Bonjour,

J'avais ce chapitre en réserve, je vous en fais donc profiter. :)

Bonne lecture !


Depuis l'arrivée de Miss Bingley, Elizabeth se réjouissait de chaque moment de répit loin de sa belle-sœur. Jane, qui voyait le bien partout et qui était d'une patience légendaire, supportait très bien le caractère de celle-ci. Pour sa sœur, cela était plus compliqué. Les remarques de Miss Bingley étaient bien souvent des piques lancées à son attention et contrairement à sa sœur, elle n'avait pas la naïveté de les justifier par une maladresse qui ne se répétait que trop souvent. Elle ne se laissait bien entendu pas faire, mais n'éprouvait que peu de plaisir en compagnie de celle-ci.

Alors pour échapper à sa présence, elle multipliait les balades. Caroline n'était pas une grande fervente de la marche, et ne s'y prêtait généralement qu'en présence de M. Darcy. Elizabeth trouvait donc de la tranquillité dans ses promenades quotidiennes. Depuis qu'elle était à Londres, du fait de la Saison, elle n'avait jusqu'à maintenant pas pu en profiter autant qu'elle l'aurait souhaité. Elle profitait d'une accalmie dans tous ces événements pour rattraper son retard dans cette activité qui était l'une de ses favorites. Bien que sa préférence aille à la campagne, elle appréciait beaucoup Londres, ses activités et ses parcs. Elle était aussi heureuse de découvrir la vie de citadine, de pouvoir assister à tous ces événements culturels et de voir régulièrement son oncle et sa tante, ainsi que les nouveaux amis qu'elle s'était fait. Elle savait que bientôt, elle devrait retourner à Longbourne. Alors elle profitait de chaque moment passé ici.

À force d'explorer le grand parc à côté de la maison des Bingley, elle en connaissait presque chaque chemin. Elle reconnaissait même parfois certains habitués qui, comme elle, venaient régulièrement s'y promener. Elle ne s'attendait cependant pas à y croiser un certain gentleman.

– Miss Bennet ! Je me disais bien que je vous avais reconnue, au loin. Comment vous portez-vous ?

Elle se tourna vers lui et lui adressa un grand sourire en le reconnaissant.

– M. Madden ! Je me porte bien, merci. Et vous ?

– Très bien également. Puis-je vous porter compagnie dans votre balade ? Vous préféreriez peut-être rester seule.

– Nullement, je serais ravie de marcher avec vous.

Il lui proposa son bras, qu'elle accepta.

– C'est la première fois que je vous croise dans ce parc, j'imagine que vous allez d'habitude plutôt dans les parcs près de chez vous.

– En effet, je suis venue rendre visite à une tante qui habite juste à côté, nous venons tout juste de nous quitter. Je comptais d'ailleurs profiter de ma présence dans le quartier pour venir vous rendre visite. Je remercie l'heureux hasard qui vous a mis sur mon chemin !

– Nous nous serions en effet ratés ! Peut-être souhaitez-vous quand même rentrer afin de voir M. Bingley ?

– Pour être tout à fait honnête, c'est vous que j'espérais voir. Profitons de cette promenade ensemble, si cela vous convient. J'aurai bien d'autres occasions de voir notre cher ami.

Elizabeth n'allait pas s'en plaindre. L'occasion de passer un moment en tête à tête avec lui était trop parfaite. Elle n'était de plus pas pressée de subir à nouveau les « maladresses » de Miss Bingley. L'aveu de M. Madden lui donna cependant quelques rougeurs. Son intérêt semblait sincère et ses paroles la touchaient.

– Il est vrai qu'il serait dommage de s'enfermer par un temps aussi doux.

– Les autres n'ont pas souhaité vous accompagner ?

– Mon beau-frère est très pris par le travail et Jane se sentait un peu fatiguée. Quant à Miss Bingley, elle n'aime pas particulièrement la marche. Cela me convient, j'apprécie pouvoir me perdre dans mes pensées en marchant.

– J'espère ne pas les avoir interrompus.

– Nullement, votre compagnie m'est toujours agréable. J'aurais été déçue de manquer votre visite.

– Vous m'en voyez ravi. Puis-je vous demander vers quoi se portaient vos pensées avant que je ne vous interrompe ?

– Je songeais à ma dernière lecture. Peut-être l'avez-vous d'ailleurs lu, c'est un roman qui parle de l'Amérique.

Il n'en fallut pas plus pour éveiller l'intérêt du gentleman. Ils discutèrent un long moment de littérature. Elizabeth était étonnée de voir à quel point tout était fluide entre eux. Il n'y avait aucun moment de gêne et le temps passait très vite. Si bien qu'elle s'affola un peu quand il lui donna l'heure.

– Je ne pensais pas qu'il était aussi tard, il me faut rentrer. Cela fait longtemps que je suis partie, ils doivent s'inquiéter.

– Laissez-moi vous raccompagner. Je m'excuserai auprès d'eux de vous avoir retenue si longtemps.

– Ce n'est pas là votre tort, vous n'avez nullement à vous excuser. J'ai apprécié notre promenade et…

Elle hésita, puis ajouta :

– Cela ne m'aurait pas déplu de la prolonger.

Il lui adressa un sourire et déposa un baiser sur son gant.

– Nous pouvons recommencer demain si vous le souhaitez. J'étais si pris par notre conversation que j'ai l'impression d'avoir à peine exploré ce parc.

Elizabeth fut flattée par ses paroles.

– Je me promène généralement le matin, si l'envie vous prend de vous joindre à moi.

– Vous risquez de me trouver souvent sur votre chemin.

Ils échangèrent un sourire complice, puis Madden la raccompagna. Ils tombèrent sur le chemin du retour sur une servante employée par la maison. Elle était envoyée par le couple Bingley qui, comme l'avait prédit Elizabeth, s'inquiétait qu'elle ne soit toujours pas revenue. La cadette voulut s'excuser, mais M. Madden prit la responsabilité de son retard, expliquant qu'ils étaient tombés par hasard l'un sur l'autre au parc, et que la compagnie de Miss Bennet lui était si charmante qu'il l'avait retenue plus qu'il n'aurait dû.

Les jours suivants, Elizabeth qui avait pour routine de marcher tôt tous les matins, tomba régulièrement sur M. Madden. Ce fut l'occasion de doux moments à parler de littérature, d'art et de voyages. Il avait beaucoup d'anecdotes à raconter et Elizabeth adorait l'entendre parler du monde. Elle avait l'impression de voyager à travers ses récits et espérait un jour, pouvoir elle aussi découvrir tous ces paysages et ces cultures.

Elizabeth pouvait passer des heures à discuter avec lui sans voir le temps passer. Jusqu'à présent, elle n'avait pu avoir de telles discussions qu'avec son père, qui l'avait éveillée depuis très jeune à de nombreux sujets. Histoire, géographie, littérature, mathématiques, questions du monde… Il était agréable de pouvoir partager ses idées avec quelqu'un. Même si elle devait avouer qu'ils s'entendaient si bien sur tout qu'il était parfois difficile de débattre. Ils se ressemblaient beaucoup dans leur manière de penser et étaient presque toujours d'accord. Le débat n'avait donc pas lieu d'être. Elle qui adorait confronter sa pensée à celle des autres et argumenter, pouvait parfois s'en sentir un peu frustrée. Mais leurs discussions restaient très plaisantes et elle savait s'en contenter.

Ces promenades, véritable bouffées d'air fraîche pour Elizabeth, les rapprochèrent beaucoup. La jeune Bennet sentait son affection pour le gentleman se développer et même si elle restait prudente, elle avait l'impression que c'était réciproque. Il plaisanta même sur le fait qu'elle le rendait matinal, lui qui aimait pourtant les grasses matinées. Il la faisait beaucoup rire et elle se sentait en confiance avec lui. Elle revenait de ses promenades avec un sourire aux lèvres, heureuse d'avoir passé un agréable moment en si bonne compagnie. Elizabeth n'avait parlé de ces rencontres qu'à Jane, car elle ne tenait pas à ce que Miss Bingley l'apprenne. Et quand M. Madden venait leur rendre visite, il ne les mentionnait pas non plus. Ce n'était pas un secret, mais ils étaient contents de pouvoir se découvrir et apprendre à se connaître sans aucune pression extérieure.

Lors d'une de ces promenades, ce fut cependant un tout autre gentleman qu'elle rencontra un jour.

– Miss Bennet.

– M. Darcy.

– Je reviens tout juste de chez les Bingley. Votre sœur m'a dit que vous étiez partie vous promener, j'espérais vous croiser. Puis-je me joindre à vous ?

Elle cacha le trouble que ses paroles lui provoquèrent derrière un sourire.

– Bien entendu. Comment va Georgiana ? Cela fait un moment que nous ne nous sommes pas vues. N'a-t-elle pas pu vous accompagner ?

Il lui proposa son bras, qu'elle accepta.

– Elle va bien. Nous avons reçu la visite de notre tante et de notre cousine, c'est pourquoi nous n'avons pas pu venir vous rendre visite ces dix derniers jours. Elle était désolée de ne pas pouvoir venir aujourd'hui, ma tante a souhaité qu'elle les accompagne acheter de nouveaux habits pour ma cousine. Elle m'a cependant chargé de vous dire que vous lui manquiez et qu'elle avait hâte de vous revoir. Cela ne saurait tarder, notre tante et notre cousine repartent dans deux jours.

Elle s'étonna de voir M. Darcy parler autant. Il y avait dans sa voix comme un ton d'excuse, comme s'il regrettait, tout comme sa sœur, de n'avoir pas pu lui rendre visite plus tôt.

– Vous lui direz que sa compagnie me manque beaucoup aussi et que j'ai hâte de la retrouver.

– Je lui transmettrai.

La conversation retomba. Il n'avait pas été bavard longtemps et Elizabeth ne faisait rien non plus pour l'encourager. Ils marchèrent un moment en silence et ce fut Darcy qui brisa de nouveau le silence. Il l'interrogea sur sa dernière lecture, ce qui l'amusa puisque c'était le même sujet qui avait été abordé lors de sa première rencontre avec M. Madden dans le parc. Néanmoins, cette fois-ci, le sujet mena à un long débat du fait de leur divergence d'opinions. Darcy agaçait beaucoup Elizabeth, mais elle devait avouer aimer débattre avec lui. Sa pensée, bien qu'immuable, était réfléchie et ses arguments bien construits. Et même s'ils n'arrivèrent pas à se mettre d'accord, il l'écouta avec attention et respecta sa manière de penser, sans chercher à lui imposer la sienne. Si bien que lorsqu'ils se quittèrent, elle s'étonna d'avoir passé un si bon moment en sa compagnie. Elle n'avait pas vu le temps passer.


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