous faire attendre à nouveau. Je vous promets de faire au mieux. :)
Et si vous le voulez/pouvez, n'hésitez pas à me faire savoir ce que vous avez pensé de M. Madden, j'en suis curieuse. ^^
