Bonjour bonjour !
Je prends un petit peu de temps pour vous publier un nouveau chapitre de cette fic que je continue de temps en temps à écrire!
Ardnaxela 33 : Merci beaucoup pour ta review ! J'espère que la suite continueras à te plaire, et pardon pour ce retard !
: Wahou merci, ça me touche beaucoup ! En effet c'est ma plus longue fic et je pense qu'elle va encore me prendre pas mal d'heure, j'espère que tu seras toujours disponible pour m'en faire des retours !
MaphthaemVN : Merci beaucoup, j'espère que tu y resteras accro malgré ma difficulté à poster régulièrement ! À bientôt j'espère !
Roseliania : Merci ! Je ne m'arrêterai pas, par contre il faudra certainement être patient.e ! J'ai hâte de lire tes prochains retours !
Merci beaucoup pour vos lectures, vos reviews et vos favs, j'espère que la suite de cette histoire vous plaira !
Disclaimer : les personnages ne sont pas à moi mais à Isayama, moi je leur fait juste faire des galipettes
Chapitre 13 - Petit déjeuner
Rapport 05
R. A. S.
Caporal Rivaille Ackerman
Eren se réveilla en sursaut au petit matin, le souffle haletant. Il jeta un regard circulaire à la chambre autour de lui, dans laquelle l'aube filtrant par la fenêtre projetait de fines raies de lumière froide. Sa respiration se calma enfin après de longues minutes, et il jeta sa couverture sur le côté avant de pousser sur ses jambes pour se dresser hors de son lit. Tout était calme autour de lui, si calme qu'il sentit la solitude lui écraser le corps d'un coup. Il serra les dents en sentant le tissu de son pantalon se faire désagréablement rugueux au niveau de son entrejambe. Il l'enleva à la va-vite et fila immédiatement rincer son corps endolori sous l'eau froide.
Les picotements de l'eau glacée finirent de le réveiller complètement, et il soupira sous la sensation agréable du savon qu'il passa sur sa peau. Ses cheveux retombèrent sur son visage lorsqu'il les rinça, et sa respiration se bloqua lorsqu'il vit de légères marques rougeâtres sur ses poignets, comme des lignes obliques parallèles qui remontaient jusqu'au milieu de ses avants bras. Le titan serra les dents en se remémorant la sensation des liens en soie qui avaient restreint ses mouvements la veille, et les courbatures à l'arrière de ses cuisses le lancèrent. Un fourmillement sembla partir de son plexus pour atteindre sa nuque, et son estomac fit un bond alors que des souvenirs très précis de la scène déboulèrent dans son cerveau. Putain… Se dit-il en fermant douloureusement les yeux, son coeur se mettant à battre comme un dément dans sa poitrine. Il se mit à trembler d'excitation en revoyant Rivaille penché devant lui, le fixant de ses yeux orageux tandis qu'il enserrait son érection de la chaleur de sa main. Le titan se força à ouvrir les yeux et à fixer le plafond de sa salle de bain pour essayer à tout prix de penser à autre chose, et d'empêcher ses mains tremblantes de venir agripper la zone qu'il sentait déjà brûler entre ses jambes. Il s'appuya sur le mur carrelé de sa douche en tentant de maîtriser sa respiration devenue erratique, et se mordit les lèvres jusqu'au sang pour éviter de gémir d'excitation. Finalement, ses jambes endolories cédèrent sous son poids, et il s'affala sur le sol humide, le haut de son crâne battu par les fines gouttes fraîches sortant de la colonne de douche rouillée.
Il n'avait jamais senti son corps perdre autant sa maîtrise de lui-même. Même lorsqu'il se transformait en titan et qu'il perdait son calme lors de crises de colère dévastatrices, il lui semblait disposer tout de même de son corps à sa guise, puisqu'il ne faisait que suivre ses directives, quand bien même ces dernières n'étaient motivées que par une rage sourde. Là, il avait l'impression d'être tout entier assujetti à son corps, à ce désir écrasant qui imprégnait chacun de ces gestes et rythmait chacune de ses respirations. Il mit de longues minutes à se remettre de ses émotions, frissonnant sous la température de l'eau qui ruisselait sur son dos, et amorça finalement un mouvement pour se redresser sur ses jambes encotonnées.
Le jeune homme mit un temps faramineux à se sécher avec une serviette trop rêche, revenant par plusieurs fois sur des zones bien précises tant il avait besoin à intervalles réguliers d'arrêter tout mouvement, sous peine de tomber de nouveau dans une sorte de transe d'excitation. Alors qu'il enfilait son pantalon d'uniforme, il put de nouveau formuler des pensées cohérentes, qui furent toutes concentrées autour d'une question : Putain, qu'est ce qui m'arrive ?
Il n'était pas loin de huit heures lorsqu'Eren quitta finalement sa petite chambre, vêtu de son uniforme et quelque peu désorienté : il ne savait pas du tout quoi faire ni même où aller, puisqu'il ne se souvenait pas avoir entendu les directives de son Caporal la veille. Il sursauta lorsqu'il entendit des petits pas dans l'escalier au bout du couloir, et demeura immobile, le corps tendu et le coeur battant, les yeux rivés vers la provenance du bruit.
Ce fut une petite tête blonde qui apparut d'abord, suivie bien vite d'un corps en uniforme du bataillon portant un grand plateau rempli de victuailles. Le titan eut d'abord l'eau à la bouche en sentant l'odeur du pain frais et du thé à la menthe, avant se croiser un regard d'azur qui le figea sur place.
Armin s'arrêta net en apercevant son ami d'enfance dans le couloir principal de l'aile ouest, à quelques mètres de lui, et manqua de faire tomber son plateau par terre en avisant plus précisément ce à quoi Eren ressemblait. Il avait l'air émacié, plus encore qu'à son habitude, et de lourdes cernes burinaient le dessous de ses yeux qui semblaient plus brillants qu'à l'accoutumée. Armin trouva qu'il avait l'air égaré, aussi troublé qu'un animal sauvage pris au piège, sensation appuyée par son air débrayé, sa veste d'uniforme chutant mollement sur ses épaules et ses cheveux tombant comme des lianes sur son visage. Il prit une petite inspiration, comme pour dire quelques mots à son ami et s'enquérir de son état, mais une porte sur sa droite s'ouvrir à la volée, manquant une nouvelle fois de lui faire lâcher son précieux chargement.
Le Caporal, qui venait d'ouvrir avec sa douceur habituelle la porte de ses appartements, semblait à l'inverse en bien meilleur état que lorsqu'Armin l'avait vu pour la dernière fois. Son teint était moins bistre qu'à l'accoutumée, et si un air sévère et acariâtre était toujours plaqué sur son visage, le petit blond remarqua sans peine qu'il semblait plus calme et plus reposé. Une foule de question emplirent le cerveau du petit blond, qui reprit une autre respiration, précipitamment coupée par la voix suave de son Caporal :
«Merci Arlet, tu peux disposer je m'en occupe.»
Le petit blond resta interdit quelques secondes, demeurant immobile devant son supérieur sans rien faire, et il ne put s'empêcher de jeter un petit coup d'oeil à Eren, qui était toujours dans la même position, quelques mètres derrière Rivaille. Ce dernier tourna à demi la tête vers le Titan Assaillant sans toutefois lui accorder un réel regard, avant de fixer de nouveau Arlet, en haussant le sourcil droit, comme pour le mettre au défi de poser la moindre question.
Armin déglutit difficilement et tendit le plateau repas à son supérieur en s'empêchant de toutes ses forces de reporter son regard sur son ami à l'air étrange. S'il ne savait que peu de choses du plan du Caporal, il avait pu apprendre d'Hanji (envers qui il jouait le rôle de principal confident maintenant que Rivaille ne partageait plus leur quotidien) qu'il était très important qu'Eren n'ait de contact qu'avec leur supérieur durant toute la durée de l'arrangement, et, s'il n'en voyait pas vraiment l'intérêt, il n'était pas encore assez fou pour oser briser l'une des règles d'un Ackerman. Aussi, il essaya de parler de la voix la plus basse qu'il pouvait à son supérieur lorsqu'il osa lui demander :
«Caporal… Est ce que tout va bien ?»
Il put jurer voir une lueur briller dans les yeux gris de Rivaille, et écarquilla les yeux lorsque ce dernier répondit d'une voix forte et claire, comme s'il s'adressait plus au titan présent derrière lui dans le couloir qu'à Armin :
«Tout va très bien, je vais juste m'empresser de préparer le petit déjeuner, je crains que les gargouillements de famine du grand échalas derrière moi ne résonnent jusqu'à Mahr.»
Le jeune homme dont les mains venaient d'être dessaisies du plateau jeta un vif coup d'oeil au «grand échalas», le ventre parcouru d'une angoisse sourde : il avait pu faire l'expérience de la colère d'Eren à chaque mention du continent sur lequel ils s'étaient déjà rendus sans succès, et la pensée d'être témoin de l'une de ces crises, ici, à l'autre bout du château et sans armes lui vrilla le corps de panique. Le caporal suivit le geste d'Armin et jeta un regard au titan posté derrière lui avant de poursuivre, d'une voix calme et profonde que le blond ne lui avait jamais entendue :
«Tu as faim ?»
La réaction d'Eren dépassa tout ce que son ami d'enfance aurait pu prédire : si ses sourcils s'étaient quelque peu froncés à la mention du continent, à partir de l'instant où le Caporal s'était retourné vers lui, leurs yeux s'étaient comme accrochés, et Armin put jurer voir l'ombre d'un petit sourire sur le visage d'Eren, qui hocha la tête silencieusement. Le blond n'en cru pas ses yeux ; il n'avait jamais vu son ami ainsi, comme pris dans une acceptation calme et une sorte de … dévouement ? Il eut d'un seul coup la désagréable sensation d'être de trop dans ce couloir. Il toussota jusqu'à ce que Rivaille se tourne de nouveau vers lui, fit un petit salut et partit sans demander son reste, encore quelque peu abasourdi par ce qu'il venait de se passer.
Rivaille jaugea quelques instants le jeune homme derrière lui, faisant rapidement le calcul de ce qu'Arlet avait bien pu décrypter de la situation en constatant l'état du titan. S'il avait l'air pour le moins égaré, et que sa tenue donnait l'impression qu'il venait de sortir d'un pub de village, le Caporal se rasséréna en notant que la veste d'uniforme noir d'Eren couvrait bien ses avant-bras, dissimulant correctement les marques de l'attache de la veille, et que, si l'on ne s'y connaissait pas autant que lui, on ne pouvait faire la différence entre les yeux brillants de fatigue et de faim d'un prisonnier et ceux luisants d'excitation d'un jeune adulte venant tout juste de découvrir le sexe. Il se surprit tout de même à apprécier quelques secondes de plus la vue sans en laisser rien paraître, notant avec une petite pointe de fierté les légères marques de dents sur la lèvre inférieure rougie du titan et les quelques gouttes mal essuyées qui chutaient de ses cheveux en bataille. Un autre gargouillement retentit dans le calme du couloir et une légère rougeur poignit sur les joues du jeune homme, faisant reprendre ses esprits au Caporal.
«Viens, installe toi à table.» Prononça simplement Rivaille en entrant dans ses appartements avec le plateau.
Il entendit des pas lourds derrière, lui, et le bruit de la porte suivi de près par le grincement d'une chaise alors qu'il déballait ce qui se trouvait sur le plateau. Il posa la théière sur la table, juste à côté de deux tasses et deux assiettes qu'il avait déjà disposé tôt dans la matinée. Puis il trancha le pain et en tendit une grande tartine au titan qui la saisit des deux mains, le regard résolument fuyant. Le Caporal renifla discrètement et fit le tour de la table afin de sortir du placard un pot de miel et une cuillère, qu'il déposa juste à côté de l'assiette du plus jeune. Ce dernier s'en saisit avec hâte et commença à dévorer son petit déjeuner avant même que Rivaille ne se soit assis à table. En versant du thé à la menthe fumant dans leur deux tasses, le Caporal prononça calmement :
« Les prochains jours, il faudra que tu attendes que je me serve avant de commencer ton petit-déjeuner.»
Le titan sentit son coeur tomber dans sa poitrine, et jeta un regard interloqué à son supérieur, comme un enfant pris en flagrant délit de désobéissance. Rivaille apprécia voir cette réaction et reprit bien vite :
«Ne t'inquiète pas, je laisse passer pour cette fois. Après tout tu n'as pas eu le temps de manger hier soir.»
Eren manqua de s'étouffer, et le Caporal eut un petit ricanement : il commençait à apprécier cette innocence qui caractérisait son subordonné, et qu'il prenait un malin plaisir à malmener en parlant de sexualité, en particulier les matins, moments où il avait noté que le titan était nettement plus réceptif que le reste de la journée. Rivaille en était venu à la conclusion qu'une journée passée seul, sans son dominant pour lui permettre de lâcher la pression, constituait une sorte de muraille pour Eren, qui finissait par se fermer à lui. Les matins en revanche, il lui semblait que le titan était plus calme et concentré sur son corps et ses émotions (certainement parce que leurs échanges avaient surtout lieu le soir). Quoi qu'il en soit, Rivaille sentait que c'étaient bien ces moments, juste après le réveil du titan, qui lui permettaient d'être face au vrai Eren : un jeune adulte ayant encore beaucoup à apprendre sur lui-même, mais dont le fardeau engageait une bataille intérieure qui, les heures passant, l'enfermaient dans une apathie froide au mieux, au pire dans une rage sourde. Le Caporal sirota son thé en silence, les yeux rivés sur le plus jeune, qui en était déjà à sa quatrième tartine ingurgitée en dix minutes. Alors qu'Eren se mit finalement à boire son thé, quelque peu essoufflé par sa bataille avec la nourriture, Rivaille reprit la parole :
«J'aimerais que tu me fasses part de tes retours sur notre scène d'hier soir.»
Une nouvelle fois, le titan manqua d'avaler de travers, et s'empêcha à grand peine de tousser son thé au visage de son supérieur. Si l'étrangeté de la situation ne lui avait pas encore sauté à la figure tant il était affamé, il réalisa d'un coup que oui, lui et son supérieur étaient bel et bien en train de petit déjeuner ensemble, que oui, Rivaille lui avait préparé ses tartines (ce qui était, en soi, l'une des choses les plus absurdes qu'il avait pu vivre), et que oui et trois fois oui, ils avaient bien partagé une «scène» tous les deux, ce qui, quelque soit l'euphémisme par lequel le désignait son supérieur, s'apparentait bien à un rapport sexuel. Eren déglutit difficilement. Rapport sexuel dont son supérieur voulait à présent parler.
«Pourquoi ?» Coassa le titan d'une voix qu'il ne reconnût pas.
«Parce qu'il est vital pour notre arrangement que je sache ce que tu ressens, et comment tu réagis à mes punitions ou mes récompenses.» Répliqua le plus âgé d'une voix calme et morne, comme s'il expliquait à Connie et Sacha que oui, s'ils ingurgitaient une quinzième pinte de bière, ils risquaient de vomir jusqu'à se retourner comme des chaussettes le lendemain matin.
Devant le silence interdit du plus jeune, le Caporal soupira légèrement et reprit, d'un ton plus pédagogue cette fois-ci :
«Nos scènes, qu'elles soient sexuelles ou non, doivent obligatoirement t'apporter un certain bien-être, à court ou à long terme. Il sera impératif que tu me dises tous tes ressentis après chacune de nos entrevues, lorsque les émotions du moment seront retombées.»
Je ne pourrais pas dire que quoi que ce soit ait eu le temps de «retomber», se dit Eren alors que ses dents se serraient en sentant une partie très particulière de son corps se rappeler à son esprit à l'évocation des évènements de la veille.
«Et le soir dernier était notre premier rapport sexuel, et plus encore ton tout premier.» Le titan grogna et gigota de gêne sur sa chaise, mais Rivaille fit semblant de ne rien remarquer et poursuivit : «Je ne suis pas dans ta tête Eren, et si je me suis engagé à prendre toutes les décisions te concernant durant ces 90 jours, il faut que, du moins sur le plan sexuel, tu me dises si les choses vont trop vite pour toi, et si cette proximité ne perturbe pas trop ton esprit, auquel cas il faudra mettre cet aspect là de côté.»
À ces mots, le plus jeune releva vivement la tête pour enfin croiser le regard de son supérieur. Ce dernier dut se faire violence pour empêcher un sourire carnassier d'éclore sur ses lèvres à la vue de l'expression de son subordonné : les yeux écarquillés, le souffle coupé, et un élan de panique se reflétant dans le vert de ses iris. Baissant rapidement les yeux sous le regard scrutateur de son supérieur, Eren s'éclaircit la gorge, reprenant contenance, et marmonna d'une voix exagérément basse :
«Je… Non ça va.»
Rivaille sentit une pointe d'amusement teintée de fierté et, sachant à quel point il était difficile pour quelqu'un dans la position d'Eren de rentrer dans les détails, se dit qu'il avait eu sa réponse et qu'il pouvait bien laisser le plus jeune tranquille, mais se ravisa. Il voulait l'embêter encore un peu.
«Qu'est ce que ça t'a fait ?» Demanda t-il calmement au titan, le regard braqué sur lui.
Eren ferma quelques secondes les yeux, essayant par tous les moyens de ne pas replonger dans la même transe que celle qu'il avait dû affronter le matin même, et se dit qu'il ne pourrait pas lutter bien longtemps et qu'il valait mieux pour lui de répondre le plus vite possible à son supérieur afin qu'il l'envoie rapidement à ses tâches ménagères habituelles.
«… C-c'était bizarre et je ne me rappelle plus de tout…» Commença t-il en posant un regard gêné sur son Caporal qui, à l'entente de ces mots, perdit son ombre de sourire et contracta ses mains sur la table. Eren sentit une pointe de panique lui incendier les bras et se reprit du plus vite qu'il put : «Mais c'était… Enfin ça m'a fait du bien quoi ! C'est juste que j'ai jamais connu ça donc je sais pas trop quoi vous dire… Et je me rappelle pas bien de la fin… Après que hem… Vous savez, après que je… Il s'est passé quoi ?» Continua laborieusement le titan en sentant la gêne incendier ses joues.
«Décris-moi ce dont tu te souviens.» Ordonna Rivaille qui, s'il avait lâché de sa poigne sur les rebords de la table à l'entente de la deuxième partie du discours d'Eren, semblait encore un peu tendu.
Le plus jeune réfléchit quelques instants avant de se lancer :
«Je me sentais bien…» Il rougit de plus belle. «… Même très bien, mais j'étais comme… absent, comme quand je plane mais encore plus fort, et j'arrivais pas vraiment à savoir où j'étais ni ce que vous faisiez ou même si vous étiez là…» Le titan se dit que son discours pouvait sembler un peu terrifiant et darda son regard sur son supérieur qui, à sa grande surprise, arborait un air cette fois totalement détendu, comme si il était sur le point de sourire. Eren déglutit et posa une question qui le taraudait depuis son réveil : «C'est tout le temps comme ça ?»
«Pas du tout.» Répondit du tac-au-tac Rivaille alors que la commissure droite de ses lèvres se relevait. «Évidemment, le sexe permet de faire redescendre la pression, et après un orgasme, il n'est pas rare d'avoir des facilités à s'endormir, mais ce dont tu me parles vient exclusivement d'un rapport de dominant à dominé, on appelle ça le subspace.» Continua t-il tandis que le plus jeune devenait livide, puis re-rougit avant d'arborer un regard interrogatif.
Subspace ? Se répéta mentalement le titan, n'osant pas aller plus loin dans ses questions. Comme s'il avait pu lire dans ses pensées, son supérieur reprit la parole :
«Le subspace est un endroit émotionnel et psychologique particulier dans lequel certaines scènes peuvent plonger les soumis. C'est un état de total relâchement voire d'abandon qui surpasse presque la conscience du soumis, et qui peut être l'un des buts recherchés par le type de relation que nous avons mis en place.»
Eren cligna des yeux plusieurs fois, une nouvelle fois étonné par le nombre de mots déblatérés par son supérieur qui habituellement ne s'exprimait que par monosyllabes acerbes, et par la maîtrise qu'il semblait avoir d'un sujet si spécifique et étrange.
«Comment vous savez tout ça ?» Laissa échapper le titan sans pouvoir le contrôler, avant de fermer sa bouche dans un claquement sonore. Rivaille fronça les sourcils et répondit comme s'il s'agissait d'une évidence :
«L'expérience.»
«V-vous avez déjà ressenti ça ?» Demanda timidement le titan.
«Bien sûr. Comment pourrais-je bien m'occuper de toi sinon ?» Rétorqua le Caporal avec calme, même si Eren put voir une ombre passer sur son visage.
Ils restèrent quelques instants dans le silence en se toisant, le titan en proie à une grande bataille intérieure entre une intense curiosité et une peur des répercussions que pourraient entraîner de nouvelles questions sur le passé de son homologue, qui coupa court à ses tergiversations en reprenant la parole de son timbre grave :
«Est-ce-que tu te rappelles de ta promesse ?»
Eren serra les dents et sentit une partie de lui se réveiller à l'entente de cette question. Cette partie amenait avec elle une onde de colère qui le prit de court. Il fut, pendant une fraction de seconde, tenté de jouer la comédie et de faire croire à son supérieur que leur échange de bons procédés de la veille faisait partie de son amnésie, mais un bref coup d'oeil vers le Caporal lui en retira toute idée : ils savaient tout deux très bien qu'il était parfaitement conscient lors de cette partie de la soirée. Eren sentit une nouvelle bouffée de rage s'immiscer dans sa cage thoracique et laissa échapper un soupir. Il se redressa sur sa chaise, croisa ses mains sur la table et fixa intensément son supérieur, toute sa gêne s'étant miraculeusement évanouie.
«Je me souviens de ma partie de l'accord, et vous ?» Prononça t-il d'une voix froide et continuant de scruter l'homme assis en face de lui.
«Si tu as toujours envie de partir au terme de notre contrat, je te laisserai faire.» Répondit simplement Rivaille d'un ton assuré.
Le Titan Assaillant empêcha un sourire mauvais de poindre sur ses lèvres, mais ne pu s'empêcher de titiller un peu plus son supérieur en reprenant d'une voix pleine de sarcasme :
«Vous avez à ce point confiance en vos capacités pour penser que vous pouvez me faire changer d'avis ?»
«Nous verrons bien.»
Sans prévenir, Eren se mit à éclater de rire. Rivaille demeura impassible, même si les angles de ses mâchoires qui saillaient à intervalles réguliers sous la blancheur de ses joues trahissaient son agacement. Le titan ricanait encore lorsqu'il reprit :
«Vous pensez vraiment que c'est juste un caprice hein ? Vous n'avez aucune idée de ce que vous êtes en train de faire, comme tout le monde d'ailleurs.»
Même si le titan sentait la colère contre son supérieur monter dangereusement, il s'étonna de ne pas avoir tout bonnement explosé de rage. C'était peut-être la première fois qu'il parvenait à exprimer aussi calmement son point de vue vis-à-vis de la situation et, même si l'aura dangereuse de son Caporal commençait à augmenter à vue d'œil, Eren était bien trop fier de son self-control pour tenir compte de la menace. Rivaille croisa nonchalamment les bras sur son torse en s'adossant à sa chaise et répondit sur le même ton :
«Si tu ne veux pas que je pense qu'il s'agit d'un caprice, tu pourrais par exemple m'expliquer la situation.»
«Avec des mots de moins de deux syllabes comme les enfants ?» Répondit le titan avec un sourire narquois.
«Attention Eren.» Prononça seulement le Caporal d'un ton menaçant.
«C'est vous qui devriez faire attention.» Rétorqua le plus jeune sans réfléchir, en sentant sa colère monter d'un cran.
Le Caporal se leva brusquement de sa chaise, et contourna la table en un éclair avant de se poster devant un Eren toujours assis à sa place, qui prit un malin plaisir à dévisager son supérieur d'un œil goguenard.
«Debout.» Claqua la voix froide et profonde de Rivaille.
Eren eut un soupir dramatique et se leva, dépassant d'une tête son supérieur dont le visage était maintenant complètement fermé.
«Enlève ton pantalon et penche toi en avant, je veux que ton ventre et ton visage soient contre la table quand je reviens.»
Avant que le titan ne puisse répliquer quoi que ce soit, le plus âgé avait déjà filé vers l'entrée de la pièce, et Eren entendit la porte claquer avant d'être plongé dans le silence. Il gloussa nerveusement en avisant la table devant lui, encore remplie des restes du petit déjeuner. Y a pas moyen. Se dit-il, comme si son supérieur pouvait encore l'entendre. Il se balança d'une jambe sur l'autre en attendant que le Caporal arrive et en essayant de garder contenance face au silence de plomb qui le narguait. Il savait qu'il devait obéir, quelles que soient les sévices que voudrait lui infliger l'autre homme, mais il sentait qu'il était tout bonnement impossible pour lui d'accéder à la demande de son supérieur. Il était encore trop pris dans le conflit et la colère pour jouer cette comédie. Il tenta de respirer profondément afin d'essayer de se calmer petit à petit, mais rien qu'à l'idée de se mettre dans la position qui lui avait été demandée le remplissait de rage : pour qui se prenait ce petit homme qui n'était rien pour lui ? Pensait-il vraiment qu'un bête contrat lui donnait tout pouvoir sur lui ? Il était l'Originel bon sang, il ne lui manquait plus qu'une pièce pour déclencher une apocalypse comme personne n'en avait jamais vu, et maintenant voilà qu'on lui demandait de s'écraser la gueule sur une table ? Conneries. Se dit-il en mordant sa joue de colère.
La porte des appartements s'ouvrir enfin, et Eren croisa de nouveau le regard sépulcral de son supérieur, qui reparaissait avec quelque chose dans les mains, quelque chose qu'Eren n'avait jamais vu. Un manche plus court et plus épais que la cravache qu'il avait déjà aperçue entre les mains de l'autre homme était ponctué à l'un de ses bouts de longues franges de cuir, décorées ça et là de perles noires qui cliquetaient en s'entrechoquant au rythme des foulées du Caporal.
L'homme avança en continuant de fixer le plus jeune qui ne bougea pas, bien décidé à tenir tête le plus longtemps possible à son supérieur. Ce dernier s'arrêta à quelques centimètres du titan et claqua de la langue en signe de réprimande :
«Tu n'as pas obéi.» Dit-il calmement, comme un simple constat.
«Non.» Put simplement dire Eren qui avait bien du mal à garder ses yeux rivés à ceux de l'homme en face de lui, plutôt que de couler son regard sur l'objet mystérieux dont l'odeur de cuir lui pénétrait déjà les narines.
«Cinq coups de plus.» Asséna le Caporal en continuant de fixer le titan de ses yeux emplis de sévérité.
Eren haussa un sourcil, et un petit instant de silence s'étira, avant d'être rompu par sa propre inspiration, qui se bloqua brusquement dans sa poitrine. Il jeta un coup d'œil vers le bas, et vit l'étrangeté qui lui avait donné l'impression que son estomac venait de remonter dans sa gorge : l'instrument à franges que tenait la main ferme de Rivaille venait d'entrer en contact avec son ventre pour le pousser légèrement en arrière, processus au cours duquel les lanières de cuir étaient entrées en contact avec son entrejambe, qui commença à réagir malgré la légèreté de la caresse.
«Ça s'appelle un martinet.» Perça la voit sourde du Caporal qui se mit à caresser du bout du manche de l'instrument le torse du titan de haut en bas, en prenant soin qu'à chaque aller-retour, les petites perles viennent cogner une zone qu'il voyait déjà se manifester sous ses yeux.
Le titan ne sut que répondre et se rendit compte que son énervement et son envie de défier son supérieur étaient en train de fondre comme la neige au soleil sous les ondes d'excitation qui partaient de son bas-ventre. Il s'empêcha toutefois de fermer les yeux, ne rendant pas complètement les armes à son homologue, qui, de son timbre profond, continua à parler :
« Les martinets sont très versatiles.» Eren sentit le manche descendre sur son aine et serra les dents pour tenter de ne rien laisser paraître de son trouble alors que son supérieur continuait ses explications : «Certains sont très délicats sur la peau et servent seulement à caresser, d'autres sont particulièrement douloureux, comme celui-ci.»
Bien malgré lui, le titan ne put réprimer un frémissement qui le parcourut des pieds à la tête. Il vit du coin de l'œil son Caporal s'humecter les lèvres avant de se pencher en avant, de sorte à ce que chacun de ses mots envoie une brise chaude sur les clavicules d'Eren qui frissonna de plus belle :
«Enlève-moi ce pantalon et penche toi sur la table.»
Le titan allait répliquer, mais le regard brûlant de son dominant lui intima le silence. Il déglutit difficilement et fit rapidement le calcul dans sa tête : il ne savait pas exactement ce que son Caporal planifiait de lui faire avec l'instrument qu'il continuait de sentir contre son érection, mais il sentait qu'une part non négligeable de lui n'avait envie que de lui obéir. Il serra les dents et, sans quitter son supérieur des yeux, déboutonna son pantalon d'uniforme, avant de l'enjamber et de se retrouver jambes nues, en sous-vêtement devant le Caporal qui prit un air satisfait en pointant du menton la table à sa droite. En se tournant vers la table et en se penchant en avant, Eren se sentit particulièrement fou d'obéir à un ordre aussi bizarre, mais il ne pouvait s'empêcher d'être empli de curiosité et d'appréhension face à ce qui allait se passer. Il posa ses coudes sur la surface en bois avant de croiser les bras sous sa tête et de s'étendre autant qu'il le pouvait, ventre contre la table.
Il resta ainsi quelques secondes, dans un silence de plomb. Enfin, il sentit un contact, sur son dos, et soupira en comprenant qu'il s'agissait de la main de son supérieur, qui courrait de ses omoplates à ses reins en aller-retours qui lui semblèrent presque apaisants. À son grand étonnement, et malgré la gêne qu'il ressentait vis-vis de la position dans laquelle il se trouvait, il commençait à se détendre.
«Safe words ?» Articula la voix dure de son supérieur.
«Sina, Rose et Maria.» Récita Eren, une nouvelle fois quelque peu détendu de se rappeler que ces garde-fous existaient.
«Bien.» Poursuivit Rivaille. «Nous avons tous les deux senti que tu contrôlais mieux tes émotions ces derniers temps, n'est-ce-pas ?»
Le titan hocha la tête du mieux qu'il put dans la position dans laquelle il se trouvait.
«Et pourtant tu es allé trop loin. Je t'ai offert de me parler de ta situation et tu as réagi comme un enfant. Tu m'as fait perdre mon temps.»
Un frisson parcouru la colonne du jeune homme à l'entente des mots de son supérieur. Il ferma les yeux en signe d'assentiment, à la fois excité et angoissé par la punition qui l'attendait.
«Quinze coups.» Asséna le Caporal. «Je ne veux pas que tu les comptes, tu ne pourras pas parler de toute façon.»
Le rythme cardiaque d'Eren s'accéléra, et il prit une grand inspiration pour se préparer.
Le coup porté sur l'arrière de ses cuisses cingla tout son corps d'une douleur sourde, et il ne put empêcher un râle de passer la barrière de ses lèvres. Quinze comme ça ? Impossible.
Le deuxième lui fit un peu moins mal, mais il grogna tout de même en sentant les perles ricocher sur ses côtes, alors que les lanières avaient été propulsées sur le bas de son dos.
Un geignement de douleur accueillit le troisième coup, porté avec plus de force à l'arrière de ses genoux. Le titan mordit ses lèvres pour s'empêcher de ployer sous son supérieur.
Au quatrième coup qui se localisa de nouveau à l'arrière de ses cuisses, il sentit quelque chose d'étrange. Ça faisait toujours un mal de chien, mais la zone, certainement sensibilisée par le premier coup, était devenue presque anesthésiée, de sorte que le titan put sentir, dans un second temps, une semi-caresse des lanières de cuir contre sa peau, qui lui déclencha une vague de frissons de plaisir. Il raffermit la pression sur ses lèvres, cette fois pour éviter de gémir sous les sensations nouvelles.
Au bout du septième coup, Eren était devenu complètement pantelant, ne sachant pas si ses jambes pourraient le soutenir encore longtemps sous la foule de fourmis qui lui parcouraient tous les membres. Il ne tenait plus les comptes, il attendait seulement de savoir où exactement le prochain coup allait être porté, à la fois à bout et prêt à supporter ça encore des heures. Pourtant, aucun autre coup ne vint durant plusieurs secondes, tant et si bien que le titan était à deux doigt de se retourner vers son dominant, lorsque la voix grave de ce dernier lui parvint :
«Tu n'as rien à me dire ?»
Le titan n'avait plus la place de réfléchir, mais comprit que dans un moment pareil, son dominant parlait nécessairement de ses Safe words.
«Sina.» Souffla t-il.
Il sentit immédiatement une onde de douleur aigüe lui fouetter le sang, en partant du bas de son dos, sur lequel un sombre piquetage rouge marquait déjà le passage des perles.
Eren se sentit partir au fur et à mesure des coups de martinet, et se mit à hurler sous les sensations de plaisir et de douleur mélangés qui lui sillonnaient le corps en gerbes corrosives. Il ne savait plus où il était, ni même qui lui faisait ressentir ça, il était juste une boule de nerfs plaquée sur une surface froide, suffoquant sous les sensations brûlantes qui lui faisaient perdre toute notion du temps. Il n'avait plus qu'un mot à la bouche : «Sina, Sina, Sina», qu'il s'était mis à crier sans s'arrêter, de peur que les coups disparaissent de nouveau.
Lorsque le martinet s'arrêta de fendre l'air en sifflant, un sanglot passa les lèvres du titan. Sans crier gare, une crise de larmes vint le cueillir et il ne put se retenir de sangloter comme un enfant, la tête enfouie entre ses bras, le dos courbé et les cuisses marbrées de marques obliques.
Il entendit quelqu'un marcher à la hâte, d'abord de moins en moins fort puis de plus en plus fort, avant de sentir un contact délicieusement froid sur son crâne malmené par ses battements de coeur. Il entendit des bruits, comme de la vaisselle raclant une surface, avant de sentir une pression au niveau des ses genoux tremblants, qui le fit pivoter, jusqu'à l'allonger à plat ventre sur la surface contre laquelle il se tenait. Il sentit un vent frais parcourir l'arrière de ses cuisses et de ses mollets. Ses sanglots se calmèrent progressivement, aidés par une main dans ses cheveux qui traçait des cercles apaisants au niveau de sa nuque. Le titan se détendit de plus en plus, jusqu'à se sentir à moitié endormi, bien qu'encore parcouru de tremblements.
«Tu as été exemplaire Neko.» Prononça au bout de longues minutes la voix suave de Rivaille.
À ces mots, le titan sentit une onde de joie et de fierté parcourir son corps endolori. Un petit sourire tendit ses lèvres sèches, et il tourna sa tête sur le côté d'où provenait la voix qui lui parlait avant d'ouvrir les yeux pour tenter de capter le regard de son dominant. Sa gorge se serra instantanément en croisant les yeux de Rivaille, emplis de choses qu'Eren n'aurait jamais pensé y voir : de la douceur, un brin de fierté, et ce qui lui apparu comme de la tendresse. Le contact visuel se rompit trop tôt à son goût, Rivaille s'étant redressé pour observer le bas du corps d'Eren, que ce dernier sentait encore pulser au rythme de ses battements de coeur. Le Caporal reprit le tissu imbibé d'eau froide qu'il avait au préalable posé sur le front du titan, afin de le passer délicatement sur l'arrière de ses cuisses, suivant les trajets des marbrures rougeâtres qui lui striaient la peau. Le plus jeune gémit doucement.
«Je ne sais pas combien de temps dureront ces marques avec ta capacité de régénération.» Prononça simplement Rivaille.
Eren, encore un peu absent et émoussé par les sensations délicieuses qui continuaient à lui affluer partout dans le corps murmura : «Je peux contrôler ma guérison maintenant… Je peux aussi la bloquer.»
Une voix dans la tête du titan tira la sonnette d'alarme quant aux informations qu'il venait de livrer à son supérieur, mais il était trop loin pour l'entendre. Le Caporal tiqua discrètement aux mots de son subordonné, et l'ombre d'un sourire passa sur ses lèvres alors qu'il continuait à rafraichir les marques sur le corps de son soumis.
À suivre...
