Bonjour,
Un nouveau chapitre qui j'espère, vous plaira. :) Ce n'est pas toujours évident de continuer cette histoire, mais il me tient à cœur de la finir. J'ai repris ce chapitre plusieurs fois, je n'en suis pas encore complètement satisfaite, mais je me force à le publier avant de le reprendre une énième fois.
Édit : j'écris sur Word et je me rends compte que le fichier que j'ai mis sur le site avait supprimé des bouts de phrase et de nombreux espaces. J'ai modifié et vérifié, cette fois-ci c'est tout bon !
Si les beaux jours arrivaient, ils étaient souvent entrecoupés de pluie diluviennes. Il fallait alors s'occuper. Heureusement, des braves affrontaient le temps pour venir leur rendre visite et les distraire de leur ennui. M. Madden était de ceux-là. Ils étaient posés dans le petit salon quand il se présenta. Le visage d'Elizabeth s'illumina à son entrée. Elle qui aimait les grands espaces détestait devoir rester enfermée. Et la présence de Caroline Bingley n'aidait en rien à supporter cette punition météorologique.
Madden présenta ses hommages et prit place non loin d'Elizabeth afin de pouvoir discuter avec elle. Peu avant que le thé ne soit servi, un autre courageux se montra : M. Darcy. Ses boucles brunes étaient mouillées, quelques gouttelettes ruisselaient sur son visage et ses joues étaient rosies par le froid. Ses vêtements étaient trempés. Le regard d'Elizabeth fut attiré par le voyage d'une goutte d'eau qui tomba de ses cheveux sur sa tempe, glissa le long de sa joue pour se perdre finalement dans son cou.
– Darcy, vous semblez avoir plongé dans la Tamise ! Diable, vous allez tomber malade si vous restez ainsi ! s'exclama Bingley en se levant.
– Toutes mes excuses de me présenter ainsi à vous. Mon parapluie s'est cassé en chemin et la pluie était plus forte que je ne l'aurais pensé. Mon manteau n'a pas suffi à me protéger.
Elizabeth se leva à son tour, le regard inquiet.
– M. Darcy, le salua-t-elle. M. Bingley, peut-être pourrions-nous faire chercher des affaires de rechange ?
– Excellente idée ! Je vais envoyer quelqu'un chez vous. Je vous en aurais bien prêté, mais vous êtes bien plus grand que moi, Darcy.
– Laissez-moi vous prêter ma calèche, proposa M. Madden. Elle est prête, cela sera plus rapide.
Bingley acquiesça et ils sortirent tous les deux de la pièce.
– En attendant, venez avec moi, M. Darcy. Je vais vous donner de quoi vous sécher un peu le visage.
Il voulut protester un moment devant toutes ces intentions développées à son égard, pour dire que ce n'était pas nécessaire. Mais Elizabeth le contourna pour sortir de la pièce, son doux parfum lui chatouilla le nez et il se résigna. Au fond il était touché de voir qu'elle s'était levée la première après Bingley, pour s'occuper de lui. Alors le gentleman lui emboîta le pas.
– Pauvre M. Darcy ! s'exclama Miss Bingley. Quelle idée aussi de venir à pied par un temps pareil ! Il aurait été plus sûr de venir en calèche.
– Je vais demander à réchauffer la pièce et vérifier si le thé est prêt, déclara Jane, laissant Miss Bingley seule dans le petit salon.
À l'étage, Elizabeth avait elle-même été chercher une grande serviette. Elle rejoignit Darcy resté dans le couloir et la lui donna. Le contact de ses doigts lui provoqua un frisson qu'elle ignora, tout à son inquiétude.
– Vous tremblez, M. Darcy. Il faut vous sécher rapidement.
Il tremblait, oui. Mais le fait d'être trempé n'en était pas la principale raison. Ses sentiments envers Miss Elizabeth se renforçaient de jour en jour. Et se retrouver soudain seul à seule avec elle, faisait surgir des pensées qu'il peinait à refouler.
– Ce n'est que de l'eau, murmura-t-il.
– Vous pourriez cependant attraper froid. Si ce n'est pas déjà fait…
Si elle savait comme il était loin d'avoir froid, en cet instant. Il avait chaud, au contraire. Beaucoup trop chaud. Son regard se fixa sur une des mèches de cheveux de la jeune femme, qui s'était échappée de sa coiffure. Comme il avait envie de s'approcher et de la remettre pour elle derrière son oreille.
– Je suis d'une composition résistante, répondit-il, d'une voix plus douce et grave qu'à l'accoutumée.
– Peut-être, mais vous savez ce qu'on dit : prudence est mère de sûreté.
Ne se doutant pas une seconde des pensées de Darcy, Elizabeth avait déjà préparé toute une bataille d'arguments à lui donner pour contrer ses éventuelles protestations.
– Vous avez raison, se contenta-t-il de répondre en esquissant un mince sourire.
Habituée à leurs joutes verbales, elle s'étonna qu'il lui cède la victoire aussi facilement. Cela l'inquiéta presque davantage sur son état.
– Au moindre signe de fièvre, nous ferons venir un médecin, déclara-t-elle.
De la fièvre, il en avait déjà. Mais comment lui dire que celle qui l'animait en cet instant n'avait rien avoir avec le froid, et qu'elle en était la cause ? Qu'il aurait voulu rompre l'espace entre eux et cueillir ses lèvres pour lui donner le plus passionné des baisers ? Ou bien se jeter à ses pieds pour qu'elle l'accepte comme son mari et fasse de lui l'homme le plus heureux au monde ? Comment lui dire qu'il l'aimait ? Son cœur tambourinait dans sa poitrine. Il la dévorait du regard et n'était pas loin de faire une folie.
– Comme vous voudrez.
Son manque de résistance la surprit de nouveau. Elle releva les yeux et son regard se perdit un instant dans le sien. L'intensité de ses yeux bruns la fit rougir. Elle détourna le regard pour cacher son trouble et prit soudain conscience de l'intimité de la situation. Ils étaient seuls, dans un couloir, à l'abri de tout regard. L'urgence de la situation lui avait fait oublier toutes les convenances. Elle aurait au moins dû appeler une servante pour les accompagner.
– Je… Je vous laisse vous sécher. N'hésitez pas à sonner la cloche si vous avez besoin de quoi que ce soit.
Elle le contourna mais il la retint.
– Miss Elizabeth ?
Elle se retourna. Même trempé de la tête aux pieds, il n'avait rien perdu de sa prestance. Il dégageait une aura captivante, et sa présence restait intimidante. En le voyant se rapprocher davantage, les battements de son cœur s'emballèrent. Le sentir aussi près d'elle avait quelque chose d'électrisant. La tension dans l'air était presque palpable. Le regard de Darcy semblait s'être assombri alors qu'il la dévisageait. Pourquoi s'était-il approché ainsi ? Ses yeux se posèrent un instant sur ses lèvres et son souffle se fit plus court. Pendant un moment, elle crut qu'il allait faire une folie et l'embrasser. Et pendant ce même moment, elle fut surprise de se rendre compte qu'elle en avait peut-être envie.
Darcy profita lui aussi de cette proximité pour mieux admirer ce visage qui hantait ses nuits. Ces cheveux qu'il rêvait de défaire pour y glisser une main. Ces yeux fins qu'il aimait voir se poser sur lui. Ces lèvres rosées qui le tentaient en permanence et encore plus, en cet instant. Elle était si belle. Il devait pourtant se maîtriser et se comporter en gentleman. Alors délicatement, il prit sa main et y déposa un baiser humide qui la fit rougir.
– Merci. Votre inquiétude me touche profondément.
Il se redressa et s'écarta. Il lui adressa un sourire doux mais son regard était tumultueux. Il la troublait. Malgré son état – et peut-être parce que le voir ainsi trempé le rendait quelque part moins hautain, elle se surprit à le trouver séduisant.
– C'est naturel, répondit-elle d'un ton qui se voulait neutre.
Et elle s'éloigna, le cœur battant. Que venait-il de se passer ? Elle avait vraiment cru qu'il allait l'embrasser… Mais le Darcy qu'elle connaissait n'était pas homme à se laisser aller à ce genre de folies. Elle avait simplement lu trop de romans à l'eau de rose. Il ne devait même pas l'avoir envisagé et ce serait folie de croire qu'un homme aussi arrogant que lui puisse s'intéresser à elle.
Elle s'arrêta au détour d'un couloir, le temps de reprendre contenance avant de rejoindre les autres. Tout s'était déroulé si vite. Elle avait craint en le voyant qu'il ne tombe malade et sans réfléchir, avait pris les choses en main. Avec un peu de recul, elle s'étonna cependant d'avoir ressenti autant d'inquiétude. Et cette chaleur qui l'avait envahie quand il avait embrassé sa main de ses lèvres pourtant gelées par la pluie. Il lui semblait avoir découvert un autre Darcy, ce soir-là. Un Darcy doux, séduisant, bien loin de celui arrogant ou hautain qu'il montrait en société.
Elle porta sa main à son cœur. Il battait un peu trop fort. Elle se força à respirer calmement et s'autorisa une minute de répit, avant de retourner dans le petit salon. Madden et Bingley étaient revenus, eux aussi et tentaient de rassurer Miss Bingley. Jane devait encore être aux cuisines.
– Quelle malchance M. Darcy a-t-il eu avec son parapluie ! Et quelle imprudence d'avoir persisté sous une pluie aussi forte ! J'espère de tout cœur qu'il ne tombera pas malade.
– Votre inquiétude vous fait honneur, Miss Bingley. Rassurez-vous cependant : M. Darcy n'est pas homme à succomber à une pluie même battante.
– Madden a raison, surenchérit M. Bingley. Darcy a la peau dure. Ce n'est pas la première fois qu'il affronte une telle météo ! Un jour, nous étions partis et… Ah, voilà justement ma chère belle-sœur ! Darcy n'est pas avec vous ?
– Je lui ai donné de quoi se sécher. Il nous rejoindra ensuite.
– Parfait ! Ses affaires ne devraient pas tarder, j'ai demandé au coché de se dépêcher.
Elizabeth s'assied aux côtés de M. Madden.
– Ne devrions-nous pas faire venir un médecin au cas où ? demanda Miss Bingley.
– Caroline, Darcy n'est même pas encore malade ! Ne vous inquiétez pas.
Elizabeth resta silencieuse, mais pour une fois – chose suffisamment rare pour être soulignée – elle était d'accord avec Caroline et partageait son inquiétude. Elle ne se souvenait que trop bien la fois où sa sœur Jane était tombée gravement malade. Une idée de leur mère, qui l'avait se rendre à Netherfield sans calèche, sous une pluie battante. Heureusement, les Bingley avaient pris bien soin d'elle et fait venir le médecin pour la soigner. Elizabeth avait cependant eu très peur pour Jane. Elle en avait longtemps voulu à sa mère, dont les stratagèmes pour marier ses filles auraient pu coûter la vie de l'aînée.
Tout à son inquiétude, elle ne prit que très peu part à la conversation. Jane revint peu après et dès que la calèche fut revenue, on fit monter les affaires à M. Darcy. Quand celui-ci revint, il était au sec. Seule l'humidité de ses boucles brunes montraient encore des signes de la pluie qui s'était déchaînée sur lui. Le thé fut apporté et on prit grand soin de l'invité qui avait affronté les éléments naturels pour venir leur rendre visite. Comme à son habitude, Caroline monopolisa beaucoup la conversation, insistant sur la peur que M. Darcy lui avait provoquée, et se montrant aux petits soins pour lui. Bien qu'encore troublée par leur échange, Elizabeth guettait discrètement M. Darcy pour vérifier qu'aucun signe de maladie ne se montrait. Elle ne fut rassurée qu'au bout d'une heure, en voyant qu'il semblait bien se porter et bien qu'encore un peu inquiète, elle put alors se détendre un peu et prit davantage part à la conversation.
En fin d'après-midi, le temps n'étant toujours que peu clément, M. Bingley proposa sa calèche à M. Darcy, mais M. Madden proposa à celui-ci de le raccompagner puisque c'était de toute façon sur son chemin. Le gentleman accepta, ne voulant pas abuser de la générosité des Bingley. Les deux hommes saluèrent leurs hôtes et prirent donc place dans la calèche. Les premières minutes se passèrent dans un silence gênant. Ce fut Madden qui le rompit.
– Je ne suis pas mécontent de me retrouver seul à seul avec vous, Darcy. Je souhaitais en effet aborder un sujet avec vous.
– Vraiment ? Lequel ?
– Miss Bennet.
Le maître de Pemberley se tendit.
– Pardonnez-moi pour mon manque de retenue, mais portez-vous un intérêt à Miss Bennet ?
La question avait été posée sans détour. Madden n'était apparemment pas homme à tourner autour du pot. Darcy resta un instant silencieux, le temps d'encaisser le choc de la question.
– Que ce soit le cas ou non, cela ne vous regarde pas.
– J'ai beaucoup de respect pour vous, c'est pourquoi je souhaite être transparent. J'apprécie beaucoup Miss Bennet, et je n'exclue pas de lui demander sa main.
Darcy sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Elizabeth accepterait-elle ? L'idée lui était insupportable. Et encore plus après les événements de ce jour. Il la revoyait face à lui… Il avait dû se maîtriser pour ne pas céder à ses pulsions. Il avait tellement eu envie de lui déclarer son amour et de l'embrasser. Et il lui semblait qu'elle aussi, elle en avait eu envie. Mais il était un gentleman et n'était pas homme à se laisser aller à de si bas instincts. Jamais il n'aurait fait quoi que ce soit qui puisse la compromettre. Il aspirait à faire les choses bien. Du moins, si Madden ne lui coupait pas l'herbe sous le pied…
– Alors nous avons des intentions similaires, répondit-il finalement.
– C'est bien ce qu'il me semblait. Nous voilà donc rivaux, Darcy.
Inconsciente de la conversation échangée par les deux gentleman, Elizabeth profita du reste de la journée pour lire. Ce ne fut que le soir, avant de s'endormir, qu'elle prit conscience de la violence de sa réaction à la vue de Darcy, trempé. À quel point elle avait été inquiète pour lui. En temps normal, elle aurait plaisanté sur sa mésaventure. Mais elle avait été trop inquiète pour seulement songer à en rire. Elle voulut se persuader qu'elle aurait réagi ainsi pour n'importe qui. Que c'était seulement son bon cœur qui avait parlé. Mais l'intensité de son regard brun, sa douceur, et la chaleur que son baiser avait provoquée, étaient encore trop récents. Leur simple souvenir suffisait à la troubler de nouveau et cette fois-ci, elle ne parvint pas à se duper elle-même…
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé. J'ai déjà le prochain chapitre en réserve, je ne vous ferai pas trop attendre pour une fois !
Petite question : selon vous, qui de Darcy ou Madden fera sa demande en premier ?
