Bonne année !
Pour bien la débuter, je poste ce chapitre que j'ai enfin réussi à terminer. J'espère qu'il vous plaira. Merci en tout cas pour votre soutien ! Je suis contente que cette histoire vous plaise tant et je ferai mon possible pour la mener jusqu'au bout.
Bonne lecture !
Les jours qui suivirent se devaient d'être remplis d'activités. Les discussions autour du grand bal avaient finalement eu le temps de se propager et leur principal sujet était les sœurs Bennet dont l'une s'était mariée à M. Bingley et l'autre restait encore un cœur à prendre. Si bien qu'ils eurent la visite de nombreuses connaissances de M. Bingley qui souhaitaient tous en apprendre davantage sur sa nouvelle épouse et sur sa sœur, Miss Bennet. Qui dit visites, dit aussi invitations qu'ils acceptaient parfois avec joie, parfois par politesse. Jane et Elizabeth n'avaient jamais côtoyé autant de gens en aussi peu de temps. Celui qui leur restait était dédié à la décoration de la maison londonienne qui correspondait pour le moment aux goûts un peu trop orangés de Miss Bingley. En dépit du désir de Jane de ne rien changer, M. Bingley avait tenu à ce que son épouse fasse quelques arrangements. Il souhaitait qu'elle se sente véritablement chez elle et pour cela, rien de tel que de s'approprier les lieux par leur décoration. Elizabeth la conseilla donc de son mieux mais la véritable aide vint de Mme Green qui avait une connaissance et un goût raffinés dans ce domaine et qui, par sa générosité, se fit un plaisir de leur faire connaître les meilleures boutiques de Londres et de partager son propre réseau. Peu à peu, des tapisseries, des rideaux, des tapis et autres fournitures furent commandés à un prix d'ami.
Parmi les visites reçues, celle de M. Darcy et de sa sœur furent récurrentes. Une amitié s'était rapidement formée entre les sœurs Bennet et la jeune Miss Darcy, au plus grand plaisir de M. Darcy qui essayait cependant de cacher son contentement. Les trois jeunes femmes discutaient avec animation et riaient beaucoup. Fort heureusement pour Elizabeth qui ne supportait pas l'ami de M. Bingley, une fois M. Darcy assuré que sa sœur était détendue en présence des sœurs Bennet, les deux hommes s'enfermaient bien souvent dans le bureau pour boire et fumer, laissant les femmes aborder des sujets qu'elles n'auraient autrement osé évoquer, en présence des hommes. La complicité était réelle et telle, que le plaisir qu'Elizabeth éprouvait à voir Miss Darcy, dépassa bientôt le déplaisir que lui procurait la visite de M. Darcy. Un déplaisir partagé avec l'intéressé, si elle en jugeait la distance qu'il prenait soin de mettre entre eux et les regards toujours plus méprisants qu'il lui lançait. Lorsqu'elles n'étaient que toutes les deux, Miss Darcy continuait de sous-entendre le contraire mais Elizabeth ne pouvait voir dans les regards de M. Darcy, que la hauteur et le jugement qui l'avaient caractérisé lors de leur première rencontre. Pour ne pas froisser sa nouvelle amie, elle se contentait cependant d'acquiescer et changeait de sujet avec toute la délicatesse que cela demandait.
Au fil des jours, les visites se calmèrent mais la tranquillité ne devait pas avoir lieu. Deux nouvelles préoccupations firent jour. La première était arrivée par la poste de bon matin. M. Bingley avait reçu une lettre de sa sœur qui séjournait en ce moment chez les Hurst. Elle arriverait d'ici une semaine et resterait un temps indéterminé pour pouvoir profiter des plaisirs de la Société. Une bien mauvaise nouvelle pour Elizabeth qui ne supportait pas la sœur de M. Bingley pour avoir fait du tort à Jane. Elle ne se souvenait que trop bien de ses remarques envers sa famille et de sa tentative non dissimulée de décourager M. Bingley de marier Jane. Cette dernière, le cœur toujours plein de bonté et peu rancunière, ne voulut pas blesser son mari et répondit seulement qu'elle serait ravie d'accueillir chez eux celle qui était à présent sa sœur.
La seconde préoccupation, bien plus joyeuse, était celle d'un bal à venir auquel ils devaient se préparer. Cela supposait de nouveaux habits. Bien qu'Elizabeth refusa d'abord une telle générosité de la part de M. Bingley, elle dut finir par s'y plier quand Jane fit remarquer qu'elle ne pouvait pas porter la même robe à deux événements différents. Cela serait mal venu. La mention de M. Madden qui serait sûrement présent à ce bal, suffit à faire plier la plus jeune. Jane et Elizabeth passèrent donc une matinée entière à faire des emplettes. Après le déjeuner, elles rendirent visite à Mme Green et passèrent en sa compagnie une agréable après-midi. Elles rentrèrent cependant tôt car ils devaient se rendre au théâtre, ce soir-là. Si elle avait hâte d'assister à la représentation, Elizabeth n'avait pas été des plus ravies quand elle avait appris qu'elle devait ce bonheur à M. Darcy. Alors que M. Bingley comptait acheter des places, son ami lui avait généreusement proposé de leur faire partager sa loge – et ce, durant toute la Saison. Une offre qu'on ne pouvait pas refuser, étant donné qu'il s'agissait de la meilleure vue de toute la salle.
– Darcy est friand de théâtre, c'est pourquoi il réserve cette loge chaque saison. Il est très généreux de sa part de nous en faire partager car pour en avoir déjà profité par le passé, je puis vous dire que c'est là la meilleure place pour profiter de la représentation.
Elizabeth se serait contentée de n'importe quelle place dans la pièce, pourvu qu'elle n'ait pas à supporter M. Darcy. Cela, elle ne pouvait cependant pas le dire. Elle était ici sous la protection de M. Bingley et elle avait eu conscience, en acceptant l'invitation de sa sœur et de son mari, qu'elle serait dans l'entourage de M. Darcy. Il faisait partie de la haute société et était surtout le plus proche ami de Bingley. Les joies de Londres devaient néanmoins lui permettre de compenser le désagrément de devoir le tolérer. Elle avait de plus un espoir pour ce soir : celui de revoir M. Madden. Ne lui avait-il pas dit qu'il était fervent de théâtre, lui-aussi ? Elle choisit une robe verte qu'elle avait ramenée de Longbourn. Jane et M. Bingley lui en avaient déjà offert deux – c'était bien plus que sa fierté ne pouvait supporter. Sa robe serait loin d'égaler celles qu'elle verrait ce soir, elle le savait, mais il n'y avait qu'une seule personne dont elle désirait l'attention. Elle espérait qu'il prendrait plus d'intérêt à son esprit qu'à la richesse de sa tenue.
Les deux sœurs se changèrent et se coiffèrent avec l'aide des servantes, tout en discutant avec enthousiasme de la soirée à venir. Elles avaient déjà assisté à une pièce étant jeunes, avec M. Bennet. Elizabeth avait particulièrement apprécié. Depuis, elles n'avaient cependant pas eu l'occasion d'en revoir. Leur tâche terminée, les servantes partirent, laissant les deux sœurs seules. Celles-ci agrémentèrent leur tenue de quelques bijoux tout en continuant leur discussion. Il ne fallut pas longtemps, à présent qu'elles étaient seules, avant que le sujet des gentlemen ne revienne sur le tapis.
– Détrompez-moi si je me trompe, mais votre enthousiasme est-il seulement dû à la pièce à laquelle nous allons assister ?
Elizabeth se sentit un peu rougir.
– Douteriez-vous de mon engouement pour le théâtre, ma chère sœur ?
– Non, bien sûr que non. Seulement je me demande si c'est là l'unique raison de ce sourire que vous affichez depuis ce matin. Même l'annonce de l'arrivée de Miss Bingley ne vous l'a pas retirée. Je sais pourtant que vous ne l'appréciez guère.
Le sourire de la brune s'élargit.
– C'est vrai. La raison est que j'espère revoir ce soir un ami que je me suis fait.
– C'est bien ce dont je me doutais. J'imagine que cet ami n'est pas M. Darcy.
Un pli se fit entre les yeux d'Elizabeth.
– Ma chère Jane, pourquoi serait-ce M. Darcy ? Cet homme n'a fait qu'être odieux et insuffisant, depuis que je l'ai rencontré.
Jane voulut prendre la défense du gentleman mais songea que cela lui ferait plus de mal que de bien. L'ainée savait que tant qu'Elizabeth n'aurait pas réalisé par elle-même les qualités de M. Darcy, elle ne ferait que surenchérir sur ses défauts. C'était une discussion qui ne mènerait pour le moment à rien.
– C'est donc qu'il s'agit de M. Madden.
À l'évocation de ce nom, le regard d'Elizabeth se fit brillant. Depuis leur dernière discussion à ce sujet, son imagination avait eu le temps de faire les siennes et elle était persuadée qu'elle ne pourrait qu'approuver à nouveau l'homme, lors de leur prochaine rencontre. Elle souhaitait le revoir ne serait-ce que pour confirmer qu'il était aussi gentleman qu'elle ne se l'était imaginé.
– Oh Jane, pensez-vous qu'il sera là ce soir ? Il m'a dit aimer le théâtre et je ne puis qu'espérer le revoir. Il a été si charmant durant le bal de présentation.
– Je ne puis en être sûr mais je l'espère pour vous. Le meilleur moyen de le savoir est de nous y rendre au plus vite pour le découvrir par nous-mêmes.
Elles échangèrent un sourire complice. Quelques minutes plus tard, les sœurs Bennet descendirent. La voiture avait été appelée et M. Bingley les attendait déjà.
Une fois au théâtre, ils furent conduits à la loge de M. Darcy. Celui-ci se leva à leur arrivée pour les saluer. Il était accompagné de sa sœur Georgiana qui leur adressa un sourire avenant. Celui-ci contrastait avec le visage fermé de son frère.
– M. Bingley, Mme Bingley, Miss Bennet. Je suis heureuse de vous revoir.
Elizabeth et Jane lui adressèrent un grand sourire en retour. Elles l'appréciaient déjà comme une sœur.
– C'est un bonheur partagé, Miss Darcy.
Ils prirent place sur les chaises dans l'attente du début, Elizabeth aux côtés de Georgiana qui était elle-même à la gauche de son frère. Jane s'assied de l'autre côté de sa sœur et son mari à sa gauche.
Une fois assise, Elizabeth laissa son regard courir sur l'assemblée. Il y avait tant de monde… L'objet de ses pensées était-il présent dans assemblée ? Elle reporta son regard sur Miss Darcy, sa voisine, qui venait de lui demander si elle avait déjà eu l'occasion de voir cette tragédie.
– Non, c'est la première fois que je me rends au théâtre, avoua-t-elle dans une confidence. J'ai cependant lu l'œuvre. Quoique je préfère les comédies, je l'ai beaucoup appréciée.
Elle leva les yeux et s'aperçut que Darcy la regardait. Les écoutait-il pour vérifier ce qu'elle pouvait dire à sa sœur ? Son regard croisa le sien mais il ne chercha même pas à faire semblant.
– N'hésitez pas à profiter de cette loge à chaque fois que vous le désirerez, Miss Elizabeth. J'espère que vous apprécierez la représentation.
Elle s'étonna de ses propos mais songea que ce devait être pour se justifier de les avoir ainsi écoutées. Elle nota cependant qu'il usait encore de son prénom au lieu du nom de famille. Le faisait-il exprès ? Elle doutait fortement qu'un homme tel que M. Darcy, toujours à cheval sur les convenances, ne sache pas que lorsqu'une femme se mariait, la sœur la plus âgée après la mariée portait à son tour le nom de famille pour se distinguer.
– Je vous remercie de votre générosité, M. Darcy.
Elle échangea encore quelques mots avec ses deux voisines avant que la représentation ne commence. Lorsqu'elle prit fin, Elizabeth essuya discrètement de son mouchoir, une larme qui coulait le long de sa joue. L'expérience avait été si intense. Le jeu des acteurs était saisissant. Elle avait été prise au cœur et bien qu'elle eût versé une larme, elle souriait de contentement.
– Voilà qui était fort triste ! s'exclama M. Bingley.
Il avait glissé un mouchoir à Jane et M. Darcy avait fait de même avec sa sœur, lorsque l'émotion de la représentation les avait submergées. Darcy aurait aimé pouvoir faire de même avec Elizabeth mais sa sœur l'en séparait.
– Mon cœur s'est tellement serré quand il lui a dit adieu que pendant un instant, j'ai cru ne plus pouvoir respirer, commenta Jane.
M. Bingley prit la main de sa femme dans la sienne pour lui apporter son soutien. Il la regardait avec tout l'amour du monde, comme si par son regard, il pouvait alléger la peine qu'elle avait ressenti pendant la pièce.
– Cela prenait en effet au cœur. Avez-vous aimé, Miss Bennet ? Demanda la jeune Miss Darcy.
– Oh oui ! Beaucoup. Je n'aurais jamais pensé qu'une représentation puisse être aussi riche en émotions qu'une lecture. Je vous remercie de m'avoir permise de la vivre.
Ce disant, elle leva son regard vers M. Darcy. Il se contenta pour toute réponse d'un signe de tête, accompagné de ce regard intense qui semblait sans cesse la critiquer. La pièce lui avait réchauffé le cœur mais le voir si froid lui fit presque regretter ses paroles. Elle ne s'y trompait pas. Elle savait bien que c'était Bingley qu'il avait invité. Il supportait Jane car c'était sa femme mais il se serait sans aucun doute passé d'elle-même. Un peu refroidie par cette absence de réaction, elle reporta son attention sur sa voisine de droite qui commentait de nouveau la pièce.
Ils sortirent du balcon et se dirigèrent vers le grand hall. Comme c'était la première représentation, les spectateurs étaient invités à rester pour boire une coupe et discuter autour de la pièce. Elizabeth était en pleine discussion avec Miss Darcy et Jane quand son regard accrocha celui d'un gentleman qu'elle n'espérait que trop voir, ce soir-là. Son visage s'illumina d'un sourire et son regard se fit brillant alors qu'il s'approchait d'elle.
– Mesdames.
Elles renvoyèrent son salut.
– Miss Bennet, je n'osais espérer vous voir ce soir. Mon vœu semble avoir été exaucé. Avez-vous apprécié la représentation ?
Elizabeth se sentit rougir à ces mots. Son vœu à elle aussi, s'était exaucé.
– Oui, je l'ai trouvé fort réussie. De quoi serrer notre cœur juste ce qu'il faut et nous rappeler à quel point chacun de nos actes peut avoir de lourdes conséquences.
– Cela ne devrait pas toujours être ainsi, répondit M. Madden. Je regrette que son amour n'ait pas été suffisamment fort pour lui pardonner son erreur. J'ai tendance à croire que si elle l'avait vraiment aimé, elle aurait pu passer outre. N'est-ce pas là ce que nous apprend la religion ? Il faut savoir pardonner.
Elle remarqua que M. Darcy s'était rapproché d'eux, probablement pour veiller sur sa sœur.
– Il est en effet regrettable que son erreur lui ait coûté si cher, répondit Elizabeth. Je peux cependant comprendre son choix de l'avoir refusé en dépit de son amour. Après ce qu'il avait fait, elle n'aurait jamais pu le respecter et le doute serait toujours resté. À force, ses sentiments auraient peut-être fini par disparaître. Elle se serait alors retrouvée prisonnière avec un mari qu'elle ne pouvait même pas respecter.
– N'aurait-il pas pu regagner son respect et sa confiance, avec le temps ? Sûrement, il aurait appris de ses erreurs. Qu'en pensez-vous, M. Darcy ?
M. Madden avait remarqué que M. Darcy les observait. Le maître de Pemberley fut surpris d'être ainsi invité dans le débat. Puis il se reprit et Elizabeth remarqua que les traits de son visage s'étaient tendus.
– Je suis d'accord avec Miss Elizabeth. Pardonner ne veut pas dire excuser. Elle lui a probablement pardonné son erreur mais la confiance était brisée. Il n'était pas un homme de parole, encore moins un gentleman et je pense au contraire, qu'elle a eu raison de l'éconduire. Il ne l'aurait pas rendue heureuse et l'amour qu'elle lui portait aurait fini par s'éteindre.
– Je vous trouve bien dur avec ce jeune homme, M. Darcy. Ne faisons-nous pas tous des erreurs, lorsque nous sommes jeunes ? argumenta M. Madden.
– Je suis enclin à pardonner les erreurs de jeunesse mais je doute qu'un homme qui parjure ne puisse devenir un jour fiable.
– Ne pensez-vous pas que l'homme peut évoluer, changer, s'il en a la motivation nécessaire ? demanda Elizabeth.
– Je dirais que cela dépend des hommes. En ce qui me concerne, je partage la vision de l'héroïne. J'oublie difficilement les offenses qui me sont faites et quand je retire mon estime à quelqu'un, c'est d'une façon définitive.
Elizabeth cacha son malaise derrière un sourire. Voilà qui ne laissait pas place à l'erreur.
– Voilà un point commun que vous semblez partager avec Miss Bennet, commenta M. Madden avec amusement.
Les regards se tournèrent vers la concernée qui avait rougi, à cette remarque qui faisait référence à leur discussion lors du bal. Face à la rancune qu'elle manifestait envers M. Darcy pour son offense, M. Madden lui avait déclaré qu'il se garderait bien, quant à lui, de l'offenser. Incapable de croiser le regard des Darcy – elle ne souhaitait pas montrer à Georgiana son trouble et craignait trop de se trahir auprès du frère – elle focalisa son attention sur M. Madden, à qui elle adressa sa réponse, non sans sourire :
– Si je me souviens bien, M. Madden, vous souhaitiez que je vous rappelle de ne jamais m'offenser. Le moment m'y semble propice. À moins que vous ne vouliez perdre mon estime de façon définitive.
– Je vous remercie de ce rappel, Miss Bennet, qui vient à point nommé. Je ne pourrais me remettre d'avoir perdu votre estime. Quant à vous, M. Darcy, je me garderai bien de faire quoi que ce soit qui puisse vous porter offense.
Darcy, qui se sentait mis à l'écart et quelque peu ridiculisé, se retint de lui dire que l'offense était déjà faite. Le voir courtiser Miss Elizabeth sous ses yeux lui était plus qu'intolérable. Le temps de mettre ses sentiments de côté, il fut devancé dans sa réponse.
– Mon frère est trop dur dans le jugement de son caractère, s'exclama Georgiana, qui était restée jusqu'à présent très silencieuse, à l'attention de M. Madden. Il est bien plus indulgent qu'il ne l'admet et je ne compte plus le nombre de fois où il a su faire preuve de clémence, bien qu'elle ne soit parfois pas méritée. Quant à Miss Bennet, elle est si généreuse, je ne puis la penser si inflexible dans son jugement. Sûrement, elle saurait pardonner une offense faite si le regret était exprimé.
Cette fois-ci, tous les regards se tournèrent vers la jeune fille. Paniquée par la tournure de la conversation et les attaques de M. Madden contre son frère et sa récente amie, elle avait surmonté sa timidité et rassemblé son courage pour prendre leur défense. Comprenant que leur joute verbale avait inquiété Georgiana, Elizabeth se sentit coupable envers son amie. Quant à Darcy, il comprit à quoi sa sœur faisait référence et s'empressa de poser une main sur son épaule pour la rassurer.
– Pardonnez-moi, Miss Darcy, je ne sais parfois pas m'arrêter dans la plaisanterie. Je ne souhaitais aucunement remettre en question les qualités de votre frère ou de Miss Bennet. Ils ont l'un comme l'autre tout mon respect et mon admiration.
Elizabeth rougit de nouveau à cette déclaration et essaya de ne pas se faire d'idées.
– Miss Darcy, je ne sais si je mérite un portrait aussi flatteur mais je vous remercie. Vous êtes, pour votre frère et moi-même, notre meilleure défense. Je pense que M. Darcy sera d'accord avec moi.
Ce revirement n'était pas pour déplaire à Darcy car il montrait à quel point sa sœur et Miss Bennet s'étaient rapprochés. Elle qui n'osait d'habitude jamais donner son avis et ne s'exprimait que très peu en public, du fait de sa timidité, venait pour la première fois de s'affirmer en société. Il n'en était pas peu fier.
– En effet. Je suis le plus chanceux des frères de vous avoir, Georgiana.
Ce dernier compliment fut assurément celui qui la toucha le plus.
Suite à cet incident, M. Madden présenta de nouveau ses excuses à Miss Darcy qui s'empressa de les lui accorder. Ils échangèrent ensuite quelques banalités avant que les Bingley ne les rejoigne et que chacun ne prenne congé des autres, la soirée se terminant. M. Madden partit donc avec l'espoir formulé de revoir Miss Bennet, qui lui apprit qu'ils se croiseraient peut-être au prochain bal organisé. Puis ce fut le tour de M. Darcy et de sa sœur, après que Georgiana eut invité Elizabeth et Jane à prendre le thé le surlendemain et qu'elles aient accepté. Leur voiturier étant arrivée, les Bingley rentrèrent également chez eux, accompagnés d'Elizabeth.
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