Merci Sockscranberries, meilleure beta ! Ravie de vous retrouver ici (en retard).

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Chapitre 11

Ils avaient déjeuné tardivement à l'extérieur, près de la piscine, toujours en pleine conversation. Severus avait même été accueilli dans les discussions sans se sentir mal à l'aise. Ensuite, ils traînèrent un peu autour du bassin. Severus fut libre de rester assis à table après avoir aidé à la débarrasser. Elle était à l'ombre et il put y lire sans craindre d'être vu d'un mauvais œil par les autres. Ainsi, Hermione put lézarder sur le relax qu'il avait occupé pendant la matinée en discutant un peu avec ses cousins. Néanmoins, leur récente proximité manquait à Severus, bien qu'il parvienne à tenir ses sentiments à distance d'une main de maître. Hermione, elle, ne s'en sortait pas si bien.

La journée avait été fatigante, comme le sont toujours celles où il est question de soleil et d'eau. Les invités partirent donc tôt et Severus et Hermione purent se retirer dans leur chambre. Jane avait prévu de rester dans le salon pour attendre que son mari, qui venait de rentrer, se douche. Ainsi, ils pourraient regarder un film. Severus fut soulagé qu'Hermione ait préféré ne pas se joindre à eux.

Mais, une fois étendus dans la chambre, attendant que le sommeil les prenne, Severus ne put s'empêcher de lui parler. Il avait bien aimé échanger avec elle au sujet du livre, un peu plus tôt dans la journée. Elle était enjouée et rendait les conversations… divertissantes. Elle présentait son point de vue et ses opinions, dont il était surpris qu'ils soient les mêmes que les siens, et elle savait évoquer les éléments à venir dans l'histoire sans pour autant dévoiler l'intrigue. Alors, il voulait encore lui parler. Ce n'était pas si étrange, non? Ils devaient parler. Ils ne se connaissaient pas encore aussi intimement qu'il le fallait.

« Y a-t-il une raison particulière pour laquelle vous ne souhaitiez pas regarder un film avec vos parents ? »

« Non… Je suis juste fatiguée. J'ai failli mourir, aujourd'hui. » Elle renifla et ravala un petit rire.

« Cela peut en effet s'avérer fatiguant, oui, » plaisanta-t-il.

Elle ricana. « Merci, au fait. De m'avoir sauvée. » Cette fois, elle était sérieuse.

Il y eut un silence, que Severus aurait voulu combler, sans toutefois savoir comment. Par chance, c'était aussi l'objectif d'Hermione. « Vous auriez voulu regarder la télé ? Je ne vous ai même pas demandé, je suis désolée. »

« Merlin, non. C'était juste par curiosité. »

« Ah. »

« Je suis fatigué, moi aussi. »

« Par ailleurs, Papa n'est content et ne reste en place que s'il s'agit d'un film de guerre. Ou un vieux western. Pas mon premier choix. »

« Quel est votre film préféré ? »

« Mmmh. C'est une question vraiment difficile. J'aime vraiment beaucoup regarder des films. Tous. »

« Dans ce cas, un genre au moins ? »

« Avant, j'aimais beaucoup les films d'horreur. Mais ça, c'était avant la guerre. Maintenant, je suis plutôt comédies romantiques ou action, cela dépend de mon humeur. »

« Un que vous ayez vu un nombre incalculable de fois, alors ? »

« Coup de foudre à Notting Hill. »

Severus grogna.

« Je… souffrais encore de… »

« Bien sûr, » dit-il, pas méchamment. « C'est un film convenable. »

« Est-ce que vous avez un film préféré ? »

« Je suis connu pour aimer certains des James Bond. Si ce n'est pas tous. »

Hermione eut un petit rire. « C'est ironique. »

« Pas la peine de le faire remarquer. »

« Et les livres ? Quel est votre préféré ? » demanda-t-elle.

« Vraiment, je suis incapable de le dire. J'aime profondément lire, et chaque livre que je décide de terminer devient mon préféré sur le moment. »

« Je fais pareil. » Elle lança un sourire vers le plafond. « Bien que j'aie lu Jane Eyre plus de fois que la plupart des gens. »

Severus eut un soupir approbateur. « Les livres de potions sont ceux que j'ai lu plus de fois que la plupart des gens. »

« Oui, bien sûr, ça aussi. Mais je veux dire, pour votre plaisir ? »

« Mais j'aime lire les livres de potions. »

« Très bien. Moi aussi. » Il y eut un silence, puis elle continua. « Quelle est votre odeur préférée ? »

« Mon odeur préférée ? Quelle question, femme ! »

« Quoi ? » dit-elle, riant toujours. « C'est une question pertinente. Ils pourront nous le demander. Par exemple, quel serait le parfum de l'Amortentia pour chacun d'entre nous. Ils le feront d'ailleurs sûrement, c'est un bon moyen de… »

« Je pense que nous pouvons tous les deux dire sans trop d'erreur, les vapeurs de potions. L'herbe fraîchement coupée, les racines… les parchemins. Les livres. »

« Oui, j'imagine. Cela pourrait fonctionner. J'espère seulement qu'ils ne trouveront pas cela trop classique. »

« Noix de coco, » dit-il après un moment.

« Quoi ? »

« Vos cheveux. Ils sentent la noix de coco. Je pourrais dire ça. »

« Oh. Oui. Ouais. » Au fond d'elle-même, elle se sentit bizarre, confuse, qu'il ait remarqué le parfum de ses cheveux.

« Eh bien, bonne nuit, » dit-il, un peu mal à l'aise.

« Oui. Bonne nuit, » dit-elle en souriant.

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Severus dormit profondément, très bien et quelques heures de plus qu'à son habitude, étant donné qu'ils s'étaient couchés tôt. Se sentir complètement reposé au réveil était très inhabituel pour lui. Il aurait même voulu dormir davantage. Il était très tôt ce matin-là quand une voix qu'il connaissait très bien, et avait appris à encore mieux connaître durant les jours qui avaient précédé, le sortit du sommeil. Elle semblait venir du balcon, et bien qu'elle essayât d'en maîtriser le volume, sûrement pour ne déranger personne, elle restait audible. Elle réprimandait quelqu'un, l'air vraiment agacé.

Severus s'étira, puis se leva en l'entendant donner des consignes concernant la préparation de potions, semblait-il. Puis elle souffla, frustrée, et ajouta : « Non, non, non, ce n'est pas ça ! »

Il se dirigea vers la porte qui ouvrait sur le balcon, tirant les rideaux, avant d'ouvrir la porte-fenêtre. Il fit un pas à l'extérieur. Elle était déjà complètement habillée, portant un chemisier bleu foncé sans manches, son collier à pendentif de clef passe-partout pendant entre ses seins par-dessus le vêtement, et un pantalon blanc, qui moulait formidablement ses fesses et ses jambes. Il eut un grognement d'excitation, sourd. Il réussit néanmoins à faire passer ce son pour un raclement de gorge d'autant plus aisément qu'Hermione était toujours en train de disputer son correspondant. Aujourd'hui, ses cheveux étaient remontés en chignon, probablement parce qu'ils avaient été grignotés par le système de filtration de la piscine la veille. Avant qu'ils se couchent, il l'avait vue se les brosser devant le miroir et tirer doucement sur ses pointes irrégulières en faisant la moue, mécontente.

«Non, Timothy, la potion Tue-Loup ne se prépare pas du tout comme cela !» s'énerva-t-elle à voix basse. «Non… non ! Mettez ce projet de côté jusqu'à ce que nous revenions… Non, vous allez gaspiller des ingrédients précieux, espèce de crétin ! Je vous le répète, vous allez tout foutre en l'air !»

Elle semblait exaspérée, frustrée, et prête à tuer ledit Timothy si par chance elle avait pu l'atteindre via le téléphone. Elle était vraiment sublime quand elle était en mode autoritaire, pensa Severus. Tant que ce n'était pas envers lui… Sa queue remua.

«Je reste ta patronne, crétin, et je peux te virer même depuis la France !»

Elle regarda Severus avec des traits furieux, alors que Timothy protestait manifestement à l'autre bout du fil. Severus tendit la main et lui fit signe de lui passer le téléphone, l'air à présent agacé lui aussi. Il savait très bien à quel point Timothy pouvait être épuisant. Hermione lui tendit le téléphone.

«Écoutez espèce d'abruti, ne vous avisez de toucher à aucun ingrédient de la potion Tue-Loup, c'est compris ?» lança-t-il d'un ton doucereux et menaçant. «Je connais sur le bout des doigts absolument tout ce qui se trouve dans la réserve et si je trouve quoi que ce soit ayant disparu à notre retour, vous allez le regretter, vous pouvez me faire confiance.» Il raccrocha sans laisser à Timothy la moindre occasion de répliquer.

Il rendit à Hermione son mobile, qu'elle prit. «Mais quel imbécile celui-là !»

«Oui. Je suis impressionnée qu'il soit parvenu à utiliser un téléphone,» ricana Hermione. «Est-ce que je vous ai réveillé ?» demanda-t-elle ensuite.

«En beuglant au téléphone à six heures du matin ? Non, absolument pas,» répondit-il, l'air sarcastique. Mais elle sentit qu'il n'était pas aussi irrité qu'il voulait le paraître. Il essayait seulement d'être drôle et… elle aimait cela, en fait. C'était mignon, même. Elle sourit.

«Je suis désolée. Mais j'allais vous réveiller, de toute façon. Il y a des… choses prévues aujourd'hui.» Ses traits se durcirent à nouveau, comme si elle parlait toujours à Timothy.

«Des choses prévues ?» Severus leva un sourcil. «Cela m'a l'air très amusant,» ajouta-t-il, sardonique.

Elle soupira. «Nous allons passer la journée sur un yacht.» Elle avait dit cela sur un ton blasé. «Je l'ai appris en descendant boire un verre d'eau hier soir.»

«Oh oui, cela s'annonce comme une vraie torture,» répondit-t-il, toujours narquois. Il l'observa un moment en attendant qu'elle lui dise pourquoi cette perspective la contrariait autant. C'était plutôt lui qui aurait dû en être contrarié, puisqu'ils allaient sûrement passer la journée avec sa famille à elle, et que cela allait le forcer à se sociabiliser, ce qu'il, évidemment, ne supportait pas. Quoi qu'il en soit, cela ne le dérangeait pas autant qu'à l'ordinaire. Sa mère et sa grand-mère étaient… plutôt sympathiques et aimantes. Son grand-père était un bon gars également, du côté maternel en tout cas. Quant aux autres, ils étaient acceptables, pas si terribles. Son père était le seul à lui donner des envies de meurtres, ou tout du moins, des envies de le faire souffrir, un peu. Mais par chance, il n'avait pas trop à le croiser.

«C'est que… » Elle soupira et leva les yeux au ciel, peut-être pour empêcher ses larmes de couler. « Le futur beau-père de Victoria est riche, horriblement riche, c'est obscène. Et il va leur louer un yacht pour leur nuit de noce. La compagnie de location leur a proposé de passer une journée sur l'un des bateaux, une sorte de galop d'essai. »

« Ah. »

Cela s'annonçait clairement plus compliqué que prévu. « Et… pourquoi sommes-nous invités ? »

« Papa… est son oncle préféré. Et j'imagine que je fais juste partie du lot, et vous aussi, à présent. Elle se fiche sûrement complètement que j'y aille ou pas. »

« Dans ce cas, n'y allez pas. »

« Mais Papa insiste et il est… » Elle soupira de nouveau. Ses joues étaient rouges à force de se retenir de pleurer. « Allons-y et cela sera vite derrière nous. C'est juste une journée. Sur un yacht. Vous avez raison, je me comporte vraiment comme une gamine. » Elle passa devant lui pour entrer dans la chambre.

« Ce n'est pas ce que j'ai dit, » dit-il en la suivant. « Je n'avais pas le contexte. On ne devrait pas vous forcer à participer à cette journée. »

« Oui, enfin… »

« Vous n'avez qu'à expliquer la situation à vos parents. »

« Non, ça… ça va. Il faut que j'arrive à faire face à Victoria. »

« Hermione… »

« Vous devriez aller vous habiller, » lança-t-elle, en souriant, en essayant de faire comme si tout allait bien. « Papa doit déjà être debout et nous attendre, en se plaignant que nous le mettons en retard. »

Severus roula des yeux et se dirigea vers l'armoire pour y saisir des vêtements et se rendre à la salle de bain. « Est-ce qu'il sera nécessaire que je m'affiche à nouveau en maillot de bain ? »

« Non, à moins que vous en ayez envie. Je n'emporterai certainement rien d'autre que cela, » compléta-t-elle en désignant ses vêtements.

Elle avait bien deviné comment les choses allaient se passer. Charles leur reprocha de mettre tout le monde en retard, car ils avaient encore environ une heure de voiture jusqu'au port. Severus tenta d'intervenir, en disant que c'était lui qui s'était levé tard, ce qui était vrai, mais la faute retomba tout de même sur Hermione. Apparemment, cela aurait été à elle de le prévenir et de le réveiller.

Ce harcèlement se poursuivit alors qu'ils se servaient des cafés. Charles marmonnait sans cesse que cela allait être encore plus long, ce qui ne faisait que stresser davantage Hermione. Quand Severus fut sur le point d'exploser et de devenir extrêmement vulgaire, Jane finit par dire à Charles de s'arrêter, et d'aller les attendre dans la voiture. Il s'exécuta, mais malgré cela, Hermione ne mangea pas beaucoup. Elle aurait voulu que cela soit déjà terminé, pour s'épargner une migraine encore plus intense.

Bientôt, ils furent dans la voiture. Charles conduisait et Jane était assise à l'avant, alors que Severus et Hermione occupaient le siège arrière. Severus ne savait pas si c'était dû à la perspective de revoir Victoria, ou à la présence de son père, qui l'avait malmenée verbalement le matin-même, mais Hermione était silencieuse, parlant uniquement quand sa mère s'adressait à eux. Son père était concentré sur la route, donc pas très bavard. Le voyage fut calme, Hermione regardait le paysage, le menton dans sa main. La radio était allumée et, comme la musique se diffusait en fond, Severus remarqua que Charles ne cessait de lancer des regards dans le rétroviseur. Il avait évidemment remarqué qu'ils ne parlaient pas beaucoup et se tenaient loin l'un de l'autre. Il devait certainement se poser des questions et se faire des idées, dans la droite ligne de ses doutes du premier jour. Jane les observait également de temps à autre et souriait à Severus, demandant si tout allait bien. Il fallait qu'il se rapproche d'Hermione. Étonnamment, cela ne lui posait pas de problème. En fait, c'était une chose qu'il voulait faire. Il avait aimé le petit côté joueur qu'elle avait affiché la veille, et la voir à présent si maussade l'ennuyait.

Il détacha sa ceinture et se décala vers elle, passant un bras autour de ses épaules. Elle arracha prestement son regard du paysage qui défilait pour le poser sur lui, surprise, et il lui lança un regard appuyé. Quand elle vit que son père les observait dans le rétroviseur, un sourire s'afficha sur son visage et elle se détendit.

« Il n'arrête pas de regarder vers nous, j'ai pensé que ce serait plus prudent de mettre en place cette petite démonstration d'affection, » murmura Severus au creux de son oreille.

Elle hocha la tête avec précaution, sa voix toute de miel et son souffle contre sa peau lui arrachant un frisson. Elle se blottit alors contre lui sans y prendre garde et plutôt naturellement. Il jeta un regard aux deux passagers qui regardaient à présent la route en fredonnant sur l'une des chansons qui passait à la radio, puis sortit un petit paquet de sa poche. Elle l'observa en fronçant les sourcils et il l'ignora, retirant son bras de derrière sa tête pour déplier la serviette qui révéla un scone.

« Mangez. Je n'ai pas envie que vous vous évanouissiez et tombiez par-dessus bord. Je n'ai pas envie de sauter à l'eau aujourd'hui, » expliqua-t-il gravement. Mais elle apprenait à présent à distinguer quand il plaisantait et n'était pas réellement ennuyé par une situation. Elle eut un petit rire en croquant dans le biscuit.

« Merci, » murmura-t-elle, le sourire aux lèvres.

Quand ils arrivèrent au port, Severus repéra le yacht sur lequel ils devaient embarquer. Il y avait déjà quelques personnes à bord, et il lui sembla ne connaître aucune d'entre elles. Comment était-ce possible d'avoir autant de famille ? Charles lança quelques commentaires sur le fait qu'il avait eu raison, qu'ils étaient en retard, que tout le monde les attendait très probablement et Hermione, aussi bien que Severus, roulèrent des yeux.

Comme ils approchaient du bateau, Severus remarqua qu'il y avait néanmoins une personne qu'il avait effectivement déjà rencontrée, oui. C'était Jacques.

« Mais qu'est-ce que Jacques fout ici ? Ce trou du cul est partout ! Est-ce qu'il n'était pas question de l'autre côté de la famille, celui de Charles ? »

Hermione lui répondit tout bas, sur le même ton qui avait été le sien : « C'est un ami du marié et même probablement son témoin. » Severus renifla. Oh, c'était trop bon pour être vrai.

« Est-ce qu'il sait…? »

« Je n'en ai pas la moindre idée, » coupa Hermione.

Ils montèrent à bord et furent immédiatement emmenés vers l'arrière du bateau, où se tenaient la plupart des gens. En plus de la famille du marié, Henri, plusieurs autres membres de celle d'Hermione furent présentés à Severus. Parmi eux, Severus repéra Victoria avant même qu'on ne les présente. C'était le genre de fille à avoir absolument besoin d'être en permanence au centre de l'attention, du genre aguicheuse et masquant son côté connasse en feignant la gentillesse. Mais seuls les naïfs et les personnes trop bonnes pouvaient être dupes.

« Tonton Charles ! » s'exclama-t-elle en courant vers lui dès lors qu'elle l'eut aperçu, laissant derrière elle le groupe avec lequel elle discutait.

« Vic, ma chérie ! » répondit-il, la prenant dans ses bras et la faisant légèrement tourner en l'air.

Severus leva un sourcil. Mais pourquoi donc ne se comportait-il pas de la sorte avec sa fille ? Jane fut la suivante à saluer la future mariée. Ensuite, Victoria regarda Hermione. « Bonjour, cousine Hermie, » dit-elle, l'air poli mais sans pour autant approcher pour l'embrasser ou la serrer dans ses bras, comme elle avait fait avec Jane.

« Salut, Victoria, » répondit Hermione simplement, mais avec un petit sourire forcé sur les lèvres. « Félicitations pour tes fiançailles, le mariage et tout ça. »

« Oh oui, je suis tellement heureuse ! » répondit-elle, l'air un peu snob. Son regard se posa ensuite sur Severus, et son sourire s'agrandit, ses yeux se remplissant d'envie. Elle s'approcha rapidement de lui et s'appuya de ses deux mains sur son torse. « Et qui est cet homme charmant ? »

Severus retira prestement ses mains de sa poitrine et s'éloignant d'elle, sans plus une once du sourire aimable qu'il avait affiché en rencontrant les membres précédents de la famille. « Cet homme est Severus, le fiancé d'Hermione, » rétorqua-t-il d'un air solennel, passant un bras autour de la sorcière. Hermione lui lança inconsciemment un sourire insouciant, heureuse et fière, stupéfaite de son attitude si respectable alors qu'ils n'étaient même pas vraiment ensemble. Évidemment, il était loyal et pouvait même se montrer gentil quand il le voulait bien. Elle plaça alors sa main sur son torse, la bague qu'il lui avait offerte bien en vue, alors qu'il la rapprochait de lui.

« Ah ! » fit Victoria, un peu déroutée. C'était peut-être la première fois qu'un homme ne réagissait pas à son manège de séduction comme elle l'avait imaginé. Elle était sûrement d'autant plus déroutée qu'il n'était très certainement pas l'homme le plus beau qui ait croisé son chemin, pensa Severus, et qu'elle s'était sûrement attendue à ce qu'il lui obéisse au doigt et à l'œil. Évidemment, elle était très jolie, sa redoutable silhouette soulignée par le fait qu'elle était déjà en bikini et robe transparente. Ses cheveux étaient courts et noirs, lisses et impeccablement coupés aux oreilles. Cependant, Severus était loin d'être impressionné. Il voyait au-delà de tout cela.

« Bien joué, couz' ! » dit-elle à Hermione et elle fit volte-face pour les guider plus en avant sur le bateau.

Severus fut présenté à tout le monde. Graham, le père de Victoria, était le frère ainé de Charles et paraissait tout aussi revêche et fatiguant que l'était Charles, hormis le fait que lui au moins dorlotait et gâtait sa propre fille. Sa femme, Margaret, semblait plutôt sympathique quoi qu'un peu snob. Ils avaient également un fils, Niles, qui semblait tout aussi froid et snob que les autres, comme s'il supportait à peine la situation et les invités. La famille de Henri, bien qu'horriblement riche, semblait plus amicale et ouverte, tout comme Henri lui-même. Il était clairement fou amoureux de Victoria et semblait prêt à tout pour elle, bien que Severus ne comprenne pas vraiment pourquoi. Il paraissait trop… gentil pour elle. Nigel, le père de Charles et Graham, était là lui aussi.

Après que toutes les présentations aient été faites et quelques mots échangés, un autre couple arriva, des jumeaux dans son sillage. Ils étaient à peine plus jeunes qu'Hermione, mais paraissaient plutôt puérils et prêts à tout pour s'amuser. Ils rappelèrent à Severus les jumeaux Weasley. Un frisson lui parcourut le dos à cette simple pensée.

«Tonton Richard ! Tante Jocelyn !» s'exclama Hermione, qui pour la première fois ce jour-là, parut suffisamment à l'aise pour s'éloigner de Severus.

Elle s'avança vers eux et enlaça l'homme d'abord, qui répondit immédiatement «Salut, petite» en souriant. Ce fut ensuite au tour de la femme, et Severus remarqua sur son visage des traits ressemblant à ceux de Charles, bien qu'elle paraisse infiniment plus décontractée.

Hermione se retourna vers Severus avec un sourire large et sincère tout en lui faisant signe de la main de les rejoindre. «Voici Severus,» le présenta-t-elle, et Severus ne put s'empêcher de sourire, pas au point de découvrir ses dents cependant - il ne le faisait jamais - mais très sincèrement. Ces personnes étaient les premières, parmi celles rencontrées ce jour-là, qui semblaient véritablement valoir le coup. Il leur serra tour à tour la main, puis Charles approcha.

«Il était temps, Jocelyn, nous t'attendions pour mettre les voiles.»

«Charles, mon vieux, pourquoi es-tu toujours si pressé ?» demanda Richard. «Tu sais ce qui t'attends à la fin ? La mort. Veux-tu réellement y arriver plus vite ?»

Severus eut un reniflement amusé alors que Richard observait Charles, le sourire aux lèvres.

«Content de te voir aussi, Richard,» répondit Charles, de mauvaise grâce.

Jocelyne se contenta d'un air amusé et s'avança pour saluer tous les autres, ignorant l'humeur grincheuse de son frère.

«Nous discuterons plus tard, Severus,» lança Richard en souriant, «Je veux savoir quelles sont vos intentions vis-à-vis de ma nièce préférée,» compléta-t-il à voix basse, sans cesser de sourire.

«Tonton Richard !» le houspilla tendrement Hermione, gênée.

«D'accord, Monsieur,» répondit Severus, la commissure de ses lèvres légèrement recourbée dans ce semblant de sourire qui n'appartenait qu'à lui. Richard s'éloigna pour discuter avec les autres invités.

Hermione et Severus furent ensuite approchés par les jumeaux, qui furent assez effusifs dans leur manière de saluer Hermione, chacun la soulevant dans les airs, la secouant, ou la serrant avec malice. Ils étaient plutôt grands, tout comme leur père, aussi grands que Severus, et tous les deux très beaux, avec les mêmes cheveux sombres et yeux bleus que leur mère. Il était à présent évident que la chevelure whisky et ses yeux couleur cannelle provenaient du côté de sa mère.

«Hermione, chérie, ça fait longtemps !»

L'un d'entre eux la porta pour l'embrasser sur la joue, puis la reposa pour que l'autre puisse faire de même. Elle supporta tout cela avec joie, un large sourire sur le visage.

«Severus, voici Alexander, et voici Maxwell.»

Ils lui serrèrent la main. «Maintenant qu'on est là, la fête peut vraiment commencer, hein ?» dit l'un.

«Et j'ai l'impression qu'ils en ont bien besoin,» commença l'autre en balayant le bateau qui venait juste de démarrer du regard. «Regarde-moi ces pauvres bougres, qui ne font rien d'autre qu'être là et… parler poliment.»

«Bande de vieux glandeurs ennuyeux.»

«Ce n'est pas comme ça qu'on fait la fête sur un yacht, les amis !» lança l'un d'entre eux d'une voix plus forte, pour que davantage de personnes les entendent, jusqu'à l'intérieur de la cabine. La plupart les regardèrent avec dédain et poursuivirent leurs conversations.

«Pathétique, vraiment.»

Hermione ricana alors que Severus tentait de suivre lequel était Maxwell et lequel était Alexandre, en sachant pertinemment qu'il n'y parviendrait pas.

«Écoute, chérie, il faut prévoir un truc, organiser une fête pour de vrai, juste pour les jeunes.»

«Mais on peut quand même prendre ton vieux schnock, il a l'air drôle,» dit l'un des jumeaux, passant un bras autour des épaules de Severus et le serrant contre lui. Hermione remarqua, malgré ses lunettes de soleil aviateur, que Severus fronça les sourcils instantanément, et elle ne put s'empêcher de rire.

«Dites-moi, Severus, c'est ça ? Est-ce que vous buvez ?»

Severus eut un reniflement de dédain. «Probablement depuis bien avant votre naissance.»

«Non, non, mon vieux, est-ce que vous buvez ? Est-ce que vous buvez, vraiment. Pas comme ces vieux coincés, qui sirotent leurs cocktails en levant le petit doigt. Je veux dire, est-ce que vous buvez une pinte, ou dix, jusqu'à finir bourré ? »

«En votre compagnie, j'ai l'impression que je ne pourrai pas finir la soirée sans qu'il en soit ainsi, oui.»

Il y eut un court silence avant qu'ils n'explosent de rire et secouent Severus, lui administrant de grandes tapes dans le dos et sur les épaules.

«Définitivement, on l'invite, Herms.»

«Oui, on l'aime bien,» compléta l'autre.

«Bon, on va faire un tour.»

«Oui, il faut qu'on félicite les mariés.»

Ils reprirent soudainement une posture plus correcte et firent mine de lisser leurs vêtements, comme pour se moquer du côté snob des gens qui étaient à bord. Puis ils commencèrent à tourner autour de Severus et Hermione, les mains dans les poches de leurs pantalons, comme s'ils regardaient tout et tout le monde de haut.

«Qu'est-ce que tu en dis, est-ce qu'on s'intègre bien ?»

Hermione eut un petit rire. «Parfaitement.»

«Splendide !»

«Merveilleux !» plaisantèrent-ils avant de s'éloigner.

«Eh bien, cela explique comment vous avez réussi à supporter les jumeaux Weasley,» remarqua Severus.

«Arrêtez,» dit Hermione, le sourire aux lèvres. «Ils sont gentils. Je les aime bien, vraiment.»

Severus et Hermione s'assirent alors l'un à côté de l'autre sur le pont, mais à l'ombre, et un peu à l'écart des réjouissances. Ils ne parlèrent pas, se contentant d'observer les invités se mêler les uns aux autres. Severus remarqua particulièrement à quel point Victoria aimait être au centre de l'attention, surtout de celle des hommes. Son père était à ses petits soins, son fiancé était à ses petits soins, et même son beau-père semblait sous le charme. Quant au père d'Hermione… eh bien, il se comportait vraiment envers elle comme il aurait dû le faire envers Hermione. Il était attentif et discutait avec elle, semblait aussi sincèrement s'intéresser à sa vie. Il souriait et paraissait bien plus avenant qu'il ne l'avait été jusqu'à présent, d'après Severus. Elle semblait ne jamais rien pouvoir mal faire, jamais. Sainte Victoria. C'était sans compter qu'elle était tout sourire et si gentille avec son Tonton Charles. Severus en eut la nausée. Rien de cela n'aurait échappé à Hermione.

En effet. Elle se sentait blessée d'assister à tout cela, mais que pouvait-elle y faire ? Franchement, elle y était plus ou moins habituée, bien que cela ne l'empêche pas d'en souffrir. Et pour couronner le tout, Jacques avait tout bonnement fait comme si elle n'était pas là, ce jour-là. Ce n'était pas qu'elle avait envie qu'il s'intéresse à elle, mais elle trouvait gênant qu'il ait été à ses trousses à chaque fois qu'il en avait eu l'occasion jusqu'ici, mais que dès que Victoria était présente, il se fichât complètement d'elle. Cela rouvrait ses blessures, et lui faisait se demander ce qui allait si mal chez elle pour être à ce point rejetée. Par deux fois.

Severus aussi l'avait remarqué. Alors qu'il avait pensé que Jacques ne pouvait pas faire pire que jusqu'à présent, il s'était surpassé. Tous les hommes étaient pris au piège de Victoria, et évidemment, lui aussi. Et c'était sûrement parce que son ami, et fiancé de Victoria, était présent, qu'il se retenait de se montrer irrespectueux.

Mais elle ne faisait ni chaud ni froid à Severus, et ni Alexander, ni Maxwell, ni Richard ne semblaient lui accorder d'attention particulière non plus. Si bien qu'ils vinrent, ainsi que Jocelyn, s'asseoir un long moment avec Hermione et Severus. Ils parlèrent, rirent et interrogèrent Severus avant de retourner parmi les autres.

Puis Charles s'approcha d'eux. «Est-ce que vous allez rester assis dans votre coin toute la journée ?» Son ton était dur et il s'adressait principalement à Hermione. «Ce n'est pas comme ça que je t'ai élevée, à te montre si impolie. Tu as à peine adressé la parole à ta cousine. Elle fait partie de la famille, et elle a été assez affable pour nous convier à cette belle journée…»

«Il semblerait qu'on s'occupe bien assez d'elle,» répondit mollement Hermione.

«Ne me réponds pas, je reste ton père,» rétorqua-t-il entre ses dents serrées. «Maintenant, j'espère bien que tu vas aller lui parler et enfin arrêter de me faire honte. Ne sois pas jalouse et ingrate comme ça.»

Severus se mordit la langue. Non, il n'allait pas lui hurler dessus, il n'était pas chez lui, et n'était d'ailleurs pas vraiment avec Hermione non plus. C'était sans compter elle n'aimerait pas cela et qu'il ne ferait que se ridiculiser devant tout le monde. Il ne révèlerait pas à quel point sa nièce favorite était une petite conne, parce que cela ne faisait qu'empirer la situation. Il comprenait mieux, à présent, pourquoi Hermione n'avait jamais raconté à personne ce qui s'était passé. Si les choses avaient toujours été comme cela, elle craignait sûrement qu'on la tienne pour responsable, et cela ne ferait qu'alimenter le conflit entre son père et elle. Il valait probablement mieux laisser couler.

Comme Charles s'éloignait, Hermione soupira. «Je savais que cette journée allait être merdique. Je n'aurais jamais dû dire que je resterais pour son mariage. On aurait pu rentrer à Londres et nous soumettre à ce foutu entretien. Et maintenant, il faudrait que j'aille là-bas et… discuter de tout et de rien avec elle, avec en plus… lui dans les parages.»

«Oh non, vous ne ferez rien de la sorte,» dit Severus avec fermeté.

«Ça va, c'est mieux. Autrement mon père ne va pas me lâcher sur tout le chemin du retour, et même demain.»

«Pardonnez mon langage, mais que votre père aille se faire foutre, vraiment. Vous n'allez pas vous abaisser, vous humilier de la sorte. Vous êtes Hermione Granger, Princesse des Gryffondors et directrice du département des potions, celle qui fait de la vie de tous et toutes un enfer, et de celle de votre père aussi.»

Hermione eut un léger rire.

«Voilà ce qu'il va se passer : je vais aller nous chercher un verre, et si votre père revient, vous lui direz d'aller se faire voir.»

Hermione leva un sourcil.

«Bon peut-être pas avec ces mots, quoi qu'il les mérite amplement, mais… ne bougez pas. Si je vous vois parler à… cette salope, je vous jette moi-même dans l'eau.»

Severus se leva alors qu'Hermione riait. Il alla à l'intérieur, jusqu'au bar, et revint avec un verre dans chaque main. Un whisky pour lui et un cocktail sophistiqué avec fruits et parasol pour elle. Alors qu'il s'approchait d'Hermione pour se rasseoir, Victoria l'appela.

«Ah, Severus !» roucoula-t-elle sur ce ton séducteur qu'elle maîtrisait si bien, «Tu serais un chou d'aller me chercher le même cocktail !»

Elle était assise sur le plat-bord de la poupe et prenait le soleil en exposant ses formes à Jacques et Henri, qui se tenaient près d'elle. Sa mère, son père et son futur beau-père, ainsi que le père d'Hermione, se tenaient non loin et parlaient entre eux.

«Impossible, Victoria,» Severus s'efforça de ne pas paraître trop dégoûté ou malveillant, mais ne sut pas vraiment s'il y était effectivement parvenu. «Je n'ai que deux mains.» Il leva les deux verres en haussant les épaules et reprit place aux côtés d'Hermione. Il lui tendit son cocktail et elle s'en saisit avec un sourire. «Mais je suis sûr que votre fiancé ne verra aucun inconvénient à vous en ramener un.»

Severus eut un air supérieur et, sans savoir exactement pourquoi, prit la main d'Hermione dans la sienne et l'amena à ses lèvres pour l'embrasser, sans quitter Victoria du regard.

Elle sembla offensée et détourna les yeux. Henri et Jacques discutèrent alors à voix basse et ce dernier s'éloigna, manifestement pour aller chercher la boisson demandée par Victoria pendant qu'Henri restait pour choyer la petite morveuse.

«Elle est vraiment perdue face au fait que vous refusiez de lui lécher les bottes. Elle n'a pas l'habitude de cela.»

«Hmmm.» Severus but une gorgée de whisky. Il tenait toujours sa main, qui reposait sur sa cuisse. Ils ne le remarquèrent pas ni ne se dépêchèrent de prendre leurs distances, même si plus personne ne les regardait.

«Je comprends qu'elle ait cette habitude. Elle est vraiment jolie.» Hermione tentait de sonder la véritable opinion de Severus à son sujet, tout en espérant que cela ne soit pas trop manifeste.

«Je vois clair en elle. Cela fait que je n'accorde aucun intérêt à sa pauvre carcasse.»

«Oui. Parce que je vous ai dit…»

«Non. De toute façon, c'est évident.»

«Merci,» sourit Hermione. «D'être loyal vis-à-vis de moi, même si nous ne sommes pas… Si ce n'est pas…»

Il tourna le visage vers elle et, soudain, ils se rendirent douloureusement compte qu'ils se tenaient toujours la main. Il desserra ses doigts et Hermione en laissa glisser les siens à contrecœur.

«Merci, tout simplement, de ne pas baver devant elle sans retenue.»

Il hocha la tête. Après un silence, chacun regardant au loin, Hermione émit un son guttural comme si elle était sur le point de vomir. Severus tourna lentement son visage vers elle et leva un sourcil.

«Regardez-la. Elle a le beurre et l'argent du beurre. Tout le monde à ses pieds, avec un riche et beau garçon qui lui lèche les bottes… tout ce dont elle a toujours rêvé. Quand payera-t-elle pour ce qu'elle m'a fait ?»

«Eh bien, vous pouvez toujours dire haut et fort ce qu'elle a fait. Cela vous évitera certainement, à l'avenir, d'avoir à participer à ce genre d'événements et de vous sentir comme une merde, et cela préservera possiblement ce pauvre mec naïf qui pense tellement ne pas la mériter qu'elle lui ferait une faveur en l'épousant.»

Ils regardèrent Henri, qui paraissait complètement épris, fou-amoureux de Victoria.

«Non, non, je ne pourrais pas… C'était… Tout le monde me… Je passerais pour la rancunière de service. Et, en plus, qu'en serait-il si elle avait changé, au fond d'elle, et que je la privais ainsi de l'amour et de toute chance d'être heureuse ?»

Severus renifla. «Je pensais que Mère Teresa était morte, mais je vois à présent qu'elle vit en vous.»

Hermione eut un petit rire et frappa son bras, joueuse. «Je suis sérieuse. Je ne pourrais pas continuer à vivre avec ça sur la conscience. Et puis, peut-être qu'il est au courant et qu'il n'y a pas de problème.»

«Elle a l'air de ne se soucier de personne à part d'elle-même. Et je pense franchement que vous aideriez ce pauvre gars, parce que je doute sérieusement qu'il accepterait le fait que son meilleur ami ait sauté sa petite copine avant lui. Avec en bonus, le fait pour lui de se rendre compte à quel point ils sont dégoûtants de vous avoir fait subir cela.»

«Quand bien même… Ce n'est pas à moi de le faire… »

«Très bien.» Severus sirota son whisky. «Sinon, nous pourrions toujours descendre dans la cabine et faire l'amour sauvagement comme des animaux en rut dans ce qui sera la suite de leur lune de miel,» lança-t-il, impassible, le visage vierge de toute émotion, regardant droit devant lui.

Elle manqua de s'étouffer mais, malgré cela, se retourna prestement vers lui. Progressivement, il prit un petit air malin et elle en rit doucement. Mais ses joues rougirent bientôt et la sensation de chaleur s'étendit à son échine et vers son entrejambe. Elle ne pouvait nier que l'entendre parler de la sorte l'excitait beaucoup.

«Et qu'y gagnerions-nous ?» demanda-t-elle, joueuse. Il se tourna vers elle et elle vit ses sourcils se hausser derrière ses lunettes de soleil. «En dehors du plaisir doux mais passager et de la délivrance charnelle, s'entend,» compléta-t-elle en souriant.

Il haussa les épaules. «La satisfaction de savoir que nos corps convulsants et couverts de sueur se sont contorsionnés d'extase et que nos abondants fluides corporels se sont déversés sur le lit immaculé qu'ils s'apprêtent à partager ? Et que cela s'est produit plusieurs fois, avant même qu'ils aient la chance de l'utiliser ?»

Il afficha de nouveau son air supérieur. «Et si j'en crois leur allure, qu'ils ne pourront jamais mieux le faire que nous,» termina-t-il plus calmement.

Hermione eut un rire nerveux. Elle avait chaud malgré le fait que son chemisier n'ait pas de manches et que ses vêtements soient plutôt légers. Des images de leurs corps joints, se tordant de plaisir l'un contre l'autre, la respiration hachée, assaillirent son esprit. Bordel, elle voulait vivre cela. Non, contrôle-toi.

« C'est une idée,» répondit-elle, joueuse.

«Ou…» poursuivit-il, «Elle pourrait…» Il haussa les épaules, «Je ne sais pas, tomber dans la mer sans crier gare.»

«Alors ça, ce serait amusant,» Hermione sourit.

«Vous pouvez faire en sorte que cela arrive, sorcière,» murmura-t-il en se penchant vers son oreille.

Elle devint soudain sérieuse. «Oh non, non, ce…»

«Ce n'est pas comme s'ils allaient la laisser se noyer.»

Hermione commença alors à sérieusement l'envisager.

«Si vous avez été attentive durant mes cours de Défense Contre les Forces du Mal, vous devriez être capable de lancer des sortilèges informulés.»

Hermione le regarda, sa mâchoire tombant sous le coup de l'indignation.

«Je vous ferais savoir que je suis très compétente dans ce domaine !»

«Si je ne vois pas cela de mes propres yeux, je n'y croirai jamais,» sourit-il malicieusement.

Elle tourna les yeux vers lui et son affront se mua en amusement. Elle sembla avoir accepté le défi et regarda fixement Victoria, toujours allongée sur la partie la plus large de la plateforme de poupe, appréciant les attentions de la version française de Dumb et Dumber, amis pour la vie. Soudain, comme si le bateau avait frappé une vague de plein fouet, elle perdit l'équilibre et passa par-dessus bord.

En français, Henri hurla au capitaine de stopper le yacht, courant vers la cabine, alors que Victoria tombait à l'eau et fut bientôt loin derrière. Tout le monde s'approcha alors de la poupe, pour observer ce qui s'était passé, et Severus et Hermione se dirigèrent vers tribord pour avoir un meilleur point de vue, loin derrière le reste de l'assistance.

Le bateau s'arrêta et Victoria nagea jusqu'à lui, alors que Jacques descendait les escaliers qui menaient à l'eau. Il lui tendit une main pour la tirer des flots et perdit manifestement l'équilibre, tombant lui aussi.

«Sainte Marie Mère de Dieu, mais qu'est-ce qui se passe ?» lança Severus, sardonique, et Hermione sut alors que c'était lui qui avait poussé Jacques. Elle ricana.

Une fois tout le monde sorti de l'eau sain et sauf et en train de sécher, Severus et Hermione retournèrent dans leur petit coin. Il sentit qu'elle était loin de se sentir mieux. Au moins l'avait-il faite rire, mais la journée allait être longue. L'instant de légèreté qu'elle avait traversé s'éloignait petit à petit alors qu'elle regardait son père faire de la lèche à Victoria, comportement qu'il n'avait sûrement jamais eu avec elle.

«Je reviens tout de suite,» la prévint-il, et il s'éloigna.

Quand il revint, son père la harcelait de nouveau, lui reprochant de n'avoir aucune compassion et même pas honte de boire et manger sur le compte de sa cousine sans même se donner la peine de lui adresser la parole.

«En fait, Monsieur,» lança Severus, plein de fiel. Hermione sentit un frisson descendre le long de son échine, craignant qu'il révèle quelque chose. «Nous allons bientôt débarquer.»

Il s'assit près d'Hermione et passa son bras autour de ses épaules.

«Quoi ?» aboya Charles à voix basse.

«Chaton ne se sent pas bien.»

«Sev…»

«Elle a eu une peur bleue hier. Elle s'est presque noyée dans votre piscine et monter à bord d'un bateau si peu de temps après n'était pas vraiment une bonne idée.»

«Tu t'es… presque noyée ?»

«Oui. Mes cheveux se sont pris dans la grille d'évacuation.»

Ses traits passèrent de la surprise légère à un sourire méprisant qui disait : «Je le savais. Tu devrais savoir qu'il ne faut pas nager avec ces cheveux-là détachés.»

Les épaules d'Hermione s'affaissèrent.

«Quoi qu'il en soit,» continua Severus, une colère maîtrisée transparaissant sur le visage et dans le ton qu'il employa, «J'ai déjà convenu avec le capitaine qu'il s'arrête au prochain port pour que nous puissions descendre. Je ferai en sorte qu'elle rentre à la maison en sécurité.»

Severus était vraiment allé trouver Jane pour lui conter cette excuse, en prétendant que l'accident de Victoria avait rendu Hermione encore plus nerveuse. Jane, qui avait un si bon fond, avait demandé à la mère de Henri d'intercéder auprès du capitaine. Étant donné qu'ils naviguaient le long de la côte, cela ne serait pas compliqué.

«Bien,» dit Charles, avant de faire volte-face pour prendre congé d'eux.

Hermione lança un regard inquisiteur à Severus et il lui expliqua ce qui s'était passé. Elle glissa alors sa main dans la sienne et Severus en haussa les sourcils de surprise. Elle eut un sourire.

«Merci,» dit-elle, et elle posa son visage sur son épaule. Il se raidit, sans savoir vraiment quoi faire, mais ne put s'empêcher de laisser son cœur s'attendrir face à ce geste.