Merci, pétillante bêta Sockscranberries !
Alors... il va y avoir une petite pause dans cette trad. Mais bon, pour le meilleur : je me suis faite avoir lamentablement, et j'ai lu un formidable OS de 10 000 mots publié sur Ao3, que j'ai adoré... Et que je vais donc traduire. Dès que ce sera terminé, on reprend ici !
ᚔᚗᚔᚗᚔᚗᚔᚗᚔᚗᚔ
Chapitre 10
Le lendemain, Hermione s'éveilla confuse. Elle avait rêvé de lui, et cela avait été un rêve assez torride. Toutes les émotions qu'elle avait muselées les jours précédents, et surtout la veille, avaient enfin trouvé une manière de s'exprimer. Ses mains sur elle, autour de ses épaules, sur sa taille, son corps pressé contre le sien au vignoble, quand il avait voulu la marquer comme «son territoire» devant Jacques… et la veille, lorsqu'il l'avait coincée contre le mur, son souffle et sa voix soyeuse contre sa peau, tout près de son oreille… Son nez, caressant sa joue. Ce baiser auquel elle avait goûté seulement une fois, et si brièvement, mais qui continuait à surgir par moments dans ses pensées… C'était sans parler de son sexe, si dur contre ses fesses le matin précédent. Tout cela s'était mixé dans son esprit pendant la nuit et avait créé une scène qui ne s'était jamais produite : son corps couvrant le sien, au lit, sa respiration lourde d'excitation contre son oreille alors que son sexe l'envahissait, étirant lentement ses parois. Bordel, cela avait été si bon. Sa queue était si délicieuse quand elle plongeait tout au fond d'elle et ne s'en retirait que pour mieux y revenir. Elle voulait revivre cela tous les jours. L'orgasme était si proche, elle le sentait même venir ! Coupée dans son élan, désespérée, la respiration hachée, son esprit eut du mal à comprendre ce qui se passait quand elle finit par sortir du sommeil.
Sentant l'excitation l'envahir totalement, elle fut tentée de plonger ses doigts dans sa culotte, de caresser ce clitoris qu'elle percevait si gonflé, ses replis qui palpitaient encore dans l'attente de son sexe. Mais c'était impossible. Elle percuta qu'il était dans la pièce. Elle ne savait même pas qu'elle heure il pouvait être, ni même s'il était levé. Il se réveillait toujours avant elle.
Elle s'assit dans le lit et l'aperçut, toujours endormi, dans le canapé. Elle aurait tellement voulu se lever, et le chevaucher pour frotter son entrejambe frémissant sur sa bite jusqu'à ce qu'ils soient tous les deux - lui et sa bite - réveillés !
Non mais… tu es complètement folle ma fille. Tout ce qu'il te faut, c'est une bonne douche froide pour oublier toutes ces folies. Elle sortit rapidement quelques vêtements d'un tiroir sur le chemin de la salle de bain, aussi silencieusement que possible. C'était mieux ainsi. De toute façon, elle n'arrivait même plus à se masturber. Depuis que Jacques l'avait trompée et qu'elle avait assisté à la scène dégoûtante qui lui avait brisé le cœur, quelque chose s'était comme cassé en elle. Elle se sentait mal à l'aise avec tout cela. C'était comme si tout ce qui touchait au sexe était vide de sens, vain, avilissant, même. Quand elle essayait de se toucher, elle finissait toujours par être envahie par ces pensées qui finissaient inévitablement par ruiner tout son plaisir. Quand ce n'était pas cela, elle se sabordait en se disant que personne ne voulait d'elle ou ne la désirait, que personne ne l'aimerait jamais vraiment, que c'était pour cette raison qu'elle devait se rabattre sur ses doigts. Elle mourrait seule. Ces considérations venaient toujours la couper dans son élan et elle n'arrivait jamais à rien. Elle finissait seulement par être frustrée et maussade.
Elle tenta de seulement se doucher et d'oublier tout ce à quoi elle venait de rêver. Elle tenta d'être raisonnable. Mais, alors qu'elle commençait à se laver, ce fut plus fort qu'elle. Chaque frôlement, si innocent qu'il soit, faisait montrer son excitation. Avant même qu'elle n'en prenne conscience, sa main savonneuse allait et venait entre ses replis, son clitoris pressé entre deux de ses doigts. Bien sûr, c'est ceux de Snape qu'elle imaginait à la place des siens.
Appuyant son dos contre le mur, elle imagina que c'était contre son torse qu'elle se pressait, et que sa main s'était faufilée jusqu'à son entrejambe pour la caresser. Elle accéléra le rythme à mesure que son excitation grandissait.
Dans son fantasme, il était silencieux, bien qu'elle ne doute pas une seconde que sa voix lui glissant une ou deux remarques coquines à l'oreille aurait grandement accéléré les choses. Mais voilà, c'était un autre problème qu'elle avait depuis l'histoire avec Jacques : les mots crus. Ainsi, Severus était complètement silencieux, dans ce qu'elle s'imaginait. Mais soudain, on toqua à la porte et la voix de Snape lança son prénom.
« Hermione. Il faut vraiment que j'aille aux toilettes. »
Elle eut un petit cri de surprise en entendant son prénom dans sa bouche. La poussée d'adrénaline provoquée par l'idée de se masturber alors qu'il était de l'autre côté de la porte, le risque d'être prise en flagrant délit, tout cela fit monter son plaisir encore plus vite. Elle se frotta plus vigoureusement, un peu surprise tout de même qu'un tel danger ne lui fasse complètement perdre le fil, surprise également de parvenir à aimer tant cela.
Ses jambes commencèrent à faiblir et elle finit par s'asseoir sur le siège de marbre qui se trouvait dans la douche. Oubliant l'eau qui ruisselait sur son corps, elle écarta les jambes pour ouvrir un meilleur accès à son intimité.
«Hermione !»
Il toqua de nouveau, sembla agacé, mais cela ne la ralentit pas. Elle ne s'en toucha que plus vigoureusement, quatre doigts posés à plat sur son sexe, y donnant de petites tapes. Elle imagina qu'il forçait la porte, pénétrait dans la salle de bain, et que sa colère se muait en surprise, puis en excitation, en la voyant ainsi offerte, en train de se masturber.
« Êtes-vous en train de caresser cette petite chatte pour moi ? »
« Oui, » soupira-t-elle.
« Est-ce qu'elle est douce et trempée pour moi, Chaton ? Est-ce qu'elle est douce, trempée, glissante et toute impatiente de recevoir ma queue ? »
« Tellement. Tellement, Severus. Viens voir comme elle est trempée. Viens donc la lécher. »
« Hermione. Allez ! »
« Oui, Hermione, jouis pour moi, Chaton, jouis fort pour moi, explose pour moi, et en échange je boufferai cette chatte comme si c'était mon dernier repas. »
Elle s'était mordue la langue, respirant par le nez pour ne pas gémir ouvertement, ce qui l'aurait trahie à coup sûr. Mais elle finit par ne plus pouvoir se contrôler.
« Je viens ! » s'écria-t-elle, s'efforçant de faire passer ces mots comme une vraie réponse qu'elle lui faisait.
La vérité était qu'ils annonçaient plutôt son explosion de plaisir, ses jambes tremblantes, sa jouissance dégoulinant entre ses jambes, se mélangeant à l'humidité de la douche qui ruisselait toujours sur son corps.
Elle n'eut pas le temps de reprendre sa respiration. Elle se rinça rapidement et se sécha tout aussi vite, enfilant les vêtements qu'elle avait apportés sur sa peau toujours humide. Comme elle ouvrait la porte, il se leva du siège près de la fenêtre, qui était plutôt proche de la salle de bains. On pouvait voir distinctement la masse de son érection matinale, bien peu masquée par son survêtement, et cette vision ramena ses pensées vers des contrées qu'elle avait adoré visiter, un peu plus tôt. Elle aurait pu s'enfermer à nouveau dans les toilettes et relancer la machine avec l'aide seule de cette image : sa queue, visiblement longue et épaisse, dure comme fer juste pour elle. Elle aurait bien voulu, vraiment.
«Il était temps, femme !» lança-t-il énervé, en passant devant elle pour entrer dans la salle de bain. Elle dut se retenir pour ne pas tendre la main et toucher son sexe. Elle en avait tellement envie.
Il ne prit pas longtemps pour faire sa toilette. Pendant ce temps, Hermione fit son lit. Quand il eut terminé, il sortit chercher des vêtements et y retourna pour se changer. Elle s'était assise sur le coffre au pied du lit et, quand il revint prendre ses habits, elle le regarda fouiller l'armoire, puis choisir parmi les vêtements qui avaient déjà été portés sans être sales et qu'il avait laissés pliés sur une chaise, dans un coin de la chambre.
Elle commençait à le voir sous un jour légèrement différent. Finalement, il lui fallait admettre qu'il était plutôt charmant, qu'il avait cette… présence à faire tourner la tête. Bien sûr, elle avait ressenti ces élans d'admiration depuis le depuis de leur périple. Ils étaient devenus progressivement plus intenses, mais elle s'était alors contentée de les enterrer prestement, les écartant d'un revers de main comme s'il s'agissait d'une folie. Mais il n'y avait aucun mal à reconnaître qu'il avait du charme, du sex-appeal. Bien sûr, qu'il en a. Tu ne te serais pas touchée en pensant à lui s'il n'en avait pas.
Il fit volte-face et la regarda droit dans les yeux, ses vêtements à la main. Elle prit un teint cramoisi alors que son estomac se retournait sous le coup de la gêne d'avoir fait cela, d'être venue si fort en pensant à lui. Se pouvait-il qu'il le sache ?
Il se contenta de rejoindre les toilettes et en referma la porte derrière lui pour s'habiller. Hermione en profita pour mettre de l'ordre sur son canapé. Elle voulait faire quelque chose pour lui. Elle en profita aussi pour plonger son nez dans son oreiller, sans savoir pourquoi. Il sentait si bon. Elle s'imagina brièvement dormir avec ce parfum dans son lit… mais repoussa illico cette idée aux fins-fonds de son esprit.
Ils descendirent dans la cuisine et n'y trouvèrent que ses parents. Son père était sur le départ, vers le vignoble, et ils prirent donc leur petit déjeuner en compagnie de sa mère.
«Alors, Severus…» commença Jane. «Je sais que vous aimez bien Led Zeppelin, et j'espère aussi que vous aimez bien ma fille,» sourit-elle. «Je sais aussi que vous avez été son professeur et que vous êtes un héros de guerre… mais à part cela, je ne sais pas grand-chose à votre sujet.»
Les lèvres de Severus se courbèrent légèrement, avec timidité. Hermione remarqua qu'il n'était pas à son aise.
«Maman, ne commence pas à le cuisiner !»
«Quoi ? Je n'ai même pas le droit d'en savoir plus sur mon futur beau-fils ?»
«Maman… Severus est assez secret, et réservé avec les personnes qu'il connaît peu…»
«Ça va, Chaton,» dit-il.
Hermione sentit un frisson escalader son échine. Son côté rationnel savait pertinemment qu'il l'appelait ainsi pour la provoquer. Peut-être était-ce aussi à présent pour préserver la façade qu'ils avaient érigée, puisqu'il était méticuleux et visait l'excellence dans tout ce qui entreprenait. Cet aspect de sa personnalité était apparu comme évidente quand il s'était avéré avoir prévu une bague à passer à son doigt. Elle toucha l'anneau du pouce, le faisant tourner légèrement. Curieusement, elle avait l'impression qu'il prononçait ce surnom avec de moins en moins de hargne. Elle se remémorait aussi comme l'imaginer l'appeler ainsi en se masturbant avait été tellement sexy. Tu délires complètement.
«Je comprends le fait que vous ayez besoin… de plus d'informations sur l'homme que votre fille s'apprête à épouser.»
«Et donc…»
«Oui ?»
«Dites m'en plus sur vous. Où sont vos parents ?»
«Morts. Ils sont morts quand j'étais adolescent, à faible distance l'un de l'autre.»
«Oh. Je suis désolée.»
Jane semblait vraiment triste pour lui.
«Ne le soyez pas. C'était il y a longtemps,» répondit-il avec gravité.
«Et… quelle enfance avez-vous eue ? D'où êtes-vous ?»
«Maman…» prévint Hermione.
«Carbone-les-Mines. Je… n'ai pas eu une enfance heureuse. Nous étions sans le sou, mon père buvait et me battait, et ma mère n'a pas fait grand-chose pour arrêter cela.»
Hermione lançait à présent à sa mère un regard suppliant, alors que Severus gesticulait inconfortablement sur sa chaise. Ses mains entouraient sa tasse de café sur la table, et Jane avança la sienne pour les caresser avec tendresse, les yeux pleins de compassion. Même si le geste resta bref, Severus fut saisi par l'affection qui en émana.
«Et avez-vous déjà été… marié ou engagé ? Je veux dire, vous avez presque mon âge, c'est un peu étrange que vous n'ayez pas…»
«Oh mon Dieu, Maman !»
Severus pouffa, un peu amusé devant son indignation et sa tentative de le couvrir. Il pouffa aussi devant cette question loufoque. Au moins, le père d'Hermione était absent. Il aurait pu monter une histoire de toutes pièces pour ne pas se dévoiler à ces gens. Mais il était si las d'élaborer des mensonges et des boucliers pour se protéger. C'était sans mentionner que cet enquiquineur de Reynolds pouvait aussi avoir l'idée de les interroger. Les versions qu'il donnait devaient donc concorder entre elles. Les yeux de Jane montraient surtout de l'ouverture d'esprit, et pas de jugement. Elle paraissait vraiment vouloir le connaître. C'était un sentiment qui lui était totalement étranger. Il ne se rappelait pas avoir déjà rencontré quelqu'un qui voulait vraiment le connaître, l'écouter.
Il soupira. «Je… je suis sûre que votre fille vous aura parlé de… la Guerre et… de mon rôle dans les événements.» Il n'y avait aucun mal à en parler. Elle posait la question et Charles n'était pas là. C'est lui qui semblait avoir un problème avec la Magie.
«Un peu.»
«Mes obligations ne me permettaient pas de… mettre la vie de quelqu'un en danger si j'avais… Enfin, encore eut-il fallu que je le veuille.»
Il s'éclaircit la gorge.
«Et ce n'est vraiment pas comme si j'avais intéressé qui que ce soit à l'époque,» continua-t-il plus bas. «Votre fille a été la première à vouloir aller plus loin avec moi,» dit-il. «J'imagine que vous ne l'avez pas souvent amenée se faire contrôler la vision, sinon cela n'aurait probablement pas été le cas,» tenta-t-il de plaisanter en souriant, un minuscule sourire, timide.
Hermione ne put s'empêcher de lui caresser le dos et les épaules pour le réconforter, alors que son cœur se serrait dans sa poitrine, en se demandant s'il était sincère ou s'il jouait la comédie. Elle sentit sa respiration se faire plus difficile quand elle percuta qu'elle ne faisait que profiter de lui et ne s'intéressait pas réellement à lui. En tout cas, de ce qu'il savait. Et au moins pas en premier lieu.
«Mais vous n'avez jamais essayé avec personne ? Jamais eu envie ?» demanda Jane.
«En dehors d'une longue passion de jeunesse entre… l'enfance et la fin de l'adolescence, non. Peut-être ai-je… du mal à faire confiance.»
Il eut à nouveau ce même sourire infime, en essayant de retenir son agacement devant cet interrogatoire interminable.
Jane sourit. «Alors, je crois savoir qu'Hermione a tiré le gros lot en parvenant à gagner la confiance d'un homme si complexe et profond que vous. C'est rassurant de savoir que vous êtes sérieux en amour.»
Severus et Hermione furent tous deux terrassés à l'idée de tromper une femme si gentille et aimante que Jane. Sans compter tout le reste de la famille. Severus écarta ces pensées. Il avait fait pire pour survivre, et cela… cela incombait à Hermione.
Fort heureusement, la sonnette retentit avant que Jane ne puisse continuer de le questionner.
«Ah, ça doit être Mamie et Papi ! Vous devriez aller vous changer pour passer un moment à la piscine. Nous avons pensé que nous pourrions y rester la journée, peut-être faire un petit barbecue… tante Laura et tante Kate, et les cousines Karen et Andrea seront aussi des nôtres.»
Hermione regarda Severus, désolée. Ils n'avaient pas vraiment d'autre choix que de se soumettre à ce programme.
«Allez !» lança Jane avec un sourire, en indiquant l'escalier de service comme elle passait devant eux pour aller ouvrir la porte.
«Ce doit être ma sentence, je ne vois que cela. J'ai échappé à Azkaban, par deux fois, mais les dieux n'ont pas l'air décidé à me laisser m'en tirer si facilement, on dirait,» soupira-t-il alors qu'ils retournaient à la chambre. Hermione ne se sentit ni vexée ni préoccupée. Elle se contenta de rire. S'il avait réellement été agacé par la situation, il aurait sans doute aboyé sur sa mère et n'aurais jamais répondu à ses questions avec autant de sincérité.
«Vous n'avez pas à vous plaindre, Monsieur Grincheux, il y a pire que passer la journée au soleil près de la piscine.»
«Pour vous, peut-être,» railla-t-il.
Hermione attrapa son maillot de bain dans un tiroir et se dirigea vers la salle de bains. Pendant qu'elle s'y changeait, il en fit rapidement de même dans la chambre. Il était hors de question qu'il exhibe son corps aux Granger et à leur famille, il enfila donc un pantalon de survêtement et un t-shirt avec, au cas où, un slip de bain en-dessous. C'était suffisamment ennuyeux que la Marque des Ténèbres soit visible. Il ne pouvait pas la masquer par la magie.
Hermione, par contre… sortit des toilettes en bikini noir. Par-dessus, elle portait une sorte de poncho fait au crochet, dont les petits trous laissaient voir beaucoup, et imaginer encore plus. Elle était magnifique, ses boucles folles dégringolant sur le vêtement qui ne cachait rien. S'il n'avait pas eu une volonté de fer, il l'aurait coincée contre le mur et prise sur le champ. Un grondement se tut dans sa gorge - Merlin soit loué - comme elle passait devant lui. Es-tu complètement fou ? Maintenant, tu trouves Hermione Granger attirante ? Est-ce que cela t'arrive vraiment ? Mais qu'est-ce que tu es devenu ?
«Vraiment, Severus ? Vous descendez tout habillé ?»
Il se contenta de lever un sourcil.
«Réjouissez-vous que je descende, déjà,» claqua-t-il, tentant de contrôler ses yeux qui n'avaient qu'une envie : parcourir son corps de haut en bas ; et contrôler sa bouche qui était soudain devenue sèche.
Ils s'assirent près de la piscine. Hermione, sa mère et ses grands-parents dans des relax matelassés au soleil, des deux côtés les plus longs du plan d'eau. Il était sur l'un des petits côtés, près de la maison, sous un parasol et dans l'ombre d'un arbre. Il avait pris le livre qu'il avait lu en pointillés les jours précédents. S'il avait pu, il se serait étendu dans le lit à baldaquin qui se trouvait un peu plus loin sur le côté, bien loin des autres, en aurait fermé les rideaux pour s'y retrouver seul avec son bouquin. Au lieu de cela, il se devait de rester assis là, et de parler de tout et de rien avec ces gens. Comme c'était ennuyeux. Il ne savait même pas comment faire ce genre de choses. Et ces… gens étaient si sympathiques qu'il se sentait mal à l'aise de les décevoir alors qu'ils le traitaient si bien. Serait-il capable de continuer dans cette voie, avec un mariage blanc, pour il ne savait combien de temps, s'il continuait de trouver la gamine… attirante ? Il ne pouvait plus détacher son regard d'elle, bien qu'il essayât, par Merlin, il essayât ! Il voulait, il devait lire ce livre, mais à chaque ligne sa mère ou ses grands-parents parlaient et il devait lever les yeux et répondre, et c'est à ce moment que son regard déviait vers sa silhouette parfaite étendue à sa gauche.
«C'est un tatouage intéressant,» remarqua Jane.
Severus regarda sa Marque des Ténèbres et ne répondit pas. Hermione lui lança un regard méfiant.
«Il semblerait avoir besoin d'une petite retouche, en revanche.»
«C'est un… tatouage dont la disparition m'arrange plutôt. Je l'ai… fait dans ma jeunesse, alors que j'étais un peu inconscient. Je le regrette.»
«D'accord, je comprends,» répondit Jane, l'air joyeux.
«Alors, lequel de vous deux a abordé l'autre ? Je meurs d'envie de savoir,» demanda Judith en souriant d'un air un peu diabolique. C'était un sourire chaleureux néanmoins, qui lui donnait un petit air pervers, mais atténué par le fait qu'il s'étalait sur le visage d'une vieille dame sympathique.
Severus prit un air suffisant.
« C'est Hermione qui m'a abordé. En fait, elle m'a carrément harcelé,» répondit-il avec le même type de sourire.
Peut-être que si tu parviens à l'énerver un peu et qu'elle passe en mode connasse, tu arrêteras enfin de baver devant elle.
«Je t'ai harcelé, moi ?» s'exclama-t-elle, l'air faussement outré.
Cela lui rappela surtout à quel point il aimait la voir se comporter comme une garce avec les abrutis du labo, et pas avec lui. S'il avait été honnête avec lui-même, il aurait même reconnu qu'il trouvait cela… sexy.
«Oui. Je suis ton employé, après tout,» sourit-il.
« J'ai juste fait le premier pas parce que ça crevait les yeux que tu voulais être avec moi, et que tu étais trop timide pour passer à l'acte,» rétorqua-t-elle, joueuse, en souriant à son tour.
Merde, voilà qu'elle entrait dans son petit jeu. Et c'était très convaincant. Ils auraient probablement pu se charrier pendant des heures. Arrête ça, espèce de crétin !
«Ça, c'est bien ma petite-fille ! Elle sait prendre des initiatives,» lança Judith en souriant.
«Et vous avez dit oui de prime abord ?» demanda Jane.
«Bien sûr que oui,» coupa Hermione, toujours joueuse, posant sur son relax comme si elle était une mannequin, battant des sourcils.
Severus sourit, l'air timide mais sincère.
«C'est vrai. Je ne suis pas fou,» dit-il simplement, et Jane, Judith et Edward eurent tous le même sourire attendri.
Hermione fut interloquée par cette gentille remarque, et un peu touchée aussi. Elle ne savait pas quoi dire, ni si elle cachait bien sa surprise et sa sidération. Puis un nouveau sujet de conversation apparut et ils continuèrent de parler, alors qu'une douce chaleur enveloppait son cœur.
Papi alluma finalement le barbecue et Jane retourna chercher la viande à l'intérieur. Hermione retira sa maille et commença à s'appliquer de l'huile de bronzage. Severus était en transe alors qu'il observait sa main glisser sur ses bras, ses épaules, son estomac… la large vallée de son décolleté, où il ne rêvait bizarrement que de se noyer. Et ses jambes… elles étaient merveilleuses. Comme elle les frottait, elles se mirent à étinceler au soleil. Il ne put alors retenir des images mentales de ces mêmes jambes glissant contre ses cuisses en les huilant à leur tour, comme lui se glissait en elle. Il évacua ces pensées, chaussa ses lunettes de soleil et concentra toute son attention sur le livre qu'il tenait entre les mains, mettant ainsi encore plus de barrières entre ses yeux et les formes somptueuses d'Hermione.
Elle avait remarqué qu'il l'observait. Elle n'en était pas complètement sûre et elle ne voulait certainement pas avoir une trop haute opinion d'elle-même, mais il semblait admirer son corps. Et elle aimait particulièrement cette idée. Elle eut un sourire pour elle-même et son esprit s'emballa. Elle se mit à penser à tous les scénarios possibles, tous les chemins que pourraient prendre sa vie à partir de ce moment. L'espace d'un instant, et avant de repousser ces idées, elle se mit à penser à quel point ce serait formidable qu'ils puissent vraiment accrocher et que leur relation ne soit plus factice.
Elle se leva soudain sur un coup de tête. Elle tenait à la main la bouteille d'huile solaire. Son mouvement était à moitié motivé par l'envie, à moitié par la nécessité : elle ne niait pas son envie de sentir ses mains la parcourir, juste pour voir ce que cela faisait dans la barrière des vêtements, mais elle avait aussi besoin que quelqu'un lui mette de l'huile sur le dos, ainsi pourrait-elle bronzer uniformément. Et il aurait paru étrange de demander cela à sa grand-mère alors que son supposé fiancé était là, à ne rien faire.
«Sev,» commença-t-elle, la nervosité la faisant presque trembler. Elle se devait d'être familière avec lui, car sa grand-mère était étendue non loin de là dans son maillot de bain une pièce, et son grand-père pouvait également les entendre depuis le barbecue. «Est-ce que tu peux me mettre de l'huile sur le dos ?» demanda-t-elle en pointant la bouteille dans sa direction.
Il leva les yeux de son livre et elle remarqua que ses sourcils s'étaient froncés sous ses lunettes aviateur.
Que manigançait-elle ? Avait-elle remarqué à quel point il bavait devant elle quelqes minutes auparavant ? Voulait-elle se jouer de lui d'une quelconque manière ? Se pouvait-il qu'il… l'intéresse vraiment ? Non, c'est impossible. Et d'ailleurs, elle ne t'intéresse pas non plus.
Elle se contenta de hausser les épaules comme pour dire : «je n'ai pas le choix». Il comprit. Cela aurait pu paraître étrange si elle avait demandé à qui que ce soit d'autre. Il referma son livre et le posa sur la petite table près de lui.
«Bien sûr… Chaton,» répondit-il en prenant la bouteille et en écartant les jambes pour les faire reposer de part et d'autre du relax afin qu'elle puisse s'asseoir devant lui. Même si ce «Chaton» était encore un peu ironique, elle aimait cela et se rappelait seulement comment son esprit avait tourné ce petit surnom pendant qu'elle se touchait.
Elle s'assit donc et fit passer ses cheveux au-devant, par-dessus son épaule. Il pressa la bouteille pour faire couler un peu de son contenu au creux de sa paume et frotta ses deux mains ensemble, pour les placer ensuite sur ses omoplates. Il la massa doucement, étalant l'huile. Bien sûr, il allait profiter de ce moment. Il allait étancher ce désir de la toucher qui s'était éveillé en lui un peu plus tôt, et voir si cela en avait valu la peine. Il voulait aussi jouer avec elle, voir s'il pouvait suffisamment l'agacer pour faire ressortir son côté autoritaire et la provoquer jusqu'à ce qu'elle le congédie. Bien qu'évidemment, les pensées et souvenirs de cet autoritarisme lui apparaissent de moins en moins repoussant, et de plus en plus attirant.
Comme il versait davantage d'huile dans sa main et l'étalait au bas de son dos, elle sentit un frisson escalader sa colonne vertébrale, et elle ne put s'empêcher d'inspirer bruyamment. Ses cheveux se dressèrent à l'arrière de son crâne et sur sa nuque. Ses mains étaient si larges, fermes mais souples. Ses doigts qui voguaient sur sa peau lui donnaient envie de… tellement plus.
Il appréciait cette situation bien plus qu'il ne l'aurait fallu. Sa peau était douce et, comme il la touchait, il imagina ses mains sur son dos, la pressant contre le matelas alors qu'il allait et venait en elle et… Non !
«C'est tout bon, Chaton,» glissa-t-il à son oreille.
Elle se mordit la langue pour ne pas gémir.
«Merci,» répondit-elle, l'air faussement effarouché, en se retournant pour récupérer son huile et retourner à sa chaise, au soleil.
Elle y était à présent étendue, prenant le soleil, et il en profita pour la regarder, puisqu'elle avait les yeux fermés. Bordel. Dans quoi s'était-il fourré ?
«Est-ce que vous aimez faire le barbecue, Severus ? Voulez-vous vous en occuper ?» demanda Edward.
À nouveau, il posa son livre et se retourna pour répondre au vieil homme.
«Je n'ai encore jamais fait cela. Je ne voudrais rien… faire brûler.»
Edward rit. «Vous ne savez même pas cuisiner ? Est-ce que vous allez vraiment vous marier, tous les deux ? Vous savez qu'Hermione ne saurait même pas cuisiner au péril de sa vie non plus.»
«Papi ! Je sais cuisiner !» protesta-t-elle.
«Pas bien, d'après ce dont je me rappelle, ma petite chérie.»
Severus pouffa en la regardant froncer le nez d'indignation.
«Je sais cuisiner, Monsieur. Mais avec un vrai four. Je saurai la nourrir, ne vous inquiétez pas.»
A nouveau, Hermione fut sidérée. Les choses s'emmêlaient dans sa tête. Jouait-il son rôle ou était-il sincère ? Prenait-elle ses désirs pour des réalités ?
Jane et Judith étaient à la cuisine pour préparer les accompagnements aux steaks que faisait cuire Edward. Hermione leur proposa son aide mais, comme à son habitude, Jane la refusa, lui conseillant plutôt d'aller profiter du soleil et de son fiancé. Severus fit de même, bien sûr, et récolta la même réponse d'Edward, qui adorait faire le barbecue et ne semblait pas très enclin à partager la tâche.
Ainsi donc, Hermione se prélassait au soleil et Severus à l'ombre, en compagnie de son livre. Mais, à chaque paragraphe, il était tenté de regarder vers elle pour admirer son corps constellé de gouttelettes de sueur qui étincelaient au soleil. Reprends-toi, mon gars.
Hermione laissait elle aussi par moment ses yeux glisser vers lui. Toutes les pensées qui envahissaient son esprit la rendaient un peu nerveuse. Elle avait aussi besoin d'une confirmation : si elle était simplement folle, ou si elle était réellement en train de développer des sentiments pour lui, si tout cela pouvait fonctionner… Et lui, voudrait-il d'elle de cette manière ? Oh Merlin, c'est mal. On parle de Snape, là !
Mais, à chaque fois qu'elle levait les yeux, il était tout à son livre. Elle aurait préféré qu'il soit tout à elle, bizarrement.
Elle se leva et s'avança vers son côté de la piscine où elle se tint près de lui avant de plonger. Elle avait chaud, de toute façon, elle avait passé trop de temps au soleil. Un petit rafraîchissement lui ferait du bien.
Cela marcha. Il la regarda marcher vers lui et leva un sourcil. Peut-être ses hanches roulaient-elles un peu trop manifestement, mais il aimait cela. Il admira ensuite ses magnifiques fesses dans un petit bikini noir alors qu'elle se mettait en position pour plonger. Puis il la regarda nager sous l'eau sur plus de la moitié de la longueur de la piscine, et remonter à la surface presque de l'autre côté. Son corps se mouvait comme celui d'une sirène, jolies comme les imaginaient les Moldus.
Comme elle faisait des longueurs dans le bassin, elle remarqua qu'il l'observait. Et elle aimait cela. Donc, elle continua son petit show. Mais soudain, elle plongea trop profondément dans l'eau. Elle ne sut pas vraiment ce qui se passa, cela advint si vite. Tout ce qu'elle sentit fut qu'on lui tirait vivement les cheveux et qu'elle ne pouvait rejoindre la surface. La vanne d'aspiration de la piscine, ses cheveux avaient dû s'y coincer. Elle essaya de ne pas paniquer. Tu es une sorcière, tu peux te sortir de là. Mais la panique prit le dessus et elle avala de l'eau, alors la panique gagna du terrain et le cercle vicieux s'enclencha. Elle se tortillait, tentant en vain de se libérer.
Mais bientôt, elle sentit des bras l'entourer et une main se saisir de ses cheveux, près de son crâne, pour limiter la douleur. Les picotements provoqués par l'usage d'une magie forte, puissante, se répandirent autour d'elle et elle fut libre, remontée à la surface. Le soulagement la gagna, mais elle ne réussissait toujours pas à respirer et tout devint noir.
Severus se rendit immédiatement compte que quelque chose n'allait pas et il sauta dans la piscine tout habillé, sans réfléchir. Il la ramena jusqu'au bord du bassin après l'avoir guidée à la surface et l'étendit au sol avant de sortir de l'eau à son tour. Une seule pression de ses mains sur sa poitrine suffit à la faire tousser et expulser l'eau qui avait pénétré dans ses poumons. Il la redressa en position assise pour qu'elle puisse tousser, la penchant en avant en lui frottant le dos.
L'agitation alerta son grand-père qui quitta le barbecue et s'avança vers eux alors que sa mère et sa grand-mère sortaient de la cuisine, surprises.
«Calme-toi, Chaton,» dit-il en continuant de caresser son dos, sans savoir vraiment pourquoi il continuait de l'appeler ainsi alors. Ses parents n'étaient pas encore assez proches pour les entendre.
«Qu'est-ce qui s'est passé ?» demanda Jane, inquiète, comme elle était la première à les atteindre.
«Ses cheveux se sont pris dans l'évacuation,» répondit Severus en les désignant.
On voyait qu'une grande partie manquait, rendant leur extrémité inégale.
«Oh mon Dieu ! Est-ce que tu vas bien, ma chérie ?»
«Ça… ça va,» répondit Hermione avec difficulté, entre deux quintes de toux.
Severus la prit dans ses bras et se redressa alors qu'elle s'accrochait à son cou. Il avait plus de force qu'elle ne l'avait imaginé, et être dans ses bras lui lança une volée de papillons dans le ventre. Il la porta jusqu'au relax où elle était restée une grande partie de la matinée et l'y allongea.
«Merci, Severus !» lança Jane, alors que tous les trois les entouraient.
Severus s'assit contre les cuisses d'Hermione, posant sur elle des yeux inquiets, la sondant du regard pour voir si tout allait réellement bien. Elle était mortifiée d'avoir été si bête, mais aussi touchée qu'il l'ait sauvée en la repêchant, et à présent qu'il paraisse inquiet pour elle.
Tout le monde s'agitait autour d'elle : Judith lui proposa du jus de fruit ou une tisane calmante et Jane la réprimanda légèrement pour son manque d'attention. Edward, lui, n'arrêtait pas de gratifier Severus de tapes amicales sur l'épaule pour le remercier.
Une fois qu'ils furent assurés qu'elle allait bien et s'était calmée, Judith remarqua que les vêtements de Severus étaient toujours trempés. Ses cheveux, qui avaient été impeccablement ramenés en arrière et noués sur sa nuque, étaient à présent décoiffés et des mèches lui tombaient sur le visage.
«Oh la la, enlevez-moi ces vêtements trempés !» commença Judith en tirant sur son t-shirt mouillé.
«Non, non, ça va,» répondit Severus.
Hermione remarqua le manque d'assurance pointer dans ses yeux.
«C'est idiot ! Je peux très vite les passer au sèche-linge,» insista Judith.
«Mamie, Severus n'aime pas trop qu'on… le voie comme ça.»
«Et pourquoi ? Un si bel homme, et fort en plus ! Ne soyez pas bête. Nous sommes entre nous ici, en famille. Vous ne pouvez pas garder ces vêtements trempés sur vous, mon chou.»
Severus prit une profonde inspiration alors que les mains de Judith étaient posées sur ses épaules. Il n'allait pas ruer dans les brancards d'une si sympathie vieille dame. Sa cicatrice, celle qui avait failli le tuer, était masquée par la Magie. Les plus petites sur son torse et son dos pouvaient probablement passer inaperçues. Ou du moins, personne n'oserait poser de question. Ou peut-être que si ?
Il était en bonne santé et mangeait sainement, et faisait parfois même un peu de sport. Il ne serait pas la cible de moqueries, plus maintenant, bien qu'il ne soit pas un monstre de muscles aux abdos surdéveloppés comme Jacques, le connard.
Il commença alors à retirer son t-shirt, muselant son manque de confiance et son agacement qui, comme tout sentiment négatif chez lui, finissait par se transformer en colère ou en mépris.
«Si cela peut vous rassurer, je vous les ramènerai dès qu'ils auront fini de tourner,» dit Judith alors qu'il enlevait son haut, le lui tendant. Elle s'en saisit et sourit alors qu'il se levait pour se débarrasser de son survêtement. Il avait bien fait de mettre un maillot de bain.
Une fois qu'il lui eut tendu le bas, elle lança un sourire à Hermione. «Félicitations, ma chérie, il semblerait que tu as gagné le gros lot.»
Hermione rit alors que Severus regardait Judith sous ses paupières plissées.
«Gros bêta, embarrassé sans raison,» lança la vieille dame en tapotant son estomac avant de partir avec ses vêtements.
«Désolée pour ça. Mais Mamie a raison, tu sais. Il n'y a vraiment pas de quoi être gêné,» termina Hermione avec un petit sourire.
Severus fut pris de court par le compliment, et cela se lut sur son visage, l'espace d'une demi-seconde, avant qu'il ne remette son masque en place.
«Et merci,» murmura-t-elle, «de m'avoir sauvée,» termina-t-elle simplement.
Il hocha la tête, stoïque.
«Attachez ces cheveux avant de plonger, la prochaine fois, femme.»
Puis il rejoignit la chaise qu'il avait occupée toute la matinée. Elle se contenta de sourire. Il était encore inquiet, elle le savait. Elle ne savait pas comment elle le savait mais cela était peut-être dû à leurs années de travail en étroite collaboration, même si elle n'y avait alors jamais vraiment fait attention. Peut-être son inconscient l'avait-il noté.
La sonnette résonna. Les tantes et les cousines étaient là. Il y eut de l'agitation et des jappements joyeux alors qu'elles traversaient la maison pour rejoindre la cour. On se salua, les femmes embrassèrent leurs parents et grands-parents. Elles eurent un signe de tête pour Severus sans réaction particulière concernant le fait qu'il était en maillot de bain, et tout le monde commença à s'installer autour du bassin, en discutant toujours bruyamment. Severus décida de retourner à son livre et de ne parler que si on lui adressait la parole.
Toutes les chaises étaient occupées par Andrea, sa mère Kate, Laura et son bambin. Karen fut laissée pour compte, sans relax pour prendre le soleil.
«Hermione, tu as passé la matinée au soleil, laisse-m'en un peu ! Va t'asseoir avec ton homme.»
Hermione ne pouvait pas se permettre de refuser sans paraître complètement égoïste. Elle se leva donc, tentant de masquer inquiétude et embarras par un sourire, et marcha vers Severus. Elle prit place près de ses chambres, d'un côté, face au groupe caquetant qui venait juste de les rejoindre. Sa grand-mère et sa mère s'installèrent de l'autre côté de la piscine en compagnie des sœurs de Jane.
Severus referma son livre et se redressa, descendant ses pieds de part et d'autre de la chaise. «Je peux aller m'asseoir ailleurs, ou à l'intérieur,» proposa-t-il tout bas pour qu'elle seule puisse l'entendre, alors qu'elle nouait ses cheveux en un chignon lâche. Il avait toujours en tête l'idée de s'enfermer dans ce lit à baldaquins qui trônait un peu plus loin dans le jardin.
«Non, cela paraîtra étrange. Nous pouvons… nous asseoir ensemble un moment, non ?»
«Bien sûr,» répondit-il en tentant de retenir les sentiments qui faisaient irruption en lui.
Elle se décala lentement, précautionneusement, pour s'installer entre ses jambes. Elle prit garde de ne pas trop reculer tout de même pour ne pas presser ses fesses contre son sexe. Cela… aurait pu se révéler dangereux. Elle aurait eu du mal à dormir quand elle y repenserait, plus tard. Elle s'appuya contre son torse. Il semblait solide, on se sentait bien contre lui, et elle y aurait volontiers passé la nuit. Toutes les nuits.
Il tenta de contrôler son souffle, mais tout ce qu'il voulait, c'était inspirer son odeur et le doux parfum de ses cheveux. Il était toujours perceptible, bien qu'un peu atténué par le chlore de la piscine. Sans savoir pourquoi, il aurait aussi voulu entourer sa taille de ses bras, mais il se retint. Au lieu de cela, il se ressaisit à nouveau du livre et se remit à sa lecture en le tenant sur le côté.
Hermione s'appuya sur sa poitrine, le visage tourné dans le sens opposé au sien alors qu'il lisait. Ils se sentaient tous deux mal à l'aise, confus. Elle tenta de ramener son attention vers la discussion qui continuait un peu plus loin et dont ils étaient le sujet principal. Mais elle ne s'était jamais sentie à l'aise parmi les groupes nombreux. Elle se sentait toujours mise à l'écart, disait les mauvaises choses au mauvais moment ou bien lançait des sujets dont personne ne se souciait. Elle finissait toujours par avoir la sensation qu'elle n'aurait manqué à personne si elle avait été absente. Et maintenant, au contact de son corps à la fois ferme et confortable, elle était incapable de se concentrer sur quoi que ce soit d'autre que lui et les fantasmes qui émergeaient dans son esprit sans qu'elle ne les y autorise vraiment.
«Est-ce que livre vous plaît ?» demanda-t-elle, pour essayer de dissiper le malaise.
«Oui,» répondit-il du tac-au-tac, comme si cela lui permettait enfin de respirer. En fait, incapable de se concentrer sur ledit livre. «Ce n'est pas ce que j'ai l'habitude de lire, mais c'est étonnamment bien écrit et… captivant.»
«Oui, hein ? Et vous n'en êtes pas encore arrivé aux meilleurs moments, d'après ce que je peux voir, avec tous les retournements de situation !»
«Ça peut être encore mieux que le passage où un enfant est poussé du haut d'une tour ?»
Hermione ricana.
«Oh. Oui !»
«Ok. Pourquoi l'avez-vous laissé ici ?»
«J'attends la sortie des suivants. C'est une série.»
«Ah.»
«Vous avez déjà un personnage préféré ? Bien qu'il vaille mieux vous prévenir : ne vous attachez pas trop.»
«Ce n'est pas mon genre.»
Ils continuèrent de parler un peu, de plus en plus à l'aise l'un avec l'autre, alors qu'autour d'eux les conversations se poursuivaient, les femmes hurlaient sur les bambins et les bébés pleuraient. Plusieurs fois, on essaya de les intégrer aux discussions, mais ils préférèrent échanger à propos du livre et de ce qu'il en avait déjà lu. Quand le déjeuner fut servi, tout ce qui touchait au malaise sembla être derrière eux.
