Chapitre 33

Je vérifiais une dernière fois que j'avais bien tamponné tous les dossiers et les laissai en évidence sur le bureau du Capitaine. Les demandes de congés, de récupération de temps de travail et les arrêts de travail étaient traités et rangés dans les bons dossiers. Le planning, modifié selon les dernières informations. Les rapports de mission, triés par date d'arrivée. Je n'avais presque pas de retard sur ceux qui me revenaient. Un léger sentiment de dépit et d'apitoiement s'abattit sur mes épaules. Dieu que je détestais la paperasse.

C'est en bonne dernière que je sortis du bureau. Mes collègues étaient bien plus efficaces que moi. J'avais beau avoir suivi les cours dédiés à l'administratif et à la comptabilité à l'Académie, comme tous les aspirants shinigamis de la classe élite, j'étais à la ramasse. J'avais toujours négligé cette matière et je m'étais assez bien débrouillée pour éviter ou déléguer cette partie ingrate du travail jusque là.

Malheureusement, il n'y avait plus de hollows à chasser. Et moi, j'avais trop de temps pour penser.

Dire que j'appréhendais la soirée à venir était un doux euphémisme. Cela faisait des mois que nous ne nous étions pas vues. Enfin, pas vraiment. Pas comme avant.

Je me rendis à mon appartement de fonction pour me laver et me changer rapidement. L'été devait toucher à sa fin, mais la chaleur et l'humidité ambiante n'en donnaient pas l'impression. Je suffoquais à l'intérieur des bureaux comme chez moi. Etrangement, mes collègues n'en souffraient pas autant. Je savais que cette sensation d'étouffement tenait plus de la modification brutale de mes missions que d'une réelle sensation physique. Les missions me manquaient. L'air et la pesanteur de la Terre me manquaient.

Hana me manquait.

Son invitation m'avait d'abord surprise. Puis, elle m'avait laissé un goût amer.

Des mois que je ne la voyais qu'en présence de Yû et d'autre collègues, ou dans le cadre de nos fonctions, et, quand nous avions enfin une soirée de libre commune, elle me donnait rendez-vous dans un bar ? Elle avait peur de moi ou quoi ?

J'avais l'impression d'avoir rendez-vous pour une rupture.

Enfin, ce n'était pas comme si je savais à quoi ressemblait une rupture.

Le cynisme et la mauvaise foi ne te vont pas, Pâru.

J'avais depuis longtemps cessé de me battre contre mon zanpakutô pour qu'il m'appelle par mon prénom choisi. Il pouvait être une véritable tête de mule.

Je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel et préférai ne pas répondre. Mais Sôtô no Ôkami n'était pas zanpakutô à lâcher l'affaire aussi facilement.

Tu as toujours la clef de son appartement. Tu aurais pu régler cette situation il y a longtemps.

Je poussai un soupir très audible et commençai à me maquiller, plus par habitude que par réelle envie. Mes insomnies me laissaient des cernes de trois kilomètres, au moins. Alors, j'avais pris l'habitude de les cacher. Et puis, quelle que soit l'issue de cette conversation, je voulais paraître à mon avantage.

As-tu décidé de m'ignorer, moi aussi ?

Je n'ignore pas Hana !

Ouf, me voilà rassuré.

-Qui parlait de cynisme il y a pas une minute ? marmonnai-je en appliquant mon mascara.

Je sentis l'agacement de Sôtô no Ôkami aussi fort que si c'était le mien.

-Je n'allais certainement pas me pointer chez elle comme une fleur. Ce n'est pas à moi de faire le premier pas, me justifiai-je.

Je préférai lui parler à voix haute. De l'extérieur, je serai probablement passé pour folle. Mais ça m'aidait à rester concentrée.

Tu n'assumes pas tes sentiments, m'accusa-t-il.

-Depuis quand ma relation avec Hana t'intéresse-t-elle à ce point ? m'exaspérai-je.

Ma lame n'avait jamais été aussi loquace que ces dernières semaines. D'habitude, ce qu'il se passait en dehors de notre lien, et de mon évolution en tant que guerrière, ne l'intéressait guère. J'espérais que ce changement, allié à mes nombreux entraînements depuis que la Soul Society avait fermé ses frontières, me permettrait de progresser. Ou, au moins, de me sentir moins seule. Mais au lieu de me soutenir dans le chaos qu'était devenu mon existence, il ne cessait de me gronder.

Je me fiche bien de votre relation. Ce qui m'importe, c'est ce que tu es.

Mon cœur manqua un battement. Voulait-il dire… ?

Tu as peur. Tu es dévorée par la peur.

Je suspendis mon geste.

Qu'est-ce que cela signifie ?

Un grognement me répondit, et je sentis sa présence quitter mon esprit. Je savais que ce ne pouvait pas réellement être le cas. Qu'il était quelque part, dans notre monde intérieur. Je n'avais ni le temps ni l'envie d'aller le chercher pour continuer notre discussion. Sôto no Ôkami était un être silencieux, voire réservé. Je me demandais souvent comment les autres zanpakutos interagissaient avec leur porteur. Le mien ne me parlait pas pendant des heures pour m'aider à trouver des réponses à mes questions existentielles, comme Bakuhatsu-tekina awa.

Pourtant, la première fois que j'avais senti sa présence, je n'étais pas encore entrée à l'Académie. Aujourd'hui, je connaissais son nom et j'avais atteint le shikaï, mais ces progrès fulgurants s'étaient très vite calmés. Utiliser mon shikaï me demandait une énergie considérable, et le Capitaine Ukitake m'avait demandé d'augmenter mon reiatsu avant de l'utiliser en combat. Il me fallait parfois plusieurs heures pour accéder à mon monde intérieur, et encore plus pour obtenir une réponse. Il me parlait peu et, la plupart du temps, prenait l'initiative uniquement pour me faire la leçon.

Hana avait obtenu le nom de son arme avant son diplôme et possédait une attaque spéciale en moins de deux ans. J'avais souvent été envieuse de sa capacité à échanger avec son zanpakuto comme si cela ne lui demandait aucun effort particulier, quant de mon côté j'avais passé des nuits entières à espérer une réponse, ou une simple apparition dans mon monde intérieur. Hana m'avait reproché de ne pas lui parler de mon zanpakuto, mais la réalité, c'est que j'avais honte de ne pas avoir autant de choses qu'elle à raconter.

Parfois, je me disais que je devais ma place de dixième siège uniquement grâce à mon rang et à mon éducation. J'avais eu le privilège de recevoir des leçons et des entraînements par des professeurs Là où les autres shinigamis avaient six années d'entraînement, j'étais avantagée de quelques décennies. Car, comme beaucoup de nobles, je possédais trop de reiatsu pour le négliger. Cela m'avait permis d'intégrer la classe élite.

Je ruminais encore et encore ces pensées, et, enfin, je passai un coup de brosse sur mes cheveux délavés. Je n'avais pas refait ma couleur depuis quelques semaines et le rose devenait lentement mais sûrement un blond platine. On voyait mes racines. Le tout faisait franchement négligé, mais tout le monde était trop occupé pour me le faire remarquer.

Les paroles de Sōtō no ōkami ne cessaient de s'imposer à mon esprit. Peut-être que mon zanpakuto s'amusait à me jouer des tours ? A cette pensée, je crus entendre un léger ricanement au fond de mon esprit.

Je finis de m'habiller d'un kimono léger aux tons bleu pâle, et me préparai à sortir. Après plusieurs semaines de travail et d'entraînement acharné, j'allais enfin apercevoir le dehors de ma caserne. L'absence de missions sur Terre et dans le Rukongaï n'avait en rien allégé mon temps de travail, bien au contraire. Le Capitaine Ukitake était débordé de réunions et travaillait ardemment avec les Capitaines Kyôraku, Unohana et Ichimaru. Sa charge de travail s'était donc reportée sur les plus hauts gradés. Sans oublier les nombreux entraînements qui faisaient suite aux ordres du Commandant Yamamoto, en plus de ceux que je m'imposais. La guerre se préparait. Qu'il était étrange de me préparer pour sortir, comme si de rien n'était.

J'arrivais devant le pub choisi par Hana, qui se trouvait à égale distance entre nos deux divisions et n'était pas un endroit que nous fréquentions habituellement. Nous étions plus proches de la sixième et de la quatrième division. Il était dix-neuf heures, et le soleil frappait encore assez fort pour me faire transpirer. Je me sentais moite et mon cœur battait la chamade. Je me demandais si elle était déjà arrivée ou si je devais l'attendre devant l'entrée lorsque je sentis une présence au coin de la rue. Je me tournai et puis, je l'aperçus.

Elle avait coupé ses cheveux. Oh, de quelques centimètres seulement, mais je ne pouvais pas le rater. Comme à chaque fois qu'elle n'était pas en service, ils étaient lâches et ondulaient légèrement dans les longueurs. Ils lui arrivaient à présent à la clavicule. Ses yeux clairs rencontrèrent les miens, et je cherchai l'émotion que j'espérais y trouver lorsqu'elle me salua de la main et arbora le sourire factice qu'elle servait à ses collègues lorsqu'elle était trop fatiguée pour croire que personne ne le remarquerait. Comme souvent, elle ne portait aucun maquillage, mais elle avait mis les boucles d'oreille que je lui avais offertes pour son anniversaire l'an passé. De simples créoles de taille moyenne, en or blanc, qui faisait ressortir ses iris. Elle pensait que c'était de l'argent. Je n'avais jamais osé lui révéler la véritable valeur de ce présent.

Son regard resta fermement ancré dans le mien alors qu'elle avait arrêté de marcher. Je me sentis déglutir. Allait-elle me prendre ses bras ? Devais-je le faire ? Elle sembla réaliser qu'elle bloquait le passage et combla les quelques mètres qui nous séparaient. Son étreinte, bien que brève, me permit de respirer son odeur et je me sentis instantanément plus détendue.

Nous entrâmes et nous installâmes sur des chaises hautes contre un mur, à l'une des rares tables encore disponibles. Après tout, nous étions en fin de semaine, et les shinigamis désirant se détendre pour bien démarrer leur congé étaient nombreux. Je n'en reconnus aucun.

Il y eut un moment de gêne, qu'Hana décida de trancher d'un banal :

-Alors, qu'est-ce que tu deviens ?

L'appréhension et le soulagement se disputèrent la place dans le torrent d'émotions qui me balayait le cerveau. Je lui répondis avec une tranquillité toute feinte, lui racontant mes nouvelles journées au sein de la division et quelques anecdotes dont je me souvenais. Elle m'écouta avec attention, et hocha la tête à de nombreuses reprises, me relançant pour obtenir des précisions et riant à l'écoute des bêtises de Sentarô.

-Et toi, comment tu vas ? dis-je pour lui retourner la question.

Hana ouvrit la bouche, puis la referma. Quelques secondes de silence passèrent, où elle évita mon regard. Elle baissa la tête et je vis sa main se crisper légèrement. Elle releva brusquement la nuque. Ses yeux étaient mouillés. Mon cœur se brisa instantanément. Elle n'avait jamais été douée pour le mensonge.

Putain, elle va même pas faire semblant. On y est.

-Kandi je…

-Je suis désolée.

Je l'avais coupée, mais nous avions parlé en même temps.

-Attends, laisse-moi parler, insista-t-elle. J'ai beaucoup réfléchi à notre dispute et… et Gin m'a aidé à y voir plus clair.

-Qu'est-ce que ton mec vient faire dans notre relation ? lançai-je avec froideur.

Je n'avais pas pu m'en empêcher.

-Je lui ai simplement demandé conseil.

-Ah bon.

Mon ton mordant n'échappa pas à Hana, qui fronçait de plus en plus les sourcils. Elle ferma brièvement les yeux en expirant doucement.

-Oui. Il en a assez de me voir me morfondre et de m'entendre parler de toi.

La surprise dut se lire sur mon visage, car Hana en profita et s'engouffra dans la brèche :

-J'ai besoin que tu me répondes franchement. Est-ce que tu es jalouse de lui ?

-Quoi ? Pas du tout ! m'offusquai-je.

Le grognement que j'entendis dans mon esprit coupa toute volonté belliqueuse. A la place, je dus reconnaître qu'Hana avait frappé fort. Elle avait dû préparer cette discussion, ses questions, quand de mon côté je n'avais fait que la redouter et anticiper le pire.

-Tu n'es plus pareille depuis que tu sors avec lui.

-C'est vrai, admit-elle. Je suis moins disponible pour toi.

-Ce n'est pas ça, m'agaçai-je.

Ce fut son tour d'être surprise.

-C'est quoi, alors ?

-C'est que…

Je me pris la tête entre les mains. Je ne savais pas quoi dire pour ma défense, car je savais qu'elle avait raison.

Sōtō no ōkami, appelai-je.

Pas de réponse.

Sōtō no ōkami, insistai-je. Je sais que tu es là.

De longues et douloureuses secondes passèrent.

Je suis toujours là. Tu n'es pas seule, même si tu t'obstines à le penser.

-Ce jour-là, j'ai vraiment cru que…

Elle hocha la tête, et continua à ma place :

-Que j'allais mourir ? Je sais que j'ai merdé, Kandi. Je ne voulais pas l'admettre à ce moment-là, mais Gin m'a ouvert les yeux. Je n'ai pas obéi aux ordres et les conséquences auraient pu être dramatiques. J'ai de la chance de ne pas avoir été punie.

-Je vois mal Gin te punir, lançai-je avec un petit sourire.

Hana me regarda sans comprendre, puis une rougeur apparut sur ses pommettes.

-Y en a pas un pour rattraper l'autre, vraiment.

Je souris et l'atmosphère se détendit de manière perceptible. L'abcès était crevé. Presque.

-Je crois que tu as raison. Je suis un peu jalouse. J'aurais aimé que tu me parles de ton zanpakuto et qu'on s'entraîne ensemble, comme à l'Académie, admis-je.

-C'est donc seulement ça ?

Elle me regardait avec une expression déterminée, sans ciller, mais sa voix avait tremblé.

-C'est beaucoup pour moi.

-C'est important pour moi aussi. (Une pause.) Tu es importante pour moi.

Je reculai brusquement sur mon siège, et regardai la salle pour tenter de me détendre. Je ne comprenais pas pourquoi ces simples phrases, qui auraient dû me remplir de joie, me mettaient si en colère. La tension était remontée aussi vite qu'elle avait disparue. J'avais la sensation d'être une bombe prête à éclater. Je sentais ma peau me brûler et mes pensées s'éparpiller dans tous les sens. Ma respiration était rapide. Je me forçais à inspirer lentement avant de lui faire face.

-Alors, où veux-tu en venir ?, repris-je. Je suis là, vulnérable devant toi comme je ne l'ai jamais été devant quiconque.

-Je sais, je-

-On va où, maintenant ?

Nos yeux se croisèrent à nouveau, et je lu de l'incrédulité, puis de la peur dans les traits de son beau visage. Puis, elle se déroba à mon regard en baissant la tête.

A nouveau, elle me fermait l'accès à ses émotions. Ou du moins, elle le tentait. ça me rendait dingue.

-Je veux que tout redevienne comme avant, lâcha-t-elle du bout des lèvres, sans bouger.

-C'est impossible, crachai-je comme du venin.

-Mais… tu viens de dire que tu voulais qu'on fasse comme à l'Académie !

Sa voix enfantine et blessée me chamboulaient tout en attisant mes interrogations. Je détestais la voir ainsi, au bord des larmes. Pourtant, je ne pouvais pas ignorer la petite voix qui me disait que son attitude n'était peut-être pas aussi sincère qu'elle en avait l'air. Hana m'avait surprise dans bien des situations, surtout cette dernière année. Pouvait-elle être manipulatrice ?

-J'ai dit que j'aimerais que l'on passe plus de temps ensemble, et que tu te confies à moi. Que tu me fasses confiance. Mais nous ne pourrons jamais avoir la même relation qu'à l'Académie. Nous ne sommes plus les mêmes personnes qu'alors. Et de toute façon, nous n'avons pas le temps. J'ai été stupide de croire ça.

Elle releva brusquement la tête, les narines palpitantes. Je venais de la poignarder en plein cœur.

-Je ne comprends pas ce que tu veux, murmura-t-elle si bas que je n'étais pas sûre qu'elle s'adressait à moi.

Pour être honnête, je n'en étais pas sûre non plus. J'avais peur de la perdre. J'étais si effrayée à l'idée que nous devenions de simples étrangères, que je me sentais refroidir. Sans Hana, je ne me sentais pas vivre pleinement. Mais je savais que la relation que nous avions depuis quelques mois ne me convenait pas non plus. Etais-je en droit de demander plus ? Ou devrais-je m'écraser pour garder ce qu'elle pouvait me donner ? Après tout, ce n'était pas comme si j'avais beaucoup d'amis et pouvait me permettre d'en perdre. Surtout, Hana était ma meilleure amie. Je devais être capable de me contenter de cette relation. J'aurais dû.

Comme avec Rio, tu veux dire ?

L'intervention de Soto no Okami me foudroya sur ma chaise. L'adrénaline monta dans mes veines, me laissant sur le qui-vive, et j'étais si choquée que je ne sus quoi répondre.

Une main attrapa la mienne, que j'avais laissée sur la table. J'étais si perdue dans mes pensées que j'en sursautai violemment. Hana s'était penchée sur la table, ses cheveux avaient glissé et tombaient à présent sur l'encolure de son uniforme, presque sur sa poitrine. Elle reprit d'une voix bien plus douce et bienveillante :

-Réponds-moi, s'il te plaît.

-Répondre quoi ?

-Ce que tu veux réellement. (Elle marqua une pause puis ajouta.) Je peux tout entendre.

C'en était trop pour moi. Je sentis les larmes me monter aux yeux bien malgré moi, et la panique me submergea. Personne ne pouvait me voir pleurer. Je me levai brusquement et me dirigeai vers les toilettes en me retenant de courir. Hana ne me suivit pas.

HhHhHhHhHhHhHhHhHhHhHhH

Hana

Lorsque Kandi revint des toilettes, presque vingt minutes plus tard, il n'y avait aucune trace de pleurs sur ses joues. Ses yeux n'étaient même pas gonflés. Toute la colère et le chagrin qu'elle avait exprimés quelques instants auparavant avait déserté son langage corporel. Elle était redevenue Pâru, la noble qui contrôlait toute situation, comme ses émotions. L'incarnation de la maîtrise de soi.

La déception m'envahit plus violemment que je ne l'aurai cru. Plus que le comportement de Kandi, c'était le mien qui m'exaspérait. J'avais tant réfléchi à cette discussion, tant voulu qu'elle s'ouvre à moi. Vivre sans elle m'était insupportable. Mais j'avais abattu mes cartes trop tôt. Et je n'étais pas beaucoup plus avancée qu'avant d'arriver.

Ces derniers mois, les mots de Gin n'avaient cessé de tourner encore et encore dans mon esprit. "Je me demande si Kandi n'est pas amoureuse de toi.". J'avais réfuté cette option en me disant que c'était ridicule. Je l'aurais forcément remarqué. Kandi était assez grande pour exprimer ses sentiments. Elle me faisait confiance. Puis, un terrible doute m'avait saisie. J'étais presque en colère contre Gin. Sans lui, je n'aurais pas hésité à revoir ma meilleure amie, et nous n'aurions pas eu cette conversation à double sens qui m'avait échappée. La vérité, c'était que je ne contrôlais plus rien.

Étais-je une mauvaise personne car je voulais continuer de vivre avec ma meilleure amie, de manger, de dormir, de m'entraîner avec elle, même si cela signifiait passer moins de temps avec mon petit ami ? Était-ce mal de préférer vivre avec son amie qu'avec son compagnon ? Avais-je le droit de partager mon temps de façon égale entre eux deux ? Après tout, Kandi et moi formions presque un couple. La seule différence entre les deux personnes que j'aimais le plus au monde, c'est que je ne couchais qu'avec une des deux.

Pouvais-je avoir les deux ?

Yû, assis à ma droite, ne cessait de me jeter des coups d'œil inquiets. Je n'avais clairement pas autant de maîtrise que Kandi, et je savais que mes émotions se lisaient sur mon visage. Depuis qu'il m'avait rejointe, je n'avais pas dû prononcer plus de deux phrases. Lorsque Kandi s'installa bruyamment à table, il parut rassuré quelques secondes, puis l'ambiance pesante le fit rapidement déchanter. Devant le silence accablant, il lâcha un timide :

-Euh, ça va les filles ?

-Je ne savais pas qu'Hana t'avait invité, Yû, dit-elle sans le regarder.

Le reproche était à peine subtil.

-Ce n'est pas le cas. J'ai rendez-vous avec des amis de ma promotion à l'Académie. Ils sont en retard.

Kandi ne le regardait toujours pas.

-Je peux m'en aller, si vous voulez, tenta-t-il.

-Ne t'en fais pas, nous avions terminé. C'est moi qui m'en vais.

Je sentis mon cœur glisser dans mon estomac tandis que mes jambes ramolissaient tels du coton. Comme dans un rêve, je la vis se lever et s'éloigner sans que je puisse bouger un muscle. J'étais sidérée. Elle fuyait. Encore.

Yû nous regarda alternativement. Il était désemparé. Il savait que nous étions en froid, mais je ne lui avais pas raconté les détails. Oh, bon sang. Kandi avait dû se dire que je lui avais tout raconté. Comme si j'étais capable de partager le plus profond de mon cœur, comme je venais de le faire, avec une autre personne qu'elle.

Tu l'as bien dit à Gin.

Ce n'est pas pareil ! Et puis, je ne lui dis pas tout, et tu le sais.

C'est donc bien que tu les considères différemment.

Je décidai d'ignorer la remarque d'Awa. Je n'avais pas le temps d'y réfléchir.

-Hana. Tu devrais aller la chercher, non ?

L'intervention de mon ami me ramena à la réalité. Je hochai la tête tout en me levant et je me cognai la hanche à la table, renversant nos boissons presque pleines. Un juron m'échappa. Yû était abasourdi. Je n'avais pas été aussi maladroite depuis des années.

Je sortis du bar en bousculant plusieurs shinigamis agacés, et aperçus Kandi un peu plus loin dans la rue, penchée contre un mur. Je crus d'abord qu'elle pleurait, mais je m'approchais sans bruit, et je vis son poing serré contre le mur, ainsi que des fissures tout autour.

Ah. On en est là. Je me forçai à déglutir pour ne pas laisser ma voix trembler d'émotion.

-Kandi ? Je peux m'approcher ?

Elle sursauta vivement et se redressa. Elle réalisa l'état du mur et fronça le nez avec un air ronchon que je lui avais rarement vu. Depuis quand ne s'était-elle pas laissée aller à une expression aussi puérile ? Pour la deuxième fois de ma vie, je l'entendis dire un gros mot. La situation était si étonnante, et j'étais tant sur les nerfs, que je ne pus retenir un éclat de rire. Aussitôt, il se transforma en un fou rire incontrôlable. Kandi fit un "O" avec sa bouche, mais, rapidement, je vis ses lèvres trembler. Elle se retenait de rire. Ou de pleurer. Ou les deux. N'y tenant plus, elle s'esclaffa elle aussi, d'un rire mutin et légèrement exaspéré. D'elle-même ou de nous deux, je ne saurais le dire.

La crise passa et je m'approchai d'elle.

-Je suis désolée, je n'ai pas pu me retenir, dis-je en m'essuyant les yeux.

Elle ne put cacher le léger redressement de ses lèvres. Un point pour moi, pensais-je.

-ça fait du bien, avoua-t-elle.

-De rire ou de casser le mur ? la taquinai-je.

Elle gémit théâtralement et je lui souris en retour.

-Je vais avoir des problèmes.

Je m'approchai encore d'elle. J'avais tellement envie de la serrer dans mes bras, de sentir son odeur, comme avant, mais je m'en empêchai. Nous devions terminer cette discussion. Kandi devait penser la même chose, car son visage se ferma à nouveau. Je me jetai -encore- à l'eau :

-Kandi, je t'aime.

Son expression était indéchiffrable. Elle ne pouvait pas être amoureuse de moi. C'était impossible.

-Je veux que tu restes dans ma vie. Dis-moi ce que tu veux et je te le donnerai. Je prendrai le temps. Ne t'en va plus comme ça, s'il te plaît.

Kandi recula comme pour se protéger de mes paroles.

-Je, j'ai besoin d'y réfléchir.

-Encore ? ça fait des semaines, presque trois mois que ça dure.

Elle ne répondit pas tout de suite. Lorsqu'elle ouvrit la bouche, ce ne fut pas sa voix que j'entendis.

-Alors, les brouteuses de minous, vous êtes fâchées ?

Je me retournai vivement. A l'angle de la rue, proche de l'entrée du bar, se tenait Rurori. D'autres shinigamis attendaient derrière lui. Il avança tranquillement, torse bombé, et sourire tout en dents. Ses mignons le suivirent, mais il ne sembla pas y prêter attention. A quelques mètres de nous, près, trop près, il s'arrêta et m'adressa un clin d'œil provocateur, tout en me déshabillant du regard.

Mon sang ne fit qu'un tour. Ce goujat osait se pavaner devant nous après le sale tour qu'il avait joué à mon amie. S'il n'avait pas été dans l'équipe de Kandi ce jour-là…. elle et moi ne serions même pas devant ce bar. Nous ne nous serions jamais disputées.

Je serrai vivement les poings, sentant déjà l'adrénaline s'agiter dans mes veines, surmontant la peur du combat et du sang. Je voulais du sang.

-Ohhhh, tout ce drama, c'est troooop triste. Vous étiez mes lesbiennes préférées pourtant. Quoi que, Hana, tu joues sur les deux tableaux non ? Toi et le troisième capitaine n'êtes pas très discrets…

Ses intonations faussement étonnées ainsi que sa voix traînante eurent raison de ma discipline. Il était déjà insupportable qu'il s'en prenne à moi. Mais qu'il insulte encore Kandi, et maintenant mon Capitaine ?

Je sentis la main de Kandi sur mon épaule. Il n'y avait aucune force dans sa poigne, mais sa voix suffit à me retenir.

-Surtout, ne fais rien. Il est fichu de toute façon.

-Que veux-tu dire par là ?

-Disons qu'il ne va pas parader encore longtemps.

Je tournai la tête vers la dixième siège pour me désintéresser totalement de notre homologue masculin. Je lui tournais complètement le dos, à présent, sans ignorer le plaisir que je ressentais à entendre Rurori s'indigner. Celui-ci nous invectiva encore, mais je l'ignorais, toute mon attention étant accaparée par le petit sourire satisfait de mon amie. Elle détenait une information que, de toute évidence, ni lui ni moi ne possédions.

-Allons-nous en, affirma-t-elle en ignorant elle aussi les tentatives de Rurori de nous faire réagir.

Mais avant que je ne puisse faire un pas, Rurori attaqua. Une sensation dans ma nuque et jusque dans mes os éveilla mes réflexes. Mes derniers combats, additionnés par les nombreux entraînements récents, avaient aiguisé mon instinct au maximum. Je réagis sans me poser de question.

Je me tournai sur le côté pour esquiver un poing vengeur en me baissant, et profitai de l'élan de Rurori pour me redresser et lui envoyer mon pied gauche dans les basses côtes, qui le projeta au sol. Un craquement distinctif suivi d'un bref cri de douleur m'informa que j'avais parfaitement atteint ma cible.

Il était hors de question que Kandi se retrouve blessée, une fois de plus, à cause de cet imbécile.

Rurori se releva promptement, comme si je l'avais à peine effleuré malgré son expression douloureuse. Il avait laissé une odeur de saké dans son sillage. Et soudain, ça me sembla évident. Il était alcoolisé.

-Sale pute ! rugit-il.

-Hana ! s'exclama Kandi en le voyant dégainer son zanpakuto.

Je sentis mes abdos se contracter par anticipation. Habituellement, le port d'armes était interdit dans les rues du Seireitei, surtout en dehors de ses heures de fonction.

Mais l'interdiction avait été levée depuis les attaques massives de hollows.

Les shinigamis qui l'accompagnaient s'avancèrent, main sur le fourreau de leur armes, des asauchis semblait-il, qu'il les arrêta d'un signe de la main.

-Je vais m'en occuper seul, annonça-t-il avec calme.

J'étais stupéfaite. D'où tenait-il un tel aplomb ? L'alcool seul n'était pas une raison suffisante. Il avait encore assez de maîtrise pour attaquer et tenir debout. Non, c'était simplement son arrogance habituelle. Il avait deux officiers face à lui, dont une plus gradée que lui. Sans compter les curieux, sortis du bar pour observer la scène. Si Yû se ramenait, un cinquième siège… Il pourrait perdre son poste. Il devait nous haïr profondément pour prendre un tel risque.

Kandi se plaça à mes côtés, zanpakuto au clair et avec un air déterminé sur le visage.

-Rurori Name, douzième siège de la sixième division, dit-elle d'une voix haute et distincte, rengaine ton zanpakuto et cesse ce combat stérile.

Rurori n'obéit pas. A la place, il éclata de rire.

-Je n'ai pas d'ordres à recevoir de toi. Tu n'es pas ma supérieure à ce que je sache.

Les yeux de Kandi devinrent deux fentes, ses lèvres s'amincirent. Elle expira le plus lentement possible, mais je savais qu'elle fulminait.

-Il s'agit de ta deuxième insubordination à mon encontre. N'aggrave pas ton cas.

Aussitôt, le visage de Rurori se ferma.

-C'était bien toi. La convocation. Evidemment que c'était toi.

-De quoi parle-t-il ? intervins-je.

Rurori eut un sourire en coin en m'entendant. En réalité, j'étais la seule à qui il manquait un bout du puzzle.

-Quoi, ta petite copine ne s'est pas vanté de sa délation ? Elle n'assume pas d'aller cafter à son supérieur, parce qu'elle n'est pas capable de se faire obéir ?

Son sourire provocateur était de retour. Mais il s'agissait d'une distraction. Sa garde n'avait pas bougée et la nôtre non plus. En fond, j'aperçus des shinigamis s'agiter. S'ils n'osaient pas intervenir, j'espérais qu'ils n'iraient pas chercher de l'aide. De toute évidence, cet homme avait besoin d'une bonne leçon. Et j'étais prête à la lui enseigner moi-même. Aussi ne pris-je pas la peine de répondre. Mais Kandi le fit tout de même.

-Le Capitaine Kuchiki a été informé de tes actes répréhensibles par le Capitaine Ukitake et le vice-capitaine Kotsubaki. Ton Capitaine t'accordera la punition qu'il jugera nécessaire en temps voulu. Maintenant, sois un shinigami digne de ce nom : assume tes actes et apprends de tes erreurs !

Je me demandais si elle espérait éviter ou déclencher le combat avec de telles paroles.

-Je n'ai aucune leçon à recevoir d'une salope comme toi ! cria-t-il.

Puis, il chargea. Kandi et moi réagîmes de concert. Je parai sans difficulté tandis qu'elle lui lançait un sort visant à l'éloigner sans trop de dégâts. Mais il nous prit par surprise en reculant et en bloquant son sort avec une facilité déconcertante. Il envoya son pied dans le ventre de Kandi à une vitesse hallucinante, lui coupant le souffle. Elle mit un genou à terre avec la main crispée sur son sternum.

Il allait la frapper à nouveau lorsque j'intervins. Il n'eut pas d'autre choix que de parer pour ne pas finir embroché. Il répliqua aussitôt et nous échangeâmes plusieurs coups tout aussi violents les uns que les autres. Puis, je réalisai qu'il m'éloignait de Kandi.

Celle-ci s'était relevée entre-temps, mais Rurori ne lui laissait pas l'occasion d'intervenir. Il allait vite, très vite, et ses coups étaient de plus en plus forts. Si j'avais eu un asauchi, la lame en aurait déjà été brisée. Mais j'avais un zanpakuto, et si j'étais plus petite que lui et moins musclée, j'avais une quantité de reiatsu non négligeable à revendre, et celle-ci compensait largement. Nous nous retrouvâmes bientôt face à face, nos deux mains sur nos gardes, nos lames croisées dans un rapport de force. Puis, je commençai à plier. Un sourire victorieux se dessinait déjà sur ses lèvres. Nous étions si proches que j'aurais presque pu l'embrasser. Cette pensée me fit sourire, et je vis ses sourcils se relever d'étonnement. En l'espace d'une seconde, je lâchai ma garde d'une main pour réaliser le symbole nécessaire à mon sort de Hadô. Rurori écarquilla les yeux. Il n'avait pas le temps de reculer.

-Okasen ! annonçai-je sans avoir besoin d'incanter.

Il se prit le sort de plein fouet. Cependant, je me remis instantanément en garde. Rurori n'était pas devenu douzième siège pour rien, et je savais d'expérience qu'il ne supporterait pas l'humiliation de s'être fait avoir par du kidô, lui qui misait tout sur la force brute. Le souvenir de la fin de notre combat à l'Académie me revint en tête. Je savais encaisser. Mais cette fois-ci, je ne me laisserai pas faire. J'étais plus forte.

La fumée du tir de feu jaune m'encerclait et me camouflait suffisamment avec la nuit tombante. Je me fiais à mes sens spirituels pour détecter les personnes autour de moi et me déplacer avant que Rurori ne me fonce à nouveau dessus. Je sentis Kandi faire de même, mais Rurori avait prudemment baissé son reiatsu au maximum. Si nous avions été seuls aux alentours j'aurais facilement pu le détecter. Cependant, la présence des nombreux shinigamis dans et en dehors du pub brouillait les pistes. Il m'échappait.

Bon sang, il était bon.

Puis, le réiatsu de Rurori s'intensifia jusqu'à devenir brûlant, et je dus ériger le mien pour me défendre face à son intensité. Un vent surnaturel fit claquer les pans de mes manches et gonfla mon hakama. La fumée de mon hadô s'en retrouva dissipée et je perçus avec tous mes sens Rurori, tel une torche dans la nuit. Son réiatsu était envahissant et brutal, à son image. Il était avec les autres shinigamis qui s'écartèrent vivement de lui. Certains gémissaient de douleur. Je n'en croyais pas mes yeux. Il était allé les retrouver et profiter de leur manque de maîtrise du reiatsu pour passer inaperçu. Leur présence l'avait protégé ! Et il avait eu le temps de se préparer…

-Éclaire, Moeru Kurage ! cria-t-il avec conviction.

Il arborait un sourire de vainqueur. Son sabre n'avait que très peu changé : la lame était plus fine et légèrement plus longue. Elle scintillait, de façon très légère mais régulière, comme un battement de cœur. Je ne l'aurais sûrement pas remarquée en plein jour. Je me demandai à quoi pouvait servir un zanpakuto peu discret comme le sien. D'après sa formule d'appel, il s'agissait probablement d'une arme de type kidô. Connaissant la personnalité à qui j'avais affaire, je devais rester prudente.

-Ne le laisse pas te toucher, cria Kandi à quelques mètres de moi en confirmant mes réflexions.

Ce qui était sûr, c'est qu'une fois de plus, je n'allais pas pouvoir utiliser mes propres pouvoirs en pleine rue. Surtout en étant entourée de shinigamis moins puissants que moi.

La tension monta d'un cran. Tous les shinigamis de la rue s'étaient éloignés. Je n'arrivais pas à apercevoir leur visage.

Comme si nous nous étions concertés, nous attaquâmes tous les trois. Cela faisait longtemps que je n'avais pas combattu avec Kandi, mais je connaissais son style et elle connaissait le mien. Nous savions nous adapter l'une à l'autre, et, contrairement à Rurori, nous étions capables de nous battre en équipe face à un ennemi commun. Tandis que Rurori avait déjà prouvé qu'il préférait jouer solo. Sa suffisance serait notre avantage.

Une fois de plus, il tenta d'écarter Kandi. Il semblait particulièrement remonté contre moi, malgré la dénonciation de mon amie. Ses regards haineux et ses coups vicieux m'étaient dirigés de façon toute particulière. Je ne pus m'empêcher de frissonner. J'avais la sensation qu'il avait autant de rancœur à mon encontre qu'inversement. Pourtant, c'était moi la victime de son obsession.

Kandi et moi ne lui laissâmes pas de répit, tout en veillant soigneusement à ne pas nous laisser toucher par le fil de son sabre. Bientôt, il fut acculé, obligé de se défendre seulement. Nous tenions la victoire.

-Tu as encore une chance de te rendre, Rurori. Si tu ne veux pas être démis de tes fonctions, intervint Kandi. Tant que nous ne sommes pas blessées, le 46 se montrera clément.

Rurori ne répondit pas. Mais les paroles de Kandi nourrirent sa fureur. Ses yeux brillaient de colère. Il ne supportait pas de recevoir ses ordres. D'une force renouvelée, il leva un bras contre son torse, paume à plat, et la repoussa avec un "Shô!" puissant. Kandi dut esquiver pour ne pas se retrouver expulsée vers le ciel. Puis, avant que nous ne puissions attaquer, il appela à nouveau son zanpakuto :

-Kurage !

Sa lame se transforma instantanément en un tentacule lumineux et vibrant. Électrique. Qui fonça droit sur moi.

Le tentacule frôla délicatement ma tempe, comme une caresse. Puis, le choc comme la douleur me firent vaciller et je reculai pour éviter une seconde attaque. Kandi hurla mon prénom et se précipita sur Rurori pour l'éloigner de moi.

Je tremblais et dû m'appuyer contre le mur. Ma vision se brouilla quelques secondes à cause de la brûlure. Je portais le doigt sur le côté de ma tête, juste au-dessus de l'oreille, là où il m'avait touchée. Je grimaçai en frôlant mon cuir chevelu sensibilisé. La peau était à vif, mais je ne saignais pas. Après tout, il m'avait touchée à peine une seconde. ça aurait pu être pire. Je pris de grandes inspirations pour limiter la sensation de douleur. Ma vue s'éclaircit peu à peu. Je réfléchis à toute allure en observant le combat acharné. Rurori avait rappelé son zanpakuto pour qu'il retrouve sa forme de lame. Soit il ne pouvait pas utiliser son arme plus des deux fois où il m'avait visée et devait recharger sa lame, soit son zanpakuto était trop gourmand en reiatsu pour être utilisé sous cette forme plus longtemps. De plus, Kandi le forçait au combat rapproché, art où elle excellait.

A moins que ça ne l'arrange également. Après tout, le tentacule électrique était très court. Un mètre au maximum. Comme il l'avait fait avec moi, il attendait que Kandi soit assez proche de lui.

C'était clairement un piège. Kandi l'avait-elle compris ?

Une fois que je parvins à maîtriser la sensation de douleur, je saisis Awa à deux mains et décidai de me rapprocher de Kandi pour lui faire part de mon plan. Il était trop dangereux de s'approcher de Rurori pour le stopper. Il avait peut-être d'autres attaques en réserve. Mes bulles pouvaient le stopper en le contraignant à l'immobilité. Nous devions nous éloigner avant que je puisse libérer mon shikaï.

Je luttai contre l'engourdissement que je ressentais sur tout le côté de mon visage et jusque dans mon cou pour rejoindre mon amie qui s'était élevée au-dessus des toits du Seireitei. Elle échangeait des coups violents et extrêmement rapides avec Rurori pour l'empêcher d'utiliser son shikaï. Seul un shinigami gradé était capable de les suivre. Sa mâchoire était serrée de concentration et de hargne. Elle me sentit arriver et me cria de m'éloigner.

-J'ai un plan, annonçai-je calmement.

Rurori profita de sa seconde d'inattention pour s'éloigner et récupérer. J'aperçus, non sans satisfaction, qu'il haletait, tandis que Kandi ne montrait presque aucun signe de faiblesse. Elle était plus endurante que lui.

-Tu devrais rester en arrière Hana. Qui sait ce que son zanpakuto est capable de faire une fois qu'il t'a touchée.

-Tu ne pourras pas l'arrêter toute seule, argumentai-je. Nous devons l'immobiliser sans le blesser. Je vais utiliser mes pouvoirs.

Kandi ouvrit des yeux ronds.

-Cela voudrait dire nous éloigner encore plus. Tu ne peux pas utiliser ton shikaï en pleine centre ville. Il va comprendre notre stratégie et chercher à nous blesser à tout prix. Je ne suis pas d'accord.

-Mais-

-Je vais utiliser mon shikaï. Je peux l'arrêter avec ses capacités.

J'ouvris la bouche et la refermai stupidement. De manière totalement inappropriée, j'avais très envie de voir le shikaï de Kandi. Mais les circonstances m'empêchaient de céder à cette pulsion égoïste.

-Ce serait une escalade, Kandi. Nous ne devons pas le blesser, seulement le stopper. Nous ne nous sommes pas censées nous battre, affirmai-je en ignorant l'engourdissement qui gagnait mon bras.

Kandi me jeta un regard doublé d'un rictus moqueur.

-Tu crois vraiment que ta soif de sang est passée inaperçue ? Elle est aussi présente que la sienne.

J'allai répondre lorsque Rurori s'approcha avec une garde prudente.

-Vous n'en avez pas marre de vous disputer pour un rien ? Vous n'arriverez pas à me battre seules, et encore moins sans vos shikaï. Libérez-les, ordonna-t-il.

Je soupirai ostensiblement face à tant d'arrogance. Il n'était pourtant pas en position de gagner. Il répliqua aussitôt :

-Surtout toi, ma petite fleur. Tu devrais en finir tant que tu le peux encore.

Il m'avait regardée droit dans les yeux, avec toute l'intensité qui le caractérisait. Je me sentis brusquement très faible. Je pensais qu'il m'avait simplement brûlée. M'avait-il également empoisonnée ?

-Si je te touche encore, tu es fichue, ajouta-t-il rapidement. Alors toi et ta petite copine feriez mieux de vous dépêcher.

-Que veux-tu dire par là ? demanda Kandi avec, oh, que je le détestais, une voix tremblante.

Merde, Kandi perdait pied. Je serrai les dents en comprenant sa stratégie. Jouer avec nos nerfs. Ce type savait exactement ce qu'il était en train de faire.

-Exactement ce que je viens de t'expliquer, répondit-il sans ciller.

Comme je m'y attendais, et lui aussi, Kandi poussa un cri rageur et déclara :

-Griffe et protège, Sôtô no Ôkami !

Son zanpakuto disparut de ses mains. Tout simplement. Puis, elle s'élança, le bras en avant et le poing fermé. Droit contre le sabre de Rurori. Je ne pus retenir un hurlement.

Il y eut un bruissement dans l'air, et une main se posa sur le poing de Kandi. Une grande silhouette me bloquait la vue. Le Capitaine Ukitake baissa le bras de son dixième siège avec douceur et fermeté.

-Je suis très déçu par votre comportement, Pâru-kun.

Il avait parlé avec son calme habituel. C'était pire que s'il avait crié. Il n'était même pas en colère. Kandi blanchit et baissa la tête avec honte, toute combativité envolée.

Je penchai la tête sur le côté, et aperçut avec surprise un second haori blanc, marqué du chiffre six. Le Capitaine Kuchiki nous tournait le dos et, à quelques mètres seulement, je pouvais sentir son imposant reiatsu, chargé de désapprobation. Je n'entendis pas ce qu'il disait à son officier, et je fus presque déçue de ne pas voir la tête de Rurori. J'aurais payé cher pour voir les remontrances qui l'attendaient. La brûlure à ma tempe se rappela brusquement à moi et je serrai les dents sans bruit. Mon engourdissement se faisait de plus en plus présent. Je rangeai mon zanpakuto et attendit les ordres.

Un silence pesant s'installa. Le Capitaine Ukitake se retourna pour apercevoir son homologue qui lui tournait encore le dos. Enfin, celui-ci se retourna. Il nous balaya du regard et s'arrêta une seconde de trop sur moi. Il avait dû me reconnaître, bien que son visage impassible ne me permit pas d'en être certaine.

-Encore vous, prononça-t-il non sans agacement.

Je retins un tic nerveux. Comme si ce qu'il s'était passé était de ma faute, non mais. J'allais me justifier lorsque je me sentis vaciller, plus sévèrement cette fois-ci. Aussitôt, un bras solide me rattrapa.

-Nous devrions rejoindre le sol avant que vous ne tombiez et vous blessiez, Hana-kun.

Avant que je ne puisse répondre, je sentis le sol sous mes pieds et ma tête tourner encore plus fort. Je clignai des yeux et me sentit un peu plus stable. Les Capitaines étaient si rapides en shunpo que c'en devenait effrayant. Aussi, je sursautai en entendant le Capitaine Kuchiki dans mon dos, que je n'avais pas vu se déplacer.

-Tout le monde dans mon bureau. Maintenant.

-Byakuya-kun, cette demoiselle a besoin de soins. De plus, son supérieur doit obligatoirement être présent pour entendre le rapport qu'elle nous fournira.

Qu'il était agréable d'entendre deux hommes parler de soi à la troisième personne alors que vous étiez juste à côté.

La ferme. Vraiment, la ferme.

Su-per. En plus de me faire remonter les bretelles par deux Capitaines et, plus tard, par Gin, j'allais me faire passer un savon par mon propre zanpakuto.

-Le Capitaine Ichimaru n'est pas… disponible pour le moment, comme vous le savez, répondit Kuchiki.

Je pris bien garde à faire comme si je ne savais pas de quoi ils parlaient. Kandi avait également l'air perdue. J'ignorais si Ukitake l'avait tenue au courage des échanges houleux qui se déroulaient depuis plusieurs semaines dans la Chambre des 46. Pourtant, Ukitake faisait partie de ceux qui soutenaient le projet de mon Capitaine. Encore un sujet que nous n'avions pas eu le temps d'aborder. Elle s'approcha pour me soutenir. Je devais vraiment avoir une sale tête. Elle regarda attentivement ma plaie sans la toucher et fit la grimace.

Puis, j'aperçus Yû qui courrait vers nous. La culpabilité m'envahit aussitôt. Je savais qu'il allait s'en mêler, et il risquait d'avoir des problèmes à cause de moi.

-Capitaine Kuchiki, Capitaine Ukitake, dit-il en s'inclinant. Mirasawa Yui, cinquième siège de la troisième division, au rapport. Des soldats ont rapporté avoir tout vu de l'incident. J'ai moi-même assisté à une partie. Laissez-moi venir en tant que supérieur de Jyuukai Hana, en l'absence de notre Capitaine, s'il vous plaît.

Le Capitaine de la sixième division le jaugea un moment. Bien que nous ne soyons pas sous son autorité, sa division était la plus proche. Et surtout, c'était son officier qui avait démarré le conflit.

Il acquiesça de manière presque imperceptible et s'éloigna sans même adresser un regard à Rurori, certain d'être suivi.

HhHhHhHhHhHhHhHhHhHhHhHhH

Une fois dans le bureau du Capitaine Kuchiki, celui-ci envoya un de ses hommes chercher un médecin de la quatrième division pour m'ausculter. Le soignant posa plusieurs questions à Rurori sur les propriétés de son zanpakuto, et ce dernier ne répondit que sous le regard glacial de son Capitaine. Il était furieux de devoir révéler tous ses pouvoirs devant d'autres shinigamis, mais il obéit. Si la blessure était douloureuse, je n'étais pas en danger de mort, contrairement à ce qu'avait affirmé le douzième siège de la sixième division. Cependant, une fois soignée, le médecin m'expliqua qu'il n'arrivait pas à enlever la cicatrice, ce qu'il aurait dû pouvoir faire sur une blessure aussi fraîche et peu profonde. Il était sincèrement navré. Rurori expliqua alors, non sans satisfaction :

-Lorsque je touche une personne avec mon zanpakuto, je la marque à vie.

Un froid polaire s'installa dans le bureau, et même le Vice-Capitaine de la sixième division claqua des dents. J'avais reconnu le grand roux tatoué, qui était présent lors de mon intronisation à la troisième division. Il semblait affligé par le comportement de son subordonné, et me regarda d'un air désolé, bien qu'il ne m'adressa pas la parole. Le Capitaine Kuchiki prononça distinctement, les dents serrés :

-Douzième siège, vous ne parlerez que lorsque je vous y autoriserai. A partir de maintenant, je ne dois même pas vous entendre respirer. Suis-je bien clair ?

Rurori devint livide, et il acquiesça faiblement.

Le Capitaine demanda ensuite à Yû son rapport complet, puis celui de Kandi et enfin, le mien. Ukitake avait soutenu son officier en posant sa main sur son épaule dans un geste encourageant. Yû n'avait pas osé exprimer un geste aussi personnel, mais je sentais son regard bienveillant sur moi.

-Bien, commença Kuchiki une fois que j'eus terminé. Je vais à présent vous demander de sortir pendant que je m'entretiens avec le Capitaine Ukitake et le cinquième siège Mirasawa. Nous déciderons ensemble d'une punition appropriée à votre comportement. Renji, surveille-les.

-Excusez-moi, Capitaines, intervint Kandi.

Kuchiki haussa un sourcil ennuyé. Cet homme n'avait pas l'habitude d'être contredit, et il exprima clairement son agacement :

-Qu'y-t-il, dixième siège ?

Il ne l'appelait même pas par son nom de famille alors qu'ils étaient liés.

-Il ne s'agit pas d'un événement sans précédent. Le douzième siège Ruro-

-Je suis parfaitement au courant des antécédents d'insubordination de mon subordonné, la coupa-t-il. Elles ne resteront pas sans conséquence et sont d'ores et déjà prises en compte.

-Je veux parler d'un événement antérieur, insista-t-elle.

Du coin de l'œil, je vis Rurori écarquiller légèrement les yeux. Puis, sachant qu'il devait tenir une conduite exemplaire, il se reprit. De mon côté, je paniquai quelque peu. J'espérais qu'elle n'allait pas mentionner la cuisante humiliation que m'avait fait subir Rurori il y avait plusieurs années.

-Lorsque nous étions à l'Académie, commença Kandi.

Bordel. Je fermai les yeux un instant, tandis que Kandi racontait le déroulement du combat et que je me sentais rougir. J'inspirai lentement et discrètement pour reprendre le contrôle de mon corps.

-Depuis ce jour, le douzième siège Rurori nourrit une obsession pour moi et mon amie. Surtout Hana. En plus de ces nombreuses altercations s'ajoutent des insultes et des provocations à caractère homophobe. Comme ce soir.

Les yeux de Byakuya devinrent deux fentes. Il les dirigea vers Rurori, qui, au lieu d'être mortifié, redressait la tête et bombait presque le torse.

-Est-ce vrai, douzième siège ? Ne mentez pas.

-Je n'ai aucune idée de quoi elles parlent. Ces femmes ne supportent pas que je sois plus fort qu'elles, et elles m'en veulent depuis l'attaque des hollows. C'est elles qui sont obsédées par moi.

Je ne pus retenir une exclamation de stupeur.

Le Capitaine Ukitake intervint :

-Ainsi, vous démentissez le rapport de mon dixième siège ? En êtes-vous sûr ?

La tension était si lourde qu'on aurait pu la couper au zanpakuto. Ukitake regardait Rurori droit dans les yeux. Il n'avait plus rien du Capitaine doux et affable que nous connaissions tous. Un dirigeant implacable l'avait remplacé.

-Hum, Capitaine, intervint le Vice-Capitaine.

Le Capitaine Kuchiki l'invita à poursuivre d'un geste du menton.

-Les hommes de son dortoir et des équipes dans lesquelles il a été se sont plusieurs fois plaints de… de remarques de ce genre. En plus de sa personnalité, disons, difficile à vivre. Il y a eu plusieurs rapports dans ce sens. Je voulais en parler depuis votre… échange avec le Capitaine Ukitake.

Le pauvre Renji baissa la tête. En tant que Vice-Capitaine, c'était à lui de veiller à la cohésion et à la qualité de vie des soldats de sa division.

Je lui devrai quelques pintes.

Le Capitaine Kuchiki cligna des yeux et laissa échapper un faible soupir.

-Merci pour vos rapports, officiers. A présent, sortez.

Nous n'eûmes que quelques minutes à attendre avant que Rurori ne soit rappelé à l'intérieur, et pour que le Capitaine Ukitake n'en sorte. Le Vice-Capitaine n'avait pas lâché son subordonné du regard et lui collait aux basques. Il le poussa à l'intérieur du bureau sans ménagement en nous adressant un bref signe de tête. Le Capitaine s'éloigna du bureau et nous le suivîmes à quelques pas règlementaires, silencieusement. Une fois sorti de la caserne, il pivota pour nous faire face.

-Le douzième siège sera démis de ses fonctions et retrouvera le statut de simple soldat. Pour être honnête, le Capitaine Kuchiki voulait le transférer à la onzième division, mais il a changé d'avis au vu des récents événements. Il préfère le garder sous sa propre surveillance. Hana-kun, votre Capitaine recevra un rapport et vous attribuera une punition s'il le juge nécessaire, bien que j'en serai étonné.

Son sourire ne laissait aucun doute sur le fait qu'il connaissait la nature de notre relation. Il se tourna vers son officier.

-Pâru-kun, nous en discuterons plus posément et en temps voulu. Il se fait tard, et la journée a été assez longue. Je te laisse avec ton amie.

Nous nous inclinâmes et il partit d'un pas tranquille. Le mélange de clémence et d'autorité qu'il dégageait forçait au respect. Chaque Capitaine possédait une aura différente, mais la sienne était sans conteste la plus inattendue, quand on la comparait aux autres. Il n'était pas étonnant qu'il fasse partie des Capitaines les plus populaires.

Kandi et moi échangeâmes un regard gêné.

-Je te raccompagne ? offris-je après quelques secondes.

-Hana, je… Je sais qu'on a pas fini notre discussion, mais là-

-Ce n'est pas pour parler, promis. Je veux juste… j'ai besoin de ta présence, là.

Elle rougit un peu.

-Ok, marmonna-t-elle avec une gêne bien différente cette fois-ci.

Nous fîmes le chemin sans parler. Nous profitions du calme et de la fraîcheur de la nuit. L'automne arrivait et cela faisait du bien de ne plus transpirer au moindre mouvement. Je n'avais presque plus mal à la tête et je sentais à nouveau tous mes membres. Ainsi que mon odeur. Beurk. Une longue douche m'attendait. Je regardai Kandi de biais, qui, elle, n'avait que sa coiffure de défaite. Rurori ne l'avait pas blessée.

Nous approchions de sa caserne et je me demandai si j'arriverai à dormir. Je n'avais pas vu Gin depuis des jours, et sa chaleur me manquait. Je n'avais pas non plus dormi avec Kandi depuis des lustres, et je regrettai soudain de ne pas l'avoir invitée chez moi. Après tout, nous nous retrouvions toujours dans mon appartement, et non le sien.

J'eus une brusque envie de pleurer. Sa présence dans mon quotidien m'avait affreusement manquée, et je réalisai que je n'avais pas envie de rentrer toute seule. Je lui pris impulsivement la main. Soudain, son contact me semblait vital. Elle se tourna vers moi avec surprise, puis arbora un sourire attendri pendant que je serrai sa main. C'était un sourire franc, heureux. Je sentis mon coeur s'alléger en le voyant. Je n'y avais pas eu droit depuis tellement longtemps…

Elle me serra la main en retour, et la caressa de son pouce. Je sentis mon coeur faire une embardée tandis que ses yeux brillaient. Une douce chaleur se répandit dans mon ventre. J'avais l'impression que toutes les cellules de mon corps exultaient de joie. Les mots de Gin me revinrent en mémoire, encore plus fort que précédemment "Tu ne l'as pas vue te regarder quand elle croit que personne ne le remarque". "A-t-elle déjà été en couple?"

Serait-il possible que… ? Qu'il ait raison ?

Le rythme de mon cœur augmenta et les larmes me montèrent aux yeux. Je ne savais plus quoi penser, quoi ressentir. J'étais perdue.

Je voulais être sûre.

Nous arrivâmes devant la porte de son logement de fonction et, alors qu'elle cherchait sa clef dans la poche intérieure de son uniforme, Kandi aperçut mon visage.

-Hana ? Mais, tu pleures ! Tu as mal quelque part ?

Elle laissa tomber sa clef et s'approcha vivement de moi. Sa main se posa sur mon visage, écartant mes cheveux pour inspecter ma tempe et je sursautai.

-Oh, pardon, je ne voulais pas te faire mal. Tu as si mal que ça ? Il faut aller à la quatrième.

Elle me reprit la main pour partir mais je ne bougeai pas. Je sentais la peau de mon crâne pulser, ma respiration saccadée, mes mains brûler. Je devais être rouge comme jamais.

-Hana ? Hana, c'est flippant, réponds-moi.

Je m'approchai lentement d'elle, et je pris son visage entre mes mains. Elle se figea, et je vis une immense surprise dans ses yeux tandis que j'observai son visage de longues secondes. Sa peau douce. Sa lèvre supérieure, légèrement plus épaisse que celle du dessous. ses cheveux décolorés à la racine noire comme du charbon. Ses yeux noisettes pétillants. Elle finit par rougir sous mon inspection et bafouilla :

-Mais enfin qu'est-ce que t'as à m'observer comme ça, c'est gênant, arr-

Je me penchai. J'avais besoin d'être sûre. Je sentis sa respiration s'accélérer quand elle comprit mon intention. Elle ferma les yeux et avança contre moi avec impatience. Nous nous embrassames.

TO BE CONTINUED

J'espère que vous avez apprécié le plus long chapitre jamais écrit de cette fanfic ?

Petite précision : le premier chapitre que j'ai posté lorsque j'ai repris cette fic (le 23) se passe plusieurs années dans le futur, puis dans le même chapitre nous revenons au présent. Je l'avais écrit mais peut-être avez-vous oublié. Dans ce futur, nous voyons Hana avec Kandi. Mais dans le présent, elle est bien avec Gin :p

Maintenant, je trouve ça un peu bête d'avoir repris la fic comme ça, ça aurait plus cohérent et agréable à lire dans l'ordre chronologique, je pense. Mais je pense que j'en avais besoin pour m'y remettre. En espérant que ça vous aide !

Bises